mardi 11 octobre 2011


Kaddafi : la traque

11/10/2011 à 14h:45 Par Cherif Ouazani, envoyé spécial à Alger
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Itinéraire retenu pour rejoindre l'Algérie : Tripoli,Sebha, Tinalkoum, Tahat.Itinéraire retenu pour rejoindre l'Algérie : Tripoli,Sebha, Tinalkoum, Tahat.© François Moria/AP/SIPA
Tunisie, Algérie, Niger… La famille et les affidés du dictateur déchu ont quitté la Libye en catastrophe quelques heures à peine avant l’entrée des rebelles dans Tripoli. Récit de la fuite mouvementée des anciens maîtres de la défunte Jamahiriya.
La scène se passe au poste-frontière de Tahat, au pied du Tassili N’Ajjer, à quelque 100 km à l’est de la ville algérienne de Djanet. En ce 29 août, après plus de vingt heures de conciliabules et de valses-hésitations, Safia Kaddafi, seconde épouse du « roi des rois d’Afrique », ses enfants Aïcha et Hannibal en photo ci-dessous, ©AFP), leurs conjoints et enfants, son beau-fils Mohamed et une nuée d’accompagnateurs sont admis en territoire algérien (seuls MouammarSeif el-Islam et Moatassim étaient restés en Libye). Le périple avait débuté une semaine auparavant, le 21 août, jour de la vraie fausse arrestation de Seif el-Islam lors de la bataille de Tripoli.
Appelons-le Djoumaa. Chauf­feur des Kaddafi depuis une dizaine d’années, il a 35 ans, est originaire de Sebha, fief des Guedadfa, la tribu du « Guide ». À Tahat, pendant que ses employeurs négociaient avec le général-major Athamnia, chef de la VIe région militaire (Tamanrasset, chef-lieu régional selon le découpage territorial militaire), il s’est longuement confié à un jeune conscrit de l’armée algérienne.
« La décision de fuir Tripoli a été prise alors que les rebelles frappaient aux portes de Tripoli. Cette nuit-là [du 21 au 22 août, NDLR], pendant que Seif el-Islam paradait sur la place Verte pour démentir l’information – donnée par Al-Jazira – selon laquelle il avait été arrêté, la capitale était plongée dans le noir, frappée par un curieux black-out, alors qu’aucune centrale n’avait été touchée par les bombardements de l’Otan. La décision de quitter Bab el-Azizia avait été prise dans la journée. Tout le monde quitte le navire, y compris le “Guide”. Notre convoi s’ébranle vers 2 heures du matin. Selon le dispositif mis en place, Saadi n’est pas du voyage, en tout cas pas du nôtre. » Une précision s’impose à ce niveau du récit.
Arraï ou la voix du "Guide"
Depuis la chute de Tripoli, Kaddafi diffuse ses messages audio sur la télévision privée Arraï, devenue le refuge des derniers partisans du leader libyen déchu. Installée dans un quartier résidentiel de la périphérie de Damas, cette chaîne appartient à Michane al-Joubouri, 54 ans. Ancien député irakien, il est connu pour ses coups d’éclat sur Al-Jazira. En baasiste convaincu, il y dénonce régulièrement le complot américano-israélien contre la nation irakienne. Joubouri n’en est pas à son premier projet de télé puisqu’il avait déjà créé la chaîne Al-Zawra, interdite de diffusion en 2007 par le CSA français pour « incitation à la haine » : l’antenne diffusait alors en continu des clips faisant l’apologie des attentats-suicides en Irak. Aujourd’hui, Kaddafi est la nouvelle cause de ce riche homme d’affaires lié au régime de Damas. Arraï, qui tourne sans publicité et avec un budget officiel de 1,5 million de dollars, se veut « ouverte à toutes les opinions », mais n’évoque jamais la brutale répression des manifestations en Syrie. Youssef Aït Akdim
Un chemin de croix. Si le président Abdelaziz Bouteflika (en photo ci-contre, © AFP) ne prend plus Kaddafi au téléphone depuis quelques semaines, il lui avait auparavant assuré qu’il veillerait sur les siens en cas de malheur. À une condition : « Je ne pourrai rien du tout pour les personnes sous le coup de poursuites ou de sanctions internationales. »
Le 21 août, Kaddafi tente à trois reprises de joindre Bouteflika : Saadi insiste pour accompagner sa mère en Algérie. Mais le président ne décroche pas. Kaddafi essaie de passer par son ambassadeur à Alger, son cousin et homme de confiance, qui est l’un des rares diplomates étrangers à disposer d’un canal direct pour accéder au président algérien. Il lui explique la situation, mais Bouteflika est inflexible : « Pas question, Saadi est sous le coup d’une interdiction de voyager décidée par le Conseil de sécurité de l’ONU. » C’est ainsi que Saadi et quelques généraux libyens prendront une autre route, celle qui mène au Niger et le plateau du Djado.
