TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 1 avril 2009
NIGER: Les habitants du désert payent au prix fort l’exploitation des mines d’uranium
Photo: AREVA Resources Canada
Prospection des mines d’uranium par AREVA, au Canada : même minéral, autre contexte
DAKAR, 1 avril 2009 (IRIN) - Après la visite du président français Nicolas Sarkozy au Niger, à la fin du mois de mars, les habitants de ce pays désertique, exportateur d’uranium, continuent de se demander si AREVA, une société principalement détenue par le gouvernement français, honorera son engagement de protéger les communautés des risques de l’exploitation minière.
Selon plusieurs études, ainsi que les témoignages des habitants, les opérations minières menées et gérées à la fois par les filiales d’AREVA et le gouvernement nigérien comportent des risques sanitaires et environnementaux.
Salifou Adifou, 67 ans, a travaillé pendant 40 ans comme foreur à la SOMAÏR (Société des mines de l’Aïr), une entreprise publique/privée nigérienne, détenue à 63 pour cent par AREVA.
Aujourd’hui à la retraite, il a expliqué à IRIN qu’il souffrait de problèmes de santé non-diagnostiqués. « J’ai des maux de ventre et des douleurs à la poitrine, mais depuis que j’ai pris ma retraite [en 1999], je n’ai plus les moyens de me soigner ».
Salifou Adifou a également rapporté qu’un de ses amis, qui travaillait comme mineur, était désormais alité. Aucun des deux hommes ne connaît la cause de ses problèmes de santé, a-t-il ajouté M. Adifou.
L’air
La COMINAK (Compagnie minière d’Akouta), majoritairement détenue par AREVA, a commandé en 2006 une étude environnementale sur les opérations qu’elle mène à Arlit, qui compte 110 000 habitants ; l’étude a révélé que le nombre de décès causés par des infections respiratoires était deux fois plus élevé dans cette ville minière (16 pour cent) que dans le reste du pays.
« Le vent transporte la poussière contaminée au radium, un minéral durable [il lui faut plus de 1 600 ans pour perdre sa toxicité], et au plomb … Les échantillons [ont été] prélevés dans un rayon de cinq kilomètres du site … Les tempêtes de sable [et] les rejets atmosphériques des mines peuvent aggraver les [maladies] pulmonaires dans la région », ont écrit les chercheurs, auteurs de l’étude environnementale de la
COMINAK.
Photo: Phuong Tran/IRIN
Comment des tempêtes de poussière peuvent être mortelles (photo d’archives)
Dans le rapport publié en janvier 2009 par AREVA sur les activités minières menées au Niger, la société rejette toutefois l’existence d’un lien entre l’exploitation minière et l’augmentation des problèmes de santé. « Ces problèmes sont habituels dans les régions désertiques… ils ne sont pas liés aux activités minières ».
Les dirigeants d’AREVA ont néanmoins consenti à ouvrir des centres de diagnostic médical dans tous les pays où l’entreprise extrait de l’uranium, en commençant par le Gabon, selon l’association SHERPA, un organisme juridique parisien de défense des droits humains. « Il aura fallu deux longues et dures années pour que cette société donne enfin la possibilité à ses travailleurs de se faire entendre », a déclaré à IRIN Yann Queinnec, directeur de l’association.
Les projets sont encore en cours de finalisation, selon M. Queinnec, mais la société s’est mise d’accord sur la formation, dans chaque centre, d’un comité consultatif, au sein duquel seront représentés les travailleurs, les autorités locales, les organismes à but non-lucratif, et AREVA.
M. Queinnec a expliqué qu’il avait fallu plusieurs années « pour élaborer un accord différent des autres accords signés pour la protection des travailleurs », dont les principales clauses n’ont pas été respectées, selon l’avocat.
Le sol
La Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), sise à Paris, a fait état de « graves défaillances de sécurité », au Niger, dans les sites d’exploitation minière d’AREVA et aux alentours.
En 2007, les chercheurs de la CRIIRAD ont déclaré avoir découvert que les populations locales vendaient de la ferraille contaminée, trouvée sur les sites d’exploitation minière ; ces matériaux servaient ensuite à la construction de logements, ou à la fabrication d’ustensiles de cuisine et d’outils. En 2003, la CRIIRAD a recommandé à AREVA d’identifier les métaux contaminés et de les détruire.
Des déchets radioactifs, qui servent peut-être à la construction de routes, pourraient également être responsables du niveau anormalement élevé de radiation, selon la CRIIRAD. En 2007, les chercheurs de la CRIIRAD ont en effet écrit que le niveau de radiation était pas moins de 100 fois supérieur à la moyenne devant l’hôpital financé par AREVA, et situé à proximité de la mine de la COMINAK.
L’eau
Les codes d'exploitation minière au Niger
Initiative pour la transparence dans les industries extractives
International Commission on Radiological Protection (en anglais)
Association française pour l’assurance de la qualité
International Atomic Energy Agency (en anglais)
Pour plus d'informations
Aghir In'Man
AREVA au Niger
CRIIRAD
SHERPA
Organisation mondiale de la santé (en anglais)
Pour répondre aux critiques selon lesquelles l’exploitation minière contamine les réserves d’eau potable de plus en plus maigres du nord du Niger, AREVA a publié un communiqué, en janvier 2009, affirmant que « les analyses bactériologiques mensuelles, les analyses radiologiques semestrielles, et les analyses chimiques annuelles montrent l’absence de contamination [de l’eau] ».
Mais les études environnementales menées par la CRIIRAD et l’association SHERPA en 2005 dans les communautés minières ont révélé un niveau de radiation de l’eau jusque 110 fois supérieur aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la potabilité de l’eau, dans les zones industrielles, et 10 fois plus élevé dans les zones urbaines.
L’extraction de l’uranium nécessite de l’eau pour nettoyer le site d’exploitation minière, pour traiter le minéral et subvenir aux besoins hydriques des travailleurs et de leurs familles, d’après AREVA.
Les éleveurs ont également accusé AREVA d’épuiser les réserves d’eau de la région.
Selon les calculs d’AREVA, la société a pompé 270 millions de mètres cubes d’eau souterraine au cours des 40 dernières années dans ses deux mines, à Arlit ; sur ce volume, 35 pour cent ont été utilisés dans le cadre des activités minières, et le reste a permis de subvenir aux besoins de la ville.
Yves Dufour, porte-parole d’AREVA, a déclaré récemment aux médias français que les besoins hydriques futurs d’AREVA à Imouraren, à 80 kilomètres au sud d’Arlit, ne représenteraient qu’une petite partie des huit milliards de mètres cubes d’eau souterraine que renferme cette région désertique. AREVA investit à l’heure actuelle 1,5 milliard de dollars à Imouraren, dans ce qui devrait être la plus grande mine d’uranium du pays.
Selon les estimations des hydrologues, il faudra peut-être compter environ 200 ans pour que les sources d’eaux souterraines pluviales (comme l’aquifère exploité par AREVA à 150 mètres de profondeur dans le désert) se reconstituent.
La responsabilité de l’entreprise
Bien que le gouvernement nigérien détienne un tiers des mines d’uranium, Almoustapha Alhacen, directeur d’Aghir In’Man, une organisation non-gouvernementale (ONG) sise à Arlit, a déclaré à IRIN qu’il jugeait AREVA entièrement responsable des problèmes sanitaires et environnementaux observés dans le nord. « AREVA est [aussi] implantée au Canada, mais est-ce qu’elle y exploite l’uranium aussi sauvagement qu’elle le fait ici ? Est-ce que le bétail canadien a été décimé, lui aussi ? ».
Les éleveurs imputent la mort d’un certain nombre de bêtes à la contamination des puits où s’abreuve le bétail.
AREVA a extrait environ 3 200 tonnes d’uranium dans le nord du Canada en 2007, soit un peu plus qu’au Niger pendant la même période. Au cours d’une enquête publiée en mai 2007 et menée auprès de 1 000 personnes habitant à proximité des sites où AREVA mène ses opérations d’exploitation de l’uranium, au Canada, 80 pour cent des sondés avaient pourtant déclaré soutenir la prospection des mines d’uranium.
Alun Richards, porte-parole d’AREVA Resources Canada, a déclaré à IRIN que sa société louait chaque jour des charters pour transporter 350 employés de leur domicile dans la région nord, reculée, du pays, au site d’exploitation minière, situé dans la province de Saskatchewan, expliquant que ces travailleurs, des nomades pour la plupart, avaient « besoin d’être près de leurs réseaux familiaux élargis ».
La mine canadienne verse également 80 000 dollars par an aux communautés locales pour leur permettre de mener leurs propres études d’impact environnemental. « Les gens ne lisent pas les études. Ils font plus confiance aux résultats si ce sont eux qui analysent leur propre nourriture et l’eau des rivières où ils vont pêcher », a indiqué M. Richards.
Photo: Phuong Tran/IRIN
Les rebelles du désert exigent davantage de royalties sur l’exploitation de l’uranium (photo d’archives)
En outre, les mines canadiennes sont « strictement réglementées » par une trentaine d’organismes publics, des pêcheries à la sécurité nucléaire, a-t-il ajouté.
La moitié des employés sont issus de la communauté locale, selon M. Richards. « Il est tout aussi important pour nous d’honorer nos obligations sociales et de préserver notre réputation au sein de la communauté que de nous conformer à la réglementation environnementale et sanitaire », a-t-il indiqué.
Bien qu’AREVA France investisse un million de dollars par an dans le développement communautaire dans le nord du Niger, selon les registres de la société, M. Alhacen, directeur d’ONG, a expliqué que la plupart des membres des communautés minières avaient une opinion « généralement négative » sur l’industrie.
A la question « pourquoi une entreprise privée associée au gouvernement nigérien devrait être la principale responsable du développement des communautés ? », M. Alhacen a répondu que les multinationales qui opèrent en Afrique devaient reconnaître leur part de responsabilité.
Les conditions de vie des populations du Niger, mesurées selon des critères de santé, d’éducation et de revenus, comptent parmi les plus difficiles du monde, d’après les Nations Unies.
AREVA France a indiqué que son approche ne consistait pas à faire « œuvre de charité », mais à faire participer les populations locales à la gestion des projets et à collaborer davantage avec les bailleurs.
D’après M. Alhacen, les dommages causés par l’exploitation minière sont bien plus importants que les avantages qu’en tire le Niger. « AREVA [France] fait savoir qu’elle prend en charge financièrement, chaque année, 200 000 visites médicales. Nous ne voyons pas cela ici. Et quand bien même, cela revient à admettre que des dizaines de milliers de personnes tombent malades chaque année », a fait remarquer M. Alhacen.
