jeudi 12 avril 2012

Jeudi 12/04/2012




MASININSSA I.

Aux


AMAZIGH
IMUHAGH


Appel et mobilisation sans tarder de tous les AMAZIGH du monde ou qu'ils se trouvent pour la défense de l'AZAWAD


Aux Amazigh du Niger,de l’Algérie,de la Tunisie,du Maroc,de la Libye des îles Canaries,du Burkina Fasso,de la Mauritanie,de l'Egypte,du Mali:chères freres et soeurs;aujourd'hui l'AZAWAD,terre de vos ancêtres est Indépendant depuis le vendredi 6 avril 2012 grâce aux efforts de certains de vos frères et soeurs du MNLA.
Pour pérenniser cette indépendance et la rendre effective et pleine de promesses  d' un avenir radieux pour tous les Amazigh il vous faut un sursaut collectif et un engagement sans failles afin de la préserver,la défendre et la sécuriser contre vents et marées.
Chères parents amazigh;l'heure est historique pour notre peuple qui vient à l'aube du XXI ème siècle marquer un tournant décisif dans sa longue marche vers la liberté et la démocratie.
Le 06 avril 2012 restera une date inoubliable,gravé dans nos mémoires et pleine de promesses pour notre peuple éprit de justice et de liberté.C'est la  première fois depuis des siècles d’errances,d'exils,de désespoirs,et d'acculturation féroce menés par les différents états prédateurs des nos terres et de notre avenir que l’étincelle de la libération jaillit dans nos coeurs et nos consciences meurtries et cela sur notre berceau historique qu'est l'AZAWAD.
Ce travail je vous le redis encore a été possible grâce aux sacrifices immenses de notre peuple et surtout de certains de ses fils et filles  du MNLA qui resterons les étoiles lumineuses de notre destin.
Ils se sont sacrifiés pour donner aux Amazigh leur âme,leur fierté et les clés de notre propre avenir à bâtir et penser sur nos terres ancestrales.
Il est de notre devoir de prendre soin de cet heritage combien precieux et important pour le devenir de notre peuple.
Amazigh,Imuhagh,Tamachekh:votre mobilisation est importante maintenant,aujourd hui,pour toujours ou que vous soyez du Sahel au Maghreb,de l'Europe aux Amériques de l'Asie à l’Océanie,l'urgence est de converger tous et toutes ensemble vers l'AZAWAD afin de barrer la route aux narcos-états et terroristes qui veulent  revenir s'accaparer notre terre à peine independante.
Vous devrez faire passer le mot d'ordre de la mobilisation de l'engagement à tous les amazigh du monde et leurs amis afin de defendre notre AZAWAD LIBRE et partant être prêt à vous sacrifier pour la lutte noble des nôtres sur leurs terres.
Nous devrons manifester notre soutiens,notre engagement physique,morale,financier, matériel, à tous moments et en tous lieux pour l'AZAWAD et faire échec aux tentatives déstabilisatrices de la CEDEAO(Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest),organisation raciste et barbare qui a toujours ignorés les massacres et les exactions de notre peuple lorsqu'elle ne les cautionne pas au Sahel.
Chères frères et soeurs :un peuple qui ne peut lutter pour préserver son indépendance acquise est un peuple qui ne méritera jamais la LIBERTÉ et encore moins la JUSTICE.
L'heure du rasemblament a sonné,le TBEL a resonné et le choix du destin que vous voulez laisser à vos enfants et à l'histoire est entre vos mains et vos consciences ..alors ne manquez pas une fois de plus le grand rendez vous  avec l'histoire.


Itouss Ohar
Tanimert




AFOUS AFOUS
TANAKRA
AKAL
VIVA AMAZIGH
VIVA AZAWAD
HASTA LA VICTORIA SIEMPRE
MASININSSA I.

mercredi 11 avril 2012


Accueil du site > Actualités > Mali / Point de presse du porte-parole
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Mali / Point de presse du porte-parole du Quai d’Orsay

