samedi 13 août 2011

Mali : les autorités traditionnelles face à la menace Aqmi


Jeune Afrique

12/08/2011 à 13h:28 Par Baba Ahmed, à Bamako
Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer Envoyer Partager cet article
Aqmi s'emploie à fragiliser la cohésion sociale touarègue pour mieux s'implanter.Aqmi s'emploie à fragiliser la cohésion sociale touarègue pour mieux s'implanter. © Zohra Bensemra/Reuters
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) gagne progressivement la confiance et la complicité des populations nomades du nord du Mali. Au grand dam des chefs traditionnels, dont l'influence décline. Mais ceux-ci commencent à réagir. Enquête exclusive.
Ils distribuent des habits, des vivres, et même de l’argent dans les villages nomades du grand Nord malien. Et ils sont en général bien reçus par la population. « Les éléments d’AQMI ne font pas de mal aux gens d’ici », explique Khérie Ould Saleck, chauffeur d’une localité de la forêt de Wagadou où des affrontements violents ont récemment opposé les djihadistes aux armées mauritanienne et malienne. « S’ils trouvent quelqu’un en panne en plein désert, ils lui viennent en aide. Si la personne manque d’essence par exemple, AQMI lui en donne quelques litres pour qu’elle puisse arriver à destination. Idem pour l’eau, le sucre, le thé… »
L’opération de séduction déployée par Aqmi envers les populations locales est bien connue. Ce qui l’est moins, c’est qu’elle empiète de plus en plus sur l’autorité des chefs traditionnels de la communauté arabo-berbère du nord du Mali, composée de plus de 75 fractions. Des chefs qui « ne maîtrisent plus rien des membres de leur clan », affirme l’agent d’une ONG qui travaille depuis longtemps dans le domaine de la santé des nomades.
Liens du sang
Dans la société traditionnelle, les liens du sang ont une importance capitale. Après le combats de la forêt du Wagadou, dans laquelle Aqmi s'est aussitôt réimplantée après en avoir été momentanément chassée, plusieurs hommes de la nébuleuse ont pris pour QG la forêt du Lac Faguibine, dans la localité de Goundam (à plus de 200 km au Nord-Ouest de Tombouctou). Pour gagner la sympathie de la population, le chef des djihadistes en question s’est dit de l’ethnie kel Tamasheq (touareg) et plus précisément de la fraction de Kel Antsar de Tombouctou. Quant à l’émir d’Aqmi Mokhtar Belmokhtar, il est connu - entre autres - pour être marié à une femme issue des tribus arabes du nord Mali, qui serait originaire de Tombouctou.
Les membres d’AQMI tissent ainsi leur toile, en créant des liens sociaux, et en faisant au passage de l’humanitaire et des prêches à tendance salafistes. Ayant assisté à plusieurs d'entre eux, le superviseur des fontaines de la forêt de Wagadou, Amadou Maiga, raconte : « Ils nous disent de ne pas utiliser de gri-gri, que les gens doivent s’adresser directement à Dieu sans passer par les marabouts ».
Or ces derniers sont en quelque sorte les « gardiens du temple » de la communauté nomade. Reconnus et respectés pour leur savoir mystique, ils occupent une place importante dans la hiérarchie sociale. Ils sont consultés notamment par les chefs traditionnels qui recherchent leur appui dans le processus de décision concernant l'ensemble de la communauté. S'en prendre à eux, c'est donc aussi s'en prendre aux autorités traditionnelles au sens large...
Commerce lucratif
Mais Aqmi mine aussi l'influence des élites locales d'une manière plus prosaïque, en développant un commerce très lucratif pour les populations. « À chaque fois que les éléments d’Aqmi viennent prendre de l’eau, ils demandent aux gens de leur vendre des animaux, témoigne Amadou Maiga. Une fois, un homme a voulu leur offrir un mouton, mais ils ont refusé. Ils ont dit que l’animal était le fruit de son travail, et qu’il devait gagner sa vie avec. Ils ont fini par le payer. »
Aqmi achète de tout aux commerçants locaux : du carburant, des pneus, des pièces de rechange, des céréales, de la farine, du sucre, du thé, voire même des armes… Les djihadistes ne représentent aucune menace directe pour la population locale. Conséquence : celle-ci ne s’investit pas pour la sécurisation du territoire avec l’armée et le pouvoir central. Et l’influence des chefs traditionnels décline inexorablement.
Aujourd’hui, certains élus locaux et chefs traditionnels commencent à prendre conscience du danger lié à la présence d’AQMI. « Nous voulons récupérer notre population mais les djihadistes s’y opposent. C 'est pourquoi ils ont affiché des tracts de menaces envers certaines personnalités à Tombouctou (en avril 2011, NDLR) », explique Mohamed Lamine Ould Sidatt, le maire de la commune de Ber. Qui ajoute : « Je ne peux pas tout vous dire sur AQMI, je suis dans ma commune au milieu du désert. Je suis vulnérable, il n’y pas de sécurité. Les gens d’AQMI peuvent faire éruption à tout moment devant ma tente et m’éliminer. »
Courage payant
Certains chefs traditionnels n'hésitent cependant pas à prendre de gros risques. Au début du mois de mai 2011, des éléments d’AQMI lourdement armés sont arrivés en Pick-up sur un site de la commune de Salam, situé à 70 km au Nord de Tombouctou. Le maire, Mohamed Tahar, leur a demandé de partir. La discussion s’est envenimée et la dispute a failli tourner au vinaigre. Finalement, les visiteurs indésirables ont quitté les lieux en laissant la population effrayée par leur armement impressionnant. Cette fois, le courage du maire a été payant. Mais son geste risque de rester isolé tant que l'État n’aura pas pris des mesures garantissant la sécurité des communautés.
Les choses changent, cependant. Longtemps tenus à l’écart de l’action gouvernementale, les chefs de fractions sont désormais sollicités. « La première fois qu’un officiel malien nous a invités à nous impliquer dans la lutte contre AQMI, c'était au mois de mai 2011 lorsque le ministre des Affaires étrangères Soumeylou Boubeye Maïga a effectué une visite de terrain avec une délégation de l’Union européenne dans la commune de Ber (60 km au nord-est de Tombouctou) », confie un membre de la fraction de Oulad Ganam. Et le 9 août, le président malien Amadou Toumani Touré a lancé son plan de développement et de sécurisation du nord. Quelque 32 milliards de F CFA ont été mis sur la table. Cela suffira-t-il ?


Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Mali : les autorités traditionnelles face à la menace Aqmi | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique 

Niger - Un proche du chef de l'ex-junte écroué pour "corruption"


Vendredi, 12 Août 2011
L'ancien directeur de cabinet adjoint du général Salou Djibo, chef de la junte au pouvoir de février 2010 à avril 2011 au Niger, ainsi que neuf personnes ont été inculpés et écroués vendredi pour "corruption", a-t-on appris de source judiciaire.
Alhassane Alkaly et "neuf autres personnes ont été inculpés vendredi par un juge qui les a placés sous mandat de dépôt dans plusieurs prisons du pays, entre autres pour corruption et détournement de deniers publics", a indiqué cette source à l'AFP.
Les prévenus, dont plusieurs agents des Finances, sont poursuivis dans une affaire de "fausse facture" de plus d'1,5 milliard de francs CFA (plus de 2,3 millions d'euros) versés par le Trésor à un opérateur économique peu avant le départ de la junte.
Parmi eux figurent le patron du Trésor, Abdoulaye Beidi, le directeur général du Budget et le payeur général du Trésor, nommés à ces postes par la junte installée après le putsch contre le président Mamadou Tandja en 2010. Tous les fonctionnaires inculpés ont été suspendus en juin-juillet.
L'opérateur, un député de la coalition présidentielle, n'a pas été entendu par le juge, dans l'attente d'"une éventuelle levée de son immunité parlementaire", a expliqué la source judiciaire.
Le gouvernement a annoncé jeudi que l'opérateur a déjà "remboursé la totalité de la somme qui lui avait été indûment versée".
Alhassane Alkaly est la première figure importante proche de la junte à être inculpée pour des malversations financières depuis l'arrivée au pouvoir du civil Mahamadou Issoufou, élu président en mars.
Jusqu'ici seuls des proches de Mamadou Tandja étaient poursuivis pour corruption ou détournements présumés. Une vingtaine de personnalités sont ainsi interdites de quitter le territoire.
Le président Issoufou a promis de faire de la lutte contre la corruption l'une de ses priorités, et a créé fin juillet une Haute autorité à cet effet.

