
TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
mercredi 24 avril 2013
Mali : vers une fusion entre le MNLA et le MIA?
Par RFI
A Kidal, depuis quelques semaines, ont lieu des regroupements de combattants du MNLA et du MIA, mouvement issu d'une scission avec lles islamistes armés d'Ansar Dine. Pour les dirigeants du Mouvement national de libération de l'Azawad, il s'agit d'un ralliement sans condition à leur mouvement. Le Mouvement islamique de l'Azawad, lui, parle d'un simple rappochement entre les deux mouvements.
Les deux mouvements sont d'accord sur un fait : plus de 300 combattants issus du Mouvement islamique de l'Azawad participent désormais à la sécurisation de la ville de Kidal, dans le nord du Mali, avec les combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad.
Pour le reste, les analyses divergent : selon le MNLA, il s'agit d'un ralliement sans condition des jeunes en armes du MIA, sous la pression de la population et de l'aménokal (chef traditionnel) de Kidal. Ils auraient rejoint le MNLA par vagues successives depuis plus d'un mois, après le retour au sein du MNLA de deux colonels de la rébellion. Mais le MNLA affirme qu'il n'accueillera pas tous les dirigeants du MIA dans la mesure où certains seraient restés proches des islamistes.
Les chefs du MIA eux, ne parlent pas de ralliement, mais de travail en commun, avec un commandement militaire conjoint. Un rapprochement dans l'intérêt de Kidal, pour être unis lors des négociations avec le gouvernement malien, dit-on au MIA. D'ailleurs, toujours selon le MIA, les deux mouvements prépareraient un congrès commun. Une affirmation totalement rejetée par le MNLA.
Situation confuse à Ber
La situation est confuse dans la localité de Ber, au nord de Tombouctou. Un groupe armé arabe, le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), revendique avoir pris le contrôle de cette ville. Dans le même temps, le fils du marabout de Ber a été enlevé la semaine passée.
Depuis plus d'une semaine, Al Moustafa ag Mohamed a disparu. Ce Touareg a été enlevé par des individus qui revendiquent une rançon de 80 millions de francs CFA. L'identité des ravisseurs n'est pas officiellement connue. Mais tout porte à croire que les preneurs d'otages ont quelque chose à voir avec les hommes armés qui revendiquent le contrôle de Ber depuis dimanche.
La confusion est grande dans cette localité où les tensions entre Arabes et Touaregs sont anciennes. Selon le MAA, le Mouvement arabe de l'Azawad, les Arabes ont été pillés depuis des semaines par les Touaregs du MNLA, il fallait que ça s'arrête. L’enlèvement du fils du dignitaire touareg pourrait donc être une autre forme de pression sur la communauté tamachek.
Certains dignitaires arabes jugent pourtant l'enlèvement du fils du marabout « inacceptable ». Mahmoud El Oumrany, un des doyens arabes, exige sa libération au plus vite, et sans rançon. « Cela ne servira pas nos intérêts », dit- il. El Oumrany prône d'ailleurs un dialogue intercommunautaire pour éviter de nouvelles tensions.
En attendant, les Arabes demandent le déploiement rapide de l'armée malienne à Ber. Pour les Touaregs, toute cette confusion a été volontairement créée par les Arabes pour justifier le retour de l'armée au nord de Tombouctou.
Attentat en Libye: un acte «lâche et odieux» selon Fabius
LIBYE / FRANCE -
Article publié le : mardi 23 avril 2013 à 19:52 - Dernière modification le : mardi 23 avril 2013 à 22:56

Le bâtiment de l'ambassade de France à Tripoli, le 23 avril 2013.
Ehab / Twitter
Par RFI
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé ce mardi 23 avril à Tripoli où il a visité l’ambassade de France qui a été la cible, tôt ce matin, d’un attentat à la voiture piégée. Il a condamné l’attentat qu’il a qualifié de « lâche et odieux », avant d’ajouter que « les terroristes » devront rendre des comptes. Les autorités libyennes ont qualifié l’attentat d’ « acte terroriste ».
« Nous condamnons avec la plus extrême vigueur cet attentat lâche et odieux fait pour tuer », a déclaré Laurent Fabius lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue libyen, Mohamed Abdelaziz. Il a par ailleurs assuré que Tripoli a promis de trouver les coupables et les punir. Le ministre français des Affaires étrangères a également insisté sur le fait que ce n’était pas seulement la France qui était visée mais aussi l’amitié franco-libyenne et que les auteurs de cet attentat « en seront pour leurs frais », a déclaré Laurent Fabius.
Avant la conférence de presse, le ministre français a visité l’ambassade devant laquelle, selon des témoins, la voiture piégée a été garée pendant quelques minutes seulement, avant d'exploser. Les autorités libyennes ont ouvert une enquête pour comprendre notamment où se trouvaient les gardes libyens chargés de la surveillance de l'ambassade au moment de l'explosion. La sécurité autour des autres chancelleries étrangères a, entretemps, été renforcée.
Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd si l'attentat, commis vers 07h, heure locale, avait eu lieu deux heures plus tard, car le personnel, sans compter les Libyens qui viennent chercher leurs visas, se seraient alors trouvés sur place. « On a évité un vrai carnage », a dit un conseiller à la mairie de Tripoli, joint par RFI.
Des mesures de sécurité insuffisantes
« On constate, en Libye, que les forces de sécurité policières ou militaires qui répondent au gouvernement libyen sont extrêmement faibles par rapport aux milices qui continuent d’exister », note Lazare Beullac, rédacteur en chef de la lettre spécialisée Maghreb Confidentiel, joint par RFI.
