samedi 25 janvier 2014

L’Afrique, si la colonisation n’avait pas eu lieu

http://rue89.nouvelobs.com/2014/01/24/lafrique-si-colonisation-navait-eu-lieu-249333
La carte de l'Afrique, à partir de l'année 1844 (Nikolaj Cyon)
La carte de l’Afrique, à partir de l’année 1844 (Nikolaj Cyon) – voir en haute résolution
.
Pascal Riché | Cofondateur Rue89

A quoi ressemblerait l’Afrique, si la colonisation n’avait pas eu lieu ? Cette carte, réalisée par l’artiste suédois Nikolaj Cyon, fait partie des 40 projections étonnantes que vient de sélectionner le Washington Post.
La carte, datée de 1844, est imaginaire : l’auteur a cherché à dessiner ce qu’aurait pu être l’Afrique si l’Europe avait été suffisamment affaiblie pour ne pas reconquérir l’Espagne et la Sicile et coloniser le continent.

Les Arabes auraient conquis le Mexique

VOIR LE DOCUMENT
Dans son scénario, la peste noire, en 1353, aurait tué quatre Européens sur cinq, affaiblissant durablement le continent du nord. Les Arabes auraient conquis le Mexique, ce qui leur aurait fourni de l’or et les auraient amenés à cultiver le maïs. La production de tissu de raphia dans l’Empire Congo aurait explosé et conduit à l’industrialisation de cette région. Les bateaux à vapeur auraient accru le commerce sur le fleuve Niger et enrichi le Bénin, le Dahomey, etc. [voirPDF, en anglais].
Et les cartes auraient été dessinées à l’envers ! Ou à l’endroit, comme on voudra. De quoi, en tout cas, casser l’aspect eurocentriste habituel.

Conférence constitutive de l’Union Nationale des Femmes de l’Azawad tenue les 20, 21 et 22 janvier 2014 à Kidal.

Communiqué Final
La conférence constitutive de l’Union Nationale des Femmes de l’Azawad proclame solennellement la naissance de l’Union Nationale des Femmes de l’Azawad ;
Remercie la Communauté Internationale pour son initiative de s’impliquer dans un règlement juste et équitable du conflit opposant l’Azawad au Mali depuis plus de 50 ans ;
Interpelle la Communauté Internationale pour que l’Etat du Mali respecte enfin l’accord préliminaire de Ouagadougou signé le 18 juin 2013 au Burkina Faso, notamment en libérant immédiatement et sans conditions les prisonniers Azawadiens dont il accroit chaque jour le nombre, et en mettant immédiatement fin aux arrestations arbitraires, pillages économiques des populations de l’Azawad à cause de leur appartenance ethnique;
Interpelle la communauté internationale pour mettre l’Azawad en particulier et le Sahel en général à l’abri du terrorisme national et international qui crée de plus en plus une atmosphère infernale grâce à des complicités africaines et asiatiques ;
Interpelle la Communauté Internationale afin que le processus de paix sorte immédiatement du blocage où l’ont confiné les atermoiements des autorités maliennes, et que le dossier du conflit reste entre les mains de la Communauté Internationale avec le Burkina Faso et le Nigeria comme médiateur et médiateur associé.
Interpelle la Communauté Internationale afin qu’aucun retour des réfugiés ne soit bricolé avant la signature de l’accord global final.
La Conférence,http://www.mnlamov.net/

vendredi 24 janvier 2014

FrancArevaqmi :les crimes a l encontre des touareg continuent..

Orphans of the Sahara - Episode 3 - Exile




Accueil | Politique | Flash info | Le rapport 2014 de Human Rights Watch sur le Mali

Le rapport 2014 de Human Rights Watch sur le Mali

Par  9 réactions  
  
Taille de la police: Decrease font Enlarge font
(image utilisée juste a titre d`illustration).(image utilisée juste a titre d`illustration).
Rapport mondial 2014 : Mali
Événements de 2013
En janvier 2013, une avancée inattendue de groupes armés islamistes en direction du sud du pays a déclenché une offensive militaire par la France, qui a rapidement permis de chasser ces groupes et a en grande partie mis un terme à leur occupation abusive du Nord-Mali. Pendant et après cette offensive, des soldats maliens ont commis plusieurs abus, en particulier contre des civils et des suspects rebelles dont ils avaient la garde.
Des craintes concernant la menace posée par des groupes armés islamistes proches d’Al-Qaïda ont mené à d’importantes initiatives diplomatiques  visant à résoudre la crise et à stabiliser le Mali. La France s’est chargée des questions militaires, l’Union européenne de la formation et de la réforme du secteur de la sécurité, et les Nations Unies, au moyen d’une force de maintien de la paix, du respect de l’état de droit et de la stabilité politique. Si la plupart de ces acteurs ont critiqué les abus perpétrés par les groupes islamistes, ils se sont montrés peu disposés à critiquer publiquement ceux qu’avait commis l’armée malienne.
Les élections présidentielles qui ont eu lieu en août et ont été largement libres, équitables et transparentes ont contribué à stabiliser la situation politique. Cependant, la sécurité a été mise à mal par des tensions communautaires incessantes et des incertitudes quant au statut des rebelles touaregs ; par les attaques continues lancées par des groupes islamistes, notamment des attentats-suicides ; par des divisions au sein de l’armée ; et par la hausse de la criminalité.
Les autorités maliennes n’ont guère agi pour enquêter sur les membres des forces de sécurité impliqués dans des abus et exiger qu’ils rendent compte de leurs actes. Cependant, en janvier, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur les crimes qui auraient été commis dans les trois régions du Nord-Mali.L’accord de Ouagadougou, signé en juin par le gouvernement malien et deux groupes touaregs, est resté ambigu sur la question de savoir si les auteurs de crimes graves seraient traduits en justice.
L’état de droit au Nord-Mali a été affecté par la lenteur avec laquelle les membres de l’appareil judiciaire et la police ont regagné cette région. D’une manière générale, l’inadéquation du budget affecté au système de justice pénale a limité l’application de la loi selon les procédures prévues dans tout le pays. L’escroquerie et la corruption, phénomènes endémiques à tous les niveaux du gouvernement, ont par ailleurs entravé l’accès des Maliens aux soins de santé élémentaires et à l’éducation fondamentale.