La responsabilité de l’Etat
Depuis juin 2007, le gouvernement nigérien a déclaré l’état d’alerte dans plus de la moitié du pays, après la reprise, en février 2007, d’une rébellion qui dure depuis plusieurs décennies. Des centaines de personnes ont trouvé la mort et plusieurs milliers d’habitants ont été déplacés par les affrontements, ces deux dernières années.
Les rebelles qui ont pris d’assaut les postes militaires et les usines d’eau et d’électricité qui permettent à AREVA de mener ses opérations exigent qu’une plus grande partie des profits tirés de l’exploitation minière soit réinvestie dans le développement des communautés ; ils réclament également une meilleure protection contre les dangers de l’exploitation minière. Ils ont en outre accusé le gouvernement de fermer les yeux, en échange de redevances minières, sur le non-respect de la réglementation environnementale dont se rendrait coupable AREVA, disent-ils.
Pour sa part, le gouvernement n’accorde aucun crédit à la rébellion, qui sert de couverture, estime-t-il, à la contrebande.
« Le gouvernement a fait tout ce qu’il pouvait pour protéger les populations locales des pratiques minières préjudiciables. Nous ne fermons pas les yeux juste pour le profit », a déclaré à IRIN Mohamed Ben Omar, ministre de l’Information. « Nous avons ratifié toutes les conventions internationales pertinentes [dans le domaine de l’exploitation minière] et pris toutes les mesures de contrôle nécessaires ».
Aghaly Ag Alambo, le chef du front rebelle qui a lancé l’attaque de février 2007, a toutefois déclaré à IRIN que les communautés minières n’étaient toujours pas en sécurité. « AREVA n’est pas le principal problème. Ce n’est pas à AREVA de subvenir aux besoins des Nigériens. C’est le gouvernement qui a failli à son devoir envers son peuple ».
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=83735
lundi 30 mars 2009
Entretien avec Ahmed AKOLI, Secrétaire Général de la Cellule Politique du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ) en Europe
30-03-09-Temoust
lundi 30 mars 2009, par temoust
Temoust : Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions alors que votre Mouvement traverse une nouvelle période de troubles. Pouvez-vous nous parler de votre mouvement?
Ahmed AKOLI : Le MNJ est une organisation dont les revendications sont connues de tous et sont contenues dans son document synthétique. Il accueille tous les Nigériens qui partagent ces revendications et qui ont fait le choix de s’engager avec nous pour faire évoluer le système politique au Niger. Et comme souvent dans ce genre de lutte il arrive que des personnes doutent ou cèdent à des pressions extérieures. Les difficultés que nous connaissons aujourd’hui n’ont aucun caractère exceptionnel. Elles n’altèrent en aucun cas notre détermination à lutter pour la justice et l’avènement d’un Niger démocratique uni dans le respect de la diversité ethnolinguistique de ses communautés.
Temoust : Aujourd’hui comment se porte votre Mouvement. ?
Ahmed AKOLI : Notre Mouvement inscrit son action dans la durée et porte en lui les revendications des populations qui ont subi et subissent des injustices. Nous savions que la lutte passe par des épreuves qu’il nous faudra surmonter car l’essentiel reste la Cause que nous défendons.
Temoust : il parait qu’actuellement votre Mouvement est en pourparlers avec le Niger sous l’égide de la Libye.
Ahmed AKOLI : Effectivement nous remercions la Libye qui essaye d’œuvrer pour la paix et nous sommes convaincus que cette dernière passe par un processus dont on ne peut faire l’économie ni d’aucun de ses constituants tant en matière d’étape que d’acteurs. La Libye a toujours manifesté sa solidarité avec le peuple nigérien et a toujours affirmé sa volonté de contribuer à ramener la paix et la sécurité dans la sous-région. A ce jour, une délégation du MNJ est en Libye mais cette dernière n’a pas encore rencontré les représentants du pouvoir central du Niger.
Si le pouvoir Nigérien recherche une paix globale véritable, il engagera un processus de négociations politiques sérieuses qui prenne en compte nos revendications
Les questions de fond que pose notre Mouvement portent sur une redistribution juste et équitable des pouvoirs entre les composantes nationales du pays, la constitution d’une vraie armée républicaine, une équitable répartition des richesses entre les régions pour mettre fin à l’exclusion dont souffrent certaines communautés. Pour le moment, nous n’enregistrons pas de signes annonciateurs d’une véritable volonté à résoudre ce conflit. Au contraire, le pouvoir nigérien est passé maître dans l’art de la diversion à travers des contrevérités qui ne font plus recette.
Temoust : On vous reproche souvent d’avoir choisi de prendre les armes alors que vos revendications pourraient s’exprimer au sein du débat démocratique au Niger.
Ahmed AKOLI : La classe politique a fait preuve de son incapacité à se remettre en cause. Les débats sont tabous dès lors qu’il s’agit de reformer notre système politique. Prenez la question touarègue. Elle est systématiquement instrumentalisée par le pouvoir qui continue à nier les déséquilibres qui sont pourtant visibles à tous les niveaux. Il suffit de regarder de près la composition et les fonctionnements des institutions de l’Etat pour se rendre compte de cette réalité. La démocratie n’a de sens que s’il y a une justice sociale entre les composantes de la nation, et que tous les citoyens, sans discrimination, soient traités de manière égale, ce qui n’est pas le cas actuellement au Niger.
Temoust : On n’entend plus parler du rôle de l’Algérie, Est-ce à dire que vos contacts avec ce pays se sont distendus au profit d’une médiation libyenne ?
Ahmed AKOLI : Dès sa création le MNJ a fait appel à l’Algérie pour jouer un rôle de facilitation dans le conflit qui l’oppose au pouvoir Nigérien. Nous savons, en effet, qu’en tant que puissance régionale, attachée à la stabilité du Niger et compte tenu des liens traditionnels entre les deux pays, l’Algérie ne ménagera aucun effort pour aider à la résolution de ce conflit. Pour nous, les rôles de la Libye et de l’Algérie sont complémentaires car elles partagent le même souci de stabilité dans la région. Ces deux pays savent également que tant que le conflit qui oppose les Touaregs et les États du Niger et du Mali n’a pas trouvé une issue juste et durable, il ne pourrait y avoir de stabilité.
C’est du fait de la non résolution des problèmes politiques, que posent les communautés qui sont dans ces zones, que découlent l’insécurité, le banditisme et la prolifération de trafics de toutes sortes qui n’en sont, en réalité, qu’une conséquence. Les populations locales notamment touarègues en sont malheureusement les premières victimes.
Temoust : Contrairement à ce qui s’était passé lors de la première rébellion, la France ne s’implique pas directement dans la situation actuelle. Alors que le président Sarkozy vient de réaffirmer la volonté de son pays à construire un partenariat stratégique avec le Niger notamment sur l’exploitation de l’uranium en pays Touareg.
Ahmed AKOLI : La France a des intérêts énormes à préserver dans notre pays. Mais pour que « son partenariat stratégique avec le Niger » puisse tenir, encore faut-il qu’elle intègre dans ses préoccupations le sort des populations locales et que ces relations ne se limitent pas à des arrangements avec les pouvoirs en place sur le dos de la population nigérienne.
Temoust : Un dernier mot ?
Ahmed AKOLI : Je voudrais rassurer tous nos combattants militants et sympathisants quant à la détermination du MNJ à œuvrer pour la paix mais une paix qui prenne en compte la résolution des problèmes qui empêchent les Nigériens de s’atteler au développement de notre pays. Nous espérons que tôt ou tard le pouvoir nigérien va accepter d’ouvrir des négociations sérieuses basées sur le contenu des documents que nous avions remis à la Libye depuis aout 2008.
Il s’agit pour nous de la seule voie susceptible d’installer durablement la paix et la sécurité dans notre sous-région.
Propos recueillis pour le site internet de Temoust
Areva : les sénateurs verts veulent une commission d’enquête
lundi 30 mars 2009
Dans une proposition de résolution, déposée au Sénat le 24 mars, les sénateurs des Verts (Marie-Christine Blandin, Alima Boumediene-Thiery, Jean Dessessard, Jacques Muller, Dominique Voynet) demandent la la création d’une commission d’enquête sur les méthodes mises en oeuvre par Areva ou ses filières pour exploiter du minerai d’uranium hors des frontières françaises.
Les signataires soulignent que "les limites de l’approvisionnement en uranium ne sont pas débattues", contrairement à l’épuisement des ressources pétrolières. Ils mettent aussi en avant "les conditions sanitaires et sociales engendrées par (l’exploitation de l’uranium), dans le cadre de contrats qui lient la France à d’autres pays, et dans l’exécution desquels intervient une grande entreprise nationale" (Areva et ses filières).
D’où la demande d’une commission d’enquête de 21 membres qui viserait à faire le point sur les "conséquences sanitaires et environnementales pour les populations locales (prévention, précaution, suivi des salariés et riverains" des activités d’Areva, sans oublier les conséquences environnementales ("Précaution et suivi pour les sols, les puits, les nappes, les approvisionnements en nourriture") et... politiques : "ils demandent aussi quelles interférences avec la démocratie en vigueur ont ces activités".
- Consulter cette proposition de résolution sur le site du Sénat.
Nicolas Sarkozy, patron d’Areva !
LA LETTRE DU CONTINENT - 30/03/2009
Nicolas Sarkozy, patron d’Areva !
lundi 30 mars 2009
France / Afrique
L’histoire retiendra - sans doute - que c’est au cours de son voyage africain de mars 2009 que le président Nicolas Sarkozy s’est autoproclamé patron d’Areva, plus précisément à l’Hôtel Gaweye de Niamey, le 27 mars à 16h !
- LA LETTRE DU CONTINENT - 30/03/2009
Les touaregs, le nucléaire, l’Afrique et nous... Toulouse, 27 avril 09
http://collectif-tchinaghen.over-blog.com/30-03-09
Les touaregs, le nucléaire, l’Afrique et nous... Toulouse, 27 avril 09
lundi 30 mars 2009
Les touaregs, le nucléaire, l’Afrique et nous...
Invités : Issouf Ag MAHA & Yveline DEVERIN
Lundi 27 avril à Toulouse
20h45 Salle de Réception du Stade de Balma
Le président de la République est allé faire un voyage éclair en RDC, au Congo Brazzaville et au Niger. Au menu : parler un peu de la paix dans les régions des grands lacs, mais surtout rappeler l’importance pour la France de la question minière. Depuis que Kadhafi est revenu en odeur de sainteté et surtout, depuis qu’il a commandé une centrale nucléaire à Areva, il est impératif de calmer l’agitation locale. L’exploitation de la grande mine d’uranium d’Arlit a montré l’étendue des problèmes posés par l’exploitation minière. Manque de précautions sanitaires d’un côté et de l’autre dépossession de fait des touaregs de leurs terres. L’argent reversé par Areva semble plus profiter au pouvoir central qu’aux habitants de la région. La rébellion combattante est comme toujours minoritaire et assez mal organisée, mais les objectifs qu’elle défend ont très clairement le soutien des populations locales.