« La première contrainte était de récupérer la matriarche, Safia, poursuit Djoumaa. Depuis la mort de son plus jeune fils, Seif el-Arab, le 1er mai, lors d’un bombardement de l’Otan, elle a décidé de rester auprès de celui qui était devenu son petit dernier : Khamis. Celui-ci, à la tête des troupes d’élite, était basé à Bani Walid. Pour y accéder, il fallait emprunter une route non sécurisée, c’est-à-dire que l’on pouvait tomber sur un check-point des insurgés. Je jure sur la tête de mes enfants [il en a trois, tous du voyage, car représentant une sorte d’assurance vie pour les augustes passagers] que le véhicule qui transportait les précurseurs et éclaireurs a été intercepté par un barrage de rebelles, immédiatement levé après la remise d’une mallette contenant 200 000 dollars à celui qui faisait office de chef.
« Arrivé à Bani Walid, le cortège s’arrête quelques heures, le temps de récupérer des femmes et enfants de certains accompagnateurs [toujours l’assurance vie !] et bien sûr Safia et quelques proches. Nous avons attendu la nuit pour repartir. Prochaine étape : Sebha. La route était moins dangereuse, mais au-delà de Sebha, où nous avons passé deux nuits, nous n’avions aucune garantie. L’option Ghadamès [plus proche de Sebha] et Debdeb l’algérienne est très vite abandonnée pour celle de Tinalkoum et Tahat, plus au sud et donc plus éloignés. Pourquoi quarante-huit heures à Sebha ? Nous avions un autre problème : le risque de tomber nez à nez avec les salafistes d’Al-Qaïda. L’aide de camp de Hannibal avait donc sollicité l’expertise de l’un de ses affidés, un contrebandier touareg réputé pour sa parfaite connaissance du terrain et ses multiples complicités avec les djihadistes du Sahel. Nous avons donc dû l’attendre. Il en coûtera 100 000 dollars et quatre jours de route supplémentaires à cause des pistes empruntées dans le désert pour éviter les mauvaises rencontres. Le tout sur fond de cris d’enfants, de crises de nerfs et d’angoisse. Un vrai chemin de croix. »
Les larmes de Safia. Le convoi arrive à destination dans la nuit du 27 au 28 août. La famille a droit à un traitement VIP. Du moins ce que permet le confort sommaire de l’austère Tahat : quelques chaises en plastique et des lits de camp. Les officiers supérieurs et les autorités civiles de Djanet sont dépêchés sur place par hélicoptère. Plus au nord, le tarmac de l’aéroport militaire de Boufarik est le théâtre d’une intense activité, et les rotations des gros-porteurs Iliouchine et autres Hercule C130 se multiplient. Si la décision politique d’accueillir la famille Kaddafi est déjà prise, la vérification de l’identité des accompagnateurs, des gardes du corps et du petit personnel prend du temps. Au plan diplomatique, Alger informe Ban Ki-moon et le Conseil de sécurité. Washington est aussi averti, mais il dispose déjà de l’information. « Le Pentagone ne le crie pas sur tous les toits, mais il apprécie la coopération d’Alger et notre souci de la légalité internationale », raconte un officier supérieur.
Le Caire, dimanche 28 août. Les chefs de la diplomatie de la Ligue arabe sont en conclave. Mahmoud Jibril, numéro deux du CNT, demande à rencontrer Mourad Medelci. « Cela tombe bien, j’ai une importante communication à vous faire, dit en préambule le chef de la diplomatie algérienne. Mon pays a décidé aujourd’hui d’accueillir, pour des raisons strictement humanitaires, une partie de la famille Kaddafi. » Et de lui décliner l’identité de ces réfugiés « spéciaux ».
Pendant ce temps, au Niger...
Le Niger abrite plus de 200 Libyens en cavale. Le plus connu est Saadi Kaddafi, contre lequel Interpol a émis une notice rouge le 29 septembre. Escorté par des combattants touaregs, ce fils du « Guide » déchu est arrivé début septembre par la route. Aujourd’hui, il loge à la villa A4 d’un lotissement de luxe, le « Conseil de l’entente ». Télévision, téléphone satellitaire, maître d’hôtel… Il ne manque de rien. Étroitement surveillé, il est invité à ne pas sortir du lotissement, mais a déjà fait deux fois le tour de Niamey. Selon l’un de ses derniers visiteurs, il commence à déprimer… Autres fugitifs : le général Rifi, chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Ali Kana, patron de la sécurité à Sebha, et le colonel Abdallah Mansour, officier traitant des rebelles touaregs. Ils vivent dans une résidence d’État, près de la présidence, et leur suite – officiers, agents du protocole, hommes de main… – loge dans une villa d’un quartier résidentiel. Alain Faverie