Exactions commises par les forces de sécurité de l’État

Dans le cadre de leur campagne visant à reprendre le contrôle du Nord, des soldats maliens ont perpétré de nombreuses exactions, notamment des exécutions sommaires, des disparitions forcées et des actes de torture. Parmi ces abus, qui ciblaient des rebelles islamistes suspectés et des collaborateurs présumés, citons au moins 26 exécutions extrajudiciaires, 11 disparitions forcées et plus de 50 cas de torture ou de mauvais traitements.
Des détenus ont été brutalement battus, ont reçu des coups de pied et ont été étranglés ; brûlés avec des cigarettes et des briquets ; forcés à avaler ou à se faire injecter une substance caustique non identifiée ; exposés à des simulacres de noyade proches de la méthode du « waterboarding » ; et assujettis à des menaces de mort et à des simulacres d’exécution.
Ces sévices ont cessé une fois que les détenus ont été remis aux gendarmes, qu’ils ont parfois soudoyés afin d’assurer leur libération. La présence de gendarmes, de soldats français et de troupes d’Afrique de l’Ouest ont eu un effet dissuasif sur les responsables des abus les plus graves.
En août, l’auteur du coup d’État de 2012, le capitaine Amadou Sanogo, a été promu lieutenant-général, et ce, malgré son implication directe dans des actes de torture et des disparitions forcées en 2012 et en octobre 2013, épisodes lors desquels des forces fidèles à Sanogo auraient tué quatre de ses loyalistes et en auraient fait disparaître au moins sept qui s’étaient mutinés.Cependant, en août, le Président par intérim a abrogé un décret datant de 2012 qui nommait Sanogoresponsable du comité chargé de la mise en œuvre de réformes dans l’armée.

Abus perpétrés par des groupes islamistes armés et des rebelles touaregs

Avant d’être chassés du Nord-Mali, des combattants de groupes islamistes—Ansar Dine, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)—ont commis de graves abus contre des prisonniers et des résidents locaux. Cherchant à imposer leur propre interprétation de la sharia, ces groupes ont battu, fouetté et arrêté de manière arbitraire les consommateurs de cigarettes ou de boissons alcoolisées ou bien des personnes qui ne respectaient pas leur code vestimentaire. En janvier, des groupes armés islamistes ont exécuté au moins sept soldats maliens à Konna.
AQMI détient toujours en otages au moins huit personnes, dont deux Français, un Néerlandais, un Suédois, un Sud-Africain et au moins trois Algériens. AQMI a affirmé avoir exécuté un Français, Philippe Verdon, le 10 mars, en représailles contre l’intervention militaire de la France au Nord-Mali.
Les 1er et 2 juin, des forces du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), groupe touareg qui contrôle encore certaines zones de la région de Kidal, ont détenu arbitrairement une centaine de personnes, pour la plupart des hommes à la peau plus sombre issus de groupes ethniques autres que touaregs. Le MNLA a volé, menacé et, à plusieurs reprises, brutalement battu ces hommes. Le 2 novembre, deux journalistes français ont été enlevés à Kidal, le fief du MNLA, puis exécutés par des hommes armés qui seraient proches d’AQIM. En septembre, le MNLA a libéré une trentaine de prisonniers détenus par des groupes islamistes à Kidal.

