Mouvement
National de Libération de l’Azawad (MNLA)
Délégation spéciale aux droits de l’Homme
Rapport préliminaire sur
les violations deS droits de l’Homme dans l’Azawad
Période couverte par le rapport : Janvier 2012-
Juillet 2014.
Le
23 juillet 2014
Synthèse de : Attaye Ag Mohamed
Membre du MNLA
Délégué
spécial aux droits de l’Homme
Rappel
du contexte
Depuis le rattachement de l’Azawad et ses populations à
l’Etat malien indépendant sous le nom de Mali en 1960, l’Etat malien s’est
constamment livré dans l’impunité totale et dans le silence absolu aux
violations flagrantes et massives des droits de l’homme contre les populations
de l’Azawad que ce soit dans l’Azawad même ou dans le reste du Mali.
Si dans les années 60 le génocide s’est déroulé au fond du
Sahara à l’abri de toutes oreilles et regards indiscrets, c’est seulement dans
les années 90 qu’ont pu filtrés les pires formes de massacres aux relents
fortement génocidaires sans que cela n’émeuve véritablement la communauté
internationale.
Le soulèvement des années 2010 à partir de janvier 2012 a
encore été une occasion pour l’Etat malien de se livrer à un véritable génocide
convaincu de l’impunité que lui garantissent certaines puissances
internationales et l’absence massive de médias dans la zone.
Pourquoi
un rapport sur les DH ?
Le présent rapport est une démarche, d’information en
direction des Etats, institutions et organisations internationales,
s’inscrivant dans la stratégie de lutte contre l’impunité comme un des éléments
fondateurs du mouvement.
Il vise également à accompagner la procédure de dépôt de
plainte engagée par le MNLA auprès des instances internationales chargées de
rendre justice aux victimes de crimes (crimes de guerre, crimes contre
l’humanité et crimes de génocides).
Il est élaboré par la Délégation spéciale
aux droits de l’Homme sous la responsabilité du MNLA.
Contenu
du rapport
Ce rapport préliminaire porte sur les violations effectuées
de Janvier 2012 à Juillet 2014 et présente une
situation non exhaustive des multiples atteintes aux droits de l’Homme.
Il identifie clairement les
responsabilités en matière de violations des DH que ce soit du fait de l’Etat
malien ou d’autres acteurs dont les groupes narco terroristes.
Il souligne le poids du silence
de la communauté internationale qui a assisté impassiblement aux violations
massives des DH sans la moindre évocation.
Le MNLA met l’accent dans le
rapport sur l’exigence de rendre justice aux victimes et de bannir la culture
de l’impunité. Aucun règlement, ni aucun souci de parvenir à la paix ne devraient
se construire sur l’impunité.
Les
violations
Les violations des DH sont de
plusieurs catégories et types. Elles sont presque permanentes, que ce soit en
période de ‘’paix’’ ou de conflit ouvert.
Les populations de l’Azawad sont constamment discriminées
dans l’emploi, dans le recrutement dans les corps de défense et de sécurité
maliens, dans l’administration et dans les services économiques. Elles sont
l’objet de mépris et de clichés négatifs.
Le moindre soulèvement est une occasion pour les forces
armées du Mali de se livrer à des massacres contre des populations civiles sur
la seule base de la couleur de la peau, l’appartenance communautaire (touareg
et arabe). Le discours politique des responsables politiques maliens y compris
au sein du gouvernement encourage les amalgames, la haine raciale et souvent
les appels aux meurtres de leaders touaregs et arabes y compris souvent dans
les médias de l’Etat. Ces discours vont jusqu’à faire l’apologie des groupes
narco terroristes comme le MUJAO, dont certains chefs vivent à Bamako et ont
accédé à l’Assemblée nationale malienne sous les couleurs du parti
présidentiel.
De nombreuses associations et ONG de l’Azawad disposent
d’informations très fouillées et préparent leurs propres procédures de plainte
contre les auteurs de crimes et de violations des DH.
Méthodologie
de production des informations
La production d’un tel rapport a demandé du temps et des
moyens dont le mouvement ne dispose pas forcement.
Ce travail qui n’est pas exhaustif a été réalisé au travers
d’enquêtes auprès des victimes encore vivantes, des ayant droits des victimes
mortes, enlevées, prisonnières ou disparues du fait de l’Etat malien et des
groupes narco trafiquants et autres milices supplétives de l’Etat malien.
Il a été documenté sur
la base d’une présence continue sur le terrain qui a permis de mettre à
jour des charniers et souvent été témoins de telles violations (violences
meurtrières sur les femmes et les enfants à Kidal, attentats à la voiture
piégée…). Il est appuyé par des témoignages sonores, des éléments visuels y compris ceux réalisés
par les médias internationaux.
Le recueil des témoignages est effectué à partir de la
méthodologie d’enquête selon le modèle standard du Haut Commissariat aux Droits
de l’Homme (UNHCNUDH).
Les rapports et les enquêtes de différentes agences
internationales (Human Right Watch, Amnesty International, rapporteur spécial
sur le Mali, Médias…) complètent les sources d’informations qui ont servi à
élaborer ce rapport.
De toute évidence, ce rapport n’est que préliminaire parce
que les exactions et autres pratiques génocidaires de l’Eta malien se
poursuivent encore, parce qu’il n’est pas encore possible pour de raisons de
protection des témoins et des informations sensibles d’en faire un document
complet et exhaustif.
Structure
du rapport :
Plus personne à présent ne peut nier l’évidence des
violations flagrantes et massives des DH par l’Etat malien dans l’Azawad et contre
les azawadiens, surtout.
