samedi 9 février 2013

Par ailleurs, une information diffusée sur le fil Twitter du journal tchadien N'djamena-Matin fait état de 24 soldats tués et de 11 autres blessés au nord de Kidal


Mali : le scénario de la guérilla commence à se dessiner

Mise à jour il y a 42 minutes
  |  Radio-Canada avec Agence France-Presse et La Presse Canadienne
Des soldats maliens arrêtent des suspects qui seraient liés aux rebelles islamistes.
Les divers groupes islamistes ont visiblement opéré un retrait stratégique depuis le début des frappes françaises pour revenir avec des opérations de guérilla.
À Gao, la ville du nord reprise en janvier par les troupes franco-maliennes, a été le théâtre vendredi du premier attentat-suicide dans l'histoire du pays.
Un homme muni d'une ceinture d'explosifs est arrivé à moto devant un groupe de soldats maliens, avant d'actionner sa bombe. L'homme est mort sur le coup et l'explosion a blessé légèrement un soldat. Il transportait sur sa moto un obus qui n'a pas explosé.
Cet attentat a été revendiqué par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). Ce groupe avait promis la veille « des attaques de convois », de poser des mines et « d'organiser des kamikazes ».
Par ailleurs, une information diffusée sur le fil Twitter du journal tchadien N'djamena-Matin fait état de 24 soldats tués et de 11 autres blessés au nord de Kidal, ville sous contrôle des insurgés touareg du MNLA et des islamistes dissidents d'Ansar Dine. Ces deux groupes avaient proposé leur collaboration aux forces françaises, mais avaient demandé que les soldats africains, notamment tchadiens ne pénètrent pas la ville. La France a reconnu que les soldats français avaient à Kidal « des relations fonctionnelles avec le MNLA ».
L'information de la mort des soldats tchadiens n'a été ni confirmée ni démentie par les autorités maliennes ou tchadiennes.
Mercredi, quatre civils ont péri dans l'explosion d'une mine sur la route entre Douenzta et Gao. L'attaque avait été revendiquée par le MUJAO, qui a conseillé aux citoyens d'éviter d'emprunter les grandes routes.
Mandats d'arrêt
La justice malienne a lancé 26 mandats d'arrêts contre des chefs du MNLA et des groupes islamistes armés.  
Parmi les personnes poursuivies, figurent notamment Bilal Ag Achérif (secrétaire général du MNLA), Iyad Ag Ghaly (chef d'Ansar Dine), Oumar Ould Hamaha et Sidi Mohamed Ould Boumama dit Senda Ould Boumama (membres d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, Aqmi), Chérif Ould Attaher dit Chérif Ould Tahar (Mujao).
Alghabasse Ag Intalla, issu d'une des grandes familles touareg de la région de Kidal (Nord), figure parmi les personnes citées comme appartenant à Ansar Dine. Mais depuis le 24 janvier, il dirige le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA). Ce dernier né des groupes armés de la région prône le dialogue avec le pouvoir central à Bamako.
Affrontements à Bamako
Des forces de l'ordre incluant des gendarmes et des militaires ont attaqué vendredi le camp des « Bérets rouges », une ancienne unité d'élite de l'armée malienne. Le bilan fait état d'un mort et de six blessés.

Plusieurs membres de cette unité d'élite, fidèle au président renversé Amadou Toumani Touré, ont été arrêtés en 2012. Ils étaient accusés d'avoir attaqué les positions des « Bérets verts » dirigés par le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d'État contre M. Touré.

L'origine de cet affrontement serait dû à une protestation des  Bérets rouges contre des mesures disciplinaires infligées à certains de leurs membres qui auraient refusé leur affectation dans des zones de combat dans le nord du pays.

Cet incident dans la capitale même du pays pourrait aggraver l'instabilité que vît le pays depuis plus d'une année.
Reprise de Tessalit
Par ailleurs, les forces françaises se sont emparées d'une nouvelle ville dans le nord du Mali, vendredi, arrachant Tessalit - près de la frontière avec l'Algérie - aux insurgés islamistes.
Une représentante de Tessalit a confirmé par téléphone, depuis sa résidence de Bamako, que sa ville a été reprise par l'armée française. Aicha Belco Maiga a dit être en contact avec un collègue qui est toujours sur place.

