vendredi 1 mars 2013

Touaregs entre désespoir et résistance Silence, on tue : Les voix solitaires sous l’horizon confisqué[1].

Touaregs entre désespoir et résistance
Silence, on tue  Les voix solitaires sous l’horizon confisqué[1].
On tue de l’Amazigh-Touareg dans l’indifférence générale. Sans vergogne, les journalistes français s’adonnent à la même récurrence sur des sujets banaux et sur des pseudo-mondes où la géopolitique des salons occidentaux se mêlent et s’entremêlent avec les intérêts nucléaires, pétroliers et gaziers des multinationales.
Et le peuple touareg, alors ? Connaît pas !
Tels des prophètes de la géopolitique, les chroniqueurs et les journalistes spécialistes occidentaux en tout genre nous abreuvent matin et soir de balivernes dites « analyses scientifiques, objectives et rationnelles » de « tous les mondes », de « tous les peuples », de « toutes les causes », alors que nous attendons en vain un mot, une parole, une voix ou un doigt qui s’élève pour dire dans quelle situation ignoble et inhumaine on cantonne le peuple berbère touareg.
Si certains en parlent (fort timidement), ils n’osent jamais dire que ce peuple est berbère ! Berbère est un mot tabou dans certains mondes. Vous pouvez nommer tous les peuples, sauf le peuple berbère !
Nommer le peuple berbère remet aussitôt en cause toutes les analyses de nos grands visionnaires d’Occident et d’Orient. Et tous les problèmes changent aussitôt de dimension… Le peuple palestinien, oui ! Pourquoi pas le peuple touareg, alors ?
Un peu partout à travers le monde, des journalistes et des reporters nous informent sur des populations aux quatre coins du monde. Juste à côté de nous, à côté de la France, un peuple souffre depuis plus d’un siècle… et une omerta mondiale lui pèse dessus, l’ignore et attend qu’il disparaisse dans les méandres d’une géopolitique assassine où tous les crimes se font en toute quiétude sans que personne (pas même Stéphane Hessel qui vient de nous quitter et que nous ne pouvons plus réveiller !), n’élève le moindre petit doigt, mot, parole, article, livre pour dire non à cet ethnocide qui se prépare et dont les portes doivent être absolument refermées !
Cachons ce Berbère qui remet toutes les analyses des grands spécialistes européens en cause ! Cachons cet empêcheur d’analyser en rond et en travers un monde dont les soubresauts, les pseudo-révolutions et la pensée rétrograde font l’objet de rejet aux quatre coins du monde !
Fiers d’être Berbères ? Ô que oui ! Mais à quel prix et pour combien de sacrifices encore pour pouvoir un jour voir briller le soleil d’Allah sur ce peuple qui ne demande rien d’autre que le droit de vivre libre SUR SA TERRE.
Tout ceci avec la complicité des autres Etats occidentaux et des Etats africains.
A l’heure où tous les mondes sont à l’heure (et à la mode !) et notamment « le monde dit arabe » ; à l’heure où les éditoriaux des médias français nous ressassent les mêmes sujets, les mêmes rengaines matins et soirs, soirs et matins, on parle de tout sauf…
Du peuple berbère-amazigh Touareg. Peuple que l’on continue de tuer, de massacrer dans le silence et la complicité des Occidentaux comme des Etats africains. Le docteur Hollande avait décidé de mener la guerre aux islamistes au Mali. Mais se faisant, il a laissé l’armée malienne  s’adonner aux exactions que les Maliens et les autres Africains ont l’habitude de mener contre le peuple berbère Touareg (Lire : Touaregs, exil et résistance, du même auteur – Edisud, 1990).
Il fut une époque où l’on découpait leurs enfants à la machette ! Mais on parle de tout, de tous les peuples : Les indiens d’Amérique, les Palestiniens, les Tunisiens, les Syriens, etc. On ne parle jamais des souffrances et du génocide qui continue de se perpétrer contre le peuple amazigh Touareg.
Les complicités des Etats qui s’étaient approprié leur terre continuent et elles ne datent pas d’aujourd’hui.
Des soldats maliens auraient été rappelés car des vidéos circulant sur le Net montraient aux yeux du monde qu’ils commettaient des exactions innommables sur les populations touaregs. Ont-ils été réellement rappelés ? On nous dit aussi qu’ils seront jugés ! Qui peut nous faire croire une telle chose ?
S’ils s’étaient permis de tels exactions contre le peuple touareg, c’est que rien n’avait été fait auparavant pour les en empêcher !
L’armée d’un pays démocratique comme la France – sous le gouvernement, qui plus est, de la gauche –  doivent veiller scrupuleusement à ce que d telles outrances ne se produisent pas.
Où sont passés les reporters français et occidentaux pour montrer les exactions et les brimades que continuent de subir les enfants et les femmes touaregs de la part des Maliens ?
On a vu paraître un Paris Match dédié à la prise d’otages en Algérie quelques jours après le dénouement de celle-ci… Qu’attends donc Paris-Match (ou un autre magazine français ou occidental) pour consacrer un numéro au peuple touareg ? Montrer dans une vérité nue… que l’on continue de tuer sans plus se cacher, un peuple.
Réflexion faite, il est préférable que les Berbères ne fassent l’objet d’aucun magazine quelconque ! Pourquoi ? Il y a déjà eu quelques uns qui nous ont été consacrés. Que trouve-t-on dans ces journaux à sensation et à dominante  idéologique fort semblable à celles qui avaient court pendant les « années glorieuses de l’ethnologie coloniale ».
Nous y sommes saucissonnés sous forme de pourcentages : Ici, le journal a trouvé 10 % ; là, il en a trouvé 15 % ; là-bas, il nous fait grâce d’en étaler quelques pourcentages de plus, etc. Quel est l’objectif réel de ce charcutage ? Il ne s’agit ni plus ni plus que dire que le peuple Berbère n’existe pas en tant que tel, mais sous forme de nébuleuses éparpillées à travers un monde qui arrange tout le monde – « Le monde arabe », dans ce que le sociologue de la réification (Joseph Gabel) avait appelé « Le syndrome du globalisme ». Et oui, pour exister, le peuple berbère ne saurait l’être en toute liberté – comme tout autre peuple digne de respect et de considération – en dehors d’un monde qui lui nie toute existence. 
Un aveugle y verrait alors très claire dans le but et l’objectif visés de ces magazines qui arborent en couverture une jolie femme berbère ! Ah oui ! Nos femmes sont belles, mais notre peuple est affreux, car il connaît de clamer son droit à l’existence sans charcutage ni mensonges colportés à travers des pourcentages inventés au gré d’idéologies dominantes castratrices des libertés ! On nous cantonne encore dans les montagnes et les zones désertiques. On n’oublie que rien qu’à Paris, il y a près de 1 million de Berbères ! 
En définitive, l’objectif poursuivi par ces charognards qui utilisent les pourcentages comme s’ils NOUS  AVAIENT COMPTES ET DESCOMPTES EST EVIDENT ! Il y va de cette démarche d’une pensée unique qui  se complaît dans la facilité des idéologies dominantes ! Ces journalistes et ces écrivains ne font que conforter un monde aliénant et réifiant dans lequel, eux-mêmes ont (consciemment ou inconsciemment) du mal à trouver leur place.  Cela tient d’une démarche de dilution des Berbères. Ces soi-disant spécialistes adhèrent à cette pensée unique où   »Tout le monde – tous les mondes – s’entendent pour nier l’existence d’un autre monde   » Le Monde berbère » ! 
Revenons plus précisément sur les évènements qui ont court sur le territoire touareg, dans ce qui est appelé « Le Nord du Mali ».
Humaniste et humain, le président Hollande (que la majorité des Berbères de France avaient soutenu lors de la présidentielle) doit aider à une solution juste et équitable pour résoudre la tragédie dans laquelle est enfermé’e le peuple Touaregs.
Seule l’armée française peut empêcher ces massacres et ces exactions inhumaines que subissent les enfants, les femmes et les vieillards touaregs.
Et quand un chanteur malien fort connu, pour ne pas le nommer, s’exprime sur les ondes d’une radio française, c’est pour déclarer que ces gens-là (les Touaregs) ne sont pas sur leur terre au Mali ! C’est pourtant le même chanteur  qui dénonçait la ségrégation, voire les tueries dont sont victimes tous les nègres-blancs (ou albinos) en Afrique ! Dès que le fascisme change de camp, on n’oublie aussitôt que c’est du fascisme et on l’affabule de ce mot tant galvaudé : démocratie.
Démocratie, en Afrique ? Laissez-moi rire ! Dans le continent le plus riche de la planète qui en est le plus miséreux et le plus misérable de tous les continents, vous me parlez de démocratie ?
De cette déclaration, voici un bref préambule historique, et j’invite ce chanteur et tous les Africains et notamment les Imazighen à sa lecture :