À 2 700 km du Caire, Alger prépare les conditions d’accueil des Kaddafi. À Tahat, l’identification des accompagnateurs, armés pour la plupart, s’éternise. Aïcha est enceinte de huit mois. L’émotion et les conditions du voyage ont accéléré les contractions. Mais les militaires algériens restent intransigeants. Outre l’identification des personnes armées, les consignes de sécurité imposent de séparer les membres de la délégation en plusieurs convois. « Pour leur propre sécurité, explique notre officier. Nous avons reçu pour instruction de ne pas les transporter dans leurs véhicules libyens. Il fallait attendre la vingtaine de 4x4 venant de Djanet. » La famille refuse d’être séparée. « Nous mourrons ensemble », lance en pleurant Safia.
Pourboires de 100 dollarsLa cadence des contractions de la jeune femme va accélérer les choses. À l’aube du 29 août, Safia, Aïcha et leurs suivantes sont transférées par hélicoptère vers une clinique de Djanet. L’ancienne avocate de Saddam Hussein donne le jour, le lendemain, à une petite fille qu’elle nommera, selon la rumeur, Amel Djanet, (Espérance de Djanet). L’heureux (ou malheureux, c’est selon) père, les fils Kaddafi, les nombreux enfants qui les accompagnent et le reste de la délégation sont acheminés, par voie terrestre, jusqu’à la base aérienne de Djanet où un C130 les emmène à Boufarik. Aïcha et Safia les rejoindront quarante-huit heures plus tard, après une escale à l’hôpital militaire d’Aïn Naadja, dans la banlieue d’Alger, en compagnie de la sage-femme qui a assisté Aïcha pour l’accouchement.
Selon certaines sources, outre les voitures, les armes, les moyens de télécommunications sophistiqués, l’or et l’argent en liquide n’ont pas été acceptés en territoire algérien. « Une légende, assure un habitant de Djanet. Jamais le personnel de la maternité où a accouché Aïcha n’a vu autant de billets de 100 dollars distribués en pourboires. Une infirmière aurait reçu l’équivalent de deux années de smic ! »
La famille et les accompagnateurs (une soixantaine de personnes, en grande majorité des femmes et des enfants, sur la centaine qui a fait le voyage Tripoli-Tinalkoum) se retrouvent réunis le 31 août. Ils sont regroupés dans un minicomplexe de quatre villas dans la partie la plus protégée, quasi inaccessible aux riverains, de la résidence d’État du Club des pins. Un véritable no man’s land surveillé par une compagnie de gendarmerie pour dissuader badauds et curieux de s’approcher.
Rares sont les personnes qui peuvent se targuer d’avoir rencontré les nouveaux hôtes. Le conscrit qui nous a rapporté le récit de Djoumaa en fait partie. Il nous décrit l’état d’esprit des réfugiés.
« Mohamed [ex-patron des télécoms libyennes] m’a semblé le plus nerveux. Hannibal est le plus hautain. Son épouse, Aline [Skaf, de son nom de jeune fille], une ancienne actrice libanaise, a sombré dans la dépression. Safia n’arrête pas de pleurer et Aïcha est la plus courageuse (en photo ci-dessous, © Reuters, NDLR). »
Notre témoin n’est pas le seul à être sous le charme de la « Madone » de la Jamahiriya. Pour nombre de ses concitoyens, Aïcha n’est plus perçue comme la fille du dictateur déchu, mais comme l’icône de la résistance à l’agression militaire occidentale. C’est pourquoi son intervention, le 25 septembre, sur la chaîne de télévision syrienne Arraï, appelant à « chasser les traîtres et les valets de l’Otan de Tripoli » a embarrassé le pouvoir algérien. « Non seulement elle l’a fait le jour où Mourad Medelci avait annoncé, depuis New York, la reconnaissance du CNT, mais son intervention médiatique a perturbé l’opinion nationale, explique un diplomate algérien sous le couvert de l’anonymat. Elle nous met en porte-à-faux avec notre passé de résistants et de soutiens indéfectibles aux mouvements de lutte contre l’oppression étrangère.
Le 28 septembre, l’officier traitant des « réfugiés du Club des pins » les informe qu’une nouvelle sortie médiatique d’Aïcha conduirait les autorités algériennes à reconsidérer l’asile qui leur a été accordé. « Une menace difficile à mettre en œuvre, assure Miloud Brahimi, ancien bâtonnier et militant des droits de l’homme, car l’article 68 de la Constitution sacralise le droit d’asile. En outre, une convention algéro-libyenne, signée en novembre 1995, interdit toute extradition entre les deux pays pour des motifs politiques. » Aïcha et consorts ? Un nouveau casse-tête pour le pouvoir algérien