LU sur twitter. Ndjamena-matin @Ndoune #Tchad-#Mali : 24 soldats tchadiens tués dont 2 officiers et 11 blessés dans une embuscade tendue mardi au Nord-Kidal, 3 chars abandonnés


Mali : les civils menacés par toutes les parties au conflit





Mali : les civils menacés par toutes les parties au conflit

L'armée malienne a commis de graves violations des droits humains
L'armée malienne a commis de graves violations des droits humains au cours du conflit © AFP/Getty Images
[01/02/2013]






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L'armée malienne a commis de graves violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH) au cours du conflit qui continue contre les groupes armés, notamment des exécutions extrajudiciaires de civils, selon les témoignages recueillis par Amnesty International lors d'une mission de dix jours au Mali.
Un nouveau document "Mali : premier bilan de la situation des droits humains après trois semaines de combats tirant les conclusions de cette mission indique également que les groupes islamistes armés ont commis de graves atteintes aux droits humains et violations du DIH, notamment des homicides illégaux et le recrutement d'enfants soldats.
En outre, il est établi qu'au moins cinq civils, dont trois enfants, ont été tués dans un raid aérien dans le cadre d'une opération conjointe menée par les armées française et malienne afin de stopper l'offensive des groupes islamistes armés.
Alors que les combats se poursuivent au Mali, toutes les parties au conflit doivent veiller au respect du droit international humanitaire - en particulier au traitement humain des prisonniers et prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter les dommages causés aux civils. 

Gaëtan Mootoo, chercheur à Amnesty International sur le Mali.

Durant sa mission, la délégation d’Amnesty International a mené ses recherches dans les villes de Ségou, Sévaré, Niono, Konna et Diabaly.

Des exécutions extrajudiciaires et arrestations arbitraires

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Amnesty International a recueilli des témoignages indiquant que, le 10 janvier 2013, soit la veille de l'intervention française, l'armée malienne a arrêté et exécuté de manière extrajudiciaire plus d’une vingtaine de civils, principalement dans la ville septentrionale de Sévaré.
Des témoins oculaires ont raconté qu’ils avaient vu des soldats jeter les corps de plusieurs personnes dans un puits dans le quartier Waïludé à Sévaré.
"Une fois que les corps ont été jeté au fond du puits, ils ont tiré des rafales à deux ou trois reprises", a déclaré un témoin.
Plusieurs personnes ont évoqué la façon dont les forces de sécurité maliennes ont apparemment ciblé des personnes soupçonnées d’avoir des liens avec les groupes islamistes armés - souvent sur des bases ténues, telles que les vêtements qu'ils portaient ou leur origine ethnique.
Beaucoup de gens ont réellement peur d'être arrêtés, voire pire, par les militaires. Les forces de sécurité doivent veiller à ce que les civils soient protégés de toutes représailles sur la base de l’appartenance ethnique ou de sympathie politique présumée.Gaëtan Mootoo
Les autorités doivent ouvrir immédiatement une enquête indépendante et impartiale sur tous les cas d'exécutions extrajudiciaires par les forces armées, et suspendre tout membre du personnel de sécurité soupçonné d'implication dans des violations des droits humains.
De plus, l'armée malienne a procédé à l’arrestation arbitraire de personnes soupçonnées de liens avec les groupes islamistes armés. Amnesty International s'est entretenue avec plusieurs détenus qui ont déclaré avoir été battus ou maltraités durant leur détention.
Par ailleurs, Amnesty International a recueilli des témoignages d’homicides illégaux perpétrés par les groupes islamistes armés.
Un témoin a raconté que des membres des groupes armés islamistes avaient sommairement tué cinq soldats maliens blessés ainsi qu’un civil dans la ville de Diabaly les 14 et 15 janvier, après sa prise par des groupes islamistes armés.

