Dakar.net
Alors que Kadhafi s’apprêterait à quitter Tripoli -tout en jurant de «résister jusqu’à l’au-delà»-, des discussions officielles et officieuses auraient été entamées entre Tripoli et Benghazi en vue du départ du colonel. Le temps urge, tandis que les dissensions s'accroissent au sein de l’Otan.
quand le bout du tunnel en Libye? Dans une interview au «Figaro» parue jeudi sur le site, Mahmoud Shammam, porte-parole du Conseil national de transition (CNT, organe dirigeant de l’opposition libyenne, reconnu par une bonne partie de la communauté internationale), confirme qu’il existe des contacts, indirects, entre les rebelles et des représentants des autorités de Tripoli. Ces discussions, selon lui, conservent la même condition sine qua non qu’ils ont fixée le mois dernier: l’éviction totale de Mouammar Kadhafi et de ses proches. «La participation de Kadhafi et des membres de sa famille à un futur gouvernement est totalement exclue», a-t-il assuré. En revanche, le CNT accepterait que le «Guide de la révolution libyenne» reste en Libye s’il s’écarte du pouvoir. «Nous ne voyons pas d'inconvénient à ce qu'il se retire dans une oasis libyenne, sous contrôle international», a expliqué Mahmoud Shammam. «De plus, l'opposition est prête à négocier avec n'importe quel technocrate ou officiel libyen qui n'a pas de sang sur les mains, de façon à l'intégrer à un futur gouvernement intérimaire qui devra organiser des élections», a-t-il ajouté. Jusqu’ici, le Conseil de l’opposition s’était obstiné à démentir toute négociation avec les autorités encore en place. «Il n'y a de contacts ni directs ni indirects avec le régime de Kadhafi», a encore certifié le vice-président du conseil, Abdul Hafiz Ghoga, hier, alors qu’il était interrogé sur les révélations de son confrère.
En outre, la BBC révèle qu’il existerait en parallèle des pourparlers secrets entre cinq membres du CNT basé à Benghazi –surnommé «le groupe des cinq»- et une centaine d’insurgés infiltrés à Tripoli, pour préparer la chute du régime. L’informateur a précisé que ces discussions avaient lieu toutes les nuits via des lignes sécurisées -par Skype sur internet ou par satellite-, et croit savoir que le nombre de pro-Kadhafi régresse. «Nous sommes sûrs à 100% qu’il y aura un soulèvement à Tripoli, la seule chose est de savoir quand», a affirmé Alamin Belhaj. Un de leurs objectifs serait donc d’éviter de reproduire le bain de sang qui s’est produit en février quand les rebelles ont pris Benghazi. Ils espèrent notamment convaincre les policiers et militaires encore fidèles à Mouammar Kadhafi de rejoindre leur camp le jour où ce dernier tombera. Bien que confirmée par d’autres membres de l’opposition, ces informations sont difficiles à vérifier, précise la BBC. «Si ces tractations sont clandestines, pourquoi les révéler au grand jour?», lui a demandé la journaliste Bridget Kendall. «Parce que le plus grand danger pour nous est de ne pas tenir les gens informés», a répondu Alamin Belhaj. «Les gens commencent à se poser des questions sur ce que nous faisons au CNT. Nous devons commencer à les préparer à la chute du régime.»
DIVISIONS AU SEIN
DE LA COALITION
Justement, l’après-Kadhafi est l’une des inquiétudes de la coalition, dont les divisions se font de plus en plus pesantes. «Nous, la communauté internationale, pourrions être demain dans la Libye du jour d'après (sans Kadhafi, ndlr) et il n'y a pas de plan, il n'y a pas de bon plan», a regretté le plus haut responsable militaire américain en Afrique, le général Carter Ham, dans les colonnes du «Wall Street journal». Selon lui, Mouammar Kadhafi pourrait rapidement tomber et des forces terrestres pourraient être nécessaires pour maintenir l'ordre en Libye. Rappelons que Washington avait été vivement critiqué pour ne pas avoir préparé l'après Saddam Hussein en Irak après l'intervention militaire de 2003, qui avait été suivie par des années de troubles violents et de nombreuses pertes humaines. Les politiques américains sont en désaccord sur la stratégie à adopter en Libye. Les Républicains et même certains Démocrates reprochent notamment à Barack Obama d'avoir violé la Loi sur les pouvoirs de guerre, qui interdit que l'armée soit impliquée pendant plus de 60 jours dans des opérations sans autorisation du Congrès, avec un délai supplémentaire possible de 30 jours –dépassé depuis dimanche dernier. Ce à quoi l’administration Obama rétorque qu’elle n’est pas obligée de demander l’avis du Congrès dans la mesure où ses forces ne sont engagées qu’en tant que soutien dans la mission aérienne de l'Otan –menée par Paris et Londres. Reste que selon du propre aveu de Washington, cette «guerre» qui ne dit pas son nom aurait déjà coûté plus de 715 millions de dollars (près de 500 millions d'euros) au pays, un chiffre qui attendra selon les estimations 1,1 milliard de dollars (769 millions d'euros) début septembre. Le Congrès doit se prononcer ce vendredi sur deux projets de loi: le premier, déposé par les sénateurs démocrate John Kerry et républicain John McCain, autorisant un engagement américain en Libye dans la limite d’un an et en rendant des comptes réguliers; le second, déposé par le représentant républicain de Floride Tom Rooney, visant à geler les fonds pour l’intervention, ce qui bloquerait de fait les frappes américaines.
