vendredi 15 juin 2012


MALI - 
Article publié le : vendredi 15 juin 2012 - Dernière modification le : vendredi 15 juin 2012

Mali: un avion de reconnaissance inquiète les islamistes de Tombouctou

Un membre d'Ansar Dine près de Tombouctou, le 24 avril 2012.
Un membre d'Ansar Dine près de Tombouctou, le 24 avril 2012.
AFP PHOTO / ROMARIC OLLO HIEN

Par RFI
À Tombouctou, les islamistes qui tiennent la ville ont tiré des coups de feu en l'air jeudi matin. Ils répliquaient contre le survol de la ville par un avion. Selon des responsables d'Aqmi, il s'agit d'avions de reconnaissance occidentaux. L'organisation promet de répliquer en cas d'intervention militaire d'une force internationale.

Il était tôt jeudi matin lorsque les habitants de Tombouctou ont entendu des rafales de tirs. Elles étaient dirigées vers le ciel, où un avion survolait depuis plusieurs minutes la ville sainte. L'appareil est reparti sans dommages.
Dans la matinée, Radio Bouctou, la radio locale de la ville aujourd'hui aux mains des salafistes, a diffusé un message pour rassurer les populations. Ce sont les avions qui étaient visés, leur a-t-elle déclaré. Selon plusieurs habitants de Tombouctou, c'est la première fois que les islamistes répliquent à de tels survols. « Depuis un mois, c'est au moins la troisième ou quatrième fois que des avions passent au petit matin. Mais c'est la première fois qu'on a les a vus tirer sur des avions », raconte un habitant.
Pour les hommes d'Aqmi, il n'y a aucun doute : ces avions sont des appareils de reconnaissance au profit d'une force militaire étrangère. Oumar Ould Hamaha est le second du chef d'Aqmi, Moktar Bel Moktar. C'est un un homme important dans la nébuleuse al-Qaïda au Mali.
Pour lui, cette provocation ne restera pas sans réponse. « Nous savons que ce sont des avions espions. Ce sont des avions qui sont en train de photographier. Dites-leur que nous sommes sur le terrain et nous les attendons. On est venu pour défendre l'islam et on va combattre jusqu'au dernier degré », prévient Oumar Ould Hamaha.
La menace s'adresse à la communauté internationale. Elle a déjà fait part de sa disponibilité à soutenir ses partenaires africains dans la mise en place d'une éventuelle intervention armée contre les islamistes au Mali.
TAGS: AQMI - MALI
FICHE PAYS :

jeudi 14 juin 2012


MALI / UA / ONU - 
Article publié le : jeudi 14 juin 2012 - Dernière modification le : jeudi 14 juin 2012

Mali: le Conseil de sécurité réservé quant à une intervention militaire

L'Union africaine, par la voix de son président Jean Ping, demande l'envoi de troupes au Mali sous mandat de l'ONU
L'Union africaine, par la voix de son président Jean Ping, demande l'envoi de troupes au Mali sous mandat de l'ONU
Reuters/Joe Penney

Par RFI
L’Union africaine demande au Conseil de sécurité de l'ONU de soutenir une intervention militaire au Mali. Le sujet était discuté ce mercredi 13 juin à New York entre les deux organisations. Mais pour l’instant, le Conseil de sécurité est encore très prudent car il juge que la feuille de route présentée par l'Union africaine et la Cédéao n'est pas assez claire. Une nouvelle réunion est prévue vendredi 15 juin à New York.

Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
Le Conseil de sécurité a pris quelques distances avec la demande de l’Union africaine d’envoyer des troupes au Mali sous mandat de l’ONU. Les membres du Conseil n’excluent pas une intervention militaire, mais ils jugent que l’UA et la Cédéao n’ont pas présenté une feuille de route suffisamment claire sur leurs intentions.
Le Conseil veut par exemple voir élaborer un plan politique après une éventuelle intervention. Les Etats-Unis ont également suggéré d’appliquer des sanctions avant une opération militaire.
Si des troupes sont envoyées, s’agira-t-il d’une invasion militaire ou plus simplement d’un appui aux forces de sécurité maliennes ? Combien de soldats seront mobilisés au Mali et pour quel coût ? À toutes ces questions, le Conseil de sécurité attend encore des réponses.