Le gouverneur d'Agadez a fait une tournée....


latouramar
Nouveau


Inscrit le: 22 Juin 2011
Messages: 12
Localisation: Arlit niger
MessagePosté le: Ven 12 Aoû 2011 10:31    Sujet du message: Le gouverneur d'Agadez a fait une tournéeRépondre en citant

La semaine derniere le gouverneur de region d'Agadez a fait une tournée dans la region (Timia, Iferouane, Dabagua ect) en compagnie des conseillers regionaux, des chefs des services regionaux, des maires,des associations . Les representants de l'Etat (chefs des services regionaux et departementaux) ont decouvert leur lieu de travail et les populations pour lequelles l'etat les a envoyé car tous n'ont jamais vu les eleveurs, les agriculteurs, les dispensaires, l'etat des routes ect ect,ils touchent tranquillement leur salaire avec comme rendement zero. En tout cas les populations se sont bien defoulé sur eux, il reste que le gouvernement doit tous les renvoyer pour incompetance. Moi j'encourage ce gouverneur meme si je n'etait pas d'accord avec sa nomination en tant que militaire, mais bon sa vaux mieux qu'un YANDAKA ou un Boukar qui se sont bien remplis les poches avec tous ce qu'ils ont trouvé. 
Je souhaite que d'ici la prochaine tournée, les problemes que les populations ont posé commence à trouver des solutions.

source :Agadez Niger
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé 

Libye: jour de deuil à Benghazi, qui rend hommage à ses "martyrs"



BENGHAZI — Comme chaque vendredi, c'est une journée de pleurs et de prières. Benghazi la capitale rebelle rend hommage à ses morts, "martyrs" de la guerre en cours contre les forces du colonel Mouammar Kadhafi.
Ils sont cinq ce jour-là, tous des "chabab" (jeunes) tombés la veille sur le front de Brega (est) alors qu'ils participaient à la conquête d'un quartier est de cette cité pétrolière à 240 km au sud-ouest de Benghazi.
Leurs cercueils, une simple caisse de bois recouverte du drapeau rouge noir et vert de la "Libye libre", reposent à l'ombre d'une tente, devant des milliers de fidèles en prière rassemblés sur la Corniche.
Depuis le soulèvement du peuple de Benghazi contre le Guide libyen à la mi-février, cette banale promenade en bord de mer aux immeubles de style italien défraîchis est devenu un des haut-lieux de la "révolution", où chaque prière est l'occasion de harangues endiablées contre le "tyran".
Sous un soleil de plomb, jeunes, vieux, civils en armes et combattants en treillis se prosternent dans un alignement parfait, implorant la "miséricorde de Dieu tout puissant".
En bandoulière à l'épaule ou posée à même le sol à la tête du tapis de prière, les armes sont plus visibles qu'à l'accoutumée. Parmi les défunts, on pleure cette fois le commandant de la "Brigade des martyrs de Gorasha", l'une de ces unités de volontaires civils déployés sur le front.
Le bien-aimé Saleh Idriss, surnommé "el-Noss", ou "milieu de terrain", était un ex-joueur de football professionnel, bien connu à Benghazi et combattant de la première heure de la révolution.
Il a été tué d'une balle dans la tête par un sniper pendant qu'il supervisait la sécurisation d'un quartier de la zone résidentielle de Brega, explique l'un de ses frères, les yeux embués de larmes.
L'imam donne le signal de la fin de la prière. Aux cris d'"Allah akbar!" (Dieu est grand), la foule s'empare des cercueils, chacun veut toucher ou porter le coffre de bois, un signe de bénédiction dans la tradition musulmane.
Au recueillement succède la douleur. "Le sang des martyrs sera vengé!", crie un proche, le visage perlé de sueur. Un premier coup de feu éclate, les rafales se multiplient vers le ciel.
A l'entrée de l'enceinte de prière réservé aux femmes, une mère voilée de noir s'effondre en pleurs, tend une main implorante vers les cercueils.
A bout de bras, les corps sont portés en quelques instants vers des pick-up et une ambulance qui stationnent à proximité pour être emmenés jusqu'au cimetière, en périphérie ouest de la ville.
Agglutinés autour du carré des martyrs, des centaines d'hommes attendent là pour les funérailles. Kalachnikov à la main, visage buriné, ou le front enserré d'un keffieh, beaucoup sont des combattants de la "Brigade des martyrs de Gorasha", à peine revenus du front pour rendre un dernier hommage à leur chef.
Le convoi funéraire fait son entrée, suivi d'un 4X4 surmonté d'une mitrailleuse lourde de 20 mm, dont les servants endeuillés sont couverts de poussière. Dans un vacarme infernal, les rebelles vident leurs chargeurs. "Nos martyrs au paradis, vos morts en enfer!", hurle toute l'assistance.
La dépouille de Saleh el-Noss est portée jusqu'à un alignement de tombes ouvertes, une ligne de rectangles de briques aménagée dans la terre brune. Avec la chaleur, et malgré les parfums, l'odeur de la mort commence déjà à percer.
Les corps vêtus d'un linceul blanc sont déposés là, immédiatement ensevelis. "Aujourd'hui, c'est le deuil. Demain ce sera la vengeance", promet un lieutenant du chef de guerre, qui se prépare à repartir pour la ligne de front de Brega.

