dimanche 25 mars 2012


Le Point.fr - Publié le 24/03/2012 à 16:31 - Modifié le 24/03/2012 à 16:36

Le mouvement Ansar Dine affirme vouloir appliquer au Mali la charia (loi islamique) par "la lutte armée".

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Un groupe islamiste armé touareg a affirmé samedi qu'il s'apprêtait à prendre Kidal, une des villes les plus importantes du nord-est duMali, quatre jours après un coup d'État qui a renversé à Bamako le régime du président Amadou Toumani Touré. "Grâce à Allah le tout-puissant, grâce à ses bénédictions, nous allons prendre très bientôt nos terres de Kidal, dans l'Adrar des Iforas", berceau des Touareg, selon un communiqué de ce mouvement, Ansar Dine. "Le voeu de notre cheikh Iyad Ag Ghaly (figure des rébellions touareg des année 90 et leader du mouvement) va bientôt se réaliser. La loi musulmane va s'appliquer dans toute la région de l'Adrar", ajoute le texte.
Ce mouvement, qui veut appliquer au Mali la charia (loi islamique) par "la lutte armée", a déjà revendiqué le contrôle des localités de Aguelhok, Tessalit et Tinezawaten (nord-est) et annonce "la prise imminente" de Kidal, chef-lieu de la région. Ansar Dine (défenseur de l'islam en arabe) a un moment combattu avec d'autres auprès de la rébellion touareg, le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) contre l'armée malienne, mais le MNLA qui se présente comme laïque s'en est démarqué en raison de ses prises de position sur la charia.
Le Mali est confronté depuis le 17 janvier à des attaques du MNLA et d'autres rebelles, dont des hommes lourdement armés rentrés deLibye où ils avaient combattu pour le régime de Muammar Kadhafi. Le régime déchu d'Amadou Toumani Touré a accusé al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui a des bases dans le nord du Mali, de combattre également avec le MNLA. Ce mouvement a annoncé vendredi que le coup d'État qui a renversé jeudi le président Touré ne changeait rien à "la poursuite de son offensive" dans le nord du pays

samedi 24 mars 2012


la situation toujours confuse, la junte de plus en plus isolée

Par RFI
Trois jours après le renversement du président Amadou Toumani Touré par un groupe de militaires venus de la base de Kati, la situation au Mali reste toujours confuse. Dans un entretien accordé à RFI depuis le camp Soundiata Keïta, devenu son quartier général, le chef de la junte Amadou Sanogo affirme que tous les dirigeants du régime renversé sont «sains et saufs», et promet de mettre fin aux pillages et s'est montré favorable aux négociations. Mais les mutins semblent avoir du mal à convaincre les dirigeants militaires et les responsables politiques.

« Le coup d’Etat a eu lieu mais n'a pas encore réussi », résumait hier un observateur de Bamako. Trois jours après le putsch, selon plusieurs sources les mutins peinent à rallier l'armée dans son ensemble. A Kati dans leur QG, ils sont entourés de soldats, gendarmes, policiers y compris de certains paras, mais les hauts gradés n'ont semble-t-ils pas suivi du moins officiellement.

Conscient de l'inexpérience des mutins, le capitaine Sanogo, le chef du CNRDRE, le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat, a très vite consulté plusieurs leaders de la société civile et politique malienne afin d'obtenir rapidement la confiance d'une majorité. Mais dans la classe politique, la démarche est restée vaine : la plupart des grands partis ont condamné fermement le coup d'Etat demandant le retour immédiat de l'ordre constitutionnel.

A l'étranger, là encore la condamnation est unanime, assortie comme pour les Etats Unis ou d'autres partenaires, de menaces de suspension de l'aide économique au Mali. Une mission conjointe UA-Cedeao est attendue ce samedi 24 mars à Bamako pour rencontrer les mutins et leur demander de rétablir l'Etat de droit.

Reste le cas du président Amadou ToumaniTouré, ce dernier est réfugié depuis le début du coup d'Etat dans un camp militaire de la ville, entourés de ses soutien les bérets rouges, son corps d'origine. Des négociations seraient en cours entre le chef d'Etat renversé et les mutins. Difficile encore de savoir qui aujourd'hui tient effectivement l'Etat du Mali.

