Arrêtons ces guerres fratricides qui nous poussent à nous acharner les uns contre les autres.
Il est vraiment temps de savoir ce que nous voulons et qui pourra nous aider à atteindre nos objectifs. Nos populations ont assez souffert de ce statut quo. Vivre ainsi est devenu insupportable. Rendons-nous compte du retard que nous accumulons et le prix que nous payons tous les jours, et pour quel but, au final ? Les distractions et les discours politiques parsemés d’orgueil et de contradictions, nous n’en avons plus rien à faire. C’est d’une question de survie qu’il s’agit. Pendant ce temps, d’autres débloquent des budgets colossaux au nom de nos souffrances sans y changer grand-chose et se réjouissent de nous voir dans une telle situation, puisque cela fait parfaitement leurs affaires.
Tantôt nous sommes au Burkina-Faso, tantôt en France ou en Algérie, au Qatar, et maintenant au Maroc. Quels sont les effets de nos actions jusqu’ici et que nous ont apporté réellement en termes de changement ou de vision d’avenir nos différents « protecteurs » d’un passé pas si lointain ? Tous ces pays aujourd’hui savent bien que nous sommes plus que jamais divisés et ils en profitent pour nous étouffer encore davantage. Vingt ans en arrière. N’est-il pas triste de voir un mouvement de rébellion se répéter et faire des orphelins et des morts à chacun de ses soulèvements ? Négliger cette question est pour nous synonyme de sacrifier des générations d’enfants d’année en année. Il faut trouver une solution à cette question. Sinon, ce sont des générations et des générations qui seront sacrifiées pour une cause qui aura sans aucun doute une issue positive. Ces revendications sont-elles légitimes ? Peut-on encore se poser cette question, alors que, et depuis des années, une tranche de la jeunesse du Nord demande un statut sur sa portion de terre qu’elle entend bien protéger et transmettre comme l’ont fait tant de fois ses illustres ancêtres…
Pourquoi continuer à diaboliser cette revendication et en conclure que cela relève de l’impossible ? Pourtant, un jour prochain, cette revendication se souffrira plus du doute d’une partie de nous-mêmes et sera perçue par tous comme inévitable et fondamentalement vitale. D’ici là, il est préférable de cerner la question au lieu d’organiser ou d’observer avec une indifférence apparente des massacres et de semer la haine dans les esprits. Ces frontières sont-elles aussi intangibles qu’on le proclame ? Pourtant, les Constitutions de certains pays changent au gré de leurs présidents en fonction de leurs intérêts. Alors, pourquoi s’étonner et croire que c’est une utopie de trop, de revendiquer un État où les Touaregs reprendraient en main la part la plus importante de leur devenir ?
On nous fait croire que tous les problèmes du monde nous tomberaient sur la tête une fois ce changement effectué. Pourquoi pas ? Entre rien, vraiment rien, et une partie de nos forces mobilisées à conforter notre destinée et à la rendre viable, devons-nous hésiter encore une seconde ?
Sans une union de toutes nos forces, sans aucune distinction d’ethnie, nous ne pouvons pas faire face à ces prédateurs. Celui qui ne connaît pas l’Histoire est amené à la revivre.
Voici une composition d’ Abdallah AG ALHOUSSEINY de
Tinariwen, qui nous exhorte tous à une union sincère.
Là, c’est un poème de l’une des grandes poétesses de l’Azawad en l’honneur de « khadija Walet Mahmoud », qui n’utilise pas la langue de bois pour dire les choses clairement.
« Je pense à Zmeyla riant et chiquant
Ma confidente de la solidarité
Je dis solennellement que ce n’est pas pour l’argent que nous travaillons (révolution)
Ce n’est pas non plus pour la recherche d’un quelconque honneur
Pouvez-vous nous dire qui paiera la vie des martyrs qui ne vivent plus
Et les estropiés qui ne peuvent plus marcher
Et ces vieilles qui, tous les jours fuyant en direction d’autres contrées
Quelle place leur faites-vous?
Le fils de l’Azawad, quelle garantie a-t-il?
Si vous le méprisez.
Si une nation se lève pour compatir à vos maux
Deux jours après vous accourez
Personne ne sait ce que vous recherchez
Ô. Fils de l’Azawad! Prière, pas de bassesses
Sommes-nous en révolution ou alors en perdition?
Ce Mali qui vous tient à cœur n’a aucune notion du partage
Tout ce que vous avez: kalachnikov, injections (Toyota) et tout ce qui peut tuer
En le lui cédant, qu’allez-vous ramener?
Dix-huit ans durant, chaque jour vous négociez
Mais, rien vu de ce que vous recevez.
On vous regroupe sous des tentes pour chercher les aumônes qui vont vous soutenir
On fait de vous les veilleurs pendant que l’ennemi lui s’endort.»