Recrutement d’enfants soldats

En outre, Amnesty International détient des informations selon lesquelles des membres des groupes islamistes armés ont enrôlé de force et eu recours à des enfants soldats dans leurs rangs.
À Diabaly, plusieurs personnes ont raconté qu’elles avaient vu des enfants, certains âgés de dix ans, armés de fusils aux côtés des combattants islamistes.
À Ségou, Amnesty International a pu s'entretenir avec deux enfants soldats en détention - dont l'un présentait des signes de déficience mentale.
Le garçon était silencieux, abattu, et n'était pas en mesure de nous parler – il semblait absent » a déclaré Gaëtan Mootoo.
Le recrutement d'enfants soldats doit cesser immédiatement, et tous ceux qui se trouvent dans les rangs des groupes islamistes armés doivent être libérés.

Des frappes de l’armée malienne et française

Il existe également des indices troublants sur la mort de cinq civils - dont une mère et ses trois jeunes enfants - tués dans un raid aérien lancé dans le cadre d'une contre-offensive menée par les armées française et malienne.
La frappe s'est produite le matin du 11 janvier 2013, le premier jour de l'intervention française, dans la ville de Konna.
Des responsables français ont déclaré à Amnesty International qu'ils n'avaient pas effectué de frappe à cette heure à Konna tandis qu'un membre du gouvernement malien et un haut responsable militaire malien ont confirmé à l’organisation qu'une opération conjointe avait commencé à cibler la ville dans la matinée du 11 janvier avec la participation de l’armée française.
Il est absolument impératif que la France et le Mali ouvrent une enquête afin de déterminer qui a effectué cette attaque. Les résultats doivent être rendus publics dans leur intégralité afin que l’on puisse déterminer s'il y a eu violation du droit international.Gaëtan Mootoo

vendredi 8 février 2013

INTERVIEW DU COLONEL HASSANE AG MEHDIR Le Front Populaire de l'Azawad opte pour le fédéralisme au Mali


INTERVIEW DU COLONEL HASSANE AG MEHDIR Le Front Populaire de l'Azawad opte pour le fédéralisme au Mali

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COLONEL HASSANE AG MEHDIR
COLONEL HASSANE AG MEHDIR
Le Colonel Hassane Ag Mehdir, ex-rebelle et ex-intégré, est un transfuge du MNLA malien. Des dissensions internes l'ont amené à créer son propre front avec lequel il aspire participer aux négociations pour le retour de la fin de la guerre au Mali et l'ouverture des négociations avec tous les fronts rebelles en vue de l'instauration du fédéralisme au Mali. Lisez plutôt !


