jeudi 6 juin 2013

Mali: après les affrontements d'Anéfis, le MNLA et l'armée attendent les pourparlers de Ouagadougou

MALI - 
Article publié le : jeudi 06 juin 2013 à 16:59 - Dernière modification le : jeudi 06 juin 2013 à 19:36


Manifestation à Gao, le 30 mai 2013. Les participants exigeaient de la France et de la transition malienne qu'elles récupèrent la ville de Kidal, laissée aux mains du MNLA par l'armée française lors de la reconquête du début d'année.
Manifestation à Gao, le 30 mai 2013. Les participants exigeaient de la France et de la transition malienne qu'elles récupèrent la ville de Kidal, laissée aux mains du MNLA par l'armée française lors de la reconquête du début d'année.
REUTERS/Stringer

Par RFI
Au nord du Mali, vingt-quatre heures après des accrochages entre l'armée et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) dans le village d'Anéfis, à environ 110 kilomètres au sud-ouest de Kidal, la situation est calme. Alors que s'ouvrent, vendredi 7 juin, les premières discussions entre Bamako et les groupes du nord, les deux camps ne devraient visiblement pas bouger.



Une sorte de statu quo précaire règne à Anéfis. Depuis mercredi midi, la bourgade est aux mains de l'armée malienne. Ce jeudi 6 juin, dans la matinée, l'état-major a une nouvelle fois indiqué que ses soldats consolidaient leurs positions.
Après un repli express, les combattants du MNLA sont désormais à 20 kilomètres à l'est du village, au niveau de la piste qui mène à Kidal. En principe, cette situation désormais stabilisée ne devrait pas évoluer, car la communauté internationale a multiplié les contacts pour que les deux camps calment le jeu, à moins de vingt-quatre heures de l'ouverture de négociations à Ouagadougou.
« Le MNLA, mais aussi Bamako, doivent s’abstenir de tout acte ou propos pouvant mettre à mal le processus de paix », affirme un diplomate proche de la médiation. Car l'avancée de l'armée malienne vers Anéfis, décidée par le président par intérim Dioncounda Traoré, a froissé les différents partenaires du Mali, et notamment Paris.

Au moment des combats, paradoxalement, François Hollande s'apprêtait à recevoir un prix pour la paix dans les locaux de l'Unesco à Paris. Le chef de l'Etat français a rappelé la position officielle de la France : « Il ne devait y avoir qu'une seule armée au Mali », estime-t-il.
Mais en coulisses, le président Hollande a visiblement demandé aux officiels maliens de retenir leurs troupes et d'arrêter les discours guerriers.
Ce mercredi, en début d'après-midi, un cadre de l'état-major malien affirmait à RFI que « la guerre est la seule solution pour tenir les élections à Kidal ». Deux heures plus tard, le même colonel indiquait : « Notre priorité, vous savez, c'est le dialogue. »