Obligation de rendre des comptes

Des crimes de guerre et d’autres abus graves ont été commis par toutes les parties durant le récent conflit armé au Mali. Parmi ces abus figurent l’exécution sommaire de jusqu’à 153 soldats maliens à Aguelhok ; des saccages et des actes de pillage généralisés et des violences sexuelles commises par le MNLA ; le recrutement et l’utilisation d’enfants combattants, des exécutions, des flagellations, des amputations et la destruction de sites religieux et culturels par des groupes islamistes armés ; et des exécutions sommaires, des actes de torture et des disparitions forcées perpétrés par des soldats de l’armée malienne. De nombreux établissements de santé du Nord-Mali ont été spécifiquement ciblés et pillés.
En juillet 2012, le gouvernement du Mali, État partie à la CPI, a déféré « la situation au Mali depuis janvier 2012 » à la procureure de la CPI en vue de l’ouverture d’une enquête. Le 16 janvier 2013, celle-ci a formellement ouvert une enquête sur les crimes graves qui auraient été commis dans les trois régions du Nord-Mali. Au moment de la rédaction de ce chapitre, aucun mandat d’arrêt n’avait été émis.
Le gouvernement et le haut commandement militaire maliens ont transmis des messages contradictoires concernant les abus commis par les soldats maliens ; ainsi, à certains moments, ils ont catégoriquement nié les atteintes et, à d’autres, ils ont promis d’exiger des responsables présumés qu’ils rendent compte de leurs actes. Si les autorités maliennes ont enquêté sur quelques incidents, notamment sur la disparition forcée de cinq hommes à Tombouctou en février et sur le massacre de 16 prédicateurs musulmans par des soldats à Diabalyen septembre 2012, de nombreux autres ne font l’objet d’aucune enquête, et aucun des soldats impliqués dans les abus récents n’a été traduit en justice.La justice a quelque peu progressé dans le traitement de l’affaire de la disparition forcée, en mai 2012, d’au moins 21 soldats par des forces fidèles à Sanogo. Ainsi, en octobre, le juge chargé d’enquêter sur cette affaire a inculpé et détenu trois membres des forces de sécurité et en a convoqué 17 autres, dont Sanogo, pour les interroger sur leur rôle présumé dans ces crimes.

Mécanisme de recherche de la vérité et de réconciliation

En mars, le gouvernement par intérim a instauré la Commission pour le dialogue et la réconciliation, mais son efficacité a été diminuée par le manque de clarté de son mandat et par la nomination hâtive de commissaires par le gouvernement par intérim, qui s’est abstenu de consulter de manière satisfaisante un large éventail de parties prenantes. Étant donné que son mandat et ses pouvoirs semblent se limiter à la promotion de la réconciliation, certains Maliens ont réclamé la mise en place d’une commission capable de s’attaquer au problème de l’impunité concernant les abus commis et de recommander la traduction des individus concernés devant les tribunaux.

Système judiciaire

La négligence et la mégestion au sein du système judiciaire malien ont entraîné des déficiences saisissantes et gêné les efforts de lutte contre l’impunité des auteurs de délits, toutes catégories confondues. Conjuguées à une conduite non professionnelle et à des pratiques corrompues, les lacunes logistiques et en matière de personnel au sein du secteur de la justice ont contribué à des violations du droit à l’équité procédurale.
Du fait de l’incapacité des tribunaux à traiter les dossiers de manière adéquate, des centaines de prisonniers se trouvent en détention préventive prolongée dans des prisons et des centres de détention surpeuplés. Très peu des quelque 250 hommes (d’après les estimations) qui étaient détenus suite à l’offensive visant à reprendre le Nord-Mali étaient représentés par un avocat, et plusieurs sont morts en détention à cause de l’inadéquation des soins médicaux et de conditions de détention déplorables. À noter toutefois que le ministre de la Justice par intérim a remplacé plusieurs procureurs corrompus et quelque peu amélioré les conditions de détention.

Recrutement d’enfants et travail des enfants

Alors qu’ils occupaient le Nord-Mali d’avril 2012 à février 2013, des groupes armés islamistes ont recruté, formé et utilisé dans leurs rangs plusieurs centaines d’enfants. Des dizaines, dont certains avaient tout juste 12 ans, ont participé aux batailles, et nombre d’entre eux ont été tués lors des combats ou des bombardements aériens. Plusieurs écoles ont été détruites par des bombardements français car les groupes islamistes avaient fait de ces établissements leurs centres de commandement.
L’exploitation des enfants dans l’agriculture, les services domestiques, les mines et d’autres secteurs est restée fréquente et a souvent inclus des travaux dangereux pour lesquels la loi malienne interdit l’emploi d’enfants de moins de 18 ans. Les enfants qui travaillent dans les mines d’or artisanales étaient exposés à des risques de blessures et d’exposition au mercure. Plus de deux ans après son adoption, le plan d’action gouvernemental sur le travail des enfants est resté dans l’ensemble inappliqué.

