samedi 6 avril 2013

Azawad: le mépris de Laurent Fabius !



Opinion
Azawad: le mépris de Laurent Fabius !Masin Ferkal
Samedi 6 avril 2013
Comme si la France de Hollande n’a rien à se reprocher concernant la situation dramatique qui prévaut dans certaines régions de l’Azawad, notamment depuis le retour des militaires maliens accompagnés de leurs milices dans le sillage de l’opération Serval, Laurent Fabius s’est rendu à Bamako pour aggraver la position de la diplomatie française dans la région.
En effet, depuis le départ des hordes islamistes suite à l’intervention militaire de la France, l’armée malienne et ses milices se sont livrées à une barbarie qui n’a rien à envier à celle des groupes terroristes (AQMI, MUJAO et Ansar-Dine). Ces bandes racistes s’attaquent à toutes personnes au teint clair notamment les Touaregs ; ils les exécutent, ils les torturent, ils pillent leurs biens matériels et ils brûlent leurs habitations. L’armée française, présente sur place, a jusque-là fermé les yeux devant cette barbarie. Quant à la diplomatie française, elle n’a pas encore levé le petit doigt pour interpeller leurs partenaires maliens quant à leur attitude. Au lieu de les appeler afin de cesser les exactions qu’ils font subir aux Touaregs notamment, monsieur Fabius appelle plutôt le MNLA à déposer les armes. Ainsi, le porte-parole de la France n’a fait que reprendre à son compte le souhait du régime putschiste de Bamako.

Dans une conférence de presse tenue à Bamako le 5 avril 2013, selon l’agence française AFP, le ministre français des Affaires étrangères n’a pas trouvé mieux que de dire : "le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) devra, le moment venu, accepter d’être cantonné et renoncer à ses armes". Le ministre de la république française va plus loin en mettant le MNLA dans le même panier que les groupes armés présents dans l’Azawad. Autant dire que monsieur Fabius considère le MNLA comme un mouvement terroriste et islamiste. Dans son intervention, il dit ceci : "Le moment venu, il faudra que tout groupe - ça vaut pour le MNLA comme pour tout autre groupe armé - accepte d’être cantonné et de renoncer à ses armes".

Au moment où l’armée malienne est incapable de défendre les territoires que la France a libérés des terroristes notamment Gao, l’armée française s’est largement appuyée sur les forces du MNLA dans la région de Kidal qu’il contrôle. Même si la France, certainement par mépris, ne le reconnaît pas publiquement, c’est grâce au MNLA que l’armée française mène les combats contre les groupes terroristes dans le massif des Ifoghas. Mais l’ingratitude française envers les Touaregs a conduit monsieur Fabius à nier toute connexion entre l’armée française et le MNLA.

Nous l’avons dit dès le début de l’opération Serval, la France est bien partie pour trahir les Touaregs. Tous les indices montrent que la trahison sera le "cadeau final" de la France pour les Touaregs. La trahison française a commencé en 1960 et François Hollande est sur les pas de ses prédécesseurs : il semble décidé à "honorer" l’engagement de la France d’œuvrer pour l’éradication de l’amazighité en Afrique du Nord et au Sahel.

Les liens actuels, notamment à Kidal, qui existent entre l’armée française et le MNLA et que la France se refuse d’assumer publiquement, s’inscriraient dans une stratégie de manipulation des Touaregs et du MNLA. Une fois son objectif atteint, la France, comme à son habitude, abandonnera les Touaregs, non sans s’assurer de leur désarmement, après quoi elle les livrera poings liés aux barbares de l’armée malienne et ses milices.

Il reste au MNLA de prendre ses dispositions pour faire échouer ce plan diabolique. Que les femmes et les hommes de l’Azawad, décidés à libérer leur Pays, comprennent une bonne fois pour toutes que la France ne mérite pas leur confiance, que la France a choisi le camp de leurs bourreaux. Cela est vrai pour l’ensemble des Imazighen. Ils devront donc tous tirer la même conclusion : ce que fait la France dans l’Azawad, elle le fera (et elle l’a déjà fait) dans l’ensemble du pays amazigh.

Entre les porteurs de l’idéologie arabo-islamique, qui ravage le pays amazigh, et celles et ceux qui veulent libérer cette partie de la planète, la France a bel et bien fait son choix. Et aux Imazighen de faire le leur !
Masin Ferkal.