jeudi 11 août 2011

Printemps arabe, été berbère



Les Berbères ont profité du printemps arabe pour sortir la tête des oubliettes de l'histoire. Ils émergent même en Tunisie et en Libye. Un bel été berbère.

addis, my berber guide, by johnrawlinson via Flickr CC
L'AUTEUR
PARTAGER
TAILLE DU TEXTE
 
C'était impensable sous le règne de Ben Ali, mais la Révolution du jasmin a décrispé toutes les attitudes centralisatrices.
D'abord, la tenue en avril d'un premier et historique Congrès national amazigh (berbère) à Matmata, dans le sud de la Tunisie, là où la minorité berbère du pays vivote encore. Avec un but évident: profiter de l'ouverture consécutive à la Révolution pour fédérer les Imazighens tunisiens, qui représentent entre 5 et 10% de la population du pays, concentrés dans le Sud mais aussi dans les petits villages de l'île très touristique de Djerba.
Ensuite, dans la foulée du congrès, l’Atca, Association tunisienne de culture amazighe, est agréée le 30 juillet dernier par le nouveau régime, premier pas officiel pour la reconnaissance de la culture amazighe en Tunisie. Khadidja Ben Saïdane, la présidente de l'association, savoure cette victoire en présence du président du Congrès mondial amazigh, multinationale berbère créée en 1995:
«Il s'agit de sauvegarder les us et coutumes authentiques amazighes en Tunisie et combattre l'image stéréotypée et les préjugés concernant les Amazighs, et relancer l'usage de l'écriture Tifinagh en tant qu'outil d'expression et de transcription graphique de la langue Amazighe.»
Remake de Carthage la phénicienne contre l'arrière-pays berbère ou des Puniques contre les Libyques? Pas vraiment, mais une sortie de la longue obscurité, Tafat, «la lumière» en berbère, un vieux mot qui a traversé des millénaires et se comprend de la côte Atlantique jusqu'aux confins du Nil égyptien; du désert du Sahara aux bords de la Méditerranée.