Doit-on croiser les bras ? Non !!!, non également
à l’impunité. Il faudra éviter que votre
silence ne se transforme en complicité passive !!!.
Aussi, le MNLA vous fournit les informations suivantes dans
la perspective d’engager une ou plusieurs actions tendant à lutter contre
l’impunité pour tous ceux qui se sont rendus et se rendent toujours coupables
de graves violations des DH contre les populations de l’Azawad, d’abord en
premier lieu l’Etat malien, ses forces régulières et ses milices, les groupes
narco terroristes qu’il abrite et qui circulent librement dans certaines
capitales ouest africaines.
A. Compilations de données par tranches de
période
1. Janvier à décembre 2012 : Une
situation relativement moins flagrante
Cette étape correspond au
déclenchement du soulèvement par le MNLA qui en trois mois d’opérations à
chasser l’armée malienne du territoire de l’Azawad. L’armée en déroute et la
présence du MNLA sur le terrain a permis de limiter les violations des droits
de l’Homme, en dehors de certains faits flagrants dont s’est rendue coupable
l’armée malienne et ses mercenaires (bombardement aérien de campements près de
Kidal, exécutions sommaires de personnes civiles et militaires accusées de
soutenir le MNLA, arrestations et disparitions de personnes civiles à cause de
leurs appartenance ethnique…). Cette période a
enregistré près d’une centaine de victimes tuées ou disparues.
L’immixtion de certains Etats
dans le conflit a permis aux groupes narco trafiquants et jihadistes de
supplanter le MNLA sur plusieurs positions avant de se livrer aux violations
des DH (amputations publiques, tortures, supplices) dans les grandes villes
comme Tombouctou, Gao et Kidal.
Les progroms de février 2012
sont connus et ne peuvent nullement être réfuté. Ils se sont produits à Bamako
et Kati en pleins jours du 2 au 4 février 2012, à un jet de pierre de la
principale caserne du Mali, c'est-à-dire Kati, et à deux encablures de la
présidence malienne. Des milliers de maures et de touaregs ont du fuir âpres
avoir payé pour sauver leur tête, leurs biens pillés, les reste saccagé, se
chiffrant à plusieurs milliards de FCFA. Les cas les plus connus : celui
du complexe polyclinique et pharmaceutique ‘’Allama’’ de Kati près de la
caserne. Celui du château d’une ex ministre malienne et de son mari. Le fait
qu’ils soient touaregs était leur seul crime. Et pourtant ce couple était bien
intégré, bien introduit parce qu’amis du Président de l’époque. Elle dirigeait
une grande entreprise de services, fleuron de l’économie malienne !!!
2. De janvier 2013 à maintenant :
Des faits irréfutables constitutifs de
génocide
Au cours de la période de
référence, c’est la phase de violations massives et flagrantes des DH avec des
faits irréfutablement constitutifs de génocide. L’armée malienne, ses milices
revenus à la faveur de l’opération serval s’est livrée à des actes constitutifs
de génocide ; massacres de civils, tortures, enlèvements, exécutions
sommaires, pillage, viol, vols et destruction du socle économique local.
Au cours de cette période au
moins 1100 personnes civiles sans aucune coloration politique ont été
massacrées dont des enfants et des femmes. Plus de 400 personnes ont été
victimes de graves blessures impactant sur leurs vies. Près de 300 personnes
portées disparues suite à leurs arrestations ou interpellations. Des dizaines
de personnes ont succombés aux tortures et mauvais traitement dans les prisons
maliennes de Bamako.
Au plan économique, des boutiques
ont été pillées par des militaires maliens et le reste et livré aux miliciens
casseurs. Plus de 4350 tètes de bétail ont été enlevées aux nomades touaregs et
arabes dans les régions de Tombouctou et Gao. Près de onze (11) milliards de
Ffca extorqués aux civils azawadiens touaregs et maures sans compter les
habitations et véhicules pillés et spoliés.
Les faits constitutifs de
génocides figurent dans le comportement de l’Etat malien qui laisse les médias
y compris ceux qu’il contrôle appeler à raser les touaregs et les maures sur la
seule base de la couleur de leur peau.
(Les
preuves détaillées de ces chiffres figurent dans le support non exhaustif joint
au dossier de plainte).
B.
Le
Droit à la justice internationale :
Du fait de l’impossibilité manifeste de faire valoir les
recours internes (juridictions maliennes), le MNLA mais aussi les organisations
et associations de défense des droits de l’homme de l’Azawad, les victimes, quand
c’est possible, directement, empruntent sans délais les voies de recours
internationaux, pour l’ensemble des périodes de violations des droits de
l’homme.
-
Période
1960 à 2002, le MNLA demandera l’institution d’un tribunal
spécial pour tous les crimes durant cette époque,
-
Période
2002 à maintenant : le MNLA adressera directement ou par
voie d’organismes de DH ou d’Etats qui l’accepteraient une requête au procureur
de la CPI aux fins d’instruire les crimes survenus au cours de cette seconde
étape.
Des rapports de détails sur les
différentes périodes (1960-2002 ;
2002-2014) de violations, sur les
circonstances des faits, des témoignages et sur les identités de milliers de
victimes, seront joints aux différentes plaintes en cours.
C. Mesures
spécifiques :
La Délégation spéciale aux DH du MNLA a
constituée une commission d’experts à ce sujet. Elle est en contact avec des
avocats internationaux et des organisations internationales des DH de part le
monde.
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