أحتفالات الشعب الأزوادي بعيد أستقلال دولة أزواد ⴰⵣⵓⴷ

Mali : Laurent Fabius souhaite des élections en juillet


FRANCE / MALI - 
Article publié le : vendredi 05 avril 2013 - Dernière modification le : vendredi 05 avril 2013

Mali : Laurent Fabius souhaite des élections en juillet

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue malien Tieman Hubert Coulibaly, à Bamako, le 5 avril 2013.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius et son homologue malien Tieman Hubert Coulibaly, à Bamako, le 5 avril 2013.
REUTERS/Adama Diarra

Par RFI
Laurent Fabius a passé la journée de ce vendredi 5 avril à Bamako, au Mali. Le chef de la diplomatie française est allé discuter du calendrier électoral, et Bamako a renouvelé son engagement d’organiser des élections au mois de juillet. Sur ce premier point, tous les leaders politiques semblent d'accord pour tenir cette échéance.

Au Mali, on fait le pari d’organiser les élections au mois de juillet, essentiellement la présidentielle. Parce que le constat qui s’impose est le suivant : il faut vite organiser ces élections pour avoir un président légitime. Alors, la volonté existe, puisque le financement de ces élections – 50 milliards de francs CFA – est acquis.
Mais des questions demeurent. En trois mois, la liste électorale avec fichiers biométriques, donc avec présence des photos des électeurs, sera-t-elle prête ? La sécurité sera-t-elle garantie sur tout le territoire national ? Ce vendredi encore, un homme non encore identifié a poignardé le directeur de l’hôpital de Tombouctou, dans le nord, il reçoit actuellement des soins.
Autre question par rapport à l’organisation de ces élections : comment vont voter les déplacés, le sort des nombreux réfugiés. A toutes ces questions, les réponses ne sont pas encore très précises.
Le maintien d'un millier de soldats français
Deuxième question à l'ordre du jour de la visite du ministre français des Affaires étrangères : la question de la suite de la Misma, la force africaine déployée au mali. Dans les semaines qui viennent, c'est une force onusienne de stabilisation qui devra prendre le relais.
C’est ce qu’a déclaré, à Bamako, Laurent Fabius avant son départ. Il a expliqué que dans deux à trois semaines, il y aurait une nouvelle résolution qui sera votée à l’ONU. On va avoir désormais une force de stabilisation dans toute une série de villes maliennes qui auront besoin d’être stabilisées mais, qu’à côté, il y aura un millier de Français qui vont rester au Mali et que ces soldats vont lutter de manière permanente – ce sera une force d’appui française, équipée de manière permanente pour lutter contre le terrorisme si besoin était. Il va y avoir un autre renfort des troupes.
Le MNLA appelé à aller aux élections
Laurent Fabius s'est également exprimé sur la rébellion touarègue du MNLA, il a de nouveau appelé au dialogue. C’est le processus de réconciliation nationale au Mali. Il y a une commission de réconciliation qui a été créée, les membres de cette commission ont commencé à être nommés. Laurent Fabius a salué la démarche avant d’aborder la situation au nord du Mali, plus précisément dans la région de Kidal, où l’armée malienne n’est pas présente alors que sur le terrain même il y a des groupes armés, notamment le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).
« Le moment venu, le MNLA doit accepter d’être cantonné et de renoncer aux armes », a déclaré Laurent Fabius. Il a précisé qu’il faut un dialogue, les Maliens aussi sont pour le dialogue et l’idée qui se dégage c'est de suggérer au MNLA de se transformer en parti politique, puisqu’il affirme avoir de nombreux partisans, et d’aller aux élections pour voir sa véritable force sur le terrain.
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FICHE PAYS :

vendredi 5 avril 2013

Interview de Attaye Ag Mohamed, membre du Conseil révolutionnaire du MNLA et chargé de la communication de la cellule du mouvement en République Islamique de Mauritanie.




A la veille de la date du premier anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Azawad faite par le MNLA?

Le 06 Avril prochain sera le premier anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Azawad, faite par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA). Le peuple de l’Azawad aurait souhaité le vivre comme étant une réalité qui lui offrirait une souveraineté complète. Une chose est sure et reste rassurante, ce que ce n’est pas le Mali qui a sauvé son intégrité illégitimement conservée. C’est plutôt la communauté internationale qui a fait le choix de fermer les yeux  sur les bases profondes du différend qui oppose l’Azawad au Mali.
Le MNLA, répondant aux appels de la communauté internationale s’est inscrit dans un processus politique large et progressif pour une sortie de crise. Il reconnait prochainement l’intégrité territoriale du Mali mais maintient sa lutte pour un statut particulier en faveur de l’Azawad. 

