NORD-MALI : Le président du HCI fait la leçon au Mujao
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« Le Mali a toujours pratiqué et pratiquera un islam modéré. C’est aux Maliens de décider s’ils veulent d’une charia. Une solution négociée est possible avec Ançar Eddine puisque ce sont des Maliens, nés et grandis au Mali« . C’est El hadj Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique (HCI), qui parlait en ces termes jeudi matin sur RFI, revient d’une mission au nord. Il s’est dit optimiste sur une issue de la crise et manifesté son dégoût des islamistes du Mujao.
« Ceux qui veulent appliquer la charia au Mali doivent être chassés hors du territoire« . Le message de Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali est clair et l’allusion est faite au groupe de rebelles du Mouvement unifié pour le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Parti au nord pour rencontrer les rebelles et jeter les bases d’une discussion, le président du HCI a regagné Bamako et était l’invité d’Afrique-Matin de RFI, le jeudi 9 août.
Le Haut conseil islamique du Mali est contre la charia que veut imposer les islamistes du Mouvement unifié pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et est d’avis que ces étrangers doivent être boutés hors du territoire malien. C’est la conclusion à laquelle a abouti Mahmoud Dicko le président du Haut conseil islamique en tournée la semaine dernière à Gao.
Le président du HCI était la semaine dernière à Gao, une des trois régions du Nord du Mali, occupées par les groupes islamistes rebelles Ançar Eddine et le Mujao depuis le 1er avril 2012. Cette visite entre dans le cadre des négociations entreprises par les autorités maliennes et le burkinabé pour chercher une issue pacifique à la crise.
Interrogé par Radio France internationale le président du HCI a affirmé n’avoir pas pu rencontrer le chef d’Ançar Eddine Iyad Ag Ghali, mais soutient que son organisation était prête pour un dialogue dont les contours sont encore à déterminer lorsqu’un gouvernement d’union nationale sera mis en place et lorsque ces groupes rebelles se seraient concertés pour négocier d’une seule une même voix.
Trafiquants sans vergogne
A entendre M. Dicko, le Mali n’a nullement besoin de la charia que le Mujao se propose d’instaurer sur notre sol. « Si charia il devait y en avoir au Mali, ce serait aux Maliens dont 95 % sont musulmans d’en décider et pas des étrangers« , a martelé El Hadj Mahmoud Dicko qui a estimé qu’une solution négociée est possible avec Ançar Eddine.
Quant au Mujao, une franche dissidente de l’organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Haut conseil islamique est d’avis que ses éléments, essentiellement, des combattants étrangers soient chassés du territoire. Le Mujao est aussi supposé avoir des liens avec l’organisation terroristes Boko Haram. Ses activités préférées sont le trafic de drogue et la prise d’otages.
Des vices jusqu’à une époque récente inconnus et non pratiqués par les Maliens et autres ressortissants ouest africains. Dès lors, on comprend maintenant pourquoi le médiateur dans la crise, le président du Faso, Blaise Compaoré, a demandé dès sa première rencontre avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar Eddine que ces deux groupes rompent leurs liens avec les organisations terroristes.
Au vu de l’évolution de la situation au nord caractérisée par les défaites du MNLA à Gao et dans d’autres localités, la destruction des mausolées et la détermination à appliquer la charia, le Mujao, après avoir combattu et chassé Ançar Eddine (une hypothèse plausible), pourrait avoir la suprématie et s’installer en maître incontesté au nord. Un scénario que ne veut point la communauté internationale parce que consciente que dans une telle hypothèse le prix à payer pour la libération serait plus fort pour le Mali et la communauté internationale.
Denis Koné
Source: Les Echos