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20 mn.fr

Libye: Kadhafi se cacherait dans le sud du pays

Mis à jour le 06.10.11 à 22h35
Mouammar Kadhafi se cache quelque part dans le sud de la Libye et les nouvelles autorités espèrent le localiser précisément à brève échéance, a déclaré jeudi Mahmoud Djibril, chef du gouvernement intérimaire libyen, en visite à Bagdad.

«Aux dernières nouvelles, il se trouve dans le sud de la Libye sous la protection des Touaregs et il se rend de temps en temps au Niger. La sécurité est le plus important pour lui. Dire ou il se trouve exactement même pendant dix heures est très difficile. J'espère que, dans les jours qui viennent, nous serons en mesure de le localiser exactement», a-t-il ajouté.

Mahmoud Djibril a par ailleurs expliqué qu'il s'était rendu en Irak pour rétablir les relations diplomatiques bilatérales et pour demander à Bagdad de contribuer au développement de l'industrie pétrolière libyenne.

La chaîne de télévision syrienne Arrai a diffusé jeudi un message sonore de Mouammar Kadhafi dans lequel le Guide déchu affirme que les responsables des pays en voie de développement qui reconnaissent le Conseil national de transition (CNT) seront à leur tour renversés.

Il appelle dans ce message ses compatriotes à protester pacifiquement «par millions» contre une situation devenue «intolérable».
Reuters

