dimanche 18 mars 2012

Entretien avec Lagha Chegrouche, chercheur en stratégies internationales. Le 3 mars 2012. Propos recueillis par Masin FERKAL.


Azawad : pays des Touaregs

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Azawad : pays des Touaregs par Tamazgha_Paris
Azawad : Histoire, géographie, société, civilisation, économie et géopolitique.
"La trace de ma trace ! Le grain de sable est ma prophétie !". La rivalité est toujours autour d'un puits !
Entretien avec Lagha Chegrouche, chercheur en stratégies internationales. Le 3 mars 2012.
Propos recueillis par Masin FERKAL.

Un Etat en faillite. Une nation en ruine. Il ne reste pas grand-chose du Mali des années ATT

Nous sommes entrés dans un temps où la volatilité des systèmes politiques a pris une ampleur particulière. La Côte d’Ivoire, longtemps présentée comme un modèle de cohabitation ethnique, s’est illustrée dans la xénophobie et la violence, mettant par terre, en quelques années, tout ce qui avait été construit en plusieurs décennies.
Au Niger, Mamadou Tandja, dont on disait que le double mandat présidentiel était, tout compte fait, un modèle d’alternance dans ce pays trop souvent victime de coups d’Etat militaires, voudra refaire un tour de manège à quelques mois d’une fin de parcours annoncée. On sait ce qu’il en advint. En 2011, l’inimaginable est arrivé : Tunisie, Egypte, Libye, ces trois régimes férocement répressifs et anti-démocratiques, dont les leaders étaient présentés comme indéboulonnables, ont sombré brutalement sous les coups de boutoirs des populations (et, en ce qui concerne la Libye, d’une coalition « occidental »).
Au Sénégal, un homme raisonnable dans un pays où les choses se sont passées, jusqu’à présent, plutôt mieux qu’ailleurs, est devenu totalement déraisonnable. Jusqu’à présent, on y a évité le pire. Jusqu’à présent… ! Et puis il y a le Mali. Sur les rives du fleuve Niger, Bamako avait, en vingt ans, vu disparaître un dictateur et l’alternance s’installer entre deux hommes, Amadou Toumani Touré (ATT) et Alpha Oumar Konaré. Un modèle, disait-on. A tel point que le pays devenait une référence culturelle et un passage obligé pour toutes les personnalités politiques « occidentales », de gauche comme de droite, qui entendaient célébrer la « démocratisation », enfin en marche, de l’Afrique noire.
ATT, après ses deux mandats, avait annoncé sa décision de ne pas forcer le destin. Il ne serait pas candidat à sa propre succession et, dès lors, une flopée de candidats s’est précipitée pour prendre la suite. Les commentateurs souligneront la vitalité de la démocratie malienne où les hommes politiques étaient légion. Et, dans l’ensemble, plutôt crédibles. Jusqu’à ce jour du 17 janvier 2012 – il n’y a pas loin de deux mois – où le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) a déclenché la « guerre » contre le régime en place à Bamako.
La situation, tout d’abord, a été perçue comme « intra-malienne » puis, les réfugiés fuyant la guerre et les exactions contre les populations « blanches » s’étant multipliés dans les pays de la sous-région voisins du Mali, comme « humanitaire ». Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, fera le déplacement à Cotonou, Ouagadougou et Bamako pour appeler au nécessaire « dialogue », redoutant par-dessus tout les connexions entre la « rébellion » touarègue et les katibas d’AQMI. A un moment critique : le premier tour de la prochaine présidentielle est programmé le dimanche 29 avril 2012. Il est évident, aujourd’hui, à sept semaines de cette consultation électorale, que celle-ci ne pourra pas être organisée. Ce qui ne semble pas chagriner grand monde à Bamako.
Et c’est là que le bât blesse. Alors que partout dans la région, à Alger, Nouakchott, Ouagadougou, Niamey notamment, chacun s’inquiète d’une situation militaire que le gouvernement malien ne semble plus maîtriser, Bamako semble se foutre totalement de ce qui se passe dans le Nord de son territoire. Y compris quand les « rebelles » s’emparent du camp de Tessalit, pôle stratégique situé dans le Nord-Est du Mali, à la frontière avec l’Algérie et le Niger, et mettent la main sur un arsenal considérable.