Principaux acteurs internationaux

Les partenaires du Mali, notamment la France, l’Union européenne, les États-Unis et les Nations Unies, ont émis diverses déclarations dénonçant l’offensive et les abus perpétrés par les groupes islamistes, mais ils ont été peu disposés à condamner publiquement les abus commis par l’armée malienne.
La création d’une Mission de soutien international au Mali (AFISMA) sous conduite africaine, forte de 6 200 agents, autorisée en vertu de la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU en décembre 2012, devait permettre de restaurer le contrôle gouvernemental au Nord-Mali en 2013. Cette mission a toutefois été dépassée par les événements après l’attaque, par des rebelles islamistes, de Konna, ville contrôlée par le gouvernement, en janvier. Cette attaque a conduit au lancement d’une opération militaire de six mois impliquant quelque 4 500 soldats, avec l’aide de forces africaines pour rétablir le contrôle gouvernemental dans le Nord.
Reconnaissant la complexité des défis politiques et sécuritaires, le Conseil de sécurité a adopté en avril la résolution 2100, qui a établi la Mission intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), composée de 11 200 agents. En juillet, la plupart des troupes de l’AFISMA sont passées au statut de casques bleus de l’ONU.
Entre-temps, l’Union africaine et la CEDEAO ont pris l’initiative de soutenir les négociations entre les Touaregs armés et le gouvernement malien et, en janvier, le Conseil Paix et Sécurité (CPS) de l’UA a mandaté le déploiement au Mali de quelque 50 observateurs des droits humains. En février, le Conseil des affaires étrangères de l’UE a lancé la Mission de formation de l’UE au Mali (EUTM Mali), chargée de former quatre bataillons de soldats maliens et de soutenir la réforme de l’armée malienne. En mai, une conférence des bailleurs de fonds organisée par l’UE et la France s’est soldée par des engagements envers des efforts de développement au Mali se chiffrant à 4,2 milliards de dollars US.
En février, le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a envoyé au Mali et dans les pays voisins une seconde mission d’établissement des faits. En mars, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a adopté une résolution établissant un mandat d’expert indépendant pour ce pays.
SourceHuman Rights Watch

Un rapport d’Oxfam fustige les actions de la communauté internationale au Mali en matière de développement

Maliactu.net
« Stabilisation et développement durables du Sahel: 4 défis qui restent à relever », c’est le nom du rapport publié le 10 janvier dernier par Oxfam-France. Il concerne globalement tout le sahel mais est particulièrement critique sur les actions de la communauté internationale au Mali.Le Mali vit actuellement une période exceptionnelle car tout fraichement sorti d’une crise politico-sécuritaire sans précédent. Cela ne doit pas, pour autant, occulter les menaces qui pèsent sur le pays notamment en matière de sécurité alimentaire, de santé, etc. Il s’agit d’une manière générale de l’état des lieux des efforts consentis pour le développement durable.

oxfam

Même si l’attention du monde est portée aujourd’hui sur les actions militaires au Mali ainsi que leurs résultats, Oxfam a tout de même tenu, dans le rapport, à « mettre en lumière » 4 défis principaux qui ont trait à la politique et au développement en république du Mali, des facteurs « cruciaux pour la stabilisation à long terme du Sahel dans son ensemble, et sur lesquels l’action de la France n’a pas encore été suffisamment décisive. »
Le rapport recommande en effet, de briser le cercle vicieux de l’appauvrissement et de la vulnérabilité en investissant dans la résilience des populations, d’exploiter les ressources extractives en toute transparence et au bénéfice des populations, de mieux contrôler le transfert des armes et de créer les conditions pour une coopération efficace entre pays du Maghreb.
Il existe de très grandes disparités entre les pays côtiers et ceux du Sahel dont le Mali, en matière de sécurité alimentaire. Oxfam rappelle les crises récurrentes dans cette zone de l’Afrique avant de clairement montrer du doigt les interventions humanitaires « ponctuelles » en période critique. L’organisation les juge « nécessaires » pour répondre à des besoins immédiats, « mais n’apportent pas de solution durable. »

Paix et Développement

Elle prend François Hollande aux mots quand il a déclare que l’intervention au Mali ne vise pas seulement à rétablir l’intégrité du territoire mais aussi à « assurer la sécurité et la stabilité du Sahel et au-delà. » La connexion entre la paix et la sécurité alimentaire est donc prouvée, la première étant un préalable pour la seconde. Une mention allant dans ce sens est d’ailleurs expressément insérée dans le rapport.
Il s’agit d’une citation José Graziano da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) : « Il y a un lien clair entre la faim et les conflits, et entre la sécurité alimentaire et la paix en Afrique. (…) Investir dans la sécurité alimentaire au Sahel est également un investissement pour un avenir pacifique et plus stable »

Le trafic d’armes et sécurité frontalière

La responsabilité de la communauté internationale est engagée dans la crise qu’a vécue le Mali de 2012 à 2013. Il est indiqué, dans le rapport, que les causes sont d’abord externes car c’est l’effondrement du régime de Kadhafi qui a provoqué le retour des mercenaires au Mali avec « la dispersion des stocks d’armes des arsenaux libyens dans l’ensemble de la sous-région. » Cela est également la résultante d’un « contexte de forte porosité des frontières ».
Un traité international sur le commerce des armes a été adopté au sein des Nations unies en 2013. Cependant, à part le Mali et le Nigéria, ni l’Algérie, ni le Niger, ni le Maroc, ni la Tunisie n’avaient signé le Traité à la date du 9 décembre 2013.