« Dans l’Ahaggar, on a installé des groupes tels que les Chaanba, et maintenant on installe les Kounta du Mali et du Niger en leur donnant la nationalité algérienne, pour que plus tard les Touaregs n’aient plus de revendication territoriale. Par contre, on refuse la nationalité aux Touaregs Kel Adagh qui sont du côté algérien et que l’on chasse actuellement parce qu’ils risquent d’augmenter le nombre des Touaregs qui sont en Algérie. Du côté de la Libye, c’est la même stratégie : dans le sud libyen on installe un million d’Egyptiens sur le territoire touareg ; on crée des déséquilibres démographiques. Au Mali, c’est pareil. Déjà au temps colonial les Français cédaient les terres touarègues aux Songhay. Après il y a eu la redistribution des terres agraires, on a enlevé aux Touaregs des terres. Avant Gandakoy, en 1993, les Kel Séréré ont eu des problèmes. Actuellement, on passe à un stade supérieur : il faut vider de force les Touaregs de leur territoire et l’investir[2] ».
« Pour cela référence est faite notamment à un sociologue libyen, Mohamed Saïd El-Qachat – auteur d’une thèse publiée (en arabe) en 1989, sous le titre : Les Touarègs, Arabes du grand Sahara, qui développe plusieurs principes justifiant l’intégration des Touaregs à la fois dans le monde arabe et dans une structure étatique moderne : ils seraient en effet primitivement arabes et fractionnés en une multitude d’ensembles tribaux hiérarchisés. Dans cette optique, ils ne forment évidemment ni peuple, ni nation, ni même une minorité culturelle ou linguistique (leur langue, le berbère, est considérée comme un « dialecte arabe »), ils ne sauraient revendiquer ni pays, ni Etat, ni statut autonome, et ne pourraient s’affranchir de leur féodalisme primitif que dans le giron d’une formation politique jugée progressiste telle que l’incarne l’Etat libyen[3] ».
« Les forces armées « rebelles » touarègues ont toujours fait l’objet d’une entente entre les pays voisins (Libye, Niger, Mali) pour saper et briser toute velléité de résistance en s’en prenant aux populations non armées, notamment les femmes et les enfants touaregs. C’est sous la médiation pressante de l’Algérie que les « rebelles » ont du abandonner le principe de fédéralisme qu’ils revendiquent ainsi que celui du retrait de l’armée malienne hors de leur territoire[4] ».
« Le mal est venu depuis que les Français ont déchiré le tissu de notre nation » Mohammed Ali Ag Ataher Insar[5] ».
Un ami français me posait cette question : « Que peut faire l’Algérie ? »  Je lui répondis avec beaucoup de conviction : « Beaucoup, pour ne pas dire tout ! »
Car seule l’Algérie peut faire quelque chose…  à la seule condition qu’elle fasse preuve de ce courage qu’on lui a connu dans beaucoup de circonstances et de positions politiques car elle demeure gardienne de cette référence absolue : Bâtisseuse des libertés à travers  une guerre de libération où les combattants revendiquaient – à travers leurs chants patriotiques et leurs hymnes débordant de sens – leurs racines berbères ! « Debout fils d’Amazigh ! » ( Ekker a mmi-s Umazigh !)
Je parle de l’Algérie qui s’était sentie et qui s’était revendiquée, l’espace d’un match de football en Egypte où les joueurs de l’équipe nationale furent sauvagement agressés. Il fallut cet évènement greffé sur une rencontre sportive pour qu’aussitôt toute l’Algérie se découvre amazighe et berbère ! Les Algériens se découvrent tout à coup Berbères ! Quel ne fut notre bonheur, l’espace d’une coupe d’Afrique de football, d’entendre nos compatriotes arabophones s’exclamer enfin : « Nous les Kabyles ! » Comme si les Kabyles représentaient – l’espace de cet instant magique et lumineux – le peuple berbère-amazigh dans sa globalité (Touaregs compris !)
Et Sheshonq 1er – bâtisseur de la 22ème dynastie de l’ancienne Egypte – se réveille et jette un coup d’œil encourageant et sourit à cette Algérie qui, tout-à-coup, le brandit comme le plus absolu des symboles. Oui, c’est un roi amazigh qui a bâti bon nombre de pyramides !
Aujourd’hui, il ne s’agit plus pour l’Algérie de bâtir des pyramides, il y a mieux à faire : bâtir des instants de sécurité et de liberté pour une composante de son peuple berbère appelée « les Touaregs ». C’est une construction qui vaut tous les monuments de la planète ! Aux yeux de Dieu, comme aux yeux de ses créatures les plus sensées et les plus humaines, rien ne vaut la défense et la protection des enfants et des femmes d’un peuple opprimé car sans territoire sécurisé, sans Etat et sans défense.
L’Algérie s’honorerait en défendant le peuple touareg qu’elle a longtemps négligé, voire brimé. Si l’Algérie a permis la création d’une République arabe sahraouie ; elle peut également permettre la création d’une République berbère laïque touarègue !
Je rêve ! Le mot amazigh fait encore si peur ! Son peuple fait peur encore davantage ! Mais je reste persuadé qu’il viendra le jour où les pays d’Afrique du Nord, l’Algérie en tête, se revendiquera berbère, avec fierté et emphase ! Je reste persuadé que les Imazighen, comme tous les peuples autochtones, auront un jour le droit de vivre libres comme tous les autres peuples de la terre. Et nul ne pourra dire que les Algériens (et les Marocains) ne seront pas les premiers à œuvrer pour cette libération. Car il est des combats que nulle idéologie dominante et dominatrice, aliénante et réifiante ne peut indéfiniment ignorer.
Si l’idéologie prend aujourd’hui le pas sur la vérité et le droit d’être, je demeure optimiste de voir un jour les Imazighen sortir de ce tunnel pour regarder enfin le soleil que leur cache avec le tamis des idéologies dominantes.
Et oui, il est permis de rêver et de rester optimiste. Je crois en l’Algérie des lumières. Je crois mon pays capable de bousculer les rouages de la machine que gouvernent les puissances occidentales et orientales. Je crois mon pays capable encore d’étonner le monde par ses prouesses et son combat pour la liberté. En permettant au peuple touareg de vivre libre sur sa terre, des générations présentes et futures d’enfants berbères lui seront à jamais reconnaissantes !
Un grand pays ne se reconnaît que dans les défis qu’on lui croit incapable de tenir. Et je reste persuadé que l’Algérie, pays berbère de mes ancêtres, pays de Massinissa et de Jugurtha (qui sont considérés par le grand historien Charles-André Julien, comme des « rebelles partisans » contre la puissance romaine qu’ils avaient combattue) est capable de tous les défis ! De ceux-là mêmes qui vont à contre-courant de toutes les visions idéologiques saumâtres et sans originalités !
Qu’elle accorde son soutien au peuple touareg… Et le monde entier la regardera de nouveau d’un regard étonné et admiratif. « Les Berbères sont une grande nation dont Dieu prendra à jamais soins », écrivait en ce temps le grand historien Ibn Khaldoun. Je reste persuadé qu’il dit vrai que le jour des Imazighen – de cette grande nation – reviendra.
Que les Touaregs revendiquent leur autonomie sur l’Azawad – voire leur indépendance – dans la terre qui leur appartient depuis la nuit des temps, n’est que chose naturelle. Comment pouvait-il en être autrement ? Depuis de nombreuses décennies, ils sont massacrés au gré du sirocco qui souffle sur les machettes des Maliens et des Nigériens ! Je ne parle pas des geôles de Khadafi !
La terreur n’a pas arrêté avec l’assassinat de Mano Dayak. La terreur n’a pas cessé avec les déplacements et les massacres en tout genre que le peuple touareg subit depuis plus d’un demi-siècle ! Les pays africains avec la complicité du monde dit « arabe » et celle des puissances occidentales n’ont cessé d’œuvrer à la destruction – voire le génocide – pur et simple de ce peuple qui ne demande qu’une chose : vivre libre sur la terre de ses ancêtres.
Faisons un peu d’histoire, un histoire déchirante qui rappelle en touts points ce que beaucoup de journalistes, d’observateurs et de médias en tout genre aurait appelé « massacres », « tortures », « déplacements des populations » et disons-le « ethnocides », si ces adjectifs ne s’appliquaient pas au peuple amazigh Touareg !
De quelques témoignages qui n’osent pas tout dire !
(Rédaction de l’Association Tamazgha).
« Selon des sources qui se sont confiées à l’ARVRA (Association des réfugiés et victimes de la répression de l’Azawad), pour la seule journée du 18 février 2013 il a été enregistré les crimes et exactions suivants :
« Pillages et destructions de biens
Pillages de 5 maisons de Touaregs à Diré dont deux habitations de Noh Ag Attia, une habitation de Warinokh, une de Khama et une autre de Mohamed Ag Inzingui.
« Pillages et arrestations.
Par ailleurs, et toujours à Diré, dans la foulée de pillages et de casses, deux personnes à savoir Hama et Marouchet Ag Imalahit ont été arrêtées. Ils se trouvaient dans l’une des concessions pillées.