AFRICANPRESSORGANIZATION
mercredi 11 avril 2012
Q – Est-ce que l’on constate une dégradation de la sécurité dans le nord à tel point que tout occidental devrait en sortir ? Qui est l’agent de cette insécurité ? Est-ce AQMI, Ansar Dine, Muja ? Peut-on dire que le MNLA est quand même relativement civilisé dans cette affaire et respectueux des droits de l’Homme ?
R – Faisons attention aux étiquettes et concentrons-nous sur la réalité. La réalité s’agissant le nord du Mali en ce qui nous concerne, c’est plusieurs choses :
Premièrement, cela fait très longtemps que le nord du Mali est en zone rouge sur le site Conseils aux voyageurs du Quai d’Orsay.
Deuxièmement, nous avons observé avec beaucoup de préoccupations, et nous l’avons dit, nous l’avons redit inlassablement, l’augmentation du risque terroriste au nord du Mali au cours des derniers jours. Le risque terroriste qui a considérablement augmenté et qui se traduit par la présence sur place de terroristes en tout genre qui fourmillent désormais dans toute cette partie du territoire malien.
Troisièmement, c’est la raison pour laquelle nous mettons très formellement en garde notamment les journalistes qui voudraient monter au nord du Mali.
Quand je dis « qui voudraient monter », je pense principalement à ceux qui se trouvent actuellement à Bamako. Nous conseillons à tous, bien sûr, mais plus particulièrement aux journalistes de ne pas se rendre au nord du Mali.
Quatrièmement, s’agissant du terrorisme, nous souhaitons que le Conseil de sécurité des Nations unies, que la CEDEAO et que tous les États de la région s’engagent plus fermement encore dans la lutte contre le terrorisme au Sahel qui représente une menace très grave au nord du Mali actuellement plus particulièrement.
Q – Avez-vous une confirmation de la présence d’éléments de Boko Haram dans le nord Mali puisque vous parlez de terroristes en tout genre ?
R – Nous avons connaissance de connexions entre AQMI et Boko Haram.
Q – Et en ce qui concerne cette présence ? On parle d’une centaine de membres de Boko Haram.
R – Oui c’est ce qui nous revient aussi. Nous avons effectivement eu connaissance de connexions entre AQMI et Boko Haram. Je réponds à la question sur la présence de Boko Harma au nord du Mali.
Q – Vous êtes en contact avec les Algériens depuis très longtemps sur les dossiers de terrorisme et du Sahel. Qu’est-ce que vous disent les Algériens actuellement ?
Est-ce qu’ils sont aussi inquiets que vous ? Parce que vous, vous avez l’air très inquiet. Eux sont à proximité et ne disent pas grand-chose. Ils ont des diplomates qui ont été enlevés. Est-ce qu’il n’y a pas un moyen pour l’Algérie d’être plus actif sur cette question ?
R – Pour nous, ce qui est important c’est l’efficacité de la lutte contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme dans le Sahel passe par une coopération régionale accrue. L’Algérie a évidemment tout son rôle à jouer dans cette mobilisation qui nous paraît absolument indispensable.
Nous travaillons avec les Algériens. Nous avons des contacts réguliers avec eux. Nous sommes en relation avec les autorités algériennes sur ces thématiques et à cet égard, parce que vous faites référence aux diplomates, aux agents consulaires algériens qui ont été enlevés, je voudrais dire que nous réitérons notre condamnation de ces enlèvements.
Par ailleurs, nous remercions les autorités algériennes pour le rôle qu’elles ont joué pour mettre en sécurité notre compatriote qui se trouvait à Gao.
Q – Vous souhaitez plus d’efforts du Conseil de sécurité et de la CEDEAO et des États régionaux. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Cela veut dire des troupes ?
R – Sur cet aspect ce que nous souhaitons c’est qu’il y ait une coopération régionale parce que ce n’est pas simplement le nord du Mali, nous parlons de l’ensemble du risque terroriste sur l’ensemble de la région du Sahel. Nous souhaitons que la lutte contre la menace terroriste devienne véritablement l’objet d’une coopération régionale qui soit accrue mais qu’il y ait également une mobilisation des pays de la CEDEAO, que le sujet soit évoqué aux Nations unies parce que c’est une évolution qui est préoccupante, qui est grave.
Souvenez-vous que nous en avions parlé lors du dernier conseil Affaires étrangères à Bruxelles où les 27 avaient adopté une stratégie pour le Sahel avec la déclinaison d’un volet sécuritaire destiné précisément à permettre aux pays du Sahel de lutter davantage contre le terrorisme. Nous essayons d’agir dans tous les forums ou auprès de tous ceux qui peuvent jouer un rôle dans la perspective d’un renforcement de la lutte contre le terrorisme.
Q – Et les 2000 soldats ne sont plus à l’ordre du jour ?
R – Nous attendons encore des précisions : des soldats pour quoi faire ? Avec quels moyens ? En ce qui nous concerne, nous réitérons la disposition de la France à apporter en fonction des demandes qui seront exprimées un soutien logistique. Je réitère les déclarations qu’a faites M. Alain Juppé la semaine dernière dans ce sens-là.
Q – Et le MNLA ?
R – Sur le problème touareg, je dirais deux choses.
La première, la réalité de la situation, c’est que les Touaregs formulent depuis très longtemps des revendications, et demandent des mesures en leur faveur. Depuis très longtemps précisément, les autorités en place à Bamako n’avaient pas apporté de réponses, de satisfactions à toutes ces attentes.
Nous considérons donc maintenant que le processus de retour à la normalité constitutionnelle qui est en train d’intervenir à Bamako aujourd’hui, permettra très rapidement d’engager un dialogue, des négociations entre les autorités maliennes de Bamako et la communauté touareg.
Il serait grand temps que toutes ces revendications touaregs puissent être prises en considération et que le régime de Bamako, les autorités maliennes, puissent y répondre et cela peut se produire maintenant que de nouvelles autorités sont en train d’être mises en place.
Q – Azawad est vraiment le noyau dur de la zone où AQMI était très actif.
Avoir un bon allié qui contrôlerait cette zone qui n’existait pas avant avec le gouvernement malien pourrait être un atout pour la France dans la lutte contre l’AQMI dans cette région, n’est-ce pas ?
R – N’oubliez pas une chose, c’est que les principales victimes du terrorisme dans cette région ce sont les États du Sahel eux-mêmes et c’est donc leur intérêt – c’est ce que nous disons depuis longtemps – de véritablement se mobiliser. Nous les appuyons à titre national et en menant une action européenne. Nous les appuyons au niveau de la CEDEAO. Ce que nous souhaitons, c’est de les voir davantage se mobiliser et davantage coopérer ensemble contre le fléau terroriste parce que ce sont les États de la région qui sont les principales victimes de ce terrorisme.
SOURCE
France – Ministry of Foreign Affairs











Après vingt ans de présence au Mali, Sophie Petronin, a été contrainte de fuir le Mali. Cette humanitaire a réussi s'échapper par une porte dérobée accompagnée d'un diplomate, deux femmes..