Comment voyez-vous l’aspect de la lutte contre le narco-terrorisme ?
Il est bien clair que le narco-terrorisme actuellement combattu par les forces françaises et celles de la MISMA, est un élément très nouveau dans le dossier. Je rappelle que c’est à partir de 2003 que le gouvernement malien a laissé librement circuler dans l’Azawad, l’ancien GSPC algérien devenu AQMI en 2007.  C’est durant cette même année que l’armée malienne a instruit le Capitaine feu Badi Ould Cheikh à l’époque chef de poste de Nampala (région de Segou), d’installée l’algérien Moctar Ben Moctor dans la forêt de Wagadou près de la frontière mauritanienne. Et c’était bien une instruction politique.
En 2009 déjà c’est un officier supérieur malien, le Col. Lamana Ould Bou qui fut sommairement exécuté par un commando d’Aqmi à son propre domicile à Tombouctou. Deux semaines plus tard c’est une colonne de l’armée qui fut décimée par le même AQMI au Nord de Tombouctou dont 2 autres officiers supérieurs (Lt. Hamma Ould Mohamed Yehia et capitaine Bah). En Novembre 2009, c’est un Cargo comportant de la drogue et des armes qui a atterrie à Bourem (Région de Gao). AQMI a jouit d’une liberté d’accès aux populations et pour s’adonner à ses différentes activités d’enrichissement et d’enroulement à travers le trafic illicite et les prises d’otages.
Bamako y gagnait largement sa part à trois niveaux : Les dividendes des rançons pour la libération des otages, le détournement des fonds de projets de développement dans l’Azawad car les bailleurs occidentaux ne pouvaient plus s’y rendre pour contrôler d’eux mêmes  les mises en œuvre et troisièmement, l’accès aux fonds des programmes onusiens de lutte contre le terrorisme et le banditisme transfrontalier.
Tout cela ne saurait être possible sans une complicité forte au sein des hautes sphères de l’Etat Central. Le MNLA n’à jamais cesser de le dire et de le condamnerNotre révolution est donc venue  couper la colonne vertébrale d’un vaste réseau international et complexe de banditisme institutionnalisé. D’où la pire haine des pouvoirs maliens contre le MNLA au point d’ignorer l’aspect terroriste grandissant.
Alors, il faudra aller en profondeur des sources réelles du conflit, des défaillances institutionnelles, démocratiques, sécuritaires et économiques du Mali pour que surgisse la vraie solution durable au conflit.
Avant que les forces étrangères n’engagent le front avec les groupes narco-terroristes, le MNLA l’avait déjà commencé. De la bataille de Gao, à celle d’Ansongo et ensuite Ménaka, la coalition terroriste en payée le prix fort avec plus d’hommes tués. Les reculs du MNLA n’exprimaient que sa maturité politique et stratégique. Les renseignements crédibles des pays voisins, de la France et des USA ne diront pas le contraire. Mais il fallait que l’opinion publique et médiatique voient Djabaly et Konna en ruine en seulement 2 jours d’offensive des terroristes pour comprendre la taille du duel unilatéralement supporté par le MNLA ; cela pendant 7 mois à l’intérieur de l’Azawad. Il y’avait aussi l’aspect humanitaire d’une telle guerre qui n’aura rien de conventionnel. L’ennemie se foutait complètement de ce qui pourrait arriver à la population civile, contrairement au MNLA qui se devait de regarder l’avenir. Nous nous considérons comme acteur moral de l’environnement politique, juridique et humanitaire international.

