TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
samedi 12 décembre 2009
TAMIKREST KIDAL 2007
Tamikrest Kidal, décembre 2007
Tamikrest | MySpace Music Videos
A VOIR ABSOLUMENT SUPER GROUPE DE KIDAL !!SUR http://www.myspace.com/tamikrest
vendredi 11 décembre 2009
Mali/Somali :Contingent militaire neutre ou ingérence
Un homme blessé lors de l'attentat du 3 décembre 2009 à Mogadiscio.
Nous venons d'apprendre des sources Kenyanne qu'un contingent malien est toujours en attente des ordres de Koulouba (présidence malienne).
Composé de 13 officiers (superieurs et subalternes),le contingent malien devrait au départ travaillé avec les forces de maintien de la paix de l'Union africaine et aux côté des forces gouvernementales en Somali.Parmis ces officiers une dizaine sont des commandants Touaregs maliens qui veulent bien travailler au maintien de la paix ,mais pas prendre part au conflit .Au Kenya les ordres reçus par ces officiers sont clair ,il faut combatre..au Mali on parlait de forces de paix et de neutralité..
affaire à suivre...
a savoir:
SOMALIE •
La colère monte face au chaos ambiant
Les rebelles islamistes qui contrôlent déjà la majeure partie du pays prennent désormais la population civile pour cible. Lassée de la violence, celle-ci n'hésite plus à descendre dans la rue pour manifester sa colère.
SOMALIE
Royaume-Uni
The Independent
© AFP
Un homme blessé lors de l'attentat du 3 décembre 2009 à Mogadiscio.
Quelques jours après le carnage qui a fait au moins 23 morts, le 3 décembre à Mogadiscio, désarroi et colère dominaient dans la capitale somalienne. Le massacre perpétré contre des civils a soulevé une vague d'indignation. Les insurgés islamistes sont à l'index dans une atmosphère de désordre généralisé. Trois ministres, trois journalistes et de nombreux étudiants ont été tués par la bombe qui a explosé durant une cérémonie de remise des diplômes de fin d'études à de futurs médecins. Il s'agit d'un des pires attentats commis dans un pays qui flirte avec la violence depuis 1991. Le président du gouvernement de transition soutenu par l'Occident, Sharif Cheikh Ahmed, en a fait porter la responsabilité à la rébellion islamiste. Mais les deux principaux groupes rebelles, les chebab présumés liés à Al Qaïda et leurs alliés du Hizb Al Islam, ont nié toute implication. L'attentat a soulevé une vague d'indignation rarement manifestée auparavant. Les chebab s'en étaient déjà pris aux troupes éthiopiennes, qui occupaient le pays jusqu'en janvier, aux forces de maintien de la paix de l'Union africaine ou aux forces gouvernementales. Mais c'est la première fois qu'ils s'en prennent aux civils. Les chebab prônent un retour à la religion sous une forme particulièrement rigoureuse en rupture avec la tradition somalienne de tolérance. La lutte courageuse contre les Ethiopiens et leur capacité à maintenir la loi et l'ordre leur avaient assuré un certain respect au sein de la population. Mais depuis l'attentat, la colère est généralisée. Elle ne se limite pas à la capitale. Vendredi dernier, plusieurs centaines de personnes ont manifesté dans les rues de Dhusamareb, ville située à 500 kilomètres de Mogadiscio, pour condamner l'attaque.
Dans une Somalie qui sombre dans le chaos, le gouvernement en place ne contrôle qu'un quartier autour de la Présidence. Le reste du pays est véritablement aux mains des islamistes et des pirates du golfe d'Aden. Mutilé, martyrisé, le pays sombre dans l'horreur et le chaos absolus. L'attentat suicide a frappé le coeur de ce qu'il reste d'autorité à un pouvoir factice, dans une ville qui n'a de capitale que le nom. Les faits : lors d'une cérémonie officielle de remise de diplômes, le terroriste, un activiste, a déclenché la ceinture d'explosifs qu'il portait, provoquant la mort de 19 personnes, en majorité des étudiants, ainsi que de trois ministres. Le gouvernement de transition somalien vient ainsi de perdre ses ministres de l'Education, de l'Enseignement supérieur et de la Santé. Celui des Sports figure au nombre des 60 blessés, dont certains grièvement, parmi lesquels on relève encore des journalistes. Le quatrième ministre décédera plus tard des suites de ses blessures. L'attaque d'une rare violence intervient à quelques encablures du palais présidentiel de Mogadiscio, la seule zone de quelques kilomètres carrés dans tout le pays, sur laquelle le gouvernement exerce un semblant de contrôle. Le président cheikh Sharif Ahmed, au pouvoir depuis janvier 2009, contrôle à peine un petit quartier avec le soutien de 5 300 soldats de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Le reste de la capitale n'est qu'un vaste coupe-gorge soumis aux milices de tout acabit : chebab, Hizb Al Islam... Le gouvernement n'a pas plus d'autorité sur le reste de ce grand pays d'Afrique. L'Union européenne, qui a fermement condamné l'attentat, envisage d'envoyer début 2010 une centaine d'instructeurs afin de former jusqu'à 2 000 soldats de la future armée gouvernementale somalienne, pour la porter à terme à 6 000 hommes.
Les membres du gouvernement sont régulièrement la cible d'attentats, en particulier des chebab qui se réclament d'Al Qaïda. Les mêmes ont revendiqué le rocambolesque enlèvement de deux membres des services spéciaux français l'été dernier. La Somalie est surtout devenue le repaire d'où partent la plupart des attaques de pirates qui écument le golfe d'Aden. Les eaux territoriales somaliennes sont devenues un véritable danger pour la marine internationale. 20 000 bateaux croisent chaque année au large de la Corne de l'Afrique, qui voit transiter 30 % du pétrole à destination de l'Europe. Devant le risque permanent, l'Union européenne s'est résolue à lancer sa première mission navale, baptisée Atalante, et qui vient d'être reconduite pour douze mois. Objectif : sécuriser ces eaux troubles et combattre un phénomène qui menaçait de limiter sérieusement le mouvement maritime. Depuis, les pirates n'ont pas renoncé à leurs lucratifs coups de force contre les navires qui se risquent dans la zone. La piraterie maritime est devenue une véritable marque déposée pour la Somalie. Entre ce phénomène et les chebab fondamentalistes, le peuple souffre.
Des centaines de personnes ont manifesté, le 7 décembre, dans la capitale Mogadiscio pour dénoncer la violence dantesque qui s'est emparée du pays. Le rassemblement était sans précédent dans la capitale somalienne. Les manifestants se sont regroupés dans la matinée devant l'hôtel Shamo, lieu du carnage du 3 décembre. Les protestataires ont notamment brûlé le drapeau noir et blanc, bannière adoptée par les chebab. "A bas les chebab", "assez de violence", ont scandé les manifestants, qui ont accusé la milice islamiste d'être responsable de ce "massacre d'innocents". Le cortège s'est arrêté quelques instants devant l'université de Banadir, à la faculté de médecine où étudiaient la plupart des victimes. La manifestation s'est déroulée dans la petite partie de la capitale somalienne encore sous contrôle du gouvernement de transition (TFG). Un îlot assiégé par les chebab et leurs alliés locaux du Hizb Al Islam. Un tel rassemblement contre les mouvements fondamentalistes reste sans précédent dans Mogadiscio. La dernière tuerie a choqué de nombreux Somaliens et porte la marque des habituels attentats suicides commis par les insurgés islamistes. Les chebab se sont empressés de démentir toute implication dans le massacre. Ces derniers ont mené de nombreux attentats suicides contre les membres du TFG et la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Cette dernière, déployée à Mogadiscio pour y soutenir le gouvernement, semble complètement désorientée dans le chaos généralisé qui désagrège la Somalie.
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Le Niger, l’uranium et les communicants excommunicateurs
Samuel Gontier-Télérama-11-12-09
vendredi 11 décembre 2009
Jacques-Emmanuel Saulnier, brillant porte-parole d’Areva, leader mondial du nucléaire, fait savoir par courrier (1) que « [s]es équipes ont pour instruction de ne plus donner suite à vos sollicitations ». Il s’adresse au réalisateur Dominique Hennequin, à qui il reproche ses propos tenus dans Télérama pour parler de son film Uranium, l’héritage empoisonné, diffusé ce soir sur Public Sénat. Avant de revenir sur la polémique, attardons-nous d’abord sur deux enquêtes effectuées à Arlit, au Niger, où Areva exploite des mines.
Jacques-Emmanuel Saulnier dénie à la visite de Dominique Hennequin le caractère d’une « opération de com (…) : Nous aurions choisi une autre audience que celle offerte par Public-Sénat, soyez-en assuré ». On appréciera le compliment adressé à une chaîne pas franchement subversive, qui, dans la mesure de ses faibles moyens, mène cependant une politique ambitieuse en matière de documentaire. Et on n’osera contester cette information fournie par Areva : « Plus de 50 journalistes se sont rendus à Arlit l’an passé. » Parmi eux, Patrick Forestier, qui a réalisé pour Spécial investigation une enquête, Trafic d’uranium, diffusée début novembre sur Canal+. Un petit comparatif avec le travail de Dominique Hennequin, fondé sur quelques extraits, se révèle particulièrement édifiant.
Pour les deux reporters, la visite des mines d’Arlit ne constitue que la seconde partie de leur document. Dans sa première partie, très intéressante, Patrick Forestier enquête sur l’extraction périlleuse et la destination douteuse de l’uranium des mines clandestines situées en République démocratique du Congo (RDC). De son côté, Dominique Hennequin se rend au Gabon pour mesurer les désastreuses conséquences sanitaires et environnementales de l’exploitation par la Comuf (filiale d’Areva) d’un site fermé en 1999.
« Atomic Anne » bénéficiera d’un micro très ouvert et d’une caméra très admirative jusqu’à la fin du reportage. Pour sa part, Dominique Hennequin rencontre quelques mois plus tard d’autres Touaregs moins folkloriques. En passant par l’Algérie, après avoir traversé le désert. Ceux-là s’expriment – ce n’est pas le commentaire qui parle à leur place. Et voici ce qu’ils disent :
Patrick Forestier descend ensuite dans une mine de la Cominak, qui, « fait exceptionnel, accepte de nous ouvrir les portes de ses boyaux souterrains ». « Exceptionnel », c’est un peu exagéré. Si j’en crois Jacques-Emmanuel Saulnier, cette mine est un vrai moulin à vent. Le reporter y recueille des témoignages sur les conditions de sécurité.
Visitant lui aussi une mine souterraine de la Cominak, Dominique Hennequin est confronté exactement au même discours. Mais il se permet d’émettre des doutes.
Au fait, où va le radon dont un mineur explique à Patrick Forestier qu’il doit être ventilé pour ne pas les intoxiquer ? L’enquête de Canal+ donne une réponse plutôt succincte.
Suivra le discours calibré des salariés d’Areva évoqué plus haut. Dominique Hennequin, lui, s’intéresse de plus près à cette pollution atmosphérique. Exprimant de nouveau son scepticisme.
Chaque gisement d’uranium possède son usine de traitement du minerai qui broie la roche puis en extrait l’uranium naturel pour produire l’uranate, ou « yellow cake », exporté vers les usines d’enrichissement françaises. En visitant l’installation de la Cominak, Patrick Forestier s’arrête d’abord devant le tas de minerai prêt à être traité.
Patrick Forestier ne le sait peut-être pas, mais il assiste à un rituel très prisé des dirigeants d’Areva, une ordalie qui établit l’innocuité de leur industrie : prendre dans la main un objet peu radioactif et, si l’exposition n’est pas prolongée, peu dangereux (sauf par inhalation ou ingestion, d’où la phrase « Je vais me laver les mains. »). Dominique Hennequin, lui aussi, visite l’usine de traitement de l’uranium. Mais il ne s’attarde pas sur le beau minerai doux au toucher, il s’interroge sur le devenir des boues qui sont produites lors de fabrication de l’uranate. Des boues stockées à l’air libre.