La diplomatie parallèle a également fonctionné à plein régime à Ouagadougou et Kidal, pour appeler le MNLA a quitter Anéfis, à ne pas répliquer aux attaques de l'armée, et à rester concentré sur les négociations.
Afin d'éviter l'étincelle de trop, et donc un embrassement entre l'armée et le MNLA, la France a envoyé, mercredi soir, un groupe de 15 soldats à Anéfis. Ce « détachement de liaison » est là pour appuyer les soldats maliens en cas de problème, et faire remonter les informations rapidement vers la France.
Officieusement, cela permet à Paris d'avoir un œil sur les deux camps et de s'assurer que la situation ne dégénère pas.
Faire monter les enchères avant les négociations
Bamako a sans aucun doute fait monter l'armée à Anéfis pour mettre la pression sur le MNLA, pour arriver en position de force à la table des négociations - ces dernières doivent commencer, vendredi, à Ouagadougou sous l’égide de la médiation burkinabè et aboutir à un dialogue direct entre Bamako et groupes touareg en vue d’un compromis sur Kidal – et peut-être pousser ainsi le mouvement touareg à la faute, en le forçant à contre-attaquer. Piège dans lequel les combattants ne sont pas tombés hier à Anéfis puisqu'ils ont reculé.
Par ailleurs, le week-end dernier, les autorités maliennes ont multiplié les déclarations guerrières, suite aux événements de Kidal où le MNLA a multiplié les arrestations d'hommes et de femmes au teint noir. Le mouvement azawadien affirmait être à la recherche d'espions de l'armée malienne. La médiation burkinabé a « déploré » ces événements et de son côté, le gouvernement malien a parlé « d'épuration raciale » et ajouté que « la présence de l'armée à Kidal pour les élections n'était pas négociable ».
C'est dans ce climat tendu que doivent donc s'ouvrir les premières discussions de demain à Ouagadougou entre Bamako et des groupes du nord du Mali qui se sont en quelque sorte associés pour être plus efficaces.
En effet, la commission de négociation de l'Azawad regroupe, désormais, des éléments du MNLA et Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), un mouvement tout récent dirigé par les Intallas, la famille régnante de Kidal.
En revanche, le mouvement arabe de l'azawad (MAA), n'est pas encore représenté car le MNLA estime que ce groupe est trop proche du MUJAO.
Un accord-cadre ambitieux
Demain donc, encadrée par la médiation, cette commission du nord doit rencontrer le négociateur de l’Etat malien, Tiébilé Dramé. Les discussions doivent officiellement durer 4 jours et permettre la signature d'un accord-cadre, lundi.
Cet accord serait appliqué en deux temps. Dans un premier temps, imposer, aux mouvements du nord, un cessez le feu et cantonner les combattants pour permettre un déploiement efficace de la force onusienne et de l'administration malienne afin d'organiser le scrutin présidentiel à Kidal, prévu le 28 juillet. Bien évidemment, le MNLA refuse toute présence de l'armée malienne dans son fief.
Et dans un deuxième temps - seconde phase de l'accord - Bamako s'engagerait, une fois le nouveau président malien élu, à négocier sur les problèmes de fond, notamment sur le statut de l'Azawad et sur les projets de décentralisation et de développement pour le nord Mali.
Si les derniers événements d'Anéfis ont envenimé les relations, les deux camps restent cependant et apparemment ouverts au dialogue.
 
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Les militaires maliens abusent de la menace Al Qaida pour convaincre "les pigeons européens de leur éviter le naufrage"