Réactions de la classe politique

A cinq semaines du premier tour de la présidentielle, l'organsiation politique est totalement chamboulée. Les principaux partis politiques maliens condamnent le coup d'Etat. Hier dans une déclaration commune, dix partis dont l'ADEMA, l’Alliance pour la démocratie au Mali, l'URD, Union pour la république et la démocratie, ou le PDS, Parti démocratique sénégalais, « ont demandé que le rétablissement de la paix dans le nord du pays et l'organisation d'élections libres et transparentes soient les deux priorités du moment », comme le confirme Maître Kassoum Tapo, porte-parole de l' ADEMA.

MALI - 
Article publié le : vendredi 23 mars 2012 - Dernière modification le : vendredi 23 mars 2012

Le chef des putschistes maliens sur RFI : «Nous n'allons pas faire une transition militaire»

Le chef de la junte malienne, le capitaine Amadou Sanogo, à Bamako, le 22 mars 2012.
Le chef de la junte malienne, le capitaine Amadou Sanogo, à Bamako, le 22 mars 2012.
Habibou Kouyate / AFP

Par RFI
Le capitaine Amadou Sanogo, chef des militaires putschistes qui ont mené le coup d'Etat au Mali, a accordé un entretien à notre correspondant à Bamako. Depuis le camp Soundiata Keïta qui est devenu son quartier général, il affirme que tous les dirigeants du régime renversé sont « sains et saufs », promet de mettre fin aux pillages et se présente comme un homme favorable aux négociations.

Capitaine Amadou Sanogo
Chef du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat
 
23/03/2012 par Serge Daniel
RFI : Pourquoi ce coup d’Etat ? 

Capitaine Amadou Sanogo : Quand un Etat a déjà 50 ans, et que malheureusement les forces armées et de sécurité ne sont pas dans les conditions minimales, n’ont pas la formation requise, n’ont pas le matériel adéquat pour faire face à l’intégrité du territoire national, il y a défaillance.
De deux : en tant que soldats ayant la  mission de défense de l’intégrité territoriale, nous sommes citoyens. Tout le monde est conscient de la cherté de la vie, il n’y a pas eu d’école depuis deux décennies, tout le monde n’a pas accès aux soins de santé, l’équité n’existe pas. C’est révoltant. On passe « par voie et recours », les civils ont protesté, les militaires ont protesté et c’est ce qui nous a amené à cet instant ultime.

RFI : Donc ce n’est pas seulement à cause  de la situation au Nord. Ce n’est pas seulement à cause du manque d’armement pour lutter contre les rebelles et les islamistes armés que vous prenez le pouvoir… ?

A.S. : Je ne suis pas un homme de guerre directement, bien que formé à toutes les spécialités de combattant. Il se pourrait bien qu’avec ce changement, il y ait des groupes qui sont citoyens de ce pays qui vont dire : « Ah d’accord. Puisque les choses ont changé, attendons voir ce qui va se passer, essayons d’approcher ceux qui sont aux commandes maintenant. Cela peut être un changement. Donc je précise que je ne suis pas juste là pour m’équiper, équiper l’armée malienne et aller tuer tout sur mon passage. Je ne suis pas un homme de ce genre.

RFI : Etes-vous pour la négociation ? 

A.S. : Si la négociation est sur cette table demain matin. Parce ce que c’est ça que je souhaite, je suis pour un Mali uni, un Mali prospère pour le bien de tous.

RFI : Combien de temps va durer la transition ? 

A.S. : Pour l’instant, je précise, nous n’allons pas faire une transition militaire. Cela va concerner toutes les couches, toutes les personnes ressource de ce pays, la société civile, tout le monde. Mais je précise, cela ne va pas être constitué de parents, ou parce que je connais celui-là, mais de valeurs. On a besoin de valeurs pour ce pays.

RFI : Vous êtes le chef de l’Etat aujourd’hui. Il y a des actes de vandalisme. Dans la ville de Bamako, on a vu des militaires ou des hommes en tenue militaire attaquer des maisons. Qu’est-ce que vous faites aujourd’hui pour ramener la sécurité des biens et des personnes ? 