Alger, Paris, New York : le dossier malien est sur la table dans de nombreux pays
Avec notre correspondant à Bamako
Dans la capitale algérienne où il achève sa visite [entamée le mardi 12 juin, Ndr], le Premier ministre malien se dit « très satisfait ». Cheik Modibo Diarra était accompagné du ministre malien de la Défense, et la situation dans le nord du Mali a été évoquée. Contre toute atteinte à l’intégrité territoriale de son voisin malien, Alger abat de plus en plus ses cartes pour privilégier une solution sous-régionale, au conflit dans le septentrion malien.
Mais à son arrivée à Paris ce jeudi 14 juin, le Premier ministre malien va très probablement entendre un autre son de cloche : la France soutiendrait volontiers une opération militaires de la Cédéao, sous l’égide de l’ONU, dans le nord du Mali. Ensuite, Cheik Modibo Diarra rencontrera longuement Dioncounda Traoré, le président de la transition malienne, en séjour médical dans la capitale française.
Mais dès vendredi 15 juin, les regards seront tournés vers New York où le dossier Mali sera étudié à la loupe. 
TAGS: CÉDÉAO - MALI - ONU - UNION AFRICAINE
FICHE PAYS :

Non à l'agression des Touaregs de l'Azawad
Pétition pour dénoncer l’alliance internationale contre les Touaregs
mercredi 13 juin 2012
par Masin
Face à l’unanimité d’une communauté internationale qui complote afin de mater la résistance touarègue, Imazighen à travers le monde ainsi que tous ceux qui sont épris de justice et de liberté ne peuvent rester indifférents. Il n’est pas possible de rester spectateur d’une intervention militaire dans l’Azawad sous couvert des Nations Unies. Notamment lorsqu’on sait que cette guerre est totalement injuste ! Ce n’est pas en faisant la guerre aux Touaregs qu’on pourra combattre AQMI.
C’est pourquoi une mobilisation internationale contre cette injustice est plus que nécessaire. Nous publions ci-après une pétition lancée par Tamazgha qui dit "Non à l’intervention militaire dans l’Azawad" et qui plaide pour le respect du droit à l’autodétermination du peuple touareg.


Photo : Ferhat Bouda

Non à l’intervention militaire dans l’Azawad
Pour le respect du droit à l’autodétermination du peuple touareg

Nous, signataires de cette pétition, suivons attentivement les luttes démocratiques et laïques menées par les Touaregs de l’Azawad (ex Nord du Mali). Nous sommes inquiets des évolutions récentes dans l’Azawad et tenons à mettre en garde la communauté internationale, et en particulier la France (membre du Conseil de Sécurité des Nations-Unies) et l’Union Africaine (initiateur du funeste projet d’intervention militaire), quant à une éventuelle intervention militaire dans l’Azawad. Que l’ONU et l’UA apportent la paix et le respect du Droit des peuples à l’autodétermination (Charte des Nations-Unies) !

De l’Azawad

Commençons par un chiffre effarant.
Depuis son indépendance, le Mali a vu sa population doublée (elle est passée de 7 à 14 millions d’habitants) ; tandis que la population de l’Azawad a dramatiquement stagné à 500 000 habitants. Cette donnée froide montre à elle seule, la politique génocidaire de Bamako envers une partie de la population de ce pays.
Les revendications ancestrales d’autodétermination des populations de l’Azawad ont été moult fois démontrées et appuyées par la population de l’Azawad (en 1958 et en 1991 par exemple).
De bonne composition, les Touaregs ont invariablement montré leurs bonnes volontés en vue d’une solution négociée et pacifique, mais rien n’y fit.
La précédente révolte de 1991 s’est conclue en 1993 par l’engagement de l’Etat du Mali à une reconnaissance d’une large autonomie de l’Azawad appuyée par la mise en place d’un plan de développement du Sahel. Ces accords dits d’Alger (1993) n’ont pas été suivis de faits.
Cela fait dix-neuf ans que la situation se dégrade dramatiquement.
Les Touaregs reprirent la lutte armée le 17 janvier dernier, libérèrent l’Azawad et proclamèrent l’indépendance du pays le 6 avril 2012.
Cette proclamation d’indépendance de l’Azawad n’a malheureusement pas été entérinée par la France. Nous le déplorons mais espérons que le gouvernement français issu de la nouvelle majorité présidentielle reconsidère la position de la France.