Au final, le contraste entre les deux enquêtes est saisissant. N’accablons pas Patrick Forestier : il ne s’intéressait pas à la pollution engendrée par l’extraction d’uranium mais aux risques géopolitiques (la prolifération) qu’elle implique. De ce point de vue, son enquête est réussie. N’empêche que le message des communicants est passé. Les abominables mines clandestines de RDC semblent avoir été filmées pour mieux faire admirer le soin avec lequel Areva extrait de l’uranium nickel au Niger – et pour annoncer en conclusion que l’entreprise va implanter son formidable savoir-faire… en RDC (!).
Dominique Hennequin, de son côté, a creusé son sillon avec rigueur, multipliant les sources d’information : associations, scientifiques, médecins, victimes, juristes, opposants politiques… et Areva, bien sûr. Le tout sans jamais remettre en cause la nécessité d’exploiter l’uranium du Niger pour alimenter les centrales d’EDF. Cette démarche simplement rigoureuse n’a pourtant pas l’heur de plaire aux apôtres de la communication.
Dans sa lettre, le porte-parole d’Areva met particulièrement en cause une impression confiée à Télérama par Dominique Hennequin. « Notre visite était tellement encadrée, elle m’a rappelé la Corée du Nord », dit le réalisateur (qui a effectué un reportage au pays de Kim Il-sung). « Il est outrancier de comparer l’accueil d’Areva à celui de la Corée du Nord, s’indigne Jacques-Emmanuel Saulnier. Que vous vous livriez à un amalgame géopolitique de ce type pour qualifier la manière dont notre Groupe vous a ouvert ses portes est insultant pour celles et ceux de mes collègues qui, au siège ou au Niger, se sont mobilisés à cet effet. »
Le porte-parole d’Areva voudrait faire croire à une attaque contre des personnes ? Mais Dominique Hennequin parlait d’une ambiance qu’il a ressentie, pas des salariés d’Areva. Le Niger n’est pas la Corée, les communicants de la multinationale ne sont pas les robots d’un régime totalitaire. Ils ont loyalement accepté de répondre aux questions les plus dérangeantes posées par un reporter bien documenté dont la pugnacité les a parfois contraints à exprimer quelques ambiguïtés révélatrices. Quant aux mesures sécuritaires auquel est soumis le Nord Niger, il va de soi qu’elles ont été « décrétées » par le gouvernement, pas par Areva… même si la spoliation de leurs terres pour les besoins de l’exploitation minière n’est pas étrangère aux motivations des rebelles touaregs.
Dominique Hennequin a donc enfreint le catéchisme d’Areva. Celui-ci est d’une simplicité biblique : « Nous ouvrons grand nos portes et nos fenêtres à quiconque nous sollicite », prêche régulièrement Jacques-Emmanuel Saulnier, moine-soldat du combat pour la « transparence », dans de grands élans œcuméniques. Et c’est vrai (2). Ensuite, si l’enquêteur prend l’initiative de vérifier les dires des communicants, de chercher d’autres sources, d’interroger des personnes « dont on connaît les engagements » – disent-ils pernicieusement… comme si Areva n’avait pas d’engagements ! –, bref, s’il fait son travail de journaliste… Sacrilège ! Le mécréant a abusé de la confiance de ses hôtes, usant de « pratiques déloyales » pour mener une enquête « à charge ».
Si cela peut le consoler, Dominique Hennequin n’est pas le premier (et sûrement pas le dernier) à subir ce genre d’excommunication de la part d’Areva (ou de la part d’autres entreprises familières du même bréviaire). Au diable les sermons ! Leur seule existence confirme la pertinence du travail réalisé. Après tout, le triste sort réservé aux salariés et riverains des mines africaines ne méritait-il pas une enquête « à charge » ?
Samuel Gontier
(1) La lettre d’Areva (ou sur le site d’Areva). (2) Il m’a été donné d’apprécier la civilité et la disponibilité dont il sait faire preuve.
Uranium, l’héritage empoisonné, samedi 12, 22h, Public Sénat (le débat qui suit la diffusion a été enregistré avant qu’Areva prenne la mouche en lisant Télérama).
EN SAVOIR PLUS !
vendredi 11 décembre 2009
Jacques-Emmanuel Saulnier, brillant porte-parole d’Areva, leader mondial du nucléaire, fait savoir par courrier (1) que « [s]es équipes ont pour instruction de ne plus donner suite à vos sollicitations ». Il s’adresse au réalisateur Dominique Hennequin, à qui il reproche ses propos tenus dans Télérama pour parler de son film Uranium, l’héritage empoisonné, diffusé ce soir sur Public Sénat. Avant de revenir sur la polémique, attardons-nous d’abord sur deux enquêtes effectuées à Arlit, au Niger, où Areva exploite des mines.
Jacques-Emmanuel Saulnier dénie à la visite de Dominique Hennequin le caractère d’une « opération de com (…) : Nous aurions choisi une autre audience que celle offerte par Public-Sénat, soyez-en assuré ». On appréciera le compliment adressé à une chaîne pas franchement subversive, qui, dans la mesure de ses faibles moyens, mène cependant une politique ambitieuse en matière de documentaire. Et on n’osera contester cette information fournie par Areva : « Plus de 50 journalistes se sont rendus à Arlit l’an passé. » Parmi eux, Patrick Forestier, qui a réalisé pour Spécial investigation une enquête, Trafic d’uranium, diffusée début novembre sur Canal+. Un petit comparatif avec le travail de Dominique Hennequin, fondé sur quelques extraits, se révèle particulièrement édifiant.
Pour les deux reporters, la visite des mines d’Arlit ne constitue que la seconde partie de leur document. Dans sa première partie, très intéressante, Patrick Forestier enquête sur l’extraction périlleuse et la destination douteuse de l’uranium des mines clandestines situées en République démocratique du Congo (RDC). De son côté, Dominique Hennequin se rend au Gabon pour mesurer les désastreuses conséquences sanitaires et environnementales de l’exploitation par la Comuf (filiale d’Areva) d’un site fermé en 1999.
« Atomic Anne » bénéficiera d’un micro très ouvert et d’une caméra très admirative jusqu’à la fin du reportage. Pour sa part, Dominique Hennequin rencontre quelques mois plus tard d’autres Touaregs moins folkloriques. En passant par l’Algérie, après avoir traversé le désert. Ceux-là s’expriment – ce n’est pas le commentaire qui parle à leur place. Et voici ce qu’ils disent :
Patrick Forestier descend ensuite dans une mine de la Cominak, qui, « fait exceptionnel, accepte de nous ouvrir les portes de ses boyaux souterrains ». « Exceptionnel », c’est un peu exagéré. Si j’en crois Jacques-Emmanuel Saulnier, cette mine est un vrai moulin à vent. Le reporter y recueille des témoignages sur les conditions de sécurité.
Visitant lui aussi une mine souterraine de la Cominak, Dominique Hennequin est confronté exactement au même discours. Mais il se permet d’émettre des doutes.
Au fait, où va le radon dont un mineur explique à Patrick Forestier qu’il doit être ventilé pour ne pas les intoxiquer ? L’enquête de Canal+ donne une réponse plutôt succincte.
Suivra le discours calibré des salariés d’Areva évoqué plus haut. Dominique Hennequin, lui, s’intéresse de plus près à cette pollution atmosphérique. Exprimant de nouveau son scepticisme.
Chaque gisement d’uranium possède son usine de traitement du minerai qui broie la roche puis en extrait l’uranium naturel pour produire l’uranate, ou « yellow cake », exporté vers les usines d’enrichissement françaises. En visitant l’installation de la Cominak, Patrick Forestier s’arrête d’abord devant le tas de minerai prêt à être traité.
Patrick Forestier ne le sait peut-être pas, mais il assiste à un rituel très prisé des dirigeants d’Areva, une ordalie qui établit l’innocuité de leur industrie : prendre dans la main un objet peu radioactif et, si l’exposition n’est pas prolongée, peu dangereux (sauf par inhalation ou ingestion, d’où la phrase « Je vais me laver les mains. »). Dominique Hennequin, lui aussi, visite l’usine de traitement de l’uranium. Mais il ne s’attarde pas sur le beau minerai doux au toucher, il s’interroge sur le devenir des boues qui sont produites lors de fabrication de l’uranate. Des boues stockées à l’air libre.
Au final, le contraste entre les deux enquêtes est saisissant. N’accablons pas Patrick Forestier : il ne s’intéressait pas à la pollution engendrée par l’extraction d’uranium mais aux risques géopolitiques (la prolifération) qu’elle implique. De ce point de vue, son enquête est réussie. N’empêche que le message des communicants est passé. Les abominables mines clandestines de RDC semblent avoir été filmées pour mieux faire admirer le soin avec lequel Areva extrait de l’uranium nickel au Niger – et pour annoncer en conclusion que l’entreprise va implanter son formidable savoir-faire… en RDC (!).
Dominique Hennequin, de son côté, a creusé son sillon avec rigueur, multipliant les sources d’information : associations, scientifiques, médecins, victimes, juristes, opposants politiques… et Areva, bien sûr. Le tout sans jamais remettre en cause la nécessité d’exploiter l’uranium du Niger pour alimenter les centrales d’EDF. Cette démarche simplement rigoureuse n’a pourtant pas l’heur de plaire aux apôtres de la communication.
Dans sa lettre, le porte-parole d’Areva met particulièrement en cause une impression confiée à Télérama par Dominique Hennequin. « Notre visite était tellement encadrée, elle m’a rappelé la Corée du Nord », dit le réalisateur (qui a effectué un reportage au pays de Kim Il-sung). « Il est outrancier de comparer l’accueil d’Areva à celui de la Corée du Nord, s’indigne Jacques-Emmanuel Saulnier. Que vous vous livriez à un amalgame géopolitique de ce type pour qualifier la manière dont notre Groupe vous a ouvert ses portes est insultant pour celles et ceux de mes collègues qui, au siège ou au Niger, se sont mobilisés à cet effet. »
Le porte-parole d’Areva voudrait faire croire à une attaque contre des personnes ? Mais Dominique Hennequin parlait d’une ambiance qu’il a ressentie, pas des salariés d’Areva. Le Niger n’est pas la Corée, les communicants de la multinationale ne sont pas les robots d’un régime totalitaire. Ils ont loyalement accepté de répondre aux questions les plus dérangeantes posées par un reporter bien documenté dont la pugnacité les a parfois contraints à exprimer quelques ambiguïtés révélatrices. Quant aux mesures sécuritaires auquel est soumis le Nord Niger, il va de soi qu’elles ont été « décrétées » par le gouvernement, pas par Areva… même si la spoliation de leurs terres pour les besoins de l’exploitation minière n’est pas étrangère aux motivations des rebelles touaregs.
Dominique Hennequin a donc enfreint le catéchisme d’Areva. Celui-ci est d’une simplicité biblique : « Nous ouvrons grand nos portes et nos fenêtres à quiconque nous sollicite », prêche régulièrement Jacques-Emmanuel Saulnier, moine-soldat du combat pour la « transparence », dans de grands élans œcuméniques. Et c’est vrai (2). Ensuite, si l’enquêteur prend l’initiative de vérifier les dires des communicants, de chercher d’autres sources, d’interroger des personnes « dont on connaît les engagements » – disent-ils pernicieusement… comme si Areva n’avait pas d’engagements ! –, bref, s’il fait son travail de journaliste… Sacrilège ! Le mécréant a abusé de la confiance de ses hôtes, usant de « pratiques déloyales » pour mener une enquête « à charge ».
Si cela peut le consoler, Dominique Hennequin n’est pas le premier (et sûrement pas le dernier) à subir ce genre d’excommunication de la part d’Areva (ou de la part d’autres entreprises familières du même bréviaire). Au diable les sermons ! Leur seule existence confirme la pertinence du travail réalisé. Après tout, le triste sort réservé aux salariés et riverains des mines africaines ne méritait-il pas une enquête « à charge » ?
