mardi 14 juin 2011
Algérie ; la séparation du Sud et du Nord : est-ce une réalité ou une simple utopie ? C’est la grande question que se posent à présent bon nombre d’Algériens. Il faut avouer que c’est le conflit armé qui ravage depuis pas mal de temps déjà la Libye qui a poussé les esprits les plus humbles à s’interroger sur l’avenir de l’Afrique du nord.
11/06/2011 - 16:40 mis a jour le 11/06/2011 - 16:40 par Saïd Tissegouine
Jadis, seuls les plus avertis savaient que le sud algérien, région pétrolière et aurifère, a toujours été une poudrière comme l’ensemble de la région du Sahel. Selon des échos en provenance des cercles du Congrès Mondial Amazigh (CMA), la dynamique de sécession du Sud vis-à-vis du Nord est déjà enclenchée. Il serait question, avons-nous appris auprès de nos interlocuteurs, d’aller vers la création d’un territoire reconnu comme la propriété « exclusive » du peuple targui. Et historiquement, sociologiquement, ethniquement , culturellement et, surtout, économiquement et socialement, cette demande de sécession serait légitime. Et comment ! le niveau de vie d’un Touareg qui est le plus bas parmi l’ensemble des communautés ou groupes ethniques d’Algérie n’est un secret pour personne. Et paradoxalement, c’est le produit fourni par le sol targui qui alimente à 98% les caisses de l’Etat algérien en devises. Et pour couronner le tout, les compétences targuies, que ce soit en main d’œuvre ou en autre savoir technologique, sont totalement absentes au niveau des entreprises pétrolières implantées dans le sud algérien. Le Targui est absent même dans le secteur se trouvant directement en corrélation avec l’entreprise pétrolière. A la question de savoir pourquoi ne veut-on pas de Targui dans les entreprises de production ou de simples prestations de services, on leur rétorque : Vous ne jouissez pas du savoir-faire nécessaire comme les gens du nord.
Est-ce vrai que les Touaregs ne jouissent pas du savoir-faire nécessaire devant leur garantir un emploi stable et rémunérateur ? Aucune étude n’a prouvé cela. Donc, c’est un argument fallacieux. Ce qui est vrai en revanche, c’est que le développement est presque inexistant au pays des Touaregs. Pas de grandes écoles, pas d’hôpitaux, pas de voies de communications, pas de centres scientifiques et culturels dignes de ce nom. Il avait fallu que la demande de sécession pointe son nez à l’Horizon pour que le président de la république algérienne, Abdelaziz Bouteflika, se décide à lancer des projets tout azimut au profit du grand sud. Et rien ne nous autorise à considérer que cette grande masse d’argent ordonnée au plus haut niveau de l’Etat serait dépensée à bon escient. Autrement dit, on peut parier tout le pétrole du sud algérien que 90 % de cet argent destiné à l’investissement se retrouveraient dans des comptes privés.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même, dit le vieux proverbe. Les Touaregs savent mieux que quiconque que leur bien-être ne peut être assuré que par eux-mêmes, d’où justement leur désir de s’affranchir de la tutelle d’Alger. La participation des Touaregs en tant que mercenaires au conflit libyen renseigne en premier lieu sur une chose : le dénuement total de ce peuple du désert. La seconde : le désir de récupérer le plus possible d’armes de guerre. Selon des spécialistes, un Targui ne peut en aucun cas se séparer de son arme, même s’il l’a obtenue par des moyens les plus vils. Ensuite, de par sa longue histoire marquée par les guerres et les luttes incessantes, le peuple targui se retrouve en parfait connaisseur de l’armement. En somme donc, ce n’est pas seulement les crève-la-faim et les va-nu-pieds qui se sont retrouvés en territoire libyen mais aussi des hommes aux grandes projections d’avenir. Quant au moyen de faire acheminer l’armement récupéré de la Libye jusqu’au territoire targui, ce ne doit être qu’un jeu d’enfant.
Quel serait le point de vue des Nations-Unies vis-à-vis de la revendication du peuple targui ?