Les partisans de l’énergie nucléaire, mondialement marginale mais importante en France, essayent de faire croire que c’est l’uranium qui va sauver la planète du réchauffement climatique. L’objectif étant louable il est considéré comme contre-productif de se pencher sur ce dossier, tant pis pour les pollutions provoquées par une grande entreprise française qui ne respecte pas, loin de là, les mêmes précautions qu’en France. Mais aussi tant pis si nos beaux discours démocratiques que l’on oppose régulièrement aux puissances émergentes qui nous concurrencent, sont oubliés quand il s’agit des touaregs. Il ne s’agit pas de revenir aux anciennes pratiques de la "Françafrique" mais de ne pas soutenir un pouvoir qui ne respecte pas les droits fondamentaux des populations.
Après sa visite en Afrique, notre Président ira au G20 : aucun pays africain n’y a sa place. Pour les affaires sérieuses l’Afrique ne compte pas ! Oubliée de la croissance, en première ligne pour subir la crise et les avanies climatiques, l’Afrique ne nous intéresse que pour alimenter nos centrales et pour nourrir notre imaginaire esthétique. La France et Areva n’ont pas sur ce dossier une attitude exemplaire, mais l’Afrique a des richesses qui attirent bien des convoitises et bien d’autres pays ou multinationales essayent d’y faire fortune, parfois avec la complicité des élites locales. Même si des germes d’espoir apparaissent ici ou là, le triste constat fait par René Dumont en 1966 "L’Afrique noire est mal partie " est hélas toujours d’actualité.
Pour parler de tout cela nous avons invité Issouf Ag MAHA, ingénieur agronome, ancien Maire de Tchirozérine, ville du Niger au nord d’Agadez, qui est un des porte-paroles de la résistance. Nous avons aussi invité Yveline DEVERIN, Maître de conférences à l’université Toulouse-Le Mirail qui est une spécialiste des questions africaines.
- Si ce sujet vous inspire, vous pouvez envoyer une contribution qui sera placée sur le site : http://lecafepolitique.fr
- La salle de réception du stade de Balma se trouve derrière les tribunes du stade au premier étage. Le stade est près de la sortie de la rocade N°16 (Balma / Soupetard) au premier Rond point en direction de Balma. Il y a un grand parking à l’entrée du stade.
- Pour des renseignements ou pour donner l’adresse d’amis qui veulent suivre nos activités écrire à : fsp@lecafepolitique.fr ou téléphoner au 06 78 40 51 02
Document cadre du Front des Forces de Redressement (FFR) Nord Niger
Document cadre du Front des Forces de Redressement (FFR) Nord Niger
lundi 30 mars 2009
Document cadre du Front des Forces de Redressement (FFR) Nord Niger
Préambule
Considérant les conséquences du découpage de nos zones avant et après l’indépendance du pays, programmés pour affaiblir l’organisation des confédérations Touaregs,
Considérant la marginalisations politique manifeste depuis 1960 par les différents régimes qui se sont succédé au Niger, continuant ainsi l’oeuvre coloniale, entamée depuis la pénétration française, dont les Touaregs sont encore victimes,
Considérant la marginalisassions socio-économique de la zone malgré les fortes potentialités,
Considérant l’inadaptation de l’administration voulue et soutenue par les différents gouvernements du Niger,
Considérant la déclaration de création du Front des Forces de Redressement (FFR) du 30 mai 2008, comme organisation politique et militaire, ainsi,
Les revendications du Front des Forces de Redressement (FFR) complète le cadre des accords de paix signés en 95 entre l’ex résistance armée et le gouvernement du Niger.
Le FFR exige à ce que l’Etat du Niger finalise l’intégralité des accords de 95, de bannir le bradage des ressources minières et de revoir sa politique d’exclusivisme voulue et soutenue, qui pour notre Front sont à la base du mécontentement généralisé qui nous a poussé à recourir à la lutte armée.
De nos revendications nouvelles, nous exigeons le rétablissement des populations du Nord Niger dans leurs droits et dans leurs terroirs.
Le FFR exige que les difficultés liées aux domaines vitaux des populations locales face désormais l’objet d’une profonde concertation auprès des instances créées pour la résolution des conflits afin de bannir tout recours aux armes.
Le FFR, pour sa part, conditionne la Paix définitive à la satisfaction de ses revendications dans les secteurs suivants :
Secteur de l’éducation :
Le FFR exige :
- La création d’une Université Régionale,
- La modernisation des écoles existantes,
- D’envisager un vaste programme d’alphabétisation,
- La création dans chaque commune d’une école expérimentale en Tamazight,
- la création d’un centre de formation professionnelle,
- La détermination des besoins en cantines scolaires et internats de la zone.
Secteur culturel
Le FFR exige :
- La création des musées dans chaque commune,
- La création des complexes culturels équipés dans chaque commune,
- La création d’un corps spécial au sein de la Gendarmerie nationale contre
le trafique du patrimoine archéologique,
- La ré-dynamisation des échanges culturels avec les pays voisins.
Secteur des Mines
Une des raisons qui ont poussé le FFR à la résistance est le bradage des ressources minières locales par l’Etat du Niger et la politique minière qui est plus néfaste que profitable aux populations autochtones. Le front exige du gouvernement à revoir celles-ci en commun accord avec les locaux pour bannir les connotations douteuses. Bien que la Constitution, dans ses articles 21 et 27, ait disposé en la matière, pour protéger le droit à la propriété et un environnement sain, l’Etat s’en désintéresse et les régions minières sont livrées à la loi des multinationales et de l’armée qui leur sert de milice. C’est en ce sens que le Front exige du gouvernement du Niger l’application d’une politique concertante (entre l’Etat, l’Extérieur et l’Assemblée Régionale) pour mieux cerner le secteur et le mettre ainsi au profit de la population.
Le FFR exige un contrôle sur l’impact et les effets de la radioactivité sur l’environnement et ses populations, par des ONGs nationales et internationales expertes dans le domaine.
Le FFR exige un programme de développement intégré de la région d’Agadez, financé par les retombées énormes des ressources minières, l’Etat et la coopération internationale. Le Front exige entre autre ce qui suit :
- De revoir et corriger les méthodes de recrutement des travailleurs miniers,
- De revoir la gestion des retombées financières qui émanent de ces sociétés et
- les repartire équitablement entre les différentes communes de la région,
- Le recrutement de 45 % entre employés et cadres des sociétés minières
doivent revenir à la Région,
- L’étude d’impact sur l’environnement, social et économique,
- L’arrêt immédiat de la braderie des permis d’exploitation des ressources minières,
- Le réinvestissement de la redevance minière dans l’économie régionale
(électricité, écoles, structures sanitaires, routes, habitat, eau…),
- La protection de la population contre la radioactivité et les matières toxiques,
par la viabilisation des sites hors de la zone minière,
- Le respect de l’environnement en créant des instruments adéquats,
- L’affectation de 25% au lieu de 15 % de retombées minières afin de compenser
le retard subit et les dégâts causés à la région et à ses ressources naturelles
(restauration de l’environnement, reconstitution du cheptel, gratuites des soins,
éducation des enfants, multiplication des points d’eau…).
Secteur de l’énergie
Le FFR exige :
- La gratuité de l’eau dans les zones minières pour les populations riverraines,
- De réduire de 50 % le cout de l’eau et de l’électricité dans les centres urbains,
- Des équipements solaires,
- La création d’un château d’eau dans les chefs lieux des communes rurales,
- La création d’un château d’eau à Tchirozerine,
- La création d’un château d’eau à Arlit.
Secteur de l’environnement
Au vu des lourdes menaces qui pèsent sur l’ensemble de nos ressources naturels, de nos écosystèmes et de leurs équilibres composant notre terre et l’ensemble de la forme de ses énergies naturelles.
La gestion de l’environnement et de ses ressources doivent s’inspirer des principes fondamentaux du code de l’environnement (principe de prévention, principe de précaution, principe pollueur-payeur, principe de responsabilité…).
Nous exigeons à ce que ces principes soient pris en compte au cours de toute étude d’impact, de recherche et d’exploitations éventuelles,
Nous exigeons des sociétés minières un appui conséquent pour un développement durable des communes.
Le FFR exige l’arrêt immédiat de la destruction de la faune afin d’éviter l’extermination des espèces menacées de disparition.
Secteur de la Santé
Le FFR exige :
- La création de dix nouveaux Centres de santé Integré - CSI catégorie 2
(Iferouane, Gougaram, Danat, Dabaga, Timia, Tabelot, Fachi, Aderbissinat,
Ingall et Tiguida N’Tessoumt),
- La création d’un hôpital à Bilma,
- La création d’une section sanitaire affiliée à l’université d’Agadez,
- La création d’un centre spécialisé dans les MST (Maladies Sexuellement
Transmissibles) pour la région et décentralisé en direction des différentes
communes,
- Formation des jeunes de la région afin de réduire l’exode et le chômage,
- La gratuite des soins dans les hôpitaux de sociétés minières pour les
populations riverraines,
- La création d’un hôpital de référence dans le département d’Arlit,
- Un vaste programme de désinfection des eaux stagnantes,
- De doter tous les CSI en ambulances.
Secteur de l’élevage
L’élevage est un secteur qui contribut à l’essor de l’économie locale et même nationale. Il fait partie du socle social des populations du Nord Niger. Le FFR exige à ce que les textes juridiques et règlements plus adaptés soient mis en place pour que ce secteur bénéficie des outils qui aiderons à sa planification. De ce fait, le front exige la vérification du code pastorale existant et sa mise à jour si nécessaire. Pour notre Front, la reconnaissance du droit foncier des zones de pâturage et l’exemption des impôts de Capitation sur les populations locales sont fondamentaux et même exigées. Nos populations sont laissées longtemps à la merci des phénomènes naturels (sécheresses récurantes, déboisements abusifs, dégradation des habitats et du couvert végétal depuis l’implantation des sociétés minières dans l’Air).
En outre nous insistons à ce que ce secteur bénéficie des outils qui contribuirons à son essor, à savoir :
- Les forages et leurs équipements,
- Les centres d’alimentation pour bétail,
- La réorganisation et la valorisation des produits de l’élevage,
- La compensation des espaces pastoraux à chaque fois qu’ils font l’objet de
concession minière,
- La mise en place d’une politique de modernisation de l’élevage.
