Après la mort d’un troisième soldat français, samedi 2 mars, dans la vallée d’Ametettaï, au cœur du massif des Ifoghas, l’offensive lancée le 18 février dans cette région où se concentrent des terroristes d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et des éléments du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) mobilise de gros moyens. L’opération rassemble quelque 800 Tchadiens sur le flanc est de l’Adrar de Tigharghâr et 1 200 Français à l’ouest.
«
Nous avons pris en tenaille l’ensemble de l’Adrar des Ifoghas et la vallée d’Ametettaï en particulier et ce n’est pas fini, parce qu’après il y a d’autres vallées », a souligné Jean-Yves Le Drian. Au cours des derniers jours, plusieurs dizaines de combattants islamistes ont été tués dans cette zone, a également indiqué le ministre français de la Défense.
Cependant, et bien qu’ayant subi de lourdes pertes, Aqmi et tous les groupes – issus ou directement liés à Aqmi tels que le Mujao ou encore Ansar Dine dirigé par le Touareg Iyad Ag Ghali – qui combattent ensemble, n’en demeurent pas moins une force capable de nuire. «
Nous découvrons littéralement une organisation industrielle du terrorisme », affirmait, lundi 4 mars, sur la radio privée française Europe 1, le chef d’état-major français, Edouard Guillaud. Il citait notamment «
plus d’une cinquantaine de caches dans des maisons, des hangars, ou des grottes et plus dune dizaine d’ateliers de fabrication, y compris de bombes ».
L’armée malienne formée par l’Union européenne
Les premiers soldats maliens - dont certains participent actuellement aux combats - commenceront à être formés par l’Union européenne (UE) à partir du 2 avril, à l’école militaire de Koulikoro, à une soixantaine de kilomètres de Bamako. La Mission européenne doit former quatre bataillons de 650 hommes de l’armée malienne, soit la moitié de l’effectif opérationnel de cette armée.
Au micro de RFI, à Bruxelles, le général français François Lecointre, commandant de la Mission militaire européenne de formation de l’armée malienne, a déclaré que le premier de ces bataillons pourrait être opérationnel, dans le nord du Mali, «
à partir de juillet » mais, pour l'instant, l'armée malienne manque de tout.
Le MNLA demande à la CPI d’ouvrir une enquête
De leur côté, les rebelles touaregs du MNLA ont annoncé, ce mardi 5 mars, qu’ils avaient demandé au procureur de la CPI de se pencher sur «
les crimes qui auraient été commis par l’armée malienne à l’encontre des membres des groupes ethniques peuls, touareg, arabes et songhai dans les environs de Tombouctou, Douentza, Gao, Sévaré, Boni, et Konna » dans le cadre de son enquête sur la situation au Mali.
Dans un communiqué, les avocats du MNLA ont également dénoncé les appels à la haine raciale relayés par les sites internet maliens et la presse pro-gouvernementale.
Le procureur de la CPI avait annoncé, en début d’année, avoir ouvert une enquête sur des crimes de guerre présumés commis par divers «
groupes armés » depuis janvier 2012 au Mali. Mais le MNLA a jugé nécessaire de souligner, auprès de la CPI, qu’il ne fallait pas que la Cour oublie d’enquêter sur les crimes imputés aux forces pro-gouvernementales maliennes.
Joint par RFI, Me Richard Rogers, un des avocats du MNLA, nous a donné quelques précisions.