Il ajoute qu’il y avait, en termes de sécurité au sein des Français présents en Libye, « deux sons de cloche » : un discours diplomatique « relativement rassurant en provenance notamment de l’ambassade » et, en même temps, la démarche de toutes les sociétés présentes en Libye qui font appel à « des compagnies de sécurité privées ». Lazare Beullac précise par ailleurs que certaines de ces sociétés avaient annoncé, dans les semaines précédentes, qu’elles « quittaient la Libye » parce qu’elles ne pouvaient pas assurer la sécurité de leurs cadres et de leurs employés. « Donc, il y avait quand même un climat d’inquiétude qui aujourd’hui semble justifié », conclut-il.
« La Libye, un fief pour les organisations terroristes »
Il s'agit de la première attaque contre des intérêts français en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011. L’attentat, qualifié « d’acte terroriste » par les autorités libyennes, survient dans un contexte d’insécurité croissante dans le pays où des milices continuent de faire la loi. Il survient également dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l’armée française est intervenue contre les groupes armés islamistes radicaux tels que le Mujao, Ansar Dine ou encore al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L’attentat a blessé deux gendarmes français, dont un grièvement atteint, et provoqué d’importants dégâts. Pour le moment, l’attaque n’a été revendiquée par aucun groupe terroriste, mais la Libye semble devenir un fief important pour les différentes organisations terroristes.
Joint par RFI, Louis Caprioli, ancien numéro deux de la Direction de la Surveillance du territoire (DST), spécialiste de la lutte contre le terrorisme, considère que cet attentat est un signe clair des liens existants entre les djihadistes libyens et le groupe Aqmi. « Je pense qu’il y a une implication locale de djihadistes libyens qui ont des liens historiques avec les gens d’al-Qaïda au Maghreb islamique », a-t-il estimé avant de poursuivre : « Aqmi, n’ayant plus la capacité de frapper au Mali, ni celle non plus de frapper les intérêts français en Libye, va s’appuyer sur une organisation frère », a affirmé Louis Caprioli.
C’est dans le sud de la Libye que seraient réfugiés les éléments d’Aqmi, en fuite depuis le Mali. Environ 300 katibas différentes seraient actuellement basées dans le sud libyen, d’après les services français. Sans sécurisation, la zone pourrait devenir le nouveau sanctuaire des dijihadistes dans la région.
Joint par RFI, Hasni Abidi, chercheur et spécialiste de la Libye au Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, considère que la Libye constitue « un refuge très important pour des membres influents, soit d’Aqmi soit d’autres groupes extrémistes » non seulement parce que « le gouvernement libyen est absent et faible » mais aussi « par la quantité d’armes et parce qu’ils peuvent trouver des soutiens importants dans leurs actions », a affirmé ce spécialiste de la Libye.
Onde de choc à Tripoli
L'attentat contre l'ambassade de France à Tripoli a provoqué une véritable onde de choc dans la capitale. Des Français mais aussi des Libyens ont défilé, incrédules, devant le bâtiment à moitié calciné toute la journée de ce mardi. Certains ne comprennent pas pourquoi on s'en prend à la France qui a apporté en 2011 son soutien aux rebelles. D'autres s'inquiètent des conséquences de cet attentat.
Le soutien de l’ancien président français Nicolas Sarkozy aux rebelles libyens est encore dans toutes les mémoires et les relations entre les deux pays, ces derniers mois, étaient bonnes. « On ne sentait aucune menace contre les intérêts français ; au contraire », dit Khaled Djellali, directeur des relations internationales de la ville de Tripoli, joint par RFI.
Certains craignent que ce climat d'insécurité crispe les relations entre les deux pays ou rebute certains entrepreneurs qui auraient voulu venir s'y installer. Joint par RFI, un habitant de la capitale pointe l'insécurité qui prévaut toujours, plus d’un an après la chute de Mouammar Kadhafi, ainsi que l'incapacité du gouvernement actuel à stabiliser la situation. « J’espère que cela ne se reproduira pas. C’est vraiment très malheureux. Nous rêvions que dorénavant, les compagnies étrangères allaient revenir en Libye pour investir et reconstruire le pays… mais après cela, je ne sais vraiment pas ce qui va se passer », se demande Hamad.
Avant la conférence de presse, le ministre français a visité l’ambassade devant laquelle, selon des témoins, la voiture piégée a été garée pendant quelques minutes seulement, avant d'exploser. Les autorités libyennes ont ouvert une enquête pour comprendre notamment où se trouvaient les gardes libyens chargés de la surveillance de l'ambassade au moment de l'explosion. La sécurité autour des autres chancelleries étrangères a, entretemps, été renforcée.
Le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd si l'attentat, commis vers 07h, heure locale, avait eu lieu deux heures plus tard, car le personnel, sans compter les Libyens qui viennent chercher leurs visas, se seraient alors trouvés sur place. « On a évité un vrai carnage », a dit un conseiller à la mairie de Tripoli, joint par RFI.
Des mesures de sécurité insuffisantes
« On constate, en Libye, que les forces de sécurité policières ou militaires qui répondent au gouvernement libyen sont extrêmement faibles par rapport aux milices qui continuent d’exister », note Lazare Beullac, rédacteur en chef de la lettre spécialisée Maghreb Confidentiel, joint par RFI.
Il ajoute qu’il y avait, en termes de sécurité au sein des Français présents en Libye, « deux sons de cloche » : un discours diplomatique « relativement rassurant en provenance notamment de l’ambassade » et, en même temps, la démarche de toutes les sociétés présentes en Libye qui font appel à « des compagnies de sécurité privées ». Lazare Beullac précise par ailleurs que certaines de ces sociétés avaient annoncé, dans les semaines précédentes, qu’elles « quittaient la Libye » parce qu’elles ne pouvaient pas assurer la sécurité de leurs cadres et de leurs employés. « Donc, il y avait quand même un climat d’inquiétude qui aujourd’hui semble justifié », conclut-il.
