vendredi 10 août 2012

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Azawad : éviter un nouvel holocauste

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Par Le Matin DZ | Il y a 7 heures 10 minutes | 380 lecture(s) | Réactions (0)
L’option militaire dans cette région mènera à une catastrophe humanitaire de grande ampleur.
Le MNLA est le seul mouvement capable de chasser les narco-islamistes de l'Azawad
Comme dans le cas de la crise libyenne, le pouvoir algérien fait porter au pays des positions qui compromettent ses intérêts, remettent en cause sa sécurité, et mettent en péril son intégrité. Sans réévaluation des positions qui ont été les "siennes" dans la crise de Libye, l’Algérie ne peut adopter que des positions consternantes dans les deux crises qui frappent l’Azawad et le sud du Mali.
Les gesticulations de la Cédéao
Obnubilée, jusqu’à l’hypnose, par la situation en Asie du sud-ouest, la "communauté internationale" n’accorde que peu de priorité à la situation du Sahel. L’Algérie, nonobstant sa proximité avec cette zone crisogène, adopte la posture de l’autruche. Elle ferme les yeux pour faire disparaître les périls qui s’amoncellent à ses frontières. Sous l’impulsion de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao), la gestion actuelle des crises du Mali et de l’Azawad se fourvoie dans l’occultation du coup d’Etat du 22 Mars doublée d’un dialogue compromettant avec des groupuscules islamistes, maillon important du terrorisme international, du narcotrafic mondial et des réseaux de traite d’êtres humains. Toutes ces choses que la «communauté internationale» est sensée condamner et combattre !
L’Algérie est reléguée à un rôle marginal, périphérique au rôle pivot que s’est octroyé la Cedeao. Mais, quel intérêt avons-nous, nous algériens, à feindre ignorer la réalité de la situation qui prévaut à Bamako ? Celle d’un pouvoir de fait concentré entre les mains du Capitaine putschiste Sanogo. Pourquoi feignons-nous croire et donnons-nous crédit aux gesticulations de pantins qui figurent des autorités de transitions ? Les faits et gestes de ces « autorités », s’ils ne sont pas imposés à partir du camp de Kati, sont au minimum soumis à son approbation et à son veto.
Nous sommes loin de l’obligation que s’est faite l’Union africaine (UA), à sa création, de mettre hors la loi et de déjouer toute prise de pouvoir par les armes. La Cedeao plutôt que de déjouer le coup d’Etat du 22 mars lui fournit, en avalisant des institutions transitionnelles guignolesques, un camouflage qui enrobe le pouvoir réel de la junte du capitaine Sanogo. Celui-ci dans une attitude digne de la taqiya islamiste, rentabilise à merveille la situation.
Le premier biais fait à l’analyse de la crise au Sahel est donc celui-là : Au-delà des déclarations des uns et des autres, rien absolument rien n’est réglé dans la partie sud du Mali. La focalisation sur la seule crise du Nord, est donc suspecte, voir criminelle.
La Cedeao bafoue le droit en se rendant complice de la junte du 22 mars. Non seulement elle s’évertue à induire les opinions publiques africaines et mondiales en erreur ; elle s’apprête à aller plus loin et entend faire des hommes du capitaine Sanogo l’ossature de son intervention au Nord. Elle se place donc en totale illégalité au regard des fondements de l’UA.
Le MNLA, un ange en enfer
Au Nord, dans l’Azawad, l’œuvre de manipulation et de désinformation n’en est pas moins importante. Les biais y sont aussi nombreux. Les mêmes acteurs qui s’attèlent à sauver les apparences au sud, dénaturent la réalité des faits dans l’Azawad.
Même si l’actuel soulèvement des populations des provinces du nord contre Bamako apparait comme une onde de choc de la chute du pouvoir de Mouammar Kadhafi, ses racines plongent jusqu’au moment de l’accession du Mali à l’indépendance. La revendication d’auto-détermination de ces populations date du moment même de l’accession à l’indépendance.
Durement éprouvées par les sècheresses répétitives, complètement délaissées en matière de développement socio-économique, ces populations ont payé lourdement leurs précédents soulèvements. Pourtant, la légitimité de leurs revendications a été reconnue par les accords auxquels ont aboutis les médiations algériennes [2]. Ces accords prévoyaient à chaque fois un rééquilibrage entre les prérogatives du pouvoir central et celles des échelons régionaux. Condition idoine pour permettre une meilleure intégration des populations du Nord dans les institutions et les appareils d’Etat. L’autre revendication légitimée par les accords d’Alger et de Tamanrasset, est l’exigence d’un effort singulier en matière de développement socio-économique de ces régions situées aux confins du Mali.
Bamako n’a jamais tenu sa parole, elle ne s’est jamais astreinte au respect de ses engagements. Les seules mesures prises dans le prolongement de ces accords sont celles dilatoires d’incorporation de quelques dignitaires aux clientèles du pouvoir central, et aux réseaux de trafic en tous genres. Le but évident est celui de coopter une aristocratie locale qui puisse être retournée contre les populations.
Paradoxalement, et bien plus que les accords d’Alger et de Tamanrasset, c’est la politique Targui de Mouammar Kadhafi a été un facteur de « stabilisation » du Nord Mali. Cette politique a retardé le soulèvement que les reniements de Bamako rendaient inévitable. Sans les ressources que procurait leur enrôlement dans les Bataillons de Kadhafi, les populations de l’Azawad se seraient soulevée depuis de nombreuses années.
Echaudées par les précédentes issues à leurs rebellions, les populations de l’Azawad se sont soulevées sous la bannière d’une nouvelle élite, une nouvelle génération de militants. Plus jeunes, plus instruits, mais malheureusement, marqués par une perception quelque peu naïve des réalités du monde actuel –. C’est avec une certaine innocence qu’ils se méprennent sur l’importance des proclamations de principes et qu’ils sous-estiment les froids calculs de la real politique -.
Tout en refusant de verser dans un combat ethniciste ou communautariste, le MNLA donne une perspective nationale au combat des populations de l’Azawad. Il se proclame laïc, républicain et démocrate. Il se pose en cadre fédérateur, et unificateur de toutes les populations des provinces du nord. Son poids était prédominant au début du soulèvement. Son ancrage dans la société largement démontré. Le MNLA, paraissait une synthèse réussie entre des idéaux universels et les spécificités locales. Mais, dans ce monde qui n’a que faire des grands idéaux, tant qu’ils ne servent pas des intérêts tout aussi inavouables qu’occultes, le MNLA n’avait d’autres appuis qu’une population exsangue, éprouvée par des décennies d’épreuves, de famines et de répression.
Les groupes islamistes, un greffon malin
Dans cette région, oubliée des dieux, les groupuscules islamistes se sont incrustés de longue date. Ils y évoluent en marge d’une société qui leur est pour l’essentiel impénétrables [3]. Ils se sont ingénus à établir un modus vivendi avec elle. Cette société leur est en tout points incompatible. Société fortement marquée par le matriarcat, et par un islam populaire, soufi, qui aux yeux des nouveaux prophètes apparait comme un islam hérétique. Sans aller à sa propre destruction, cette société ne peut donner prise à l’idéologie misogyne, rigoriste et patriarcale des intrus.
Le terrorisme islamiste tente bien de se donner un ancrage local par des alliances matrimoniales contractées avec des membres de castes inférieures ou de groupes périphériques minoritaires, mais cette démarche s’inscrit dans le long terme et ne pèse pas encore de manière significative dans la crise actuelle.
Par contre, la reconversion d’anciens chefs de guerre targuis, dans les trafics en tout genre se trouve être à la base de la collusion entre les groupuscules islamistes et la faction mafieuse du soulèvement du Nord.
Le Qatar, Hmida [4] des temps modernes
Sous l’effet de facteurs exogènes, la situation dans l’Azawad a connu une rapide dégradation. La position dominante qu'occupait le MNLA au début du soulèvement est battue en brèche grâce à l’afflux de financements qataris au profit d’Iyad Ag Ghali.
Dépourvu de tout soutien international, le MNLA ne pouvait résister au déferlement des pétrodollars de l’émirat gazier. Cette manne financière permet au chef des Ançar de siphonner les effectifs mobilisés par la nouvelle génération de jeunes loups qui n’ont, pour leur part, que leur idéalisme à offrir en partage.
L’autruche régionale, que nous sommes devenus, est bien trop niaise pour avoir l’idée de contrecarrer une telle démarche belliqueuse. L’audace du Qatar ne se limite plus aux attaques virtuelles par ondes jazirienne. Elle devient une présence militaire directe dans notre premier périmètre [5]. Comble de cette niaiserie, ce micro-Emirat continue encore à disposer de larges latitudes d’accumuler des intérêts financiers sur notre territoire.
La situation est, à ce point, malsaine que tout le monde en vient à lier langue avec les groupuscules islamistes : Tout, tout sauf le MNLA semblent-ils répéter en chœur !!
Les roulements de tambours, qui s’amplifient à l’Ouest de l’Afrique, semblent avoir, entre autres fonctions, de légitimer le dialogue avec les islamistes. Le message subliminal semble être : "Après tout, si cela devait permettre d’éviter la guerre, pourquoi pas !!?". Mais, qui a dit que la guerre pouvait être la solution aux crises du Mali ? Et, même, qui dit que la confrontation avec les groupuscules islamistes est évitable ?
La Cedeao, un bien mauvais va-t-en-guerre !