Secteur de l’agriculture
Le FFR exige dans ce domaine, la mise en valeur des énormes potentialités agricoles au profit des populations locales à savoir :
- La création d’une Banque d’appui au développement de l’Agriculture Oasienne
et Moderne à partir des nappes Fossiles,
- La réorganisation des coopératives agricoles,
- La relance du commerce entre le Nord Niger et les pays voisins,
- Faire du système d’irrigation une des priorités,
- La mise en valeur les eaux de surface en aménageant les vallées,
- La mise en place des mécanismes favorables au développement des PME,
- La création d’un Centre Régionale Agricole Saharien (CRAS),
- La mise en place d’un projet intégré pour les populations constituant la
ceinture de misère autour des sociétés minières depuis leur création (Boukokis
d’Arlit, Boukokis de Tchirozerine et les Boukokis d’autres sociétés) : par
la construction de logements sociaux et des périmètres irrigués, - Infrastructures scolaires, culturelles, sanitaires et économiques.
Secteur du Commerce, du Tourisme et de l’Artisanat
Le FFR exige :
- Une Banque d’investissement et d’appuis aux populations du Nord Niger avec
des conditions adaptées au développement de ses différents secteurs,
- La création d’une section du secteur affiliée à l’Université d’Agadez,
- La création d’une zone franche entre le Niger, la Libye et l’Algerie (Assamaka
et Dirkou) pour compenser le déficit économique et le retard
d’approvisionnement de la zone nord en matière des produits de premières
nécessités et atténuer la dégradation de l’environnement saharien naturellement fragilisé par la surcharge humaine et la surexploitation de ses
ressources depuis l’implantation des sociétés minières.
Secteur des Communications
Le FFR exige :
- des Routes :
- Désenclaver la région en bitument l’axe Arlit-Iferouane, Agadez-Timia, Arlit-Assamaka-Inguezam (vers l’Algerie), Agadez-Tabelot-Dirkou- Madama (vers la Libye),
- Réfection des routes communales,
d es autres communications :
- Amplifier le réseau téléphonique,
- Installer le réseau internet au niveau des chefs lieux de chaque commune d’Agadez.
Administration
Le FFR exige l’utilisation à 100 % de ressources et taxes douanières par la Région d’Agadez pour les 10 ans à venir à fin de réduire les retards accumulés.
Le FFR exige de l’Etat de bannir toute administration partisane et défaillante, la question de la nature de l’Etat remonte au premier rang de nos préoccupations.
Le FFR exige entre autre :
- A ce que la décentralisation soit rendue effective,
- Des administrateurs (gouverneur, préfets) qui relèvent du pouvoir central
- De jouer le rôle d’observateur et doivent être choisis parmi les ressortissants
- - De la région,
- La création des Agences régionales spécialisées dans la promotion d’emploi,
les sociétés opérantes dans la zone doivent adresser les demandes de recrutement d’employés à ces agences.
- De l’Administration Régionale
Le Front exige la création d’une Administration Régionale dénommée Région d’Agadez (RA) avec à sa tête un président natif de la région.
Le président régional et ses employés seront désignés par l’assise de l’Assemblée Régionale (AR). Le budget régional proviendra de l’Etat et des retombées financières (mines, douane, taxes, aide au développement…)
- De la création d’une Assemblée Régionale (AR)
Le FFR exige la création d’une Assemblée Régionale (AR) qui sera ainsi composée :
- du président régional,
- Un représentant par mairie,
- Huit conseillés,
- Un représentant de l’association de la chefferie traditionnelle,
- Un représentant par partis politiques,
- Une représentante des associations féminines,
- Deux représentants de la société civile,
- Un représentant de la défense de droits de l’homme,
- Un représentant par associations du secteur socio-économique,
- Un représentant par syndicats,
- Un représentant des jeunes.
Le rôle de l’AR est de participer et de convoquer les assises concertantes concernant tout projet d’intérêt pour la zone. La charge de chaque assise de l’AR sera imputée du budget régional.
Secteur de la Sécurité et de la Défense
L’un des aspects importants pour le FFR et la population civile du Nord Niger est de participer à leur sécurité et celle du Sahara Nigerien, c’est dans ce sens que le FFR exige la création d’un corps dénommée Sécurité du Sahara Nigerien (SSN) composé à 80 % des ressortissants de la zone nord.
Au vu des exactions commises sur les citoyens innocents et sur leurs biens par une armée sensée les protégés : le FFR exige la restructuration de l’armée à l’image de la gendarmerie nationale afin qu’elle apprenne à respecter les droits humains et faire le distinguo entre trafiquants, bandits et autres réseaux. Secteur de la Justice et des droits humains
Le Front des Forces de Redressement (FFR) constate que depuis le déclenchement de cette lutte armée, les forces armées sensées etre républicaines et qui ont pour mission de protéger les citoyens, se sont livrées à un véritable ethnocidisme des civils innocents du Nord Niger. Pour accomplir son forfait, le gouvernement a décrété un Etat d’urgence sans cesse reconduit dans la région. Comme ironie du sort, l’histoire se répète et nous rappel la répression sanglante du soulèvement dirigé par Kaocen contre la présence des colonisateurs français en 1917.
Pour nous la justice équitable veut tout dire, notre Front reste intransigeant devant le respect de celle-ci. Nous n’accepterons aucune paix si lumière n’est faite sur les massacres des civils de la zone et situer les responsabilités.
Le Front exige :
- De la justice, de statuer sur toute forme de violence perpétrée sur les
civils du Nord Niger et leurs biens,
- De l’Etat de cesser les trafics en tout genre dont il est profondément complice,
- De la justice, de l’ANDDH, des ONGs internationales de droit de
l’homme et la société civile un rapport complet et indépendant sur tous les
actes de violence et de violations de droit perpétrés contre les civils, leur vie
et leurs biens afin de rétablir chacun dans ses droits,
- De la justice à condamner l’Etat à verser les cinq années d’arriérés de
redevances minières.
Conclusion
L’installation de compagnies minières dans les zones rurales a toujours été sources des conflits, en raison des expropriations, des pollutions, des rapports de forces inégaux, de l’absence de créations d’emplois adaptés et de l’évasion financière.
L’exploitation des ressources minières du pays ne peut etre que bénéfique lorsqu’elle est faite selon les règles de respect des droits des communautés, c’est-à-dire dans l’information et la transparence quant à l’usage des retombées financières. Notre compréhension est que l’industrie minière doit servir au développement des régions où elle est implantée selon un modèle convenu de réinvestissement de la redevance minière. Au lieu de quoi, nous assistons à des espèces d’accords sociaux conclus avec les autorités locales, comportant des dons aux communautés, des financements sociaux (santé, eau et éducation) dont le but n’est autre que la sauvegarde de l’image de marque de la firme, comme le fait déjà Areva, ou la Compagnie Chinoise.
Les populations du Nord Niger, atteintes dans leurs activités quotidiennes d’élevage et d’agriculture sont prises au dépourvues. Techniquement, non préparées à prendre consciences des menaces sur leur santé et à défendre leurs droits, et ne bénéficiant d’aucune assistance pour cela, comme c’est le cas des compagnies minières protégés par avocats et notaires, elles ne peuvent que subir les dictats des accords extrajudiciaires qu’on leur impose avec la complicité de l’Etat.
Avant l’examen des points que nous avons dégagés dans le présent document cadre et s’ils font l’objet d’un accord, le FFR exige la levée de la mise en garde dans la région d’Agadez, la libération de toutes les personnes détenus, le redéploiement des forces de l’ordre dans leur casernement et une amnistie générale.
Le Front
vendredi 27 mars 2009
Interview]M. Nicolas Sarkozy, Président de la République française: " Votre pays est pour nous un partenaire stratégique dans la durée ",
Ecrit par Réalisée par Saïdou Daoura (Sahel Dimanche du 27 mars 2009),
Excellence M. le Président, vous entamez à partir du vendredi 27 mars 2009, une visite officielle et de travail au Niger. Quelle signification donnezvous à cette visite ?
Ma visite à Niamey vise à marquer toute l'importance que j'accorde à la relation entre la France et le Niger. Votre pays est pour nous un partenaire stratégique dans la durée. C'est de ce partenariat que je viens discuter avec le Président Tandja. J'ai déjà eu l'occasion d'avoir des entretiens téléphoniques avec le Président Tandja, mais rien ne remplace les contacts directs. Bien sûr, de telles relations reposent également sur un maillage d'échanges et de rencontres, comme c'est le cas entre le Niger et la France. Je note d'ailleurs, pour m'en réjouir, que ces échanges sont de plus en plus nombreux et de plus en plus diversifiés: milieu des affaires, élus, universitaires, chercheurs, responsables d'associations, journalistes, etc. De nos jours, les relations entre les deux pays ne se réduisent pas à des relations entre deux Etats, même si ces dernières sont essentielles. Plusieurs des ministres, des parlementaires et des chefs d'entreprises qui m'accompagnent dans ce déplacement sont déjà venus au Niger ou ont des contacts réguliers avec leurs homologues nigériens.
Ce voyage offre l'occasion d'illustrer et de renforcer la densité et la pluralité des échanges. Au Niger, la France a des intérêts, elle les assume et elle les promeut, en toute transparence. Mais, en l'occurrence, nos intérêts se rejoignent, comme l'illustre l'accord si important qui vient d'être signé, le 5 janvier dernier, entre l'Etat du Niger et AREVA. Par ailleurs, nos deux pays ont un intérêt commun à la stabilité, qui repose sur une combinaison de paix, de développement et de démocratie.
La sécurité dans l'espace sahélo-saharien correspond aussi à une préoccupation croissante, qui vaut pour les pays de la région, mais aussi pour les pays partenaires comme le nôtre. Le Niger représente pour la France un partenaire de coeur et de raison, avec lequel la France construit un partenariat stratégique rénové. Comme de telles évolutions ne sauraient se concevoir sans la chaleur des relations humaines, j'ai tenu à établir ce contact personnel et à inviter ceux qui m'accompagnent à poursuivre dans ce sens, au-delà de tout le réseau d'échanges qui est déjà à l'oeuvre dans la relation entre nos deux pays. Ma visite représente donc à la fois un acte de reconnaissance, un signe d'espoir et une invitation à l'action..
La France et le Niger entretiennent des relations d'amitié et de coopération très fructueuses depuis de longues dates. Peut-on savoir, aujourd'hui, si la France, 1er partenaire bilatéral du Niger, garde la même considération pour ce pays ?
Comme vous le rappelez justement, le Niger et la France entretiennent depuis longtemps des relations d'amitié et de coopération, j'ajouterai et de confiance et de respect. Cette qualité de relation s'est marquée à travers des actes, et notamment à travers nos engagements venus accompagner les efforts considérables déployés par le Niger en matière de démocratie, mais aussi de développement, car la démocratie et le développement sont étroitement liés. Les sentiments qui m'animent à l'égard de votre pays sont fondés sur la considération et le respect que l'on doit à un pays ami, à son premier responsable et à toutes les populations.