« La Libye, un fief pour les organisations terroristes »
Il s'agit de la première attaque contre des intérêts français en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011. L’attentat, qualifié « d’acte terroriste » par les autorités libyennes, survient dans un contexte d’insécurité croissante dans le pays où des milices continuent de faire la loi. Il survient également dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l’armée française est intervenue contre les groupes armés islamistes radicaux tels que le Mujao, Ansar Dine ou encore al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
L’attentat a blessé deux gendarmes français, dont un grièvement atteint, et provoqué d’importants dégâts. Pour le moment, l’attaque n’a été revendiquée par aucun groupe terroriste, mais la Libye semble devenir un fief important pour les différentes organisations terroristes.
Joint par RFI, Louis Caprioli, ancien numéro deux de la Direction de la Surveillance du territoire (DST), spécialiste de la lutte contre le terrorisme, considère que cet attentat est un signe clair des liens existants entre les djihadistes libyens et le groupe Aqmi. « Je pense qu’il y a une implication locale de djihadistes libyens qui ont des liens historiques avec les gens d’al-Qaïda au Maghreb islamique », a-t-il estimé avant de poursuivre : « Aqmi, n’ayant plus la capacité de frapper au Mali, ni celle non plus de frapper les intérêts français en Libye, va s’appuyer sur une organisation frère », a affirmé Louis Caprioli.
C’est dans le sud de la Libye que seraient réfugiés les éléments d’Aqmi, en fuite depuis le Mali. Environ 300 katibas différentes seraient actuellement basées dans le sud libyen, d’après les services français. Sans sécurisation, la zone pourrait devenir le nouveau sanctuaire des dijihadistes dans la région.
Joint par RFI, Hasni Abidi, chercheur et spécialiste de la Libye au Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, considère que la Libye constitue « un refuge très important pour des membres influents, soit d’Aqmi soit d’autres groupes extrémistes » non seulement parce que « le gouvernement libyen est absent et faible » mais aussi « par la quantité d’armes et parce qu’ils peuvent trouver des soutiens importants dans leurs actions », a affirmé ce spécialiste de la Libye.
Onde de choc à Tripoli
L'attentat contre l'ambassade de France à Tripoli a provoqué une véritable onde de choc dans la capitale. Des Français mais aussi des Libyens ont défilé, incrédules, devant le bâtiment à moitié calciné toute la journée de ce mardi. Certains ne comprennent pas pourquoi on s'en prend à la France qui a apporté en 2011 son soutien aux rebelles. D'autres s'inquiètent des conséquences de cet attentat.
Le soutien de l’ancien président français Nicolas Sarkozy aux rebelles libyens est encore dans toutes les mémoires et les relations entre les deux pays, ces derniers mois, étaient bonnes. « On ne sentait aucune menace contre les intérêts français ; au contraire », dit Khaled Djellali, directeur des relations internationales de la ville de Tripoli, joint par RFI.
Certains craignent que ce climat d'insécurité crispe les relations entre les deux pays ou rebute certains entrepreneurs qui auraient voulu venir s'y installer. Joint par RFI, un habitant de la capitale pointe l'insécurité qui prévaut toujours, plus d’un an après la chute de Mouammar Kadhafi, ainsi que l'incapacité du gouvernement actuel à stabiliser la situation. « J’espère que cela ne se reproduira pas. C’est vraiment très malheureux. Nous rêvions que dorénavant, les compagnies étrangères allaient revenir en Libye pour investir et reconstruire le pays… mais après cela, je ne sais vraiment pas ce qui va se passer », se demande Hamad.
lundi 22 avril 2013
Opération serval au Mali, une fois les Français partis
DERNIÈRE MODIFICATION : 22/04/2013
- ARMÉE FRANÇAISE - ASSEMBLÉE NATIONALE - FRANCE - MALI - MNLA
Le Parlement français se prononce sur une prolongation de l'opération Serval au Mali. Cela fait plus de 3 mois que 4 000 soldats français sont déployés sur le territoire malien. Un retrait progressif a débuté. 500 soldats sont déjà rentrés. En juillet, il ne devrait en rester que 2000 et 1000 d'ici la fin de l'année.
Nos invités :
Émission préparée par Pauline Heilmann, Anthony Saint Leger et Louma Sanbar.
France 24
- Général Vincent DESPORTES, Ancien directeur de l'école de guerre, Enseignant en stratégie à Sciences Po et à HEC.
- Hadji Baba Haïdara, député de Tombouctou. Président du Collectif des élus du nord.
- Gérard Larcher, sénateur UMP des Yvelines, membre de la commission des affaires étrangères.
- Mahamadou Djéri MAïGA, vice-président de la rébellion touarègue, du MNLA.
Émission préparée par Pauline Heilmann, Anthony Saint Leger et Louma Sanbar.
France 24
Touaregs. La révolte des hommes bleus. 1857-2013
Meriadec Raffray, Coll. « Stratégies et doctrines », Economica, 2013, 99 p.
Ecrit dans le cadre du Centre de Doctrine d’Emploi des Forces (CDEF), l’ouvrage de M. Raffray arrive à point nommé : finalement, que savons-nous de ces seigneurs du désert, commerçants traditionnellement amis de la France certes mais aussi, durant Serval, adversaires parce qu’intégrés au MNLA et à Ansar Dine ?