Publié le 26 mars 2012
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Le coup d’Etat militaire qui a renversé le général Amadou Toumani est bien la conséquence de la défaite de son armée face aux insurgés Touaregs.
Le coup d’Etat militaire qui a renversé le général Amadou Toumani est bien la conséquence de la défaite de son armée face aux insurgés Touaregs. Crédit Reuters
Si le coup d’Etat militaire qui a renversé le général Amadou Toumani est bien la conséquence de la défaite de son armée face aux insurgés Touaregs[1], l’origine du conflit est, elle, clairement inscrite dans la nuit des temps.
Durant des millénaires les sédentaires sudistes noirs et agriculteurs ont en effet vécu dans la terreur des raids lancés contre leurs villages par les Berbères touaregs surgis des immensités sahariennes. La colonisation a libéré les premiers de cette menace puis elle a inversé le rapport des forces en leur faveur. Avec les indépendances, l’espace sahélo saharien fut ensuite cloisonné par des frontières artificielles. Pris au piège de l’utopie de l’Etat-nation, Touaregs et Noirs furent alors forcés de vivre ensemble. La démocratie a aggravé le problème car les seconds étant plus nombreux que les premiers, l’ethno mathématique électorale leur a assuré le pouvoir et ils n’ont pas boudé leur revanche historique. Voilà qui explique les évènements actuels ; mais alors que jusque là les Touaregs se battaient pour obtenir plus de justice, ils exigent aujourd’hui la partition du Mali. Les données du problème ont donc totalement changé.
Face à cette situation que peut faire une Europe condamnée, qu’elle le veuille ou non, à veiller sur son « arrière-cour » saharo sahélienne ? Peut-elle en effet laisser prospérer un irrédentisme touareg venant s’ajouter à des foyers régionaux de déstabilisation situés dans le nord du Nigeria avec la secte Boko Haram, dans la région du Sahara nord occidental avec Aqmi et dans la zone des confins algéro-maroco-mauritaniens où le Polisario qui a perdu sa guerre contre le Maroc s’est largement reconverti dans des activités mafieuses, une partie de la production mondiale de cocaïne transitant désormais par le Sahara ?
Deux options sont possibles :
1-soit l’intervention urgente et massive aux côtés des armées du Mali et du Niger à la fois pour écraser les rebelles touaregs, maintenir la fiction de ces deux Etats, tenter de contenir Aqmi et sauvegarder nos approvisionnements en uranium.
Cette solution, la plus facile, mais sans perspective, éteindra peut-être provisoirement l’incendie, mais elle ne réglera pas le problème en profondeur. En effet, la solution de la question touareg ne passe ni par un engagement militaire, ni par des élections et encore moins par le déversement d’une nouvelle aide aussi inutile que les précédentes, mais par la prise en compte de la forte personnalité de ce peuple.
2-soit tout au contraire, nous reprenons le problème à sa racine et nous revenons au réel en reconnaissant le fait touareg. Puis, nous « sous-traitons » à ce peuple, contre garanties solides, à la fois la lutte contre Aqmi et contre les structures mafieuses qui gangrènent la région. Pourquoi ne pas profiter de la situation pour corriger nos erreurs passées et mettre en pratique la célèbre maxime de Kipling qui est que « le loup afghan se chasse avec le lévrier d’Afghanistan » ?
Certes, mais l’on nous assure que les Touaregs ont partie liée avec Aqmi. Or, à y regarder de plus près, cette affirmation repose sur une profonde méconnaissance de la géographie ethnique de la région, les observateurs confondant en effet trop souvent les Touaregs qui sont des Berbères avec notamment trois autres populations sahariennes qui, elles, sont Arabes ou arabisées :
-les Chaamba  qui ont pour coeur territorial l’oasis de Timimoun en Algérie ;
-les Reguibat qui nomadisent entre la Mauritanie et le Sahara occidental ;
-les  Maures qui sont installés en Mauritanie.
Ce que n’ont pas vu les observateurs est qu’Aqmi prospère essentiellement chez certains de ces Arabes sahariens, pas chez les Touaregs, à quelques exceptions près liées à des clivages opportunistes internes à certains sous clans. Pour le moment, les Touaregs non acculturés sont en effet, et par nature, imperméables au fondamentalisme musulman : leurs femmes ne portent pas le voile, elles sont libres économiquement et sexuellement et ils sont farouchement opposés à la charia.
Le problème est que la rébellion touareg ayant perdu son protecteur libyen, elle est à la recherche de soutiens et Aqmi lui tend une main intéressée pour sortir de son propre isolement. Mais comment cette nébuleuse terroriste et mafieuse dont les forces sont à la fois très peu nombreuses et dispersées et qui, de plus, ne dispose ni de base arrière, ni d’arsenal,  pourrait-elle soutenir matériellement la guerre « classique » que mènent les Touaregs, aujourd’hui contre le Mali et peut-être demain contre le Niger? Tant qu’elle ne sera pas appuyée sur un Etat, Aqmi ne sera pas en mesure de fournir véhicules, carburant, pièces de rechange et armement adapté aux combattants touaregs. En dehors de réseaux dont l’importance réelle reste à démontrer, Aqmi ne peut rien offrir de « solide » ; tout au contraire, l’appui qu’il pourrait donner aux Touaregs condamnerait immédiatement ces derniers aux yeux des Occidentaux.
La réalité est qu’Aqmi est un appeau utilisé par l’Etat malien pour attirer les pigeons européens qui, seuls, peuvent lui éviter le naufrage.
Cependant encore, et là est le vrai danger, si l’option du soutien au Mali et au Niger était choisie par les Européens, les Touaregs seraient poussés dans les bras d’Aqmi. Comme ils sont présents dans la totalité des immensités désertiques du Sahara central et au contact de tous les autres foyers de déstabilisation de la sous région, les conséquences d’une telle association seraient alors incalculables, tant pour tout l’arc sahélo saharien que pour nos intérêts.
Nos responsables politiques doivent donc faire un choix, et vite. Or, comme ils sont formatés à travers le double prisme de la démocratie individualiste, celle du « un homme, une voix » et sur celui de l’Etat-nation unitaire, il est à craindre qu’ils ne soient pas en mesure d’appréhender la réalité régionale qui repose tout au contraire sur les groupes et sur les peuples. Dans ces conditions, il va être difficile de leur faire comprendre que le règlement de la crise passe par une profonde redéfinition de ces deux façons d’Etats que sont le Mali et le Niger…

[1]Voir à ce sujet le dossier publié dans l’Afrique réelle du mois de février 2012

En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/aqmi-est-appeau-utilise-etat-malien-pour-attirer-pigeons-europeens-bernard-lugan-317563.html#duzULlIH4pGJFI6E.99 

Sauvegarder la paix au Mali: la dernière mission de la France?