Samuel Gontier
(1) La lettre d’Areva (ou sur le site d’Areva). (2) Il m’a été donné d’apprécier la civilité et la disponibilité dont il sait faire preuve.
Uranium, l’héritage empoisonné, samedi 12, 22h, Public Sénat (le débat qui suit la diffusion a été enregistré avant qu’Areva prenne la mouche en lisant Télérama).
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Nucléaire : les mensonges de Mme Lauvergeon
http://www.mediapart.fr/club/blog/velveth/10-12-09
vendredi 11 décembre 2009
Alors que s’ouvre le sommet de Copenhague sur le climat, Mme Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’AREVA, a été interviewée sur France Info le 7 décembre 2009. Elle a déclaré que « le nucléaire, ça ne fait pas de CO2 » et qu’il ne produit que « de toutes petites quantités de déchets ».
La CRIIRAD dénonce ces affirmations erronées et demande à Mme Lauvergeon de prendre des mesures urgentes pour traiter les sites contaminés par les filiales du groupe AREVA au Gabon et au Niger.
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La CRIIRAD rappelle que 1 / le nucléaire rejette bien des gaz à effet de serre 2 / qu’à chaque étape du processus de production, il produit de grandes quantités de déchets radioactifs dont le confinement n’est pas assuré 3 / AREVA laisse en outre des populations vivre sur des terrains ou dans des habitations contaminées par ses activités. Quelques exemples sont indiqués ci-après. .
Les décisions qui vont être prises au sommet de Copenhague ne doivent pas être fondées sur les informations mensongères du lobby nucléaire.
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Extraction de l’uranium
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L’énergie nécessaire au fonctionnement des usines d’extraction de l’uranium des filiales d’AREVA à ARLIT (Niger) provient d’une centrale thermique au charbon particulièrement polluante [1]. Pour la mine et l’usine de la COMINAK, la production d’une tonne d’uranium nécessite 9,7 tonnes Equivalent Pétrole [2]. Il est probable que la mise en exploitation du gisement d’Imouraren (Niger) aura un bilan d’émission de gaz à effet de serre encore plus lourd compte tenu des faibles teneurs du minerai et de la nécessité de déplacer 3,8 milliards de tonnes de roches pour y accéder [3]. .
En France l’extraction du minerai a conduit à produire plus de 50 millions de tonnes de résidus radioactifs à très longue période dont le confinement n’est pas assuré [4]. Au Niger il s’agit de plus de 35 millions de tonnes de résidus radioactifs entreposés à l’air libre à quelques kilomètres de l’agglomération d’ARLIT et Akokan où vivent environ 80 000 personnes [2]. Des déchets miniers radioactifs ont en outre été utilisés pour remblayer des pistes. En 2007 la CRIIRAD a révélé que de tels déchets, présentant un niveau de radiation 100 fois supérieur à la normale étaient présents devant l’hôpital de la COMINAK (filiale d’AREVA) à Akokan (Niger) [5]. Une mission conduite par Greenpeace à AKOKAN en novembre 2009 a confirmé que des niveaux de radiation élevés persistaient sur de nombreux secteurs de la ville [6] .
Au Gabon, la COMUF, filiale d’AREVA a produit sur le gisement d’uranium de Mounana 7,5 millions de tonnes de boues radioactives, dont 2 millions de tonnes ont été déversées dans la rivière. Les mesures effectuées par la CRIIRAD en 2009 montrent qu’une partie de ces déchets radioactifs est à l’air libre dans la forêt voisine. Les mesures de 2009 confirment en outre que les logements des cadres et des ouvriers de la COMUF ont été construits avec des matériaux radioactifs. Les populations sont ainsi soumises à leur insu à des doses de radiation totalement injustifiées [7]. .
Purification de l’uranium
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La purification des concentrés uranifères est effectuée à l’usine AREVA-COMURHEX de Malvési (France). En 2007, cette usine a rejeté 384 500 tonnes d’équivalent CO2 (CO2 et N2O) pour 14 000 tonnes d’uranium produites [8]. Le fonctionnement de l’usine a généré à ce jour plus de 250 000 tonnes de boues radioactives entreposées dans des bassins non étanches [8]. Certains de ces bassins ont cédé en mars 2004 polluant ainsi la plaine voisine [9].
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Retraitement des combustibles usés
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L’usine de retraitement des combustibles usés qu’exploite AREVA à La Hague (France) est une des installations les plus polluantes sur le plan radiologique. Elle rejette en particulier dans l’atmosphère de très grandes quantités d’un gaz radioactif, le krypton 85 conduisant à multiplier par 60 la radioactivité moyenne annuelle de l’air dans les villages voisins [10]. Compte tenu de sa longue période (10 ans) la concentration de ce gaz ne cesse d’augmenter dans l’ensemble de l’hémisphère nord. Certains chercheurs ont soulevé la question de l’impact de cette ionisation artificielle de l’atmosphère sur le climat. .
En outre l’usine de la Hague est un des principaux producteurs de gaz à effet de serre de la région Nord Cotentin. Elle a rejeté 80 551 tonnes de C02 en 2007 [11].
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La question de l’eau
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Dans son interview du 7 décembre 2009 Mme Lauvergeon s’est émue des problèmes du désertification au Sahel. La CRIIRAD rappelle que l’extraction de l’uranium est une opération qui consomme de très grandes quantités d’eau et entraine une contamination des ressources locales par des polluants radioactifs et chimiques [2]. AREVA admet qu’à l’issue des 40 ans d’exploitation du gisement d’Imouraren (Niger), il se produira un « assèchement local des nappes » [3]. .
S’agissant du réchauffement et des gaz à effet de serre, il faut rappeler en outre que le rendement thermique des centrales nucléaires est de l’ordre de 30 %. C’est-à-dire que les 2/3 de l’énergie fournie par la réaction nucléaire est perdue sous forme de chaleur. Cette chaleur entraine le réchauffement des eaux de mer ou de rivière utilisées pour le refroidissement des réacteurs et conduit à rejeter de très grandes quantités de vapeur d’eau via les aéroréfrigérants. La vapeur d’eau est, il faut le rappeler, un gaz à effet de serre.
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Références
[1] Note CRIIRAD N°09-25 / Mine de Charbon et centrale thermique de production d’électricité SONICHAR à Tchirozérine (Niger) / B. Chareyron, 16 juin 2009.
[2] Note CRIIRAD N°08-02 / AREVA uranium Niger : du discours à la réalité / L’exemple des mines d’uranium du Niger / B. Chareyron, 30 janvier 2008.
[3] AREVA / Etude d’impact sur l’environnement / Exploitation du Gisement d’Imouraren.
[4] Note CRIIRAD / Impact radiologique de 50 années d’extraction de l’uranium en France. Exiger de COGEMA-AREVA un réaménagement satisfaisant des sites / B. Chareyron, 2005.
[5] Communiqué de presse CRIIRAD du 15 mai 2007 / « La CRIIRAD et AGHIR IN MAN demandent l’enlèvement sans délai des déchets radioactifs découverts dans les rues d’Akokan au Niger et interpellent Mme Lauvergeon présidente d’AREVA sur les pratiques des filiales de son groupe ».
[6] GREENPEACE Briefing / Les mines d’uranium au Niger / La radioactivité dans les rues d’Akokan / Novembre 2009 / Rianne Teule.
[7] Rapport CRIIRAD N°09-118 / Contamination radiologique relevée en 2009 sur l’ancien site minier uranifère de COMUF-AREVA à Mounana (Gabon) / B Chareyron, 7 décembre 2009.
[8] Usine COMURHEX II à Malvesi / Volume 2 / Etude d’Impact (enquête publique année 2009).
[9] Rapport CRIIRAD N°06-88 / Impact radiologique de l’usine COMURHEX (groupe AREVA) de Malvesi (Aude) / B. Chareyron, 13 novembre 2006
[10] Note CRIIRAD N°09-102 / B. Chareyron, 15 septembre 2009.
[11] AREVA NC / Etablissement de la Hague / Rapport environnemental, social et sociétal 2007.
jeudi 10 décembre 2009
Les Touaregs, premiers réfugiés environnementaux Enquête - Sébastien Paour (5'05")
Les Touaregs, premiers réfugiés environnementaux
France Info - 7 décembre 2009
La Conférence de Copenhague sur le climat ouvre aujourd’hui. Chefs d’Etat et de gouvernement et experts tenteront de se mettre d’accord sur les mesures à prendre pour préserver ce qui peut encore l’être...
Bien loin de Copenhague, les Touaregs du nord du Mali subissent déjà les effets du réchauffement climatique : ils sont des réfugiés environnementaux... Ces touareg, ils se déplacent depuis toujours avec leurs troupeaux de vaches, de chèvres, de moutons, de dromadaires (qu’ils appellent "chameaux") dans le Sahara et, juste en-dessous, dans le Sahel.
Dans leurs tenues amples, le visage caché sous leurs longs turbans, ils cherchent des pâturages et de l’eau pour leurs bêtes.
Ils ne savent pas ce que c’est qu’un "réfugié climatique" ou un "déplacé de l’environnement" comme préfèrent les appeler certains spécialistes du climat, ils ne parlent pas le français mais le tamasheq... Mais ils voient très bien comment le paysage se transforme depuis plusieurs années.
Mohamed, de la tribu Kellessouk, nous a accompagné en 4x4 à quelques kilomètres de son campement, au nord de Gao, dans le nord-est du pays, à N’Tahaka. Il y a beaucoup de vent, comme dans le Sahara, il y a un puits, pas loin, le seul à 60 kms à la ronde, le paysage n’est pas complètement désertique, mais ce n’est rien à côté de ce que c’était avant.
N'Tahaka, au nord de Gao. Mohamed, touareg de la tribu Kellesouk, explique qu'ici, il y a 30 ans, il y avait des bois et des prédateurs
©Radio France/ Sébastien Paour
Debout seul dans le vent, Mohamed explique qu’ici, "il y a quelques arbustes, quelques pierres, et du sable... Mais avant, à 100 m on ne pouvait plus voir quelqu’un ! A cause des arbres ! La végétation était très très dense. Maintenant, c’est pratiquement le désert... Il y a encore quelques espèces qui résistent, mais la plupart ont disparu...
Avant, il y avait tellement d’arbres que personnes ne se hasardait à se promener tout seul, à cause des prédateurs. Il y avait des lions, des hyènes, des panthères... Nous on chassait les antilopes et les gazelles. Mais ça c’était dans les années 70".
Les Touaregs ont bien été obligés de s’adapter à ce changement radical de végétation : depuis le début des années 90, comme la saison des pluies de 3 ou 4 mois ne suffit plus à faire pousser les pâturages pour nourrir leurs bêtes, Mohamed et ses semblables ne sont plus des nomades à 100%. Ils reçoivent d’ailleurs dans une construction en dur, à N’Tahaka.
Wan Ag Alwaly assure le suivi des programmes de l’ONG malienne "Tassagh", ça veut dire "le lien" en tamasheq... Tassagh s’occupe notamment d’aider les Touaregs les plus pauvres.
Et Wan explique : "Au début des années 90, c’était le désert, ici ; il n’y avait pas une seule construction. Les gens n’étaient pas encore fixés, ils tournaient avec les animaux selon les saisons. Il y avait assez d’eau et de pâturages pour alimenter les bêtes et les hommes. Quand ces ressources se raréfiaient, on partait à d’autres endroits. Et ainsi de suite jusqu’à la prochaine pluie. Aujourd’hui, il n’y a plus les tentes qu’on démontait et qu’on remontait : c’est un vrai village "en dur", ici.
Parce que la dépendance fait que les Touaregs ne peuvent plus se contenter de leurs animaux. Ce n’est plus suffisant, ça ne nourrit plus les hommes et ils dépendent d’autres choses. Et pour cela, ils doivent se fixer."
