Plusieurs magasins supposés appartenir à "des Arabes", assimilés aux islamistes, ont
été pillés, mardi 29 janvier à Tombouctou, par une foule en colère. Des centaines de personnes ont attaqué des magasins tenus par ce qu’elles désignent comme "des Arabes", "des Algériens" ou encore "des Mauritaniens", accusés d'avoir soutenu les islamistes armés liés à Al-Qaïda dans la "ville aux 333 saints". Cette cité mythique du nord du Mali a été reprise lundi par les armées française et malienne, sans qu’elles n’aient besoin de combattre.
"Après cette 'libération', il y a eu une sorte de sentiment de ras-le-bol qui s'est déchaîné à l'intérieur de la ville et qui s'est abattu sur les quartiers 'arabes' de Tombouctou", rapporte Matthieu Mabin, envoyé spécial de FRANCE 24 au Mali. Et de rappeler : "Tombouctou est une ville cosmopolite avec un quartier 'arabe' qui passe, dans la conscience des citoyens, comme abritant des proches des groupes islamistes, ce qui est une analyse assez simpliste".
Timide intervention de l'armée malienne
Dans certaines boutiques, des munitions et des radios militaires ont été découvertes, a constaté l'AFP. Mais l'essentiel de la population était occupée à se saisir de tout ce qui traînait : télévisions, antennes satellite, nourriture, meubles, vaisselle... Certains se battaient pour la possession d'objets, d'autres défonçaient les portes métalliques verrouillant les échoppes, dont certaines ont été intégralement vidées en quelques minutes.
"Les scènes de pillage auxquelles nous avons assistées ont été timidement réprimées par les hommes de l'armée malienne qui sont ici en trop petit nombre car ils ont pour principale mission de sécuriser les abords de Tombouctou", observe Matthieu Mabin.
Human Rights Watch (HRW) a demandé, lundi, aux autorités maliennes de prendre "des mesures immédiates" pour "protéger tous les Maliens de représailles", évoquant "des risques élevés de tensions inter-ethniques" dans le Nord, où la rivalité est forte entre les minorités arabes et touareg - la plupart du temps assimilées à des islamistes - et les Noirs, majoritaires au Mali.
Le 28 janvier, Medhi Chebil, envoyé spécial de FRANCE 24 à Diabali, a récolté le témoignage d'un homme dont la barbe trop fournie lui a valu d'être molesté par un soldat de l'armée malienne pour "collaboration" avec les islamistes.
Près de 340 millions d’euros d’aide
À des centaines de kilomètres de là, à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), le Japon, les États-Unis et l’ONU participaient, mardi, à une conférence des donateurs qui a permis de lever 338,6 millions d’euros destinés aussi bien aux besoins militaires qu'humanitaires du Mali.
"La situation exige une réponse internationale rapide et efficace, car elle menace le Mali, la région, le continent et même au-delà", a estimé Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la commission de l’UA, dans la capitale éthiopienne.
Sur le terrain, quelque 3 500 soldats français et 1 900 soldats africains, notamment tchadiens et nigériens, sont déployés au côté de l'armée malienne. Au total, quelque 8 000 soldats africains sont attendus, mais ils n'arrivent qu'au compte-gouttes, leur déploiement étant ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique.
À Tombouctou, l'électricité comme le réseau téléphonique, saboté par les islamistes avant leur fuite, sont toujours coupés dans la ville, qui risque également des problèmes d'approvisionnement en eau puisque les pompes ne fonctionnent plus. La nourriture, par ailleurs, s'y fait rare, selon les habitants.
Vers une guérilla islamiste ?
Selon ces derniers, les djihadistes ont pris la fuite après les frappes aériennes françaises de ces derniers jours. Face aux moyens aéro-terrestres mis en œuvre (assaut commando sur l'aéroport de Gao, largage de parachutistes près de Tombouctou, progression par voie terrestre de colonnes de soldats français et maliens, frappes aériennes sur les dépôts d'armes et de carburant), ils ont refusé le combat frontal.
"Ils devraient basculer vers une tactique plus classique de guérilla, de harcèlement, d'attaques ponctuelles, avec des enlèvements, des attentats", juge Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l'Institut français des relations internationales (Ifri), interrogé par l’AFP.
Aussi, les villes qui viennent d'être reprises et dont la sécurisation pourrait prendre du temps et mobiliser un nombre conséquent de soldats pourraient-elles constituer des cibles de choix. "Après avoir libéré les villes, il faut les tenir. Ça veut dire ‘checkpoints’, ça veut dire contrôles, ça veut dire aussi risque de kamikaze ou d'attentat-suicide", selon Dominique Thomas, de l'Institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman (IISMM), également interrogé par l'AFP.
De nombreux témoignages font état d'un repli des chefs les plus connus, Iyad Ag Ghaly, pour Ansar Dine, et l'Algérien Abou Zeid pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans les montagnes de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne.