L’option militaire, dont l’issue sera sans le moindre doute une catastrophe humanitaire digne de l’holocauste, ne va rien régler. La démarche de la Cedeao va définitivement légitimer le pouvoir de la junte du 22 mars. Le capitaine Sanogo, pour faire oublier sa forfaiture contre l’Etat malien et recycler son pouvoir de fait, appelle cette intervention de tous ses vœux. Une intervention qui en aucun cas ne pourra venir à bout des groupuscules islamistes [6]. Les islamistes, conscients des dangers auxquels les expose leur immixtion dans la crise de l’Azawad, se sont emparés de positions défensives fortes. Ils se sont précipités dans les villes pour en faire des places fortifiées, protégées par des boucliers humains géants.
Les populations de Gao, Tombouctou et Kidal, tenues par la force sont l’élément central de la stratégie de défense des islamistes. Tous ceux qui, aujourd’hui, battent les tambours de l’intervention militaire, qu’ils s’annoncent déterminés à l’action directe ou au seulement au soutien logistique voient clairement cette Shoa annoncée. Et pourtant, ils paraissent ignorer cet évident gros nez qui trône au milieu de la face d’un monde hideux. Un monde guidé par la quête du profit et de la rapine. Est-ce à dire qu’il n’y a d’autre choix que de composer avec les groupes djihadistes, comme le suggèrent les audiences qui leurs sont accordées ? Loin de moins une telle idée.
Intangibilité des frontières et droit à l’auto-détermination
L’impasse serait-elle totale ? Non, absolument pas. D’abord, l’examen de la crise de l’Azawad dans son historicité illustre largement la patience et la bonne volonté des populations du nord. Dans le même temps, la démarche, exhume les graves reniements du pouvoir de Bamako. La responsabilité de la remise en cause de l’entité malienne est, incontestablement, imputable exclusivement au Sud. La prétention, actuelle, du pouvoir fantoche qui y est en place, et dont les ficelles sont tirées par la junte du camp de Kati, à défendre l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation doit être examiné à la lumière de ce lourd passif, fait de reniements et manquements à la parole donnée, de marginalisation et de répression des populations du Nord.
Il est temps de poser la question de savoir si l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation [7], disposition pratique retenue à la création de l’OUA, est opposable au principe, consacré par le droit international, qui énonce le droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes ?
La hiérarchie à établir entre ces deux éléments de droit saute aux yeux. Si l’intangibilité des frontières est opposable aux velléités belliqueuses dont peuvent se rendre coupables des Etats voisins, opposée au droit d’auto-détermination des peuples, elle perd toute pertinence et légitimité. Cette intangibilité est, en quelque sorte, une disposition conservatoire, qui n’est opposable qu’aux Etats, et entre les Etats. Si elle vient à prendre le pas sur le droit des peuples à s’autodéterminer, principe qui a fondé et légitimé les luttes de libérations nationales, elle devient un principe colonial négateur de la souveraineté des peuples. Il en découle, à l’évidence, que la question nationale Azawad est incontournable, et que dans cette crise le MNLA est le seul interlocuteur qui puisse peser pour une réelle solution équitable et durable.
La communauté internationale, au travers de l’Union africaine et de l’Organisation des Nations unies, sauf à renier ses valeurs, devrait trouver un intérêt majeur à la crédibilité du MNLA. C’est là, la condition capitale pour l’isolement du noyau narco-salafiste de Ançar Eddine, et pour la liquidation des groupuscules du GSPC et du Mujao.
Les solutions aux crises du Mali passent, autant, par la mise en échec du coup d’Etat du 22 mars, que par l’isolement des groupuscules djihadistes incrustés au nord. Comment y parvenir ?
Transition au Sud, autodétermination au Nord
La Cedeao, pour peu qu’elle le veuille réellement, peut jouer un rôle déterminant dans la résolution de la crise au sud. Elle devra aider à engager une réelle transition qui déjoue le coup d’Etat du 22 mars. Au nord, par contre, cette organisation régionale ne dispose pas, en propre, de réelles capacités d’action autonome, sauf à verser dans une aventureuse opération militaire au concept flou, aux moyens dérisoires, dont l’enlisement est certain et l’issue assurément dramatique pour les populations de l’Azawad.
Si le risque d’une intervention militaire est de provoquer un drame humanitaire majeur, la solution elle, est l’évitement de ce drame humanitaire. Il faudrait, dans le cadre des opérations du chapitre VII de la charte des Nations unies [8], monter une opération humanitaire de grande ampleur [9] qui déjoue la tactique que les islamistes ont mise en place. Ils se sont précipités au cœur des trois centres urbains de l’Azawad afin de se placer dans un terrain qui leur est « favorable » et qui maximise le coût humain de leur délogement.
L’objectif prioritaire doit, donc, être de soustraire les populations civiles au contrôle des islamistes. Il s’agit de prendre conscience, et de faire prendre conscience à ces populations, qu’elles sont en situation d’otages. En demeurant dans ces villes elles constituent les remparts des groupes salafistes. Aucune intervention militaire digne de ce nom ne peut ignorer une donnée aussi essentielle, sauf à ce qu’elle soit sous-tendue par des visées scélérates.
En soi, cette prise de conscience sera une première défaite des groupes terroristes. Les populations n’ont pas à confronter ces djihadistes. Il faut aménager des camps d’accueilssuffisants pour accueillir toutes les populations qui pourront être soustraites de ces villes-prisons. D’autant plus qu’il sera facile d’accueillir ces populations au vu qu’une grande partie est d’origine nomade.
Il ne faut pourtant pas se faire d’illusion. Il sera difficile de soustraire l’ensemble de la population au piège qui s’est renfermé sur elle. L’essentiel est de modifier les caractéristiques du champ de la confrontation pour le rendre le plus hostile possible aux groupes islamistes. Cela définit un concept d’opération qui peut recevoir l’aval des institutions internationales. Un concept où l’action militaire est un accompagnement d’une action humanitaire majeure. Le volet militaire combinera maillage et contrôle des pourtours des villes, infiltration de commandos au sein du champ de confrontation pour en disputer le contrôle au GSPC et au Mujao, et dans le surtout pour inverser le siphonage des effectifs combattants locaux dans le sens Anàar à MNLA. Dans toutes ces questions, les combattants du MNLA s’avèreront irremplaçables. Dans son efficacité et ses chances de réussite, la partie imposition de la paix est totalement dépendante de l’implication du MNLA.
Cette démarche d’ensemble nécessite des moyens conséquents. Les Etats de la région et les institutions internationales consentiront-ils à les mobiliser ? En tout cas l’international islamiste n’hésite pas à mettre ses moyens au service des greffons islamistes. Sans une implication internationale, il sera impossible de contrecarrer l’influence qatarie qui a su se substituer au rôle qu’avait occupé Kadhafi dans cette zone. C’est seulement à la condition de cette implication que l’Azawad sera le tombeau du GSPC, du Mujao et narco-salafiste d’Iyad ag Ghali. A contrario, le Sahel-istan est déjà en place.
Le Conseil de sécurité des Nations unies s’honorerait à engager un traitement de la crise de l’Azawad qui fasse la part belle à une véritable démarche humanitaire. Il le ferait encore plus si, pour le volet imposition de la paix, il s’appuyait sur les forces africaines, celles des Force africaines en atente (FAA) et du le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) dont se sont dotés les pays du champ [10].
La stabilisation des situations au nord et au sud du Mali, ouvrira sur le traitement des causes de fond de ces crises répétitives qui frappent cette région. Il sera possible de discuter de la perspective de la refondation d’un Mali unitaire régionalisé, de la création d’un Etat fédéral ou encore de la création de deux entités distinctes qui cohabiteront dans la paix et la coopération.
Mohand Bakir
[1] Holocauste : termes utilisé pour désigner le génocide des juifs par l’Allemagne nazie.
[2] Extrait du Pv de conciliation adjoint l’accord de 1991 [cosigné par Iyad ag Ghali] "Les deux parties ont convenu que les populations des trois régions du nord du Mali géreront librement leurs affaires régionales et locales par le biais de leurs représentants dans des assemblées élues, selon un statut particulier consacré par la loi.
Dans ce cadre, les assemblées locales constituées d'un organe délibérant et d'un organe exécutif réglementent dans tous les domaines liés à leurs spécificités en matière économique, sociale et culturelle. Ces assemblées élisent en leur sein leurs représentants qui se constituent en un conseil consultatif régional chargé de délibérer sur toutes questions intéressant les trois régions. Dans le cadre du développement régional, 47,3% des crédits du Quatrième Programme d'investissement seront affectés à ces trois régions."
[3] Contrairement à ce qu’affirment certains analystes, qui affirment que les groupes terroristes «sévissent dans un milieu coreligionnaire présentement non hostile
[4] Ele3ab Hmiha, errecham Hmida !
[5] Cf les révélations sur l’encadrement des camps d’entrainement des insurgés Libyens, et celles relatives au déplacement de conseillers dans l’Azawad.
[6] Le Conseil de Sécurité de l’ONU a refusé de donner une suite favorable aux sollicitations de la Cedeao.
[7] Au moment où de par le monde se rapprochent pour former des ensembles régionaux de plus en plus intégrés ; Il est regrettable que les pouvoirs africains n’aient d’autres ambitions que de maintenir cet héritage colonial.
[8] Donc sous l’autorité du Conseil sécurité de l’ONU.
[9] Qui n’a rien à avoir avec les quelques efforts d’accueil de réfugiés.
[10] A l’exclusion des forces maliennes tant que la crise au sud du Mali ne trouve pas de solution.