Il n'y a pas de "petit pays" aujourd'hui et, en tout état de cause, ce ne saurait être le cas d'un pays deux fois plus vaste que la France, riche de ses diversités dans une position de carrefour du continent, traversé par des routes millénaires, riche de ses ressources naturelles, celles du sous-sol et son fleuve, riche d'une population jeune et en croissance. Mon voyage dans votre pays, qui correspond à une promesse tenue, illustre, s'il en était besoin, le souhait que j'ai d'honorer les partenaires et amis de la France, qui partagent avec nous les valeurs de paix, de développement, de stabilité et de démocratie et qui en sont les promoteurs à la fois chez eux et sur la scène internationale.
Un tel voyage est aussi l'occasion de tirer parti de l'expérience et du savoir du Président Tandja, qui est un homme de grande expérience, et de prendre la mesure des évolutions en cours dans un pays exposé aux contraintes de la nature, de surcroît dans un environnement géostratégique à risques. Pour moi, la "considération" est une forme de reconnaissance, de respect et de politesse dans l'action..
Excellence, quelle est votre appréciation sur l'évolution du Niger ces dernières années ?
Le Niger, depuis son indépendance, a traversé bien des expériences en matière politique. Il en est à sa cinquième République, comme la France, mais en beaucoup moins de temps. Il a connu des épreuves qui l'ont marqué, mais aussi renforcé puisqu'elles l'ont amené à faire des choix délibérés qui sont pour nous fondamentaux comme la démocratie ou le renforcement de l'Etat de droit. Je dois dire que le Chef de l'Etat, le Président Tandja, a beaucoup donné de lui même pour redonner aux institutions de l'Etat, affaiblies par de longues périodes d'instabilité, tout leur poids et toute leur crédibilité.
C'est lui qui a redonné à la démocratie ses lettres de noblesse dans le pays. Les élections, en 1999 et en 2004, y ont eu lieu dans la transparence et sans contestation. Une alliance de partis a permis de former des gouvernements et a apporté 10 années de stabilité et de confiance retrouvées. Les droits de l'opposition sont reconnus, la société civile prend son essor et s'exprime, les associations de droits de l'Homme trouvent peu à peu leur place et les média sont très actifs dans toute leur diversité.
La concertation existe entre les forces politiques, notamment au sein du Conseil National de Dialogue Politique que je tiens à venir saluer durant mon séjour à Niamey : il a un rôle et tient une place singulière qui me paraissent mériter l'intérêt et il est véritablement opérationnel puisque ses travaux, qui désamorcent les conflits, aboutissent à des prises de décisions importantes par consensus. Je saluerai également les efforts du Niger afin de souscrire à l'Initiative pour la Transparence des Industries Extractives.
Il s'agit là d'un choix et aussi de mesures qui vont dans le sens de la bonne gouvernance que nous soutenons au niveau international. Le Niger se développe, des permis de recherche et d'exploitation sont accordés, des investissements importants sont programmés. Le rétablissement de la pleine sécurité dans le nord, que nous appelons de nos voeux, permettra davantage de prospections et de ressources pour toutes les populations de ce pays. Il est essentiel que ce secteur, qui est appelé à jouer un rôle vital pour le Niger, soit bien balisé et que les richesses du pays bénéficient d'abord aux populations. Il est important que les règles du jeu économique soient connues, suivies et respectées par tous.
Excellence, le monde vit actuellement une des pires crises financières de notre époque. Les pays riches ont pris des mesures draconiennes pour y faire face, mais on a l'impression que les pays pauvres sont ignorés dans les plans de sauvetage…
Cette impression est trompeuse car les pays pauvres ne sont pas ignorés dans les réponses à la crise. Nous sommes très attentifs à la situation de pays pauvres et particulièrement aux demandes de nos partenaires africains. Au sein du G20, la France fait partie des principaux défenseurs des intérêts des pays les plus pauvres. Après avoir plaidé, avec succès, pour que la Commission de l'UA soit invitée au sommet de Londres, la France a notamment organisé une réunion de concertation avec les plus hautes autorités financières et économiques de la Zone franc le 23 février à Paris.
Les participants ont appelé les institutions financières internationales à accroître leurs moyens en faveur de l'Afrique en augmentant les ressources disponibles pour fournir une assistance financière aux pays membres et en adaptant leurs instruments de prêt dans le sens d'une plus grande flexibilité et d'une meilleure prise en compte des spécificités des économies les plus fragiles. C'est la position que je défendrai au sein du G20 sous deux angles. Celui d'une forte augmentation des ressources du FMI et celui de la mobilisation accrue des moyens.
Les instruments de prêt du FMI doivent être adaptés pour mieux répondre aux besoins des pays pauvres. C'est pourquoi je plaiderai en faveur d'une augmentation d'accès à la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC). J'entends également plaider pour l'assouplissement et l'accélération des décaissements de la Banque mondiale et des banques multilatérales de développement. Les besoins identifiés concernent notamment les aides budgétaires, l'aide aux investissements en matière d'infrastructures.
Je tiens à souligner que l'augmentation des ressources du FMI et la mobilisation accrue des moyens des banques de développement représenteront au total un effort nettement supérieur au 0,7% du total des plans de relance réclamés par certains. L'Afrique ne doit pas être la victime des fautes et des impasses du capitalisme des pays développés. Répondre avec l'Afrique aux défis de la crise économique n'est pas seulement une question de solidarité ou de justice. Elle est aussi pleinement une question d'intérêts communs.
Croire que l'on peut résoudre la crise actuelle sans s'occuper de la situation des pays africains ne relèverait pas seulement d'une aberration morale, mais aussi d'une dangereuse illusion : le maintien de notre prospérité ne peut se nourrir d'un nouvel approfondissement des inégalités. Par ailleurs, l'Afrique connaîtra sans doute une croissance de l'ordre de 3 à 4% cette année. Aussi modeste soit cette dernière au regard des performances passées et surtout de la croissance démographique toujours forte, elle représentera, avec celle de l'Asie, la seule croissance positive en 2009. Il importe pour nous tous que ce moteur de croissance mondiale reste allumé. L'Afrique peut contribuer au redémarrage global de l'économie mondiale.
Quel est le message de la France à l'endroit du Niger, et au-delà, à tous les peuples qui croient aux valeurs universelles des droits de l'Homme ?
Mon message est double. Je tiens tout d'abord à réaffirmer très clairement l'attachement de la France et mon attachement personnel à l'universalité des droits de l'Homme. Cela semble peut-être évident, mais il est important de le faire face à la permanence d'un discours consistant à atténuer la portée des droits de l'Homme au nom d'un relativisme culturel. On oppose ainsi l'individualisme supposé des Occidentaux à une solidarité communautaire ou à des valeurs collectives afin de réduire la portée des droits reconnus à chaque individu.
Je conviens évidemment qu'il existe dans le monde une très grande diversité culturelle à la défense de laquelle la France est attachée, mais elle ne saurait diminuer l'aspiration profonde de tout être humain à la même dignité, à la liberté et à la possibilité d'exprimer individuellement son opinion. Je souhaite ensuite souligner que la défense et la promotion de ces droits est nécessairement collective. Aucun pays ne peut prétendre les défendre seul. Ce serait présomptueux et inefficace. Nous devons agir collectivement dans les enceintes internationales pour préserver l'universalité de ces droits.
La France a besoin du Niger pour y parvenir et le Niger a besoin de la France. Je considère d'ailleurs que le Niger a déjà apporté une importante contribution à travers notre communauté de langue et de valeurs qu'est la francophonie, qui a vu le jour au Niger en 1970 avec la création de l'Agence de Coopération Culturelle et Technique, à l'initiative d'un illustre nigérien.
Le Président Nicolas Sarkozy répond à la presse indépendante nigérienne
Vendredi, 27 Mars 2009 13:37
Dans le cadre de sa visite au Niger, M. Nicolas Sarkozy, Président de la République française a bien voulu répondre aux questions de la presse indépendante du Niger. Il a parlé des relations tendues, un moment, entre le Niger et la France,
de la lutte contre le terrorisme dans le Sahara avec les activités de Al Qaïda, de la notion « réseaux françafricains », de l’immigration choisie, de la bonne santé du franc CFA malgré la crise financière, des élections à venir au Niger et bien sûr des intérêts énergétiques de la France au Niger,du fait que l’uranium produit au Niger alimente les centrales nucléaires françaises.
Réponses de Nicolas Sarkozy aux questions de LIBERATION-NIGER, ALTERNATIVE, LE REPUBLICAIN et LA ROUE DE L’HISTOIRE.
1 - Depuis quelques années, les relations entre la France et le Niger sont tendues du fait de l’implication présumée de votre pays dans la résurgence de la rébellion armée au Nord. On se rappelle que trois Français, deux journalistes et un réalisateur, avaient été emprisonnés, les programmes de RFI suspendus à deux reprises, MSF France fermée, et deux responsables d’AREVA expulsés du Niger. Votre visite est-elle destinée à redorer le blason de la France ?
Les relations entre la France et le Niger ne s’analysent pas en termes de blason, doré ou pas. Ma visite vise à marquer l’importance particulière que j’attache à la relation avec le Niger. Je pense que nous sommes à une nouvelle étape d’un partenariat entre nos deux pays qui s’inscrit dans la durée.
AREVA vient de s’engager pour plusieurs décennies dans un nouveau projet qui va permettre au Niger de doubler sa capacité de production d'uranium. Les investissements envisagés sont considérables et auront un impact sur l’ensemble de l’économie nigérienne. Ces nouvelles activités doivent aussi contribuer au développement des infrastructures et de la production énergétique.
Il est naturel que le gouvernement français encourage et accompagne ces projets qui doivent bénéficier au Niger et à la France.
Pour répondre à la première partie de votre question, je ne vais pas chercher à nier qu’il y a eu ces dernières années entre nos deux pays des incompréhensions et des irritants. Tous les exemples que vous citez sont cependant de nature très différente et ne concernent largement pas tous les relations entre Etats.
MSF, par exemple, est une ONG. Cette organisation est par définition « non gouvernementale ». Elle est très attachée à son indépendance, et ses responsables n’ont pas souhaité que la question de leur activité au Niger soit évoquée à un niveau politique entre les deux Etats.
La question de RFI a fait l’objet de toute l’attention des autorités françaises. Vous aurez noté que, depuis l'automne dernier, bien des choses ont changé. Les malentendus semblent dissipés et la station a su retrouver toute sa place. Par ailleurs, la justice nigérienne a poursuivi sereinement son activité et le correspondant a retrouvé sa liberté.
Les autres exemples que vous citez ont aussi un rapport avec la situation dans le Nord du Niger et la perception de ce que serait la position française sur le sujet.