De la situation et des forces en présence en Azawad.

Que recherchent les Touaregs ?
Les populations locales aspirent à vivre dignement et sans tutelle aucune. Elles veulent prendre en main leur destinée, et leurs dirigeants ont maintes fois affirmé être disposés à des entreprenariats politiques et économiques avec les pays démocratiques, en particulier la France, notre pays. Malheureusement il nous semble que la France se recroqueville sur son passé éculé et colonial.
Quels sont leurs soutiens ?
Ils viennent essentiellement de la communauté berbère dont Tamazgha est l’un des relais les plus importants.
En Afrique du Nord le soutien s’est ouvertement affirmé par de grandes manifestations en Kabylie et à Casablanca. Les Berbères libyens n’ont pas été en reste. En Europe, le gouvernement Catalan est saisi pour la reconnaisse officielle de l’Azawad.
Quels sont les obstacles internes ?
Ils se résument en deux points :
- Les intérêts des narco-trafiquants dont bénéficie la nomenclature de l’armée malienne. - Et depuis peu la menace islamiste et notamment Ansar Dine largement aidée par le pan-jihadisme international.
Quels sont les obstacles externes ?
- Il y a d’abord la nouvelle junte malienne qui rappelle les sombres années staliniennes. - Ensuite, il y a la Cédéao largement influencée par des politiques de type « Françafrique » - Enfin, il y a Alger dont certains milieux rejettent la question d’un Etat berbère voisin.

Qu’a la France à gagner en aidant les Touaregs ?

Tout !
- Politiquement d’abord : elle pourra se repositionner dans la région avec ses valeurs laïques et démocratiques assumées du reste par le peuple et l’élite Touaregs. - Économiquement ensuite : les partenariats ne sauront qu’être fructifiant entre entités libres et stables. Une communauté de valeurs démocratiques et d’intérêts économiques pourra être mise en place.
Aujourd’hui cette région du monde est bloquée faute d’un soutien franc et tranchant de la part de la France. Les Touaregs laïcs et démocrates sont majoritaires en Azawad. Aidons-les à parachever ce premier pays libre, laïc et démocratique de l’Afrique du Nord.

Irrévocablement pour la paix et le droit à l’autodétermination !
Nous sommes tous des Touaregs !

Paris, le 13 juin 2012.




Pour signer la pétition adressez nous, à tamazgha.paris@gmail.com, les éléments suivants :

Nom, prénoms, Profession (fonction), Ville et pays de résidence, éventuellement un numéro de téléphone (facultatif).

Vous pouvez également utiliser le formulaire en ligne ci-dessous.

Inutile de nous communiquer des pseudonymes !


Descriptif :
Non à l’intervention militaire dans l’Azawad Pour le respect du droit à l’autodétermination du peuple touareg

mercredi 13 juin 2012


L’uranium, ciment de la relation franco-nigérienne

Frédéric Powelton-Sahel Intelligence
Parallèlement à la crise au Mali qui a constitué le gros des discussions entre les présidents français et nigérien lors de leur rencontre le 11 juin à Paris, la question de l’exploitation de l’uranium au Niger a également été évoquée par François Hollande et Mahamadou Issoufou.
Le chef d’Etat français a défendu les intérêts d’Areva, prônant même une accélération de l’agenda d’exploitation de la mine géante d’uranium d’Imouraren, bien avant la date fixée initialement à 2014 entre le groupe nucléaire français et le Niger. L’exploitation de l’uranium est une activité essentielle, voire vitale pour les deux parties. Pour le Niger, l’uranium représente 60% des exportations du pays, alors qu’il constitue 40% des approvisionnements de la compagnie française. Actuellement, l’uranium exploité par Areva provient de deux mines dans la région d’Arlit. Mais elles ne seraient exploitables que pour une période estimée entre dix à vingt ans. C’est pour anticiper une pénurie d’approvisionnement, aux répercussions catastrophiques pour son activité, qu’Areva a acquis en 2008 les droits d’exploitation de la mine géante d’Imouraren. L’ampleur de l’investissement que le groupe nucléaire français envisage d’y injecter illustre l’intérêt qu’il porte au projet. Areva compte investir près de 1.5 milliard de dollars dans ce qui serait la deuxième plus grande mine d’uranium du monde, avec une production estimée à 5 000 tonnes par an. L’exploitation de cette mine porterait la production annuelle d’uranium du Niger de 3 000 à 8 000 tonnes, ce qui permettrait de hisser le pays du 6ème au 2ème rang mondial des producteurs, juste après le Kazakhstan.
L’uranium promet donc de rester le ciment de la relation future entre Paris et Niamey, comme cela l’a toujours été avec les prédécesseurs de François Hollande. Cette relation a pourtant été mise à mal au moment de la renégociation des conventions minières. Pour essayer de briser le monopole d’Areva, Niamey avait accordé une centaine de permis de recherches à des compagnies chinoises, canadiennes, indiennes, sud-africaines et anglo-australiennes. Areva s’est alors vu obligée de consentir une hausse de 50% du prix de l’uranium payé au gouvernement nigérien.


