RAPPORT ONUSIEN
Niger : Le classement du pays comme dernier du Développement humain suscite indignation
NIAMEY (Xinhua) - Le classement du Niger au dernier rang de l'indice de développement humain par le Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) dans son rapport 2012, continue de défrayer la chronique à Niamey.
En effet, dans ce rapport sur l'Indice développement humain (IDH) publié jeudi dernier, le Niger est classé, avec la RD-Congo, 186e sur 186 pays comptabilisés.
L'Indice de développement humain (IDH) mesure le niveau moyen de développement humain atteint dans un pays donné, sous trois aspects essentiels : santé et longévité, accès à l'instruction et un niveau de vie décent, précise la note du PNUD. Toutefois, précise la même source, "la couverture d'un pays, en termes de son IDH, dépend de la disponibilité des données". Pour le député nigérien, Assoumana Mallam Issa, du parti au pouvoir, le PNDS, réagissant sur une radio privée de la place, "il est inadmissible et incompréhensible que le Niger soit classé à ce rang, eu égard aux investissements du gouvernement dans les secteurs sociaux de base, notamment dans l'amélioration de la santé des populations, le renforcement des niveaux d'éducation et l'accès plus équitable de la population à l'eau potable".
Assoumana Mallam Issa se dit d'autant plus déçu que ce classement intervient à un moment où l'économie nationale a atteint "un taux de croissance à deux chiffres", grâce aux retombées de l'exploitation des ressources minières notamment l'uranium et le pétrole, le tout accompagné d'une opération d'assainissement exemplaire dans le secteur des finances. Pour lui, "il y'a lieu de relever le paradoxe. En effet comment comprendre que le Niger qui a été toujours classé, depuis trois ans, comme l'un des pays qui le plus fort taux de croissance dans l'espace UEMOA (12%), soit classé dernier par le PNUD ?". "Ou le système du PNUD est biaisé, ou bien tous les pays du monde ont progressé, ce qui est pratiquement impossible", s'exclame-t-il.
Ce qui l'amène à s'interroger sur "la qualité des données recueillies par le PNUD, la qualité du système utilisé par cet organisme", et demande "plus de transparence dans sa façon de faire le classement, sa façon d'utiliser les indicateurs de développement, sa façon de recueillir ces données et les intégrer pour sortir son classement". En effet, d'après le plan de développement économique et social (PDES) 2012-2015 du Niger, la valeur ajoutée des activités extractives a connu une forte progression annuelle estimée à environ 9% au cours de la période 2007-2011, grâce à la hausse de la production uranifère. Toutefois, la participation au PIB est restée limitée à moins de 6%.
Cependant, avec la perspective de production et d'exploitation des ressources pétrolières récemment mises en exploitation par la société chinoise CNPC, ce secteur présente de fortes potentialités, selon le document. C'est pourquoi M. Issaka Daouda, enseignant, pense que ces données du PNUD "doivent être réactualisées". Depuis des années, le Niger occupe toujours un rang mois reluisant dans le classement du PNUD sur l'IDH, alors même beaucoup d'efforts ont été réalisés dans les secteurs sociaux.
Selon lui, sur la base des statistiques officielles, le secteur de l'Education a enregistré un certain nombre d'évolutions favorables : le taux net de la scolarisation a progressé, au primaire, de 18% en 2000 à 67,2% en 2011, et le taux d'achèvement a atteint 51,2% en 2011, contre 15% en 1990. A l'enseignant moyen, ce taux de scolarisation est passé de 2,9 en 2002 à 3,9% en 2010. "En matière d'accès à l'eau potable, les investissements réalisés dans les domaines de l'hydraulique villageoise ont permis de relever le taux de couverture des besoins de 54,2% en 2001 à 64,2 en 2010", conclut-il.
Pour M. Magalma Abarchi, économiste, une bonne croissance du PIB ne signifie pas forcément le développement ; "un pays peu avoir un fort taux de croissance dans un secteur donné et être le dernier de la planète. Le développement intègre la croissance".
Par ailleurs, d'après toujours Magalma Abarchi, "la croissance c'est un travail de longue haleine ; elle n'est pas ponctuelle. "Le gouvernement actuel n'a rien à voir dans le présent classement; qu'il se tranquillise. Ce résultat est la conséquence des gestions antérieures".