Hsen Larbi,
Philadelphia,
USA

to The President of the United States of America,

The White House,

1600 Pennsylvania Avenue,

Washington DC, 20500




Mr President,

I, an Amazigh-American, am extremely concerned by the developing situation in the Azawad region of Mali, where the National Movement for the Liberation of Azawad (MNLA) is in

conflict with the State of Mali. I became even more concerned when I read in the Algerian press that the United States sent arms to help the Malian government crush the "rebellion.

" Two hundred and thirty six years ago, on this great land of ours, a group of people decided to free themselves from British control. Our founding fathers were not terrorists and their

armed struggle was not a rebellion. It was called a revolution. The people of Azawad would also like to free themselves from the state of Mali.

The people of Azawad are part and parcel of the Amazigh people who have historically inhabited the entire northern half of the African continent until various invaders and colonialism

have scattered them into the harshest corners of this great land. The Tamasheq people (Tuareg) who have occupied the Sahara desert for millennia have been split among at least five

countries: Algeria, Mali, Niger, Libya, Burkina Faso. They suffered a great deal at the hands of the French and their territory has been carved and fed to puppet governments that continue

to serve those same colonial masters.

The people of Azawad, much like the people of Air in Niger have fought against the policies of the states that colonialism imposed on them. The newly created states have marginalized

these populations, exploited their land and treated the local people with contempt, racism and murder. To many people in Azawad the Malian army is an army of occupation for the simple

reason that it is the only thing that they see from the Malian government.

Please explain to me the position my country is holding in this conflict. Is it one that encourages peace or one that takes sides so that the other side will be brought to its knees.

I believe that my country stands for human rights, justice and dignity for all people. It so happens that the Tamasheq people are right now fighting for their dignity. The Malian army

is notoriously known to target civilian population centers and as you must know already tens of thousands of Tamasheq fled the area because of reprisals. If my country stands for

freedom, then my country should support the right of the Tamasheq to free themselves from a relationship that has been anything but beneficial to them.

I would like to emphasize a few things about the Tamasheq:

- They are Amazigh (Berber) and as such do not associate with Al-Qaida. Most Tamasheq practice a very moderate form of Islam and they never took hostages or attacked tourists

in the desert. Al-Qaida was brought in this area by those who are using it for their own political and economical gains.

- They lived on this territory for millennia and have every right to live freely on it and benefit from it as they see fit. They have every right for auto determination as guaranteed by international laws.

The Tamasheq people are not any different from the people of Kosovo, South Sudan or the USA.

Mr President, I urge you to hold a neutral position and call the two parties to sit down at the negotiation table. Rather than sending arms, I wish the US would send humanitarian assistance

for refugees and populations affected by the conflict and reassert its position in favor of freedom and human rights.

Respectfully

Hsen Larbi,



Philadelphia, USA

Bilqis
Posté le 11/04/2012 à 16H06
Des prisonniers crient leur détresse !!
Kidal info
Bonjour à tou-te-s/ As salam aleikoum,

Triste, oh, si triste!

** "Capturés par les rebelles de l'AZAWAD
Des prisonniers crient leur détresse **
le 08.04.12 10h00 1 réaction

C’est à Achabrache, village abandonné par ses habitants en 2007, que le MNLA maintient en captivité une centaine de militaires, arrêtés à l’issue des batailles pour la prise de Ménaka, Tessalit, Kidal et Tin Zaouatine. Coupés du monde depuis plus de trois mois pour bon nombre d’entre eux, souffrant de maladies contagieuses, de blessures par balle, de sous-alimentation et de manque d’hygiène, ils crient leur détresse.

De notre envoyée spéciale
à Achebrache (nord du Mali)

Depuis le début de la rébellion au nord du Mali, 400 militaires maliens ont été arrêtés par les combattants du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Une centaine d’entre eux sont transférés de Ménaka, Tessalit, Kidal et Tin Zaouatine, vers Achebrache, ce village abandonné en 2007 par ses habitants à cause des exactions commises par les militaires maliens. Le village qu’aimait tant feu Brahim Ag Bahanga pour sa verdure et sa beauté au point d’en faire sa résidence. Aujourd’hui, Achebrache n’est que ruines. Des maisons, il ne reste que les murs. Les portes et les toits n’existent plus, alors que les arbres, signe d’un passé fructueux, ne sont plus que des troncs éventrés. Vidé de son âme, le lieu n’est occupé que par les militaires maliens qui ont fait de l’école et de nombreuses demeures des fortifications. La seule construction digne de ce nom reste cette immense caserne en état d’achèvement, réalisée, nous dit-on, pour accueillir les Américains.