Articles dans la rubrique :
  

[1] Hélène Claudot-Hawad et Hawad, Les voix solitaires sous l’horizon confisqué, Ethnies 20-21, Documents.
[2] Hélène Claudot-Hawad et Hawad, op. cit. p. 119.
[3] Op. cit. p. 41
[4] Op. cit. p. 43.
[5] Ibidem, p. 56.
http://youcefallioui.com/2013/02/28/touaregs-silence-on-tue/

Mali : la France va-t-elle se faire doubler par les Etats-Unis ?


Mali : la France va-t-elle se faire doubler par les Etats-Unis ?

Les Américains, qui ont des intérêts de plus en plus grands en Afrique, ont fourni une aide militaire à la France sans envoyer de troupes au sol dans l'opération au Mali. Quels bénéfices tireront-ils de ce "soutien de loin" ?

Soutien intéressé

Publié le 5 février 2013
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Les Etats-Unis transportent les soldats français mais aussi de l'équipement au Mali pour aider les forces armées de l'Hexagone.
Les Etats-Unis transportent les soldats français mais aussi de l'équipement au Mali pour aider les forces armées de l'Hexagone. Crédit Reuters

Atlantico : Selon Leon Panetta, la France a vite progressé au Mali. Dans une interview accordée à l'AFP le 2 février, le secrétaire américain à la Défense a nuancé ses propos en affirmant que le défi pour l'Hexagone était encore son retrait sur le sol malien. Les Américains, qui installent stratégiquement des bases militaires sur le continent noir, ont fourni une aide militaire à la France dans cette intervention sans envoyer de troupes au sol. La stratégie de Washington est-elle d'aider ses alliés de loin au Mali pour établir une zone d'influence sur cette partie du territoire africain  ?