NORD-MALI : Le président du HCI fait la leçon au Mujao

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NORD-MALI : Le président du HCI fait la leçon au Mujao
« Le Mali a toujours pratiqué et pratiquera un islam modéré. C’est aux Maliens de décider s’ils veulent d’une charia. Une solution négociée est possible avec Ançar Eddine puisque ce sont des Maliens, nés et grandis au Mali« . C’est El hadj Mahmoud Dicko, le président du Haut conseil islamique (HCI), qui parlait en ces termes jeudi matin sur RFI, revient d’une mission au nord. Il s’est dit optimiste sur une issue de la crise et manifesté son dégoût des islamistes du Mujao.
« Ceux qui veulent appliquer la charia au Mali doivent être chassés hors du territoire« . Le message de Mahmoud Dicko, président du Haut conseil islamique du Mali est clair et l’allusion est faite au groupe de rebelles du Mouvement unifié pour le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Parti au nord pour rencontrer les rebelles et jeter les bases d’une discussion, le président du HCI a regagné Bamako et était l’invité d’Afrique-Matin de RFI, le jeudi 9 août.
Le Haut conseil islamique du Mali est contre la charia que veut imposer les islamistes du Mouvement unifié pour le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et est d’avis que ces étrangers doivent être boutés hors du territoire malien. C’est la conclusion à laquelle a abouti Mahmoud Dicko le président du Haut  conseil islamique en tournée la semaine dernière à Gao.
Le président du HCI était la semaine dernière à Gao, une des trois régions du Nord du Mali, occupées par les groupes islamistes rebelles Ançar Eddine et le Mujao depuis le 1er avril 2012. Cette visite entre dans le cadre des négociations entreprises par les autorités maliennes et le burkinabé pour chercher une issue pacifique à la crise.
Interrogé par Radio France internationale le président du HCI a affirmé n’avoir pas pu rencontrer le chef d’Ançar Eddine Iyad Ag Ghali, mais soutient que son organisation était prête pour un dialogue dont les contours sont encore à déterminer lorsqu’un gouvernement d’union nationale sera mis en place et lorsque ces groupes rebelles se seraient concertés pour négocier d’une seule une même voix.
Trafiquants sans vergogne
A entendre M. Dicko, le Mali n’a nullement besoin de la charia que le Mujao se propose d’instaurer sur notre sol. « Si charia il devait y en avoir au Mali, ce serait aux Maliens dont 95 % sont musulmans d’en décider et pas des étrangers« , a martelé El Hadj Mahmoud Dicko qui a estimé qu’une solution négociée est possible avec Ançar Eddine.
Quant au Mujao, une franche dissidente de l’organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Haut conseil islamique est d’avis que ses éléments, essentiellement, des combattants  étrangers soient chassés du territoire.  Le Mujao est aussi supposé avoir des liens avec l’organisation terroristes Boko Haram. Ses  activités préférées sont le trafic de drogue et la prise  d’otages.
Des vices jusqu’à une époque récente inconnus et non pratiqués par les Maliens et autres ressortissants ouest africains. Dès lors, on comprend maintenant pourquoi le médiateur dans la crise, le président du Faso, Blaise Compaoré, a demandé dès sa première rencontre avec le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar Eddine que ces deux groupes rompent leurs liens avec les organisations terroristes.
Au vu de l’évolution de la situation au nord caractérisée par les défaites du MNLA à Gao et dans d’autres localités, la destruction des mausolées et la détermination à appliquer la charia, le Mujao, après avoir combattu et chassé Ançar Eddine (une hypothèse plausible), pourrait avoir la suprématie et s’installer en maître incontesté au nord. Un scénario que ne veut point la communauté internationale parce que consciente que dans une telle hypothèse le prix à payer pour la libération serait plus fort pour le Mali et la communauté internationale.
Denis Koné
Source: Les Echos

La médiation de la CEDEAO : une posture ambiguë et troublante
La plupart des observateurs de la Sous-Région savaient déjà, c'est un secret de polichinelle, que des pays du champ entretiennent des relations troubles avec les groupes terroristes et mafieux qui sévissent dans l'AZAWAD depuis des années.

Les rôles sous-traités par ces groupes terroristes et mafieux sont de divers ordres. La redistribution des rançons, le prélèvement et l'affectation des redevances sur le trafic de la drogue, des armes, des migrations, la dissuasion des investisseurs et touristes en brandissant la menace de prises d'otages et autres sabotages sur les sites, représentent de substantielles rentes dont ne profitent pas seulement que les narco terroristes.

Le Mali et certains de ses voisins, dont les accointances avérées avec tous ces criminels s'activent à Gao, Tombouctou, Kidal, depuis le déclenchement des hostilités par le MNLA suite aux répétitives provocations de l'Etat malien.

A présent, apparaissent, au grand jour, les grandes manœuvres de certains Etats, empêtrés dans leurs relations troubles avec les groupes islamo-narco-terroristes, pour sauvegarder et perpétuer leurs intérêts dans l'AZAWAD.

La démarche actuelle consistant à prendre langue avec tous les « groupes armés », sous couvert d'un dialogue inclusif, est une tentative de « réhabiliter » Ansar Eddine, dont tout le monde sait les accointances et l'engagement indéfectible avec AQMI, afin de permettre à cette organisation d'adouber les deux autres que l'on ne peut directement associer.

Faudra-t-il rappeler qu'aucun de ces groupes, qui sont de plus en plus fréquentables pour la médiation, n'a jamais déclaré la guerre au Mali, encore moins posé clairement des revendications. Ils sont tous venus porter secours au Mali, en faisant subitement irruption dans l'AZAWAD, dans le sillage des offensives du MNLA contre les forces armées maliennes, avec le seul but de mettre en échec la lutte d'indépendance du Peuple de l'AZAWAD. Ces groupe obscurantistes exécutent des plans de mentors malintentionnés et se positionnent comme des alliés en service commandé pour le Mali.

Les initiatives de la médiation de la CEDEAO depuis quelques mois et particulièrement, la démarche spécifique du mardi 7 août 2012 (déplacement du ministre burkinabé des affaires et étrangères à Gao et Kidal) est troublante, ambiguë et suscite de nombreuses interrogations.

La médiation est-elle plutôt en train de blanchir des groupes islamo-narco-terroristes, pour perpétuer des pratiques mafieuses et terroristes, comme à l'époque du régime ATT (Amadou Toumani Touré), pour le grand bonheur de certain Etats du champ.

Des Etats qui fournissent à des terroristes autant d'appuis au grand jour, à Gao, Kidal et Tombouctou.

Qu'y a-t-il à recevoir, discuter et négocier avec des islamo-narco-terroristes détenant des otages, lapidant, flagellant, amputant des citoyens et détruisant les monuments millénaires d'une civilisation autochtone ?

Cette offensive n'aurait-elle, en définitive, pour seul but que de rendre fréquentables aux yeux de la communauté internationale, ces groupes islamo-narco-terroristes ?