La présence de prisonniers dans ces lieux nous interpelle. Le commandant Moussa Ag Ahmed accepte volontiers de nous faire visiter les lieux de détention. «Nous n’avons rien à cacher. Ce sont des militaires arrêtés pendant ou après les combats. Personne ne veut d’eux. Nous n’avons pas les moyens de les prendre en charge convenablement. Ils sont bien traités mais nous voulons qu’ils repartent chez eux. Ni leur gouvernement ni les ONG humanitaires ne s’inquiètent pour leur sort. Vous êtes les premiers à vouloir les rencontrer», déclare l’officier. Il enfile sa kalachnikov et se met à côté du chauffeur d’une Toyota Station.

A l’arrière, deux jeunes munis de kalachnikovs et d’une mitrailleuse. Un autre véhicule du même type, bien armé aussi, est à l’arrière pour sécuriser le convoi. Ce dernier traverse des kilomètres de pistes rocailleuses. «J’ai perdu plusieurs de mes hommes sur cette piste. Les militaires l’ont bourrée de mines antipersonnel. Nous n’avons sécurisé que ce tronçon pour pouvoir passer. Si nous dévions de quelques centimètres, c’est la fin», explique le commandant.

Le nouveau drapeau de l’Azawad, de couleurs rouge, verte et noire avec un triangle jaune, flotte sur toutes les bâtisses en ruine, tandis que sur les grands rochers qui surplombent la route, il est tout simplement dessiné à la main.
Sur notre chemin, de nombreux chars et véhicules militaires, totalement détruits, sont abandonnés. Les quantités énormes de douilles de gros calibres qui jonchent la route montrent la violence avec laquelle le village a été pris aux militaires. «Ici, l’armée a beaucoup résisté. Les échanges de tirs ont duré trois jours après un siège d’un mois. A la fin, les militaires ont pris la fuite vers l’Algérie», raconte un des gardes de l’officier. Il nous emmène vers le premier groupe de prisonniers. Ils sont dans un espace à l’air libre, mais surveillés par plusieurs combattants du MNLA. Ils sont une trentaine, peut-être un peu plus. Parmi eux, deux commandants, un capitaine, trois lieutenants, des sous-officiers et des soldats. Le manque d’hygiène est flagrant. Certains n’arrêtent pas de se gratter.

«Nous voulons juste informer juste informer nos familles que nous sommes en bonne santé. Cela fait presque trois mois que nous sommes ici. Nous mangeons à peine et beaucoup d’entre nous n’ont pu se changer ou prendre une douche», lance un des captifs.
Les poux envahissent les corps des détenus et les murs de leurs cellules
Certains ont les larmes aux yeux. D’autres n’hésitent pas à nous prier, en sanglotant, de faire parvenir leur cri de détresse. La majorité vient de Ménaka et de Tessalit. Tous veulent parler. Ils ont des haut-le-cœur. «Au nom du Seigneur, faites quelque chose pour nous. Nous ne savons pas ce qui se passe à Bamako ni pourquoi notre hiérarchie ne cherche plus après nous. Nous voulons entrer en contact avec nos familles et les rassurer. Nos femmes et nos enfants n’ont pas de nouvelles de nous depuis près de trois mois», témoigne, en larmes, un commandant.

Nos accompagnateurs nous dirigent par la suite vers le deuxième point de détention, situé à quelques kilomètres, que nous traversons difficilement. Au nombre de quarante, les prisonniers sont entassés dans l’ancienne école désaffectée que les militaires avaient détruite vers la fin des années 2000. Les impacts d’armes lourdes sont visibles sur tous les murs.
Les prisonniers sortent un à un de l’école. Ils sont dans un état dramatique. Ils ne cessent de se gratter le corps et la tête. Certains sont blessés ; d’autres, très nombreux, très affaiblis. «Le plâtre qu’ils m’ont mis à la suite de la fracture doit être changé mais ils me disent qu’ils n’en ont pas. Je risque une infection et je souffre le martyre à cause des douleurs. Je veux juste être soigné», déclare un prisonnier d’une voix coléreuse. Il est interrompu par un autre : «Je suis hypertendu et je n’ai pas mes médicaments. Je risque de mourir à tout instant. Pourquoi ne veulent-ils pas me soigner ?» Un autre jeune : «Je me gratte tout le temps. Les poux ont envahi les murs de l’école. Nous sommes tous contaminés et nous n’avons rien pour nous soigner. Nous ne nous lavons pas et nous n’avons pas de vêtements de rechange. Faites quelque chose pour nous.»

Des propos qui encouragent les autres prisonniers à s’exprimer. Tous se plaignent de poux et de morpions. Le manque d’hygiène est flagrant. Un jeune soldat s’avance et exhibe son pied, enflé et infecté. «J’ai été blessé par des éclats de balle. L’infirmier m’a mis juste de la Bétadine. Les douleurs me font souffrir atrocement. Regardez comme mon pied a enflé. Je n’arrive plus à marcher. Il faut que je me soigne», crie-t-il, avant d’être interrompu par un officier : «Je suis asthmatique et je dois utiliser mon aérosol. Parfois, j’ai l’impression de mourir à cause des crises d’asthme, mais ici, ils n’ont rien à me donner.» «Nous ne sommes pas maltraités, mais nous manquons du strict minimum», souligne un détenu, avant que nos accompagnateurs ne décident de mettre fin à la discussion. Ils nous emmènent vers le dernier lieu de détention, à l’autre bout du village. Il s’agit de militaires, mais également de gendarmes arrêtés à l’issue des combats.