A.S. : Tout d’abord que mon peuple sache que nous sommes encore là dans notre lutte mais la mission primaire demeure : la défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des personnes et de leurs biens. Je déplore les actes de vandalismes et de pillage qui se sont passés, mais que le peuple comprenne que tout n’est pas de nous. On est en Afrique. Hier, j’ai la preuve concrète que des individus mal intentionnés ont porté l’uniforme de la police, de l’armée pour casser, juste pour pousser notre population à venir à notre rencontre. Je les prie encore une fois de m’excuser pour tous les désagréments causés. Et au moment opportun justice sera faite. Et d’ici là, encore une fois, j’exhorte tous les Maliens, toutes les Maliennes à quelque niveau que ce soit d’arrêter sans délais ces actes de vandalisme et de pillage, aux personnes qui portent des uniformes de cesser les actes de vandalisme et de pillage. Cela n’est pas notre mission, cela n’est pas notre cause, cela n’est pas notre objectif.

RFI : Dans le camp Soundiata Keita où nous sommes, il y a des anciens ministres, des anciens Premiers ministres. Que leur reprochez-vous ? 

A.S. : Je peux rassurer ce que ces gens sont sains et saufs. J’interdis toute exaction.

RFI : Mais ils n’ont pas droit aux visites …

A.S. : Pour l’instant non. Mais je vous dis quelque chose : sains et saufs, on ne touche pas les cheveux de quelqu’un. C’est contre notre objectif. Et au moment opportun, je les remettrai à une juridiction compétente pour que le peuple malien sache qu’est-ce qui s’est passé et qu’est-ce qu’ils ont fait.
TAGS: MALI
FICHE PAYS :

Un proche de Kadhafi arrêté en Mauritanie inquiète la France

Créé le 22-03-2012 à 21h15 - Mis à jour à 21h15      Réagir

 
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par Samia Nakhoul
LONDRES (Reuters) - L'ancien chef des services de renseignement libyen Abdallah al Senoussi, actuellement détenu en Mauritanie où il tentait de trouver refuge, inquiète la France.
Cet ancien homme-lige de Mouammar Kadhafi détiendrait des informations sur le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
Surnommé "la boîte noire de Kadhafi", Senoussi, gendre de l'ancien dictateur libyen est détenu au quartier général des services de sécurité à Nouakchott en raison de son rôle dans la répression menée contre les insurgés en 2011.
L'homme intéresse les puissances occidentales et en particulier la France en raison des informations auxquelles il a eu accès pendant le règne de Kadhafi.
"C'est le principal témoin de la corruption financière et des accords qui ont impliqué de nombreux dirigeants et pays, dont la France", dit une source haut placée dans le renseignement arabe.
"Il sait tout de l'attentat de Lockerbie, de l'accord qui a suivi, (de l'attentat contre le DC-10) d'UTA, des canaux financiers, du financement par Kadhafi de présidents et de leur campagne électorale. Il était au centre du réseau de corruption financière qui a existé pendant 40 ans sous Kadhafi", ajoute cette source.
Selon Noman Benotman, analyste libyen de la Quilliam Foundation, Senoussi, qui est âgé de 62 ans, était au courant de tous les secrets et complots meurtriers ourdis par Kadhafi.
D'après lui, Nicolas Sarkozy nourrit un intérêt particulier pour l'arrestation de Senoussi, pas seulement parce que sa cote de popularité pourrait bénéficier d'un procès de l'homme qui était derrière l'attentat contre le DC-10 d'UTA qui avait coûté la vie à 170 personnes au-dessus du désert du Ténéré en 1989.
DEMANDE D'EXTRADITION
En privé, des sources au sein des services de renseignement affirment que Nicolas Sarkozy souhaite l'extradition de Senoussi vers la France surtout pour empêcher un procès public qui pourrait aboutir à la révélation d'informations gênantes.
Parmi celles-ci figure le versement supposé de 50 millions d'euros par Kadhafi pour soutenir la campagne électorale du candidat Sarkozy en 2007. Le financement aurait été organisé via un réseau complexe et secret de banques et de sociétés.
Une information de même nature a été rapportée il y a une dizaine de jours à Paris par le site internet d'information Mediapart qui faisait état d'une note rédigée par un témoin devenu enquêteur privé, Jean-Charles Brisard, rapportant les propos d'un deuxième homme censé avoir eu connaissance du versement de la somme par le régime Kadhafi.
"C'est totalement faux", répond-on de source diplomatique française. "Nous laissons la justice suivre son cours. Il y a une demande d'extradition et la justice suit son cours. C'est totalement absurde".
"Nous voulons que Senoussi soit extradé. A partir du moment où il sera traduit en justice, il pourra parler. Ces insinuations ne sont rien d'autre que des ragots et des absurdités. Nous sommes dans le règne de la théorie du complot", ajoute-t-on de même source.
NERVOSITÉ DE NOMBREUX PAYS
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Euronews l'an passé, Saïf al Islam, fils de Mouammar Kadhafi, a affirmé que son pays avait contribué au financement de la campagne électorale du candidat Sarkozy en 2007 et demandé au président français de restituer l'argent qui lui aurait été alloué.
Saïf al Islam disait disposer de documents attestant des transferts de fonds bancaires et être prêt à les rendre publics. Le chef de l'Etat français, qui s'est personnellement engagé en faveur des forces de l'opposition lors du soulèvement qui a conduit à la chute de Kadhafi, a démenti ces allégations.
"Sarkozy ne pourra pas dormir tranquille tant que Senoussi ne sera pas en France", juge une source au sein des services de renseignement arabes.
"De nombreux pays, y compris des dirigeants arabes, sont nerveux à propos de Senoussi. S'il révélait ce qu'il sait, ce serait une catastrophe pour eux. Ils ont peur qu'ils puissent produire certains documents les incriminant", ajoute Benotman.
"La France ne veut pas le livrer aux autorités libyennes. La France l'a aidé à s'enfuir vers le Mali et a orchestré sa capture", affirme une source du renseignement.
"Il se trouvait dans le nord du Mali sous protection du gouvernement. Il a été mené en Mauritanie par un groupe tribal proche de lui suivant un accord avec le renseignement français et mauritanien pour l'attirer et l'arrêter", ajoute-t-on.
"Une unité spéciale française a contribué à son arrestation, établissant le contact avec la tribu al Me'edani, en laquelle Senoussi avait confiance. L'accord consistait à convaincre cette famille tribale d'amener Senoussi en Mauritanie où il a été arrêté".
La même source précise que le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a renversé son prédécesseur lors d'un coup d'Etat en 2008, se sent redevable envers la France pour l'avoir soutenu lors de l'élection présidentielle entachée de fraudes qu'il a remportée l'année suivante.
Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser

Monde : 48 HEURES APRÈS UN COUP D’ÉTAT MILITAIRE
Situation confuse au Mali


Le président malien a été renversé, jeudi, par un groupe d’officiers et de sous-officiers. Officiellement, les putschistes reprochent à Amani Toumani Touré — lui-même ancien militaire — son incapacité à faire face à la rébellion touarègue dans le nord du Mali.
Mais la situation reste encore totalement confuse, notamment à Bamako, la capitale, livrée aux pilleurs. Un couvre-feu a été imposé et toutes les frontières ont été fermées. Sans réelles revendications, les auteurs du coup d’Etat sont aujourd’hui totalement isolés, tant sur le plan interne que vis-à-vis de la communauté internationale. De son côté, Amani Toumani Touré serait encore dans la région de Bamako. Selon certaines informations, il se serait réfugié dans l’enceinte de l’ambassade des Etats-Unis. Pour d’autres, ATT aurait réussi à se retrancher dans une caserne tenue par des forces loyalistes. «La situation au Mali est explosive. Le pays subit les choix politiques imposés par le président déchu durant ces deux mandats», explique Yahia Zoubir, professeur de relations internationales et directeur de recherche en géopolitique à Euromed Management Marseille. Selon Yahia Zoubir, deux scénarios vont s’imposer très vite suite à la chute de Amani Toumani Touré : «Soit les militaires reprennent la situation en main, remettent en place des institutions légitimes tout en entamant des négociations avec les représentants des Touaregs de l’Azawad, sinon, le Mali risque de plonger très vite dans une guerre atroce.»
Tarek Hafid
HAMA AG SID-AHMED, PORTE-PAROLE DU BUREAU POLITIQUE DU MNLA :
«Ce putsch est le résultat d’un malaise au sein de l’armée malienne»Entretien réalisé par Tarek Hafid 
Le porte-parole du bureau politique du Mouvement national de libération de l’Azwad estime que le putsch contre le président malien est le résultat d’un «malaise social» au sein de l’armée malienne. Pour Hama Ag Sid-Ahmed, l’absence d’armement n’est qu’un «argument fallacieux» mis en avant par les militaires pour justifier leur coup d’Etat.
Le Soir d’Algérie : Comment expliquez-vous la réaction des militaires maliens auteurs de ce putsch ?
Hama Ag Sid-Ahmed :
 La réaction de la junte au pouvoir depuis mercredi est le résultat d’un malaise social au sein de l’armée. Un malaise qui a pris forme depuis plus d’une année. Cela a commencé la semaine dernière par une mutinerie dans une caserne. Les militaires ont exigé, entre autres, des arriérés de salaire. Mais il est cependant certain qu’il n’y a aucun parti politique derrière ce putsch. Actuellement, les auteurs du coup d’Etat ne gèrent absolument rien, ni sur le plan sécuritaire ni même sur le plan politique. Leur objectif premier consiste à tenter de se faire accepter par la population malienne puis par la communauté internationale. 
Les putschistes pourront-ils tenir longtemps dans cette situation de statu quo ? 
Ils sont totalement isolés. A Bamako, tout le monde savait que le dernier mandat d’Amani Toumani Touré avait été catastrophique. Mais dans la situation d’aujourd’hui, aucun parti politique ne pourra cautionner l’action des militaires putschistes.
Faut-il s’attendre, dans les prochains jours, à un retour du président Touré au pouvoir ?
Nous savons qu’il est toujours au pouvoir. Il est certain qu’il va tout tenter pour reprendre la situation en main. Il pourrait faire intervenir des responsables de partis politiques. Reste, cependant, à savoir si tout ce monde parviendra à faire fléchir des militaires visiblement très déterminés. 
Quelle est actuellement la situation sur le plan militaire au Nord- Mali ?

