lundi 4 octobre 2010

Temoignage d'un rescapé d'Aqmi

De notre correspondant à Agadez.
Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour la plupart collaborateurs du groupe nucléaire français Areva et d'un de ses sous-traitants, ont été enlevés à leur domicile d'Arlit, dans la région d’Agadez au nord du Niger. Les otages seraient actuellement retenus par Aqmi aux confins du nord-Mali et du sud de l'Algérie. Aqmi a revendiqué l’enlèvement, assorti d’une menace sur tous les intérêts français dans la région, évoquant un pillage systématique des ressources africaines sans contrepartie pour les populations locales, qui survivent dans un environnement hautement pollué par les multinationales.

Nous avons recueilli auprès d'un ressortissant de la région des détails sur les circonstances de l'enlèvement. Voila sa version :

Les membres d'aqmi sont arrivés entre 2h et 3h du matin le 16 septembre. Ils étaient à bord de 3 vehicules pick up, lourdement armés. Ils parlaient Haoussa (langue locale du Nigéria et du Niger) et un dialecte Tamasheq algérien (langue des Touaregs d’Algérie). Ils ont demandé : "Où sont les blancs ?". Comme il ne savait pas, ils ont commencés à le frapper, le bousculer. L’un d’eux a fait sortir l'épouse de ce ressortissant de la région en la frappant. Elle aussi a refusé de dire là où étaient les français. En cela ce couple a respecté les consignes strictes données par le groupe Areva. Ils ont alors embarqué ce couple de nigériens dans un des 4x4.

D'après ce ressortissant, ils auraient alors fait le tour du quartier et là, seraient tombés sur des gardiens Haoussas, qu’ils ont menacés à leur tour. Ceux-ci leur ont ouvert la porte du couple de Français. Quelques minutes plus tard, un autre véhicule les aurait rejoignait avec d’autres Français enlevés chez Satom un sous-traitant d’Areva qui s’occupe de l’entretien des routes … (Il est à noter qu'Agadez ne dispose même pas de route la reliant à Niamey, la capitale. Sa construction est attendue depuis 15 ans. ndlr).

L’opération du commando a duré 40 mn ou presque, après ils auraient emmenés les français et le couple de nigériens à bord des 3 pick up, 10 km plus loin. Là, les véhicules sont tombés sur 3 autres voitures lourdement armées avec des hommes barbus, armés et habillés à l’afghane.

Après quelques instants passés entre eux à parler et à communiquer par téléphone satellitaire, le véhicule est reparti en direction de l'Ouest jusqu'à une trentaine de km, bien escorté cette fois.

A l'aube, les véhicules sont arrivés à 40 km à l'Ouest d’Arlit dans une sorte de plaine bordée par quelques collines. Là, les ravisseurs auraient fait des signaux avec les phares. La plaine s’éclaira comme en plein jour … avec les phares d’une centaine de vehicules 4x4 lourdement armés qui y attendaient. Les membres d'aqmi se mirent à crier victoire et à prier, pendant qu’un grand homme avec une longue barbe s’avançait vers le groupe d'otages.

Il donna des ordres pour séparer les otages français des otages nigériens. Il aurait posé aux Nigériens des questions sur leur nationalité et leur profession. Certains, plus menaçant lui dirent que les Nigériens n'avaient pas voulu leur montrer les maisons des français et qu'ils méritaient la mort pour complicité avec l’ennemi...
Il réfléchit et leur dit :" Ce sont des pauvres nigériens, laissez les repartir, c’est déjà dur pour eux à Arlit."

Dans un grand tourbillon de poussière, plus de 100 véhicules prirent la route vers le Mali, laissant ce couple de Nigériens à 40 km d'Arlit. Ils revinrent à pieds en ville.

NDLR : En nous basant sur ce témoignage, il semble évident que c’est cette centaine des véhicules qui avait en sa possession les otages français et que c'est cette même centaine de véhicules que les armées mauritanienne et française ont attaqué durant 3 jours. Aujourd'hui, les otages sembleraient être detenus à Timitrene entre les frontières algérienne et malienne. Depuis lors, la France a engagé des négociations via un intermédiaire Touareg.

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