Il n'est pas normal que ces mêmes pays, reçoivent, discutent et négocient (quoi ? ) avec ces terroristes, dans le seul but de les rendre fréquentables aux yeux de la communauté internationale.

Il est immoral et choquant dans le drame qui se joue au Sahel de constater que pour l'instant les seules sympathies et empathies exprimées, mais aussi soutiens logistiques, ne vont qu'aux groupes terroristes !!!

Décidément la défense des droits de l'homme, la quête de la démocratie, de l'état de droit, de la laïcité, n'ont pas cours dans l'environnement de l'AZAWAD.

L'engagement pris par le MNLA de bouter hors de l'AZAWAD, le terrorisme et les mafias, s'est donc retourné contre lui.

La communauté internationale devra faire preuve de vigilance, sortir de sa torpeur, afin de prévenir le génocide qui se profile à l'horizon contre le Peuple de l'AZAWAD.


Fait à Nouakchott, le 9 août 2012


Hamma Ag Mahmoud

Membre du Conseil Transitoire de l'Etat de l'Azawad (CTEA)

Chargé des relations extérieures et de la coopération internationale
 ·  · 

Si vous voyez aujourd'hui l'Azawad envahi par les terroristes c'est parce que l'ancien régime les a grandement ouvert la porte.Le MNLA tout seul ne peut pas faire la guerre à des gens soutenu par des pays comme le Qatar, l'Algérie, l'AS pour ne citer que cela.Les maliens n'arrêtent pas de parler de la fausse victoire des islamistes sur le MNLA comme si les terroristes font la guerre à leur place.P
ar ailleurs je pense que le MNLA a déjà contribué puisqu’il s'est démarqué d'eux.Le MUJAO, lui est un groupe d'AQMI formé par le Mali.Nous devons faire très attention.Si vous voyez les occidentaux se méfier du gouvernement de Bamako c'est que quelque part, ils ont découvert que ce dernier a un lien direct avec l'AQMI et le MUJAO.Je vous rappelle que le MUJAO est groupe composé d’éléments d'aqmi, de certains trafiquants de drogues arabes et du ganda koy.

L'Azawad, également orthographié Azaouad ou Azaouâd est un territoire presque entièrement désertique situé dans le nord du Mali. L'Azawad est une zone de transition entre l'espace saharien et l'espace sahélien.


L'Azawad, également orthographié Azaouad ou Azaouâd est un territoire presque entièrement désertique situé dans le nord du Mali. L'Azawad est une zone de transition entre l'espace saharien et l'espace sahélien.
Ce territoire est l’objet d’une aspiration à l’autonomie depuis 1958, il est alors sous administration française. Après l’indépendance du Mali en 1960 cette aspiration a pris la forme de « 
rébellions touarègues ». Début 2012, une nouvelle insurrection est déclenchée par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) qui réclame l’indépendance de la zone couvrant intégralement les trois régions du nord du Mali (celles de Kidal, de Tombouctou et de Gao)
Étymologie : Azawad est un mot d'origine tamasheq qui signifie littéralement « le territoire de transhumance » ou « la terre de transhumance ». L'appellation touarègue correspond à peu près à la notion française de « pâturage ».
C'est le berceau des Touaregs : À Essouk, dans l'Adrar des Ifoghas, se trouve un important site de gravures rupestres, daté de 6000 av. J.-C. Devenue une cité caravanière du commerce transsaharien, elle prospère entre le IXe et XIIe siècles, à cette période les migrations de Berbères ont constitué le fond de son peuplement : groupes Lemta et Houara (les paléo-berbères) suivis par d’autres, comme les « pasteurs hamites », les Kel Tadamakat, et ceux venus plus tard de Oualata ou du Maroc. Dans ce creuset d’Essouk s’est cristallisée et s'est développée la culture touareg avant d’essaimer à l’intérieur du Mali et dans les contrées voisines du Niger et de l’Algérie. Dans cette zone se trouvent de nombreuses gravures anciennes en tifinagh.

Mali : la paralysie politique au Sud laisse le Nord sous la coupe des terroristes islamistes

Au nord du Mali, le Mujao, groupe islamiste qui contrôle la ville de Gao et sa région, a amputé la main d’un voleur présumé de la ville d’Ansongo. Le gouvernement de Bamako s’offusque et annonce que ces pratiques rendent inévitable l’option militaire. Mais les autorités maliennes n’ont toujours pas saisi l’ONU pour obtenir son appui au déploiement d’une force militaire régionale.
 Cela ressemble au jeu du chat et de la souris. Les Nations unies réclament depuis plus d’un mois une requête précise à la Cédéao et aux autorités maliennes pour appuyer le déploiement d’une force régionale ouest-africaine au Mali.
Pour justifier cette défaillance, la Cédéao se justifie en expliquant attendre de son côté la demande formelle de Bamako. Mais Bamako, qui n’a toujours pas réussi à constituer de gouvernement d’union nationale, ne répond pas. Et pour cause : les putschistes du 22 mars refusent qu’une force étrangère débarque sur leur sol. Jeudi, dans l’entourage du capitaine Sanogo, on réaffirmait que l’armée malienne n’accepterait qu’un appui en matériel et logistique.
Conférence à Bamako sur la force militaire
Chacun se renvoie donc la balle mais cela n’empêche pas la tenue de réunions des instances internationales et régionales pour constater qu’au nord du Mali la situation est grave.
Depuis jeudi, dans la capitale malienne, des représentants de la Cédéao, de l’Union africaine, de l’ONU et de l’Union européenne, participent à une conférence finale censée définir la partie stratégique de la future force militaire.
Les populations du nord du Mali, qui subissent les cruautés de la charia, doivent s’interroger sur ce qui s’apparente de plus en plus à un jeu de dupe.
Combattants du Mujao dans la région de Gao, le 7 août 2012.
Combattants du Mujao dans la région de Gao, le 7 août 2012.
Reuters
Application sanglante de la charia
Le Mujao, groupe islamiste présent dans la région de Gao, a donc appliqué la charia mercredi 8 août au soir à Ansongo en procédant à l’amputation de la main droite d’un homme accusé d’avoir volé du bétail.

L’amputation infligée à un jeune homme à Ansongo a provoqué une commotion dans le pays
Mercredi matin, les jeunes d’Ansongo sont venus manifester leur dégoût, leur refus de voir un jeune de chez eux se faire couper la main. En vain, les jihadistes du Mujao ont tiré en l’air à l’arme automatique pour les effrayer. Dans un communiqué, le gouvernement malien a parlé d’un « acte ignoble » mais Bamako est impuissant et la population se sent abandonnée.
10/08/2012 par Guillaume Thibault
Autre peine inspirée par la charia, le 29 juillet dernier, à Agelhoc :  un couple accusé d’avoir eu des enfants hors mariage était lapidé à mort. Depuis, dans toute la région, les populations vivent dans la crainte. Ansar Dine et ses alliés d’Aqmi plongent les villages et les bourgs dans l’obscurantisme le plus total. C’est le cas de Tessalit.

Occupée depuis mi-mars par les islamistes, Tessalit n’est plus que l’ombre d’elle-même 
Cette commune, dotée d’un aéroport stratégique, est désormais coupée du reste du monde. Les nouvelles arrivent par bribes, via des nomades qui font la navette avec la ville algérienne de Borj.Selon un habitant, les plus riches et les plus chanceux sont partis. Ceux qui restent vivent désormais le calvaire de la contrainte. Les islamistes d’Ansar Dine ont édicté une règle rigoriste : les femmes ne doivent pas sortir, les hommes doivent impérativement assister aux différentes prières quotidiennes à la mosquée. La sanction est connue : deux prières oubliées, dix coups de fouets. Une femme qui se promène en présence d’un homme étranger à sa famille : 20 coups de fouets.Tout le monde obéit : la peur de l’humiliation publique est trop forte, nous explique un habitant de Tessalit qui a pris la fuite avec toute sa famille. Les hommes d’Aqmi sont là, mais ils restent discrets. Ce sont les hommes de Iyad ag Ghali qui gèrent la ville, l’eau le carburant, mais aussi le centre de recrutement des enfants soldats installé dans les locaux de l’école aujourd’hui fermée. Ils sont 80, de 6 à 14 ans, nous explique-t-on. Les enfants y apprennent le Coran et le maniement des armes.
Tessalit la fière, la ville des musiciens et des tendé connaît aussi les mariages arrangés. Les combattants islamistes prennent des femmes pour échapper au châtiment divin. Des femmes qu’ils abandonnent à leur départ.
http://www.rfi.fr/afrique/20120810-nord-mali-mujao-ansar-dine-charia-amputation-onu