Je suis le colonel Hassane Ag Mehdir, secrétaire général du front populaire de l'azawad. C'est un front créé il y a plus de six mois dans lequel on retrouve presque toutes les ethnies du nord Mali à savoir les songhoi, les arabes, les peulhs et les touaregs. C'est un mouvement qui n'est ni indépendantiste ni jihadiste.
Le Courrier : Qu'est ce qui vous a conduit à la création de ce front ?
Colonel Hassane Ag Mehdir: Dans le cadre du MNLA auquel nous appartenions, il y avait une certaine insistance sur le mot indépendance. Bien sûr que nous voulons l'indépendance, mais chaque chose a son temps et son approche. Nous avons jugé nécessaire compte tenu du fait que le MNLA était trop attaché à l'indépendance du territoire de l'azawad qui est au demeurant impossible à obtenir, et compte tenu des nombreuses approches auprès du MNLA dans le sens de faire un pas en avant, nous nous sommes retrouvés dans l'obligation de créer le front populaire qui n'est ni indépendantiste ni jihadiste dans le seul but de ramener les gens petit à petit à la raison. Parce que ce n'est pas facile d'obtenir actuellement cette indépendance.
Vous n'êtes donc pas d'accord avec la déclaration de l'indépendance de l'azawad ?
Pour qu'il ait déclaration de l'indépendance de l'azawad il faut qu'il y ait la concertation et l'avis de tout le monde. Je vous le disais, nous sommes un mouvement populaire dans lequel toute chose, toute orientation se doit d'être populaire parce que cela concerne tout le monde. C'est seulement l'implication de tous les acteurs qui nous fera avancer, et c'est ce schéma que nous suivons. Par rapport au MNLA, sa déclaration et sa démarche, la différence entre nous n'est pas grande. Car malgré cette diversité rien ne nous éloigne, surtout quand le MNLA revient à des meilleurs sentiments en reconnaissant que l'indépendance n'est pas possible.
Et nous constatons depuis peu que le MNLA s'est donné une nouvelle orientation politique qui se résume à impliquer tout le monde, puisqu'il sait qu'il n'est pas le seul mouvement à parler au nom des populations de l'azawad. Il y a aussi d'autres mouvements comme le MAA, le FPA et le MIA qui vient de passer à la table des négociations. Une négociation qui se doit d'aboutir à l'unification de tous ces mouvements pour qu'il ait un objectif commun et une plate forme commune afin de trouver une solution définitive à ces problèmes. Sinon tant que ce problème continuera à être traité de façon superficielle, je ne pense pas qu'une solution définitive puisse être trouvée. De 1960 à ce jour on soigne le haut de la plaie, moi je pense qu'il faut aller au fond de la plaie, il faut approcher les populations afin d'organiser des assises qui permettront de dégager des solutions parfaites et définitives.
A vous entendre vous êtes plutôt favorables à l'intégrité territoriale du Mali dans sa diversité ?
Bien sur nous voulons un azawad dans un Mali fédéral et pourquoi pas ? Les problèmes dont souffrent les populations du nord Mali résident d'abord dans le faible taux d'alphabétisation, ensuite dans l'absence d'infrastructures scolaires et sanitaires. Avec la solution qui sera trouvée j'espère que les choses vont aller de l'avant. Pour le FPA les problèmes du nord Mali ne peuvent être solutionnés que dans la concertation de toutes les communautés qui l'habitent. Et cela n'est possible que dans un Mali fédéral.
Les autorités maliennes sontelles au courant de l'existence du FPA ?
Le FPA est créé il y a plus de 6 mois avec une large médiatisation à l'époque. Et même lorsque je suis arrivé ici dans le cadre de la recherche des solutions à nos problèmes, l'ambassadeur du Mali est la première autorité à me recevoir. J'ai profité pour lui transmettre la documentation nécessaire. Le FPA tout comme les autres fronts sont pour la paix, ils sont antiterroristes. Certes nous avons des revendications, et c'est cela même qui traduit qu'il y a des problèmes et explique tous ces soulèvements.
Et quelles sont vos revendications ?