Pour les spécialistes, une dissémination du danger djihadiste dans la région laisse craindre des opérations terroristes d’envergure. Les unités combattantes (katibas) d'Aqmi et de ses alliés ont prouvé de longue date leurs capacités à monter des opérations coups de poing dans la région, dont la plus spectaculaire et la plus récente est la prise d'otages massive sur le site gazier d'In Amenas, dans le Sahara algérien, du 16 au 19 janvier.
FRANCE 24 avec dépêches
"Après cette 'libération', il y a eu une sorte de sentiment de ras-le-bol qui s'est déchaîné à l'intérieur de la ville et qui s'est abattu sur les quartiers 'arabes' de Tombouctou", rapporte Matthieu Mabin, envoyé spécial de FRANCE 24 au Mali. Et de rappeler : "Tombouctou est une ville cosmopolite avec un quartier 'arabe' qui passe, dans la conscience des citoyens, comme abritant des proches des groupes islamistes, ce qui est une analyse assez simpliste".
Timide intervention de l'armée malienne
Dans certaines boutiques, des munitions et des radios militaires ont été découvertes, a constaté l'AFP. Mais l'essentiel de la population était occupée à se saisir de tout ce qui traînait : télévisions, antennes satellite, nourriture, meubles, vaisselle... Certains se battaient pour la possession d'objets, d'autres défonçaient les portes métalliques verrouillant les échoppes, dont certaines ont été intégralement vidées en quelques minutes.
"Les scènes de pillage auxquelles nous avons assistées ont été timidement réprimées par les hommes de l'armée malienne qui sont ici en trop petit nombre car ils ont pour principale mission de sécuriser les abords de Tombouctou", observe Matthieu Mabin.
Human Rights Watch (HRW) a demandé, lundi, aux autorités maliennes de prendre "des mesures immédiates" pour "protéger tous les Maliens de représailles", évoquant "des risques élevés de tensions inter-ethniques" dans le Nord, où la rivalité est forte entre les minorités arabes et touareg - la plupart du temps assimilées à des islamistes - et les Noirs, majoritaires au Mali.
Le 28 janvier, Medhi Chebil, envoyé spécial de FRANCE 24 à Diabali, a récolté le témoignage d'un homme dont la barbe trop fournie lui a valu d'être molesté par un soldat de l'armée malienne pour "collaboration" avec les islamistes.
Près de 340 millions d’euros d’aide
À des centaines de kilomètres de là, à Addis-Abeba, en Éthiopie, l’Union africaine (UA), l’Union européenne (UE), le Japon, les États-Unis et l’ONU participaient, mardi, à une conférence des donateurs qui a permis de lever 338,6 millions d’euros destinés aussi bien aux besoins militaires qu'humanitaires du Mali.
Sur le terrain, quelque 3 500 soldats français et 1 900 soldats africains, notamment tchadiens et nigériens, sont déployés au côté de l'armée malienne. Au total, quelque 8 000 soldats africains sont attendus, mais ils n'arrivent qu'au compte-gouttes, leur déploiement étant ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique.
À Tombouctou, l'électricité comme le réseau téléphonique, saboté par les islamistes avant leur fuite, sont toujours coupés dans la ville, qui risque également des problèmes d'approvisionnement en eau puisque les pompes ne fonctionnent plus. La nourriture, par ailleurs, s'y fait rare, selon les habitants.
Vers une guérilla islamiste ?
Selon ces derniers, les djihadistes ont pris la fuite après les frappes aériennes françaises de ces derniers jours. Face aux moyens aéro-terrestres mis en œuvre (assaut commando sur l'aéroport de Gao, largage de parachutistes près de Tombouctou, progression par voie terrestre de colonnes de soldats français et maliens, frappes aériennes sur les dépôts d'armes et de carburant), ils ont refusé le combat frontal.
"Ils devraient basculer vers une tactique plus classique de guérilla, de harcèlement, d'attaques ponctuelles, avec des enlèvements, des attentats", juge Alain Antil, responsable du programme Afrique subsaharienne à l'Institut français des relations internationales (Ifri), interrogé par l’AFP.
Aussi, les villes qui viennent d'être reprises et dont la sécurisation pourrait prendre du temps et mobiliser un nombre conséquent de soldats pourraient-elles constituer des cibles de choix. "Après avoir libéré les villes, il faut les tenir. Ça veut dire ‘checkpoints’, ça veut dire contrôles, ça veut dire aussi risque de kamikaze ou d'attentat-suicide", selon Dominique Thomas, de l'Institut d'études de l'islam et des sociétés du monde musulman (IISMM), également interrogé par l'AFP.
De nombreux témoignages font état d'un repli des chefs les plus connus, Iyad Ag Ghaly, pour Ansar Dine, et l'Algérien Abou Zeid pour Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), dans les montagnes de Kidal, à 1 500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne.
Pour les spécialistes, une dissémination du danger djihadiste dans la région laisse craindre des opérations terroristes d’envergure. Les unités combattantes (katibas) d'Aqmi et de ses alliés ont prouvé de longue date leurs capacités à monter des opérations coups de poing dans la région, dont la plus spectaculaire et la plus récente est la prise d'otages massive sur le site gazier d'In Amenas, dans le Sahara algérien, du 16 au 19 janvier.
FRANCE 24 avec dépêches