Leur état est terrifiant. Vêtements en lambeaux et les pieds nus, ils manquent terriblement d’hygiène. Ici également, ils ne cessent de se gratter la tête et le corps et souffrent d’allergies. «Nous n’avons pas pris de douche depuis des semaines et nous portons les mêmes vêtements depuis plus de trois mois. Nous sommes coupés du monde ; nous voulons juste contacter nos familles pour les rassurer», déclare l’un d’eux.

L’infirmier de la prison intervient. «C’est vrai je manque de tout ici. De sparadrap, de désinfectants, d’antibiotiques et de médicaments antidouleur. Le mouvement n’a pas les moyens nécessaires pour avoir une bonne pharmacie et un médecin. Je travaille avec les moyens de bord, et ils sont vraiment rudimentaires», dit-il, avant qu’un prisonnier ne s’invite brusquement : «Je souffre de mal au ventre depuis des semaines et personne ne veut me donner de médicaments.» Il est subitement poussé par un autre prisonnier qui veut à tout prix parler : «Je ne sais pas ce qui se passe à Bamako, mais je veux juste que les ONG humanitaires se penchent sur notre sort. Nous voulons partir d’ici et retrouver nos familles. De grâce, faites passer le message. Nous sommes en train de mourir à petit feu…»

Des propos poignants, très durs à supporter. Le commandant Moussa se déclare conscient des «conditions extrêmement difficiles dans lesquelles se trouvent les prisonniers. Mais que voulez-vous ? Nous n’avons pas les moyens de leur assurer une prise en charge sanitaire. Leur gouvernement ne veut pas les récupérer et, de notre côté, nous ne pouvons les laisser partir de peur qu’il leur arrive quelque chose en cours de route.» «Nous voulons que les ONG humanitaires viennent leur rendre visite pour qu’elles constatent d’elles-mêmes le traitement qui leur est réservé», note le commandant Moussa Ag Ahmed. Il affirme que le Mouvement a capturé 400 militaires maliens dont le sort «n’inquiète personne». Il s’offusque du silence des ONG humanitaires et du gouvernement de Bamako qui, à ce jour, «ne se sont pas manifestés». Nous quittons les lieux le cœur serré. Ces dizaines de militaires ne savent même pas que leur président, Amadou Toumani Touré, a été renversé et qu’un militaire, comme eux, est au pouvoir depuis le 22 mars dernier.

Salima Tlemçani "

Bernard Lugan:« Les Touaregs ont droit à leur pays. Les Touaregs ont une revendication parfaitement légitime ».


Bernard Lugan

« Les frontières coloniales, c'est nous qui les avons tracées. Les Touaregs ont décidé de se séparer de l'État malien pour rétablir la réalité ethno-historique. Un peuple a besoin de son territoire et les États pluri-ethniques en Afrique sont tous des États à problème ». a t-il déclaré à l'antenne de Sud Radio.

Il a ajouté que « les observateurs confondent tout. Il y a deux guerres dans la guerre au Mali et les observateurs occidentaux ne les voient pas ».

« Les Touaregs du MNLA ont repris la zone touarègue dans laquelle ils sont maîtres. Le but des Touaregs est de se séparer du Mali, le but des islamistes c'est de prendre le pouvoir sur tout le territoire malien, » a-t-il corrigé au sujet des accointances présumées entre les deux groupes telles que rapportées par les médias français.

L'historien fait remarquer que « les mouvements islamistes ne sont pas composés de Touaregs. Les mouvements islamistes sont composés de tribus arabes et ce sont eux qui donnent le mouvement aux troupes de Ansar Dine ».

Concernant une éventuelle intervention dans la zone, il dira :« Il ne faut pas intervenir en zone touarègue, nous avons là l'opportunité enfin de casser ce mensonge des frontières coloniales des États multi-ethniques coloniaux. La balkanisation n'est pas forcément le chaos. Ces frontières ne sont pas des frontières, ce sont des frontières cicatrices. Ce sont des frontières qui ont coupé des peuples et ont forcé de vivre ensemble la poule et le renard ».

Comme solution au problème des groupes islamistes et mafieux qui agissent dans la région il dit : « Il y a dans le Sahara un monde allergique au fondamentalisme musulman, c'est le monde Touareg. Il faut s'appuyer sur eux pour lutter contre AQMI et contre le fondamentalisme musulman. Ce sont des Berbères, ce ne sont pas des Arabes. Les Berbères ne sont pas sensibles à l'islamisme. Les femmes berbères sont libres, elles ne sont pas des objets, elles ne sont pas voilées, elles ont leur liberté ». expliqua-t-il en connaisseur du monde amazigh.

Il concluera : « Les Touaregs ont droit à leur pays. Les Touaregs ont une revendication parfaitement légitime ».