Qu’en est-il des engagements politiques du MNLA ?
Le MNLA a toujours respecté ses engagements politiques vis-à vis du Mali. Je rappelle que depuis le 05 Avril 2012, le mouvement observe un cesser le feu unilatéral envers l’armée malienne ; le MNLA a rencontré et reconnu la médiation de la CEDEAO (Communauté Economique  des Etats de l’Afrique de l’Ouest) trois semaines avant que les forces du mouvement ne se retirent de Gao. Le mouvement a aussi présenté sa plate forme de revendications politiques prenant en compte les avis de la communauté internationale sur la préservation de l’intégrité territoriale du Mali et du caractère laïc de l’Etat.
Nous, jeunes, particulièrement fondateurs du MNA (Mouvement National de l’Azawad) en Novembre 2010 et qui est  1 an plus tard devenu MNLA ; aspirons a un règlement politique durable du conflit. Nous ne rejoindrons jamais une « PAIX BRICOLEE » de toute pièce, peu importe le temps que cela nécessitera. Notre peuple est fatigué de courir à travers les frontières, se dispersé et d’être qualifié d’apatride. Nous ne baissons pas les bras car pour la première fois, la question de l’Azawad est abordée à l’ONU. Nous n’avions pas peur des confrontations politiques et démocratiques. Notre génération a toujours essayé de passer par le dialogue politique avant les armes. Enfin, pour nous, un pat important vient d’être franchi, il s’agira pour l’avenir de se donner les moyens politico-économiques et juridiques pour atteindre l’indépendance totale de l’Azawad.
 
 
Comment voyez-vous le dialogue avec Bamako ?
Toutes les guerres se sont terminées autour d’une table de négociation. Nous en avons appelé Bamako comme cela se soit de la part d’une organisation politico-militaire s’inscrivant dans la dynamique du respect des lois et normes internationales. Cependant, il ne faut pas confondre appeler et supplier. Le MNLA ne supplie pas Bamako au dialogue, pas du tout.
Nous avions fait ce qui doit se faire, nous faisons ce qui est de notre rôle conformément aux engagements pris sous l’égide du médiateur de la CEDEAO.
Depuis le début de l’intervention, Bamako rampe dans ses prises de décisions, sabote les dispositions de la résolution 2085 du Conseil de Sécurité des Nations Unies ainsi que les phases de la feuille de route établie avec le médiateur de la CEDEAO.
Pour le MNLA, pas question de désarmer sans l’ouverture d’un dialogue sérieux avec Bamako sous l’égide des différents acteurs politiques. « Il ne faut pas faire des résultats de négociations, leurs conditions ». Sans une volonté politique réciproque sérieuse, pas de possibilité de dialogue positif.
Par ailleurs, les belligérants politiques du conflit c’est bien l’Etat central de Bamako et le MNLA. Il n’ya pas de conflit intercommunautaire, ni interreligieux. C’est toujours l’Etat qui a instrumentalisé des pseudo-tensions entre les communautés, et le projet intégriste des terroristes n’a jamais été embrassé par les populations de tous les bords.
 
Au plan humanitaire :
Nous n’avions jamais cessé de crier l’état de détresse dans lequel vit nos populations, cela même avant la guerre. L’Azawad a toujours été dépendant d’un « corridor humanitaire ». L’essentiel des programmes existe grâce à l’aide extérieure. Pendant 52 ans d’occupation, seulement 10%  des frais d’infrastructures (écoles, hôpitaux, administrations, aménagements…) proviennent de la caisse de l’Etat central. Les 90% proviennent des ONG, des bailleurs de fonds étrangers, des personnes de bonnes volontés. Combien de projets vitaux ont été détourné alors que les fonds nécessaires à leurs réalisations sont débloqués par des partenaires étrangers ?
 En 2011 tout près, la sécheresse a épuisée les populations nomades sous le regard silencieux de l’Etat. Avant le début des hostilités en 2012, une grande pénurie alimentaire était prévisible dans tout le sahel. Pour vous dire que la crise humanitaire dans l’Azawad n’est pas un quotidien nouveau. Les populations ont fuient les affrontements qui opposaient le MNLA a l’armée malienne. Elles ont fuient en masse la loi des djihadistes. Mais elles fuient plus encore le retour de l’armée malienne. Il faudra noter que les populations fuient très majoritairement vers les autres frontières et non vers Bamako. Cela sans compter les déplacés vers l’extrême nord du pays, en zone désertique. Ils sont les plus grands oubliés du monde. Nous lançons un vibrant appel aux ONG et aux Etats du monde de venir vite en aide à nos populations refugiées et déplacées à l’intérieur de l’Azawad.
A cela vient s’ajouter les exactions menées par les soldats de l’armée malienne contre les civils touaregs et arabes. Le nombre de victimes est aujourd’hui 50 fois plus important que  le nombre de touchés entre janvier et juin 2012. Exécutions sommaires, tortures, pillages, viols, contrainte à l’exil font le quotidiens des populations depuis le début de l’opération Serval. C’est une épuration ethnique sous le silence de la France et des autres puissances. Par cette attitude, il est clair que l’Etat malien et son armée jettent les bases d'un conflit ethnique et hypothèquent toutes perspectives d'un retour à une paix durable. Le président de la transition malienne, Dionkounda Traoré en niant les crimes de son armée cautionne politiquement les faits. Le fossé est assez profond, la notion « d’Etat nation » a atteint son déclin total.
En Conclusion.
Nous pensons qu’aujourd’hui, il est urgent que la communauté internationale projette la mise en place d’un Tribunal Spécial Indépendant pour le Mali afin qu’une justice équitable tranche. Sans une justice équitable, les piliers de la paix tiendront difficilement. L’annonce par l’ONU de la préparation d’une force onusienne de maintient de paix dans l’Azawad est salutaire. Nous espérons qu’elle ne sera pas une force qui prendra partie mais qu’elle sera une véritable force d’interposition entre les deux belligérants politiques qui sont l’Etat central de Bamako et le MNLA.
 