En réalité cette question relève de la stupidité. En effet, si les Nations-Unies ont voté des lois garantissant aux peuples autochtones ou groupes ethniques minoritaires à disposer d’eux-mêmes, ce n’est certainement pas pour le plaisir de maculer d’encre les pages de leurs registres. Les résolutions des Nations-Unies sont toujours applicables d’une façon ou d’une autre. Ce n’est qu’une question de temps, lequel est déterminé par la dimension de l’intérêt poursuivi.
Autrement dit, face à une rébellion armée targuie, Alger ne pourrait pas se cacher derrière le principe « d’une affaire interne » et d’autant plus que l’Algérie a bel et bien ratifié cette loi autorisant les peuples autochtones à disposer d’eux-mêmes s’ils le désiraient. Les Américains, très forts dans leur capacité d’anticipation, ont rétabli les Peaux-Rouges et les Noirs dans leurs droits qui, durant des siècles, étaient bafoués. On trouve effectivement des Indiens dans des postes de grande responsabilité, notamment dans l’armée. M. Barak Obama, un noir de peau, est bel et bien le président des Etats-Unis. Rien que dans les années soixante, de par la loi sur la ségrégation un Noir était obligé de céder sa place assise à un Blanc. La dernière opération musclée de la CIA et qui aurait coûté la vie à Ben Laden a été baptisée Geronimo. Cela vient du nom du célèbre chef de tribu Apache. Tous ces gestes baptismaux et à l’orientation indienne renseignent sur le désir de l’administration de Washington de prouver au monde l’égalité « indiscutable » entre tous les Américains. Malheureusement ce n’est pas le cas des responsables algériens. Ceux-ci n’arrêtent de décision qu’une fois le feu dans la demeure. Et chacun sait que toute décision arrêtée dans la précipitation est vouée à l’échec.
En effet, au lieu d’inviter les véritables et authentiques chefs de tribus targuies pour discuter en toute franchise de la problématique du sud du pays, les responsables algériens ont désigné un pseudo chef de tribu et lui ont planté un micro devant la bouche pour « lire la dictée » rédigée dans la précipitation par une plume bureaucrate. La suite est donc facile à deviner. Le discours prononcé par « le Mainate » a produit l’effet contraire de ce qu’attendait Alger. Même les bidons d’huiles et les boites de margarine envoyés à la rescousse n’ont pu mettre fin à la dichotomie désormais définitive entre le Sud et le Nord. Au fait, le Mainate à la solde d’Alger, a versé dans l’insulte et a proféré des menaces à l’endroit des « Traîtres motivés par la division de l’Algérie ». Avant lui, feu prince Akhamokh n’arrêtait pas de promettre à Alger l’inconditionnelle « allégeance » du Sud. Prenant pour argent comptant ses affirmations, Alger le gratifiait d’un certain pécule et du droit de piétiner certaines lois de la république.
Feu prince Akhamokh a commis deux erreurs monumentales. La première est de n’avoir pas su partager les grands privilèges qu’il a obtenus avec des chefs de tribus qui auraient pu devenir des alliés ne serait-ce que pour un certain temps. La deuxième, il s’est laissé séduire outrancièrement par la grande cité d’Alger et ses petits palaces. Le malheureux a fini même par préférer la voiture motorisée au chameau et le whisky au thé noir réputé pourtant fort aphrodisiaque.
Quand le grand Sud demandera officiellement sa sécession ?
Il est très difficile, voir impossible de répondre avec précision à une telle question. Selon des avis compétents, tout dépendra de la durée du conflit libyen et de la tournure que prendront les événements du Mali. En tout cas, une chose est sûre ; les Touaregs du Mali ont réussi à faire inscrire et reconnaître « légitimes » leurs revendications par les instances onusiennes. S’agissant cependant de l’échéance précise quant à ce qui mentionné ci-dessus, c’est-à-dire du jour « J », l’avenir nous renseignera à coup sûr.
La grande question est de savoir quel est le prix à payer pour que les choses rentrent dans l’ordre, c’est-à-dire la mise en place d’un système où chaque citoyen, reconnu initialement comme un Algérien, vivra dans la dignité et dans la sécurité. Pour le reste, rappelons-le, ce n’est qu’une question de temps..