TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
jeudi 4 juin 2009
Niger : L’Oncle Sam dans les sables mouvants du Ténéré
Niger : L’Oncle Sam dans les sables mouvants du Ténéré
par JA08, le 4 Juin 2009 à 10:21
Depuis plusieurs semaines, le Niger est plongé dans une crise politique jamais vécue depuis que le président Mamadou Tandja détient le gouvernail du bateau battant pavillon Niger.
Cet homme qui, sous le fallacieux prétexte que le peuple nigérien lui demande de rester au pouvoir pour parachever ses grands chantiers, a annoncé ordi et urbi la tenue d’un référendum pour adopter une nouvelle constitution qui « répond mieux aux aspirations des populations ». Confronté à l’hostilité des députés face à son projet, le n°1 nigérien n’a pas trouvé mieux à faire que de prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale, en vertu des prérogatives que lui confère la Constitution.
Non content de mettre fin à la marche du pouvoir législatif, ce colonel au sujet de qui on avait vite cru qu’il avait intériorisé les vertus démocratiques ne s’est aucunement embarrassé pour désavouer de manière cinglante la Cour constitutionnelle, qui avait émis un avis défavorable sur l’organisation du scrutin référendaire, arguant que la décision des juges constitutionnels ne s’imposait pas au président de la République.
Et dans un ton martial, il a eu ces propos menaçants : « Je tiens à dire à ceux qui n’ont d’autres expressions et de volonté que de programmer le pire : l’Etat ne saurait accepter ni tolérer que les actes qu’ils seraient amenés à poser débordent du cadre démocratique ». Véritablement, on aura tout vu, car si le ridicule tuait, Tandja, qui ne peut plus se prévaloir du moindre soupçon démocratique, serait déjà mort et conduit là où il se doit. Mais quoi qu’on dise, le message est désormais clair : Tandja tient à son fauteuil et rien ni personne ne pourra l’arrêter.
Seulement, c’est sans compter avec la détermination des partis d’opposition et les centrales syndicales qui veulent lui barrer la route par les moyens dont ils disposent, notamment les grèves et les manifestations de rue. Le ton vient d’être donné lundi dernier au sud-est de Niamey, où des centaines de jeunes se sont opposés, alors que devait être lue une déclaration en faveur du référendum que le chef de l’Etat veut organiser. Bilan des échauffourées entre adversaires et partisans du numéro 1 nigérien : des chaises et des tables du gouvernorat de la région incendiées.
Si l’armée, par sa prompte réaction, a pu limiter les dégâts, il faut craindre que la contagion ne gagne les autres villes du pays avec le risque d’aboutir à une situation intenable. Ce scénario n’est pas à exclure, dans la mesure où tous les ingrédients d’une implosion sociale sont réunis. A force de s’obstiner, Tandja entraînera inexorablement le Niger dans le chaos à moins que l’Armée ne vienne faire le ménage en mettant tout le monde d’accord. Et ce serait dommage pour le pays d’Hamani Diori, qu’on commençait à citer parmi les quelques rares exemples de démocratie en Afrique, un continent réputé pour ses hold-up électoraux et ses tripatouillages de la loi fondamentale. Mais à y voir de près, le Niger est habitué aux troubles sociopolitiques depuis son indépendance.
Le premier président, Hamani Diori, a échappé à une tentative d’assassinat avant d’être renversé par un coup d’Etat militaire le 15 avril 1974 suite à une accusation pour corruption et incapacité à diriger. Le Niger a ensuite été gouverné par un Conseil militaire suprême, sous le commandement du lieutenant-colonel Seyni Kountché. De 1990 à 1991, ce vaste Etat sahélien a connu de graves troubles politiques liés aux affrontements entre des groupes armés touaregs matés par un certain Mamadou Tandja.
Avec la transition démocratique et la tenue d’une conférence nationale souveraine ainsi que l’adoption d’une nouvelle constitution, on pensait que les armes n’allaient plus crépiter à Niamey. Mais hélas ! Les dissensions de la classe politique ont poussé les hommes en treillis à revenir au devant de la scène avec le putsch d’Ibrahim Baré Maïnassara qui, à son tour, a été liquidé physiquement en 1999 par le commandant Malam Wanké dans un contexte de crise économique et social liée à la chute du prix de l’uranium et aux grèves répétées des fonctionnaires et des étudiants.
Si l’actuel homme fort du Niger respectait la constitution, le Niger serait bien parti pour l’alternance démocratique voire pour son développement avec l’uranium et l’or noir que l’on s’apprête à y exploiter en quantité industrielle. Malheureusement, c’est à un coup d’Etat constitutionnel qu’on a eu droit malgré les appels lancés à Tandja de revoir ses ambitions à la baisse en quittant simplement le palais pour une retraite de colonel-président bien méritée. Mais, jusque-là, il est resté sourd et tient à voir le bout du tunnel. Une obstination qui a amené les Etats-Unis et le Canada à donner de la voix pour faire entendre raison au chef de l’Etat nigérien. Ces deux puissances mondiales pourront-elles faire fléchir le maître de Niamey, qui semble résister à toutes les pressions ?
Rien n’est sûr avec le maître de Niamey, lequel paraît avoir perdu la raison. Au contraire, la prise de position des Grands du monde sur cette crise politique pourrait amener le président nigérien à monter sur ses grands chevaux et à clamer haut et fort la chanson bien connue : “Le Niger est un Etat souverain qui ne saurait tolérer les immixtions étrangères dans les affaires du pays”, et patati patata ! C’est dire que même malgré l’intervention de l’Oncle Sam dans les sables mouvants du Ténéré, la tempête qui traverse le désert nigérien poursuivra sa progression.
Adama Ouédraogo (Damiss)
L'observateur.bf
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