Matthieu Pellerin

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Sauvegarder la paix au Mali: la dernière mission de la France?

Publication: 06/06/2013 06h00
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Début mai, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius fixait l'objectif qu'il reste à atteindre : "il faut maintenant gagner la paix au Mali". Ce mercredi, l'armée malienne, en prenant le contrôle d'Anefis, a fait voler en éclat le fragile équilibre sécuritaire qui prévalait jusqu'ici avec le MNLA et le HCUA... Les regards sont désormais braqués sur Kidal, même si la remontée de l'armée malienne dans le fief du MNLA et du HCUA reste incertaine.
Il est incontestable que le recours à la force est parfaitement légitime pour une armée malienne souveraine sur son territoire, tout comme l'est également la restauration de l'intégrité territoriale. Pour autant, l'intervention armée comme moyen de restaurer cette intégrité territoriale n'est ici ni pertinente, ni opportune pour différentes raisons.
  • Militairement, l'armée malienne a davantage brillé par son appétit de vengeance que par son efficience opérationnelle sur un théâtre dont elle n'a jamais été maîtresse, le Sahara. A Kidal, la guerre pourrait non seulement ouvrir la voie à de nombreuses exactions voire atrocités, mais elle pourrait de nouveau voir l'armée malienne rentrer bredouille, sauf si cette armée venait à bénéficier d'appuis extérieurs. La France est bien évidemment sollicitée par Bamako comme par le MNLA et ce serait là une grave erreur que de répondre favorablement à l'une ou l'autre des sollicitations. Nous y reviendrons. L'armée pourrait également bénéficier d'appuis fort stratégiques, et qui ne diront pas leur nom, du MAA et d'éléments proches du MUJAO. Des mariages d'intérêts pour le moins suspects et qui, s'ils sont avérés, questionnent les enjeux cachés de cette remontée à Kidal.
  • Politiquement, un affrontement armé scellera le divorce entre les Touareg et le sud du pays, renvoyant la paix à un horizon aussi lointain qu'incertain. Disons le tout de go. Si le MNLA souffre aujourd'hui au nord d'un déficit de légitimité en tant qu'organisation à la gouvernance douteuse et aux choix obscurs (à commencer par sa proclamation d'indépendance alors que le groupe était aux abois face à Ansar Dine), le MNLA reste extrêmement populaire par l'idéal et le projet qu'il incarne au nord. L'intervention de l'armée malienne à Kidal rangera à n'en pas douter l'immense majorité de la population azawadienne dans le camp d'un MNLA qu'elle critique pourtant à l'envi. Tout le monde y perdra, le Mali en premier car l'intégrité ne sera rétablie que provisoirement et par la force. Considérer que la paix reviendra une fois le cas du MNLA soldé est une vue de l'esprit. Plutôt que de déposer les armes et d'intégrer l'armée malienne, la jeunesse qui constitue le cœur combattant du MNLA (et l'immense majorité de la population touarègue) ne transigera pas et préférera fuir en Libye, en Algérie, en Mauritanie ou au Niger d'où naîtra dans quelques mois ou années une nouvelle rébellion...
Ce regain de tension est d'autant plus regrettable qu'il intervient alors même que les négociations entre les groupes armés et l'Etat malien étaient en bonne voie : le MNLA et le HCUA ont trouvé matière à s'entendre à minima, le MNLA a renoncé à l'indépendance, a reconnu l'intégrité territoriale du Mali, et a accepté de laisser entrer la MINUSMA à Kidal pour que le scrutin présidentiel puisse se tenir. Autant d'avancées majeures qui ont buté sur le refus de désarmer et de laisser l'armée malienne remonter à Kidal. Pourtant, ces blocages ne sont absolument pas de nature à remettre en cause la tenue du scrutin à Kidal, mais ils sont inacceptables pour la rue bamakoise animée d'une intarissable soif de vengeance contre le MNLA. Dans un contexte préélectoral où l'heure pour les candidats en quête de popularité n'est pas à la pondération mais à la surenchère anti Touareg, la raison n'a plus sa place... En expulsant sans discernement plusieurs dizaines de "noirs" de Kidal dimanche dernier, le MNLA n'a pas fait preuve de finesse et a fourni un argument de nature à justifier l'urgence d'une remontée de l'armée.
Lire aussi:
» La Guerre au Mali va-t-elle déstabiliser tout le Sahel?
» Les mouvements islamistes en Afrique
Politiquement toujours, il convient de lire derrière la restauration d'une souveraineté perdue de sombres desseins communautaires ou personnels. Je me garderai bien ici de citer de noms ou des groupes, mais l'armée malienne est loin d'être homogène et certaines de ses composantes ont manifestement pour souci premier de torpiller des négociations qui, en cas d'accord, auraient pour effet de les isoler. Les lecteurs avertis comprendront, il suffit d'observer qui est à la manœuvre au sein des forces maliennes à Anefis. Ce sont là des arguments qui ne devraient pas avoir leur place au Mali.