L’auteur nous fait donc parcourir l’histoire des relations entre la France (et surtout son armée) et une nation nomade, qui va considérer que les frontières établies après les indépendances africaines sont illégitimes. Vu le contexte, l’ouvrage est donc plus qu’utile parce : tôt ou tard, Paris comme Bamako ne pourront fermer les yeux sur la question, tout conflit doit un jour se terminer. Et si certains pourraient trouver qu’une histoire en bonne et due forme serait intéressante, le propos de l’auteur n’est pas là : il s’agit de donner les élémentaires permettant de comprendre la situation.
Passionnant, l’ouvrage se lit comme un roman et montre aussi qu’il faut se méfier du déterminisme des plateaux de télévision : et oui, ils ont aussi été malmenés par les djihadistes et ne demandent réellement qu’à en être débarrassés. C’est aussi, et au-delà, une question plus large, qui a trait à l’identité nomade à l’heure des frontières – laquelle n’est toujours pas résolue dans les théories dites « postmodernes » – et qui a plus de sens stratégique qu’on pourrait le croire a priori : en stratégie d’influence et en guerre de l’information, elle pourrait s’avérer déterminante… P.L.
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- Histoire secrète des SAS. L’élite des forces spéciales britanniques Jean-Jacques Cécile Nouveau Monde Éditions, Paris, 2009, 295 p. Journaliste de...
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- http://www.dsi-presse.com/?p=5805
Au Mali, "une justice toujours absente"
LE MONDE | • Mis à jour le
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Voilà plus de trois mois que des groupes djihadistes ont mené une offensive vers Sévaré et Mopti. La France et le Mali, soutenus par des bataillons d'Afrique de l'Ouest, ont immédiatement riposté. Je me suis rendu sur place pour dresser un premier bilan de cette guerre en matière de respect des droits humains et j'ai pu constater que, dans ce domaine, la situation est loin d'être stabilisée.
Depuis la contre-offensive vers le nord, un no man's land s'est créé en matière d'Etat de droit et de protection des civils, entre le sud du Mali, où sont déployées les forces ouest-africaines, et le nord-est du pays où les armées françaises et tchadiennes ont pourchassé les groupes djihadistes. Dans les régions reconquises, l'armée malienne occupe d'immenses espaces dont elle avait perdu le contrôle début 2012.
Les forces de police et de gendarmerie sont, elles, encore peu présentes, sauf dans les villes de Tombouctou, Gao ou Douentza. La justice est absente : le procureur de la République le plus au nord du pays ne se trouve qu'à Mopti. Dans toutes les petites villes, villages et campements, notamment le long du fleuve Niger, les forces censées garantir l'Etat de droit sont absentes et des éléments indisciplinés et violents de l'armée malienne se sont déjà livrés à de graves exactions.
Un premier bilan est déjà très préoccupant : une vingtaine d'exécutions extrajudiciaires et à peu près le même nombre de disparus (pour ne parler que de celles qui sont confirmées), une trentaine d'arrestations arbitraires, plusieurs cas avérés d'actes de torture et de mauvais traitements par des militaires sur des prisonniers.
Des esprits "réalistes" diront sans doute que les proportions de ces exactions restent limitées. Et, de fait, nous n'avons pas conclu à des violations systématiques ou planifiées par la hiérarchie. Sans doute le travail d'organisations comme la nôtre a-t-il contribué à faire connaître très rapidement la gravité des exactions commises.
Des messages clairs des autorités maliennes et de leurs partenaires internationaux, dont la France, ont probablement permis d'éviter des dérapages plus importants.
Pour la première fois dans l'histoire du pays, six militaires, dont un capitaine, sont visés par une enquête à la suite de la disparition de cinq civils à Tombouctou. Ils ont été rappelés à Bamako. Ils devraient ainsi être les premiers à passer devant le tribunal militaire du Mali, qui existe sur le papier mais n'a jamais siégé !
Pour encourager ces progrès, la gendarmerie doit être fortement appuyée sans quoi elle ne pourra tenir tête à des éléments de l'armée mieux équipés et habitués à sévir en toute impunité. Toutes les exactions commises par des membres de l'armée malienne doivent rapidement faire l'objet d'enquêtes.
Les défis à relever en matière de droits humains sont considérables. Qu'il s'agisse de la formation de l'armée malienne au droit de la guerre (une dimension présente dans le programme de formation que l'Union européenne a commencé à dispenser à quatre bataillons de l'armée de terre), ou de la lutte contre la corruption (qui a pesé lourd dans l'origine de la crise et prive le pays des ressources nécessaires au respect des droits sociaux), ou encore de la mise en place d'un processus "vérité, justice et réconciliation", le Mali a du chemin à faire pour que le cycle rébellion-répression-impunité soit enfin brisé.
Une Commission dialogue et réconciliation a récemment été créée par décret mais son mandat est trop large et son mode de désignation "par le haut" risque de la priver du soutien dont elle aurait besoin. Le Mali ne devrait pas faire l'économie d'une vraie Commission vérité et réconciliation, formée de personnes respectées, issues des différents secteurs de la société et qui s'inspirerait des exemples les plus aboutis, comme la Sierra Leone. Cette commission devra faire des recommandations à la société malienne pour que celle-ci s'attaque aux causes de la crise actuelle.
Le Mali dispose de ressources humaines et d'une histoire exceptionnelles. En 1991, des centaines de jeunes étudiants ont payé de leur vie leur désir de liberté et de démocratie après une trop longue dictature militaire. Ces dernières années, cette démocratie a été gangrenée par les trafics et la corruption, précipitant l'effondrement de l'armée, la perte de contrôle du nord du pays et une crise politique majeure.
Des rebelles touareg du MNLA puis des groupes djihadistes, AQMI, Mujao et Ansar Dine, ont profité de ce contexte pour tenter d'imposer leur agenda, certains de leurs membres se rendant coupables de crimes qui pourraient relever de la Cour pénale internationale.