Mali – Bilal Ag Achérif (MNLA) : « Ansar Eddine peut obtenir qu’Aqmi quitte l’Azawad »

 Baba Ahmed, envoyé spécial à Gao
L’ex-secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touarègue), Bilal Ag Achérif est depuis le 7 juin président du nouveau Conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA). Il s’est fixé au Mali en août 2010, après de nombreux allers et retours entre la région de Kidal et la Libye, où il a obtenu une maîtrise en économie. Âgé de 35 ans, parlant parfaitement l’arabe et l’anglais, l’enfant de l’Adagh (région montagneuse de Kidal) nous a reçu longuement dans son bureau de l’ancien gouvernorat de la ville de Gao. Interview.
Jeune Afrique : Pourquoi le protocole d’accord signé le 26 mai entre le MNLA et Ansar Eddine a-t-il fait long feu ?
Bilal Ag Achérif : Les deux groupes ont signé cet accord dans le but d’officialiser leurs relations car nous avons chassé ensemble l’armée malienne de l’Azawad, nous nous sommes coordonné avant même le 17 janvier [début des attaques de la rébellion, NDLR]. L’accord du 26 mai a été signé pour notre intérêt commun et la sécurité de l’Azawad. Mais on s’est vite rendu compte que certains leaders ne l’ont pas bien compris. Le manque de communication a laissé certains cadres croire que nous étions tombés dans le terrorisme ou le salafisme. Mais le dialogue continue, et l’accord reste d’actualité.
Si les discussions continuent, pourquoi n’y a-t-il pas de membres d’Ansar Eddine dans votre conseil transitoire ?
Ansar Eddine n’a pas voulu participer car, après la signature de l’accord, il y a eu des divergences sur le calendrier des activités. Iyad Ag Ghali [chef d’Ansar Eddine, NDLR], avec qui nous avons défini les axes de notre future Constitution, voulait commencer tout de suite par élaborer son texte. Mais selon nous, cela aurait fait perdre du temps. Il faut d’abord former ce conseil transitoire de l’État de l’Azawad (CTEA), et c’est lui qui mènera les discussions avec les médiateurs, tout en élaborant la Constitution.
Sur quels principes sera basé cette Constitution ?
Notre Constitution sera basée sur le Coran ainsi que sur d’autres principes issus des traités internationaux qui ne vont pas à l’encontre de l’islam.
Elle sera basée sur le Coran tel qu’interprété par l’imam Malick ainsi que sur d’autres principes issus des traités internationaux qui ne vont pas à l’encontre de la religion. Le peuple de l’Azawad est musulman à 100%, et c’est un islam modéré. Les gens ont toujours réglé leurs problèmes chez les imams et les cadis de la ville avant d’aller à la police ou devant la justice du Mali. Nous avons juste officialisé sur le papier la réalité des Azawadiens. Donc nous ne sommes pas laïques ni extrémistes mais modérés. Le mot « laïque » n’a jamais été écrit dans aucun document officiel du MNLA. Ceux qui disent que l’Azawad est laïque ne connaissent pas la réalité du terrain.
Bilal Ag Achérif dans son bureau de Gao, au Nord-Mali.
Bilal Ag Achérif dans son bureau de Gao, au Nord-Mali. © Baba Ahmed, pour J.A.
Des combattants vous ont abandonné pour rejoindre Ansar Eddine. Cela ne risque-t-il pas de vous affaiblir ?