« Il n’y a pas eu de conquête car c’est nous-mêmes qui avons décidé de faire évacuer le camp […] Il fallait faire l’économie des pertes humaines inutiles d’autant plus que si nous abandonnons le camp aujourd’hui, nous pourrons toujours le reprendre plus tard ». L’explication du ministre malien des Affaires étrangères, Soumaïla Boubèye Maïga, exprime la déliquescence dans laquelle se trouve, aujourd’hui, l’Etat malien. Une rébellion armée occupe le Nord du pays et y fait ce qu’elle veut sans que la classe politique au pouvoir ne semble s’en soucier. « Nous verrons plus tard », dit-elle en substance. Sauf qu’en pratiquant ainsi « le retrait stratégique », Bamako abandonne de plus en plus de terrain, de plus en plus de moyens logistiques, de plus en plus d’armes… à la « rébellion » qui renforce ainsi ses positions ; et décrédibilise l’action gouvernementale tout en démoralisant les troupes maliennes. Qui voudra mourir pour Kidal, à 200 km au Sud de Tessalit, que les Touareg considèrent comme la capitale de la République de l’Azawad qu’ils veulent fonder ? Et quand la « communauté internationale » prône le dialogue entre les parties en présence, personne ne dit comment on peut négocier utilement avec des « rebelles » en position de force qui vont de victoire en victoire sans jamais être inquiétés par les forces loyalistes. La position malienne est incompréhensible pour les autres pays de la région, touchés par les effets collatéraux de cette « guerre » des Touareg contre Bamako. Quelle république, quel Etat, quelle nation peuvent ainsi accepter, sans broncher, une domination étrangère sur son territoire et de voir, aussi durablement, sa souveraineté bafouée ? Ce qui amène bien sûr à se poser des questions sur la République malienne, l’Etat malien, la nation malienne et crédibilise la thèse selon laquelle l’entourage d’ATT instrumentalise cette « guerre » pour perdurer au pouvoir au-delà du 29 avril 2012. L’autre question est de savoir si ATT est un chef d’Etat (qui plus est un chef militaire) vraiment nul ou s’il est l’otage des ultras de son régime. L’avis général est d’ailleurs qu’il est nul et que c’est pour cela qu’il s’est fait prendre en otage ! Il est vrai que l’image d’ATT en a pris un sacré coup en l’espace de quelques semaines*. Reste, du même coup, que toute médiation devient difficile dès lors que Bamako accepte l’inacceptable et supporte l’insupportable. Déjà, la Mauritanie joue sa propre partition et n’hésite plus à multiplier les incursions dans l’espace aérien malien, Nouakchott étant convaincu que la « guerre » dans laquelle se sont lancés les Touareg est un vecteur d’implantation « durable » d’AQMI et de ses divers démembrements dans le « corridor sahélo-saharien » et que tout laxisme peut être mortel pour la région. Alger, de son côté, voit la menace se rapprocher de son territoire avec la prise de Tessalit (qui dispose d’infrastructures importantes dont notamment une piste d’atterrissage). Le président Bouteflika sait la difficulté qu’il y a à éradiquer le terrorisme dès lors que les réseaux parviennent à s’implanter et à se structurer. Il sait aussi quelle est la vulnérabilité sociale de son pays où la jeunesse n’en peut plus d’être exclue de la croissance et de voir les apparatchiks du FLN se goberger (plus encore en cette année 2012, cinquantenaire de l’indépendance du pays après une longue guerre de libération 1954-1962). Une médiation étrangère au Mali peut-elle s’engager avec le MNLA alors que c’est le territoire malien qui est concerné ? Et peut-on négocier utilement avec le MNLA si c’est AQMI qui tire les ficelles ? C’est le défi auquel est confronté le Burkina Faso qui s’implique dans la recherche d’une solution en multipliant, aujourd’hui, les déplacements dans les capitales concernées. Djibrill Y. Bassolé, qui a en charge ces contacts, a fixé le fondement sur lequel la négociation peut être menée, soulignant que « l’agenda du MNLA : l’indépendance régionale, est hors de portée. La communauté internationale n’est pas prête à soutenir un tel agenda ». On ne s’étonnera pas que la question de la souveraineté soit au cœur de la préoccupation des Burkinabè. En la matière, ils ne transigent jamais ! A bon entendeur, salut.
* Considéré en Afrique comme un modèle en matière d’acceptation des alternances en un temps où la tendance était au tripatouillage des constitutions, ATT était présenté dans la presse burkinabè, voici encore quelques semaines, comme un homme « droit dans ses bottes » (L’Observateur Paalga – 21 février 2012), « un démocrate jusqu’au bout » (Le Pays – 27 février 2012). Depuis, il a beaucoup perdu de son aura et n’est plus qu’un général en déroute.
Jean-Pierre BEJOT
LA Dépêche Diplomatique, http://www.lefaso.net/spip.php?article46910,16-03-2012