Libye: les combattants du nouveau régime en passe de contrôler Syrte
SYRTE — Les combattants du nouveau régime en Libye étaient en passe mardi de prendre le contrôle de la ville de Syrte où les hommes fidèles au leader déchu Mouammar Kadhafi sont poussés dans leurs derniers retranchements, à l'issue de près d'un mois de siège sanglant.
Le Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend la chute de Syrte pour proclamer la "libération totale" de la Libye, ouvrant la voie à la formation d'un gouvernement chargé de gérer la période de transition jusqu'à la tenue d'élections générales.
"La chute de Syrte sera un moment clé", a assuré mardi le plus haut responsable militaire de l'Otan, l'amiral Gianpaolo Di Paola, tout en précisant que ce ne serait pas "le seul facteur" pris en compte par l'Alliance pour décider de mettre fin aux opérations lancées fin mars.
Outre Syrte, près du village natal de Mouammar Kadhafi qui a gouverné le pays pendant 42 ans, les forces du CNT assiègent l'oasis de Bani Walid, l'autre principal bastion de l'ancien régime, qu'elles espèrent prendre dans le sillage de la chute de Syrte.
Venant du front Est, les combattants du CNT ont pris à la mi-journée le contrôle du QG de la police dans le centre de Syrte, à 360 km à l'est de Tripoli, qui avait été déserté, le saccageant et déchirant les portraits de l'ancien "Guide" en fuite, selon un journaliste de l'AFP sur place.
Des dizaines de combattants en liesse, klaxonnant et tirant en l'air, ont célébré cette prise symbolique. La joie est cependant retombée d'un coup quand l'un des combattants s'est écroulé, tué sur le coup par une balle tirée accidentellement par sa propre arme.
L'état-major pro-CNT pour le front Est s'est installé sur le toit du QG de la police, situé au milieu de plusieurs bâtiments officiels et dominant la ville, juste au nord de la place centrale, qui était toujours aux mains des pro-Kadhafi.
"C'est presque fait, il ne reste presque plus rien", a assuré l'un des chefs du front Est et de la brigade "Libye libre", Nasser al-Mgasbi, alors que les pro-Kadhafi étaient acculés dans une zone constituée de la place centrale et de secteurs plus au sud et à l'ouest où se concentraient les combats.
Régulièrement, un véhicule pro-CNT passait à toute vitesse pour évacuer un blessé. Depuis vendredi, les combats ont fait plus de 70 morts et des centaines de blessés côté CNT.
Selon les nouvelles autorités, même si quelques poches de résistance subsistent, la prise de la place centrale permettra d'annoncer que la ville est sous contrôle.
"Il nous reste encore deux kilomètres carrés à prendre pour libérer totalement la ville", a déclaré plus tôt dans la journée le commandant de la brigade "Libye libre" et l'un des chefs du front Est, Wissam ben Ahmed.
"Mais notre problème ce sont surtout les familles dont beaucoup ont peur de quitter leurs maisons, utilisées par les tireurs embusqués", a-t-il souligné.
Régulièrement, des convois de véhicules transportant des dizaines de civils et escortés par les pro-CNT sortaient mardi de la zone des combats, essentiellement des femmes, des enfants et des hommes âgés, parfois à bord de voitures de luxe.
"Nous étions 9 familles dans une seule maison, soit 35 personnes, en majorité des femmes et des enfants. Nous avions de l'eau mais pas d'électricité depuis 2 mois, nous nous nourrissions de riz et de pain", explique Youssef Sultane, la quarantaine.
Touché par une balle pendant l'évacuation, il a une jambe ensanglantée et couverte de mouches. Après un bref interrogatoire, les pro-CNT l'évacuent vers un hôpital à l'arrière.
La bataille de Syrte, ville symbole à laquelle les forces du CNT ont donné l'assaut le 15 septembre, a coûté la vie à des centaines de personnes. Depuis vendredi, les combattants pro-CNT ont enregistré plus de 70 tués, selon des sources médicales.
A Bani Walid, vaste oasis au relief escarpé à 170 kilomètres au sud-est de Tripoli, des dizaines de civils ont encore fui la ville mardi, avant qu'une myriade de chars, de pick-up armés et d'ambulances ne s'emparent de la route à une trentaine kilomètres de la ville.
"Nous nous préparons pour la grande bataille de demain", a affirmé Jamal Tomzini, jean, t-shirt blanc et AK-47 en bandoulière. Après un cafouillage qui a coûté la vie à 17 combattants pro-CNT dimanche, les combats sont suspendus, le temps d'unifier les rangs.
Mais le commandement militaire assure vouloir reprendre l'offensive dès mercredi, tout en espérant voir arriver des renforts après la chute de Syrte.
En visite à Tripoli, le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a annoncé une aide de 10 millions de dollars à la Libye pour sécuriser les armes de destruction massive et déminer le pays.
Le conflit dans ce riche pays pétrolier a débuté le 15 février par une révolte populaire contre le régime qui s'est transformée en guerre civile ayant fait plus de 25.000 morts, selon le CNT.

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jeudi 29 septembre 2011

Libye

Les Berbères s’organisent pour réclamer de nouveaux droits politiques

Angola Press
mercredi 28 septembre 2011
Tripoli - Conscients de leur poids politique en Libye, les Amazighs (berbères) s’organisent pour réclamer de nouveaux droits, exigeant en particulier la reconnaissance officielle de leur langue, le tamazight.
Lundi, les militants amazighs ont organisé le "Premier forum amazigh libyen", une réunion — impossible durant les 41 années de règne de Mouammar Kadhafi — intitulée "Officialisation de la langue amazighe et soutien à l’unité nationale".
La conférence, sans précédent en Libye, a débuté avec le nouvel hymne national chanté en arabe et en tamazight.
"Nous ne croyons pas aux partis politiques fondés sur (l’identité) différente des Amazighs, mais nous voulons dire au gouvernement de transition et au gouvernement qui suivra que les Amazighs font partie intégrante de la vie politique", a lancé Fathi Abou Zakhar, président du comité préparatoire.
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lundi 19 septembre 2011


Le Temps d'AlgerieVersion imprimableSuggérer par mail
18-09-2011
CONCERTATION CNES ET ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
Tamanrasset abrite la 3e rencontre sur le développement local 