 
Mathieu Pellerin : Les Etats-Unis ont un intérêt bien compris à nous épauler logistiquement. Premièrement parce que nous en avons tout simplement besoin, que ce soit en matière de renseignement ou pour le transport de troupes. Deuxièmement, parce que les Etats-Unis sont depuis le début des années 2000 engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel avec l'Initiative Pan Sahel et la Tran Saharian Counterrorism Initiative. Ils sont objectivement dans le même camp que la France.
 
Toutefois, les Etats-Unis voient d'un bon œil l'engagement français, un moyen de lutter contre le terrorisme sans apparaître en première ligne avec les risques que cela inclus. Cela rappelle la manière dont se sont engagés les Etats-Unis en Libye.



Quels sont les intérêts de Washington en Afrique subsaharienne ? Sont-ils récents ? 

Les intérêts sont en premier lieu énergétiques, de ce point de vue rien de très différent avec l'Union Européenne ou la Chine. L'Afrique de l'ouest est de ce point de vue primordiale avec le Nigeria, l'Angola et la Guinée Équatoriale. Cet intérêt remonte au tout début des années 2000 lorsque les Etats-Unis ont constaté un besoin de diversification de leurs importations pétrolières.
 
Les intérêts sont également sécuritaires, notamment en Afrique de l'est où les Etats-Unis sont très préoccupés par la situation en Somalie, plusieurs cellules radicales somaliennes ayant été démantelées ces dernières années. Là encore, c'est un engagement à la fin des années 1990, au lendemain des attentats de Nairobi et Dar Es Salam.
 
Enfin, les Etats-Unis continuent de soutenir l'enracinement démocratique au Maghreb et en Afrique subsaharienne, mais force est de constater que ce soutien est à géométrie variable. Le congrès américain dénonce les atteintes aux droits de l'homme en Guinée Équatoriale chaque année et le département d'Etat n'en tient aucunement compte. Dans une moindre mesure, on pourrait en dire de même en Éthiopie ou en Ouganda.


Après leur expérience en Irak et en Afghanistan, peut-on envisager que les Américains enverront de l'aide à la France au sol pour l'après-intervention au Mali ?  

On ne peut jamais préjuger de l'avenir, les Américains ont déjà franchi une étape importante en déployant des drones au Niger. Pour l'heure, ils attendent de voir si la France s'en sortira "seule", c'est en ce sens qu'il faut comprendre les propos de Leon Panetta.
 
Les Etats-Unis ne souhaitent absolument pas assumer une nouvelle guerre et s'embourber de nouveau dans un conflit dont personne ne certifier qu'il ne s'étendra pas au Niger, en Libye ou en Algérie. Maintenant, si l'urgence sécuritaire l'impose, les Etats-Unis pourront accroître leur engagement, soit au travers de drones d'attaque, une option privilégiée au Pakistan ou au Yémen mais qui suscite de plus en plus de critiques dans l'opinion publique américaine, soit via un déploiement au sol. L'avenir nous le dira.
 
Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois

En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/mali-france-va-t-elle-se-faire-doubler-etats-unis-mathieu-pellerin-628767.html#V7b4ImOZreoeGsDa.99 

jeudi 28 février 2013

L'information a été livrée par Paris Match, lui même informé par le MNLA :ABOU ZEID, L'ÉMIR D'AQMI SERAIT MORT

L'information a été livrée par Paris Match, lui même informé par le MNLA

ABOU ZEID, L'ÉMIR D'AQMI SERAIT MORT

28 FÉVRIER 2013 | Paris Match | Alfred de Montesquiou

Un des principaux chefs d’al-Qaïda au Sahara aurait été tué par les forces françaises au nord du Mali, selon la rébellion touarègue, ainsi que des notables locaux.

Après un raid aérien de l’armée française, Abdelhamid Abou Zeid, « émir » important d’AQMI et principal preneur d’otages, aurait été trouvé mort le samedi 23 février dans la zone d’In Sensa, près de Tigharghar, sur les versants de la chaîne montagneuse de l’Adrar des Ifoghas. La nouvelle, révélée jeudi, n’a pas été confirmée par l’armée française. « Nous n’avons aucune information spécifique sur cette personne » a indiqué le colonel Thierry Burkhard, porte-parole des armées. Il a néanmoins confirmé qu’un raid aérien français dans la zone d’In Sensa avait détruit six véhicules identifiés comme étant des objectifs militaires.

Les cadres dirigeants du mouvement rebelle touareg MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), ainsi que des notables de la ville de Kidal, affirment que 45 combattants d’AQMI et du groupe islamiste Ansar ad-Dine auraient trouvé la mort durant le raid français. Le MNLA indique en outre que ses combattants, qui épaulent les Forces Spéciales françaises dans le désert, auraient ensuite fait sept prisonniers parmi les survivants du raid.

"IL EST MORT ET ENTERRÉ"

Les sept prisonniers, pris par les Touaregs et les Forces Spéciales, seraient quatre Maliens, un Algérien, un Mauritanien et un homme du Front Polisario. L’un d’entre eux, Seden Ag Hita, est un personnage connu dans le nord du Mali. Ancien sergent-chef de la garde nationale malienne, il avait fait défection pour rejoindre le groupe islamiste Ansar ad-Dine avant de rallier les katibas d’AQMI. Aujourd’hui détenu à Kidal, Seden aurait apporté la preuve du décès d’Abou Zeid durant le raid français.

« C’est une certitude, il est mort et enterré » indique aussi un notable important de Kidal, ayant accès aux prisonniers. En Algérie, les services de renseignements, d’habitude très informés, indiquaient jeudi ne pas pouvoir entièrement confirmer l’information. « Nous avons de bonnes raisons de penser qu’il est mort, mais ça pourrait être une fausse nouvelle pour brouiller les pistes et ménager sa fuite », indique un responsable algérien. A Paris, l'entourage du ministre de la Défense signalait être au courant de l’information, sans pouvoir immédiatement la confirmer.

Abou Zeid détenait notamment les otages français et africains de la société Areva. Mais selon les notables de la région de Kidal, et le MNLA, ces otages ne seraient plus dans la zone de l’Adrar de Ifoghas. Confiés par Abou Zeid au commandant d’AQMI pour le « Grand Sud », Yahya Abou El Hammam, la plupart des otages seraient répartis par petits groupes cachés dans le désert au nord de Tombouctou.