Bernard Lugan, dispense des conférences à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) ainsi qu'à l'École de guerre (ministère de la défense), en France. Africaniste, Docteur en histoire et Docteur d'État ès Lettres

Les ambitions indépendantistes touareg inquiètent Tamanrasset

LE MONDE |  • Mis à jour le 
Des Touareg, dans le désert près de Tamanrasset, dans le sud de l'Algérie
Planté devant d’énormes ignames exposées à même le sol, Jaafar accueille l’étranger avec un large sourire« Vive l’Azawad islamique libre ! », lance le Touareg malien alors que la nuit tombe, ce samedi 7 avril, sur le marché de Tamanrasset, dans le Sud algérien. « Je suis tellement content, cela fait cinquante ans que nous attendons cela ! », s’exclame-t-il en levant la main en signe de victoire, sous l’œil vaguement inquiet d’un militaire algérien en maraude.
Depuis le coup d’Etat militaire du 22 mars au Mali, suivi de la conquête de la partie nord du territoire par les indépendantistes touareg maliens, Tamanrasset, berceau des Touareg algériens du Hoggar, est sur le qui-vive, au rythme des événements de son voisin, de l’autre côté de la frontière.
Tout en rappelant son attachement à l’accord de 1964 de l’Organisation de l’Union africaine sur l’intangibilité des frontières issues du colonialisme après l’indépendance des pays de la zone, Alger multiplie les messages d’apaisement sur la recherche d’une « solution politique« .
Car, bien que les Touareg algériens ne se soient jamais révoltés, à la différence des « cousins » maliens ou nigériens, la création d’une république indépendante touareg aux portes du pays est une question sensible ici, bien plus que dans la Kabylie du nord. « Un Etat touareg à nos frontières », s’alarmait ainsi à la « une », le 7 avril, le quotidien Liberté.
« Ici, les Touareg sont bien, affirme l’aménokal, le chef des Touareg du Hoggar,Ahmed Edaber. Avant, nous avions un problème d’eau mais plus maintenant, et chaque village a l’électricité. C’est la pauvreté au Mali qui a déclenché tout ça. »« Tam », comme on appelle ici la capitale du Sud algérien, possède depuis cinq ans son université, et des travaux colossaux ont été entrepris pour acheminer de l’eau, depuis une importante réserve à plus de 700 km.
VICTIME D’UN ATTENTAT-KAMIKAZE
Mais l’inquiétude prévaut. Le 5 avril, le consul algérien de Gao, au Mali, et six autres diplomates ont été enlevés. Un mois plus tôt, le 3 mars, Tamanrasset a été, pour la première fois de son histoire, visée par un attentat kamikaze en plein centre-ville contre une caserne de gendarmerie, qui a fait une quarantaine de blessés.
Deux actions revendiquées par le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afriquede l’ouest (Mujao), un obscur groupe présenté comme une dissidence d’Al-Qaidaau Maghreb islamique (AQMI), qui paraît se concentrer sur tous les points sensibles de l’Algérie. En décembre 2011, le même groupe avait revendiqué l’enlèvement de deux Espagnols et d’une Italienne à Tindouf, fief des Sahraouis séparatistes, au sud-ouest du pays.
A Tamanrasset, les traces de l’attentat ont été effacées. Les murs vert bouteille de la caserne ont été refaits à neuf, les véhicules incendiés ont disparu. Toutes les vitrines des petits commerces situés dans cette artère principale qui sépare deux quartiers populaires ont été réparées. Seule subsiste l’enseigne déchiquetée d’une pharmacie.
Les effectifs des forces de sécurité ont doublé dans la capitale du Hoggar qui n’en manque pas. Les casernes de l’armée, de la police et de la gendarmerie sont innombrables, à chaque carrefour. « Même moi, je ne peux pas vous dire combien il y en a », s’amuse un notable. Les avions de reconnaissance vrombissent dans le ciel. « On se croirait au Salon du Bourget », ironise ce familier de la France. Depuis 2010, la ville abrite également, derrière de hauts murs d’enceinte, le Centre d’état-major commun opérationnel conjoint (Cemoc), créé avec le Mali, la Mauritanie et leNiger, pour lutter contre l’insécurité au Sahel. Plus loin, le long des 1000 km de frontières, d’importants renforts militaires ont été déployés.
« Les ingrédients nous inquiètent, soupire Abdelkrim Touhami. Il y a une haine indescriptible depuis la guerre de Bush en Irak contre l’Occident qui veut asseoirun droit à deux vitesses, et la fin de Kadhafi a provoqué encore de la haine. »
Candidat aux élections législatives algériennes, cet ancien enseignant de français connaît bien toute la région, du Mali au Niger, pour avoir été consul plusieurs années à Agadez. « S’il n’y a pas une forme d’aide pour soutenir ces pays, l’extrémisme a de beaux jours devant lui, ça gagne du terrain », observe-t-il, en soulignant la présence au Mali de nombreux Touareg revenus de Libye et lourdement armés. « Le pick-up est une arme redoutable, on peut monter des RPG[lance-roquettes] dessus, ça permet de piquer et d’être mobile », souligne encore M.Touhami.
ASSÉCHER LA RÉBELLION
Dans cette zone traditionnelle de grand trafic qu’est le Sud algérien, notamment en essence, des mesures ont été prises avec l’objectif d’assécher la rébellion touareg, qui se double d’une menace terroriste avec la présence de groupes djihadistes.
« Tam », il est devenu nécessaire de justifier le remplissage de bidons d’essence aux pompes. Et à la frontière, que le ministre de l’intérieur, Daho Ould Kablia, n’exclut pas de fermer, les passages ne se font plus qu’au compte-gouttes. L’Algérie dispose par ce biais d’un puissant levier de pression, à manier avec précaution.
Dans une zone où le tracé des frontières n’a jamais été un obstacle et où il n’est pas rare de posséder plusieurs nationalités, les Touareg algériens « vivent bien », grâce aussi au commerce et à la contrebande. « Depuis quelques jours, la frontière est fermée, je vais devoir retourner avec mon camion par le Niger », râle Jaafar, le Touareg malien marchand de légumes et originaire de la région de Tombouctou, qui se décrit comme « un ancien combattant, formé dans le camp d’Oubaré enLibye. » « Mais j’ai préféré quitter tout ça, je ne voulais pas devenir l’esclave de Kadhafi », précise-t-il.
La présence à Tamanrasset d’une forte communauté touareg malienne, implantée depuis les grandes sécheresses des années 1970, préoccupe. Et les craintes des autorités sont d’autant plus vives que l’Algérie s’apprête à voter, le 10 mai, pour des élections législatives présentées comme un enjeu majeur dans le contexte régional.
Après l’attentat, le premier ministre, Ahmed Ouyahia, chef du Rassemblement national démocratique (RND), parti de la coalition du gouvernement, est venu sur place le 6 avril. Le 9, le ministre de l’intérieur annonçait, dans Le Quotidien d’Oran, une « grande enquête«  menée par la police à Tamanrasset « dans des quartiers où elle n’a jamais mis les pieds auparavant ».
« Les Touareg algériens ne cherchent pas leur indépendance, ils sont en paix pour le moment », affirme, le visage enroulé dans un long turban pâle, Ourzig Chennoui, un notable touareg, ex-maire de la ville.
Reste une inconnue : les jeunes, moins sensibles aujourd’hui à l’autorité des anciens et de plus en plus réduits au chômage du fait de l’effondrement du tourisme. Depuis deux ans, les autorités algériennes n’accordent presque plus de visas aux visiteurs. Une mesure qui s’est accélérée avec le conflit en Libye et qui frappe de plein fouet les 82 agences de voyages de la ville.
Isabelle Mandraud, Tamanrasset (Algérie), envoyée spéciale