Pour nous, rien n’a changé. La lutte continue. La junte militaire a remis en cause les institutions légales maliennes. Pour notre part, notre lutte ne consiste pas à remettre en cause les institutions du Mali, mais plutôt de remettre en cause la gestion de la communauté de l’Azawad. 
Mais le changement de pouvoir ne risque-t-il pas de remettre en cause les négociations entre le MNLA et le pouvoir malien ?

Il faut dire qu’il n’y a pas de réelles négociations entre les deux parties. Cela se limite à des actions d’émissaires étrangers pour créer un rapprochement. Nous avons affiché, depuis novembre 2011, notre disponibilité à discuter, mais cette offre a été rejetée. 
Les militaires putschistes affirment ne pas disposer d’armement et d’équipements militaires pour faire face à la rébellion touarègue. Pourtant, le gouvernement malien a reçu une importante aide militaire de la part de plusieurs pays occidentaux... 
Sincèrement, nous estimons que c’est un argument fallacieux. L’armée malienne, de par sa taille, ne manque ni d’armes ni d’équipements. Ces dernières années, le Mali a dépensé plus d’argent dans l’achat d’armement que dans le développement. De ce côté-là, les choses sont claires. Le problème se situe au niveau des militaires maliens. La plupart d’entre eux ne s’engagent pas pour faire carrière dans l’armée, mais plutôt pour obtenir une solde. Leur objectif est de gagner un minimum d’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles. Finalement, ces militaires ne peuvent pas faire face à des Touaregs qui n’ont pas de salaires mais une réelle motivation et une parfaite connaissance du terrain.
Depuis quelques semaines, on tente d’accuser le Mouvement national de libération de l’Azawad d’entretenir des relations avec Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). A qui profite cet amalgame ?
C’est un amalgame créé et entretenu par une certaine presse à Bamako. Ces journalistes ne connaissent absolument rien au contexte et ne sont jamais venus dans le Nord- Mali. Nous avons dit à maintes reprises qu’il n’existe aucun lien et que notre objectif est double : lutter contre l’armée malienne et les terroristes d’Aqmi présents sur notre territoire et qui salissent l’image des communautés de l’Azwad.
Pourtant, on estime que l’organisation Ansar Eddine, que dirige Lyad Ag Ghalin, entretient des relations avec le MNLA… On ne peut pas dire qu’il existe un mouvement islamiste qui se nomme Ansar Eddine. En tout cas, il n’existe pas concrètement. Par contre, il se peut que Lyad et d’autres encore, qui sont issus de l’Alliance du 23 mai, tentent de récupérer de jeunes Touaregs encore entre les mains de l’Aqmi. Ces jeunes sont victimes d’un égarement mais ils continuent de respecter la vie. Je pense que c’est cette stratégie qui est appliquée sur le terrain. Mais si c’est une autre stratégie qui consiste à donner plus de marge de manœuvre à l’Aqmi, alors nous la combattrons. Mais je reste certain que Lyad n’a aucune envie de s’engager dans une aventure qui n’a pas d’issue.
Les parlementaires français s’intéressent de très près à ce qui se passe au Nord-Mali. C’est bien dans ce cadre que vous avez été reçu par l’Assemblée française ?
La question du conflit a été abordée avec les députés français. Ils estiment nécessaire de trouver une solution politique rapide. Pour eux, il est important que les pays de la région, en particulier l’Algérie, s’associent à la France et à d’autres Etats et interviennent pour aboutir à une solution négociée et barrer la route à l’Aqmi.
T. H.