Mali : micmac à Kidal entre le MIA et le MNLA

Mali : micmac à Kidal entre le MIA et le MNLA

Jeune Afrique-28/02/2013 à 12h:36
Obligés de cohabiter à Kidal avec l’armée française, le MNLA et le MIA, deux mouvements armés touaregs du nord du Mali, ont entamé un rapprochement. Sans résultat pour l’instant.
Il n’est pas encore question de fusion entre le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), que dirige Bilal Ag Acharif, et le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), né il y a quelques semaines d’une scission au sein d’Ansar Eddine et dirigé par Alghabass Ag Intallah, un ex-allié d’Iyad Ag Ghali. Mais un rapprochement militaire est en vue. Face à l’inéluctable - l’entrée de l’armée malienne à Kidal -, les leaders des deux groupes insurgés à dominante touarègue, qui font l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par Bamako, ont compris qu’il leur fallait se serrer les coudes.
Combattants du MNLA à Kidal, le 4 février. Combattants du MNLA à Kidal, le 4 février. © Reuters
Sur le plan politique, les choses sont plus difficiles. Il y a quelques jours, le MIA a proposé de fusionner avec le MNLA, à la condition que soit créée une nouvelle entité pourvue d’un nouveau nom et d’un nouveau drapeau. Le MNLA s’y refuse et préférerait absorber les membres du MIA. Pour au moins deux raisons. La première est qu’il estime être connu « dans le monde entier ». La seconde est que la France (qui coordonne son action avec le MNLA à Kidal, au grand dam de l’armée malienne) « n’acceptera pas de négocier avec d’anciens membres d’Ansar Eddine ». Pour en avoir le coeur net, des responsables du MIA ont rencontré des officiers français, mais ceux-ci leur ont répondu qu’ils n’étaient « que des militaires » et que ce genre de question n’était pas de leur ressort.
28 février 2013

Mali : guerre invisible dans Kidal, coupée du monde

Mali : guerre invisible dans Kidal, coupée du monde

LE MONDE | Par Jean-Philippe Rémy – Kidal (Mali) Envoyé spécial
Un graffiti dans le centre de Kidal. Sur la droite, le drapeau de l'Azawad.
Une belle et grande fleur de mort s’épanouit tout à coup dans la nuit de Kidal. D’abord une grande bulle de lueur dorée au ras du sol, puis une corolle orange sombre, qui monte dans l’obscurité. Quelque chose vient d’exploser. Malgré la proximité, le bruit de la détonation est étouffé, peut-être absorbé par les maisons aux murs de terre crue ou l’air chaud. D’abord, les rebelles touareg du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) qui se trouvent à quelques centaines de mètres en rient un peu : « C’est une bombe atomique, ou quoi ? » Puis ils comprennent qu’une nouvelle explosion vient de frapper Kidal, au nord du Mali, pratiquement coupée du monde mais devenue ville ouverte pour les attentats-suicides. Les hommes du MNLA qui tiennent le poste de contrôle à la sortie sud de Kidal viennent d’être touchés de plein fouet.
Il s’agit d’un nouvel attentat suicide, le second en ville, et le troisième dans la région, enregistré au cours des six derniers jours. Les hommes qui tenaient ce poste ont été fauchés à la fois par l’explosion, les éclats divers, et la projection dans leur direction du bloc moteur du véhicule pulvérisé. En ce début de soirée, ils étaient groupés, occupés à découper une chèvre tout juste égorgée pour le dîner, avant une nuit de veille. Un pick-up est arrivé depuis l’intérieur de Kidal. A une dizaine de mètres des gardes, le kamikaze a actionné le dispositif explosif. Selon une source informée de la sécurité du MNLA, il y avait du TNT dans le Land Cruiser, pas de l’explosif artisanal fabriqué à partir d’engrais.

La tombe commune pour les personnes tuées lors de l'explosion, le 27 février à Kidal.