 
C’est moi qui vous remercie surtout et la lutte continue !

Merci à vous!

National Anthem of the Republic of Azawad

L’olivier du désert lance un SOS


L’olivier du désert lance un SOS

Olea laperrinei
Oliver de Laperrine sans intervention de l'homme
L’olivier du Sahara, l’une des sous-espèces les plus résistantes à la sécheresse, est aujourd’hui menacé d’extinction. En lançant un cri d’alarmel’Institut de recherche pour le développement (IRD) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) espèrent susciter un plan de sauvegarde.
On parle souvent des animaux en voie d’extinction – le cas de l’olivier du Sahara ou olivier de Laperrine, cousin de l’olivier cultivé, nous prouve que les végétaux ne sont pas non plus épargnés. Réparti entre 1400 et 2800 m d’altitude, cet arbre pousse du Sud de l’Algérie au Nord du Soudan, en passant par le Niger. Le danger encouru par cette espèce est en partie dû à la croissance démographique et à la sédentarisation des peuples du désert, qui ont augmenté la pression d’exploitation sur l’espèce. Aujourd’hui, le destin de cet olivier « ultra-résistant » dépend donc en grande partie de l’exploitation humaine. « Si elle s’intensifie, les populations peuvent être menacées au cours de ce siècle », alerte Fabien Anthelme, chercheur en écologie végétale à l’IRD.
L’olivier de Laperrine constitue une richesse non-négligeable dans ces terres arides d’Afrique du nord. Il s’agit de l’une des rares sources de bois pour les habitants des environs. En outre, cet olivier capable de vivre des milliers d’années pourrait améliorer les caractéristiques de nos oliviers domestiques. Il leur permettrait en effet de mieux résister à la chaleur et à l’aridité, comme nous l’explique Fabien Anthelme : « l’olivier peut se maintenir face à l’aridité du climat actuel sur plusieurs centaines d’années, grâce à sa reproduction végétative. Nous avons observé des individus de 15 troncs, probablement pluri-millénaires ». D’après lui, le Sahara est entré dans un cycle d’aridité qui empêche ce type d’olivier de pousser en-dessous de 1400m d’altitude. C’est ainsi que les populations de l’Aïr (Niger) sont moins menacées que celles du Hoggar (Algérie). « On peut penser que lors de cycles climatiques moins arides, l’olivier était distribué en plaine », ajoute-t-il.
« Un programme de sensibilisation serait très utile. Cependant, le contexte politique actuel dans les montagnes du Sahara laisse peu de place au développement d’un tel projet ces prochaines années », estime Fabien Anthelme.
Eléonore Giraud
Jardins de Akodédé, Bagzanes (Niger)
Cultures des jardins d'Akodédé, Bagzanes (Niger)
Olivier sauvage
Fabien Anthelme et Afane Abdoulkader recensent les derniers oliviers sauvages présents dans le massif de l'Aïr, Niger.
Récolte d'oliviers sauvages
Collecte de feuilles d'Olivier dans le but de déterminer leur patrimoine génétique.
Olivier de Laperrine sous la contrainte de l'homme et du bétail
Olivier de Laperrine sous la contrainte de l'homme et du bétail (en contraste avec la première image de cet article)
4 avril 2013 – 14:33

Numéro spécial : Mali, une guerre de cinquante ans


mardi 2 avril 2013

L'Afrique Réelle N°40 - Avril 2013

Sommaire :
 
Numéro spécial : Mali, une guerre de cinquante ans

- Une succession de guerres et d’insurrections
- La guerre de 2012-2013
- Les quatre phases de l’Opération Serval
- Pourquoi le Tchad est-il intervenu militairement au Mali ?