KADHAFI QUITTERA-T-IL TRIPOLI?
Mercredi, le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, avait déjà appelé à un cessez-le-feu le plus rapidement possible en Libye, suscitant une vive réaction en France et en Grande-Bretagne, rejoints par Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, déterminé à aller «jusqu'au bout». «La mission vient d'être prolongée de trois mois», a-t-il rappelé dans un entretien au «Figaro». «Nous prendrons le temps qu'il faudra jusqu'à ce que l'objectif militaire soit atteint: arrêt total des attaques contre les civils libyens, retour des forces armées dans leurs casernes et liberté d'acheminement de l'aide humanitaire. Nous savions qu'il (Kadhafi) disposait de moyens militaires et financiers importants. Nous avons évité un massacre et brisé sa machine de guerre. L'Otan a endommagé ou détruit 2 400 cibles militaires. (…) Je suis satisfait du progrès accompli.» Ce vendredi, Nicolas Sarkozy a abondé en ce sens: «Nous (les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept) sommes bien convenus de ce que nous devons continuer jusqu'au départ de M. Kadhafi», a-t-il répété lors d’une conférence de presse donnée à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles. «Aujourd'hui, tout le monde constate que les forces de M. Kadhafi reculent partout», a-t-il poursuivi, estimant que si les alliés n’étaient pas intervenus, les morts se seraient comptés par «dizaines de milliers» et «la ville de Benghazi serait aujourd'hui rayée de la carte.»
Enfin, concernant les possibilités de départ du dirigeant libyen, le «WSJ» a révélé ce vendredi que le colonel envisagerait «sérieusement» de fuir la capitale libyenne, où il «ne se sent[irait] plus en sécurité» en raison de l'intensification des frappes de l'Alliance Atlantique Nord. L’information est toutefois d’une importance toute relative, car le «Guide» n’aurait pas l’intention de quitter la Libye, et encore moins le pouvoir, mais simplement de se réfugier dans une des multiples résidences qu’il possède dans le pays, à une date toutefois inconnue et qui semblerait «pas imminente»… Pendant ce temps, le dictateur fou ne cesse pas de narguer l’Otan, multipliant les allocutions dans lesquelles il promet de ne jamais s’avouer vaincu. Sa dernière intervention télévisée remonte à mercredi soir, quand il a juré de «résister jusqu’à l’au-delà» et rendu hommage à son ami Khouildi Hmidi, qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans un raid de l’Otan. Le week-end dernier, la maison de ce général, qui faisait partie du conseil de commandement de la révolution de 1969, a été bombardée avec acharnement, tuant 15 personnes dont la femme enceinte du fils de Khouildi Hmidi, et ses trois enfants.
En outre, la BBC révèle qu’il existerait en parallèle des pourparlers secrets entre cinq membres du CNT basé à Benghazi –surnommé «le groupe des cinq»- et une centaine d’insurgés infiltrés à Tripoli, pour préparer la chute du régime. L’informateur a précisé que ces discussions avaient lieu toutes les nuits via des lignes sécurisées -par Skype sur internet ou par satellite-, et croit savoir que le nombre de pro-Kadhafi régresse. «Nous sommes sûrs à 100% qu’il y aura un soulèvement à Tripoli, la seule chose est de savoir quand», a affirmé Alamin Belhaj. Un de leurs objectifs serait donc d’éviter de reproduire le bain de sang qui s’est produit en février quand les rebelles ont pris Benghazi. Ils espèrent notamment convaincre les policiers et militaires encore fidèles à Mouammar Kadhafi de rejoindre leur camp le jour où ce dernier tombera. Bien que confirmée par d’autres membres de l’opposition, ces informations sont difficiles à vérifier, précise la BBC. «Si ces tractations sont clandestines, pourquoi les révéler au grand jour?», lui a demandé la journaliste Bridget Kendall. «Parce que le plus grand danger pour nous est de ne pas tenir les gens informés», a répondu Alamin Belhaj. «Les gens commencent à se poser des questions sur ce que nous faisons au CNT. Nous devons commencer à les préparer à la chute du régime.»