La position du gouvernement français est très claire et j’ai déjà eu l’occasion de le dire au Président Tandja.
Le Niger est une démocratie vivante dans laquelle il existe de nombreux canaux pour faire valoir son point de vue ou ses revendications sans avoir besoin de poser des mines. Il n'est pas acceptable que des individus ou des groupes prétendent défendre par les armes des idées ou des revendications qu'ils peuvent promouvoir par la voie des urnes. D'ailleurs, l'année 2009 va être riche en élections au Niger et permettra à tout un chacun de défendre ses idées par la voie du suffrage.
2 - Aujourd’hui, on constate un regain d’insécurité dans le Sahara, avec les activités de Al Qaida au Maghreb qui a notamment revendiqué l’enlèvement de deux diplomates de l’ONU et de leur chauffeur nigérien, et de quatre touristes européens. Quel peut être l’apport de la France pour aider les pays du Sahara à combattre cette insécurité grandissante ?
Ces enlèvements sont inacceptables. Ils sont le signe, comme vous le soulignez, d’un regain d’insécurité préoccupant.
L'espace sahélo-saharien connaît un accroissement considérable et inquiétant de toutes les formes de trafics. Les gouvernements de la région auraient intérêt à coopérer entre eux, d'abord en matière d'échange d'informations, en termes de communication et bien évidemment au plan opérationnel.
Dans le développement de tels trafics, au-delà des pays où ils se déroulent et qui sont donc gravement affectés, tous les pays du monde sont ou peuvent être potentiellement touchés, à travers leurs ressortissants et à travers leurs intérêts.
Il est donc impératif que toutes les formes de la coopération internationale soient mobilisées en la matière.
C’est dans ce but que nous avons organisé en novembre dernier, à Niamey, avec nos partenaires nigériens, un grand séminaire régional consacré à la lutte contre tous les trafics et contre le terrorisme, qui associait tous les acteurs de terrain concernés de la dizaine de pays représentés.
Plus largement, la coopération française, qu'elle soit tournée vers la coopération militaire et plus globalement de sécurité, ou qu'elle vienne en appui au renforcement des capacités institutionnelles (décentralisation ou justice par exemple), contribue à consolider ce qui représente le cœur des besoins : le renforcement des capacités de souveraineté de l'Etat. Ce renforcement doit naturellement se combiner avec toutes les actions que nous conduisons pour accompagner les efforts de développement.
Ce travail en profondeur de la consolidation des moyens de souveraineté sera poursuivi et ajusté en fonction des besoins nouveaux qui apparaissent, compte tenu des modes, eux-mêmes nouveaux, de développement des trafics.
Il est évident que la place et l'ampleur prises par les trafics de drogue notamment, constituent un facteur de déstabilisation, et donc de risque majeur. Les interactions entre ces trafics, qui brassent des sommes colossales, et toutes les formes de terrorisme, souvent associées à la montée du fondamentalisme, créent une nouvelle donne dangereuse pour les Etats, et à laquelle il faut faire face en commun.
3 - Plusieurs pays africains francophones sont secoués actuellement par des crises politico-militaires. C’est le cas de Madagascar, du Tchad, de la Guinée Conakry…
Ces crises ont-elles un lien avec les activités des réseaux françafricains?
La notion des « réseaux françafricains » relève clairement du fantasme. De quoi parle-t-on vraiment ?
Soit vous considérez que les réseaux que vous mentionnez traduisent une relation étroite et privilégiée que la France et les Français garderaient avec l’Afrique, et dans ce cas vous faites partie vous-même de ces réseaux.
Soit vous soupçonnez qu’il existerait une sorte d’organisation secrète, chargée de mener à bien un vaste complot et vous êtes alors dans le domaine de la science-fiction.
Conjointement à cette vision irréaliste, la France n’est pas derrière tous les événements de votre continent : elle n’est pas responsable de la longue maladie du Président Conté. Elle n’arme pas la rébellion tchadienne, elle n’a pas envoyé de manifestants place du 13 mai à Madagascar.
Pour son inventeur, le Président Houphouët–Boigny, ce concept de « Françafrique » faisait référence à l’amitié et à la proximité, pas à une quelconque signification négative telle que vous lui donnez aujourd’hui. En raison du manque de transparence qui a pu exister dans les relations entre la France et l’Afrique, ce concept est devenu pour beaucoup synonyme d’un soi disant complot permanent contre l’Afrique et qui serait responsable de tous ses malheurs et de tous ses échecs.
Cette perception irréaliste ne changera que si chacun de nous, Français et Africains, le souhaitons. C’est mon cas. Je souhaite que la France et l’Afrique puissent entretenir des relations équilibrées et décomplexées. Cinquante ans après les indépendances, ce souhait me semble raisonnable.
Pour sortir des fantasmes et des procès d’intention, il faut être clair et transparent sur ce que sont les intérêts et les objectifs de la France en Afrique. C’est ce que j’ai fait en décrivant l'année dernière, devant le Parlement sud-africain, les intérêts de sécurité, les intérêts économiques et les intérêts stratégiques de la France en Afrique.
Car en Afrique, comme sur tous les continents, la France a des intérêts qui n’ont rien d’inavouable.
Chacun sait par exemple que la France a des intérêts énergétiques au Niger, du seul fait que l’uranium produit au Niger alimente les centrales nucléaires françaises.
La France souhaite pouvoir continuer à participer à l’exploitation de l’uranium, nigérien mais elle souhaite le faire en toute transparence. C’est pour le souligner que j’ai décidé de rencontrer lors de mon séjour les acteurs publics et la société civile impliqués dans l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives.
Chacun doit savoir ce que les activités d’AREVA au Niger rapportent au budget nigérien afin de pouvoir en suivre l’usage, de pouvoir s’assurer que le Niger reçoit une juste rémunération pour ses ressources et de pouvoir comparer avec la manière dont d’autres intervenants opèrent.
C’est dans le même souci de transparence que j’ai souhaité engager la renégociation des accords de défense avec nos partenaires africains. Le premier accord renégocié vient d’être signé. Cet accord et les suivants seront soumis à la ratification du Parlement et seront publiés.
Pour en revenir aux crises. Il est vrai que la démocratie a été fragilisée dans plusieurs pays francophones d’Afrique et c’est un motif d’inquiétude. J’espère sincèrement que les prochaines élections au Niger viendront démontrer que la tendance profonde est plutôt au renforcement et à la consolidation de la démocratie dans l’espace francophone.
4 - La politique de l’immigration choisie prônée par la France n’est-elle pas contraire aux principes des Droits de l’Homme dont votre pays est pourtant le berceau de la Déclaration universelle ?
La France est une terre d’immigration et d’asile depuis un siècle et demi. Cette immigration est une composante importante de notre identité nationale et républicaine car il s’est toujours agi d’une immigration intégratrice.
Toutes les démocraties modernes ont mis en place une politique de régulation des flux migratoires, y compris en Afrique. La France doit assumer pleinement ce choix pour réussir le pari de l’intégration.
La France s’est prononcée pour une immigration légale, pleinement consentie, adaptée à notre capacité d’accueil en termes de logement et d’emploi pour pouvoir accueillir les migrants dans les meilleures conditions en termes de dignité, de sécurité, d’éducation, de soins et de protection du travail.
Cette immigration doit également être consentie par les pays de départ des migrants qui n’ont pas intérêt non plus à voir partir les éléments les plus dynamiques ou les mieux formés.
La gestion des flux migratoires doit être concertée entre pays de départ et pays d’arrivée. C’est l’objet des accords que nous négocions avec différents pays d’Afrique.
Rien de ce que je viens de vous expliquer ne porte atteinte aux droits de l’Homme. Prétendre que la mise en place d’une gestion concertée des flux migratoires constituerait une violation des droits de l’Homme tout simplement faux.
Je sais que la question de l’immigration est très sensible dans les pays d’Afrique francophone en raison des liens particuliers qui nous lient et de notre familiarité réciproque. Certains revendiquent même sur cette base une sorte de « droit à la France » ou de discrimination positive francophone.
Les dernières dispositions relatives au regroupement familial prévoient la mise en place de tests de langue française dans les pays source qui, naturellement, favorisent les ressortissants des pays francophones.
5 - Quel impact la crise économique et financière internationale peut-elle avoir d’une part sur l’aide publique au développement de la France, et d’autre part sur l’avenir du Franc CFA arrimé à l’Euro.
Sur la première partie de votre question : la France entend maintenir ses objectifs en dépit des contraintes financières auxquelles nous faisons face. Il ne s’agit pas seulement de l’aide publique au développement mais de tous les engagements financiers publics. Je me suis engagé l’année dernière au doublement des engagements de l’Agence Française de Développement en Afrique pour les porter à 10 milliards d’euros sur 2008-2012. La réalisation de ce montant passera notamment par la mise en œuvre de l’« initiative pour le soutien à la croissance en Afrique » qui entre en vitesse de croisière cette année. Cette initiative se distingue à la fois par son ampleur et son caractère novateur, puisqu’elle s’appuie sur des instruments de partage de risque que sont les garanties et le capital risque. Ces deux instruments sont parfaitement adaptés pour soulager les difficultés de financement des PME africaines dans le contexte actuel de défaillance des marchés. Près de 1900 PME africaines devraient, à terme, bénéficier de cette initiative, pour une cible de 300 000 emplois.
Sur la deuxième partie de votre question, relative au Franc CFA, je tiens à rappeler que, depuis sa création en 1945, cette monnaie a fait la preuve de sa solidité et de sa stabilité face aux crises internationales, régionales et nationales qui n’ont pas manqué.
C’est d’ailleurs souvent dans les périodes de crise économique et financière que le système du FCFA démontre le mieux ses avantages. La centralisation des réserves crée une solidarité entre les Etats de l’UEMOA et leur permet de faire face collectivement aux chocs exogènes qui peuvent affecter différemment l’un ou l’autre des membres de l’Union. La parité fixe avec l’euro offre également une stabilité du change très appréciée par les investisseurs. Enfin, la garantie de la convertibilité illimitée par le Trésor français permet le libre transfert des capitaux, ce qui réduit les contraintes de financement externe.
Je voudrais d’ailleurs souligner la bonne santé financière de la zone UEMOA et sa résistance à la crise internationale qui est plutôt meilleure que celle du reste de l’Afrique.
En effet, en dépit d’un contexte international très défavorable, la zone a vu ses réserves de change progresser encore en 2008 : elles représentent près de 5,5 mois d’importations quand d’autres pays africains sont confrontés déjà à un risque de pénurie de devises.
Le Franc CFA a, par ailleurs, protégé les consommateurs et je sais que cette question est très sensible au Niger où la société civile s’est fortement mobilisée dans le passé contre la vie chère.