La troisième rencontre locale de concertation sur le développement local a ouvert ses travaux hier dans l'après-midi à Tamanrasset sous la présidence de Mohamed Seghir Babes, président du Conseil national économique et social (Cnes).
Cette rencontre qui a vu la participation des représentants des citoyens, de l'administration locale, des élus locaux et des notables ainsi que du mouvement associatif, a pour objet de créer un espace de débat et d'échange de points de vue concernant les différentes questions socio-économiques et administratives locales. Contrairement aux deux précédentes rencontres locales, tenues le 5 et le 11 septembre à Tindouf puis à Illizi, l'ordre du jour de celle de Tamanrasset prévoit, d'abord,
une réunion regroupant Babes avec les élus locaux issus des Assemblées populaires communales et de wilaya (APC, APW) ainsi que les représentants de la capitale de l'Ahaggar au Parlement avant de terminer la journée dans la soirée avec une communication présentée par le wali sur l'effort de développement local. Les travaux reprendront aujourd'hui
dans la matinée et seront consacrés à l'écoute des préoccupations, propositions et attentes des citoyens, des notables et des représentants du mouvement associatif local.Les rencontres locales de concertation sur le développement local qui se poursuivront jusqu'au début du mois de novembre prochain s'inscrivent dans le cadre d'une profonde réflexion, qui se veut de la base au sommet.

Libye-Mali: Des maliens en prison à Jedidah

Prison de Jedidah-Libye: 300 Maliens dans les geôles du CNT, 40 portés disparus - L'information nous a été donnée par certains ressortissants maliens, rapatriés de Libye, il y a quelques jours : "Nous avons laissé derrière nous plusieurs Maliens, de toutes les ethnies, dans la prison de Jedidah, l'une des plus terribles en Libye. Pendant notre fuite, on nous a dit qu'il y avait des gens qui ont disparu".

Contacté par nos soins, dans l'après-midi du vendredi 16 septembre, un diplomate basé dans un pays arabe et qui requiert l'anonymat, a confirmé les faits. Selon lui, ce sont environ 300 Maliens qui croupissent dans la prison de Jedidah, en Libye et on dénombre 40 personnes disparues. Le diplomate de souligner que "toutes ces informations ont été transmises aux ministères des Affaires Etrangères et à celui des Maliens de l'Extérieur". Pour le moment, c'est silence radio du côté de Bamako. Comme à l’accoutumée. C'est à l'international que des voix s'élèvent pour dénoncer les exactions commises par le Conseil national de transition.

C'est ainsi que l'un des membres de l'association Défense-Etrangers en Libye, avec qui nous avons échangé au téléphone, affirme, lui aussi, qu'environ 600 personnes, surtout des maliens et nigériens, sont détenues et "torturées" par les nouvelles autorités libyennes. "Sur la base d'informations fiables, environ 300 étrangers, essentiellement des Touareg du Mali, croupissent actuellement dans les prisons libyennes. Ils sont persécutés par les forces de sécurité du nouveau régime" du Conseil national de transition (CNT), selon un communiqué de l'association, publié sur un site Internet.

"Certains disent qu'ils ont été tués et enterrés dans une fosse commune. Il faut que les gouvernements de leurs pays d'origine réagissent enfin, et que le CNT donne sa version des faits", poursuit-elle.

Selon l'association, les témoignages ont été recueillis auprès de contacts sur place qui se cachent et craignent pour leur vie, ou bien de détenus qui soudoient des geôliers pour pouvoir communiquer avec l'extérieur. Ils ont affirmé avoir saisi les autorités maliennes  et sollicité une rencontre pour leur "expliquer la situation et demander les mesures prises pour réclamer la libération des étrangers emprisonnés en Libye".

Il faut reconnaître que de tout temps, les Africains au Sud du Sahara, et les noirs en général, connaissent une vie très difficile en Libye. Au temps de Kadhafi, cette main-d'œuvre bon marché était l'objet de discrimination et d'exactions de toutes sortes.

Ils étaient dépossédés de leurs biens tous les jours, sans compter le grand nombre qui était jeté en prison sans jugement. Certains y perdaient la vie.

Avec la guerre contre le régime Kadhafiste, la situation des sud sahariens a été encore pire. Tout noir est confondu aux mercenaires de Kadhafi et est livré à une torture impitoyable s'il n'est pas tout de suite abattu. Ceux qui ont regagné le Niger, le Mali ou le Burkina Faso savent à quel prix ils ont pu sauver leur tête.

Aujourd'hui, dans les zones conquises par le CNT, nous confie le diplomate que nous avons contacté, aucune juridiction véritable n'existe pour le moment.

Le pays est donc livré aux nouveaux maîtres. Espérons que, dans un proche avenir, nos autorités compétentes sortiront nos compatriotes dans cette situation qui n'a que trop duré.

A suivre

Paul Mben

22 Septembre du 19 septembre 2011