Ce sont les mêmes que vous connaissez depuis les années 1960. Il s'agit de la négligence du nord Mali (à partir de Sevaré vous vous croirez dans un autre pays et le même Mali). Et la solution à ce délaissement ne peut être trouvée que par les maliens eux-mêmes.
C'est donc cette situation que vous décrivez qui vous a conduit à quitter les rangs de la gendarmerie malienne au profit du MNLA avant de créer le FPA ?
Oui ! Mais avant de rejoindre la gendarmerie malienne j'étais chef de guerre de la rébellion de 1990 au sein du front populaire pour la libération de l'azawad. C'est de là que j'ai rejoint l'armée tout en sachant que le nord est délaissé. Et je fais partie de ceux qui n'ont jamais repris les armes. Mais aujourd'hui je suis arrivé à un stade où il fallait que je sauve ma tête. Pour revenir aux divergences avec le MNLA, aujourd'hui qu'il a compris que ce qu'il veut n'est pas possible, je ne vois plus ce qui nous sépare. Nous avons le même objectif à savoir être dans un nord Mali qui s'autogère luimême dans un Mali fédéral.
Certains prétendent que c'est la France qui vous a aidé pour asseoir votre expansion dans l'azawad ?
Je pense que je peux dire que c'est faux, parce que vous savez bien que la rébellion qui est étiquetée de touarègue regroupe toutes les ethnies du nord. Et pour ce qui est des islamistes, ils existent depuis longtemps au Mali. Nous avons même eu dans le cadre de l'armée à les combattre. Mais faut-il à cause de leurs actes oublier les droits de ceux qui ont fait la rébellion comme si leurs revendications n'étaient pas justes et fondées? Même si en réalité je préférais en tant que musulman parler plutôt de terroriste que d'islamiste. Dans le cadre de la prise de trois régions du Mali, quand l'armée s'est retirée il se trouvait qu'ils étaient déjà là avec leur drogue et leur argent. A l'époque il y avait deux choix : soit replier et éviter le massacre des populations, soit se massacrer avec eux et créer un génocide. C'est pourquoi l'armée s'est retirée. L'opinion sait maintenant qui est qui et qui est avec qui.
Est-ce que vous adhérez à la démarche de la France ?
J'adhère à toute démarche qui vise à nettoyer la mauvaise graine pour éviter tout ce qui est peut nuire à la population. Mais je reste sceptique face aux comportements de ceux qui ne sont arrivés sur le terrain que pour tuer et piller. Je pense que si nous voulons la paix dans un Mali unique et fort, la première des choses c'est le respect mutuel, ensuite que chacun comprenne que ni la France, ni les Nations Unies ne peuvent tenir le nord sans nous. Car c'est nous seulement qui le connaissons et le maitrisons puisque c'est nous qui l'habitons. C'est pourquoi nous estimons qu'il faut négocier avec nous qui représentons la totalité des ethnies de ce terroir. Pour ce qui est du financement des terroristes, je ne saurais vous dire son origine parce que nous n'avons rien de commun. Nous avons soulevé une rébellion avec des objectifs déterminés, dignes et qui sont connus depuis 1963, c'est à cela que nous nous attelons avec les populations.
Etes vous prêts à vous asseoir sur une même table de négociation avec le MOUJAO ?
Surtout pas ! Parce que le MOUJAO est placé dans un cadre dans lequel je ne suis. Je suis prêt à travailler avec le MAA, le MNLA, le MIA, bref tout ce qui est laïc et qui n'est pas indépendantiste. Je suis prêt à fondre le FPA dans tout ce qui peut apporter une solution définitive à ce problème. Je suis pour la laïcité et la forme républicaine de ce pays. Aujourd'hui la réalité commence à se faire visible avec cette guerre. Et d'ici peu on ne retrouvera sur le terrain que les autochtones qui défendent leurs causes et non des mercenaires. De l'envoi des troupes de la CEDEAO, je pense que c'est une bonne chose surtout quand on sait que ces troupes ont l'expérience requise puisqu'ayant déjà intervenu en Afrique pour ce genre de situations. Néanmoins il faut bien que l'opinion comprenne que pour sécuriser il ne s'agit pas de placer des hommes à Gao ou à Tombouctou. L'azawad qui représente les 3 /4 du territoire malien ne saurait être sécurisé que par les autochtones qui le maitrisent.

