mardi 11 octobre 2011


Libye: les combattants du nouveau régime en passe de contrôler Syrte
SYRTE — Les combattants du nouveau régime en Libye étaient en passe mardi de prendre le contrôle de la ville de Syrte où les hommes fidèles au leader déchu Mouammar Kadhafi sont poussés dans leurs derniers retranchements, à l'issue de près d'un mois de siège sanglant.
Le Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend la chute de Syrte pour proclamer la "libération totale" de la Libye, ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement chargé de gérer la période de transition jusqu'à la tenue d'élections générales.
"La chute de Syrte sera un moment clé", a assuré mardi le plus haut responsable militaire de l'Otan, l'amiral Gianpaolo Di Paola, tout en précisant que ce ne serait pas "le seul facteur" pris en compte par l'Alliance pour décider de mettre fin aux opérations lancées fin mars.
Outre Syrte, près du village natal de Mouammar Kadhafi qui a gouverné le pays pendant 42 ans, les forces du CNT assiègent l'oasis de Bani Walid, l'autre principal bastion de l'ancien régime, qu'elles espèrent prendre dans le sillage de la chute de Syrte.
Venant du front Est, les combattants du CNT ont pris à la mi-journée le contrôle du QG de la police dans le centre de Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, qui avait été déserté, le saccageant et déchirant les portraits de l'ancien "Guide" en fuite, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Des dizaines de combattants en liesse, klaxonnant et tirant en l'air, ont célébré cette prise symbolique. La joie est cependant retombée d'un coup quand l'un des combattants s'est écroulé, tué sur le coup par une balle tirée accidentellement par sa propre arme.
L'état-major pro-CNT pour le front Est s'est installé sur le toit du QG de la police, situé au milieu de plusieurs bâtiments officiels et dominant la ville, juste au nord de la place centrale, qui était toujours aux mains des pro-Kadhafi.
"C'est presque fait, il ne reste presque plus rien", a assuré l'un des chefs du front Est et de la brigade "Libye libre", Nasser al-Mgasbi, alors que les pro-Kadhafi étaient acculés dans une zone constituée de la place centrale et de secteurs plus au sud et à l'ouest où se concentraient les combats.
Régulièrement, un véhicule pro-CNT passait à toute vitesse pour évacuer un blessé. Depuis vendredi, les combats ont fait plus de 70 morts et des centaines de blessés côté CNT.
Selon les nouvelles autorités, même si quelques poches de résistance subsistent, la prise de la place centrale permettra d'annoncer que la ville est sous contrôle.
"Il nous reste encore deux kilomètres carrés à prendre pour libérer totalement la ville", a déclaré plus tôt dans la journée le commandant de la brigade "Libye libre" et l'un des chefs du front Est, Wissam ben Ahmed.
"Mais notre problème ce sont surtout les familles dont beaucoup ont peur de quitter leurs maisons, utilisées par les tireurs embusqués", a-t-il souligné.
Régulièrement, des convois de véhicules transportant des dizaines de civils et escortés par les pro-CNT sortaient mardi de la zone des combats, essentiellement des femmes, des enfants et des hommes âgés, parfois à bord de voitures de luxe.
"Nous étions 9 familles dans une seule maison, soit 35 personnes, en majorité des femmes et des enfants. Nous avions de l'eau mais pas d'électricité depuis 2 mois, nous nous nourrissions de riz et de pain", explique Youssef Sultane, la quarantaine.
Touché par une balle pendant l'évacuation, il a une jambe ensanglantée et couverte de mouches. Après un bref interrogatoire, les pro-CNT l'évacuent vers un hôpital à l'arrière.
La bataille de Syrte, ville symbole à laquelle les forces du CNT ont donné l'assaut le 15 septembre, a coûté la vie à des centaines de personnes. Depuis vendredi, les combattants pro-CNT ont enregistré plus de 70 tués, selon des sources médicales.
A Bani Walid, vaste oasis au relief escarpé à 170 kilomètres au sud-est de Tripoli, des dizaines de civils ont encore fui la ville mardi, avant qu'une myriade de chars, de pick-up armés et d'ambulances ne s'emparent de la route à une trentaine kilomètres de la ville.
"Nous nous préparons pour la grande bataille de demain", a affirmé Jamal Tomzini, jean, t-shirt blanc et AK-47 en bandoulière. Après un cafouillage qui a coûté la vie à 17 combattants pro-CNT dimanche, les combats sont suspendus, le temps d'unifier les rangs.
Mais le commandement militaire assure vouloir reprendre l'offensive dès mercredi, tout en espérant voir arriver des renforts après la chute de Syrte.
En visite à Tripoli, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a annoncé une aide de 10 millions de dollars à la Libye pour sécuriser les armes de destruction massive et déminer le pays.
Le conflit dans ce riche pays pétrolier a débuté le 15 février par une révolte populaire contre le régime qui s'est transformée en guerre civile ayant fait plus de 25.000 morts, selon le CNT.

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