Lettre ouverte des artistes africains

Dernière mise à jour: 10 août, 2012 - 01:47 GMT
Le sud africain Huges Masekela un des signataires de la lettre ouverte.
Des artistes africains ont envoyé une lettre ouverte aux chefs d'Etat et de gouvernement qui assisteront dimanche au sommet mondial sur la faim à Londres.
"Bien que nous réalisions de bonnes œuvres, nous ne devons pas oublier que la vraie solution réside dans un monde où la charité sera devenue inutile." Voilà ce qu'écrivait le grand homme de lettres africain, Chinua Achebe, dans ses nouvelles « Fourmilières de la Savane » (1987).
Notre vœu est que ces mots puissent résonner au plus fort dans les oreilles de ceux qui assisteront au ‘’Sommet sur la Faim’’ ce dimanche à Londres ! Des «bonnes œuvres» seront sans aucun doute réalisées durant le ‘’Sommet sur la faim’’. Nous saluons d’avance les mesures qui seront prises pour atténuer la souffrance des populations.
Au même titre que nous saluons ces initiatives, nous condamnons l’approche dominante – même si elle demeure bien intentionnée - qui consiste à ne considérer que les solutions de court terme (aide d’urgence) sans jamais s'attaquer aux causes profondes des crises alimentaires à répétition pour les empêcher de se reproduire.
Aujourd’hui, il devient urgent de rafraichir nos idées et de construire une Afrique nouvelle où les générations futures ne connaitront la famine qu’à travers les Contes et les livres d’Histoire.
Soyons clairs. Certaines régions d'Afrique sont ruinées par la pauvreté, la faim, la guerre, la corruption et les caprices d'un climat rude et changeant.
Mais, aujourd’hui, la faim sévère touche une grande partie de l’Afrique, du Sénégal à l'Ouest au Tchad, en passant par le Soudan et jusqu’en Somalie à l'Est. Plus de 20 millions de personnes souffrent de la faim.
Les populations affectées ont besoin de notre soutien collectif. Une aide immédiate est nécessaire.
La vérité est que l'Afrique doit être soutenue par des investissements de long terme dans l’agriculture pour aider nos familles en Afrique à apporter suffisamment de nourriture à leurs enfants, construire leur propre avenir, et résister aux défis climatiques à venir.
Ne nous voilons pas la face, la solution se trouve en Afrique - un continent qui regorge de talents, de courage et de ressources.
Les Africains ont besoin d'une relation avec le reste du monde qui les considère pour ce qu'ils sont – sur un pied d’égalité et autour d’échanges équitables.
Nous partageons tous sur cette planète des ancêtres communs, bien que lointains.
Qu’il s’agisse de ceux qui sont restés en Afrique, ou ceux qui ont traversé les continents il y a des millénaires, nous sommes tous africains !
Ensemble nous pouvons construire un avenir en Afrique, où «la charité sera devenue inutile».
Parmi la cinquantaine de signataires figurent entre autres,le sud africain Huges Masekela, Baaba Maal du Sénégal, Oumou Sangaré du Mali.
Le mouvement sénégalais "y' en a marre " y fait également partie.

Niger ex-Tuareg rebel makes a guitar his weapon

BBC
Help
Abdallah Oumbadougou, a former Tuareg rebel, is one of Niger's most renowned musicians.
He recently visited the United Kingdom - for the first time - to play at the Womad festival and at a few concerts in London, where he promoted his new album, Zozodinga.
He also came to our BBC Africa studios and told journalist Olivier Weber about his music and about the situation in neighbouring Mali, where Islamist militants and Tuareg rebels have taken over the north of the country.
"My weapon is the guitar. We should be together and we should live in peace all over Africa," he said.
For more African news from the BBC download the Africa Today podcast
Libye : Mohammed Magarief, numéro un du parti Front national, est élu président de la nouvelle assemblée nationale libyenne.
RFI

jeudi 9 août 2012

Urgent:selon plusieur source a kidal,ansar adine aurais demandé à la population de venir assisté demain à l'exécution de plusieur personne accusé de meurtre...à suivre

Entretien avec Mehdi Taje, géopoliticien, spécialiste des méthodologies de la prospective «Il n’est plus possible de poser la problématique du Maghreb en l’isolant du flanc sud sahélien»


Entretien avec Mehdi Taje, géopoliticien, spécialiste des méthodologies de la prospective
«Il n’est plus possible de poser la problématique du Maghreb en l’isolant du flanc sud sahélien»

Mehdi Taje, diplômé de l’Université Paris V René-Descartes et du Collège de défense de l’OTAN à Rome, poursuit un doctorat à l’Université de Paris la Sorbonne sur «la géographie politique de l’espace sahélien : d’une analyse de la conflictualité à une recherche prospective».

Expert en géopolitique et en méthodologies de la prospective et de l’anticipation, il enseigne ces disciplines à l’Université Virtuelle de Tunis, à l’Institut de Défense nationale (IDN, Tunis), à l’Institut de développement des compétences des hauts fonctionnaires (ENA, Tunis) et à l’École supérieure des Forces de sécurité intérieure. Parallèlement, M. Taje a été jusqu’à mars 2012 et durant sept années expert auprès de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES, Présidence de la République) et a représenté la Tunisie au sein du comité de pilotage du CEMRES (Centre euro-maghrébin de recherche et d’études stratégiques, Dialogue 5+5 au format défense). De janvier à juin 2010, Mehdi Taje a été chargé des questions africaines et sahéliennes à l’Irsem (Institut de recherche stratégique de l’École militaire de Paris). Il continue à y collaborer aujourd’hui en tant que chercheur associé. Il a également apporté son expertise auprès de grands groupes industriels français et tunisiens. M. Taje assure régulièrement des interviews audio et télévisuelle auprès de médias maghrébins et internationaux. Enfin, il est l’auteur d’une monographie sur la géopolitique du théâtre sahélien (NDC Occasional Paper, n°19, décembre 2006) et de nombreux articles balayant de larges champs géographiques (espace sahélien, Maghreb, Afrique, théâtre méditerranéen, terrorisme, prospective, etc.) au sein de revues françaises, tunisiennes, maghrébines et américaines.