Le MNLA repousse les forages d’ENI

Les sociétés ENI et Sonatrach, présentes dans le bassin de Taoudenni, le plus prometteur en hydrocarbures au Mali, vont encore prendre du retard.
Le contrôle du Nord du Mali par les Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et les islamistes d’Ansar Dine provoquera des effets collatéraux sur l’exploration pétrolière dans le bassin de Taoudenni. Les sociétés Sipex (branche internationale de Sonatrach) et ENI avaient prévu de forer en février 2012 sur leur bloc 4, situé au cœur de cette zone. Cela avait été confirmé par la première ministre Mariam Kaidama Cissé Sidibe (désormais en résidence surveillée) lors d’un discours en juin (LAE nº655).
Deux autres sociétés rentrées récemment dans le bassin de Taoudenni vont également devoir retarder leurs explorations. Ce sera le cas du canadien Simba Energy, qui opère le permis 3 depuis le mois d’octobre, et de PetroPlus Ltd, qui contrôle les blocs 1A et1B. PetroPlus Ltd est dirigé par le Français Vincent Miclet et l’Angolais Sandro Dos Santos (LAE nº663). Ces trois blocs sont d’ailleurs des rendus des permis 1, 2 et 9 du consortium Sipex/ENI, qui avait auparavant 4 blocs.
Ce ne sera cependant pas le premier contretemps dans le programme de forage de Sipex. Celui-ci aurait dû être effectué il y a bientôt deux ans. La firme, qui a pris des blocs dans toute la sous-région depuis 2005 (blocs TA-7 et TA-8 en Mauritanie avecTotal et Qatar Petroleum ; Niger avec Kafra, et Mali) n’a pas encore effectué un seul forage en propre. L’accumulation des problèmes au sein de la Sonatrach (stagnation de la production, lire l’article précédent) et le relatif manque de moyens mis à disposition pour les explorations sous-régionales expliquent le report systématique des forages au Mali.
Le MNLA n’a jamais envisagé que le Nord-Mali, qu’il appelle l’Azawad, survive grâce aux ressources pétrolières. Contrairement à d’autres rébellions indépendantistes africaines – le SPLA au Soudan du Sud, l’Unita en Angola – ce mouvement n’aurait pas cherché à prendre contact avec des pétroliers, voire à épargner leurs intérêts. Le MNLA, qui n’a vraiment pas de discours économique, est en partie composé d’anciens soldats de Mouammar Kadhafi qui ont fui la Libye avec leurs armes et leurs véhicules lors de la chute du régime. N’ayant pas de place à leur retour au Mali, ils ont créé divers mouvements de rébellion afin d’être en position de force face au gouvernement. Ils contrôlent à l’heure actuelle plus de la moitié du pays.

mardi 10 avril 2012


Touaregs : Les damnés du désert


L’Azawad qui couvre à peu près la moitié nord du Mali, est un des territoires du pays Touareg. Ce pays s’étend de la Libye au Mali, en couvrant une partie importante du Niger et de l’Algérie, jusqu’au Burkina Faso. Rassemblés sous le drapeau berbère, les combattants du Mouvement National de Libération de l’Azawad viennent de prendre le contrôle de ce territoire grand comme deux fois la France, en infligeant une défaite cuisante à l’armée malienne.