- Géopolitiquement, cette situation serait catastrophique et heurterait frontalement les objectifs stratégiques de la France. Récemment encore, lors d'une réunion à Paris, des cadres Touareg ont mis en garde sur les conséquences d'une guerre contre le MNLA. Les menaces sont loin d'être fantaisistes... Rappelons en quelques mots que les Touareg aujourd'hui établis à Kidal jouissent de relations familiales et tribales dans l'ensemble de la région, au sud de l'Algérie, au sud de la Libye et au nord du Niger. Cela constitue autant de bases arrière potentielles à partir desquelles, non seulement de nouveaux foyers de rébellions pourraient se préparer mais également de nouvelles alliances pourraient se constituer, en premier lieu avec les groupes jihadistes. Iyad Ag Ghaly, aujourd'hui dévoyé, pourrait rapidement retrouver un certain crédit auprès de jeunes Ifoghas qui l'admirent mais contestent sa radicalité. En outre, les Touareg nigériens ne resteraient sans doute pas insensibles au sort de leurs frères maliens. Cela pourrait se traduire au Niger voisin par des troubles sociopolitiques et un accroissement de la menace contre les intérêts français, au premier rang desquels figure Areva, qui vient déjà d'être frappée par le désordre régional. La sécurité dans le Sahara ne peut être assurée sans la participation des Touareg, dans un cadre national, à la lutte contre le terrorisme. Il faudra s'y résoudre même si cela dérange. L'appui fourni par le MNLA lors de l'opération Serval doit servir de piqure de rappel. Alors que les Touareg restent pour l'heure encore minoritaires au sein des groupes jihadistes, il serait malvenu de les jeter dans leurs bras.
La situation est singulièrement précaire et les regards se tournent alors instinctivement vers la France. Il est de sa responsabilité d'assumer un rôle d'interposition qui est inhérent à sa position de force actuelle, a fortiori parce que la situation à Kidal résulte en très grande partie de l'opération Serval. Par son engagement militaire, la France a non seulement libéré le territoire des jihadistes et ouvert la voie à une restauration de l'intégrité territoriale en accompagnant l'armée malienne à Gao et Tombouctou, mais elle a dans le même temps bien involontairement permis au MNLA de reprendre pied à Kidal. Depuis, la France est prise en étau, coincée entre son attachement indéfectible à l'intégrité territoriale du Mali, et sa volonté de préserver des relations cordiales (et partenariales dans le cadre de Serval) avec les populations touarègues.
L'opération Serval, parmi ses nombreux mérites, a celui d'avoir assumé un interventionnisme que l'on aurait qualifié encore récemment de néocolonialisme. Flirtant avec ce glissement sémantique, le Président français s'est même permis d'affirmer que la France se montrerai "intraitable" sur le maintien du calendrier électoral initialement prévu. Si l'objectif premier de la France est effectivement "de gagner la paix", pourquoi pareille fermeté ne prévaudrait-elle pas pour calmer les ardeurs de l'armée malienne ? Jusque-là, la France a toujours su dégonfler la pression lorsque l'armée malienne annonçait sa volonté de reprendre Kidal, assumant parfaitement le rôle d'arbitre qu'elle s'est elle-même octroyé en lançant l'opération Serval. Il faudrait qu'il en soit ainsi cette fois-ci encore. En contenant l'armée malienne à la frontière de Kidal jusqu'au déploiement de la MINUSMA le 1er juillet, et en prévenant tout conflit jusqu'au scrutin du 28 juillet, la France ne ferait pas preuve d'ingérence mais elle assumerait ses responsabilités jusqu'au bout, celles d'un acteur international qui a lutté contre le terrorisme et aujourd'hui sauvegarde la paix. Le Président élu aura alors ensuite loisir d'engager des négociations avec le MNLA dans un climat plus serein et plus sécurisant que celui précédemment décrit. Pareille position placerait la France dans une position encore plus inconfortable vis-à-vis de Bamako au moment où des manifestations anti-françaises y sont programmées, mais si d'aventure une guerre à Kidal s'avérait sanglante, qui peut croire que la France en sortirait indemne ? La promotion du dialogue a été au centre de la diplomatie française depuis les premiers jours ayant suivi Serval, il serait dommage que les efforts consentis et traduits par des négociations entamées à Ouagadougou soient ainsi balayés au profit d'une guerre qui ne fera qu'aggraver les choses pour tout le monde.