Les combats dans le nord du Mali - Azawad se poursuivent






Ajoutée par  le 17 mars 2012
France 24, Une semaine en Afrique, 9 mars 2012 | Les combats se poursuivent dans le nord du Mali (région de l'Azawad) entre d'une part, des touaregs réunis sous l'étendard d'un mouvement armé sécessionniste baptisé MNLA (Mouvement National de Libération de l'Azawad), crée en octobre 2011, et l'armée gouvernementale du Mali. Les unités combattantes du MNLA sont constituées de : (1) les ex-mercenaires touareg maliens du dictateur déchu Muammar Khadafi, engagés dans les rangs notamment du commando 32 du fils Khamis Khadafi, la brigade al-Maghawir et le commando Al-Fooj Attassah, contraints à la retraite en 2011 après leur défaite mais revenus sur leur terre natale lourdement armés, (2) la brigade salafiste Ansar Eddine, dirigée par Iyad ag Ghali prônant l'instauration de la Charia dans le nord du Mali (3) divers déserteurs de l'armée malienne, des déçus du régime corrompu de Bamako, des jeunes pauvres et désœuvrés, des aventuriers et des opportunistes de tous bords (4) un groupe d'exilés maliens établis en France en charge de la communication et du lobbying politique en vue d'obtenir une reconnaissance internationale premier pas vers l'indépendance recherchée de l'entité dite "Azawad". Les attaques du MNLA ont débuté le 17 janvier 2011 dans le nord du Mali, et se sont soldés jusqu'à ce jour par des centaines de morts dans les deux camps et la prise de contrôle par le mouvement touareg armé des villes de Ménaka, Tessalit, Aguelhoc, Léré, Tinzaouaten, Anderamboukane.

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samedi 17 mars 2012


Les Américains envoient de l'aide militaire à Bamako pour combattre les Imazighen

sam, 2012-03-17 13:27 -- Stéphane Arrami
N'hésitez pas à écrire aux autorités américaines (Ambassades et Maison blanche, selon votre lieu de résidence) pour dénoncer le soutien des USA à l'Etat malien.

Montrons à l'administration américaine que Imazighen n'apprécient pas du tout l'attitude américaine. D'autant plus que, selon des informations qui restent à confirmer, les Américains viennent d'envoyer de l'aide militaire à Bamako. C'est bien entendu pour combattre les Touaregs du MNLA.

N'hésitez pas à envoyer un courrier (mél, fax, courrier postal) aux autorités américaines et diffuser le message autour de vous.
Ci-dessous la lettre de Tamazgha à l'ambassadeur des USA en France qui peut vous servir de modèle.

Tanemmirt.

Masin Ferkal.


Lettre de Tamazgha à l’Ambassadeur des Etats Unis en France
Son Excellence l’Ambassadeur des Etats Unis en France,
Ambassade des Etats-Unis d’Amérique
2, avenue Gabriel
75382 Paris Cedex 08

Votre Excellence, Monsieur l’Ambassadeur des Etats Unis en France,

Par le présent courrier, nous venons vous faire part de notre consternation quant à la position de votre pays, concernant la situation qui prévaut dans l’Azawad où le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) est en conflit armé avec l’Etat malien.