Les frontières qui divisent la nation amazighe des Touaregs est impalpable. Ces traits de plume tracés dans le désert par les États coloniaux au 19ème siècle ont partagé des zones totalement homogènes, séparé des territoires reliés par une tradition de transhumance séculaire, divisé des familles et des tribus. Les Touaregs sont spoliés des richesses naturelles (pétrole, gaz, uranium, or, etc) qui se trouvent sur leurs territoires. S’en sont suivis des rébellions réprimées dans le sang dans les années 80 et 90, principalement au Mali et au Niger. Pourchassés par les autorités de ces deux États, les « rebelles » ont pour beaucoup gagné le territoire touareg de Libye, où ils ont été accueillis par des tribus et des familles apparentées.

Dans ce grand sud libyen en proie au chômage, ces réfugiés ont souvent accepté l’offre qui leur était faite d’intégrer l’armée libyenne, et ils étaient nombreux dans l’armée régulière du dictateur. Jusqu’à ce qu’ils s’émancipent à leur tour de son emprise, tout en restant « suspects » aux yeux des opposants libyens. Nombre d’entre eux ont alors franchi la frontière en sens inverse au lendemain de la défaite du régime.

Dans l’Azawad, ils ont retrouvé leurs frères en révolte contre l’État malien, et ce renfort conséquent a soudain fait basculer le rapport de forces. Les troupes régulières ont été repoussées, puis encerclées, puis défaites. Leur défaite a été cuisante, avec de nombreuses victimes, et le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) contrôle désormais un territoire dont on sait qu’il abrite également les bases d’Al Qaïda qui détient plusieurs otages occidentaux.

La première conséquence de cette victoire militaire du MLNA a été de donner le coup de grâce à la classe politique au pouvoir au Mali. Un putsch militaire a exprimé la révolte d’une armée humiliée qui appelle à la revanche sur l’Azawad, et qui met sur le compte des « politiciens corrompus » la faiblesse en armements et en commandement des troupes régulières maliennes face à la rébellion touarègue. Le désordre n’en est devenu que plus grand, et les troupes rebelles ont fait tomber une à une les villes qui servaient d’abri aux garnisons maliennes : Kidal, Gao, et désormais, Tombouctou. Ces victoires sont le fait du MLNA, mais aussi de forces qui se sont coalisées contre le régime de Bamako, notamment un groupe islamiste implanté en Azawad, dont on présume qu’il est soutenu par Al Qaïda au Maghreb Islamiste (AQMI).

Le MLNA est un mouvement touareg, qui n’a aucune affinité avec l’islamisme intégriste. Il revendique son identité amazighe avec force, qui rejette les préceptes de la charia, et qui met en avant un « droit coutumier amazigh » beaucoup plus démocratique, laïque et tolérant, notamment vis à vis de la condition des femmes. La cohabitation entre le MLNA et ces combattants islamistes est purement ponctuelle, mais elle contribue à alimenter une démarche internationale du régime malien pour obtenir l’engagement d’un soutien militaire extérieur contre le MLNA.

L’absence totale de crédibilité de la junte putschiste empêche pour l’instant une telle option, et le MLNA en profite pour accroître ses positions sur le terrain. Mais on connaît l’engrenage dans lequel Bamako veut aller : obtenir des appuis aériens grâce à une coopération internationale, et, par des bombardements qui feront immanquablement de nombreuses victimes civiles, reprendre une à une le contrôle des villes-garnisons en remontant le Niger.

La suite de ce scénario, si il marche, ce qui est loin d’être acquis car le MLNA fait preuve d’une capacité militaire et stratégique évidente, est connue d’avance. Des milliers de victimes civiles seraient à déplorer, et des dizaines de milliers de réfugiés viendraient alimenter un nouveau drame humanitaire en Afrique. L’influence islamiste en serait immanquablement renforcée, et c’est une déstabilisation à long terme que préparerait un tel choix stratégique.

Engager le dialogue avec le MLNA est l’autre option stratégique. Elle serait incomparablement plus avantageuse, en évitant un désastre annoncé pour les années à venir, et en permettant une stabilisation de la région face au risque islamiste. Le MLNA, et les populations touarègues, seront de bien meilleurs remparts contre la propagation de l’intégrisme que tous les régimes militaires maliens sous perfusion occidentale.

Cet autre plan serait largement gagnant pour les populations maliennes et pour la communauté internationale. Mais, en l’état actuel des choses, cette dernière est pilotée par une influence française dominante qui se refuse à voir l’avenir de cette partie de l’Afrique autrement qu’à travers le sort de chefs d’État sans crédibilité, mais avec lesquels Paris négocie de juteux contrats miniers, notamment d’uranium. Il est urgent de remettre en cause cette diplomatie post-coloniale avant qu’elle ne commette l’irréparable.

François ALFONSI
Source: 
EELV
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