Au petit matin, on enterre à la hâte, dans la même fosse commune, les dépouilles en lambeaux des six hommes du MNLA emportés par l’explosion, et celle du kamikaze. Seuls restent les noms des malheureux hachés par l’explosion, et de rares détails sur le kamikaze. « Il avait les cheveux longs », affirme en hésitant un responsable du MNLA sur place. Maigre indice. Mais cela signale que l’homme était probablement un « peau blanche », selon l’expression en vigueur dans la région. Touareg, ou arabe. Etranger ? Peut-être.
DEPUIS LE 21 FÉVRIER, LES HOMMES TIRENT À VUE
Sur le lieu du drame, des éclats d’obus traînent par terre au milieu de munitions diverses. Ils faisaient partie de la charge explosive. « Du 106 mm », évalue un officier tchadien venu constater les dégâts, et qui s’en retourne bien vite vers son camp, tout à côté, avant qu’un éventuel autre kamikaze ne tente sa chance au milieu des curieux qui affluent dans le plus grand désordre. Dans le même camp sont basées des forces françaises, invisibles. Le mur d’enceinte n’est qu’à quelques centaines de mètres. A Kidal, rien n’est jamais loin, et cette proximité pèse aussi comme une malédiction. « Ici, il faut se méfier de tout le monde », chuchote un responsable de la sécurité du MNLA.
Le pick-up du kamikaze, le 27 février à Kidal.
Ce n’est pas depuis la brousse, à l’extérieur de Kidal, que le chauffeur kamikaze a lancé son véhicule pour exploser. Il y a une bonne raison tactique à cela : dès la tombée de la nuit, personne ne se hasarde à approcher d’un poste de garde depuis le premier attentat suicide, le 21 février, sachant que désormais, les hommes tirent à vue.
La voiture bourrée d’explosifs est donc venue de l’intérieur de la ville. Est-ce une raison pour croire, comme ce responsable de la sécurité du MNLA, présent sur les lieux, que « l’attentat a été préparé ici » ? En somme, que les anciens maîtres de la ville, d’Ansar Eddine ou Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) auraient toujours les moyens de frapper en s’organisant depuis la ville abandonnée par leurs hommes fin janvier ?
Sur le lieu de l'explosion.
La préparation de la voiture suicide a pu avoir lieu aussi bien, techniquement, dans Kidal même ou dans l’une des zones contrôlées par les rebelles islamistes, qui sont visés par l’opération menée par l’armée française et ses alliés. Les deux hypothèses sont réalistes. Des candidats au martyre ont été formés pendant les neuf mois au cours desquels les groupes proches d’AQMI ont tenu les villes du Nord. Ces groupes sont désormais dans la nature, comme une bonne partie des combattants du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest), d’Ansar Eddine et des membres des katibas d’AQMI.
UNE VILLE PÉTRIE D’AMBIGUÏTÉ
Certains de ces rebelles sont localisés dans plusieurs zones du pays, dont la région de Taoudenni, dans la brousse entre Ansongo et Ménaka, ou encore dans les environs de Gao. Et même dans certaines régions proches de Tombouctou. Leurs forces seraient aussi concentrées tout particulièrement dans une zone cruciale au nord de Kidal, l’Adrar de Tigharghâr, où la plus importante opération militaire française depuis le déclenchement de « Serval » au Mali, le 11 janvier, est en cours avec l’aide de forces tchadiennes.
Un soldat du MNLA, le 26 février à Kidal.
Les kamikazes pourraient donc, en somme, venir de presque partout, sachant qu’il n’est pas difficile de s’infiltrer dans Kidal. « La terre est vaste », soupire le responsable du MNLA. Et les mouvements rebelles islamistes comptent de nombreux soutiens dans une ville au statut pétri d’ambiguïté.
LES FORCES FRANÇAISES ET TCHADIENNES RETRANCHÉES
Depuis le 30 janvier, les forces françaises et tchadiennes se sont déployées à Kidal. Deux jours plus tôt, le MNLA y était entré. Depuis, un équilibre temporaire s’est instauré. Le MNLA patrouille en ville, a installé son administration et ses principaux responsables dans des bâtiments en ville, ainsi qu’au « camp 1″. Les forces françaises et tchadiennes sont au « camp 2″ et évitent de sortir en ville, restant retranchées derrière les hauts murs d’enceinte de leur camp. Tout les y pousse : la volonté de se démarquer du MNLA et la nécessité de se protéger d’attentats-suicides. Les contrôles effectués aux portes de la ville le sont par des soldats du MNLA.
Cette superposition de forces ne donne pas encore la grille de lecture de Kidal : que va devenir le MNLA et quels sont ses objectifs ? Combien de temps l’armée malienne, qui n’a pas dépassé la limite nord de Gao (400 kilomètres plus au sud), peut-elle renoncer à poursuivre la « reconquête du nord » promise par la France en se voyant interdite d’accès à une vaste partie de ce même nord ?
Des soldats du MNLA regardent un téléphone portable, le 27 février à Kidal.
Dans son bureau aux murs bleutés, installé dans l’antenne de l’agence pour l’emploi locale, et où trône un drapeau de l’Azawad, la région pour laquelle les rebelles touareg réclament l’autonomie, ou un statut spécial, le chef du MNLA, président du Conseil transitoire de l’Etat de l’Azawad (CTA), Bilal ag Cherif, tente de minimiser la portée des attentats-suicides. « Il ne s’agit que des derniers recours des terroristes », assure-t-il mercredi 27 février. Le chef du MNLA y voit la volonté de frapper les « forces convergentes pour imposer la paix » que sont « la France, le Tchad et le MNLA ». Il est clair que les auteurs des attentats des derniers jours, dont certains ont été revendiqués par le Mujao, visent ces trois cibles. Il est clair aussi que Kidal n’est pas une zone d’affrontement direct à ce stade des opérations militaires. Mais le passé est moins net en ce qui concerne la séparation entre «  terroristes  » et «  forces de la paix  ».
« HASARD »
La ville avait d’abord été prise en mars 2012 par les forces conjointes du MNLA et d’Ansar Eddine, le mouvement d’Iyad ag Ghali, ouvrant la voie à la présence de certains des alliés de ce dernier, qui allaient se révéler si encombrants par la suite : les chefs d’AQMI, qui s’étaient fondus dans le décor en profitant des avancées du MNLA dans le premier temps des conquêtes du nord du Mali, avant de prendre graduellement le contrôle de ces mêmes villes.
Pour la conquête de Kidal, par exemple, le MNLA a attaqué par le Nord, Ansar Eddine et ses alliés par le Sud. Puis, une fois en ville, les tensions ont commencé. Le MNLA a été repoussé par des forces supérieures en nombre, en organisation et en moyens.
La sortie de Kidal, en direction de Menaka.
Le même scénario s’est joué à Gao et Tombouctou, tombées dans la foulée de Kidal. Partout, le MNLA s’est fait finalement chasser. Aujourd’hui, il réfute avoir été associé à ces groupes que la France traque dans les massifs montagneux du Mali. « On attaquait Gao, le Mujao et Ansar Edine ont attaqué le même jour. C’était l’effet du hasard », affirme, un peu embarrassé, Bilal ag Cherif.
Mais l’opération Serval a aussi eu un effet mécanique sur l’autre mouvement rebelle à forte identité touareg, recrutant plus particulièrement parmi les Ifoghas, Ansar Eddine. Iyad ag Ghali est en fuite, mais une grande partie de ses combattants seraient passés du côté du MNLA lorsque certains responsables politiques de son mouvement, emmenés par Alghabas ag Intallah, ont créé une scission, le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), dont on aperçoit quelques combattants en ville.
Bilal ag Cherif, président du Comité transitoire du MLNA.
Bilal ag Cherif, le chef de la rébellion touareg désormais alliée de la France, assure que «  70 % de leur jeunesse (combattants d’Ansar Eddine) ont désormais intégré le MNLA  ». «  Le MIA n’existe pas  » tranche, assez sèchement, Bilal ag Cherif, qui souhaite voir le MNLA reconnu comme une force participante, pas seulement « dans la clandestinité », mais avec un appui sérieux alors que le MNLA manque de tout, à commencer par le carburant.
« COINCÉS »
Qui, de la France, ou du MNLA, tente d’utiliser l’autre ? La question arrache un sourire à Sidi Mohammed ag Saghid, responsable de la sécurité du MNLA : « La France est coincée, et elle nous a coincés. » La particularité de cette situation tient aussi à l’absence d’un acteur de la guerre au Mali : l’armée malienne. Les forces nationales n’ont pas dépassé une certaine ligne au-delà de Gao, Tombouctou, et Ménaka. Un responsable influent du MNLA avertit : « S’ils essaient de venir ici, on leur tire dessus.  »
28 février 2013