Cette modification de l’environnement a donc complètement remis en cause le mode de vie nomade des Touaregs. Ils se sédentarisent une partie de l’année autour des villes.
Abdulaziz Ag Aloli coordonne les programmes de l’ONG "Tassagh" : "Ce nomadisme a été beaucoup influencé par la dégradation de l’environnement. Parce que l’élevage ne suffit plus, à lui seul, à nourrir son homme. Si bien qu’il y a une tendance à la diversification des activités.
Et pour les diversifier, il faut de plus en plus devenir sédentaire. Donc on assiste à un phénomène de semi-fixation pour entreprendre d’autres activités, notamment le petit commerce. Beaucoup se rabattent, ceux qui ont tout perdu, sur les grandes villes. Pour être manoeuvres, dockers, pour les femmes cuisinières...
Toute la société nomade est bouleversée, en fait. On a coutume de croire que les réfugiés sont seulement ceux qui fuient la guerre. Mais la guerre c’est un malheur, et cette situation en est un autre. C’est une autre forme de réfugiés à laquelle on va assister davantage parce que plus la situation perdure, plus on va en avoir. C’est évident."
Les nomades sont moins nombreux et donc de moins en moins nomades.
Leurs troupeaux ne comptent plus plusieurs centaines - voire milliers ! - de bêtes comme naguère, mais seulement plusieurs dizaines. Ils sont obligés de descendre chaque année un peu plus du nord vers le sud.
Ceux qui sont encore éleveurs une partie de l’année ont du mal à nourrir leurs animaux, il y a moins de plantes, et d’autres plus résistantes et toxiques, comme la torcha, sont apparues.
A force de fréquenter les villes, les Touaregs sont aussi touchés maintenant par des maladies qu’ils ne connaissaient pas, il y a encore quelques années.
Bref, il y a beaucoup de regrets et de nostalgie dans les propos de ces hommes : "C’est un peu comme si on vous demandait, à vous, de parler tamasheq comme ça ! Ce serait très dur ! Pour nous, devenir sédentaire, c’est un défi, une contrainte : on n’a pas choisi ce mode de vie, où on n’est ni sédentaires, ni nomades...
Et c’est une douleur : on regrette de ne plus pouvoir être des nomades, comme on a toujours été. Mais en même temps, on se rend bien compte que la sécheresse est pire chaque année..."
Mohamed, Aziz et les autres Touaregs sont tous d’accord pour dire que le nomadisme c’était la liberté. Et que celle-ci se réduit.
Ils ne savent pas s’ils sont des "réfugiés climatiques" ou des "déplacés de l’environnement", mais ils disent que la ville de Kidal, à 350 kms au nord de Gao, est aujourd’hui en plein Sahara. Il y a 30 ans, c’était comme à Gao aujourd’hui : le désert progressait mais on pouvait encore nourrir les bêtes...
Reportage et photos : Sébastien Paour
Changements climatiques : L’Afrique s’accroche à la compensation
Jean Claude Kongo Le Pays N° 4510 du 10-12-09
jeudi 10 décembre 2009
Le continent africain est bel et bien présent à la conférence sur le climat, à Copenhague. Il y est représenté en masse et, fait nouveau, semble bien décidé à faire front commun et à parler d’une seule voix pour défendre ses intérêts.
Ce que les pays africains à ce jour n’auront pas réussi la prouesse de réaliser lorsqu’il s’est agi de l’esclavage et de la colonisation, ils sont en passe de l’accomplir, pour les changements climatiques, au sommet de Copenhague : ils auront su taire leurs divergences multiples pour accorder leurs violons, faire chorus et exiger une seule et même chose : des compensations pour leur continent, le moins pollueur de la planète, mais, paradoxalement le plus affecté par les changements climatiques provoqués par la pollution des autres. Et c’est le même discours que l’on entend de la bouche de tous les Africains, qu’ils soient représentants des pays sahéliens ou ceux des pays forestiers d’Afrique centrale. L’union sacrée est bien réelle et le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui dirige la délégation africaine à Copenhague, comme pour indiquer que les Africains n’étaient pas vraiment présents à ce sommet pour rigoler, a bien indiqué que le continent noir quitterait la table des négociations si des compensations financières ne leur étaient pas consenties, et suffisamment pour lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. L’Afrique est plus que jamais décidée à faire entendre sa voix. Et fort heureusement pour elle, de puissantes ONG ainsi que d’importantes personnalités politiques occidentales font cause commune avec elle. Toutes sont convaincues, avec elle, que le continent souffre déjà au quotidien du fléau du réchauffement climatique et que ce dernier est appelé à grandir si rien n’est fait pour y mettre dès à présent un coup de frein définitif.
Reste à savoir si l’argumentaire présenté sera suffisant pour convaincre les décideurs. Et à supposer qu’ils y consentent, si la tentation n’existera pas, de la part des "donateurs", de "couler" en douce la compensation demandée dans l’aide déjà existante pour la coopération ainsi que le développement. Si tel était le cas, le continent ne serait pas vraiment sorti de l’auberge, puisqu’à l’allure où vont les choses, c’est l’Afrique entière qui subit de plein fouet les effets pervers du réchauffement du climat et qui, bien malheureusement, ne possède pas vraiment les moyens adéquats pour y remédier. Les récentes inondations qui ont occasionné des milliers de sans-abris dans la zone ouest-africaine, aux mois d’août et de septembre derniers, auront fini par convaincre même les plus sceptiques parmi les habitants du continent, que le changement climatique dont on parle tant n’est pas une vue de l’esprit.
Il faut alors souhaiter deux choses : primo, que les Occidentaux se révèlent altruistes et accèdent à la requête des représentants du continent à ce sommet. C’est toute l’Afrique qui en a réellement grand besoin. Secundo, que les dirigeants africains, à supposer qu’ils obtiennent cette compensation, se mettent en devoir de l’utiliser à bon escient, pour la chose en vue de laquelle elle aura été consentie. Cela ne servirait à rien si les millions d’euros à venir et destinés à sauvegarder le futur climatique du continent devaient finir par se retrouver bien au chaud dans quelque compte douillet de banques suisses ou s’en retourner ailleurs et alimenter quelque caisse secrète d’obscurs fournisseurs d’armes d’Europe centrale ou d’Asie. Un peu comme ce fut le cas pour l’aide au développement. Ce qu’on a obtenu par la supplication et les larmes, la sagesse commande de l’utiliser avec intelligence, probité et sérieux. Ce serait là la moindre des choses. Et c’est la survie de l’Afrique de demain qui, sérieusement, en dépend.
Par Jean Claude KONGO
Les Etats-Unis suspendent leur aide au Niger de Mamadou Tandja
AP | 10.12.2009 | 01:50
jeudi 10 décembre 2009
Les Etats-Unis ont suspendu les prêts au Niger dans le cadre d’un programme qui lie l’assistance à la bonne gouvernance.
Le US Millenium Challenge Corp., qui distribue l’aide, a précisé mercredi qu’il réévaluerait un programme de 23 millions de dollars (15,5 millions d’euros) destiné à lutter contre la corruption ou favoriser l’éducation des filles.
L’organisme explique sa décision par le fait que le président Mamadou Tandja tente "d’étendre la durée de son mandat au delà du second (et dernier) terme".
Le programme soutient particulièrement les pays dont les gouvernement agissent pour améliorer la démocratie. Le chef du programme, Daniel Yohannes, a exprimé sa déception vis-à-vis du Niger.
"Le MCC aurait aimé poursuivre le programme si le Niger lui avait permis d’aller de l’avant", selon lui. AP
Algerie/La FIDH est extrêmement préoccupée par le maintien de l’état d’urgence »
Mme Souhayr Belhassen. Présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme
« La FIDH est extrêmement préoccupée par le maintien de l’état d’urgence »
La présidente de la FIDH se dit « extrêmement préoccupée » par le fait que « le maintien de l’état d’urgence, souvent justifié et renforcé par le contexte global de lutte contre le terrorisme, soit la porte ouverte à des violations flagrantes des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à commencer par les libertés d’association, de rassemblement, d’expression ». Selon elle, les défenseurs des droits de l’homme sont donc touchés de plein fouet par « ces mesures de répression » mises en œuvre par les régimes concernés, parmi lesquels l’Algérie et l’Egypte.
Comment évaluez-vous la situation des droits de l’homme dans les pays du Maghreb ?Les libertés d’expression, de la presse, d’association et de rassemblement pacifique en particulier sont régulièrement mises à mal. Les scandaleuses retombées des élections en Tunisie, les nombreuses procédures judiciaires intentées à l’encontre d’organes de la presse marocaine et les interdictions récurrentes des rassemblements pacifiques, voire de réunions publiques en Algérie, illustrent les obstacles auxquels sont confrontées les sociétés civiles de la région. Bien qu’il soit impossible de dresser un bilan commun à ces trois pays, la situation étant sensiblement différente dans chacun d’entre eux, nous assistons toutefois aujourd’hui au mieux à une stagnation, voire à un réel recul en matière de respect et de protection des droits de l’homme. La politique répressive menée par le pouvoir tunisien à l’encontre des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et des militants de l’opposition n’est pas nouvelle, toutefois elle a atteint ces dernières semaines un niveau inégalé et nous sommes très inquiets de ce durcissement.
Quel regard jette la FIDH sur la situation des droits de l’homme en Algérie ?La FIDH s’est à plusieurs reprises mobilisée auprès de ses organisations membres et partenaires pour faire état de ses préoccupations concernant la persistance de violations des droits de l’homme en Algérie. La persistance des pratiques de torture dans les centres de détention tel qu’attesté par le comité contre la torture des Nations unies et l’absence de réponses satisfaisantes apportées par le gouvernement algérien au besoin de vérité et de réparation pour toutes les victimes des violations graves des droits de l’homme commises pendant la décennie 1990 demeurent au centre des préoccupations de la FIDH. Par ailleurs, la situation des droits des migrants et des réfugiés en Algérie, notamment suite à l’adoption de la loi relative aux conditions d’entrée, de séjour et de circulation des étrangers dont certaines dispositions violent le droit international en matière de protection des droits de l’homme ainsi que du droit humanitaire, nous inquiètent particulièrement. Enfin, une partie considérable de la population algérienne continue à faire face à d’importantes difficultés d’ordre économique et social. Dans ce contexte, la FIDH s’inquiète de la systématisation de la répression des protestations d’ordre social. Aucune solution durable ne pourra en effet être trouvée sans qu’un dialogue soit initié avec les partenaires sociaux.
Peut-on parler du respect des droits de l’homme quand on sait que le pays vit encore sous état d’urgence ?Plusieurs Etats de la région sont en effet concernés par le maintien prolongé de l’état d’urgence et le cortège des mesures et pouvoirs exceptionnels qui en découlent. La FIDH demeure extrêmement préoccupée par le fait que le maintien de l’état d’urgence, souvent justifié et renforcé par le contexte global de la lutte contre le terrorisme, soit la porte ouverte à des violations flagrantes des droits de l’homme et des libertés fondamentales, à commencer par les libertés d’association, de rassemblement et d’expression. Les défenseurs des droits de l’homme sont donc touchés de plein fouet par ces mesures de répression mises en œuvre par les régimes concernés, parmi lesquels l’Algérie et l’Egypte. Nous dénonçons également le fait que sous couvert de l’état d’urgence, des civils soient déférés devant des tribunaux militaires et des cours de sûreté de l’Etat, qui sont des juridictions dont nous savons bien qu’elles ne sont pas les meilleures garantes du respect des droits de la défense et du droit à un procès équitable.
