dimanche 9 juin 2013

Webdoc : les déplacés du Mali racontent l’attente

http://www.rue89.com/2013/06/09/webdoc-les-deplaces-mali-racontent-lattente-243054


François Rihouay avec Nicolas Servain et Tanya Bindra











475 000 civils ont fui le nord du Mali depuis le début de la crise. Réfugiés dans des camps ou des familles d’accueil, ils racontent leurs parcours.

Au Mali, 475 000 civils ont fui le nord du pays depuis le début de la crise. La majorité d’entre eux sont des « personnes déplacées internes », dans des camps ou des familles d’accueil, au sud du pays.


« Si vous deviez expliquer votre situation à un inconnu lointain, que lui diriez-vous ? »

La question a été posée à plus de cent personnes, déplacées entre septembre et décembre 2012. De Bamako au Pays Dogon, en passant par Ségou et Mopti, les habitants des régions occupées par les groupes armés racontent leur parcours.
« On pensait partir pour deux semaines »

Au-delà des différences ethniques et linguistiques, des modes de vie et de consommation, les Maliens du nord ont une expérience en commun : l’exil forcé.

Beaucoup n’avaient jamais quitté leur ville ou village avant de parcourir, dans la précipitation, plus de 1 000 kilomètres vers le sud du pays.

Les déplacés ont pour la plupart été recueillis chez des parents proches ou lointains, au nom d’une solidarité familiale ancestrale.

Aicha, une mère de famille arrivée de Kidal, se souvient :


« On pensait partir pour deux semaines, le temps que ça se calme. »

Pour elle et ses proches, l’attente du « retour à la maison » dure depuis plus d’un an maintenant.

Idrissa, 72 ans, est venu chercher un kit d’urgence humanitaire à Mopti :


« Nous étions quatre à la maison. Maintenant, nous sommes seize. »
Trop tôt pour parler de retour à la maison

Les ONG ont réagi vite, avec les moyens qu’elles avaient. Le recensement est l’étape la plus fastidieuse. Almahadi Ibrahim, directeur régional du développement social à Ségou, explique :


« Tous n’ont pas connaissance des aides disponibles, ou sont réfugiés dans des zones difficiles d’accès. Et puis, il faut repousser les populations pauvres de nos localités, qui tentent de bénéficier de l’aide aux populations déplacées. »

Certains n’ont pas hésité à tirer profit de la crise pour s’enrichir. À Bamako, Bintou et ses parents ont dû « négocier, négocier pour louer un appartement qui ne soit pas deux fois plus cher qu’aux prix du marché. Ils savaient que nous devions nous loger vite. »

Lancée le 11 janvier 2013, l’offensive Serval a apporté un espoir de retour imminent aux familles des déplacés. Mais dix mois de crise et de pillages ont laissé les villes libérées dans un état de désolation sans précédent.

L’analyse du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) le confirme :


« Il est trop tôt pour renvoyer ces familles chez elles. Nous n’en sommes qu’à la phase de stabilisation. Trop tôt pour parler de reconstruction, aussi, et donc, de retour à la maison. »

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