vendredi 23 mars 2012


Jeremy Keenan










Jeremy Keenan
Jeremy Keenan is a professor of social anthropology at the School of Oriental and African Studies in London.


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Mali's Tuareg rebellion: What next?


The return of an estimated 2,500 well-armed Tuareg fighters from Libya to Mali has led to a new rebellion.

Last Modified: 20 Mar 2012 12:59



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Mali has already experienced major Tuareg rebellions in 1962-64, 1990-95 and 2007-2009


London, United Kingdom - March 17 marked two months since the first shots were fired in Mali's latest Tuareg rebellion. Since then, Mali's army has been humiliated as the country now faces a real possibility of territorial division.

The Tuareg number an estimated two to three million. Nomadic pastoralists by tradition, they occupy a vast swathe of the Sahara and Sahel, from Libya, through northern Niger, southern Algeria and northern Mali to Burkina Faso. The largest number, estimated at approaching one million, live in Mali. The post-colonial history of Tuareg in both Mali and Niger has been characterised by a series of rebellions, the underlying causes of which have been the Tuaregs' marginalisation and the failure of their governments to adhere to peace agreements. Mali has experienced major Tuareg rebellions in 1962-64, 1990-95 and 2007-2009.

The catalyst for the present rebellion was the return of an estimated two to three thousand experienced well-armed Tuareg fighters who had served in Gaddafi's battalions. Their anger at events in Libya was compounded by the lackadaisical attitude and the complete failure of Mali's President Amadou Toumani Toure and his government to address the problems created by their return.

Estimates of the number of returning Tuareg fighters range between 800 and 4,000. On their return to Mali, many stopped short of Kidal in the mountainous region around Ti-n-Asselak in the Abeibara district where they linked up with the fighters of former rebel leader Ibrahim ag Bahanga's (who died in August 2011) Mouvement Touareg du Nord Mali (MTNM). On October 16, these and various other groups merged to form the Mouvement National de Liberation de l'Azawad (MNLA).

'Illegal occupation'

The MNLA's first press statement said that it aimed "to free the people of Azawad from the illegal occupation of its territory by Mali". Azawad is the Tuareg name for the region north of Timbuktu that today covers the regions of Timbuktu, Kidal and Gao. The word is also used, by extension, to include the traditional Tuareg domains of northern Niger and southern Algeria. Within a few weeks, the MNLA was reinforced by Tuareg deserting the Mali army and young recruits from within the region. Estimates put the former as high as 1,500 and the latter at 500.

After two months of fighting, the Malian army has lost control of most of Azawad, while the number of troops that have either been killed, taken captive or deserted is now thought to be at least 1,000. In a humiliating incident, the army base at Aguelhok was overrun on January 24 when the troops defending it ran out of ammunition.

However, from a strategic point of view, the most significant fighting was at Tessalit. Close to the border with Algeria and with an army base and airport, Tessalit is a strategic town. By March 4, three Malian army units abandoned their attempts to relieve the MNLA siege of the base. A week later, the troops retreated to Algeria, leaving the base and the airport in MNLA control. The number of soldiers killed, taken captive or deserted, along with equipment destroyed or captured in these twin setbacks is thought to be considerable.

The two outstanding questions are: (1) Where do the MNLA and Mali go from here; and (2) Is the MNLA guilty of the "war crime" of which it is being accused by the Mali government?