Actualité
Kivu : après un chef de milice tutsi, un autre chef de milice tutsi…

Editorial de Bernard Lugan

Au moment où le Président de la République française s’apprête à rendre des « arbitrages » concernant le budget de la Défense, il faut bien avoir à l’esprit que ce n’est pas le seul Mali, mais le Sahel dans son ensemble, que l’armée française devra tôt ou tard « sécuriser ».
L’intervention contre la Libye du colonel Kadhafi ayant eu pour résultat de déstabiliser toute la région sahélo-saharienne, il va en effet lui falloir protéger les régions stratégiques du Niger tout en garantissant l’environnement tchadien. Tant au Nord, vers la Libye, qu’au Sud vers la RCA, qu’à l’est vers le Darfour et que vers le Sud-est afin d’éviter la contagion du Nigeria.

L’Europe feint de ne pas voir ce qui se passe dans l’arc sahélien. De leur côté, les Etats-Unis observent la situation de loin. Le 18 janvier 2013, Léon Panetta secrétaire américain à la Défense a ainsi déclaré que : « les opérations de sécurité au Mali incombent aux puissances régionales » ; traduction : les Etats-Unis ne vont pas s’en mêler.
Quant aux pays africains, pourtant les premiers concernés, et à l’exception du Tchad, ils ne se bousculent pas. Et même s’ils le souhaitaient, ils n’ont pas les capacités de mener de véritables opérations militaires.

Qu’elle le veuille ou non, la France est donc en première ligne. Après les grandes envolées multilatéralistes, le temps du bilatéralisme traditionnel est ainsi revenu puisque, et nous le vérifions au Mali, les intérêts des Européens et ceux de la France ne sont pas les mêmes.

Ce n’est donc pas le moment de rogner sur les dépenses militaires car il est clair que sans une occupation du désert et de ses massifs montagneux, les bandes islamistes éparpillées dans les immensités sahariennes se reformeront tôt ou tard. Or, pour contrôler le désert, il faut le tenir, ce qui revient à dire qu’il faut le quadriller avec des postes permanents, une simple surveillance aérienne étant insuffisante.
Alors que la présidence Sarkozy avait programmé l’abandon de nos dernières bases, aujourd’hui, c’est de nouvelles implantations que l’on parle….

Le bilan militaire de l’Opération Serval n’est pas connu de source française. De source malienne, il serait de 63 militaires maliens et de 600 islamistes tués. Cinq soldats français et une trentaine de Tchadiens ont perdu la vie. Deux soldats togolais et un burkinabé ont trouvé la mort accidentellement.

La France a engagé directement et indirectement jusqu’à 4000 hommes et la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) composée de 6300 soldats d’Afrique occidentale et du Tchad est en cours de constitution. Parallèlement, l’ONU envisage de déployer une force de maintien de la paix composée de plus de 11000 hommes.
Sans une puissante colonne vertébrale française, ces milliers de soldats seront incapables d’aller déloger les jihadistes dans leurs repaires.

Quelque 2.000 étudiants nigériens ont manifesté vendredi dans les rues de Niamey contre l’exploitation des réserves d’uranium du pays par le groupe nucléaire français Areva.







Quelque 2.000 étudiants nigériens ont manifesté vendredi dans les rues de Niamey contre l’exploitation des réserves d’uranium du pays par le groupe nucléaire français Areva.
Le foule a scandé des slogans hostiles à la France, tels que "Non au système français" ou "Non à l'exploitation et au néocolonialisme", et brandit des pancartes: “Non à la France!", "Non à Areva!", "A bas l'impérialisme!".
Mots-clés
Niger
La manifestation avait été organisée par l'Union des étudiants à l'université de Niamey.
"Le partenariat dans l'exploitation de l'uranium est très déséquilibré au détriment de notre patrie. Les recettes tirées de l'uranium ne représentent que 5% du budget national", a dénoncé le secrétaire général de l'Uénun, Mahamadou Djibo Samaila.