L’année 2009 est marquée également par le rapport du juge Goldstone sur la guerre à Ghaza. Quel commentaire faites-vous ?La FIDH a exprimé et réitéré son soutien aux conclusions et recommandations du rapport de la commission d’enquête de l’ONU conduite par le juge Goldstone. Pour rappel, en dépit d’un mandat initial plus restreint, la commission s’est engagée à enquêter sur les violations supposées des droits de l’homme par les deux parties, Israël et les groupes armés palestiniens. Par conséquent, compte-tenu de la méthodologie employée et des conclusions du rapport, il n’y a aucune raison de mettre en doute l’impartialité et la légitimité du rapport. Le rapport Goldstone a conclu que de graves violations, constitutives de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, avaient été perpétrées par l’armée israélienne dans la bande de Ghaza et par des groupes armés palestiniens et insiste sur la nécessité de rendre compte de ces violations. La FIDH rappelle que l’obligation d’enquêter sur les violations graves des droits de l’homme et de poursuivre en justice les responsables de ces violations incombe aux autorités israéliennes et palestiniennes, mais s’il s’avère que ces autorités n’ont pas les moyens ou pas la volonté pour ce faire. Alors, les mécanismes de la justice internationale devront être activés afin d’empêcher que ces crimes restent impunis. La FIDH va rendre public, dans quelques jours, un an après le début de l’opération « Plomb durci » à Ghaza, un rapport dans lequel elle rappelle que la justice demeure l’une des conditions à la paix et à la sécurité.
La fin de cette année est caractérisée aussi par le calvaire de la militante des droits de l’homme sahraouie, Aminatou Haïdar, empêchée par le gouvernement marocain de rentrer chez elle. On n’a pas entendu la réaction de votre organisation, pourquoi ?
L’état de santé d’Aminatou Haïdar, en grève de la faim depuis plusieurs semaines, inquiète vivement la FIDH. La confiscation de son passeport et l’interdiction qui lui est faite par les autorités marocaines de rentrer chez elle sont des violations de ses droits. Nous appelons les autorités marocaines à prendre les mesures qui s’imposent dans les plus brefs délais.
Par Hacen Ouali
Yann Arthus-Bertrand (alias "écotartuffe looké guide du routard") a dit :
08-12-09
ça c'est dit !
Yann Arthus-Bertrand (alias "écotartuffe looké guide du routard") a dit :
" le président du Mali est un humaniste"
ll en dit beaucoup d'autres...je vous épargne les détails sordides
reportage (honteux et diffusé fièrement) sur France 2 ce soir
dans l'émission "Un soir pour la terre
source en vouature simone
Al-Qaeda et les zones d’ombre du Sahel
Les enlèvements d’Occidentaux au Mali et en Mauritanie, revendiqués hier par l’organisation islamiste, illustrent l’instabilité de la région.
3 réactions
Par CÉLIAN MACE
Que cache encore le Sahara ? L’immense désert est de longue date habitué aux rebelles touaregs - en lutte contre le gouvernement malien - et aux trafiquants d’armes, d’essence, de cigarettes et d’émigrés clandestins. Mais cette zone de non-droit abrite aussi des bases d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a revendiqué, hier, l’enlèvement de quatre Occidentaux au Mali et en Mauritanie.
Le 25 novembre, trois hommes armés kidnappent le Français Pierre Camatte à Ménaka, dans l’est du Mali. Le travailleur humanitaire, âgé de 61 ans, président d’une association de lutte contre le paludisme, est depuis détenu par «l’aile dure» d’Aqmi. Une source proche de la rébellion touarègue affirme que «le groupe d’Abou Zeïd, le commanditaire de l’enlèvement, se trouvait dans la zone de Ménaka entre le 23 et le 25 novembre». Abdelhamid Abou Zeïd est l’un des deux «émirs» de la branche sahélienne d’Aqmi. Réputé très violent, l’Algérien est à l’origine de l’exécution du touriste britannique Edwin Dyer en mai. Jusque-là, l’organisation avait toujours négocié, contre rançon, la libération de ses otages.
Deux jours plus tard, un convoi de 13 véhicules humanitaires est attaqué dans le nord de la Mauritanie. Deux hommes d’affaires espagnols d’une cinquantaine d’années, Albert Vilalta et Roque Pascual, et une fonctionnaire de la justice, Alicia Gámez, membres de l’association Acción Solidaria, sont alors enlevés. Dans un enregistrement audio diffusé hier par la chaîne qatarie Al-Jezira, Aqmi a revendiqué les deux rapts et précisé que «la France et l’Espagne seront informées ultérieurement des revendications légitimes des moudjahidin».
«Cocaïne». Basé et fondé en Algérie, ce mouvement islamiste, ex-Groupement salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), a officiellement rejoint Al-Qaeda et prêté allégeance à Ben Laden en 2006. Un an plus tard, il signait les sanglants attentats-suicides d’Alger (40 morts dont 17 employés de l’ONU) et l’assassinat de quatre touristes français en Mauritanie - faisant annuler le Paris-Dakar. L’impact d’Al-Qaeda dans la région est grandissant, mais l’organisation peine pourtant à recruter hors d’Algérie, selon un rapport de la fondation américaine Carnegie : «Aqmi n’a jamais réussi à appliquer la grande stratégie centrée sur le jihad anti-américain en Irak. Il espérait mobiliser les réseaux de solidarités en Europe et au Maghreb, entraîner les volontaires en Algérie et les envoyer en Irak, écrit Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po et spécialiste des mouvements islamistes. Mais l’effondrement d’Al-Qaeda en Irak a eu un impact dévastateur sur cette stratégie triangulaire. […] A la place, Aqmi a commencé à frapper des cibles internationales dans son propre environnement.»
La bande sahélo-saharienne, qui traverse la Mauritanie, le Maroc, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Niger et le Tchad, a toujours été difficile à contrôler pour les autorités. Le manque de routes, la faible densité de population et l’absence visible de frontières dans le désert en font un refuge idéal pour les groupes armés, mais aussi pour les trafiquants. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a ainsi révélé la découverte, il y a un mois, de l’épave calcinée d’un Boeing 727 dans le nord du Mali, qui a «déchargé de la cocaïne et d’autres produits illicites» sur une piste artisanale en terre. Une première pour le Mali et pour la quantité de drogue transportée - jusqu’à 10 tonnes selon l’ONUDC.
Pendant trois semaines, les autorités nationales ont gardé un silence absolu sur le sujet, malgré les demandes d’explications répétées de la presse et de l’opposition. Le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré, est sorti de son mutisme le 26 novembre, en déclarant, en pleine nuit à la télévision, qu’il ne voulait pas «gêner l’enquête internationale en cours», menée par les services de renseignements maliens, des experts européens, américains et libyens. Selon le Président, «les références de l’avion» permettent de dire qu’il était «immatriculé en Amérique du Sud». Sur place, un responsable touareg affirme qu’au moins «deux autres voyages similaires ont déjà eu lieu», organisés par «des barons de la drogue qui sont des personnalités influentes de la région». L’appareil a été abandonné et incendié par les trafiquants, qui ont ensuite disparu en 4 x 4 avec leur cargaison destinée à l’Europe.
Bastion Jihadiste. Le porte-parole de l’armée reconnaît que «la zone n’est pas couverte par une surveillance satellitaire. Et le Mali seul n’a absolument pas les moyens de contrôler ce territoire». Al-Qaeda le sait et a choisi de frapper dans ces Etats démunis, avant de se replier dans un pays frontalier. Cet été, l’armée malienne a lancé une première offensive contre un bastion jihadiste, à la frontière algérienne, tuant une vingtaine de combattants. Les Etats-Unis, qui surveillent discrètement mais attentivement la zone, ne peuvent se permettre d’intervenir militairement. «Si un soutien international pour aider les pays visés par Al-Qaeda dans la région est indispensable, toute implication directe des Occidentaux serait hautement improductive», rappelle Jean-Pierre Filiu. Car la rhétorique jihadiste trouverait alors un écho dans le Sahel, pour l’instant indifférent à l’appel à une lutte islamiste internationale.
Ouverture de consultations avec la République du Niger au titre de l’article 96 de l’accord de Cotonou BRUXELLES-U E
Ouverture de consultations avec la République du Niger au titre de l’article 96 de l’accord de Cotonou (Bruxelles, 8 décembre 2009)-Conclusions de l’Union européenne-
Politique
Mercredi, 09 Décembre 2009 19:10
L’Union européenne considère que la situation politique et les bouleversements constitutionnels au Niger, notamment le référendum du 4 août et les élections législatives du 20 octobre 2009, ainsi que les processus marqués par un manque de consensus et d’inclusivité qui ont mené à ces deux évènements, représentent une violation évidente des éléments essentiels
Conseil de l’Union Européenne
Bruxelles, le 08 décembre 2009
SN 5152/1/09
REV 1
Note révisée
Objet : Ouverture de consultations avec la République du Niger en date du 8 décembre 2009
- Conclusions
Ouverture de consultations avec la République du Niger
au titre de l’article 96 de l’accord de Cotonou (Bruxelles, 8 décembre 2009)
-Conclusions de l’Union européenne-
L’Union européenne considère que la situation politique et les bouleversements constitutionnels au Niger, notamment le référendum du 4 août et les élections législatives du 20 octobre 2009, ainsi que les processus marqués par un manque de consensus et d’inclusivité qui ont mené à ces deux évènements, représentent une violation évidente des éléments essentiels repris à l’article 9 de l’accord de Cotonou. Au titre de l’article 96 de l’accord, l’Union européenne s’est donc engagée dans un dialogue politique avec le gouvernement du Niger, qui a conduit à l’ouverture de consultations afin d’examiner la situation et les solutions envisageables pour un retour rapide à un ordre constitutionnel reposant sur le consensus et l’inclusivité et respectant les éléments essentiels visés à l’article 9, paragraphe 2, de l’accord.
Bien qu’il reste plusieurs questions importantes à régler, l’Union européenne a salué, au cours de la réunion d’ouverture de ces consultations qui a eu lieu le 8 décembre 2009 à Bruxelles, l’annonce de la suspension de l’ensemble des mandats et des actions judiciaires lancés contre des membres de l’opposition.
Les éléments proposés par la partie nigérienne pour progresser vers un règlement de la crise politique sont les suivant :
1. acceptation et mise en place d’un dialogue inclusif avec l’ensemble des intervenants nigériens sous l’égide du médiateur, le général Abdulsalami Aboubakar . Ce dialogue englobera toutes les questions dans un cadre consensuel ;
2. examen des conditions pour les élections municipales à venir, y compris leur report éventuel ;
3. consolidation du droit à la liberté d’expression et à la liberté politique, assortie de la confirmation de l’engagement du gouvernement à dépénaliser les infractions liées à la presse;
4. adoption de mesures de bonne gouvernance visant à rétablir la confiance entre les parties, y compris d’éventuelles modifications du mode de gouvernance du CNDP.
L’Union européenne rappelle les conclusions de la troïka UE-CEDEAO insistant sur l’importance de réinstaurer un dialogue constructif et inclusif entre toutes les parties nigériennes concernées en vue de régler la crise politique actuelle et de rétablir l’Etat de droit dans le pays de manière consensuelle. Dans ce contexte, l’Union européenne continuera d’appuyer les efforts de médiation déployés par le général Abubakar et veillera à l’établissement d’une feuille de route visant à trouver et à mettre en œuvre des solutions à la crise. Les mesures conservatoires limitant la coopération avec le Niger resteront d’application, mais l’UE pourrait soutenir par des mesures d’accompagnement les progrès qui iraient dans la direction souhaitée.
L’Union européenne prend acte de ce que la première réunion du dialogue inclusif susmentionné sera convoquée vers le 16 décembre 2009 en un lieu que le médiateur déterminera.