Bonne gestion des ressources et transparence

Si le Niger a beaucoup d’uranium, le Maroc le phosphate, l’Algérie le pétrole ; le Mali dispose d’énormes réserves d’Or et bien d’autres ressources encore inexploitées. Et le rapport ressort les risques de « tensions » et « conflits » qui peuvent embraser tout le Sahel si la gestion de ces ressources n’est pas faite de façon efficiente et transparente. Toute chose qui ne peut se réaliser que si les populations locales y sont impliquées et deviennent les principales bénéficiaires de la richesse générée par ces ressources. Faute de quoi les foyers de tension continueront à se multiplier d’abord entre les communautés pour s’élargir ensuite à une échelle plus grande.
Ce cri d’alarme s’adresse principalement aux entreprises occidentales qui sont les premières partenaires économiques de l’Afrique dans ce domaine. Les contrats sont le plus souvent obtenus grâce aux bonnes relations des pays du sud avec ceux du nord. Ces derniers doivent donc être interpellés à ce sujet car ils sont fréquemment cités comme financiers de certaines rebellions.
Aliou Hasseye
(c) maliactu,http://maliactu.net/un-rapport-doxfam-fustige-les-actions-de-la-communaute-internationale-au-mali-en-matiere-de-developpement/

jeudi 23 janvier 2014

Voeux d’Ariane Mnouchkine

  • Je ne m'en lasse pas.
    J'ai posté cette lettre en début d'année également, Philippe, car je la trouve extraordinaire, allant à contre courant de ce que nous entendons à longueur de temps. Une lettre pleine d'espoir et d'énergie à l'image de son auteur. Ariane Mnouchkine est vraiment une dame exceptionnelle. Je ne l'ai rencontré qu'une fois dans ma vie, à la Cartoucherie, en 96 au moment de l'affaire des sans-papiers de "Saint Bernard". Elle avait accueilli nombre d'entre eux et j'avais échangé un long moment avec elle et Babakar Diop. Je suis parti de là, comment dire, "transfiguré". C'est quelqu'un que j'aime énormément.

    Voeux d’Ariane Mnouchkine
    Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,

    À I’ aube de cette année 2014, je vous souhaite Beaucoup de bonheur. Une fois dit ça, qu’ai-je dit? Que souhaitais-je vraiment ?

    Je m’explique. Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier.

    D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires. Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa

    propre importance, fuir les triomphants prophètes de I’ échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.

    Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers. Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer |’écriteau : Chantier Interdit au Public. Je crois que j’ose parler de la démocratie. Etre consulté de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout.

    Déclarons-nous, tous, responsables de tout.

    Entrons sur œ chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance. L’Etat, en L’occurrence, c’est nous.

    Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.

    Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres. Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif.

    Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambiques énorme afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entraînera et entraîne déjà tout ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire les châtiments. Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.

    Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore au tout premier chapitre d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.

    Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont qu’une œuvre, faite de milles œuvres à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants. Disons le haut et fort, car, beaucoup d’entre-eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère. Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.



    Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici.



    Ariane Mnouchkine

Mohamed Hamani, premier Touareg qui se présente à une élection présidentielle en Algérie

Monsieur Mohamed Hamani se présente à la prochaine élection présidentielle de l’ Algérie de 2014. Historiquement, c’est le premier Touareg qui se présente à une élection présidentielle.Sénateur algérien, il est candidat libre.Touareg , Mohamed Hamani est né en 1957 à Djanet wilaya d’ Illizi dans le grand sud algérien.Depuis de nombreuses années, il prend part à la politique de son pays.Il est :-militant du parti FLN depuis 1986
-coordinateur de la CASMA 1994-2007( entité du parti FLN au niveau de la diara, sous préfecture)
-adjoint du président de l’APC ( assemblée populaire communale) de Djanet
-membre de l’APW (assemblée populaire de Wilaya, préfecture) d’Illizi
-élu au conseil de la nation en 2007
-Président de la commission d’équipement et développement local au Sénat depuis le 30/01/2012.
Il souhaite faire connaître au monde entier qu’en Algérie, les citoyens jouissant de leurs droits civiques et remplissant les conditions réglementaires peuvent prétendre à la présentation de leur candidature à la présidence de la République, y compris les gens du sud, notamment la communauté Touareg.
Il souhaite mettre en place un programme d’actions, élaboré en concertation avec des experts reconnus, dans tous les domaines, axé principalement sur :
-Le renforcement de l’unité nationale
-La relance de l’économie nationale qui est le vecteur d’un développement durable et dynamique impliquant toutes les populations y compris le rôle des femmes et celui des jeunes
-La concrétisation de la notion « d’équilibre régional » dans tout le pays
-Faire valoir la citoyenneté de tous les algériens sur le même pied d’égalité
-Le renforcement des institutions de l’Etat en cours de démantèlement
-L’établissement de relations équitables avec les autres Nations dans le Monde
-La contribution efficace aux efforts déployés pour assurer la sécurité et la stabilité dans le monde, notamment dans les pays limitrophes .
Sa notoriété reconnue auprès des communautés sahariennes ainsi que les encouragements et soutiens exprimés par les populations de toutes les régions d’Algérie, font de lui un acteur incontournable et fédérateur de cette élection.

L’expansion d’Al-Qaïda dans le monde: l’autre enjeu de Genève 2

Jolpress.com/
Depuis Montreux, où sont réunies les plus grandes puissances mondiales à l’occasion de la conférence internationale de Genève 2, les diplomates du monde entier se concentreront sur une des conséquences inattendues de la crise syrienne : l’expansion d’Al-Qaïda au Moyen-Orient.
Les djihadistes fidèles à Al-Qaïda sont de plus en plus nombreux à combattre en Syrie. Photo : FreedomHouse/Flickr / cc
Genève 2 a ouvert ses portes à Montreux, en Suisse. Si l’objectif affiché de cette conférence internationale est de trouver une sortie de crise pour la Syrie, l’occasion sera idéale pour se pencher sur l’un des principaux défis mondiaux de cette année 2014.