mercredi 5 juin 2013

NDLR:Trahison française contre les alliés Touareg suite/Le Mali déterminé à reprendre Kidal aux rebelles touaregs

 La carte du Mali décryptée en 5 minutes



Carte animée : la situation au Mali décryptée... par lemondefr

Le Monde.fr avec AFP | 05.06.2013 à 16h42 • Mis à jour le 05.06.2013 à 18h23









Alors que la rébellion touareg s'oppose toujours au déploiement de l'administration et de l'armée maliennes dans son fief de Kidal, François Hollande a réaffirmé, mercredi 5 juin, que l'élection présidentielle du 28 juillet aurait lieu "à la date prévue dans tout le Mali, et donc à Kidal".

"Le processus en cours doit permettre d'accompagner l'administration civile malienne à Kidal comme dans tout le nord du Mali", a-t-il dit, soulignant qu'"aucun groupe armé ne peut rester armé au Mali". M. Hollande a également reçu le prix de l'Unesco pour la paix, neuf chefs d'Etat et de gouvernement africains, au premier rang desquels le Malien Dioncounda Traoré, lui faisant part de leur "gratitude pour sa contribution considérable à la paix et à la stabilité en Afrique".

L'armée malienne est en effet bien décidé à reprendre cette ville aux mains des séparatistes touaregs. Plus tôt dans la journée, deux soldats maliens ont été blessés et dix hommes ont été tués parmi les touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), selon l'armée malienne. Le gouvernement a accusé les Touareg du d'arrestations arbitraires et de violences à l'égard de Maliens non touaregs à Kidal.

Lire aussi : Au Mali, le pouvoir veut récupérer Kidal des mains des Touareg

LA REPRISE DE KIDAL, OBJECTIF PRINCIPAL

Ce mouvement de troupes en direction de Kidal intervient après un attentat-suicide commis contre un chef militaire du MLNA et aussi après l'expulsion ce week-endvers Gao de dizaines de membres des communautés noires de la ville par le mouvement séparatiste.

Le ministre des affaires étrangères, Tiéman Coulibaly, avait déclaré à ce propos :"Nous ne pouvons pas accepter que des Maliens soient pris en otage par des criminels." Selon le MNLA, plusieurs dizaines de personnes, dont un officiermalien, ont été arrêtées par ses hommes à Kidal.

NDLR/ fabuis le bourgeois "gentilhomme françafric-in" se torche avec ses alliés Touaregs d'hier..


Violents accrochages entre l'armée malienne et le MNLA sur la route de Kidal

Violents accrochages entre l'armée malienne et le MNLA sur la route de Kidal
© AFP

Les premiers combats entre des soldats maliens et le MNLA ont éclaté ce mercredi, presque cinq mois après l'intervention française au Mali. Dix rebelles touareg auraient été tués, deux soldats maliens blessés, selon l’armée malienne.

Par FRANCE 24  (texte)
 
Pour la première fois depuis avril 2012, l’armée malienne et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) s’affrontent dans le nord du Mali. Mercredi 5 juin au matin, les rebelles touareg du MNLA ont fait front face à l’avancée de troupes maliennes qui prennent la route de Kidal. Les combats se sont déroulés à Anefis, une localité située à une centaine de kilomètres au sud de Kidal et à 200 km au nord de Gao, qui serait maintenant sous contrôle de l’armée malienne.
Selon le porte-parole de l’armée malienne, Souleymane Maïga, 10 rebelles du MNLA auraient été tués et 28 autres faits prisonniers. Deux soldats maliens auraient, eux, été blessés, dont un au cou, a déclaré le colonel Didier Dacko, chef des opérations militaires de l'armée malienne dans le Nord, dans une interview à l’ORTM, la télévision nationale malienne. Selon Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, le mouvement touareg reconnaît pour le moment "un mort et trois blessés" et une douzaine de prisonniers maliens.
Dans une interview à FRANCE 24, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré : "Kidal n’est pas en dehors du Mali (…), le drapeau malien doit pouvoir flotter sur Kidal". Il a reconnu qu’il y avait eu "un mouvement de l’armée malienne vers Anefis" mais n’a pas confirmé que l’armée malienne prenait la direction de Kidal. "Il ne peut y avoir deux armées dans un même pays", a expliqué Laurent Fabius. Le ministre français a par ailleurs rappelé qu’il fallait que l’élection présidentielle prévue le 28 juillet se déroule sur la totalité du territoire malien.