En effet, des avions u.s. auraient largué au début du mois de mars des vivres et des armes – et ce à deux reprises – à l’armée malienne. Les troupes maliennes sont en réalité une armée d’occupation de Amachach (près de Tessalit) qui se trouve sur le territoire de l’Azawad. Le renfort u.s. vient au moment où l’armée malienne est mise en sérieuse difficulté par les combattants du MNLA.

Quel est l’intérêt de cette ingérence ?

Votre gouvernement actuel s’implique généralement en faveur des Droits de l’Homme lorsque ceux-ci sont bafoués par des Etats comme le Mali. Devrions-nous interpréter cette ingérence – car c’est de cela dont il s’agit – comme une prise de position de votre pays quant au conflit qui oppose l’Etat du Mali au MNLA ? Si tel est le cas, cela nous inquiète au plus haut niveau car cela signifierait que les Etats Unis d’Amérique se mettraient aux côtés de l’Etat malien qui combat des citoyens qui ne veulent rien d’autre que leur liberté et la récupération de leur territoire qui leur est confisqué depuis un demi-siècle. Cela signifierait également que le droit à l’auto-détermination, pourtant consacré par les Nations Unies, serait remis en cause par votre pays. Les Etats-Unis d’Amérique commettraient là un crime en aidant logistiquement un Etat dont l’armée s’attaque à des civils.

Votre Excellence, Monsieur l’Ambassadeur,

Nous tenons à vous dire combien l’avenir de l’Azawad concerne non seulement les populations de l’Azawad, majoritairement touarègues (Berbères du Sud), mais l’ensemble des Berbères qui sont aujourd’hui aux côtés de celles et ceux qui se battent pour la libération de ce territoire. En larguant des armes aux militaires maliens, les Etats-Unis scandalisent non seulement les Touaregs et les combattants du MNLA mais également l’ensemble des Berbères.

Devrions-nous comprendre par là que les Etats-Unis d’Amérique méprisent à ce point le peuple berbère ? Et qu’ils sont, de fait, du côté des oppresseurs des Berbères ?

Votre Excellence, Monsieur l’Ambassadeur,

Nous émanons le souhait que les autorités de votre pays observent la neutralité dans le conflit qui oppose le MNLA à l’Etat Malien. Nous espérons également que les autorités de votre pays soient sensibles à la question berbère et au désir des Berbères d’accéder à la liberté.

Les autorités de votre pays seraient bien plus cohérentes en comprenant la lutte d’un peuple plusieurs fois millénaire : le peuple Berbère. Celui-ci subit aujourd’hui les affres d’une idéologie dévastatrice qui n’a d’autre objectif que l’éradication de l’amazighité (berbérité) de l’Afrique du Nord. Il serait bien regrettable que les autorités de votre pays cautionnent cette politique d’éradication des peuples.

Nous restons à votre disposition pour une éventuelle entrevue à ce sujet.

Veuillez croire, Votre Excellence, Monsieur l’Ambassadeur des Etats-Unis, nos salutations distinguées.


Tamazgha,

Paris, le 9 mars 2012.

Vous pouvez, vous aussi, écrire à l’Ambassadeur des Etats Unis en France, mais aussi à l’Ambassadeur des Etats Unis au pays où vous résidez pour dénoncer l’ingérence américaine dans le conflit qui prévaut dans l’Azawad.

En France, voici les coordonnées :

Son Excellence Monsieur l’Ambassadeur des Etats Unis en France
Ambassade des Etats-Unis d’Amérique
2, avenue Gabriel
75382 Paris Cedex 08

Fax : 01 42 66 97 83
Rubriques: 

http://www.tv5mondeplus.com/video/17-03-2012/afrique-presse-160312-233380 


Mali Gao : un quartier où s’érigeaient de luxueuses villas a été surnommé “Cocaïne City”/à proximité de l'état major de l' armée et des corps para-militaires du Mali(NDLR)comme quoi...