En 2008, la zone UEMOA a enregistré un taux d’inflation moyen de 7,3 % suite à la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires importés. Ce taux est élevé mais il reste très en deçà de l’inflation à deux chiffres enregistrée par d’autres pays de la sous-région qui ont d’autres monnaies. Sur ce plan, la force du FCFA, lié à l’euro, a constitué un bouclier protecteur contre l’inflation importée qui touche toujours les plus pauvres.
Dans cette période de forte instabilité sur les marchés internationaux, je suis persuadé que le rattachement du FCFA à l’euro et la mutualisation des réserves de change sont une chance pour les pays de l’UEMOA.
En tout état de cause, ce n’est pas à la France, dont le rôle dans la gouvernance des institutions de la Zone franc est clairement délimité, de dicter aux Etats de la Zone franc la conduite de leur politique monétaire.
Le FCFA est la monnaie des Etats de la Zone franc, placée sous leur entière responsabilité. La question de l’avenir du Franc CFA relève d’abord, et surtout, de la responsabilité des Etats africains membres de la zone.
27 mars 2009
Publié le 27 mars 2008
Source : Libération
Sarkozy termine au Niger sa mini-tournée africaine
AFP
27.03.2009, 10h35
Le président français Nicolas Sarkozy s'est rendu vendredi au Niger, un des pays les plus pauvres du monde mais d'une importance stratégique par ses réserves d'uranium, avec l'ambition d'en faire un modèle des liens franco-africains "rénovés" qu'il souhaite imposer.
Après Kinshasa et Brazzaville jeudi, M. Sarkozy est arrivé vendredi en milieu de journée à Niamey pour une visite de quelques heures, troisième et dernière étape de sa mini-tournée africaine.
Il a déjeuné avec son homologue nigérien Mamadou Tandja. Le contrat que vient de signer le groupe français Areva pour l'exploitation à partir de 2012 de la mine géante d'uranium d'Imouraren, dans le nord du pays, devait constituer le point principal des entretiens.
Présent au Niger depuis plus de quarante ans, le numéro un mondial du nucléaire civil nourrit de nombreuses critiques, notamment des ONG qui dénoncent les effets "catastrophiques" de ses activités sur l'environnement, la santé et les populations locales, l'accusant de "piller" les richesses du pays.
Dans ce pays qui fournit plus du tiers du combustible brûlé dans les centrales nucléaires françaises, M. Sarkozy veut casser l'image d'une France "prédatrice".
"Au Niger, la France a des intérêts, elle les assume, elle les promeut, mais en toute transparence", a-t-il assuré dans un entretien accordé au journal nigérien Le Sahel.
Accompagné de la PDG d'Areva Anne Lauvergeon, Nicolas Sarkozy devait participer dans l'après-midi à une réunion de la section locale de l'Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).
"Chacun doit savoir ce que les activités d'Areva au Niger rapportent au budget nigérien", a estimé le président français dans d'autres déclarations à la presse nigérienne.
Les investissements annoncés par Areva à Imouraren, d'un montant initial de 1,2 milliard d'euros, "auront un impact sur l'ensemble de l'économie nigérienne", a-t-il assuré.
Ce contrat a donné lieu a une sévère bataille entre Areva et le gouvernement de Niamey, qui a fait jouer la concurrence pour arracher au groupe français une hausse de 50% du prix d'achat de son uranium.
Nicolas Sarkozy veut également profiter de son court séjour au Niger pour apporter son soutien à Mamadou Tandja, à quelques mois de ce qui doit être, selon la Constitution, son deuxième et dernier quinquennat à la tête du pays.
"C'est lui qui a redonné à la démocratie ses lettres de noblesse dans le pays", a estimé le président français, qui voulait saluer la "stabilité retrouvée" du Niger en rencontrant les chefs de partis réunis au sein du Centre national du dialogue politique (CNDP).
Estimant que "le Niger est une démocratie vivante", il a jugé "pas acceptable" le recours aux armes par les rebelles touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ).
Nicolas Sarkozy a affiché son intention de faire du Niger un exemple de la relation franco-africaine "rénovée", débarrassée des "pesanteurs du passé" et des "soupçons" qu'il a défendue jeudi à Brazzaville.
Le secrétaire national de l'association Survie, Fabrice Tarrit, n'y a vu lui que la manifestation d'une "Françafrique décomplexée", où "les intérêts économiques de grandes entreprises françaises (priment) sur les questions de démocratie et de droits de l'Homme".
Le président français avait toutefois quitté vendredi matin Brazzaville dans un climat de consensus, ayant satisfait à la fois le pouvoir du président Denis Sassou Nguesso et l'opposition.
Auparavant, à Kinshasa, Nicolas Sarkozy avait tenté de désamorcer la tension née de ses déclarations suggérant un partage "de l'espace" et des "richesses" minières entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda voisin.
AFP
Source le parisien
RFI Revue de presse afrique du 27 mars 2009/Sarko-Niger
« Nicolas Sarkozy a fait ses suggestions pour la région».
Le journaliste fait la comparaison avec Brazzaville un peu plus tard. Là, Denis Sassou Nguesso était à Maya Maya, pour l'accueillir, bien qu'il soit encore en deuil de la perte de sa fille Edith Lucie Bongo Ondimba.
Il y a aussi les envoyés spéciaux de la presse française. Le Figaro explique que « Nicolas Sarkozy a fait ses suggestions pour la région ». N'oublions pas de préciser que la souveraineté du Congo est inaliénable. Sarko, l'Africain, a réussi ainsi à apaiser la susceptibilité congolaise, troublée par le partage de l'espace et des richesses évoqué au début de l'année.
« Sarkozy plaide pour un bon voisinage », titre Le Figaro. A Brazzaville, raconte encore le journal, Nicolas Sarkozy a également développé l'idée d'une relation franco-africaine « renouvelée ».
Autre information à noter ce matin dans la presse française : alors que le Chef de l'Etat est aujourd'hui au Niger, en compagnie d'Anne Lauvergeon, présidente d'Areva, qui a signé un contrat hier à Kinshasa pour l'exploitation de mines d'uranium... Libération rapporte qu'une plainte a été déposée devant la justice à Paris, par une association touareg et une ONG allemande. L'un des dirigeants d'Areva aurait tenu publiquement des propos plutôt musclés vis à vis des Touaregs, estimant par exemple que l'Etat du Niger doit obtenir les moyens de les mater. Affaire à suivre, notamment le jour de l'audience, le 23 juin.
Le FPN annonce des avancées vers la paix dans le nord du Niger
Afrique de l'Ouest - Niger
Tripoli, Libye - Le président du Front patriotique nigérien (FPN), une faction issue de la scission du Mouvement nigérien pour la justice (MNJ), Aklou Sidi Sidi, a annoncé jeudi à Tripoli, que les pourparlers engagés depuis deux mois avec les autorités libyennes ont abouti à l'ébauche d'un document-cadre de négociation comportant les conditions d'une paix définitive et durable au Niger.
Le FPN est le deuxième mouvement dissident du MNJ, dirigé par Agli Alambo, après l'annonce de la formation en juin 2008, d'un mouvement baptisé Front des forces de redressement (FFR).
S'exprimant au cours d'une conférence de presse en présence des différents responsables du mouvement, M. Sidi a indiqué que le cadre de négociation comporte aussi un programme détaillé d'exécution de la dynamique de paix, allant du cessez-le-feu immédiat à la remise des armes.
Il a ajouté que le FPN représente la majorité des combattants du MNJ, soulignant sa disponibilité et son engagement pour la mise en oeuvre du processus de paix au Niger.
M. Sidi a réitéré toute la confiance de son mouvement au guide Mouammar Kadhafi, président en exercice de l'Union africaine (UA), haut médiateur permanent de la paix dans l'espace de la Communauté des Etats sahélo- sahariens (CEN-SAD) et Amghar de Kel Tamajakh (titre honorifique chez les touaregs).
Il a déclaré que le FPN a désigné la Libye comme principal médiateur de ce conflit «qui doit trouver sa solution dans un cadre africain et dans l'espace CEN-SAD».
A une question relative aux conditions préalables pour que son mouvement signe la paix avec le gouvernement nigérien, M. Sidi a cité une amnistie générale, la libération de tous les détenus touaregs impliqués dans la rébellion et estimés à 200 personnes, la levée de la mise en garde dans le pays, le cessez-le-feu et la réinsertion dans leurs corps d'origine de l'armée nigérienne de tous les déserteurs.
Dans une déclaration faite à la PANA à l'issue de cette conférence de presse, le président du FPN a indiqué que rien ne vaut la paix au Sahara, affirmant que la paix dans le Sahara doit impliquer tous les pays de la sous- région, notamment le Mali, le Niger, l'Algérie, la Libye, le Tchad et le Burkina Faso.
Il a invité les autorités de ces pays à faire preuve de volonté politique à ce propos, soutenant que toutes les populations et les combattants rebelles touaregs du nord du Niger aspirent tous à une paix juste et durable.
M. Sidi a exhorté le MNJ à s'inscrire dans la dynamique de paix actuellement en cours.
Tripoli - 26/03/2009
Pana
Le nucléaire ne rapporterait pas
7 réactions
Jeudi 26 Mars 2009 Par Gaël VAILLANT
LeJDD.fr
7 réactions
Fleuron de l'industrie française, le nucléaire, incarné par Areva, est-il rentable sur le long terme? A cette question, le réseau "Sortir du nucléaire", soutenu par plusieurs personnalités politiques de l'opposition, répond par la négative. Une position qui interpelle au moment où Nicolas Sarkozy est en visite officielle au Niger, où Areva va exploiter la plus grande mine d'uranium du monde.
Le réseau d'associations ''Sortir du nucléaire'' dénonce les zones d'ombres d'Areva. (Reuters)Le réseau d'associations ''Sortir du nucléaire'' dénonce les zones d'ombres d'Areva. (Reuters)
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Mauvaise presse pour Areva?
"Areva, c'est la World Company des Guignols", a lancé mardi Olivier Besancenot lors d'une conférence de presse sur l'implantation africaine du géant français de l'énergie. Un sujet d'actualité puisque Nicolas Sarkozy va défendre, ce vendredi, en personne, les affaires d'Areva au Niger. L'entreprise compte y créer la plus grande mine d'uranium au monde. Stéphane Lhomme, du réseau "Sortir du nucléaire", a voulu pointer le "problème" en présence de tous ses "amis" politiques, à l'exception de José Bové, excusé. Aux côtés du leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), Corinne Lepage (Cap 21), Cécile Duflot, Hélène Flautre (Verts), et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) ont tous répondu présent pour défendre - malgré leurs différences politiques - une même conviction: la France prend un retard considérable en termes d'énergie et sa forte position actuelle sur le marché du nucléaire ne constituerait en rien un gage sur l'avenir.