Le MNLA affirme rejeter l'extrémisme et vouloir des négociations avec Ba...

Pour retrouver un chant qu’elle a enregistré 40 ans plus tôt dans le Sahara, Monique Brandilly, ethnomusicologue, décide de retourner dans le désert, et de partager sa quête avec les nomades.

Pour retrouver un chant qu’elle a enregistré 40 ans plus tôt dans le Sahara, Monique Brandilly, ethnomusicologue, décide de retourner dans le désert, et de partager sa quête avec les nomades.
Auteur / réalisateur : Gilles Santantonio
52 minutes - ©Mille et Une Productions / Films du 1000 pattes 
Diffusion : ARTE (2004)


Musiques du désert from Mille et Une Productions on Vimeo.

Mali : il est temps de reconnaître le peuple touareg !


Mali : il est temps de reconnaître le peuple touareg !

Les frontières coloniales ont engendré moult conflits et devraient être plus conformes aux désirs des peuples, notamment afin d’éviter que ceux-ci se radicalisent... Le problème malien remonte à la création, en 1960, d’un État central tenu par la tribu noire-africaine des Bambara qui domine le Nord touareg.
Atlantico
un vent nouveau sur l'info





De l'avant

Publié le 4 février 2013
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Peut-on faire encore comme si le peuple Touareg – et donc berbère - n’existait pas ? Peut-on encore nier que les frontières coloniales ont engendré moult conflits et qu’elles devraient être plus conformes aux désirs des peuples, notamment afin d’éviter que ceux-ci se radicalisent ? Les droits à l’autodétermination que la "communauté internationale" (en fait les États puissants de la planète) a accordé dans les années 1990-2010 aux séparatistes slovènes, croates, bosniaques ou albanophones face à l’Etat central serbo-yougoslave, ou encore aux chrétiens-animistes du Sud Soudan (désormais indépendant), longtemps massacrés par les Arabo-musulmans du Nord Soudan, peuvent-ils être refusés aux Berbères du Nord Mali ?
On peut répondre à cela que le droit international est fondé sur le sacro-saint dogme de "l’intangibilité des frontières", y compris celles qui sont le fruit d’un découpage colonial sommaire. Mais il est aussi clair que, faute de liquider physiquement les Maures et les Berbères du Nord Mali, honnis par les ethnies noires-africaines du Sud du pays, le fait de nier la "question touareg" et des minorités équivaudra à créer une "bombe identitaire à retardement" pour les futures générations maliennes.
Rappelons que les Touaregs du Mali sont membres de la grande famille des "Amazighs" et qu’ils parlent une langue berbérophone, le Tamasheq, qui vient lui-même du mot Tamazigh (berbère). Globalement, les Berbères vivent dans des États dominés soit par des nationalistes arabophones, soit par des tribus noires-africaines (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie, Mauritanie, Niger, Mali, etc). La plupart du temps, ils sont contraints de parler l’arabe ou l’une des langues nationales africaines au détriment du Tamazigh ou du Tifinagh. Ils sont pris en tenailles entre l’arabisation intensive et la domination des noirs-africains, souvent descendants d’esclaves et donc épris de revanche...
Le problème de fond au Mali remonte donc à la création, en 1960, d’un État central tenu par la tribu noire-africaine des Bambara qui domine le Nord touareg et Maure. Car au Nord du Mali, bien qu’étant laïques et hostiles à l’islamisme radical, les Berbères touaregs cohabitent depuis longtemps avec des Arabophones maures bien plus islamisés et qui pourraient être des ennemis, mais qui sont comme eux perçus comme des intrus "blancs" par les ethnies noires africaines du Sud. Tandis que les Touaregs ont repris leurs aspirations autonomistes, les arabo-musulmans se sont réislamisés sous le double effet de la réislamisation de l’Etat malien lui-même et de l’influence du salafisme venu des pays du Golfe.
Ainsi, depuis les années 1980, avec le remplacement du panarabisme par le panislamisme, les indépendantistes berbères d’Afrique du Nord et sahélienne ont connu un vaste mouvement de réveil identitaire, fort bien décrit dans l’ouvrage du leader kabyle Ferhat Mehenni : Le siècle identitaire, la fin des empires post-coloniaux (éditions Michalon, 2010), qui explique que la démocratisation couplé au réveil des identités et aux moyens de communication modernes aboutira tôt ou tard à une redéfinition des frontières post-coloniales, ce qui célébrera enfin, selon lui, la "seconde décolonisation".