Dans un esprit d’ouverture au dialogue et en pleine connaissance de la situation politique complexe que connaît le Niger, l’UE continuera à suivre de près l’évolution consensuelle qui soit conforme aux éléments visés à l’article 9, paragraphe 2, de l’accord de Cotonou. Dans le cadre du délai de cent vingt jours, l’UE considère donc que les consultations avec le Niger resteront ouvertes et qu’une autre réunion pourra avoir lieu dans deux mois environ afin de faire le point.
mercredi 9 décembre 2009
Lettre de la CERDN à la Commission européenne
[Contribution] Écrit par Coordination Europe pour La Restauration De la Démocratie Au Niger (CERDN)
Mercredi, 09 Décembre 2009 12:24
Objet : Situation politique au Niger
Nos réf. : CERDN/2009/12/002
Monsieur le Président de la Commission Européenne
La Coordination Europe pour la Restauration de la Démocratie au Niger (CERDN) est une organisation née de la volonté des ressortissants nigériens résidant en Europe, à l’issue d’une Assemblée Générale Constitutive tenue à Bruxelles le 22 août 2009.Les objectifs assignés à ce collectif qui regroupe dix structures à l’échelle européenne s’inscrivent dans le cadre de la lutte historique engagée par les forces démocratiques tant au plan national qu’à l’extérieur pour la défense et la restauration des libertés démocratiques et de la légalité constitutionnelle, mises à rude épreuve par un régime autocratique fondé sur le népotisme et l’esprit de clan
La Coordination regroupe tous les nigériens vivant en Europe, attachés aux idéaux de la démocratie, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance, valeurs fondatrices de la 5è République et qui conditionnent pour une large part le développement économique et social du Niger dans ce monde globalisé
Excellence, Monsieur le Président
C’est avec tout le respect dû à votre rang que les membres de la CERDN ont souhaité vous faire part de leur vive préoccupation quant à l’évolution de la situation politique et institutionnelle qui prévaut dans notre pays
Il vous souviendra Monsieur le Président que le chef de l’état Tanja Mamadou a procédé à la liquidation de toutes les institutions de la République afin d’assoir un référendum scélérat et illégal (arrêt de la cour constitutionnelle du 12 juin 2009) dont le seul but est de lui octroyer 3 années de mandat supplémentaire hors élection, processus inédit dans l’histoire
Il apparait clairement que si le régime de dictature est historiquement décrit comme une prise de pouvoir anti démocratique et sa matérialisation par le règne d’un pouvoir sans partage avec pour corollaire le non respect des libertés fondamentales, un régime dictatorial est désormais instauré au Niger au regard des actes anticonstitutionnels posés par le Président censé être pourtant le garant de la constitution. Ces actes illégaux sont l’illustration parfaite de la perversion démocratique que vit notre pays :
- la dissolution de l’Assemblée Nationale ;
- la dissolution de la Cour constitutionnelle
- Le non respect de l’arrêt de la cour constitutionnelle qui s’impose à tous les pouvoirs civils et militaires
- l’attribution de pouvoirs exceptionnels en violation des dispositions de la constitution du 09 aout 1999
- l’exercice du pouvoir et la prise de décisions engageant l’Etat du Niger par ordonnances, sans contrôle parlementaire
- la mise sous tutelle des médias privés ;
- l’interdiction d’accès aux médias publics à l’opposition et à la société civile
- le harcèlement quotidien et les arrestations arbitraires des leaders et militants des partis politiques de l’opposition, des acteurs de la société civile et des syndicats opposés à l’avènement de la 6è République
- Le sacre de l’impunité et de la mal gouvernance avec la poursuite de l’enrichissement illicite des proches du pouvoir et la prise en otage de l’appareil d’Etat par des réseaux clientélistes et informels
L’approbation des résultats issus de référendum anti constitutionnel du 04 août 2009, malgré le boycott massif de ce scrutin par les populations (95 % d’abstention) en est si besoin une preuve supplémentaire de cette dérive autocratique
L’obstination du Président Tandja Mamadou à organiser unilatéralement les élections législatives du 20 octobre 2009 sans la participation de l’opposition, malgré les injonctions et les demandes insistantes de la CEDEAO et de l’Union Européenne d’y surseoir a malheureusement accéléré l’isolement diplomatique de notre pays
Il a également méprisé les missions de bons offices dépêchées par les grandes démocraties de ce monde, les organisations sous-régionales et les institutions internationales, préférant continuer son bras d’honneur à travers des campagnes de dénigrement savamment orchestrées par des organisations fantoches sponsorisées à grands frais prenant régulièrement à partie ces honorables institutions accusées semble t-il d’avoir commis le péché de rappeler au Président Tandja son obligation de respecter la légalité constitutionnelle
La CERDN considère que la suspension du Niger des instances de la CEDEAO est l’aboutissement logique du refus obstiné du chef de l’Etat à respecter les accords et traités régionaux et internationaux auxquels notre pays a souscrits et à s’engager dans une perspective de dialogue sincère et ouvert avec l’opposition pour la résorption de cette crise
Monsieur le Président,
Au regard ce qui précède, l'aventure politique du Président Tandja Mamadou n'a d'autre objectif que de sonner l’ode funèbre de dix ans de stabilité politique qui ont scellé le pacte de consolidation de la démocratie et de l’état de droit grâce à l'engagement de toutes les forces vives de la nation et des institutions africaines et internationales dont la vôtre dans leur volonté affirmée de traduire dans la réalité la légitime aspiration du peuple nigérien à la liberté, à la démocratie et au progrès.
IL est utile de rappeler que le Niger est l’un des pays les plus pauvres de la planète (182ème sur 182 pays classés, IDH PNUD septembre 2009) ; 85% de la population vit sous le seuil de la pauvreté avec moins d’1€ par jour, avec un taux d’analphabétisme de l’ordre de 70%, 3 enfants sur 5 meurent avant l’âge de 5 ans ; l’espérance de vie à la naissance du nigérien est 47 ans, soit 15 de moins que la moyenne mondiale.
Face à des statistiques aussi déconcertantes, le sens de l’état commande le respect des normes démocratiques de gouvernance et la recherche de la stabilité politique et institutionnelle nécessaires à la poursuite des politiques de développement.
Or les agissements du régime Tandja sont de nature à compromettre durablement les efforts des partenaires au développement au rang desquels l’Union Européenne. Il est aussi évident que les actes antidémocratiques posés depuis huit mois visent à mettre en péril l’unité nationale et la cohésion sociale, sans lesquelles aucune œuvre de construction nationale n’est possible
L’argumentaire de la délégation gouvernementale nigérienne que vous avez l’honneur de recevoir au titre des consultations prévues par l’article 96 de l’accord de Cotonou repose on le sait sur la problématique d’un déficit de communication qui parait –il n’a pas permis une compréhension claire de la situation politique et institutionnelle du Niger
Il ne vous a pas échappé Monsieur le Président que l’avènement de la 6è république est de par ses différentes péripéties l’aboutissement dramatique d’un processus inconstitutionnel et illégal du début à la fin. Ce constat, est corroboré outre mesure par la non reconnaissance des institutions qui en résultent par l’ensemble de la communauté africaine et internationale .
Au demeurant, le prétendu “appel du peuple“ pour poser les fonds baptismaux d’une soi disant refondation de la République relève tout simplement d’une imposture morale et politique car comment expliquer que celui-ci renierait sine die les valeurs cardinales de liberté, de démocratie et de justice auxquelles il est profondément attachées ?
Du reste, de quelle légitimité un chef d’état peut-il se targuer pour présider davantage aux destinées d’un pays lorsqu’il détient le triste record d’avoir hissé trois (3) fois son pays au dernier rang du classement du PNUD en IDH, notamment dans le dernier rapport de 2009 ?
La CERDN réaffirme son attachement aux institutions de la 5è la République et salue par ailleurs les efforts de la CEDEAO, de l’Union africaine, de l’Union Européenne, de l’OIF, des partenaires et pays amis notamment les USA, le Canada pour leur précieuse contribution dans la recherche d’une dynamique de sortie de crise au nom de l’intérêt supérieur du Niger .C'est dans ce sens que la Coordination sollicite, avec beaucoup d'espoir, votre concours, tant sur le plan politique que diplomatique
Consciente de la gravité de la dérive autoritaire du régime actuel et de ses conséquences incommensurables et convaincue de la justesse de sa lutte pour la défense de la démocratie et de la de la légalité constitutionnelle, la CERDN vous demande d’examiner sans complaisance les implications et conséquences de cette crise politique et institutionnelle sur l’avenir démocratique du Niger et des autres pays de la sous-région en usant de tous les moyens en votre possession pour éviter ce revirement dramatique pour le peuple nigérien déjà meurtri par la pauvreté et des sécheresses répétées.
Nous vous serons gré de toutes les mesures que vous serez amenés à prendre pour faire prévaloir le seul idéal qui vaille, celui de la démocratie pluraliste, de la garantie de l’état de droit et des libertés fondamentales
Par la Présente et dans l’espoir que vous allez nous lire, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l’assurance de notre très haute considération.
Dadis Camara est mort... Il était une fois dans la junte !
La mort de Dadis camara...
Écrit par O.M...Eclaire l'Obscurité (source;http://losako.afrikblog.com/archives/2009/12/08/16070881.html)
Mercredi, 09 Décembre 2009 06:20
Selon des sources en provenance de Rabat Dadis est mort mais comme le CNDD ne contrôle pas la situation militaire au pays, on essayera le plus longtemps que possible de retarder l’annonce de sa mort.
Dadis Camara est mort... Il était une fois dans la junte !
Malgré les démentis, le Capitaine Moussa Dadis Camara aurait succombé de ses blessures sur la tête depuis Conakry, où il était déjà dans un état comateux. Le retard sur l’annonce de la mort du Capitaine Dadis Camara serait dû à la crise de succession au sommet du CNDD.
Le Capitaine Claude Pivi, ministre chargé de la Sécurité du chef de l’État réputé pour sa brutalité et pour sa défiance à l’égard de la hiérarchie corrompue, il passe aussi pour un adepte (redouté) du fétichisme qui détient le fusible de la succession aurait retiré son support militaire et son allégeance au Général Sékouba Konaté(pro-français), ministre de la Défense et coordonnateur de la junte et du gouvernement qui est l’objet d'une contestation farouche dans l’armée.
Il y a une fissure énorme au sein de l’armée. La suspicion est grande et certains militaires « pro-Dadis » ne cachent pas leurs soupçons sur la responsabilité du Général Sékouba Konaté (pro-français)dans l’attentat contre Dadis Camara--porté au pouvoir par l'armée en décembre 2008, au lendemain de la mort des suites d'une maladie du dictateur Lansana Conté (1984-2008)-- a été blessé à la tête jeudi à Conakry par son aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité, dit Toumba, qui a ouvert le feu sur lui.
Un sentiment de *culpabilité du Général Sékouba Konaté est entrain de grandir au sein des militaires « pro-Dadis ». Il (le Général Konaté) n’est pas innocent, affirment certains militaires et un règlement de compte entre les militaires « pro-Konaté » et ceux « pro-Dadis » est imminent selon une source émanant du volcan au camp Alpha Yaya Diallo.
Le Ministre des Affaires Étrangères qui a été informé de la nouvelle du décès du Capitaine Dadis Camara affirme que le Capitaine Dadis ne parle pas mais qu’il se porte bien. Un mensonge d’État pour masquer la confusion.
Les affirmations contradictoires entre le Ministre porte-parole du CNDD, l’Ivoirien Idrissa Cherif qui dit que Dadis se porte bien et pourrait revenir la semaine prochaine, et celle du Ministre des affaires Étrangères M. Cécé Loua qui affirme que Dadis ne peut pas parler indiquent l’état de mensonge et de fourberie au sommet de la junte qui serait bien en panique et bientôt en panne de successeurs.
Pourquoi la junte militaire n’a pas montré une photo de Dadis dans son lit d’hôpital ou un clip vidéo du Capitaine à l’Hôpital ?
On redoute un bain de sang dans l’armée. Certains Militaires ont déjà évacué leurs familles à l’intérieur du pays et vers les pays limitrophes.
Selon un diplomate en poste à Conakry, il faut s’attendre à un règlement de compte au sein de l’armée. Il y a un risque d’affrontement entre les différentes fractions et clans de l’armée, ce qui risque de transformer Conakry en « Beyrouth »de la sous région où chaque groupe armée essaye de contrôler une partie de la ville.