Par FRANCE 24
"Une médiation est actuellement en cours sous l'égide de la Cédéao (...) L'objectif est d'arriver avant le 10 juin à un accord pour permettre que les élections aient lieu à Kidal, que le drapeau malien flotte sur Kidal et que tout ça se fasse de manière amiable."
Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères

Le MNLA entend répondre par la force
"L'armée malienne a attaqué nos positions ce matin à Anefis, elle a décidé de régler la situation par la guerre, et le gouvernement malien assumera toutes les conséquences", a déclaré à l'AFP Mahamadou Djeri Maïga, vice-président du MNLA. Il parlait depuis Ouagadougou, au Burkina Faso, où il se trouve pour des négociations avec Tiébilé Dramé, émissaire du régime de transition malien, à qui il a demandé "d’amener les autorités de Bamako à la raison".
"Nous n'avons jamais voulu régler la situation par la guerre mais, comme c'est ainsi, nous allons nous défendre jusqu'au bout", a-t-il ajouté, indiquant que son mouvement allait demander à "toutes" ses unités "d'avancer sur toutes les positions de l'armée malienne dans le territoire de l'Azawad". Il demande aussi aux "forces étrangères" de rester "neutres" et de "nous laisser avec l'armée malienne".
Un bataillon malien sur la route de Kidal

Par FRANCE 24
Le MNLA veut fermer la porte du dialogue, nous, nous allons la forcer.
Tiéman Hubert Coulibaly, ministre malien des Affaires étrangères

Une source sécuritaire régionale jointe par l'AFP ce mercredi en début d'après-midi a indiqué qu'"un bataillon de l'armée malienne" était "à environ 35 km de Kidal". Ce bataillon est commandé par le colonel El Hadj Ag Gamou, un Touareg resté loyal à l'armée malienne. De même source, "les éléments du MNLA ont fui la ville".
Le MNLA occupe Kidal depuis le départ des islamistes armés, chassés fin janvier par l'intervention militaire française. Depuis lors, le mouvement touareg refuse la présence de l'armée et de l'administration maliennes dans la ville, compromettant la tenue dans tout le pays du premier tour de l'élection présidentielle du 28 juillet. Environ 200 soldats français, principalement des forces spéciales, restent stationnés à l'aéroport de la ville de Kidal, ainsi que des troupes tchadiennes. "L’armée française observe. Il n’y a pas de collusion avec le MNLA", a déclaré Laurent Fabius sur FRANCE 24.
La France appelle au calme
Plus tôt dans la journée de mercredi, la France avait appelé les "groupes armés" du nord du Mali à "déposer les armes". Pour Paris, "ce sont les modalités du redéploiement [de l’armée malienne] qui doivent être précisées". "Nous souhaitons qu'il s'effectue de manière pacifique, en évitant toute victime civile", a souligné le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot, lors d’un point presse. C'est pourquoi nous appelons les groupes armés à déposer les armes et à poursuivre les discussions avec les autorités maliennes", a souligné le porte-parole. "Les négociations sont toujours en cours et progressent sur la question du redéploiement de l'administration à Kidal et de la tenue de l'élection présidentielle", a-t-il assuré.
Le Quai d’Orsay s’est également montré ferme dans la dénonciation de certaines pratiques attribuées au MNLA, accusé d'exactions à l'encontre des populations noires. "Nous avons fermement condamné les violences et les arrestations fondées sur la couleur de peau qui ont eu lieu à Kidal", a rappelé le porte-parole du Quai d'Orsay. "Nous réitérons notre appel à la libération de l'ensemble des personnes détenues sans justification dans cette ville", a-t-il insisté.
Avec dépêches
 

Mali: calme précaire à Anéfis

MALI - 
Article publié le : mercredi 05 juin 2013 à 18:22 - Dernière modification le : mercredi 05 juin 2013 à 22:20