Le Matin : Le 22 mars 2012, il y a donc moins de 5 mois, l’armée malienne, au travers d’un coup d’État, limogeait l’ancien président Amadou Toumani Touré. Depuis, c’est une crise politique, une crise humanitaire sans précédent qui prévaut dans un Mali désintégré. Vous travaillez sur cette région depuis plusieurs années. Quelle analyse faites-vous des enjeux de cette crise dans une région marquée par des flux de toute nature, religieux, financiers, démographiques, etc. ?
Mehdi Taje : Tout d’abord, je tiens à préciser que je m’exprime dans le cadre de cet article à titre de chercheur indépendant. L’espace sahélien, tourmenté, sous-administré et sous-défendu est travaillé depuis longtemps par des lignes de fractures et des facteurs de tension justifiant, à la faveur de l’incubateur libyen, l’explosion de la crise malienne, risquant par effet de contagion de déstabiliser toute la zone. En tant que géopoliticien, je crois énormément à la rémanence historique, c’est-à-dire à la nécessité d’inscrire les événements sur le temps long de l’histoire afin de ne pas se laisser abuser par le poids du présent, du sensationnel et de la géopolitique spectacle, trop souvent véhiculée par certains médias. En ce sens, relativement aux événements secouant le Sahel et notamment la crise malienne, il convient de prendre de la hauteur. En tenant compte de cette idée, l’espace sahélien, véritable polygone de crises, générateur de conflits ulcéreux, est travaillé par des lignes de fractures inscrites dans le temps long de l’histoire et qui continuent à produire leurs effets, et par des éléments plus récents se surajoutant et amplifiant la vulnérabilité de ce champ. Nous pouvons citer ainsi la géographie même de cet espace, dite désertique, favorisant une remise en question des frontières établies par les États, l’étatisation post-coloniale de l’espace ayant bouleversé les frontières ethniques et les modes de vie traditionnels, notamment la libre mobilité des hommes et des biens, caravanes, commerce, transhumance et nomadisme. C’est ce télescopage entre l’autorité étatique et l’autorité traditionnelle des populations nomades touaregs, Toubous au Tchad, etc., qui participe à l’explication du système de conflit que constitue la crise malienne.
Deuxième facteur central, de nombreux conflits sahéliens trouvent leur origine dans la fracture Afrique blanche-Afrique noire matérialisée par la traite d’abord islamo-arabe puis européo-coloniale, souvent renforcée par l’instrumentalisation, voire la complicité, de populations noires (ethnies différentes et rivales). Lors de la décolonisation, de nombreux États regroupant administrativement des populations caractérisées par de lourds contentieux historiques, notamment les ethnies victimes de la traite, doivent assurer la cohabitation de tribus ayant participé activement au sein de l’ancien appareil négrier. Second aspect de cette ligne de contact, la plupart des États situés entre les latitudes 10° Nord et 20° Nord sont caractérisés, dans leur architecture interne, par une fracture Nord-Sud qui traduit in fine, une opposition avant tout ethnique entre populations blanches, souvent arabisées, et populations noires.
Ainsi, au Mali, l’opposition fondamentale est celle des Blancs, Maures et Touaregs et des ethnies africaines noires. La rébellion est nordiste et touareg. Cette fracture raciale Nord-Sud, ancrée dans l’histoire et à la base d’une profonde conscience ethnico-tribale, paraît difficilement conciliable avec le concept d’État-nation hérité de la décolonisation et du monde occidental. Les implications philosophiques de cette question sont lourdes de conséquences.
Comment, en effet, envisager que les Touaregs, anciens dominants à l’égard des ethnies du Sud, puissent accepter la domination de ces mêmes ethnies, consacrée par le colonisateur et l’État malien suite à la décolonisation ? De véritables murs d’incompréhension, voire de haine, se sont progressivement érigés, paralysant toute initiative de construction d’un véritable sentiment national, indispensable à l’émergence d’un État-nation. Tant que cette problématique ne sera pas surmontée et posée de manière claire, sans dérobade, il n’y aura aucune solution durable à la crise malienne. Nous pouvons citer d’autres facteurs s’inscrivant dans le temps long de l’histoire : l’opposition centre-périphérie, la fracture religieuse sacralisant les antagonismes ethniques, tout en étant rarement à la base de la conflictualité sahélienne, l’impact du colonialisme qui sut jouer habilement des rivalités des différents acteurs en s’opposant à la poussée musulmane dominatrice et esclavagiste venant du nord par un soutien tactique aux populations noires les plus vulnérables. La colonisation n’a fait qu’instrumentaliser les rivalités entre les différentes ethnies et les peurs des plus vulnérables qui cherchaient à échapper à la pratique de la traite musulmane et aux razzias, afin d’ancrer et de consolider son emprise. C’est ainsi que lors de la décolonisation, les antagonismes, les rivalités et les haines «en sommeil» émergèrent à nouveau, plongeant le théâtre sahélien dans le chaos des guerres civiles ou des conflits dits internes.
Comme évoqué précédemment, à ces facteurs historiques se juxtaposent de nouveaux facteurs fortement déstabilisateurs : la profonde défaillance politique et économique des États sahéliens, incapables d’assumer les attributs de leur souveraineté sur l’ensemble de leur territoire et de s’ancrer à la modernité, les sécheresses et famines amenées à s’amplifier compte tenu des effets attendus du réchauffement climatique, la pauvreté, la précarité économique et sociale et le manque de perspectives d’avenir pour toute une jeunesse désœuvrée, l’explosion démographique, la montée en puissance des trafics en tous genres et notamment du trafic de drogue en provenance d’Amérique Latine, le terrorisme incarné essentiellement par AQMI, les rivalités et tensions entre États sahéliens, les ingérences des puissances extérieures instrumentalisant divers facteurs de tensions afin de mieux contrôler les richesses avérées et potentielles (Pétrole, gaz, uranium, fer, or, cuivre, étain, etc.), les effets induis de la guerre en Libye, etc. En effet, la déstabilisation de la Libye, suite à l’intervention de l’OTAN, a libéré des forces (dissémination d’armes sophistiquées, retour massif de réfugiés sahéliens et de Touaregs armés incorporés à l’armée de Kadhafi), aboutissant au réveil de la rébellion touareg au Mali, matérialisée par l’attaque le 17 janvier 2012 par le MNLA de nombreuses localités et garnisons militaires du nord Mali. La suite, nous la connaissons ! En reprenant l’interjection du Sphinx à Œdipe : «Comprends ou tu es dévoré».

Mali, Niger, Burkina Faso, Algérie, Mauritanie... Quels sont les pays touchés par cette crise ?

Aujourd’hui, le Sahel, fortement tourmenté, est caractérisé par le développement de logiques de chaos : des espaces d’anomies émergent, risquant d’engendrer une déstabilisation durable de ce que j’appelle l’océan sahélien (mer de sable), mais aussi, par effet induit, du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest, d’où l’empressement manifesté par la CEDEAO de se saisir de la crise malienne. Néanmoins, cette crise, comme évoquée précédemment, est complexe, à l’image d’une équation mathématique à plusieurs inconnues. Encore faut-il donc en saisir tous les aspects et ne pas se laisser abuser par le jeu des uns et des autres. Afin d’aboutir à une solution durable, encore faut-il poser le bon diagnostic ! Il me paraît important d’insister sur un point : l’éclatement d’un foyer d’instabilité au Sahel menace la stabilité et la sécurité des pays du Maghreb sur le long terme. Ces deux théâtres forment des espaces conjugués avec des développements coordonnés inhérents à leur histoire et à leur géographie communes, caractérisés par de fortes interdépendances et aux destins intimement liés. Les liens de causalité sont forts, aboutissant, selon le concept de liaison des effets de Castex, à l’émergence d’une entité géopolitique que nous pourrions qualifier d’entité maghrébo-sahélienne qui correspond au concept d’océan sahélien. Il n’est plus possible de poser la problématique du Maghreb en l’isolant du flanc sud sahélien. Une concertation permanente s’impose entre les pays du Maghreb sur le présent et l’avenir de la scène sahélienne. Malheureusement, nous en sommes loin !

L’Algérie qui a toujours suivi le dossier de cette crise, on se souvient des accords entre Alger et Bamako passés en 2006, détient-elle une partie de la solution ? Quelle est sa position par rapport à une indépendance de l’Azawad ?

Vous avez parfaitement raison pour les accords d’Alger de 2006, mais également relativement à la médiation intervenue afin de permettre la signature du pacte national du 11 avril 1992. Ces accords, ne se saisissant pas des problèmes de fond, n’ont fait que geler temporairement les antagonismes. La suite nous la connaissons. Relativement au rôle de l’Algérie, la situation est extrêmement complexe et il convient d’être prudent et de garder à l’esprit que la zone sahélienne fixe des intérêts particuliers et multiples par elle-même, mais elle ne se suffit pas à elle-même.

À l’égard de cet espace, l’Algérie, le Maroc et antérieurement la Libye développent des dispositifs diplomatiques, militaires et secrets obéissant à des calculs d’hégémonie et de neutralisation de l’autre. Les rivalités sont vives, l’enjeu étant de s’assurer le leadership sur un Sahel tourmenté et vulnérable, mais offrant de multiples opportunités. Néanmoins, Alger, compte tenu de son histoire, de la présence de Touaregs sur son territoire et de ses ambitions à l’égard de son flanc sud sahélien, développe depuis de longues années une stratégie complexe qui se distingue. Là encore, en tant que chercheur, je me dois d’être prudent et je ne pose que des hypothèses de travail pouvant contribuer à livrer des clefs d’intelligibilité. Sans nier, et j’insiste sur ce point, l’existence d’un noyau dur d’islamistes radicaux vecteurs d’un message politico-religieux et ayant recours au terrorisme et à la violence armée, une deuxième clef d’analyse permet de mieux cerner la complexité et la portée d’AQMI au Maghreb et au Sahel. À l’intérieur de l’État algérien se situent des centres de décision et d’action aux stratégies divergentes. Leur existence s’explique par une lutte interne pour le pouvoir et le contrôle des richesses nationales.
Dans le cadre de cette lutte, des hommes pivots du mouvement armé du GSPC, devenu AQMI, seraient aux ordres d’un clan disposant de puissants relais au sein des services algériens. L’ampleur des actions entreprises, aussi extrêmes soient-elles, ne serait ni plus ni moins que des messages adressés aux clans adverses.
En ce sens, il convient d’opérer une distinction fondamentale entre commanditaires avisés, cyniques, poursuivant des objectifs stratégiques ou personnels et les exécutants instrumentalisés, simples pions sur un échiquier, mais fondamentalement imprégnés par la noblesse de leur cause.