Selon un militaire qui connait bien les rouages de la junte militaire, il existe une animosité légendaire entre le Général Sékouba Konaté et le Capitaine Claude Pivi.
Soit le Capitaine Claude Pivi élimine le Général Sékouba Konaté pour consolider la mainmise des militaires « pro-Dadis » sur le CNDD, soit le Général Sékouba Konaté élimine le Capitaine Claude Pivi pour s’assurer le total contrôle de l’armée que le « boucher de Koulé » avait reconnu être une armée indisciplinée, une bande de voyous incontrôlables.
Dailleurs le ministère français des Affaires étrangères par l'intermédiaire de son porte-parole a appelé "tous les acteurs politiques civils et surtout militaires guinéens au plus grand calme" et incité les ressortissants français "à maintenir leur vigilance".
Evoquant la situation politique, le porte-parole a ajouté que Paris avait "pris bonne note" notamment du fait que le général Sekouba Konaté, ministre de la Défense, "devient le coordonnateur de la junte et du gouvernement".
Notre source, nous préviens que le Général Sékouba Konaté, ministre de la Défense et coordonnateur de la junte et du gouvernement n’est pas en sécurité. Que Dadis se relève, ce dont on peut douter très fort, ou non, Sékouba figurera sur la longue liste des hommes à abattre.
Le CNDD est tenu, depuis bien longtemps par des hommes de main qui sont unis par l’ethnie et l’intérêt. Ils ne veulent laisser aucune voix s’exprimer ni aucun autre émerger en dehors de leur cercle familial, clanique et ethnique.
*Dans l’affaire de Toumba, les hommes de Pivi soupçonnent l'Ambassade de la France à Conakry d’héberger le bourreau du Capitaine Dadis.
Les militaires au pouvoir en Guinée ont annoncé depuis samedi qu'une "forte récompense" serait attribuée à toute personne qui permettrait d'arrêter l'aide de camp Aboubacar Sidiki Diakité, alias Toumba, qui a tenté d'assassiner jeudi le chef de la junte, Moussa Dadis Camara.
La bataille pour le contrôle de RTG aurait déjà commencé, dirigée par des militaires décidés à en découdre avec les vestiges du CNDD. Des coups de feu ont été entendus toute la nuit durant à la périphérie de la RTG (Radio Mille Collines).
On voit que la confiance règne au sein de la junte
Alghabass Ag Intalla : Nous irons dire aux Salafistes de quitter notre pays !
Adam Thiam- Le Républicain, 09/12/2009
mercredi 9 décembre 2009
Le tout nouveau président du bureau provisoire du Réseau pour le Plaidoyer, la Paix, la Sécurité et le Développement dans les trois régions Nord du Mali, est député depuis 2002, élu à Kidal, et parlementaire Cedeao depuis 2007. Fils de notable, et ancien maire de Kidal,il est de la tribu des Ifoghas qui furent avec les Kounta, les initiateurs de la rencontre de Kidal tenue du 31 octobre au 2 novembre dernier. Le nouveau Réseau est, pour lui, un résultat de cette rencontre. Découvrez ses propos. Le Républicain : Que vise ce réseau, ce nième regroupement de nordistes ?
Alghabass Ag Intalla : Comme son nom l’indique : le développement, la paix, la sécurité à Tombouctou, Gao, Kidal.
Plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas ?
Oui mais faisable tout de même et nous allons le faire, Inch Allah,
Pourquoi alors avoir attendu maintenant ?
Il y a plus de sentiments que les alliances et les réciprocités traditionnelles qui faisaient la sécurité de nos régions sont attaquées. Ce réseau vise à les redynamiser.
Le réseau, c’est qui ?
Tout citoyen de nord-Mali et du Mali en entier qui en exprime le besoin. Pour l’instant, il compte des représentants de 372 fractions et villages et un bureau provisoire de soixante quinze membres.
Un machin de la féodalité Ifoghas ?Ne faites pas comme nos adversaires. C’est vrai j’en suis le président. Mais le premier vice président est Sonrai, et le troisième est Arabe. Il y a aussi des Peuls, des Tamasheq dits noirs. Alors ce procès est faux.
Le narcotrafic et Al Qaeda sont-ils vos cibles ?
Absolument, c’est la raison d’être de notre mouvement.
Est-il possible que parmi vous, il n’y ait pas un seul narcotrafiquant ?
Si d’aventure, il y en a un et que nous le découvrons, nous le livrerons nous-mêmes à la justice.
Et Al Qaeda, vous vous en déferez comment ?Nous appuierons l’Etat dans ses efforts et nous sensibiliserons nos communautés.
Soyez plus spécifique, car ce que vous dites, c’est ce que tout le monde dit.Notre agenda pour bientôt est de former une délégation de personnes ressources pour aller voir Al Qaeda là où elle se trouve et lui demander de nous laisser notre territoire, ou alors nous la combattrons.
Levez votre main droite et dites je le jure.Je le jure.
Quid du Président Touré ? Il est votre allié, dans ce réseau ?
Oui, il nous a reçus après Kidal, et il nous a publiquement assurés de son soutien.
Propos recueillis par Adam Thiam
Point Afrique annule les vols sur Agadez
Mercredi 9 décembre 2009
Dans un interview à Tourmag, Maurice Freund directeur de Point Afrique, vient de prendre une sage décision : annuler les vols sur Agadez.
Il étai évident qu'envoyer des touristes sur Agadez était un acte irresponsable sachant quel est l'état d'insécurité qui y règne en ce moment.
La seule solution aurait été de faire accompagner les touristes par des guides armés et quand bien même, le risque des mines est toujours présent.
La sagesse l'a emporté et c'est une bonne chose pour l'avenir.
Attendons que la situation politique se "calme" car sur ce terrain là aussi c'est plus que miné.
Personnellement je trouve aussi "indécent" de partir "faire du tourisme" dans l'Aïr et ce par respect aux nombreux Touareg qui ont été exécutés dans ces régions, par respect aux très nombreux Touareg qui ont passé pour rien des mois ou des années emprisonnés, et par respect au sens que nous avons de la démocratie face à un pouvoir politique complètement corrompu qui vient de faire un coup d'Etat avec l'ami Tandja et toute sa clique.
Pellet Jean-Marc
Sanctions de l’UE contre le Niger:Tandja perd de sa superbe
"Le Pays"-09-12-09
mercredi 9 décembre 2009
La chose serait à peine croyable si on n’était pas en politique. Le président nigérien Mamadou Tandja envoie une délégation fort étoffée (une bonne partie de son gouvernement) à Bruxelles, pour rencontrer l’Union européenne.
Qui l’eût cru, qui l’eût dit ? On se rappelle la violence des propos que lui-même a tenus, et ses porte-étendards après lui, lorsque cette même UE menaçait, et finalement posait un ultimatum à son pays, le Niger. On se souvient aussi de toute la rhétorique développée par ses missi dominici envoyés pour persuader les pays voisins de la sous-région : elle se résumait en substance à un bilan d’auto satisfaction doublée d’un sentiment de légitime fierté qui finissait irrémédiablement par de vaines tentatives visant à faire croire que le gouvernement nouveau tel que l’a voulu Tandja, n’avait de compte à rendre à personne, qu’il avait bien le droit de faire ce que réclamaient des Nigériens et que pour finir, Tandja avait été élu par des Nigériens pour des Nigériens, et basta ! Tant pis pour ceux qui n’étaient pas contents ! C’est cependant ce même Tandja, jouissant de cette même liberté qui trouve aujourd’hui nécessaire d’envoyer la presque totalité de son gouvernement rencontrer l’UE à Bruxelles.
Bien que n’effectuant pas lui-même le déplacement européen (il confie la délicate mission à son Premier ministre), Tandja, on peut le dire, se rend, par le fait même à Canossa. Toute honte bue. Et il se rend aujourd’hui bien compte que l’indépendance dont se vantent quelquefois les dirigeants africains, est bien fade et hautement de façade : la manne financière que l’UE a depuis quelques temps refusée à son pays, commence à peser de tout son poids. Et puis, même l’être humain le plus entêté au monde se souvient toujours de ce que commande la realpolitik, le cas échéant. Quitte à renoncer un peu à lui-même et à perdre de sa propre superbe. C’est ce qui arrive aujourd’hui à Mamadou Tandja. Il est tout à fait probable que la délégation nigérienne plaide à Bruxelles pour que l’UE desserre l’étau autour de son pays. Des sanctions sont déjà tombées, mais on oublie que d’autres sont annoncées, qui devraient elles aussi, s’abattre sur le Niger, en temps opportun. En termes de retombées financières, cela compte énormément, même pour ce Niger qui jusqu’à présent et en dépit de ses récentes découvertes en pétrole et en uranium, ne peut toujours pas se payer le luxe de se passer sans conséquences désastreuses, de la coopération avec l’Europe des 27.
L’UE, elle, on le sait, a fixé ses conditions : elle demande que le gouvernement Tandja accepte un dialogue franc avec l’opposition, de même qu’elle exige un retour à l’ordre constitutionnel normal. Reste à savoir ce que renferme d’ailleurs cette seconde exigence, et cela presse d’autant que l’on s’achemine inexorablement vers la date du 22 décembre qui aurait été celle de la fin du second mandat légal de Mamadou Tandja à la tête de l’Etat nigérien.
Que peut-on alors attendre du grand oral du régime de Tandja face au jury de Bruxelles ? Si l’UE reste droite et ferme dans ses bottes, maintient ses exigences, nul doute que la leçon portera et administrera un code de conduite à tous ces dirigeants africains qui s’essaient à la “ dictature ” juste pour voir jusqu’où on peut leur résister. Par contre, à supposer que l’UE cède, elle aura aidé à réaliser un type nouveau de manœuvre dictatoriale dont la ligne de conduite est à présent bien claire et limpide : on s’illustre par des dérives autocratiques graves, on résiste à la pression interne et externe, puis on va demander l’absolution des Européens et pour terminer, on revient chez soi parachever le mauvais boulot commencé. Les démocrates de tous bords auront toujours leurs yeux pour pleurer. Le cas mauritanien est hautement illustratif en la matière. Il ne faut pas qu’il soit d’école.
Reste à savoir alors de quelle manière et par quel bout l’Union européenne choisira d’appréhender la question nigérienne. La France est un élément clé, hautement stratégique et d’importance à l’intérieur de ce groupe des 27. Cette même France dont on sait qu’elle possède de gros intérêts au Niger. Areva, ce puissant géant du nucléaire civil français est bien celui qui a remporté le marché de l’uranium nigérien, damant le pion aux Canadiens et aux Chinois qui, eux aussi, se montrèrent en son temps, fort intéressés par la chose. Le diplomatique s’imbriquant souvent de façon inextricable dans l’économique, nul doute que la position de la France peut peser lourd dans la balance des décisions que choisira de prendre l’UE face au régime de Mamadou Tandja. A supposer qu’elle décide de le “protéger” en ami, on voit mal comment elle pousserait le groupe des 27 à la punition et aux sanctions envisagées. A supposer aussi que malgré tout l’UE décide de les appliquer aux fins de ramener le Niger sur la voie de la sagesse, de la bonne gouvernance et de la saine démocratie, le Niger peut tout de même compter sur un allié de poids : les sanctions de l’UE n’impliquent pas forcément une cessation de relations d’avec l’ancienne métropole.
Et c’est bien là aussi que l’on souhaite que la “ rupture ” annoncée par le président Sarkozy se mette à l’œuvre, enfin. En tout état de cause, il serait bien regrettable que les émissaires de Tandja reviennent de Bruxelles avec dans leurs valises une espèce de blanc seing qui aurait tout effacé des dérives qu’on a connues, car il blanchirait un chef d’Etat décidément aux méthodes bien anti démocratiques. Et bien plus, Mamadou Tandja saurait bien utiliser ce qu’il considèrera volontiers comme un adoubement pour perpétrer de nouvelles dérives et manœuvres autocratiques et anti sociales. Et là, nul ne peut dire qui serait en mesure de l’arrêter lorsqu’il décidera de se remettre en marche. Bruxelles est à ce jour, la chance et l’espoir des démocrates nigériens. L’UE a l’obligation de ne pas les décevoir.