Mais la possible victoire militaire à court terme sur les groupes djihadistes ne doit pas faire oublier que la crise malienne est bien plus profonde. Le respect des droits de chaque Malienne et de chaque Malien devrait être l'objectif central de la mise en place d'un véritable Etat de droit que ce peuple mérite amplement. La mission de "stabilisation" des Nations unies qui prendra la suite de l'intervention actuelle devra placer cet objectif en tête de ses priorités.
Lire le débat Mali, victoire ou enlisement programmé ?, avec Jean-Marie Fardeau, directeur France Human Rights Watch ; Michel Onfray, philosophe ; Gérard Chaliand, géopoliticien ; Pierre Micheletti, ancien président de Médecins du monde ; Romain Simenel, ethnologue, Mehdi Meddeb et Léa-Lisa Westerhoff, journalistes.
"Au sol, c'est aux habitants de l'Azawad de lutter contre les terroristes au Nord-Mali"
DERNIÈRE MODIFICATION : 22/04/2013
- ARMÉE FRANÇAISE - MALI - MNLA
France 24

© AFP
Alors que le Parlement français doit se prononcer sur la prolongation de l’opération militaire Serval au Mali, les Touareg du MNLA dressent un bilan positif de la présence française mais demandent des garanties contre l'armée malienne.
Par Charlotte OBERTI (texte)
Quatre mois après le début de l’intervention française au Mali, le Parlement doit se prononcer, lundi 22 avril, sur la prolongation de l'opération Serval. Si ce vote apparaît comme une formalité - selon la Constitution, lorsque la durée d'une opération extérieure excède quatre mois sa prolongation est soumise à l'autorisation du Parlement -, il permet néanmoins de dresser un bilan de l’intervention française. Pour les rebelles touareg, implantés dans le Nord-Mali et en conflit ouvert avec le gouvernement de Bamako sur la question de l’autonomie de la région, l'aide française est une nécessité - sur le plan diplomatique notamment.
Entretien avec Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du Mouvement national de libération de l’Azawad [MNLA].
Quel regard portez-vous sur l'opération militaire française au Mali?
Moussa Ag Assarid : Nous pensons que l’opération Serval a été salutaire. Elle a permis de repousser les djihadistes et, en cela, c’est une bonne chose. L’armée française a fait un travail remarquable.
Cependant, elle a également permis à l’armée malienne, que nous avions chassée du territoire de l’Azawad [Nord-Mali, NDLR] en 2012, de revenir dans le Nord. Or cette armée est déliquescente, elle ne respecte ni les droits de l’Homme ni les conventions internationales humanitaires. Avec l’aide de ses milices, l’armée de Bamako s’est livrée ces derniers mois à des exactions sur le territoire de l’Azawad - exécutions sommaires, tortures, pillages… Les populations à peaux claires (Touareg, Arabes ou Peuls) sont particulièrement ciblées par les soldats maliens. Nous ne nous sentons pas en sécurité.
Qu’attendez-vous de la France aujourd’hui ?
M. A. A. : En ce qui concerne la lutte contre les djihadistes, nous avons besoin de l’aviation française. Au sol, cependant, les étrangers ont assez donné. C’est désormais aux habitants de l'Azawad de lutter contre les terroristes. Mais une telle décision nécessite un accord politique avec Bamako et des garanties internationales. Nous comptons également sur l’aide de la France pour qu’elle prenne des positions claires et nettes par rapport aux exactions des soldats maliens et, sur le plan diplomatique, pour qu’elle fasse en sorte que Bamako accepte d’entamer des négociations avec nous.
Comme l’a dit le patriarche des Touareg iforas, Intalla Ad Attaher : ‘Amis français, vous avez quitté notre territoire en 1960 [lors de la proclamation de l’indépendance de la Fédération du Mali, NDLR] en le laissant dans un état insupportable - absence d’État, corruption, détournement d’aide internationale. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, vous revenez. Cette fois-ci, ne partez pas sans régler le problème de façon définitive pour nous permettre de vivre dignement sur notre territoire’.
Si la tenue d’élections en juillet prochain est confirmée, comme le souhaitent Paris et Bamako, prévoyez-vous de présenter des candidats ou bien de boycotter le scrutin ?
M. A. A. : Au-delà d’un détail pratique lié au climat [entre juin et août, la saison des pluies rend les routes quasiment impraticables au Mali], ces élections n’ont pas lieu d’être car c’est mettre la charrue avant les bœufs. Comment voulez-vous que le MNLA présente des candidats ? Nos électeurs sont en train de mourir sous les balles de l’armée malienne. Sans accord politique entre Bamako et le MNLA, les conditions pour organiser des élections responsables ne seront pas garanties.
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Entretien avec Moussa Ag Assarid, représentant en Europe du Mouvement national de libération de l’Azawad [MNLA].
Quel regard portez-vous sur l'opération militaire française au Mali?
Moussa Ag Assarid : Nous pensons que l’opération Serval a été salutaire. Elle a permis de repousser les djihadistes et, en cela, c’est une bonne chose. L’armée française a fait un travail remarquable.
Cependant, elle a également permis à l’armée malienne, que nous avions chassée du territoire de l’Azawad [Nord-Mali, NDLR] en 2012, de revenir dans le Nord. Or cette armée est déliquescente, elle ne respecte ni les droits de l’Homme ni les conventions internationales humanitaires. Avec l’aide de ses milices, l’armée de Bamako s’est livrée ces derniers mois à des exactions sur le territoire de l’Azawad - exécutions sommaires, tortures, pillages… Les populations à peaux claires (Touareg, Arabes ou Peuls) sont particulièrement ciblées par les soldats maliens. Nous ne nous sentons pas en sécurité.