Les mouvements laïcs touaregs du Nord étant traditionnellement hostiles à l’islamisme, le fait que certains de leurs groupes rebelles aient rejoint des "terroristes islamiques" arabophones a semblé paradoxal. Mais il convient de distinguer entre l’internationale islamiste salafiste, composée de groupes algériens et locaux comme AQMI et le Mujao (Maures arabophones), plus ou moins affiliés à Al-Qaïda, et l’islamisme malien plus spécifiquement touareg comme Ansar Dine. Clef du problème, ce mouvement dirigé par l’ancien leader de la rébellion touareg des années 2000, Yad Ag Ghali, a été co-créé très récemment par le régime algérien, qui voulait ainsi affaiblir le mouvement touareg laïque du MNLA et qui craignait plus que tout la création d’un Etat berbère à ses portes, susceptible de réveiller les vélléités indépendantistes des Kabyles algériens.
Rappelons que lorsque le MNLA conquit tout le Nord Mali en mars 2012, l’armée malienne décampa et ne combattit même pas les Touaregs. L’intégrité du Mali avait déjà volé en éclat. Dans ce contexte fort préoccupant pour Alger, le chef d’Ansar Dine, Yad Ag Ghali, ex-leader touareg de la rébellion de 2006 qui conclut un accord de paix avec Etat malien en 2009, enragé de ne pas avoir été choisi pour diriger le MNLA par la jeune garde du mouvement touareg laïque, accepta la proposition d’Alger de créer une nouvelle entité islamiste touareg suffisamment bien dotée militairement et financièrement par Alger, le Qatar et l’Arabie saoudite pour réussir à annuler la victoire des Touaregs laïques et créer un prétexte pour discréditer le nouvel Etat berbère du Nord, devenu un “fief d’Al-Qaïda”...
L’intérêt commun d’Alger et des monarchies islamistes du Golfe étant de couper l’herbe sous le pied aux révolutionnaires laïques touaregs. Abandonné à la fois par les capitales africaines, occidentales et arabes, le MNLA dut donc affronter seul tous les mouvements islamo-terroristes (AQMI – MUJAO -Ansar Dine) lourdement armés et financés pas seulement par la drogue et les prises d’otage mais par les pétromarchies salafistes du Golfe qui leur ont ainsi permis de recruter d’anciens combattants MNLA alléchés par l’argent salafiste... C’est ainsi qu’en quelques mois, le MNLA s’est fait voler sa victoire par les islamo-terroristes et a tenté de "sauver les meubles" en contractant une alliance tactique, certes contre-nature, avec les Salafistes, ceci en échange de droits culturels. Pour le leader du Mouvement mondial berbère, Belkacem Lounès, l’Algerie de Boutéflika a donc joué un jeu plus que trouble, en démontrant, par son pouvoir de nuisance, qu’aucune paix n’étant souhaitable sans Alger. Selon Lounès, "si il ne s’agissait que d’un conflit entre Touaregs et l’Etat malien, la question serait déjà réglée depuis longtemps, car les Touaregs sont légitimes au Nord Mali et ont droit à une auto-détermination, leur capacité combattante leur permettant de repousser l’armée malienne et donc d’avoir l’avantage sur le terrain. Sans l’action extérieure d’Alger et des pays arabo-musulmans du Golfe, qui tirent les ficelles des mouvements islamistes du Nord Mali et d’ailleurs, ennemis fort "utiles" pour discréditer l’autodétermination des Touaregs, l’équation malienne serait moins difficile à résoudre…".En conclusion, on ne pourra pas éradiquer les fondements du terrorisme islamiste au Nord Mali par une simple intervention militaire venant en appui d’un Etat central malien divisé et considéré comme hosile et illégitime par le Nord. Aucune solution de long terme n’est viable si elle nie la volonté d’autodétermination des Touaregs de l’Azawad, et donc si elle n’a n’associe pas réellement le MLNA aux discussions et aux opérations sur le terrain. Pour l’heure, l’intervention française n’a pas réconcilié les deux parties, car depuis qu’ils sont libérés des Jihadistes, les Touaregs et Maures du Nord Mali subissent des représailles d’une extrême violence de la part des Maliens noirs revanchards du Sud, ce qui ne risque pas de favoriser la paix…

En savoir shttp://www.atlantico.fr/decryptage/mali-est-temps-reconnaitre-peuple-touareg-alexandre-del-valle-627664.html#q45Lpux6xyQJQMJ0.99 



Alexandre Del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue renommé. Éditorialiste à France Soir, il enseigne les relations internationales à l'Université de Metz et est chercheur associé à l'Institut Choiseul. Il a publié plusieurs livres sur la faiblesse des démocraties, les Balkans, la Turquie et le terrorisme islamique.

En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/mali-est-temps-reconnaitre-peuple-touareg-alexandre-del-valle-627664.html#q45Lpux6xyQJQMJ0.99