L’argent est bien le nerf de la curieuse guerre d’AQMI au Sahara et, pour leur financement, les katiba dépendent également de trafics, notamment de cocaïne, percevant des “impôts de passage” quand elles ne donnent pas un coup de main pour l’acheminement de cargaisons à travers le Sahara. Si une poignée de combattants parviennent à tenir en échec les pouvoirs de la région et à organiser à cette échelle prises d’otages et trafics, sont-ils en mesure de créer un futur sanctuaire pour Al-Qaida au coeur de l’Afrique ? Aucun spécialiste ne le croit.
Les pertes subies par AQMI ne sont pas suffisantes pour stopper ses activités, notamment dans le nord du Mali. Et des responsables français s’exaspèrent de voir le gouvernement local, selon une bonne source, “au mieux passif, sinon complice” face à la présence des katiba dans une partie du pays. Des interceptions de communications ont montré que certains officiers maliens échangeaient par téléphone portable avec des interlocuteurs d’AQMI. Une manière d’éviter la confrontation, mais aussi, parfois, de fixer certains arrangements concernant la circulation de trafiquants sur des routes discrètes, qui montent vers le nord, en direction de l’Algérie et “où l’armée évite absolument de se trouver”, assure la même source.
Ahmadou Ould Abdallah, ancien représentant des Nations unies en Somalie et actuel directeur du C4S (Centre pour les stratégies pour la sécurité Sahel Sahara), ose le rapprochement entre trafics et liberté d’action d’AQMI : “Il n’y aurait pas d’AQMI dans la région sans complicités avec les services de renseignement et de sécurité, et avec des responsables des douanes.” Ces complicités s’étendraient partout, notamment en Algérie, mais aussi au Mali. A Gao, dans le nord du pays, un quartier où s’érigeaient de luxueuses villas a été surnommé… “Cocaïne City”.
Mais la relative liberté de mouvement dont bénéficie AQMI dans le nord du Mali tient à un autre facteur. Le président malien, Ahmadou Toumani Touré (ATT), a toujours considéré que la “guerre” d’AQMI n’était pas la sienne. Pourquoi le Mali irait-il combattre les katiba ? Le pays, déjà en proie à de grandes difficultés, aggravées par le déclenchement de la rébellion touareg, ferait alors figure d’ennemi d’Al-Qaida, susceptible d’être frappé par des attentats.
La bande sahélo-saharienne fait aussi l’objet d’un “grand jeu” qui se joue à l’échelle régionale, mais aussi internationale. Et où toutes les positions ont été transformées par les retombées de la crise libyenne et des révoltes arabes.
La première conséquence est d’avoir ramené au Mali des centaines de combattants touareg bien armés, qui forment à présent le gros des troupes du MNLA. Mais aussi d’avoir provoqué un électrochoc philosophique parmi les têtes pensantes d’AQMI. Des membres sont repartis dans leur pays où les pouvoirs tombaient, notamment en Tunisie, alors que, dans le Sahara, les katiba ne semblaient s’occuper que de trafics et de prises d’otages. Il a donc fallu opérer un “changement radical de stratégie”, selon Mathieu Guidère, qui a poussé “Droukdal à se recentrer sur un djihad local, en ciblant le seul pays “apostat” qui reste à ses yeux un agent de l’Occident, l’Algérie”.
Depuis 2011, en effet, les accrochages meurtriers et les attentats se sont multipliés sur le sol algérien. Dernier en date : l’attentat-suicide qui a visé, le 3 mars, la garnison des gendarmes de Tamanrasset, faisant 23 blessés. Une première dans cette ville du Sud algérien où a été précisément créé, en 2010, un comité d’état-major opérationnel conjoint à l’Algérie, au Mali, à la Mauritanie et au Niger.
Dans l’intervalle, des forces spéciales étrangères se déploient dans la région. En Mauritanie, à Atar, trois bâtiments, d’une capacité de 150 lits, accueillent des troupes françaises venues entraîner leurs homologues mauritaniens. Des “instructeurs” américains, reconnaît le président mauritanien, sont aussi présents dans la région. La première confrontation militaire connue de troupes françaises avec AQMI a eu lieu le 22 juillet 2010, lorsque des forces spéciales et un contingent mauritanien ont tenté de libérer l’otage Michel Germaneau. La katiba avait subi des pertes importantes, mais l’otage n’avait pas été libéré. Trois jours plus tard, AQMI annonçait l’avoir exécuté, comme le prévoient les consignes du groupe. “Malgré cet échec, le paradoxe de cette opération, c’est que cela a renforcé notre conviction que les troupes d’AQMI pouvaient être défaites”, conclut une source sécuritaire française.
Isabelle Mandraud et Jean-Philippe Rémy
Journal le Monde