Qu’attendez-vous de la France aujourd’hui ?
M. A. A. : En ce qui concerne la lutte contre les djihadistes, nous avons besoin de l’aviation française. Au sol, cependant, les étrangers ont assez donné. C’est désormais aux habitants de l'Azawad de lutter contre les terroristes. Mais une telle décision nécessite un accord politique avec Bamako et des garanties internationales. Nous comptons également sur l’aide de la France pour qu’elle prenne des positions claires et nettes par rapport aux exactions des soldats maliens et, sur le plan diplomatique, pour qu’elle fasse en sorte que Bamako accepte d’entamer des négociations avec nous.
Comme l’a dit le patriarche des Touareg iforas, Intalla Ad Attaher : ‘Amis français, vous avez quitté notre territoire en 1960 [lors de la proclamation de l’indépendance de la Fédération du Mali, NDLR] en le laissant dans un état insupportable - absence d’État, corruption, détournement d’aide internationale. Aujourd’hui, cinquante ans plus tard, vous revenez. Cette fois-ci, ne partez pas sans régler le problème de façon définitive pour nous permettre de vivre dignement sur notre territoire’.
Si la tenue d’élections en juillet prochain est confirmée, comme le souhaitent Paris et Bamako, prévoyez-vous de présenter des candidats ou bien de boycotter le scrutin ?
M. A. A. : Au-delà d’un détail pratique lié au climat [entre juin et août, la saison des pluies rend les routes quasiment impraticables au Mali], ces élections n’ont pas lieu d’être car c’est mettre la charrue avant les bœufs. Comment voulez-vous que le MNLA présente des candidats ? Nos électeurs sont en train de mourir sous les balles de l’armée malienne. Sans accord politique entre Bamako et le MNLA, les conditions pour organiser des élections responsables ne seront pas garanties.
PREMIÈRE PUBLICATION: 22/04/2013
EN SAVOIR PLUS
Mali: un groupe armé prend le contrôle d'une localité du nord-est
Sahara Média + AFP
Lundi 22 Avril 2013

Le mouvement des Arabes de l'Azawad (MAA), a pris dimanche le contrô le de la localité malienne de Ber, près de Tombouctou (nord-ouest), alors que des touaregs armés membres du mouvement islamique de l'Azawad (MIA), se sont regroupés à Kidal (nord-est), a appris l'AFP de sources militaires africaines.
"Le MAA contrô le actuellement la ville de Ber après avoir chassé un groupe armé local, non identifié pour le moment", a déclaré à l'AFP, une source militaire interrogée à Tombouctou.
"Dimanche soir, un avion militaire français survolait la localité", a ajouté la même source.
"Nous avons pris la ville de Ber. Nous avons chassé une bande armée et nous contrô lons la ville depuis dimanche. Nous voulons travailler avec les Français et les Africains pour lutter contre le terrorisme, et les trafiquants de drogue", a déclaré de son cô té à l'Sahara Média , Mohamed El Maouloud Ramadane, porte parole du MAA.
Le mouvement des Arabes de l'Azawad (MAA), a été créé en juillet 2012, à partir du Front National de libération de l'Azawad, qui regroupait début avril 2012, lors de la prise des principales villes du nord du Mali, essentiellement les arabes de la région de Tombouctou.
Par ailleurs, dimanche, au moins 200 touareg armés se revendiquant du mouvement islamique de l'Azawad (MIA), une branche dissidente du groupe jihadiste Ansar Dine, se sont regroupés près de Kidal (nord-est).
"Les hommes armés du MIA se trouvent dans un camp près de Kidal depuis vendredi, a appris l'AFP de source militaire africaine locale.
"Le MIA est en train de faire une démonstration de force. Environ 200 de ses éléments armés sont entrés près de Kidal" a rapporté à l'AFP, un habitant.
Alghabass ag Intallah, dirigeant du MIA, n'a pas démenti l'information, mais ne souhaitait pas "trop parler".
"Oui les jeunes du MIA et d'autres se sont regroupés. On veut savoir si Bamako veut la paix ou pas".
Affrontements meurtriers au Nigéria
BBC
Dernière mise à jour: 22 avril, 2013 - 10:40 GMT

Des "dizaines" de personnes ont été tuées à Baga
Les combats ont eu lieu à Baga, dans le Nord-Est du Nigéria, et ont duré plusieurs heures.
Ces affrontements auraient fait au moins 185 morts, dont une majorité de civils, d'après des sources locales.
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Un porte-parole militaire de l'Etat de Borno a déclaré que le bilan est "extrêmement exagéré", sans donner plus de précisions.
Les habitants de la région se sont réfugiés dans les garrigues arides qui entourent le lac Tchad.
L'information n'a été diffusée que le dimanche soir.
Environ 2000 maisons auraient été détruites, ainsi que des commerces, des marchés, et des véhicules, incendiés à travers toute la région.
Les habitants qui ont fui dans la brousse ne sont revenus que le dimanche après-midi pour trouver une grande partie de la ville détruite.
Des cadavres d'humains et d'animaux jonchaient les rues.
Plusieurs des corps avaient brûlé dans les incendies qui ont ravagé des pans entiers de la ville, ont indiqué des habitants.
Les personnes tuées ont été immédiatement enterrées selon la tradition musulmane locale.
Des sources officielles et militaires ont indiqué que des lance-roquettes et des tirs nourris ont été entendus pendant des heures le vendredi soir.
Selon un journaliste local, ces affrontements marquent une escalade significative dans la longue insurrection à laquelle le Nord, majoritairement musulman, fait face.