Ainsi, dans le cadre d’une stratégie de sous-traitance, AQMI serait-elle un instrument d’influence entre les mains de clans algériens générant une rente stratégique monnayable auprès des Occidentaux. Toutefois, les opérations d’AQMI n’obéissent pas toujours aux commanditaires, eux-mêmes en rivalité : il arrive que des opérations, notamment au Sahel, échappent à leur contrôle, reflétant une volonté d’autonomisation des monstres à l’égard de leurs maîtres, se retournant ainsi contre l’Algérie elle-même et la région tout entière. C’est une piste permettant de mieux comprendre AQMI, ainsi que la multiplication de groupes terroristes dans le nord du Mali, tels que le MUJAO, etc. Alger a utilisé les forces et les faiblesses du Mali à son avantage. Certaines forces proches du pouvoir ont instrumentalisé AQMI et d’autres groupes, à des fins strictement algériennes, au détriment de la région. Lorsque d’autres factions algériennes rivales sont victimes de ces initiatives, elles renforcent le gouvernement malien. Encore une fois, le jeu algérien est complexe.
Certes, l’Algérie a envoyé des instructeurs dans le nord du Mali et participé à l’équipement de l’armée malienne afin de lutter contre AQMI. Certes, Alger a piloté de nombreuses réunions à l’échelle régionale et internationale tout en créant en avril 2010 le CEMOC (Comité d’état-major opérationnel conjoint) visant à coordonner les efforts des pays du champ (Algérie, Mauritanie, Mali et Niger) dans la lutte contre le terrorisme. Cependant, ce CEMOC semble centré sur les intérêts algériens, trois pays du Maghreb (Maroc, Tunisie et Libye) étant toujours exclus de cette structure, ce qui témoigne de la persistance de démarches désarticulées, souvent déterminées par la sourde défiance qui divise les riverains de l’océan sahélien, alors que la menace dicte une action systématiquement concertée et non exclusive en mesure d’identifier des intérêts convergents vertueux. En dépit de la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du champ tenue le 6 août 2012 à Niamey, face à la minute de vérité, le CEMOC s’est avéré totalement inefficace, marquant l’engagement erroné sur le plan stratégique de l’Algérie.
Pour revenir sur l’Azawad, notion qui n’existe pas sur le plan historique, Alger n’a aucun intérêt à un État touareg indépendant, compte tenu du risque de contagion à l’égard de sa communauté touareg, du risque de balkanisation de son flanc sud sahélien et de la forte probabilité que ce nouvel État soit totalement sous l’emprise des puissances occidentales. Cet état de fait sert la cause marocaine, la crise malienne et les menaces de balkanisation dans la région provoquant une prise de conscience générale quant au danger de multiplier des États fantoches, nécessairement faibles, dans l’espace saharien. Le détricotage de la région ne serait profitable à personne sur le long terme. Il est vraisemblable que les puissances occidentales accorderont au Maroc et à la Libye, le cas échéant, un soutien ferme dans le but d’éviter les risques de chaos ou de somalisation. Néanmoins, il ne s’agit pas d’accabler l’Algérie, car d’autres facteurs et acteurs entrent en considération relativement à AQMI et à la crise secouant le nord du Mali.

Pourriez-vous alors préciser votre pensée relativement à AQMI et la montée de l’islamisme radical dans le nord du Mali ?

Là encore, les choses sont complexes et il convient d’être prudent. Néanmoins, sans nier l’existence d’activités criminelles et d’enlèvements périodiques, il semble opportun de relativiser l’importance d’AQMI, ce «rejeton d’Al-Qaida» qui existe davantage dans l’esprit de certains acteurs, cherchant plus à en tirer profit qu’à l’éradiquer. Une réelle contestation politique islamiste peut dégénérer en violence islamiste du fait de l’accumulation et du pourrissement de frustrations de nature politique et économique (concept de sociétés bloquées). Mais, derrière, peuvent se cacher toutes les manipulations possibles. Pour les criminels parcourant l’océan sahélien, se revendiquer d’Al-Qaida, c’est se donner une dimension et une envergure mondiales permettant de faire monter les enchères lors d’enlèvements ou de toute autre activité criminelle. De fait, la menace salafiste, réelle, car porteuse d’un message politico-religieux, est «mise à la sauce» de toutes les problématiques locales : trafics en tous genres, recherche de rentes, rivalités politiques (Algérie-Libye, Algérie-Maroc, Algérie-Mali, Mauritanie-Mali, Mali-Niger, etc.), conflits d’intérêts entre nomades et sédentaires (Arabes et Touaregs, Maures et Noirs, etc.), poids relatif de l’armée et des services de sécurité au sein des différents pays, appétits des grandes multinationales internationales, etc. Elle ne constitue en tant qu’entité politico-religieuse qu’un irritant aggravant les facteurs géopolitiques et géoéconomiques déstabilisant l’espace sahélien.
Ce que l’on désigne sous le nom d’AQMI ou d’autres noms n’est qu’un conglomérat mafieux pas très homogène composé de bandes aux intérêts disparates, souvent rivales, parfois unies quand elles sont collectivement menacées. Comme le souligne Alain Chouet : «On y trouve trois ou quatre composantes algériennes, deux ou trois composantes touaregs, quelques éléments maliens et mauritaniens. Tout ce petit monde vit essentiellement de trafics et de rapines, sans projet politique ni stratégique au-delà d’un discours convenu pour se légitimer. La débâcle libyenne a été évidemment une aubaine pour certains de ces groupes qui ont récupéré des armes bonnes à vendre sur le marché international ainsi que des “otages” ou des “protégés” de l’ancien régime libyen qui sont également monnayables».
Dans ce cadre, AQMI semble être l’arbre qui cache la forêt, le terrorisme amplifié voilant les véritables enjeux et menaces. Qu’ils s’appellent AQMI, MUJAO, Ançar Eddine ou autre, il s’agit principalement d’acteurs cherchant à tirer profit du désordre sahélien. Ces réseaux mafieux locaux, tel un nodule, se greffent sur un corps malade en se donnant une rhétorique «al-qaidiste» afin de brouiller les cartes d’intelligibilité. Les trafics sont nombreux : armes, véhicules, cigarettes, êtres humains, médicaments, pétrole, avec une fulgurante montée en puissance du trafic de drogue (cocaïne depuis l’Ouest et héroïne de l’Est, érigeant la ceinture sahélienne en véritable «hub du narcotrafic»), etc. Ces trafics ont toujours existé et existeront toujours. Ils ne constituent qu’un élément supplémentaire de déstabilisation sur l’échiquier sahélien.

Au-delà des différents trafics, il y a la destruction du patrimoine culturel et cultuel, le chaos qui accompagne ces opérations et l’exil des populations. Comment analysez-vous cette radicalité ?

Relativement à la poussée de l’islam radical au Sahel et plus précisément dans le nord du Mali, je ne peux que condamner les actes atroces perpétrés au nom de l’application de la Charia par Ançar Eddine et le Mujao, actes terrorisant des populations et menaçant un patrimoine fabuleux inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Néanmoins, là encore, les choses sont complexes et il convient de prendre de la hauteur et de ne pas céder à l’émotionnel. En réalité, ces poussées d’un islam radical s’inscrivent dans le temps long et ont jalonné au cours des siècles l’histoire de la bande sahélienne. Périodiquement, lorsque les musulmans orthodoxes jugeaient que l’islam pratiqué par les populations islamisées n’était pas convenable, voire déviant (car imprégné de rites d’origine animiste faisant toute l’originalité ou la spécificité de l’islam des confréries soufies ancré dans ces régions), ils lançaient le jihad. Par exemple, pour les Almoravides au XIe siècle, derrière le paravent de l’islam et du djihad, il s’agissait en réalité de prendre le contrôle des villes et des routes de l’or, puis des richesses de l’empire du Ghana. Comme le souligne Bernard Nantet, «depuis une dizaine de siècles, le thème de la guerre sainte a porté nombre de meneurs à lever des troupes de nomades, de laissés-pour-compte ou de cadets en rupture dans le but de faire la guerre aux mauvais croyants, sinon aux non-croyants, autrement dit aux animistes et aux païens. Le moteur de ces poussées guerrières sous le voile de la religiosité fut toujours le contrôle du commerce transsaharien». Il en est de même aujourd’hui, les mouvements se revendiquant de l’islamisme aspirant principalement à contrôler les routes et l’ensemble des trafics prospérant grâce au chaos malien. Leurs mobiles profonds ne sont donc guère différents de ceux qui animaient leurs prédécesseurs sous couvert de religion. Par ailleurs, les atrocités commises le sont souvent, non pas par les chefs de ces groupes ou sur leur ordre direct, mais par des jeunes désœuvrés basculant dans la criminalité et profitant du chaos afin de faire régner leur propre loi sur une population terrorisée. Enfin, des garde-fous ancrés dans le temps long de l’histoire existent, l’Islam africain sécrétant ses propres antidotes contre l’extrémisme. J’aurais tendance à dire : l’Afrique subsaharienne a le don de digérer les idéologues, surtout lorsqu’ils s’avisent de vouloir jouer les maîtres à penser et à agir !
N’oublions pas également deux facteurs majeurs éclipsés par la focalisation de la grande majorité des médias sur le terrorisme et l’islamisme radical : L’arc sahélien, zone de vulnérabilités et sous-défendue, attire toutes les convoitises du fait des richesses de son sous-sol et des futurs projets de désenclavement des ressources énergétiques (TGSP, etc.). Dans ce cas de figure, il s’agit de cartels, des grandes Majors et nous basculons dans les intérêts stratégiques et les identités multiples. Ces acteurs sont en mesure et disposent des moyens de corrompre, créer des leurres, posséder une armée privée, armer des rébellions et des dissidences, etc. Leur capacité d’action est extrêmement puissante et significative. Par ailleurs, des États les soutiennent : ainsi, la menace terroriste est amplifiée, voire nourrie, afin de permettre à des États en rivalité pour la prise de contrôle des richesses, de se positionner économiquement et militairement au sein de ce couloir stratégique reliant l’océan Atlantique à la mer Rouge et offrant la possibilité de peser, en tant que passerelle, sur les équilibres géopolitiques et énergétiques du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest. L’activisme soudain des puissances occidentales appelant à une intervention étrangère au Mali, la France en pointe, interpelle à plus d’un titre !