Le site minier d'Areva à Arlit au Niger.
Le Niger compte parmi les grands producteurs mondiaux d'uranium, mais reste l'un des pays les plus pauvres du monde.
Niamey a critiqué fin 2012 le partenariat historique "très déséquilibré" avec la compagnie et réclamé des retombées plus importantes.
Début mars, Areva a dit avoir offert 35 millions d'euros au Niger pour l'aider à sécuriser ses sites d'uranium.
Areva, deuxième producteur mondial d'uranium en 2011, exploite ce minerai au Niger depuis plus de 40 ans.

jeudi 4 avril 2013

Sahel, Nigeria, Somalie: et si la réponse au djihad était dans l'intelligence africaine?



Romain Mielcarek

RECEVEZ LES INFOS DE ROMAIN MIELCAREK

Sahel, Nigeria, Somalie: et si la réponse au djihad était dans l'intelligence africaine?

Publication: 04/04/2013 06:00
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TERRORISME - Différentes menaces djihadistes se manifestent à travers le monde. Les Occidentaux se sentent en pointe sur la question et proposent leur aide aux moins bien avancés. Pourtant, au vu de nos expériences respectives, force est de constater que personne n'a trouvé la bonne recette... et que les Africains pourraient aussi bien proposer la leur!
Les retours du Mali, depuis quelques semaines, laissent craindre de grandes difficultés pour la suite dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Les engins explosifs et les attaques suicides se sont multipliés. Jamais, les forces maliennes n'ont pu faire face sans l'appui d'unités françaises. Ces dernières seront pourtant bien amenées à progressivement lever le camp à partir de ce mois-ci, jusqu'à n'être plus qu'un millier à la fin de l'année.
De quoi ont besoin les Maliens pour lutter contre ce sanglant djihad? Les observateurs occidentaux auraient tendance à dresser une liste à partir de leurs propres expériences. Ils conseilleraient l'emploi de services de renseignement compétents, travaillant dans le cadre d'une coopération régionale, avec l'appui de drones pour récolter de l'information. Ils recommanderaient des troupes nombreuses et le plus intégrées possible au sein des populations, pour les protéger de la menace insurgée et/ou terroriste. Ils proposeraient d'utiliser des commandos militaires et/ou policier d'élite pour neutraliser les combattants lorsqu'ils sont identifiés. Ils réclameraient d'importants moyens financiers pour mettre en œuvre des solutions politiques et sociales sur le terrain, le développement étant le meilleur moyen d'endiguer ce genre de menaces.
Mais voila, au Mali, nous n'avons rien de tout cela. Et il faudra de très nombreuses années pour que Bamako puisse mettre en œuvre de tels moyens, même avec l'aide des Etats voisins.
Dans le même temps, on peut s'interroger sur l'efficacité de ces outils. Revenons sur quelques exemples de lutte contre le terrorisme d'inspiration islamiste au cours de la décennie passée...
  • Israël
L'Etat hébreu est un cas symbolique de lutte contre le djihad. Cette problématique y est rattachée à une revendication sociale et politique des Palestiniens qui réclament le droit à la terre et à l'autodétermination.
Sur celle-ci s'est greffée à la fois une insurrection locale, capable de mener des attaques terroristes, notamment sous la forme de tirs de roquettes et de colis piégés; ainsi qu'une menace globale, la plupart des grands groupes djihadistes ayant désigné le peuple juif comme l'un de ses pires ennemis. La bombe qui a tué six touristes israéliens en Bulgarie l'année passée montre à quel point cette réalité voyage à travers le monde.
La réponse israélienne profite pourtant de tout ce qui se fait de mieux en termes de moyens. Ses services de renseignements sont parmi les plus compétents et bénéficient de tous les échanges possibles avec les autres grands services occidentaux. L'armée dispose d'hommes en nombre et des dernières technologies pour surveiller les zones sensibles, lutter contre les attaques et neutraliser leurs auteurs. Reste l'absence de solution politique malgré quelques tentatives maladroites d'aide humanitaire et économique.
Malgré tout cela, le risque terroriste semble n'avoir jamais baissé en Israël.
  • Afghanistan
L'intervention en Afghanistan, en octobre 2001, n'est pas sans rappeler ce que l'on vient de voir au Mali: une campagne aérienne pour détruire les infrastructures des talibans et de leurs alliés d'Al-Qaïda, une campagne des forces spéciales pour nettoyer le terrain puis un corps expéditionnaire conventionnel accompagné de forces locales (l'Alliance du nord).
Une fois les différentes implantations djihadistes chassées, il ne se passera plus grand-chose avant 2008, le temps pour les combattants de se réorganiser et de s'adapter. Depuis, malgré 100.000 militaires occidentaux et 300.000 policiers et militaires afghans, formés et équipés, la menace est plus réelle que jamais.
En un an, entre mars 2012 et mars 2013, ces derniers ont perdu 3000 hommes au combat et dans des attentats. Le tout alors que l'on se prépare à leur transmettre le témoin.
  • Syrie
La Syrie est un autre cas de lutte contre le djihadisme intéressant à étudier, pour la méthode employée. Damas fait face à une menace composée de trois acteurs très différents: une population aux revendications sociales et politiques, une insurrection armée par des déserteurs et les plus courageux -comprendre les plus désespérés- des civils, et des groupes djihadistes venus de l'étranger en espérant participer à la naissance d'un nouvel Etat islamiste.
Le régime a décidé de nier toute sortie politique à ce conflit, recourant à la force militaire de manière systématique, sans chercher à différencier combattants et non combattants ou encore rebelles et djihadistes. Alors que l'armée syrienne fait partie des plus modernes de la région, elle massacre tout ce qui bouge pour faire taire la contestation. Résultat, les djihadistes gagnent en influence au sein d'une population éreintée, qui voit de plus en plus en ces hommes des combattants courageux quand le reste de la communauté internationale semble ne pas vouloir entendre ses appels au secours.
  • Thaïlande
Et oui, on le sait peu mais il y a un djihad dans le sud de la Thaïlande. Il se déroule dans les quatre provinces frontalières de la Malaisie, annexée il y a un siècle, où la population est majoritairement musulmane.
Depuis le début des années 2000, des groupes armés ont entamé un djihad particulièrement sanglant, qui est parvenu à faire fuir la majorité des bouddhistes et qui aurait fait entre 5000 et 10.000 morts. Les djihadistes n'hésitent pas non plus à prendre pour cible ceux, parmi les musulmans, qui chercheraient à vivre en paix avec leurs compatriotes bouddhistes.
Le pouvoir central, à Bangkok, a déployé d'importants efforts militaires et policiers dans le sud du pays. Il a de plus cherché à reconstituer une administration et des pouvoirs politiques plus locaux, destinés à mieux répondre au besoin de proximité de ces populations. Les résultats se font toujours attendre et les attaques perdurent, prenant même pour cible les installations militaires les mieux gardées.