mardi 26 février 2013

La solution du Mali : le MNLA et l'Azawad

La solution du Mali : le MNLA et l'Azawad

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Par Le Matin | Il y a 16 heures 15 minutes | 1323 lecture(s) | Réactions (0)
Le Sahara, le plus grand désert du monde s’étend sur plus de 9 millions de km2, entre l’Atlantique et la mer Rouge et comprend une dizaine de pays.
Des combattants du MNLADes combattants du MNLA
Désert vivant, le Sahara est trop souvent envisagé dans sa seule expression géographique sans considération pour les civilisations d’autrefois (1), les mythes qu’il porte et son importance géostratégique depuis des siècles.
La France et le Sahara
La conquête du Sahara, longue et difficile, s’achève avec la prise de Tombouctou en 1894, mais jusqu’en 1935, cette domination reste fragilisée par des révoltes sporadiques. Pacifié et rattaché à l’Afrique du Nord et à l’Afrique noire, le Sahara a fait l’objet de remarquables études scientifiques (2) et d’un découpage administratif rattachant les territoires conquis, certains à l’Algérie, les autres à l’Afrique noire occidentale (AOF). Dès 1905, la rivalité avec l’Allemagne explique l’importance de l’Afrique pour la France (ressources minérales et agricoles, soldats, main-d’oeuvre).
L’Empire français déstabilisé
Après la défaite de juin 1940, Vichy garde l’Empire jusqu’en 1952, quand les Alliés font la conquête de l’Afrique du Nord qui devient une province française, mais sous tutelle américaine. En 1943, l’Empire se rallie au général de Gaulle, président du GPRF, installé à Alger, la capitale de la France libre. L’engagement efficace des troupes nord-africaines dans la guerre a renforcé le poids politique du GPRF. Pour garder à la France sa grandeur que lui procure l’Empire, de Gaulle va écraser les mouvements nationalistes au Levant, à Madagascar, en Indochine, au Maroc et en Algérie (Sétif), sans rétablir le statu quo antérieur.
La fin de l’Empire colonial français
Le remodelage de l’Empire commence avec la Conférence de Brazzaville (1944). La France maintient son autorité sur son Empire, mais accorde une large autonomie administrative aux différents États de l’AOF et AEF, l’Algérie restant toujours une province française.
La Constitution de 1946 crée l’Union Française avec une Assemblée éphémère et un Haut-Conseil fantôme. Les guerres coloniales et les crises de la IVe République accélèrent la décomposition de l’Empire. Après la perte de l’Indochine, du Maroc et de la Tunisie, le Parlement adopte en juin 1956 la Loi-Cadre qui faisait évoluer les territoires d’outre-mer (TOM) vers le self-government, avec la création d’assemblées territoriales élues au collège unique, de pouvoirs délibérants et d’un exécutif local embryonnaire.
Revenu au pouvoir en 1958, de Gaulle remplace l’Union Française par la Communauté. Elle offrait la possibilité pour les États africains d’évoluer vers l’indépendance. Madagascar et les quatre États de l’AEF (Congo, Gabon, République Centre Africaine, Tchad) et de l’AOF (Côte-d’Ivoire, Dahomey, Haute Volta, Niger) quittèrent la Communauté qui fut dissoute en 1960. Ces États, issus du découpage administratif colonial, formeront des États artificiels regroupant des populations différentes. C’est ainsi que les Touaregs furent, comme les Kurdes en Orient, répartis en cinq États. Fait aggravant, les dictateurs qui ces États, participent au pillage de l’Afrique par la France.
L’indépendance de l’Algérie
Dès 1958, de Gaulle prépare l’indépendance de l’Algérie, mais il veut garder le Sahara dont la mise en valeur s’effectue depuis 1950, avec la formation de deux zones d’organisation industrielle (ZOIA) aux confins algéro-marocains et algéro-tunisens ; (2) le Bureau de Recherche du Pétrole (BRP) et le Commissariat à l’énergie atomique ; l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) chargée de préparer et réaliser des programmes de développement dans les domaines les plus divers : énergie, minier, hydraulique, agricole et industriel ; le Ministère du Sahara (1959), administrant avec les départements de la Saoura et des Oasis, l’espace de l’OCRS (3).
L’importance économique et stratégique du Sahara pour la France explique l’âpreté des négociations menant aux accords d’Évian en 1962 qui confirment, dans l’Algérie devenue indépendante, le rôle des compagnies pétrolières françaises (jusqu’à la nationalisation de 1971), la poursuite d’expériences nucléaires (jusqu’en février 1966) et celle d’une activité spatiale (jusqu’en 1868).
Le Sahel sous haute tension
La délimitation des frontières du Sahara entre pays sur la base de l’héritage colonial a été une source de nombreux conflits ( entre le Maroc et l’Algérie en 1963, la Libye et le Tchad en 1981), de guerres tribales et d’insurrections touaregs. La décomposition accélérée de tous les États africains a transformé le Sahel en une zone grise incontrôlable, du fait de nombreux facteurs : une militarisation croissante ; une pression démographique accentuant les conflits existants (tensions ethniques, traditions tribales, liens familiaux) et les enjeux stratégiques contemporains sur les matières premières ; des luttes internes de pouvoir ; un trafic de migrants, d’armes, de cigarettes et de drogues créant une criminalisation économique réseaux mafieux de la drogue) qui a basculé vers une criminalisation politique, avec l’installation des groupes djihadistes : l’Aqmi, Ansar Eddine et Mudjao.
La chute de Khadafi a créé un tsunami dans tout le Sahel, en provoquant l’éclatement de la Libye en trois ensembles différenciés : la formation d’un véritable État berbère libyen à Tripoli(4), un État dominé par les Frères Musulmans à Benghazi et une entité autonome des Toubous au Fezzan.
Le détricotage de la Libye est important, car il consacre une coupure qui sera durable dans le monde arabe, entre le Maghreb et le Machrek ; ce qui ramène à celle qui existait entre l’Empire romain d’Occident et celui d’Orient.
Il a ensuite permis à de milliers de Touaregs surarmés de l’armée libyenne de s’organiser dans le MNLA, d’infliger une défaite à l’armée malienne du Nord, d’occuper les villes (Kidal, Gao, Tombouctou) et de proclamer l’indépendance de l’Azawad. Il s’agit d’un fait majeur qui remet en question les frontières héritées de la colonisation, redessine la carte du Sahel en déstabilisant ses États ? Y compris l’Algérie, dont le Sahara qui n’a jamais été rattaché à la Régence d’Alger, est un cadeau du colonisateur. Il alimente enfin l’inquiétude des firmes internationales, pour leurs investissements, comme la française d’Areva ou la chinoise CNPC.
La guerre du Mali
Une large coalition des groupes djihadistes, soutenue par le Qatar a expulsé le MNLA des grandes villes sans toutefois le détruire, car ses militants se sont installés dans le massif montagneux de l’Adrar des Ifoghas, en Libye, au Niger, au Tchad et en Mauritanie. Pour défendre les intérêts de la France en Afrique, François Hollande a fait le voyage d’Alger. Prudent avec l’histoire (la vérité, pas la repentance), il a préféré ouvrir "un nouvel âge" dans la relation franco-algérienne. La visite avait un large caractère économique, mais Hollande a surtout cherché à impliquer Bouteflika dans une lutte contre les islamistes et le maintien du Mali unifié (3).
Visite largement économique, mais aussi recherche d’un accord sur le Mali, Paris n’excluant pas de négocier avec les mouvements touaregs. Alger refusa et ce fut un échec. (Libération, 21/12). Devant l’effondrement de l’État malien et la marche des islamistes sur Bamako, Hollande a dû lancer, sans le soutien de l’Europe et des États-Unis, l’opération Serval.
En dix jours, toutes les villes ont été reprises, mais l’illusion fut grande de croire que la pacification du pays, car les islamistes se sont retirés des villes, mais pour mener comme à Gao, des opérations de commandos qui imposent à l’armée française d’intervenir, vu l’inconsistance de l’armée malienne. Par ailleurs, l’attaque des installations pétrolières d’In Amenas a fait monter la tension d’un cran en ouvrant une crise au sommet de l’État algérien, car les hydrocarbures représentent plus de 90% de ses exportations.
En consacrant une double page à "La question touareg, enjeu central de la guerre au Mali", Le Monde du 17/18 février a indiqué que l’unité du Mali semblait une mission impossible. Hollande espère vite se retirer en comptant sur l’intervention accrue de l’Algérie au Sahel pour défendre son pétrole, des forces armées africaines et celles de l’ONU, mais il sait que rien ne sera réglé et qu’il doit tirer un trait définitif sur la politique coloniale de la France en Afrique.
Et maintenant ?
Le MNLA qui a précisé ses positions (5) a proposé de coopérer avec la France et l’ONU pour chasser les islamistes du Sahel. Leur demande de former une Azawad très largement autonome a été rejetée par Bamako, pour le moment, car la France ne peut vaincre les islamistes et reconstruire l’État malien unifié.
Elle devrait aussi demander à Alger de négocier avec le MLNA, car elle n’a pas les moyens de défendre son réseau pétrolier et garantir les investissements des firmes internationales au Sahara. Certes, l’autonomie de l’Azawad sera suivie par la demande de tous les Touaregs à se constituer en nation souveraine, ce qui mettra fin à l’édifice édifié par la colonisation et par conséquent, l’abandon de la politique arabe de la France en Afrique et une révision des relations entre la France et l’Algérie, clé de voûte de son ex-Empire africain, entré maintenant dans l’oeil du cyclone de la vague amazigh qui s’étend dans l’Afrique du Nord et le Sahel.
Le 16 février 2013 diverses organisations Amazighs de France ont organisé à Paris une manifestation de soutien et de solidarité avec l’Azawad. L’Appel précisait que "le drame actuel des populations de l’Azawad et des Touaregs en particulier découle directement du découpage territorial arbitraire de cette ancienne colonie française. La responsabilité de la France est donc doublement engagée dans la création d’un État artificiel sans le respect pour les peuples et dans l’opération Serval si celle-ci outrepasse le strict objectif de débarrasser l’Azawad des islamo terroristes et autres bandes de narcotrafiquants". Le Président Hollande devrait entendre la voix de la sagesse.
Jacques Simon (historien)
Notes
1. La civilisation d’environ 4000-3000 ans AV. J.C, où l’art préhistorique témoigne de la vie avant le désert (Peintures du Tassali-n’Adjer) ; la présence romaine, du IIè A.V.J.C au Vè siècle puis l’islamisation à partir du VIIè siècle.
2. Gauthier (E.F). La conquête du Sahara, A. Colin 1910 ; Capot-Rey (H). Le Sahara français, PUF, 1963 Lhotte (H). Les Touaregs du Hoggar, Payot, 1955 ; Furon (R). Le Sahara (Géologie, ressources minérales), Payot, 1964.
3. Cornet (P). Sahara,terre de demain, Paris, 1956 ; Strasser (D). Réalités et promesses sahariennes, Paris, 1956 et surtout Treyer (C). Sahara 1956-1962, Les Belles Lettres, 1966.
4. "Tripoli sous la loi des "katibas", Valeurs Actuelles, 12 janv.2012 ; Arezki Metref Yennayer à Tripoli, Le Matin DZ, 13 fév. 2013.
5. "Déclaration d’indépendance de l’Azawad", Gao – 6 avril 2012