En 2013, Al-Qaïda s’est montré partout

« Le 22 janvier à Montreux, en Suisse, on parlera bien sûr de l’avenir de la Syrie. Mais les diplomates autour de la table n’auront qu’une chose en tête : le retour d’Al-Qaïda sur le devant de la scène », explique ainsi Philippe Thureau-Dangin, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), pour le site Affaires Stratégiques.
C’est au cours de l’année 2013 que ce retour s’est fait triomphal. En Afrique d’abord. Les différents groupes liés à Al-Qaïda se sont montrés partout, de la Somalie où les Shebab ont multiplié les attaques, au Mali, où les soldats français engagés dans l’opération Serval ont combattu des groupes liés à la nébuleuse djihadiste pendant plusieurs mois, comme au Nigeria, où les djihadistes de Boko Haram se sont illustrés dans leur conquête du nord du pays et par l’enlèvement d’Occidentaux.
Dans leur terre historique, située entre l’Afghanistan et le Pakistan, les taliban ont montré ces derniers mois qu’ils n’avaient rien perdu de leur force. Alors que les deux pays ont vécu ou vont vivre des échéances électorales au cours de l’année qui vient, les islamistes radicaux ont promis de faire parler d’eux.

En Syrie, la guerre contre le terrorisme a échoué

Mais c’est au Moyen-Orient que l’ascension des fidèles d’Al-Qaïda a été la plus fulgurante. En Syrie, les rebelles au discours djihadiste ont rapidement fait leur apparition dans les rangs des opposants à Bachar al-Assad. Profitant du chaos dans ce pays dirigé par des alaouites, les sunnites radicaux ont voulu transformer une guerre civile en djihad.
Pour de nombreux observateurs, la Syrie constitue aujourd’hui l’exemple même de l’échec des puissances occidentales contre le terrorisme islamiste.
« Tous les amis de la Syrie sont responsables. Ceux qui n’ont voulu faire aucun geste clair de soutien à l’opposition démocratique syrienne sont responsables. Ceux qui ont essayé de manipuler les opposants à l’intérieur de la Syrie sont responsables. Ceux qui ont essayé d’avoir leur part du gâteau sur la scène intérieure syrienne sont responsables. Et aussi les voisins de la Syrie et notamment l’Irak et la Turquie sont responsables », explique ainsi Salam Kawakibi, chercheur en sciences politiques et en relations internationales, interrogé par RFI.
« Les Syriens se retrouvent maintenant à faire leur révolution contre un régime tyrannique, contre des terroristes et contre l’indifférence internationale pathétique », ajoute encore cet expert.
Jean-Pierre Filiu, spécialiste du Moyen-Orient, fait le même constat pour Le Nouvel Observateur. « Cela fait près de trois ans que la passivité occidentale en Syrie, loin d’y favoriser les forces modérées, a au contraire encouragé le développement des djihadistes », explique-t-il.
« Depuis le début de cette année, cette opposition a lancé ce qu’elle appelle sa ‘deuxième révolution’ contre l’EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant), émanation de la branche irakienne d’Al-Qaida. [...] Elle se bat désormais sur deux fronts, contre le régime Assad et contre Al-Qaida », note enfin Jean-Pierre Filiu.

Les terroristes prospèrent au Moyen-Orient

Après trois années de passivité, les groupes islamistes ont prospéré sur le territoire syrien, dépassant même les frontières de leur territoire d’action.
Pour Philippe Thureau-Dangin, « les bases les plus solides d’Al-Qaïda sont désormais au cœur du Moyen-Orient, depuis le Liban jusqu’en Irak ».
« Au Liban, les brigades Abdallah Azzam, qui ont perdu leur chef récemment, redoublent leurs attentats, notamment contre le Hezbollah chiite. Quant à l’Irak, gouverné par le chiite Nouri al-Maliki, c’est devenu un terreau fertile pour les jeunes sunnites en mal de destin », note cet expert.