It is conceivable that further attacks on the highly vulnerable, nomadic civilian population, may bring the rebels to submission, as has been the case in previous Tuareg rebellions. It is also conceivable that the Malian government's undercover militias, ethnic hatred campaigns, military in civilian clothing acting in mobs shouting "death to the Tuaregs" and internet propaganda might succeed in opening cleavages within the complex political, ethnic and social mix that comprises the totality of the Azawad population.

However, the signs are that the rebellion is capable of sustaining itself for much longer, especially if the MNLAreceives support from Niger's well-armed and battle-experienced Tuareg, as unverified reports suggest. With Tessalit in MNLA hands, it may be difficult for the army to regain any momentum. The future of Bamako's control over the vast expanse of Azawad now depends almost entirely on whether the dispirited and ill-led Malian army can repulse theMNLA assault - if and when it comes - on the regional capital of Kidal.

If Kidal falls, then much of the current media talk about a negotiated ceasefire will be largely academic. The reality of such a situation would be that Mali would have become a divided territory, a situation that would not only seriously concern Mali's neighbours, but also leave the MNLA in a very strong bargaining position. The MNLA says it won't negotiate unless it is about the Republic of Azawad. However, even with the model of southern Sudan in its sights, theMNLA knows from past experience that demands for independence will get watered down. It is therefore likely to establish the facts on the ground, in the form of the capture of Kidal and possibly even Gao, before contemplating any such negotiations.

If the MNLA does establish such a strong negotiating position, there is no certainty that the current Mali government will still be around to negotiate with. Since early March, there have been rumours of fissions within the Mali government and even talk of a Gao-based coup d'etat. Moreover, while it is all very well for Bamako to debate whether military force or negotiation is the solution, the reality may well be that the former is not an option.

Guilty of a 'war crime'?


"There was absolutely atrocious and unacceptable violence in Aguelhok. There were summary executions of soldiers and civilians… There's talk of around 100 who were captured and killed in cold blood."

- Henri de Raincourt, French Development Minister


The second question is whether the MNLA is guilty of the war crime. The government claims that the MNLA executed 82 captured soldiers and civilians at Aguelhok (pop. 8,000-10,000) on January 24.

There is no doubt that many people were killed at Aguelhok. A Mali security source told Reuters that dozens of Malian troops were killed. "It was real carnage," he said. An MNLA spokesman confirmed that at least 50 soldiers were killed in the fighting. Government sources have put the number higher, at 82 and 97.

News of the deaths was quickly followed by rumours that the troops stationed in Aguelhok had run out of ammunition. Not surprisingly, public demonstrations immediately demanded to know why soldiers had been sent into battle so ill-equipped. Within forty-eight hours, reports began circulating that many of the soldiers had been taken captive by the rebels and then executed, either with a bullet to the head or by slitting their throats. The defence ministry stated that the attack had been undertaken by "AQIM jihadis, MNLA forces and others".

After a hasty commission of enquiry, the army stated that both soldiers and civilians had been executed, some with their throats cut and that these acts could only have been done by AQIM. Speaking earlier the same day, French Development Minister Henri de Raincourt, who visited Bamako, said "there was absolutely atrocious and unacceptable violence in Aguelhok. There were summary executions of soldiers and civilians… There's talk of around 100 who were captured and killed in cold blood," he added, saying the tactic "resembled that used by al-Qaeda".

If captured soldiers were executed, as the Mali government claims, then it was a war crime. But, was such a war crime committed and, if so, by whom?

The government's evidence consists of little more than its own assertions and photographs of dubious authenticity. Photographs of the supposed killings placed on Facebook and the internet by Mali government "supporters" at the end of January have been removed. However, five of them remain accessible, with one identified by the MNLA as being of a massacre undertaken by Boko Haram in Nigeria on March 2, 2010; the authenticity of the other four has not yet been established. The MNLA's communications officer has confirmed that they are not of Aguelhok. International news agencies remain suspicious of their authenticity.

Until a credible international agency undertakes a full examination of the incident, including the exhumation and forensic examination of the bodies, the executions must remain unproven allegations.

However, if we accept, for the time being, that a war crime was perpetrated at Aguelhok, the question still remains: Who was responsible for it?