Il a indiqué que les islamistes avaient des armes plus lourdes que lors de précédentes attaques dans la région.
De leur côté des survivants ont témoigné que de nombreux insurgés parlaient une langue étrangère.
Un général de l'armée nigériane a estimé que les extrémistes avaient utilisé des civils comme boucliers humains pendant les combats.
Depuis 2009, les attaques de Boko Haram dans le centre et le nord du Nigeria, et leur répression par l'armée, ont fait au moins 3.000 morts.
http://oeil-sur-la-planete.france2.fr/?page=emissions&id_rubrique=114
Lundi 22 avril 2013 à 23:00
Le Mali

Si les succès militaires de l’opération Serval sont indéniables, notamment avec la destruction de sanctuaires d’Aqmi, et si le président de la République annonce un retrait progressif de nos troupes, ce pays est loin d’être pacifié et nos otages n’ont pas été libérés. Pire, en Afrique, la France est devenue l’ennemi numéro 1 des groupes islamistes.
Alors, attention au triomphalisme. La victoire militaire sur le terrain peut être un leurre. Il n’y aura pas de paix durable au Mali tant que l’on ne prendra pas en compte les questions de pauvreté, les revendications des Touaregs, l’islamisation de la société ou les problèmes de gouvernance locale.
Alors, attention au triomphalisme. La victoire militaire sur le terrain peut être un leurre. Il n’y aura pas de paix durable au Mali tant que l’on ne prendra pas en compte les questions de pauvreté, les revendications des Touaregs, l’islamisation de la société ou les problèmes de gouvernance locale.
- Les reportages
Les cinq reportages réalisés par les équipes de la rédaction du magazine permettent de mettre en lumière la complexité de la reconstruction du Mali après guerre.
Chroniques de Gao. (Loïc de la Mornais et Nicolas Bertrand)
La bataille des Ifoghas. (Franck Genauzeau)
La question Touareg (Laurent Hamida et Olivier Joulie)
La malédiction de l’or. (Anne Poiret et Thierry Breton)
Quel Islam pour le Mali ? (Sophie Claudet et Régis Mathé)
Un colonel français dénonce la grande misère de l'armée malienne
Par Reuters - Date: il ya 19 minutes 1 réactions
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PARIS (Reuters) - Gangrénée par la corruption, privée des fonds promis par la communauté internationale, incapable de s'entraîner faute de moyens, l'armée malienne n'est pas en mesure de remplir son rôle, dit le colonel français qui est chargé de sa formation.
Bruno Heluin, de la 9e brigade d'infanterie de marine (BIMa), qui dirige le détachement de liaison de la mission européenne de formation de l'armée malienne (UETM), dresse un tableau très sombre de sa mission dans Le Monde de mardi.
"C'est une armée qui vit au jour le jour", explique-t-il en décrivant l'absence d'école militaire, le nombre extrêmement élevé de généraux et le sous-équipement aggravé par le fait que les dons en vieux matériel russe, chinois, américain et français de ces dernières années cohabitent.
"Sous couvert de bonne volonté, nous avons donc aggravé les dysfonctionnements", souligne-t-il dans une interview diffusée avant le feu vert attendu ce lundi de l'Assemblée nationale à la prolongation de l'opération Serval au Mali. "Les militaires ne s'entraînent pas, faute de moyens."
Il juge la corruption "évidente", donnant pour exemple les 800 pick-ups commandés par l'armée malienne depuis 2006 et qui ont presque tous été volés. "Et l'exemple n'est pas donné par le haut. Le clientélisme est le mode de promotion."
Bruno Heluin se montre très méfiant à l'égard du Comité de réforme de l'armée malienne dirigé par le capitaine Amadou Sanogo, chef des putschistes responsables du coup d'Etat de mars 2012, avec lequel l'UE lui a interdit d'avoir des contacts.
"Ce comité est sans doute informé de nos travaux", dit-il.
Enfin, il souligne que "pas un centime d'euro" n'a été remis à l'armée malienne, malgré la promesse faite en janvier lors de la conférence des donateurs d'Addis-Abeba de fournir 8 millions d'euros pour la reconstruire.
Tous les financements sont selon lui absorbés par la Mission internationale de soutien au Mali (Misma).
"Or, l'armée malienne en a davantage besoin. Parce qu'elle doit retrouver, vite, les moyens de défendre son territoire national et de faire face à la menace."
Yves Clarisse, édité par Sophie Louet
Source: Reuters
M. Hollande ne comprend rien aux guerres idéologiques du XXIe siècle
LE MONDE | 21.04.2013 à 19h42 • Mis à jour le 22.04.2013 à 12h43
Par Michel Onfray (philosophe)


Le président de la République a décidé d'une guerre au Mali au moment où il commençait à s'effondrer dans les sondages. Quand on choisit des publicitaires pour nourrir son programme politique, il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'à une politique de publicitaire, autrement dit, à une opération de communication. Dans la configuration libérale qui fut celle de Nicolas Sarkozy, et qui reste celle deFrançois Hollande, ce qui est fait l'est toujours en regard de ce qu'on en dira dans les médias – donc de stratégie en matière de réélection.
Ici comme ailleurs, cette guerre au Mali montre l'impéritie idéologique du Parti socialiste qui n'a pas de pensée de la guerre – pas plus qu'il ne dispose d'une pensée de l'éducation, d'une pensée de la santé, d'une pensée de la culture, d'une pensée de la bioéthique, etc. Sur ce sujet de la guerre, les pourvoyeurs d'idées du PS en sont restés au logiciel dominant du Clausewitz (1780-1831) qui théorise dans la configuration napoléonienne.