Une culture qui commence à être libérée et reconnue

Émergeant de partout, les Amazighes (au pluriel Imazighen, en langue berbère) font feu de tout bois, sur une étendue géographique et linguistique de plusieurs millions de kilomètres carrés. Mais c'est au Maroc que le mouvement amazigh a obtenu sa victoire historique.
Dans la foulée du printemps arabe, le royaume marocain a décidé d'ouvrir les vannes pour ne pas connaître le même sort que les autocrates du voisinage. Dans la vente concomitante de quelques libertés supplémentaires et d'une relative séparation des pouvoirs, la langue berbère, présente dans une dizaine de pays comme «dialecte impur», est reconnue comme langue officielle dans l'article 5 dans la Constitution adoptée par référendum populaire le 1er juillet dernier, à 98%.
Une autre première, victoire pacifique à la Marocaine, même si le combat initial a été lancé en Algérie il y a des décennies, avec du sang et des morts, des emprisonnements et des exils, à l'image de la plupart des combats algériens.
Malgré un recul, le berbère reste vivace en Algérie et les Kabyles, fers de lance de la lutte identitaire dont il faut reconnaître la primauté de la conscience, bataillent encore pour leur identité et tiennent tête au régime central qui reconnaît maintenant le berbère comme langue nationale —mais pas officielle.
En dehors de la Tunisie et du Maroc, l'autre renaissance est venue de Libye. Depuis que les Infusen des villages du Djebel Nefoussa et de Zwera, majoritairement berbères, ont rallié, dès les premiers jours, l'insurrection populaire, la culture berbère s'est libérée par l'apparition de radios et journaux, la création d'associations et de musées, l'instauration de cours de langue amazighe et la floraison de chansons ancestrales, comme le souligne ce site berbère:
«Partout sur les murs, ces dessins géométriques colorés et ce signe symbolisant les Amazighs, comme s’appellent les Berbères dans la région, deux demi-cercles reliés par un trait pour illustrer la connexion de l’âme avec le ciel et la terre.» L'Otan serait le ciel et l'amazighité la Terre ?

Mais qui sont les Berbères?

Difficile de les définir avec précision, tant ils se sont fondus dans les pays où ils vivent, par des syncrétismes de couches culturelles superposées. Seul véritable point commun entre les Touaregs nigériens ou maliens de l'Ifoghas et de l'Aïr, les Kabyles, Chaouis et Mozabites algériens, les Chleuhs et Rifains marocains, les Zenagas mauritaniens ou les Infusen Libyens et ceux de  l'oasis de Siwa en Egypte: ils partagent tous la même langue, le tamazight, utilisé par 45 millions de locuteurs selon les dernières études.
Antique langue de la famille afro-asiatique, elle est cousine de l'égyptien pharaonique et constitue aujourd'hui la langue vivante la plus vieille de la Méditerranée —le grec, l'égyptien ou l'hébreu ancien ayant tous disparu.
Mais qui sont les Berbères? En dehors des clichés occidentaux qui font d'eux des blonds aux yeux bleus d'une modernité exemplaire, et des suspicions arabes qui les assimilent à une sous-culture «europhile» à tentation sécessionniste, les Imazighen sont avant tout un peuple tenace et résistant, fier de ses racines et d'une hostilité permanente aux pouvoirs centraux.
S'ils n'ont pas vraiment construit (absence tragique de vestiges historiques), ils sont adeptes d'une relative égalité entre femmes et hommes et d'une démocratie participative au sein de leurs tribus et villages. Et surtout, ils ont, de par leur présence depuis au moins 3.500 ans sur les territoires nord-africains (premiers royaumes berbères identifiés de Numidie centrale correspondant à l'Algérie et à l'Est du Maroc), ils sont plus tolérants et ouverts sur les autres cultures et religions.
Peu nombreux en Tunisie, ils survivent dans les reliefs et les zones enclavées, ce qui explique leur faible nombre sur le territoire tunisien, terre plate comme la Belgique wallonne ou flamande, et les 40% en Algérie et au Maroc, pays montagneux. Dans les zones similaires, à l'abri des capitales, ils sont 10% en Libye, au Niger, Mali et en Mauritanie, et également présents au Burkina Faso et même au Tchad. Arabisés au Maghreb et fondus dans les langues dominantes au Sahel et en Afrique centrale, les Berbères sont difficiles à cerner autrement que par la langue. D'où la définition récente, «est aujourd'hui berbère celui qui parle le berbère». Celui qui le crie est évidemment beaucoup plus berbère.