Certains combattants du MNLA ont rejoint Ansar Eddine et vice-versa. D’ailleurs, à Tombouctou, certains de nos hommes qui étaient partis sont revenus le lendemain de la signature de l’accord du 26 mai, grâce au rapprochement entre les deux groupes. Ces mouvements de personnes ne nous font pas peur car Ansar Eddine, le MNLA, le Mujao [Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest, NDLR] et le FNLA [Front national de libération de l'Azawad, NDLR] sont tous de l’Azawad et aiment leur patrie.
Combien de combattants appartiennent au MNLA ?
Nous les estimons à 10 000. Ce chiffre comprend les volontaires, ceux qui sont actuellement en formation et les combattants aguerris.
Est-ce que le MNLA est d’accord pour négocier une fédération au sein du Mali ?
Pourquoi ? Le MNLA a chassé le Mali de l’Azawad, que nous considérons désormais comme indépendant. Depuis 50 ans, le Mali n’a pas fait un hôpital digne de son nom ni de routes bitumées, aucune université, donc pourquoi voulez-vous qu’on soit encore avec le Mali ?
Est-ce que vous êtes en contact avec le gouvernement malien ?
Nous n’avons aucun contact direct avec le gouvernement malien, car nous ne sommes pas de la même famille. C’est un conflit régional et international, nous passons par des pays médiateurs.
Quels sont les pays qui vous soutiennent ?
Les pays suivent leurs intérêts. Aujourd’hui, l’intérêt des pays voisins réside dans la sécurité et la stabilité de l’Azawad. Depuis 50 ans, le Mali a échoué sur ces deux plans. Les puissances mondiales comme la France et d’autres ne sont pas contre notre indépendance, et leurs déclarations hostiles ont été dictées par des considérations politiques.
Nous sommes en guerre avec le Mali car ce pays n’a pas encore déclaré le cessez-le-feu demandé par l’ONU.
Est-ce que le MNLA est prêt à combattre Aqmi ?
Nous sommes en guerre avec le Mali car ce pays n’a pas encore déclaré le cessez-le-feu demandé par l’ONU. Notre priorité aujourd’hui, c’est d’avoir une politique claire vis-à-vis du Mali et de la communauté internationale. Ensuite, il s’agira de régler le problème de la sécurité et de la stabilité de l’Azawad. Nous prendrons alors part aux combats régionaux et internationaux, et Aqmi est un problème international.
Votre allié, Ansar Eddine, ne cache pas sa proximité avec Aqmi. Cela ne vous pose-t-il pas un problème ?
Certains combattants d’Aqmi, notamment des jeunes chômeurs, ont été enrôlés par Aqmi. Je pense qu’Ansar Eddine peut obtenir d’Aqmi qu’il quitte l’Azawad, car sa présence nuit à nos intérêts. Ansar Eddine a compris cela. Mais Aqmi ne nous fait pas peur.
Si l’ONU envoie une force militaire au Nord-Mali, est-ce que le MNLA fera appel à Ansar Eddine et Aqmi pour la repousser ?
Le MNLA accepte Ansar Eddine à ses côtés, pas Aqmi. Et si Ansar Eddine fait appel à Aqmi, c’est son problème. Et c’est aussi celui des gens qui ont laissé ce groupe venir s’installer ici, qui lui ont donné de l’argent [sous forme de rançons pour la libération d'otages, NDLR]. C’est comme cela qu’Aqmi est devenu puissant.
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Propos recueillis par Baba Ahmed, envoyé spécial à Gao

