Opinion
Azawad: le mépris de Laurent Fabius !Masin Ferkal
Samedi 6 avril 2013
Comme si la France de Hollande n’a rien à se reprocher concernant la situation dramatique qui prévaut dans certaines régions de l’Azawad, notamment depuis le retour des militaires maliens accompagnés de leurs milices dans le sillage de l’opération Serval, Laurent Fabius s’est rendu à Bamako pour aggraver la position de la diplomatie française dans la région.
En effet, depuis le départ des hordes islamistes suite à l’intervention militaire de la France, l’armée malienne et ses milices se sont livrées à une barbarie qui n’a rien à envier à celle des groupes terroristes (AQMI, MUJAO et Ansar-Dine). Ces bandes racistes s’attaquent à toutes personnes au teint clair notamment les Touaregs ; ils les exécutent, ils les torturent, ils pillent leurs biens matériels et ils brûlent leurs habitations. L’armée française, présente sur place, a jusque-là fermé les yeux devant cette barbarie. Quant à la diplomatie française, elle n’a pas encore levé le petit doigt pour interpeller leurs partenaires maliens quant à leur attitude. Au lieu de les appeler afin de cesser les exactions qu’ils font subir aux Touaregs notamment, monsieur Fabius appelle plutôt le MNLA à déposer les armes. Ainsi, le porte-parole de la France n’a fait que reprendre à son compte le souhait du régime putschiste de Bamako.Dans une conférence de presse tenue à Bamako le 5 avril 2013, selon l’agence française AFP, le ministre français des Affaires étrangères n’a pas trouvé mieux que de dire : "le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) devra, le moment venu, accepter d’être cantonné et renoncer à ses armes". Le ministre de la république française va plus loin en mettant le MNLA dans le même panier que les groupes armés présents dans l’Azawad. Autant dire que monsieur Fabius considère le MNLA comme un mouvement terroriste et islamiste. Dans son intervention, il dit ceci : "Le moment venu, il faudra que tout groupe - ça vaut pour le MNLA comme pour tout autre groupe armé - accepte d’être cantonné et de renoncer à ses armes".
Au moment où l’armée malienne est incapable de défendre les territoires que la France a libérés des terroristes notamment Gao, l’armée française s’est largement appuyée sur les forces du MNLA dans la région de Kidal qu’il contrôle. Même si la France, certainement par mépris, ne le reconnaît pas publiquement, c’est grâce au MNLA que l’armée française mène les combats contre les groupes terroristes dans le massif des Ifoghas. Mais l’ingratitude française envers les Touaregs a conduit monsieur Fabius à nier toute connexion entre l’armée française et le MNLA.
Nous l’avons dit dès le début de l’opération Serval, la France est bien partie pour trahir les Touaregs. Tous les indices montrent que la trahison sera le "cadeau final" de la France pour les Touaregs. La trahison française a commencé en 1960 et François Hollande est sur les pas de ses prédécesseurs : il semble décidé à "honorer" l’engagement de la France d’œuvrer pour l’éradication de l’amazighité en Afrique du Nord et au Sahel.
Les liens actuels, notamment à Kidal, qui existent entre l’armée française et le MNLA et que la France se refuse d’assumer publiquement, s’inscriraient dans une stratégie de manipulation des Touaregs et du MNLA. Une fois son objectif atteint, la France, comme à son habitude, abandonnera les Touaregs, non sans s’assurer de leur désarmement, après quoi elle les livrera poings liés aux barbares de l’armée malienne et ses milices.
Il reste au MNLA de prendre ses dispositions pour faire échouer ce plan diabolique. Que les femmes et les hommes de l’Azawad, décidés à libérer leur Pays, comprennent une bonne fois pour toutes que la France ne mérite pas leur confiance, que la France a choisi le camp de leurs bourreaux. Cela est vrai pour l’ensemble des Imazighen. Ils devront donc tous tirer la même conclusion : ce que fait la France dans l’Azawad, elle le fera (et elle l’a déjà fait) dans l’ensemble du pays amazigh.
Entre les porteurs de l’idéologie arabo-islamique, qui ravage le pays amazigh, et celles et ceux qui veulent libérer cette partie de la planète, la France a bel et bien fait son choix. Et aux Imazighen de faire le leur !
Masin Ferkal.