LA GUERRE DES PETITS
François Hollande commande en effet à l'armée française de mener au Mali une"grande guerre" du genre napoléonien, alors que nous sommes dans ce que Clausewitz nomme la "petite guerre", autrement dit la guerre des petits, menée par une poignée de combattants dépourvus du matériel de haute technologie de l'armée française qui, dans la formule géopolitique et géostratégique malienne, se révèle d'une totale inefficacité.
La France dispose d'une technologie de pointe pour mener une guerre haut de gamme contre des adversaires qui combattent en djellaba, chaussés de tongs, se déplacent en pick-up et font trembler le gouvernement français en pouvant raflerdans n'importe quel endroit du pays une poignée de Blancs transformés en otages, ce qui paralyse immédiatement l'action militaire. Le général Giap et la défaite de Dien Bien Phu ont pourtant montré jadis la supériorité de combattants galvanisés par l'idéologie, déterminés à mener une "petite guerre" contre la force occidentale technologique activée par des fonctionnaires commandés par des politiques – aujourd'hui à la remorque des publicitaires.
François Hollande aurait pu lire ou relire L'Iliade dans laquelle Homère oppose la force d'Achille à la ruse d'Ulysse. Hollande a fait le choix des forts, qui sont souvent des brutes sans cervelle, contre celui des faibles, qui se révèlent la plupart du temps des malins très avisés. Achille de l'Elysée a choisi la force ; les combattants islamistes ont opté pour la stratégie d'Ulysse, car ils n'avaient pas d'autre solution.
Dès lors, que se passe-t-il ? Quand la force avance dans un désert où personne ne résiste ni ne s'oppose, parce que les rusés reculent et se réfugient dans les montagnes, le fort vainc sans péril et triomphe sans gloire, pendant que le faible n'a presque rien perdu de ce combat mené contre lui.
Les non-images de ce "conflit" montrées à la télévision témoignent de cette guerre dite victorieuse menée contre un ennemi réellement invisible : elles ressemblent à un film de propagande du service communication de l'armée française. Que fera Achille le fort quand Ulysse le rusé attendra le temps qu'il faudra dans des grottes inaccessibles aux forts ?
Enlisée dans le sable, arrêtée au pied des rochers, l'armée française n'aura le choix qu'entre l'interminable et coûteux siège d'une citadelle invisible dans le désert, avec des ennemis impossibles à localiser, et le retrait piteux qui permettra aux rusés de descendre des montagnes et de revenir dans les villes pour y fairerégner la terreur à nouveau.
LE VIEUX SCÉNARIO DE LA FRANÇAFRIQUE
Pour éviter cela, il faudrait à la France rester sur place et installer son armée en force d'occupation. Si tel devait être le cas, pour se justifier, elle activera l'habituelle rhétorique des droits de l'homme, de la tradition républicaine nationale française, de la lutte contre le terrorisme international, du droit d'ingérence cher au bon docteur Kouchner et à ses amis philosophes. Nous retrouverions alors le vieux scénario de la Françafrique.
Si d'aventure la France voulait vraiment faire des économies, elle proposerait, entre autres, une armée européenne qui mutualiserait les matériels, les savoir-faire, les troupes, la technologie, la compétence, les budgets, les commandements.
Mais il faudrait pour cela une pensée de la guerre qui prendrait enfin acte de la fin de la guerre froide, donc de la fin probable en Europe des grandes guerres, puis de l'avènement dans cette même zone d'une nouvelle ère dans les guerres mondiales : celle des "petites guerres". Ajoutons que, pour pareil projet, il faudrait aussi un président avec une crédibilité européenne et un projet politique digne de ce nom. Et des idées.
Quand un individu quasi seul peut mettre en péril la sécurité d'un grand pays industrialisé bardé de technologie militaire en fabriquant ses explosifs à partird'une recette trouvée sur Internet, a-t-on encore vraiment besoin d'un arsenal d'avions furtifs, d'une noria de sous-marins nucléaires lanceurs d'engins, d'un parc nucléaire apocalyptique, d'une armée pléthorique de techniciens ? Ou faut-ilrepenser la défense moins en regard de la force d'Achille que de la ruse d'Ulysse ?
A l'heure actuelle, nous avons moins besoin du Clausewitz occidental de la guerre totale que du Sun Tze oriental qui cherche à "vaincre sans combattre" et à "ne pasensanglanter la lame".
A qui fera-t-on croire que le risque de terrorisme en Europe, ou sur le sol français, viendrait d'une poignée de musulmans vivant dans les dunes africaines plutôt soucieux de leur business local et de leur zonage tribal que d'établir un califat européen ?
Soyons sérieux... Il semble plus facile pour un président soucieux de redorer son blason de pourchasser des va-nu-pieds dans le désert plutôt que de s'attaquer à des Etats riches, forts, puissants, disposant d'une véritable armée, voire de bombes atomiques, et qui souscrivent à l'idéal terroriste d'un certain nombre de musulmans intégristes, notamment l'expansion idéologique en Occident !
Pendant qu'elle fait la chasse aux Maliens en sandalettes, la France déroule le tapis rouge à des Etats qui rachètent petit à petit ce que la France en faillite brade aux émirs les plus offrants... Si la gauche voulait montrer sa différence, ce serait le moment !
Lire le débat Mali, victoire ou enlisement programmé ?, avec Jean-Marie Fardeau, directeur France Human Rights Watch ; Michel Onfray, philosophe ; Gérard Chaliand, géopoliticien ; Pierre Micheletti, ancien président de Médecins du monde ; Romain Simenel, ethnologue,Mehdi Meddeb et Léa-Lisa Westerhoff, journalistes.
Michel Onfray (philosophe)
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