Au-delà du thème de la "Françafrique", les intervenants ont porté le débat sur le plan économique. "Beaucoup avancent comme argument la rentabilité du nucléaire, mais aucun spécialiste, même partisan de ce type d'énergie, ne peut argumenter une telle position", prétend Stéphane Lhomme. Selon lui, le nombre de centrales a baissé de 465 à 435 en deux ans. Malgré le lancement par Areva de l'EPR, représentant la nouvelle génération de réacteurs, le nombre d'anciens sites qui ferment pour cause de vétusté, est supérieur à celui des inaugurations de centrales.
Aucune étude officielle sur le nucléaire français
Plus généralement, le représentant du réseau "Sortir du nucléaire" critique un manque de transparence d'une entreprise qui ne dévoile pas ses chiffres au prétexte du secret-défense. Pour Corinne Lepage, le gouvernement français néglige l'impact économique sur le long terme. "Opter pour le nucléaire est un choix défendable. Mais qu'on l'argumente, qu'on l'étaye... avec chiffres à l'appui!", s'emporte la présidente de la formation centriste Cap21. "Je suis prête à me convertir au nucléaire si une commission indépendante expose à l'Assemblée nationale le bien-fondé économique et écologique de cette énergie", renchérit-elle, affirmant qu'aucun bilan sur la politique nucléaire du pays n'a été envisagé par l'Etat à ce jour.
Au-delà de ce manque de données chiffrées, Corinne Lepage et Jean-Luc Mélenchon soulignent une réalité indéfectible: ce secteur énergétique ne peut pas garantir l'indépendance énergétique de la France comme l'affirme le chef de l'Etat. En effet, Areva importe une partie - et bientôt l'essentiel - de son uranium des mines nigériennes. Selon eux, "c'est la preuve" de la dépendance française, "soumise de surcroît aux aléas politiques propres au Niger". Autrement dit, le conflit entre les autorités de Niamey et les peuples nomades - les Touaregs en particulier - aura une incidence sur le commerce de l'uranium.
Stéphane Lhomme, de ''Sortir du nucléaire'', a toujours été soutenu par Olivier Besancenot. (Maxppp)Stéphane Lhomme, de ''Sortir du nucléaire'', a toujours été soutenu par Olivier Besancenot. (Maxppp)
Solution durable
Après avoir déversé leur flot de critiques, les opposants politiques, invités à la conférence de presse du réseau "Sortir du nucléaire", ont pensé à évoquer des solutions "écolo-économiques". Ils préconisent tous un investissement massif dans les énergies renouvelables, comme l'ont déjà fait nos voisins européens, le Japon ou les Etats-Unis. Barack Obama n'a d'ailleurs pas réservé un seul centime au nucléaire dans ses deux plans de relance. "Les Américains l'ont bien compris: le nucléaire ne rapporte pas sur le long terme", insiste Corinne Lepage.
Pour Jean-Luc Mélenchon, il faut "rompre avec notre modèle capitaliste qui privilégie le productivisme". Un argument repris par Olivier Besancenot, qui dénonce "un commerce énergétiques partagée entre quelques multinationales qui se foutent de l'équilibre budgétaire de la France". Construire des réacteurs EPR ou des immenses mines d'uranium coûte en effet plus cher, pour le contribuable, que le développement des énergies éolienne ou solaire. Une constatation balayée par Nicolas Sarkozy, qui a réitéré le 6 février dernier que le nucléaire, s'il coûtait cher, garantissait l'indépendance énergétique. Un argument implacable qui évite tout débat.
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Réactions à l'article
* vendredi 27 mars - 14h40
Par ibanakal
Uranuim contre touaregs c'est surtout ça l'enjeu et les avions militaires français qui bombardent les nomades du nord niger !!!
* vendredi 27 mars - 12h01
Par poipoi 43
Je n'ai, pas plus que tous les manifestants de ce meeting, aucun élément d'information pour me prononcer avec pertinence sur ce sujet. Mais voir Mme Lepage aux côtés de Mr Besancenot, simplement pour bénéficier de quelques lignes dans les médias et donner l'impression( ou l'illusion) d'exister politiquement !
Dur, dur ce métier.....
* vendredi 27 mars - 11h53
Par valmont
L'indépendance énergétique signifie que l'état français maîtrise davantage sa production et son approvisionnement que ses voisins...
Alors bien sûr la matière première d'une centrale nucléaire c'est l'uranium et qu'il y a donc toujours une dépendance mais elle est nettement plus faible que pour le pétrole/gaz... on dépend tous de quelqu'un d'autre quoi que l'on fasse, qui que 'on soit. A méditer !
* vendredi 27 mars - 10h41
Par marre_journalistes
dans cet article "Barack Obama n'a d'ailleurs pas réservé un seul centime au nucléaire dans ses deux plans de relance"
et voici ce qu'a dit Mr Obama "Il est peu probable que nous pouvons atteindre nos objectifs climatiques ambitieux si nous éliminons l'énergie nucléaire comme option"
(source : http://ipsnouvelles.be/news.php?idnews=10104)
Messieurs les journalistes faites votre travail !
* vendredi 27 mars - 08h12
Par Megaceros
Il n'est pas étonnant que les opposants au nucléaire nous en démontre non seulement la nocivité mais aussi le non-sens économique. Bien sûr, la défense du nucléaire étant assurée par, outre le pouvoir, les industriels du nucléaire et les producteurs d'électricité, leurs arguments seront jugés irrecevables. Il faut effectivement un arbitre impartial mais doucement avec les commissions.
* jeudi 26 mars - 23h25
Par Par par_ici_la_sorti
Il faudra encore une grande catastrophe nucléaire pour qu'on cesse de promouvoir l'énergie nucléaire... Ah, mais on indemnisera les victimes irradiés si elles vivent encore assez longtemps, pour se donner bonne conscience ! Lamentable
* jeudi 26 mars - 23h15
Par par_ici_la_sortie
C'est vraiment une mentalité d'égoïste: La France par le biais d' Areva, va polluer le Niger, le continent Africain, mais ce n'est pas grave, peu importe, ce n'est pas chez nous, et puis comme la pollution s'arrête aux frontières Françaises, pas de soucis!! La mondialisation n'est jamais vue sous un plan écologique et humain, seul le profit immédiat compte pour ces "grands" de ce monde. €€€
Tournée africaine: Nicolas Sarkozy enrichit l'uranium controversé d'Areva
Mine d'uranium à Arlit, au Niger, exploitée par Areva/Pierre Verdy AFP/Archives
NUCLEAIRE - A l'occasion du voyage présidentiel au Niger, les pratiques de l'entreprise suscitent une salve de critiques...
Areva au Niger. Un Etat dans l’Etat. Quarante ans de présence sur le sol aride de ce pays d’Afrique de l’Ouest, deuxième employeur national après l’administration, près de 20% des dépenses de santé... Une passerelle de la Françafrique de Foccart jusqu’aux cimes du CAC 40, des enjeux sociaux, économiques, politiques, environnementaux, et une question forcément délicate pour Nicolas Sarkozy, en visite au Niger ce vendredi, accompagné d’Anne Lauvergeon, PDG d’Areva, venue défendre les pratiques de son entreprise.
Au menu des discussions, «le jackpot», comme disent les ingénieurs d’Areva : l’exploitation du gisement d’Imouraren, qui recèle la moitié des réserves du pays, et dont la production est estimée à 5000 tonnes/an pendant environ 35 ans. Un accord historique pour son exploitation a été signé le 5 janvier 2009, entre le ministre des Mines et de l’Energie, Mohamed Abdoulahi, et la présidente du directoire d’Areva, Anne Lauvergeon, à Niamey. Il est intervenu après des mois de tractations et l’intervention de Nicolas Sarkozy à plusieurs reprises pour rassurer le président nigérien Mamadou Tandja, qui accusait Areva de soutenir la rébellion touareg dans le nord du pays.
«Des dommages environnementaux dramatiques»
Le gisement d’Imouraren s’ajoute à celui à ciel ouvert d'Arlit et à la mine souterraine d'Akokan, tous deux dans le Nord du pays. Il sera ouvert en 2012, créera 1.400 emplois et hissera immédiatement le Niger au deuxième rang des pays producteurs d’uranium dans le monde. Areva détiendra 66,65% de la nouvelle société exploitante du yellow cake, contre 33,35% pour l’Etat du Niger.
Le «jackpot» d’Areva est le cauchemar des ONG. Des organisations nigériennes ont rappelé ce jeudi le groupe français à ses obligations: «Des dispositions ne sont toujours pas prises par rapport à la préservation de l'environnement, ce qui nuit gravement à la santé des populations et des travailleurs des mines. Les populations des zones minières sont préoccupées par le phénomène de radiation et de la pollution des nappes d'eau».
Depuis 2005, la critique en France se fait également de plus en plus sévère. «L’exploitation de l’uranium cause des dommages dramatiques (contaminations, assèchement des nappes phréatiques), et met en danger la santé des mineurs, explique Stéphane Lhomme, du Réseau Sortir du nucléaire. D’immenses quantités de CO2 sont émises lors des opérations d’extraction, de transformation et de transport de l’uranium.»
La question des expropriations
Stéphane Lhomme, qui a réuni plusieurs acteurs politiques de l’opposition mardi dernier (Olivier Besancenot du NPA, Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche, Corinne Lepage de Cap21, Cécile Duflot pour les Verts), double la critique environnementale d’une dénonciation sociale: «Sur le plan économique, le Niger reste l’un des pays les plus pauvres du monde: 45 ans d’exploitation de l’uranium par Areva (auparavant Cogéma), n’ont rien apporté de bon aux populations du Niger, en particulier aux Touaregs, qui sont chassés au profit des activités d’Areva».
Areva se défend de ces expropriations: «Le site se trouve en plein centre d'un désert ‘‘plat’’, sans aucun relief, explique son porte-parole, Yves Dufour, au JDD. Cette immense superficie n'est pas habitée. Et le droit foncier n'étant pas abouti au Niger, peu de personnes possèdent un terrain dans les deux tiers nord du pays.»
Un nouvel accord en RDC
Quant à la visite de Nicolas Sarkozy, Areva confie «qu’elle n'influe en rien sur ces affaires (...). L'entrevue entre les deux chefs d'Etat sera donc une rencontre d'amitié, dans le cadre de relations diplomatiques. Rien de plus.»
Ce jeudi après-midi, Anne Lauvergeon a signé un accord portant sur la recherche et l'exploitation de futures mines d'uranium en République démocratique du Congo (RDC) à l’occasion de la venue de Nicolas Sarkozy. «Un partenariat gagnant-gagnant de valorisation des ressources minières du pays», précise Areva dans un communiqué.
M.Gr.
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