Le solaire, nouvel or noir du désert ?
Les étendues désertes du Sahara recèlent-elles la source d’énergie qui se substituera au pétrole dans les décennies à venir ? Des projets sont d’ores-et-déjà à l’étude.
Détail de centrales solaires projetées par TuNur dans le désert tunisien (TuNur http://www.tunur.tn/ )
Selon ces rapports, dans 36 ans, le photovoltaïque représenterait jusqu’à 16% de l’électricité mondiale, alors que l’électricité générée par le solaire thermique viendrait y ajouter 11% supplémentaires, pour un total de 27%, soit « devant les combustibles fossiles, le vent, hydroélectrique et le nucléaire », assure l’agence. Une combinaison qui permettrait « d’éviter l’émission de plus de 6 milliards de tonnes de dioxyde de carbone par an, ce qui représente davantage que l’ensemble des émissions annuelles des Etats-Unis, ou pratiquement toutes les émissions issues du secteur du transport dans le monde entier. » De quoi faire réfléchir, en effet.
10% de l’électricité britannique en 2018 ?
Dans cette perspective, quoi de surprenant qu’un projet financé par des investisseurs tunisiens et britanniques projette aujourd’hui d’alimenter 2,5 millions de foyers au Royaume-Uni… en 2018 ? Ces investisseurs postulent aujourd’hui pour des fonds gouvernementaux britanniques, afin d’aider à développer l’importation d’énergie solaire générée sous le soleil tunisien. Comme le rapporte le site de la BBC, le projet TuNur pourrait commencer à amener de l’énergie verte en Grande-Bretagne dès 2017, et 20% moins cher que les sources locales d’énergies renouvelables, comme les fermes éoliennes offshore.
Un câble de 2 gigawatts, terrestre et sous-marin, relierait des centrales solaires construites à Kébili (sud-ouest de la Tunisie) au réseau italien. De là, l’énergie pourrait être transportée vers l’ensemble de l’Europe. Outre la Grande-Bretagne, TuNur ne cache pas ses visées sur les marchés allemand, suisse et même… français. Le projet est ambitieux : 2,5 millions de foyers, cela représente 10% de l’ensemble de la Grande-Bretagne.
Le solaire venu du sud pour alimenter le nord, c’était aussi l’un des grands axes lancés en 2008 par l’Union pour la Méditerranée : le fameux Plan Solaire Méditerranéen (PSM). Celui-ci prévoit notamment « la construction de capacités additionnelles de production d’électricité bas carbone, et notamment solaire, dans les pays du pourtour méditerranéen, d’une puissance totale de 20 gigawatts à l’horizon 2020″, avec « la consommation d’une partie de l’électricité produite par le marché local et l’exportation d’une partie de la production vers l’Union européenne, afin de garantir la rentabilité des projets ».
De l’électricité à l’eau potable
Mais les projets solaires actuels ne sont pas forcément axés sur la production d’énergie dans le désert pour l’amener dans les pays industrialisés. Elle peut aussi être un axe important de développement. La fondation Desertec, par exemple, veut alimenter en solaire les industries implantées dans les régions désertiques, mais aussi fournir de l’énergie à des centrales de désalinisation de l’eau de mer, afin de contribuer à résoudre le problème du déficit en eau potable.
Le programme Sahara Solar Breeder, une coopération entre l’université algérienne et le Japon, veut également utiliser l’énergie solaire produite dans le sud du pays pour alimenter les stations de dessalement, mais prévoit également l’utilisation des matériaux mêmes du désert (le silicium contenu dans le sable) pour fabriquer les panneaux photovoltaïques.
Alors, le solaire, l’énergie de demain ? Il y a certes des progrès à faire, notamment dans le rendement des cellules photovoltaïques. Il faut aussi construire les centrales, et ce n’est pas bon marché. La centrale solaire la plus grande du monde, dans le désert des Mojaves (USA), mise en service en décembre 2013, aurait coûté 2,2 milliards de dollars… De quoi se poser des questions sur la rentabilité, mais la recherche fait des progrès. En Inde, un centre de R&D a annoncé qu’il avait divisé par quatre le coût d’une centrale solaire de 1 mégawatt en sept ans, passant de 150 millions de roupies à 35 millions. Alors d’ici 2050, qui sait ?
Le blog de Jean-Paul Fritz sur le site du « Nouvel Obs » : Chroniques de l’Espace-Temps
http://tempsreel.nouvelobs.com/sciences/20141022.OBS2831/le-solaire-nouvel-or-noir-du-desert.html
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