La phobie arabe de la sécession

Longtemps brimés et marginalisés dans tout le Maghreb par l'idéologie panarabe des autorités en place, et celle, africaniste, des régimes du Sahel —qui ont presque autant peur des clivages culturels que de la démocratie et des libertés—, les Berbères n'ont pourtant pas joué la carte des puissances coloniales pour se rehausser.
Même la France, qui a tenté de diviser l'Algérie entre Arabes et Berbères pour s'assurer sa mainmise sur le pays, n'a pas réussi son œuvre, et pendant la guerre d'indépendance, les Kabyles, qui ont résisté les armes à la main, ont revendiqué l'indépendance totale plutôt que celle de leur territoire.
Les Berbères ont fait du chemin depuis, et si aujourd'hui encore des prénoms berbères sont interdits en Algérie, le tamazight y a cours naturellement et les radios et télévisions d'Etat passent des chansons berbères autrefois interdites d'antenne, tout comme sont assurés des classes de tamazight à l'école.
Mais il ne faut pas croire que le berbère a été totalement exclu. A titre d'exemple, les armées marocaine et algérienne sont majoritairement berbères, et nombre de généraux algériens parlent couramment le Tamazight.
Au Maroc, c'est une loi non écrite; la femme du roi marocain est traditionnellement berbère, pour s'assurer du soutien des nombreuses tribus amazighes qui savent composer avec l'ennemi.
Le vieux berbère est malin. C'est sûrement pour cette raison qu'il n'est pas mort. Sa deuxième naissance ne sera que plus belle.
Chawki Amari

A lire aussi
Le régionalisme en Algérie, un obstacle à la démocratie?
Les Berbères veulent se faire un prénom au Maroc
Tamazight, langue officielle du Maroc?

mercredi 10 août 2011

Sahel-Aqmi : comment sortir l’état-major conjoint de l’anonymat


http://sahel-intelligence.com

EnvoyerImprimerPDF
Les succès militaires remportés par l’armée mauritanienne contre les groupes terroristes d’AQMI n’ont pas que des côtés positifs vus d’Alger. Les hauts gradés du service des renseignements militaires, le terrible DRS, sont particulièrement irrités.
Surtout que l’avantage pris par Nouakchott relègue au second plan le rôle d’Alger qui supervise le CEMOC (Comité d'état-major opérationnel conjoint) de lutte antiterroriste au Sahel. Regroupant également le Mali, le Niger et la Mauritanie, le Comité a brillé par une inexplicable inertie depuis sa création.
Selon une source bien informée à Alger, c’est pour sortir le CEMOC de cet anonymat mortel que l'Algérie a décidé d’abriter une conférence internationale en septembre prochain. La rencontre est officiellement destinée à plancher sur la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel. Officieusement, elle se fixe pour objectif de redorer le blason d’un commandement régional qui s’est vite révélé être une simple coquille vide. Alger compte subsidiairement sur cette rencontre pour essayer d’effacer la déception des autres membres du CEMOC, qui lui ont naïvement confié la tâche de conduire une mission aussi cruciale. Les généraux du DRS devraient parallèlement conditionner la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique à la non-ingérence des forces étrangères. Une pique lancée contre la Mauritanie, accusée par Alger d’entretenir une étroite coordination avec la France dans ses opérations contre les groupes jihadistes au Sahel. Mais Nouakchott serait très peu encline à prêter attention aux reproches d’Alger. Jusqu’à présent, le président Ould Abdelaziz a montré une détermination à toute épreuve contre les activistes d’AQMI avec l’appui à peine caché de Paris, tant au niveau logistique que diplomatique. Sur le terrain, l’armée mauritanienne a franchi en juin dernier un pas qualitatif dans sa lutte antiterroriste, en s’attaquant aux jihadistes dans leurs bases arrières en plein territoire Malien. Selon la même source, il est peu probable que Nouakchott renonce à ce précieux appui contre une hypothétique activation d’un comité conjoint sans âme.