QUAND L’AMBASSADEUR DE FRANCE FAIT LE MÉNAGE DANS LA PRESSE MALIENNE
Un vent de panique souffle sur le cercle rapproché du président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Alors que l'équipe au pouvoir est secouée par les affaires financières et peine à trouver une issue à la crise du Nord, plusieurs personnalités politiques se retrouvent éclaboussées ou forcées de quitter leurs fonctions. Le départ de Sambi Touré, l'ex conseiller en communication à la présidence le 2 octobre crée notamment la polémique à Bamako. Selon plusieurs membres de l'opposition, l'ambassade de France aurait contacté la présidence pour demander des comptes au sujet d'un article de presse paru dans le journal où Sambi Touré a longtemps exercé comme directeur de publication. Cette intervention aurait-elle précipité le départ du conseiller ? Critique envers la politique française au Mali, l'article, signé par le politologue sénégalais Babacar Justin N'Diaye, parle notamment de l'ambassadeur actuel comme d'un ancien "officier traitant de certains responsables du MNLA". De quoi rendre furieux le chef de file de la représentation française à Bamako.
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Sidi Kagnassi, chef d'orchestre de l'opaque contrat militaire
Après la garde à vue de quarante-huit heures imposée à l’ancien ministre de la défense Soumeylou Boubèye Maïga par la brigade financière de Nanterre qui enquête notamment sur les circonstances de l’achat de l’avion d’IBK, le conseiller spécial du président, Sidi Mohamed Kagnassi, a remis sa démission début octobre. Patron de la société malienne d’import-export Guo-Star, cet homme d’affaire proche du fils du président Karim Keïta avait acquis la confiance de son père en novembre 2013 après avoir signé un contrat de matériel militaire de 69 milliards de fcs CFA pour le compte de l’armée malienne. Une belle affaire - l’armée malienne étant alors à l’agonie - qui lui valut d’intégrer le cabinet du chef de l’Etat à peine deux mois plus tard mais dont le montage financier attire rapidement l'oeil suspicieux du FMI.
Tout d’abord, le Fonds pointe dès le mois de mai l’utilisation abusive de l’article 8 du code des marchés publics qui permet de ne pas respecter certaines exigences de transparence pour des cas jugés sensibles comme dans le domaine de la défense. Un dispositif qui a permis de justifier des pratiques opaques et qui refait surface aujourd’hui. Signataire du contrat à l’époque, l’ancien ministre de la défense Soumeylou Boubèye Maïga invoque en effet aujourd’hui le « secret défense » pour s’opposer à décision du vérificateur général d’enquêter sur l’achat d’équipement militaire.
Conclu de gré à gré, ce contrat dans lequel Guo-Star ne joue qu’un rôle d’intermédiaire prévoyait l’achat d’équipement et de véhicules militaires aux sociétés françaises, MagForce, Soframa et Acmat. Or, dans son rapport du 9 octobre, la Cour Suprême pointe plusieurs irrégularités. Afin de couvrir les frais, Sidi Kagnassi avait démarché la Banque Atlantique qui avait autorisé un crédit contre une garantie accordée par le ministère des finances à hauteur de 100 milliards de CFA. Garantie jugée illégale. La Cour Suprême précise que « (…) seuls les fournisseurs disposant de capacités techniques et financières adéquates sont autorisés à participer à un appel d'offre ou une consultation restreinte. »
Mody N’Diaye, président d'un groupe parlementaire d’opposition à l’Assemblée nationale commente. « La société de droit malien Guo-Star est l’interlocuteur de l’Etat. Or, les fournisseurs étrangers eux, n’apparaissent à aucun moment dans le contrat. Pour quelle raison avoir eu recours à un intermédiaire et pas directement aux fournisseurs ? » A priori aucune. Si ce n’est de se livrer à des malversations en engageant des surfacturations. Jusqu’à « 15 euros la chaussette de soldat » selon Rfi.
La Cour Suprême précise par également, contrairement aux obligations qui lui incombe, le Contrôle financier n'a jamais visé le contrat qui n'a par ailleurs toujours "pas connu de début d'execution".
Véritable patate chaude, l’affaire brûle les doigts du conseiller spécial Sidi Kagnassi. Ce dernier, dit-on, aurait préféré rendre son tablier avant que les choses ne se corsent davantage. Qu'à cela ne tienne, ce businessman aguerri a plus d'un tour dans son sac. Très introduit en Côte d'Ivoire où il a été représentant de Sagem Sécurité et où son père Cheikhna Kagnassi a fait fortune dans le coton, Sidi Kagnassi est comme chez lui à Abidjan. C'est vers là-bas qu'il se serait d'ailleurs envolé le vendredi 10 octobre, une heure seulement après avoir été reçu par le président IBK à qui il avait au préalable fait parvenir sa lettre de démission. Dans la capitale ivoirienne, l'homme a des vues sur un marché militaire de 300 milliards de CFA. Une bonne porte de sortie pour l'équipement militaire malien si toutefois IBK n'en voulait plus, aurait-il confié à l'un de ses proches.