بلدان غرب إفريقيا تبحث عن حل للأزمة المالية

ACHLIYAT ETKARAS

egdahawan


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Crise profonde au Mali : La rébellion touareg pour une scission du pays

NOTRE VOIE
vendredi 16 mars 2012
Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a lancé le 17 janvier dernier, une offensive militaire pour la reconquête d’espaces dans le nord malien qu’il dit lui appartenir. Depuis cette date, ce mouvement fait face à une résistance des forces de défense et de sécurité maliennes. Comme il fallait s’y attendre, les populations des localités prises dans l’étau des combats fuient leurs terres natales pour se réfugier dans les pays voisins tels que la Mauritanie, l’Algérie et le Niger qui les accueillent par dizaines de milliers. S’agit-il d’une révolte contre le pouvoir de Toumani Touré ou contre le peuple malien ? Pour en savoir davantage nous sommes entrés en contact avec M. Moussa Ag Achtouramane, chargé des Droits humains au sein du mouvement rebelle. Notre objectif étant de comprendre ce qui se passe réellement dans le nord Mali. Selon ce dernier, les origines du conflit remontent à la période coloniale. « Pour comprendre ce qui se passe dans le nord du Mali, il faudra revenir un peu en arrière, notamment vers la naissance des Etats africains dans les années 1960. Les Azawadiens (nord Mali, ndlr) avaient exprimé leur souhait, dans une lettre adressée à la France en 1958, de rester libres et indépendants sur leurs terres. Et qu’ils ne souhaitaient pas faire partie du Mali. Cette missive est restée lettre morte. L’Azawad a été rattaché au Mali, malgré l’opposition du peuple azawadien. Deux ans après l’indépendance du Mali, la première révolte éclate dans la région de Kidal. Cette révolte a été réprimée dans le sang. Des femmes et des enfants ont été massacrés dans l’indifférence totale. Même le cheptel n’a pas échappé au massacre. En tout cas, rien n’a été épargné par le Mali. Une deuxième révolte est intervenue en 1990, une troisième en 2006 et une quatrième en 2008. Tout cela prouve largement le rejet par la population de cet Etat qui lui a été imposé et qui occupe ses terres depuis 51 ans. C’est ce qui a poussé les fils de l’Azawad a créer un nouveau mouvement le 16 octobre 2011, le MNLA. Entendez, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad. Son seul objectif est de sortir le peuple de l’Azawad de l’occupation malienne et d’arriver à l’indépendance tant attendue », rappelle-t-il, ajoutant qu’il s’agit plus d’une « révolution contre un Etat » qui « occupe illégalement ses terres ». « A aucun moment, nous ne sommes contre le peuple malien que nous respectons beaucoup. Notre lutte est dirigée contre une politique d’occupation ». M. Moussa précise aussi qu’il ne s’agit pas uniquement que des Touaregs qui sont engagés dans cette lutte pour l’indépendance. Ils ont avec eux, les Arabes, les Songhaï et les Peuhls qui forment le peuple de l’Azawad. Parlant de la situation humanitaire et militaire, le chargé des Droits humains du MNLA soutient qu’elle est plus que grave et que leurs hommes, sur le plan militaire, ont le dessus. « La situation est critique. Cela est compréhensif, vu les résultats des combats, entre l’armée d’occupation du Mali et l’armée révolutionnaire du MNLA. Nous avons déjà le contrôle des trois frontières entre l’Azawad et le Niger, et l’Algérie et la Mauritanie. Nous contrôlons une grande partie de notre territoire. Mais nous poursuivrons le délogement de l’armée d’occupation de nos terres jusqu’à ce que le droit à l’auto-détermination de l’Azawad soit une réalité » indique-t-il. Moussa Ag, faisant un bref bilan de derniers affrontements qui ont duré 12 heures, lundi dernier à Tessalit, a indiqué que le MNLA tient toujours ses positions et contrôle désormais le camp d’Amachach.
Ouattara Abdul-Mohamed