Aguelhok villagers say that the MNLA attacked Aguelhok on January 24 and killed only soldiers in the fighting. The next day, people whom the villagers identified as AQIM came and carried out the massacre. There were no MNLA in Aguelhok at the time. The MNLA returned three days later and raised their flag over Aguelhok.

The Mali authorities, as well as Mauritania's President Abdel Aziz, accuse the MNLA of being in an alliance with AQIM and insist that the executions are proof of this alliance. However, as Tuareg are not known either to slit throats as a form of killing humans or to kill their captives in cold blood, the accusation is directed more at the AQIM part of the supposed MNLA-AQIM alliance, with the name Iyad ag Aghaly being mentioned prominently. Indeed, a propaganda video believed to have been produced by Mali's intelligence service, Mauritania's President and a number of reports attributed to Mali official sources, have all pointed the finger at Iyad.

Iyad is a former Tuareg rebel leader who has been involved with Algeria's secret police, the DRS, in several operations since 2003. He is also closely associated with AQIM's local emir, Abdelhamid Abou Zaïd, who, in turn, is a DRS agent. In December, Iyad announced his own jihadist group, the Ansar al-Din.

If Iyad was involved in the executions, the question is whether he was operating on his own initiative or whether he involved with either or both Algeria's DRS and Abdelhamid abou Zaid's group of AQIM, which is based near Aguelhok.

Thousands continue to flee Mali violence


If Abou Zaid and AQIM, either independently or in association with Iyad, were responsible for the alleged executions, then Algeria's DRS is implicated, begging the question: What was the Algerian army doing in Aguelhok at or around that time? Local observers reported an Algerian army convoy of five army trucks with trailers and 24 heavily armed 4x4s heading south from Bordj Mokhtar to Tessalit and Aguelhok around December 20. They estimated the number of troops, garrisoned at both Tessalit and Aguelhok, at around 200.

What were these troops doing in Aguelhok and had they been withdrawn by the time of the alleged executions? The Algerian government said its army was in Mali to help combat AQIM. That, however, was untrue, as no attacks have been launched at any time against AQIM in Mali by either Mali or Algerian forces. Indeed, one of the MNLA's main complaints against the Mali government has been its reluctance to undertake any meaningful attack on AQIM.

Many local Tuareg believe that the Algerian army's presence at Tessalit and Aguelhok was not to fight AQIM, but to protect it from the MNLA, which has threatened to rid Mali of AQIM. Indeed, the MNLA has said that the reason why AQIM is protected by both Algeria and Mali is because AQIM is a cover for the massive, billion-dollar, cocaine trafficking industry that is controlled by rogue elements in the political-military elites of both countries and which has turned Mali into a "narco-state".

Jeremy Keenan is a professor of social anthropology at the School of Oriental and African Studies in London and is the author of The Dark Sahara: America's War on Terror in Africa (Pluto Press, 2009).


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Source:
Al Jazeera


Mali : l’armée loyaliste se prépare à une contre-offensive
Dans le flou de la situation au Mali après le coup d’état de jeudi, c’est peut-être un tournant. Des “bérets rouges”, les troupes loyalistes du président renversé Amadou Toumani Touré (dit “ATT”, qui a réussi à échapper aux putschistes et se trouve caché quelque part), semblent avoir lancé une contre offensive vendredi soir.

“La télévision et l’Assemblée nationale viennent d’être prises par les bérets rouges” annonce au téléphone un conseiller proche du président Touré, qui se cache dans Bamako et ne peut être cité, de peur d’être arrêté à son tour.

TOURNANT

Si l’information est confirmée, ce pourrait être un tournant. Rappelons que le coup d’état a eu lieu en l’espace de quelques heures, et a été mené en théorie par des hommes du rang et des officiers subalternes du camp militaire de Kati, à la périphérie de la capitale malienne.

Mais de multiples sources ont assuré au Monde que des commanditaires attendaient “le bon moment pour sortir du bois.” Les heures passent, aucun grand responsable ne se manifeste, et en l’absence d’une coalition claire pour installer à la fois des responsables militaires et civils au pouvoir, le chaos menace le Mali.

La nuit promet d’être importante à Bamako si des combats ont lieu entre putschistes et loyalistes; le jour du coup d’état, les bérets rouges avaient abandonné la présidence sans s’accrocher à sa défense.



Jean-Philippe Rémy

Maliactu.net et lemonde.f