Ils se nourrissent de toutes leurs haines

Cette expansion ne devrait pas se terminer au Moyen-Orient. Al-Qaïda et tous les groupes qui sont affiliés à « la Base » ont de nombreuses causes à venger et de nombreuses haines pour se nourrir.
Sur les territoires de prédilection des islamistes radicaux, l’Occident est toujours présent. En Afghanistan comme au Pakistan, les Etats-Unis poursuivent leur collaboration avec les gouvernements donnant toujours plus d’arguments aux taliban pour poursuivre leurs actions terroristes.
Al-Qaïda « se nourrit à la fois de la lutte contre les régimes locaux impies et corrompus, de la haine contre un chiisme en passe de dominer de plus en plus de territoires, et bien sûr de la détestation des Américains, Européens et Israéliens. Et ce n’est pas le rapprochement entre l’Iran chiite et les Occidentaux qui va calmer l’ardeur des groupes », explique ainsi Philippe Thureau-Dangin.
L’ouverture d’un nouveau front en Centrafrique n’apaisera certainement pas les esprits djihadistes. « Si les Français, vous ne voulez pas nous aider, Al-Qaida va le faire » s’est ainsi exclamé un musulman centrafricain, accablé par les violences confessionnelles qui sévissent dans son pays, dans des propos retranscris par Le Monde.
Faut-il avoir peur de ce retour d’Al-Qaïda sur le devant de la scène ? Probablement, répond Philippe Thureau-Dangin. « Cette résurgence d’Al-Qaïda est d’autant plus inquiétante qu’elle est polymorphe. La ‘Base’ est désormais un réseau sans centre, sans chef. Plus que jamais, Al-Qaïda est comme l’Hydre de Lerne, monstre aux multiples têtes, dont l’une était immortelle ».
http://www.jolpress.com/syrie-al-qaida-geneve-2-article-824100.html
Le premier jour de l’an, Ennayr *
http://www.amazighworld.org/history/index_show.php?id=4227
Au souper de la première nuit de janvier, les Ntifa mangent, avec le couscous, une préparation appelée les "sept légumes" [] où rentrent sept variètés de plantes vertes telles que l’artichaut, l’asperge sauvage, le cresson, le chèvre-feuille, le poireau.
Après le repas, il est d’usage qu’une des femmes de la maison prenne une poignée de couscous et la présente à tour de rôle à chacun des membres de la famille en disant : "Tiens, mange." On doit répondre : "Je n’ai plus faim !" La même femme dépose ensuite la boulette sur le montant supérieur de la porte de l’habitation. Le lendemain, à la pointe du jour, elle l’examine et tire des présages d’après la nature du crin, du poil, du brin de laine ou de la plume, que le caprice du vent y a déposés. Cette coutume a reçu le nom de talkimt n djiwnegh []
Au cours de la deuxième nuit, on mange des poules et des oeufs. Il faut que petits et grands, chacun ait une volaille entière pour sa part. La femme enceinte en mange une en plus pour l’enfant qu’elle porte en son sein. Chacun emporte les coquilles des oeufs qu’il a mangés et les serre dans un nouet fait dans le pan de son vêtement où elles restent toute la nuit. On les jette le lendemain ; les anciens prétendent qu’agir ainsi, c’est s’assurer de ne point manquer d’argent dans le cours de l’année.
Il est encore d’usage de procéder ce jour-là au renouvellement des pierres du foyer. La maîtresse de maison dit en jetant ses vieilles pierres sur le tas du fumier : "Je vous change, o pierres, et en apporte de nouvelles dans la paix et la prospérité !" En rebâtissant son foyer elle prononce ces paroles : "Au nom de Dieu ! veuille, ô Dieu ! qu’il soit béni, heureux et prospère !"
Par ailleurs, l’usage d’élever des bûchers à l’occasion d’Ennayr a été capté par l’Achoura, qui de même qu’Ennayr, marque le commencement d’une année. Toutefois, la termilnologie, qui leur était appliquée, s’est généralement conservée. On trouve : tabennayut Illaln, Ihahan, Woult, Imettouggan ; tabeliwt, Imesfiwan ; tabernayut. Igliwa, Ida Ouzal ; taberninut. Ras el Oued, tabenrayut, Ida Ou-Kaïs. Parfois même le nom a été donné à la fête de l’Achoura ; celle-ci, en effet, est appelée : byannu, Todghout, ou tafaska n lalla babiyanu, Ouargla. Dans ce dernier cas, l’expression paraît s’appliquer à une vague divinité sans légende. Les Ida Ousemlal, qui nomment leur feu de joie tam 
L’expression est particulièrement usitée dans les chants, des paroles rituelles, sans que les Chleuhs, qui les emploient, puissent fournir, à leur sujet, quelques indications utiles. Le soir de l’Achoura les enfants chez les Aït Idaffen, passent de maison en maison en chantant :
Bennayu ! Bennayu !
yan id ur ifkin takedmit niyu d ighsn iyu
ar itz’z’eg taydit, ar isndu gh uh’las !
Bennayu ! Bennayu !

