Qatar : les secrets du coffre-fort
Depuis quelques années, un petit pays intrigue le monde entier. Le Qatar dépense des milliards de dollars et peut se le permettre, grâce au gaz et au pétrole. Il investit dans le sport, dans l'industrie, dans l'immobilier. En France, il a racheté le PSG et des palaces. Pour la première fois, une enquête apporte des réponses très complètes aux nombreuses questions autour de ce pays.
Qatar : les secrets du coffre-fort © FranceInfo
Christian Chesnot et Georges Malbrunot, grands reporters à France Inter et au Figaro, viennent de publier : Qatar, les secrets du coffre-fort, chez Michel Lafon.
Ils lèvent le voile sur les coulisses de ce pays déroutant. Ils révèlent comment le Qatar a tenté d'acheter un veto russe à l'ONU, les dessous de ses investissements en France, et comment il est passé de la diplomatie du carnet de chèques à l'armement des rebelles libyens et syriens.
Le poids financier du Qatar
"Le Qatar, c'est environ 50 milliards de dollars d'excédent budgétaire chaque année liés aux exportations de gaz", explique Georges Malbrunot. "La famille régnante, l'émir et le Premier ministre se demandent quoi en faire. Donc ils investissent de manière intelligente dans des sociétés étrangères comme Total en France, comme Lagardère, Véolia, pour qu'elles leur apportent du savoir-faire dont ils ont besoin pour le développement de leur pays."
Un homme : Hamid Al-Khalifa Al-Than
"L'émir Hamid Al-Khalifa Al-Than est une icône très difficile à voir. Il est très protégé et courtisé par la terre entière. En 1995, il a eu un coup de génie en décidant d'exploiter le gaz, qui est un vrai trésor", explique Christian Chesnot. "Il est très visionnaire et comprend avant tout le monde la mondialisation. Son pays est petit, vulnérable et immensément riche. Il décide de se protéger en faisant des polices d'assurance avec les Etats-Unis, la France, en multipliant les investissements."
Cela lui donne une force économique et diplomatique. Cette semaine encore il accueillait à Doha le sommet de la ligue arabe.
Un lien particulier avec la France
"Le Qatar, l'émir, son père sont francophiles et parfois francophones, et viennent en France très régulièrement", explique Georges Malbrunot. "Ils aiment la France avec laquelle un accord de défense a été signé en 1994, donc il y a de vrais intérêts réciproques. Cette relation particulière s'est intensifiée avec Nicolas Sarkzoy. Le Qatar a dénoué l'imbroglio des infirmières bulgares en avançant l'argent à Kadhafi, qui a promis un certain nombre de contrats qu'il n'a pas honorés, et la France a ouvert ses portes aux investissements qatariens."
Le Qatar est-il en train de racheter la France ? C'est plus compliqué que ce qu'il n'y paraît. La France investit également beaucoup au Qatar. Bouygues et Vinci construisent le tramway à Doha. "C'est dans les deux sens. La France en tire aussi des bénéfices", ajoute Christian Chesnot.
- Qatar, les secrets du coffre-fort, de Chrisitan Chesnot et Georges Malbrunot est publié chez Michel Lafon.
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