"Le Pays"
mardi 8 décembre 2009
Episode 7 La fin tragique du Leader Touareg Mano Ag Dayak
Boutali1
8 décembre 2009
Mano Dayak, touareg du plateau de lAïr au Niger, a ouvert les pistes du Paris-Dakar au côté de Thierry Sabine, lorganisateur du rallye devenu son ami. De 1986 à 1988, le nomade participera même à la course du Paris-Dakar..
Aminatou Haidar "ira jusqu'à la mort"
08/12/2009 12:34:41 | La rédaction web de Jeune Afrique Aminatou Haidar "ira jusqu'à la mort"
La militante sahraouie Aminatou Haidar, qui observait mardi son 23e jour de grève de la faim
© AFP
Le compagnon de la militante sahraouie, Bachir Lekhfawni, s'est confié au quotidien espagnol ABC.
La militante sahraouie Aminatou Haidar, qui observait mardi son 23e jour de grève de la faim à Lanzarote (Espagne) pour pouvoir retourner au Sahara occidental, "ira jusqu'à la mort" s'il le faut, a assuré son compagnon, Bachir Lekhfawni, au quotidien espagnol ABC.
Interrogé à Laâyoune, au Sahara occidental, territoire annexé par le Maroc en 1975, M. Lekhfawni a déclaré que Mme Haidar "irait jusqu'à la mort, c'est certain. La famille ne va pas intervenir".
"Nous attendons son retour, morte ou vive", a-t-il ajouté. "Son retour est certain. Ce que nous ignorons, c'est si elle l'effectuera dans un cercueil. Vu comment se présentent les choses, je vois une fin malheureuse".
Aminatou Haidar, 42 ans, militante pour l'indépendance du Sahara occidental, observait mardi son 23e jour de grève de la faim pour pouvoir rentrer à Laâyoune. Le Maroc lui en refuse catégoriquement l'accès, arguant qu'elle aurait renié sa nationalité marocaine.
"Nous voulons le retour de notre maman !"
Aminatou Haidar a été expulsée le 14 novembre du Sahara occidental par les autorités marocaines qu'elle accuse de lui avoir confisqué son passeport marocain. Selon Rabat, elle a refusé "d'accomplir les formalités habituelles de police et renié sa nationalité marocaine".
La presse espagnole a publié mardi des extraits d'une lettre de ses deux enfants, âgés de 15 et 13 ans. Ceux-ci lancent "un appel urgent à tous les enfants du monde" et à "toutes les mamans du monde".
"Nous voulons le retour de notre maman !", ont écrit les enfants, selon un fac-similé de la lettre rédigée en français et publié par ABC à sa une.
La militante pro-Polisario, qui ne fait pourtant pas partie de cette organisation indépendantiste, a fait savoir lundi qu'elle refuserait tout type de soin médical. Embarrassé par la tournure des événements, le gouvernement socialiste espagnol tente de la dissuader de poursuivre son combat jusqu'à une issue fatale.
Un juge d'instruction espagnol a mandaté lundi un troisième expert médical pour statuer sur l'éventuelle hospitalisation forcée de la militante, ont également indiqué des sources judiciaires à Lanzarote (Canaries).
Hospitalisation forcée ?
Cette décision a été prise après l'établissement de deux rapports médicaux contradictoires; l'un du médecin personnel de Mme Haidar, qui juge son état très grave; l'autre d'un médecin requis par le magistrat, qui a estimé que son état n'était pas si critique.
"Son temps est en train de s'achever. Nous ne pouvons plus parler de semaines, mais d'heures ou de jours", a indiqué samedi le médecin personnel de Mme Haidar, Domingo de Guzman Perez Hernandez.
Après avoir recueilli un troisième rapport médical, le juge devrait prochainement décider ou non d'ordonner l'hospitalisation de Mme Haidar.
La préfecture des Canaries avait demandé dimanche soir au magistrat de "prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie et l'intégrité d'Aminatou Haidar", y compris son "hospitalisation".
Le Maroc considère que le Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole qu'il a annexée et administrée depuis 1975, fait partie intégrante de son territoire. Le Front Polisario, soutenu par l'Algérie, réclame son indépendance malgré la proposition de Rabat de lui accorder une large autonomie.
Libye: la Haut Commissaire demande la libération des deux Suisses
ats - le 08 décembre 2009, 13h30
La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a demandé la libération des deux Suisses retenus depuis 508 jours en Libye par le colonel Kadhafi. Elle a affirmé que la détention de Max Göldi et Rachid Hamdani sans explication valable est "injuste"."Ils doivent être libérés aussi vite que possible", a déclaré la Haut Commissaire de l'ONU. "Cette détention apparaît comme une violation" de leurs droits, a-t-elle dit.
"Ils semblent être les victimes d'un litige entre la Suisse et la Libye, mais des individus ne doivent pas souffrir des mauvaises relations entre des Etats", a déclaré l'ex-juge sud-africaine.
Les deux Suisses avaient été arrêtés le 19 juillet 2008 à la suite de l'interpellation du fils du colonel Kadhafi quelques jours auparavant par la police genevoise. Ils ont été condamnés à seize mois de prison pour violation des règles sur les visas. Tous deux ont annoncé leur intention de faire recours.
Navi Pillay a également été interrogée sur l'interdiction des minarets acceptée par le peuple suisse, une décision qu'elle avait regrettée il y a une semaine, en la qualifiant de "clairement discriminatoire". "Je ne critique pas un vote démocratique, je critique les stéréotypes qui influencent un tel vote", a-t-elle expliqué.
Elle a réaffirmé que l'interdiction des minarets "contredit" le droit international, mais a dit s'attendre que le problème juridique "soit résolu au niveau des tribunaux en Suisse". "Il y a toujours un risque à tenir des consultations populaires qui sont potentiellement en conflit avec les valeurs bien établies des droits de l'homme", a ajouté la Haut Commissaire.
Elle a cité l'exemple de son pays, l'Afrique du Sud. La peine de mort, a-t-elle expliqué, a été déclarée inconstitutionnelle. "Mais vu le degré de violence criminelle en Afrique du Sud, je suis certain que si un scrutin était organisé, la population se déclarerait en faveur de la peine de mort", a affirmé Navi Pillay.
La Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Navi Pillay a demandé la libération des deux Suisses retenus depuis 508 jours en Libye par le colonel Kadhafi. Elle a affirmé que la détention de Max Göldi et Rachid Hamdani sans explication valable est "injuste"."Ils doivent être libérés aussi vite que possible", a déclaré la Haut Commissaire de l'ONU. "Cette détention apparaît comme une violation" de leurs droits, a-t-elle dit.
"Ils semblent être les victimes d'un litige entre la Suisse et la Libye, mais des individus ne doivent pas souffrir des mauvaises relations entre des Etats", a déclaré l'ex-juge sud-africaine.
Les deux Suisses avaient été arrêtés le 19 juillet 2008 à la suite de l'interpellation du fils du colonel Kadhafi quelques jours auparavant par la police genevoise. Ils ont été condamnés à seize mois de prison pour violation des règles sur les visas. Tous deux ont annoncé leur intention de faire recours.
Navi Pillay a également été interrogée sur l'interdiction des minarets acceptée par le peuple suisse, une décision qu'elle avait regrettée il y a une semaine, en la qualifiant de "clairement discriminatoire". "Je ne critique pas un vote démocratique, je critique les stéréotypes qui influencent un tel vote", a-t-elle expliqué.
Elle a réaffirmé que l'interdiction des minarets "contredit" le droit international, mais a dit s'attendre que le problème juridique "soit résolu au niveau des tribunaux en Suisse". "Il y a toujours un risque à tenir des consultations populaires qui sont potentiellement en conflit avec les valeurs bien établies des droits de l'homme", a ajouté la Haut Commissaire.
Elle a cité l'exemple de son pays, l'Afrique du Sud. La peine de mort, a-t-elle expliqué, a été déclarée inconstitutionnelle. "Mais vu le degré de violence criminelle en Afrique du Sud, je suis certain que si un scrutin était organisé, la population se déclarerait en faveur de la peine de mort", a affirmé Navi Pillay.
Les Barons, un film tendre et hilarant
08/12/2009 21:37:50 | La rédaction web de Jeune Afrique | Par : Leïla Slimani, envoyée spéciale Les Barons, un film tendre et hilarant
En sélection officielle au Festival international du film de Marrakech, Les Barons,
de Nabil Ben Yadir, a fait hurler la salle de rire. Notre envoyée spéciale était sur place.
Ca y est, c’est officiel ! Des fous rires ont enfin fait trembler les murs de la salle pendant la projection d'un film en sélection officielle: Les Barons, du réalisateur belge Nabil Ben Yadir.
Le casting, déjà, fleurait bon l’humour décalé. On retrouve Amelle Chahbi qui doit sa notoriété au Djamel Comedy Club et qui a fait ses classes d’humoriste avec le groupe français de stand up Barres de rire. Quant à Julien Courbey, que le public a découvert dans Le ciel, les oiseaux et ta mère, il livre encore une prestation bien à lui. « Je continue mon petit bonhomme de chemin et ma carrière atypique » dit-il, assis dans un coin, son éternel chapeau vissé sur la tête.
Pour écrire son film, Ben Yadir s’est inspiré de sa propre histoire. « Tout ce que vous avez vu est vrai », dit-il. Il raconte avec une légèreté et un sens aigu de la dérision le quotidien de trois « barons » - des copains d’enfance d’une trentaine d’années -, dont le seul but dans la vie est d’en faire le moins possible. Pieds nickelés, loosers au cœur tendre, ils trainent leur paresse entre l’épicerie du quartier et la BMW qu’ils ont acheté... à huit ! Mais ne cherchez pas ici de description sociologique de la communauté maghrébine en Belgique.
Tout en jetant un regard tendre sur sa communauté, Nabil Ben Yadir s’interdit de la disséquer ou de la stigmatiser. Il n’y a ici ni discours politique, ni clichés lénifiants sur le voile ou sur les relations entre hommes et femmes. Les maghrébins sont des gens comme les autres et le réalisateur a eu l’intelligence de les filmer avec un grand naturel.
Peut être s’est il inspiré d’une remarque que lui avait faite sa mère. « Nabil, pourquoi quand il y a des films sur nous, c’est toujours méchant, c’est toujours triste, pourquoi y a-t-il toujours de la pluie et la police ? », se plaignait-elle. Alors, quand il parle de racisme ou du tabou lié à la virginité, c’est en passant par le bon mot d'un personnage qui vous fait autant rire que réfléchir.
Ce qui fait la force du film, c’est bien sûr l’humour qui est à la fois le moteur et le sujet principal. L’un des « barons », Hassan, se rêve en humoriste mais n’ose pas avouer ses ambitions théâtrales à son père, interprété par l’excellent Salah Eddine Benmoussa. Celui-ci a trouvé une place de chauffeur de bus à son fils et, de situations cocasses en quiproquos, le spectateur est entraîné dans une sarabande de scènes qui mêlent l’humour belge à celui des blagues populaires marocaines. Les apparitions d’Edouard Baer et de Fellag viennent encore ajouter un peu de piment à un film qui n'en manque pas.
Nabil Ben Yadir parle de ce qu’il connaît et cela se ressent. Son œil est tendre sans être complaisant, drôle sans être superficiel. Car derrière l’ode à la famille, à l’amitié et à son quartier, le réalisateur pose une question quasi-tragique : peut-on grandir sans quitter les siens, sans trahir ses amis, sans s’évader de chez soi ?
Les Barons est un élégant hommage à cette noblesse du cœur dont le rire, qui sauve de tout et guérit toutes les blessures, est l'une des plus nécessaires vertus.
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