Bennayo ! Bennayo !
Qui, ne me donnera ma boulette et mon os,
Traira la chienne, et battra son beurre dans un bât !
Bennayo ! Bennayo !
Ceux de Dadès disent : "Bayannu kerkanu ! fk-agh-t-id a lalla ! tcan-agh yurdan ; mkagh-t-id ur tfkit, ad am id’er ud’ar n ughul g terkut !" "Bayanno, kerkano ! donne-le nous o lalla ; les puces nous dévorent ; si tu ne nous donnes rien, que le pied de l’âne renverse ta marmite !" Dans la province de Demmat, chez les Infedouaq, en particulier, les enfants chantent, dans les mêmes circonstances :
"tikeddad n âacur’ !
"ighs ighs n baynu !"
"morceaux de viande desséchée de l’Achoura, os os de Baino !"
Mais là, comme ailleurs, baino est un terme incompréhensible pour eux.
La même appelation : baynu et tabennayut, désigne encore, chez les Aït Isaffen, les baguettes de laurier-rose que les enfants vont couper la veille de l’Achoura, et dont ils se débarassent ensuite en disant : "mun-d elbas-nnek a baninu ! va-t-en avec ton mal, o mon Baino !"
L’expression est également connue des Touaregs. D’après le Lieutenant Jean, les Touaregs de l’Aïr donnent le nom de byanu à une fête, qui a lieu le 20e jour de MoÌarrem, et dure deux nuits et un jour. C’est une "fête d’amour" d’où sont exclus les enfants, les personnes non mariées et les vieillards. Il s’y déroule des scènes érotiques qui rappellent celles de la "nuit de l’erreur" des Zekkara ; la "nuit de la confusion" des Bedadoua ; la "nuit de l’an" ou la "nuit du bien-être" des Beni Mhassen (Branès) ou encore celle du "bonheur" que nous avons signalée chez les Aït Isaffen. Ajhoutons que chez les Touaregs de l’Aïr, les garçons nés pendant le mois de Moharrem, portent tous le nom de Bianno.
Par ailleurs, Bennayu, Byanu, tabennayut et leurs variantes nombreuses, sont fréquemment relevés en toponymie, et désignent, des villages, des montagnes ou des grottes, qui rappellent, sans doute, les lieux où les gens, autrefois, avaient coutume de se réunir pour fêter le Renouveau en allumant d’immenses feux de joie, et en se livrant, entre eux, dans une promuiscuité complète, à des scènes de débauche rituelle et sacrée. Citons entre autres : Tabennayut, nom d’une montagne qui domine la petite ville berbère de Khenifra, en pays zayan.
Des expressions de ce genre ne sont pas spéciales au maroc. On sait que les Berbères de l’Aurès appellent : bu-ini, leurs fêtes d’Ennayr. À Tlemcen, on appelait, il y a quelques années encore, ddu nom de bubennani ou bumennani, le personnage masqué qui parcourait, à l’occasion du nouvel an, les rues de la ville, suivi des élèves des écoles coraniques. Enfin, une expression qui paraît se rapporter aux précédentes : mununu, a été relevée, à Rabat, dans les paroles chantées par les enfants, qui prennent place dans les roues de l’Achoura (Castels, l’Achoura à Rabat, in Archives Berbères, 1916).
C’est au latin bonus anus que Masqueray a identifié le bu-ini des Chaouia de l’Aurès. Mais, cette etymologie, admise par Doutté et Westermarck, s’applique-t-elle vraiment aux différents termes que nous avons rapportés ! C’est possibles ; en tout cas, on peut affirmer qu’ils se présentent, dans le vocabulaire berbère, avec la figure d’étrangers. Sur l’Ennayr, cf. Destaing, "Ennayer chez les Beni-Senous" in "Revue Africaine, 1905" ; - Doutté, "Marrakech", p. 373-377 ; "Magie et Religion" 554-550 ; - Westermarck, "Ceremonies and Beliefs connected with agriculture, certain dates of the solar year, and the weather, in Morocco".
Les événements qui marquent le premier jour de l’an passent pour avoir leur répercussion sur l’année entière. S’il pleut, l’année sera bonne ; parfois même, pour s’assurer d’une année pluvieuse, on procéde à des rites d’aspersion d’eau. Ainsi chez les Amanouz, les gens se rendent au bord des rivières où ils se livrent au jeu des baignades forcées, comme il est fait, partout ailleurs, à l’occasion de l’Achoura.
L’usage est partout répandu de tirer des pronostics sur l’année agricole en cours. Chez les Ibahan, avant de se coucher , les femmes déposent sur la terasse, trois boulettes de tagulla correspondant aux trois premiers mois de l’année : janvier, février, mars, sur lesquelles elles jettent une pincée de sel, et ce, dans la pensée "d’eassayer" la pluie. L’examen des boulettes leur fournit, le lendemain, des renseignements sur la nature des événements météorologiques qui vont survenir : la boulette, sur laquelle le sel est tombé en déliquescence, indique, en effet, celui de ces mois qui sera particulièrement pluvieux.
A l’Ennayr, on formule encore des voeux. Les hommes et les femmes vont écouter aux portes, et tirent, bon ou mauvais augure, des conversations entendues. À Timgissin, la jeune fille, qui désire se marier, se livre au même manège en ayant soin, pendant tout le temps qu’elle opère, de lécher la cuiller qui a servi à remuer la bouillie.
Parmi d’autres pratiques non moins curieuses, signalons que chez les Aït Mzal, avant de servir la bouillie, on a coutume de jeter dans la marmite un fels, ou petite pièce de monnaie, un noyau de datte, aýurmi n tiyni, et un morceau d’écorce d’arganier, yerg n wargan qui trouvera le fels dans sa boulette sera riche ; celui qui tombera sur l’écorce d’arganier deviendra pauvre ; et, qui trouvera le noau de datte sera propriétaire de nombreux troupeaux. Cette cérémonie fait songer au Gâteau des Rois qu’il es, chez nous, d’usage de partager en société à l’Epiphanie.

(in. Mots et choses berbères, de Emile Laoust, Augustin Challamel-Editeur, Paris, 1926.)


Auteur: Emile Laoust
Date : 2014-01-21