Tous ces exemples pour dire que nous ne sommes peut-être pas les mieux placés pour dire quels sont les outils qui fonctionnent pour neutraliser le djihad. Les expériences, à travers le monde et l'histoire, de lutte contre des insurrections, ont rarement abouti. Les seuls groupes terroristes qui ont pu être anéantis étaient en général de petites cellules criminelles très loin de l'ampleur d'organisations comme Boko Haram, AQPA ou Al-Qaïda centrale (qui, rappelons-le, continue son action ne serait-ce que dans le domaine de l'idéologie et de la propagande).
Les Africains sont aujourd'hui confrontés à trois grands foyers djihadistes distincts qui représentent autant de menaces régionales. Des menaces qui concernent chaque fois l'ensemble des sous-régions concernées. Il s'agit du Sahel, du Nigéria et de la Somalie. Dans ces deux dernières, le gros de l'effort a d'ailleurs été mené par des forces africaines, nigérianes dans le premier cas, de l'Union africaine dans le second, avec l'appui de spécialistes occidentaux.
Il est difficile de dire aujourd'hui si le djihad peut être maîtrisé. Les Africains ne peuvent en tous les cas pas attendre de leurs alliés occidentaux de solution clef en main. C'est donc bien à eux de chercher, de proposer, d'inventer des réponses au djihad qui soient les leurs. Car derrière ce terme global, utilisant une symbolique globale, largement nourrie par Al-Qaïda et ses affidés, il y a en réalité des problématiques très locales. Et à celles-ci, il faut trouver des solutions locales qui ne peuvent être trouvées sans mettre en œuvre toute l'intelligence africaine des pays concernés.
Note: Il est bien entendu que j'utilise ici le terme djihad dans son interprétation politico-sécuritaire occidentale. Il s'agit d'une facilité qui évite de commencer par reprendre le débat sur cette terminologie. Il ne s'agit donc en aucun cas d'amalgamer le djihad religieux individuel, effort de spiritualité, avec la reprise qu'en font les groupuscules terroristes d'inspiration islamiste.
 

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