lundi 25 février 2013

‎"Dans la vie, chaque pas est un voyage, et le bout du monde, c'est là où l'horizon embrasse la mer et le désert. Le nomadisme est une liberté entre l'homme et sa propre vie



‎"Dans la vie, chaque pas est un voyage, et le bout du monde, c'est là où l'horizon embrasse la mer et le désert. Le nomadisme est une liberté entre l'homme et sa propre vie . Mon désert est celui de tous mes frères, sœurs et amis , c'est là où le ciel éclaire nos dunes et nos oueds avec ses milliers d'étoiles , c'est un espace de silence et de paix qui se fait rare de nos jours. Chaque soir je suis habité par l'inquiétude et la peur , concernant la détresse que vivent les miens, et je suis toujours à la recherche d'une étoile filante, mouvante , nomade, porteuse d'espoir qui pourrait animer mon idéal de paix que nous avons connu pu connaître parfois malgré les difficultés de la vie. " Anana Ag Haroun
"Dans la vie, chaque pas est un voyage, et le bout du monde, c'est là où l'horizon embrasse la mer et le désert. Le nomadisme est une liberté entre l'homme et sa propre vie . Mon désert est celui de tous mes frères, sœurs et amis , c'est là où le ciel éclaire nos dunes et nos oueds avec ses milliers d'étoiles , c'est un espace de silence et de paix qui se fait rare de nos jours. Chaque soir je suis habité par l'inquiétude et la peur , concernant la détresse que vivent les miens, et je suis toujours à la recherche d'une étoile filante, mouvante , nomade, porteuse d'espoir qui pourrait animer mon idéal de paix que nous avons connu pu connaître parfois malgré les difficultés de la vie. " Anana Ag Haroun