DIVISIONS AU SEIN
DE LA COALITION
Justement, l’après-Kadhafi est l’une des inquiétudes de la coalition, dont les divisions se font de plus en plus pesantes. «Nous, la communauté internationale, pourrions être demain dans la Libye du jour d'après (sans Kadhafi, ndlr) et il n'y a pas de plan, il n'y a pas de bon plan», a regretté le plus haut responsable militaire américain en Afrique, le général Carter Ham, dans les colonnes du «Wall Street journal». Selon lui, Mouammar Kadhafi pourrait rapidement tomber et des forces terrestres pourraient être nécessaires pour maintenir l'ordre en Libye. Rappelons que Washington avait été vivement critiqué pour ne pas avoir préparé l'après Saddam Hussein en Irak après l'intervention militaire de 2003, qui avait été suivie par des années de troubles violents et de nombreuses pertes humaines. Les politiques américains sont en désaccord sur la stratégie à adopter en Libye. Les Républicains et même certains Démocrates reprochent notamment à Barack Obama d'avoir violé la Loi sur les pouvoirs de guerre, qui interdit que l'armée soit impliquée pendant plus de 60 jours dans des opérations sans autorisation du Congrès, avec un délai supplémentaire possible de 30 jours –dépassé depuis dimanche dernier. Ce à quoi l’administration Obama rétorque qu’elle n’est pas obligée de demander l’avis du Congrès dans la mesure où ses forces ne sont engagées qu’en tant que soutien dans la mission aérienne de l'Otan –menée par Paris et Londres. Reste que selon du propre aveu de Washington, cette «guerre» qui ne dit pas son nom aurait déjà coûté plus de 715 millions de dollars (près de 500 millions d'euros) au pays, un chiffre qui attendra selon les estimations 1,1 milliard de dollars (769 millions d'euros) début septembre. Le Congrès doit se prononcer ce vendredi sur deux projets de loi: le premier, déposé par les sénateurs démocrate John Kerry et républicain John McCain, autorisant un engagement américain en Libye dans la limite d’un an et en rendant des comptes réguliers; le second, déposé par le représentant républicain de Floride Tom Rooney, visant à geler les fonds pour l’intervention, ce qui bloquerait de fait les frappes américaines.
KADHAFI QUITTERA-T-IL TRIPOLI?
Mercredi, le ministre des Affaires étrangères italien, Franco Frattini, avait déjà appelé à un cessez-le-feu le plus rapidement possible en Libye, suscitant une vive réaction en France et en Grande-Bretagne, rejoints par Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'Otan, déterminé à aller «jusqu'au bout». «La mission vient d'être prolongée de trois mois», a-t-il rappelé dans un entretien au «Figaro». «Nous prendrons le temps qu'il faudra jusqu'à ce que l'objectif militaire soit atteint: arrêt total des attaques contre les civils libyens, retour des forces armées dans leurs casernes et liberté d'acheminement de l'aide humanitaire. Nous savions qu'il (Kadhafi) disposait de moyens militaires et financiers importants. Nous avons évité un massacre et brisé sa machine de guerre. L'Otan a endommagé ou détruit 2 400 cibles militaires. (…) Je suis satisfait du progrès accompli.» Ce vendredi, Nicolas Sarkozy a abondé en ce sens: «Nous (les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-sept) sommes bien convenus de ce que nous devons continuer jusqu'au départ de M. Kadhafi», a-t-il répété lors d’une conférence de presse donnée à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles. «Aujourd'hui, tout le monde constate que les forces de M. Kadhafi reculent partout», a-t-il poursuivi, estimant que si les alliés n’étaient pas intervenus, les morts se seraient comptés par «dizaines de milliers» et «la ville de Benghazi serait aujourd'hui rayée de la carte.»
Enfin, concernant les possibilités de départ du dirigeant libyen, le «WSJ» a révélé ce vendredi que le colonel envisagerait «sérieusement» de fuir la capitale libyenne, où il «ne se sent[irait] plus en sécurité» en raison de l'intensification des frappes de l'Alliance Atlantique Nord. L’information est toutefois d’une importance toute relative, car le «Guide» n’aurait pas l’intention de quitter la Libye, et encore moins le pouvoir, mais simplement de se réfugier dans une des multiples résidences qu’il possède dans le pays, à une date toutefois inconnue et qui semblerait «pas imminente»… Pendant ce temps, le dictateur fou ne cesse pas de narguer l’Otan, multipliant les allocutions dans lesquelles il promet de ne jamais s’avouer vaincu. Sa dernière intervention télévisée remonte à mercredi soir, quand il a juré de «résister jusqu’à l’au-delà» et rendu hommage à son ami Khouildi Hmidi, qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans un raid de l’Otan. Le week-end dernier, la maison de ce général, qui faisait partie du conseil de commandement de la révolution de 1969, a été bombardée avec acharnement, tuant 15 personnes dont la femme enceinte du fils de Khouildi Hmidi, et ses trois enfants.
L'Otan, qui a néanmoins dû reconnaître sa première bavure, affirmait que la villa, totalement détruite, servait également de centre de commandement. «Vous avez dit: "Nous avons frappé nos cibles avec précision", vous, assassins! Un jour, nous vous répondrons de la même manière et vos maisons deviendront des cibles légitimes», a menacé Kadhafi. «Il n'y a plus aucun accord entre nous après que vous avez tué nos enfants et nos petits-enfants», a-t-il asséné.
Vendredi 24 Juin 2011 - 17:47