Soldats maliens à Gao le 10 février 2013.
Soldats maliens à Gao le 10 février 2013.
AFP / PASCAL GUYOT

Par RFI
Pour la première fois depuis l'an dernier, l'armée malienne et le MNLA se sont affrontés ce mercredi matin à Anéfis, à une centaine de kilomètres de Kidal. Le village a été repris par l'armée malienne. L'opération est menée par deux militaires bien connus au Mali, les colonels Didier Dacko et Gamou. Dioncounda Traoré, président par intérim du Mali, assure que ces combats ne remettent pas en cause les négociations prévues ce vendredi à Ouagadougou, au Burkina Faso.



La situation serait stabilisée en fin de journée, mais chaque camp craint une reprise des hostilités. L'armée est désormais dans le village et cherche à consolider ses positions dans la zone. « Nous voulons empêcher toute attaque sur nos arrières », indique un cadre de l'état-major.
Les éléments du MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) ont fui vers l'Est et seraient désormais à une vingtaine de kilomètres au niveau de la piste qui mène à Kidal. Au niveau des bilans, l'état-major à Bamako affirme avoir tué dix rebelles et fait 28 prisonniers. Plus tôt dans la journée, un cadre du mouvement azawadien reconnaissait la perte de deux éléments et un pick-up détruit.
Cette opération militaire a été menée par deux militaires bien connus au Mali : le colonel Major Didier Dacko et le colonel Gamou, ancien rebelle, devenu ensuite fidèle à l'ex-président ATT. Les soldats sont montés de front sur plusieurs axes, notamment sur les deux pistes Anéfis/Kidal et Ménaka/Kidal.
Difficile de dire si les deux camps vont garder leurs positions actuelles. À 48 heures de l'ouverture des négociations entre Bamako et les groupes du Nord, à Ouagadougou, au Burkina Faso, la situation est en tout cas extrêmement tendue.


Pourparlers prévus vendredi à Ouagadougou
Ces combats à Anéfis seront-ils un frein aux pourparlers prévus ce vendredi à Ouagadougou ? Dioncounda Traoré, le président par intérim du Mali, ne le croit pas. « Lorsque s’est déroulée la guerre du Vietnam, c’est au moment où les négociations se déroulaient à Paris qu’il y a eu les combats les plus rudes. Qu’il y ait des combats, ça ne remet nullement en cause qu’il y ait le dialogue et les discussions », insiste ainsi Dioncounda Traoré, au micro de Rfi. Le président par intérim du Mali affirme aussi que le mouvement vers le nord des forces armées maliennes était prévu de longue date, et est sans rapport avec les derniers évènements à Kidal.
« L’armée est à Anéfis. C’est une décision qui a été prise il y a bien longtemps. J’avais donné des instructions pour que nos troupes remontent vers Anéfis et dans une autre localité, qui sont toutes les deux situées à environ 130 km de Kidal », explique le président Dioncounda Traoré. « Mais ce n’est pas une décision consécutive aux derniers évènements à Kidal », affirme-t-il, insistant sur le fait qu’« en aucun cas cela ne saurait signifier une escalade vers la confrontation. »
Pour sa part, Mossa Ag Attaher, le porte-parole du MNLA, dénonce une « attaque » de l'armée malienne. « Cet acte ne va pas faciliter le processus. Au contraire, il risque d’entamer gravement la volonté sincère et affichée du MNLA à aller dans le sens d’une négociation politique », a déclaré le porte-parole du MNLA, Mossa Ag Attaher, au micro de RFI. « Nous gardons le cap, nous restons sereins », précise-t-il cependant, affirmant que le MNLA est « disposé à continuer le processus de négociations entre nous et la communauté internationale ». 
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MSG/Col MK/Azawad/Adan Nakafar (16 km de Anefiss, en allant vers Gao)19h21mn/bilan MNLA 1mort et 4 blessés/stop.Bilan Mali armée 4 voitures dont occupants pulverisés et un camion de munitions saisi /stop 14 militaires pris et 1 officier sup DCD suite blessures/stop


Ibrahim Ag Wanasnate/ Le lieutenant-colonel de l'armée malienne Fiassel Ag Kiba est mort aujourd'hui dans l'attaque d'Anafif paix à son ame


MNLA/Ibrahim Ag Mohamed Assaleh: "Ce n'est pas à la France ou à la CEDEAO de nous desarmer!!!!!!!!!