Nouvel accrochage entre Touareg et islamistes dans le nord du Mali

Le Monde.fr avec Reuters | 
Des rebelles islamistes de Ançar Eddine, ici près de la ville de Tombouctou, dans le nord du Mali, en avril 2012.
Des échanges de coups de feu ont opposé, mercredi 13 juin, des Touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) aux islamistes près de Tombouctou, dans le nord du Mali, ont rapporté des témoins et des habitants.
Un élu local a indiqué que l’accrochage avait eu lieu aux alentours de Tombouctou, sur la route de Goundam, où des islamistes d’Ançar Eddine ont tenté de stopperdes hommes armés du MNLA circulant dans un véhicule. « Il y a eu des échanges de tirs et les blessés ont été transférés à l’hôpital », a déclaré El Hadj Baba Haidara par téléphone à Reuters. « Des rumeurs font état d’un mort dans les rangs du MNLA mais ce n’est pas confirmé », a-t-il ajouté.
TENSIONS ACCRUES
Le porte-parole du MNLA, Attaye Ag Mohamed, a imputé la fusillade au groupe proche d’Al-Qaida, soulignant que l’accrochage avait été bref. « Des membres d’Al-Qaida ont empêché nos véhicules d’entrer dans la ville. C’est un incident mineur », a-t-il dit, sans fournir de bilan détaillé.
D’après un habitant, qui a préféré ne pas être nommé, cet affrontement survient après plusieurs tentatives des combattants d’Ançar Eddine de désarmer les membres du MNLA, dont la principale position est l’aéroport. « Le MNLA ne s’entend pas avec Ançar Eddine (…) Ça fait une semaine que c’est très tendu », a-t-il dit. Le 8 juin, des combattants du MNLA et du groupe islamiste Ançar Eddine s’étaient déjà affrontés à une vingtaine de kilomètres de Kidal.
UN PROJET DE FUSION JAMAIS FINALISÉ
Dans la foulée du coup d’Etat militaire du 22 mars qui a chassé du pouvoir le président Amadou Toumani Touré, le MNLA et les milices islamistes se sont emparés de plusieurs villes du nord du pays, parmi lesquelles Tombouctou, Kidal et Gao.
A la fin du mois de mai, les rebelles touareg et l’organisation islamiste avaient accepté d’unir leurs forces et de créer un Etat islamique indépendant dans le nord du MaliMais le projet de fusion n’a jamais été finalisé en raison notamment d’un différend concernant l’application de la charia, la loi coranique.

Mali : la prochaine guerre


Le Point.fr - Publié le 13/06/2012 à 18:51 - Modifié le 13/06/2012 à 19:17

Le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait rapidement donner son aval à une intervention militaire africaine dans le nord du Mali.

Abdelmalek Droukdel, alias Abu Musab Abdul Wadud, chef d'Aqmi, sème la terreur au nord du Mali.
Abdelmalek Droukdel, alias Abu Musab Abdul Wadud, chef d'Aqmi, sème la terreur au nord du Mali. © Al-Andalus / AFP
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Pendant que le Conseil de sécurité de l'ONU n'arrive pas à s'entendre sur le dossier syrien, il pourrait dans le même temps décider rapidement d'une intervention au Mali. Inquiet de l'installation de "troupes terroristes" dans le nord du pays, François Hollande a garanti, lundi, le soutien de la France à une opération militaire de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), sous l'égide de l'ONU. "Si une intervention est décidée, c'est aux Africains de la mener, la France comme d'autres puissances se mettant au service des Nations unies", a précisé le président français. 
"François Hollande se montre particulièrement prudent sur la question", note Antoine Glaser (1). "L'Algérie, principal partenaire dans la région, ne veut pas entendre parler de forces françaises à ses frontières, d'autant plus que la constitution algérienne lui interdit d'intervenir chez ses voisins", ajoute le spécialiste de l'Afrique. On se souvient, de la même manière, que l'Union africaine s'était fermement opposée à une action de l'Otan en Libye, avec le résultat que l'on connaît. Mais dans le cas du Sahel, l'adversaire comme le terrain demeurent autrement plus instables. 