Des acteurs divers sont attirés par cet espace de fragilités et s’allient avec des forces locales afin de tirer bénéfice du désordre : c’est ce que l’on peut qualifier de criminalisation des acteurs économiques : c’est la criminalisation financière ou crime organisé. Le danger réel risquant d’impacter durablement les équilibres des sociétés sahéliennes est la prise de contrôle du pouvoir par des acteurs criminels vivant de rentes criminelles. Ainsi se produit le basculement d’une criminalisation économique vers une criminalisation politique. La crise malienne, notamment le coup d’État du 22 mars 2012 et la crise institutionnelle qui perdure depuis, a révélé à quel point la menace du crime organisé était invasive et bien plus sournoise et déstabilisatrice que quelques centaines de criminels se revendiquant de l’islamisme radical et disséminés sur une superficie équivalente à celle de l’Union européenne. À mon sens, il convient de ne pas se focaliser sur un ennemi de confort et réfléchir à mettre en place des stratégies de contre-ingérence et de lutte contre cet ennemi intérieur gangrénant les États sahéliens de l’intérieur et prospérant à la faveur de la dérégulation et de la précarité stratégique de cet espace, de la faillite des États, de l’explosion démographique, de la pauvreté, etc. Là sont l’urgence et l’enjeu d’avenir pour la région et le Maghreb !

Le principe de l’intangibilité des frontières n’éclate-t-il pas sous la pression des peuples écartelés ? Qu’en sera-t-il demain ? Les Touaregs ne voudront-ils pas réunir les morceaux éclatés et créer sous une seule bannière le pays des Touaregs ?

L’exemple malien prouve que la balkanisation supplémentaire du Sahel est catastrophique si l’on tient compte de l’histoire ancienne, de la colonisation et de la décolonisation. Walvis Bay en Namibie (rétrocédée à la Namibie le 28 février 1994), l’Érythrée (27 avril 1993), le Soudan du Sud (9 juillet 2011) et maintenant l’Azawad posent clairement la problématique du principe de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. À mon sens, il est temps que ce principe soit réexaminé et que la réponse fondamentale soit méditée, la restauration des nations historiques devant prévaloir sur les entités coloniales artificiellement dressées par les métropoles européennes dans l’intérêt de leurs calculs impériaux. L’Afrique doit se réapproprier sa propre destinée. Il est temps de tourner la page coloniale et d’aller vers la régionalisation et la constitution de grands ensembles homogènes sur la base des grandes nations historiques ayant précédé l’agression et le charcutage colonial. Sans innover, sans s’interroger sur de nouvelles formes de territorialité transcendant les lignes de fracture et les clivages du passé, le problème touareg et d’autres ne seront jamais surmontés sur le long terme.

On parle d’une intervention militaire sous l’égide de la CEDEAO. Quels sont les risques d’une telle intervention au nord du Mali ?

Comme je l’ai évoqué précédemment, de nombreuses puissances poussent à une intervention militaire de la CEDEAO afin de sécuriser la transition au sud Mali et préparer la reconquête du Nord en appuyant une armée malienne restructurée. Sans entrer dans les détails, cette option me semble risquée, car présentant bien plus d’effets dommageables que de bénéfices. En effet, de nombreuses interrogations demeurent à ce jour sans réponses convaincantes : quel serait le mandat de cette force ? quel format ? qui est clairement l’ennemi ? Est-elle adaptée à la guerre en milieu désertique face à des groupes lourdement armés et aguerris ? Comment faire face au sein de la CEDEAO aux objectifs de certains États à vocation hégémonique poursuivant leur propre agenda ? Ne risque-t-on pas d’offrir l’occasion tant attendue par certaines puissances occidentales qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, se positionneront militairement au sein de cet espace hautement stratégique ? Afghanistan, Irak, Kosovo, toutes ces opérations n’ont-elles pas montré leurs limites et effets pervers ? À mon sens, une intervention militaire mal menée prolongerait le drame indéfiniment, attiserait les rivalités inter et intra étatiques, risquant de déboucher sur des affrontements entre les différentes communautés peuplant le nord du Mali (les Touaregs étant minoritaires et non homogènes) et d’embraser tout l’espace sahélien.
En ce sens, je privilégierais une solution sahélienne, et là, le concept d’océan sahélien prend tout son sens. Il convient de partir du principe qu’aucune solution durable ne prévaudra si les riverains de l’océan sahélien sont en conflit entre eux. Sur cette base, le bassin sahélien doit être, en dépit des initiatives déployées par la CEDEAO, l’objet d’un intérêt direct de l’ensemble des riverains de cette mer de sable : il s’agit de mettre en avant un consensus régional favorisant le règlement des différends entre Sahéliens.
Dans ce cadre, l’organisation urgente d’une conférence régionale regroupant sans exception l’ensemble des riverains de l’océan sahélien (5 pays du Maghreb, Mali, Niger, Tchad, Burkina Faso et Sénégal) et associant les Touaregs tout en excluant les puissances occidentales doit permettre de privilégier la négociation sur de bonnes bases et l’émergence d’une solution politique. Si une intervention militaire devenait néanmoins inéluctable, elle devrait se faire dans le cadre des pays riverains.
La sécurité de cet océan sahélien ne saurait, comme en mer, relever que d’un effort concerté des riverains, notamment dans l’échange de renseignements, et d’une perception commune des menaces afin de dissiper des stratégies qui, pour le moment, ne convergent pas. Bien au contraire, elles se croisent, voire se neutralisent, au nom de calculs étroits. Idem relativement au développement des pays du Sahel, car sans développement, aucune paix durable n’est envisageable. Ultérieurement, à l’image du Dialogue 5+5 au format défense établi en Méditerranée occidentale, et compte tenu de la montée en puissance des menaces soulignant l’interdépendance accrue entre le Maghreb et le Sahel, il s’agira d’œuvrer à la mise en place d’un 5+5 sahélien intégrant les cinq pays du Maghreb et le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et le Sénégal. Un continuum sécuritaire serait ainsi établi entre les deux espaces en miroir que sont la Méditerranée occidentale et l’océan sahélien. Dans l’absolu, si cette vision et structure existait déjà, nous n’en serions pas là actuellement !

Quelles conséquences pourrait avoir cette crise du Mali sur la dynamique maghrébine ? Un mot sur le prochain sommet maghrébin qui devrait se tenir à Tunis en octobre prochain ?
Il est clair que la crise malienne, par ses effets induits, exacerbe les rivalités et les tensions entre les pays du Maghreb et pèse négativement sur la dyna mique maghrébine. Les initiatives et positions divergentes des uns et des autres aggravent l’image d’un Maghreb désuni et indifférent à ses obligations stratégiques. L’édification du Grand Maghreb s’impose comme une nécessité dans le contexte de la mondialisation et de la multiplication des initiatives d’intégration régionales dans le monde. La réalisation du Grand Maghreb élèverait le poids stratégique de la région tout en entraînant des bénéfices économiques directs et un taux de croissance supérieur de 1 à 2 points par an.
Relativement au prochain sommet maghrébin, il me semble sérieusement compromis du fait de la persistance de la rigidité algérienne et de l’accumulation d’une série de maladresses politiques et diplomatiques de la part des initiateurs.