Un conseiller mal vu de la France
Un autre départ du cercle rapporché d'IBK fait couler de l'encre à Bamako. Celui de Sambi Touré, l'ex conseiller en communication de la présidence, pressé de quitter ses fonctions le 3 octobre dernier. Dans les milieux politiques, on avance plusieurs hypothèses. D'abord celle de tensions doublée de compétition en coulisses avec Mahamadou Camara, le ministre de la communication. Cet ancien de Jeune Afrique proche, lui aussi, de Karim KeÏta, a les faveurs du chef de l'Etat depuis son élection. Oeuvrant tous deux dans le domaine de la communication, Sambi Touré et Camara auraient plusieurs fois vu leurs activités se téléscoper. Le tout plutôt en faveur du ministre.
Du côté de l'opposition on évoque un scénario pour le moins déroutant. Le 2 octobre, une tribune au titre outrecuidant du politologue sénégalais Babacar Justin N'Diaye, "Le Mali au beau milieu du merdier et au seuil de la partition", publiée à l'origine sur le site d'information sénégalais "dakaractu.com" a fait l'objet d'une reprise dans le journal malien "Info-Matin" dont Sambi Touré est l'ancien directeur de publication. On peut y lire que, selon M. Ndiaye, "c’est le lobby militaire qui tient à « son » Kidal et à « ses » Touaregs. L’Azawad est, en effet, la chasse gardée et bien gardée de la DGSE, du COS et de la DRM. De Sarkozy à Hollande, l‘Elysée est à la remorque du Renseignement et des Forces spéciales qui sont les fers de lance de la politique française dans la bande saharo-sahélienne. (...) Le parcours de l’actuel ambassadeur de France à Bamako est éloquent à maints égards. Il a travaillé précédemment dans les services secrets en qualité d’officier traitant de certains responsables du MNLA. L’un d'eux déclara au journal « Le Monde » (numéro de la mi-novembre 2013) avoir reçu de cet ambassadeur très spécial, un téléphone satellitaire. Des agissements peu diplomatiques qui ont débouché sur une vive altercation au Palais de Koulouba, entre le Représentant de la France et le Général Yamoussa Camara, ancien chef d’Etat-major particulier du Président IBK."
Des propos qui, selon plusieurs sources dans l'opposition malienne, auraient provoqué l'ire des diplomates français. Au point de prendre contact avec la présidence malienne pour demander des comptes sur la publication d'"Info Matin", le nom de Sambi Touré figurant toujours dans l'ours du journal. "Ce n'est pas la première foir que les piques anti-françaises venant de l'entourage d'IBK agacent les représentants français" rappelle Mamadou Dabo, journaliste au quotidien "Le Zénith"proche de l'opposition. On se souvient notamment du malaise généré par l'interview donnée par IBK au Monde en décembre 2013, dans laquelle il reprochait à la France de vouloir le forcer à négocier avec les rebelles du Nord. Dans l'entourage de Sambi Touré, beaucoup estiment que l'intervention de la diplomatie française auprès de la présidence a précipité son renvoi. Interrogé sur le sujet, Sambi Touré n'a pas souhaité s'exprimer et invoque "un devoir de réserve".
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Biographie en cours de rédaction ...
AHMED
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Dopé par sa victoire du 21 mai 2014 sur les Forces Armées du Mali (FAMA) et son contrôle intégral de Kidal, le MNLA accentue sa montée en puissance avec l‘appui diplomatique et médiatique de la fumiste communauté internationale. Le 9 septembre 2014, le MNLA a inauguré son ambassade à Amsterdam, aux Pays-Bas. Vive colère de Bamako à laquelle succède un démenti nuancé du gouvernement hollandais qui parle de l’ouverture d’un Centre Culturel touareg. Mais selon une note d’information de Moussa Ag Assarid, un des dirigeants du MNLA (note répercutée par les sites touaregs Témoust et Kidal-Infos), il s’agit d’une chancellerie. Affaire trouble. Ce qui est plus clair, c’est que le 18 novembre 2013, l’Azawad a été admis en tant que 13ème membre d’une curieuse officine dénommée « Organization of Emerging African States » ou Organisation des Etats Africains Emergents (OAES) qui prétend, selon sa charte, défendre les intérêts de l’autodétermination en Afrique. Créée en 2010 et basée à Washington DC, l’OAES possède bizarrement un statut d’observateur auprès de l’ONU. Tenez-vous bien, car la liste des pays membres de l’OAES équivaut à un Ebola politique : le Biafra, le Sud-Cameroun, le Cabinda, les Iles Canaries et la Kabylie.
Le Président Macky Sall peut mesurer là, combien, il serait imprudent d’aller négocier avec le Mfdc sur les rives du Potomac, aux USA, siège d’une diabolique officine désireuse de morceler les pays africains.
http://www.maliweb.net/politique/chroniques/mali-au-beau-milieu-du-merdier-au-seuil-partition-babacar-justin-ndiaye-554222.html