L'enfer du Sahara

Dans l'enfer du Sahara, un soutien international, tout du moins logistique, paraît indispensable. "Les moyens de la Cedeao ne sont pas appropriés à la région, au niveau tant matériel que financier", explique Pierre Jacquemot, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). "Agir au Sahara suppose des moyens aériens, de petits équipements rapides au sol ainsi que des soldats aguerris : tout ce dont une armée africaine classique n'est pas dotée", ajoute le spécialiste de l'Afrique subsaharienne. Une intervention africaine pourrait-elle dès lors ouvrir le chemin à un envoi futur de casques bleus ? Une hypothèse "crédible en cas de besoin", juge le journaliste Serge Daniel (2). Un scénario qu'écarte de son côté Pierre Jacquemot, "étant donné les difficultés que connaît déjà l'ONU enCôte d'Ivoire (Onuci), où sept casques bleus ont été abattus vendredi dans une embuscade.
Une fois et demie plus grand que la France, pour une densité de population qui ne dépasse pas 1,2 habitant par kilomètre carré, le nord du Mali est historiquement revendiqué par le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), un groupe touareg musulman - mais laïque -, qui lutte depuis cinquante ans pour arracher à Bamako l'indépendance de la région. "Il a été aidé dans ce sens par l'ex-gouvernement français de Nicolas Sarkozy, notamment pour contrer les ambitions du groupe touareg islamiste d'Ansar Dine (Défenseur de l'islam, en arabe, NDLR)", indique Antoine Glaser. Ce dernier mouvement, proche d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), prône l'instauration de la charia.

État islamique

Or ces deux groupes touaregs, aux ambitions pourtant divergentes, se sont alliés au début de l'année dans leur lutte contre l'armée malienne. Leur percée explique en partie le coup d'État militaire du 22 mars dernier, qui a mis fin à dix ans de règne d'Amadou Toumani Touré. Les putschistes reprochaient notamment au président malien de ne pas assez oeuvrer pour remédier au chaos dans le nord du pays, qui a entraîné, selon l'ONU, la fuite d'au moins 126 400 Maliens à l'étranger depuis janvier dernier. 
Or, bien loin de freiner l'avancée des rebelles, la faiblesse du nouveau pouvoir s'est révélée contre-productive. Privée de tout commandement, l'armée malienne n'a pu contenir les assauts touaregs, qui se sont emparés de Tombouctou, Gao et Kidal, les trois grandes villes du nord. Et coup de théâtre, le 27 mai dernier, les frères ennemis, le MNLA et Ansar Dine, ont annoncé leur fusion et proclamé la création de l'État islamique de l'Azawad. Une déclaration par la suite démentie par plusieurs ailes au sein du MNLA, faisant apparaître d'importantes dissensions sur l'application "pure et dure" de la charia.

Les erreurs afghanes

"On ne peut avoir de vraie collusion entre les deux tendances", estime Pierre Jacquemot. "Les touaregs du MNLA n'accepteront jamais un État islamique sur leurs terres de Tombouctou, ni à Gao", insiste le chercheur. Problème, selon le journaliste Serge Daniel, les forces du MLNA seraient pratiquement absentes sur le terrain face à Ansar Dine, allié à Aqmi. Prônant le djihad en Afrique de l'Ouest, la branche régionale d'al-Qaida aurait récemment enregistré l'arrivée de combattants venus tout droit d'Afghanistan et du Pakistan. "Aqmi a trouvé dans les pays pauvres du Sahel son nouveau fief", affirme Antoine Glaser. "Une planque parfaite", ajoute Serge Daniel. 
L'organisation vit aujourd'hui principalement du trafic de drogue ainsi que de rapts de civils occidentaux, dont les six otages français toujours retenus au Sahel. Aqmi s'appuierait également sur des combattants binationaux, selon Serge Daniel, formés à perpétrer des attaques directement en France. À l'instar de l'Afghanistan, où les talibans avaient été armés par les États-Unis contre les Soviétiques, les djihadistes bénéficieraient de l'aide bien involontaire de l'Occident. "La chute de Kadhafi a provoqué la dispersion d'armement sophistiqué dans le nord du Mali, note Antoine Glaser. Nombre de touaregs travaillaient pour les forces de sécurité libyennes, qui leur assuraient un financement correct. Aujourd'hui, on les retrouve dans les rangs de la rébellion." 
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Par 
(1) Antoine Glaser, spécialiste de l'Afrique, coauteur de Sarko en Afrique, avec Stephen Smith (éditions Plon)
(2) Serge Daniel, correspondant de l'AFP à Bamako, auteur de Aqmi, l'industrie de l'enlèvement(éditions Fayard)
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