mercredi 22 février 2012


Communiqué de l'ARVRA portant sur la situation des étudiants refugiés

ARVRA
Communiqué
Suite à l'arrivée massive des refugiés Touaregs et Arabes en provenance des zones de conflits ou fuyant des représailles au Mali, l'Association des réfugiés victimes de la répression de l'Azawad (ARVRA) dans son rôle d'information et de soutien, signale la présence parmi les refugiés d'un nombre important d'étudiants universitaires dont une liste a été établie.

Nous lançons donc un appel aux structures éducatives mauritaniennes et internationales, aux organismes d'aide aux refugiés, aux Fondations, et à toutes les bonnes volontés... en vue d'obtenir des bourses d'études d'enseignement supérieur pour ces étudiants refugiés confrontés à un accueil mitigé et à des difficultés matérielles qui risquent de compromettre leurs études et leur avenir.
Les contacts de l'AVRA sont les suivants:
Elmoctar Mohamed Ansari, Président, atama94@yahoo.fr
Egless ag Oufen, vice président relations extérieures, eglass608@yahoo.fr
Mamatal ag Dahmane, porte parole en Europe, ahaliss@yahoo.fr
Mauritanie/Mohamed Elmoctar Ag Mohamedounhamelansar@yahoo.fr
Avec nos remerciements anticipés et l'assurance d'une franche collaboration.


Paris le 22 Février 2012

Mamatal AG Dahmane
Porte Parole de l'ARVRA en Europe

Le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou de retour à Gao sans accomplir sa mission d'approvisionner Tessalit

Toumast Presse
Alhaji Ag Gamou
Il y a une dizaine de jours nous faisions état d'un important convoi de l'armée Malienne dirigé vers Tessalit pour mettre fin au blocus du camp de cette ville par les forces du MNLA. Après de très lourd combat, le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou réussira à se frayer par chance une porte de sourie pour rejoindre le commandement militaire de Gao.

Après sa nomination au Ministère de la Défense, le General Sadio Gassama affirmait sans détour que la nouvelle mission qui lui était accordée était une mission ayant un intervalle de temps bien précis. Afin d'être nommé à la Défense, il avait dû promettre au Président de la République Malienne de mettre fin à la révolution Azawadienne avant les élections présidentielles du 29 Avril 2012. Complètement motivé pour commencer ses travaux, le nouveau Ministre ne pouvait compter que sur un seul homme: le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou. Ce Tamasheq est le plus grand espoir du Mali pour faire face au MNLA lorsque les autres soldats originaires du Sud du Mali brillent par leur fuite pour éviter les assauts de l'armée de l'Azawad, sans oublier le Colonel-Major Abderahmane Ould Meydou qui est traumatisé depuis les deux embuscades auxquelles il a échappés.
Avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, le Colonel-Major Ag Gamou s'est décidé à se rendre à Tessalit le Samedi 11 Février 2012. Il lèvera le camp à l'aube à la tête d'un important convoi de l'armée Malienne entouré par des membres des milices issues de sa tribu. Ayant remarqué ce convoi, une unité du MNLA dirigé par le Colonel Assalat Ag Habi lui tendra une embuscade. Face à la violence de cette embuscade, le Colonel-Major fera ce qui s'appelle désormais dans le jargon de l'armée militaire un «retrait tactique», en d'autres termes, une fuite des terrains de combats. Après ce retrait tactique, 17 membres du convoi militaire perdront la vie, et 14 autres dont l'Adjudant Youssouf Ag Bougara seront emprisonnés par le MNLA.
Ne voulant pas retourner à son point de départ, le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou et ses troupes feront escale une centaine de kilomètre plus loin en attendant un plus grand renfort militaire pour pouvoir mener à bien leur mission. A l'aube du Dimanche 12 Février, ce nouveau convoi lourdement armé et comprenant un peu plus de 70 véhicules prendra la route à l'aube du Dimanche 12 Février avec la ferme intention de ravitailler le camp militaire Amashash de Tessalit sous blocus du MNLA depuis trois semaine.
Les troupes du MNLA n'ayant pas cru que le Colonel-Major Ag Gamou serait aussi courageux pour revenir à la charge ne lui ont pas prévu de «comité d'accueil» selon un combattant que nous avons joint sur son téléphone satellitaire Thuraya. C'est ainsi que les combats les plus durs prendront place à 30 kms de Tessalit. Après une journée de combats, l'aviation rentrera en scène afin de frayer un chemin à ses troupes au sol. Quelques bombardements plus tard, les batteries anti-aériennes du MNLA obligeront l'aviation de se retirer après avoir quand même permis au convoi militaire d'avancer de 5 kms. C'est suite à cette avancée qu'un communiqué du Ministère de la Défense repris par Jeune Afrique et les journaux Maliens annoncera que le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou est rentré à Tessalit et mis fin au blocus du camp d'Amashash et que plus d'une centaine de combattants du MNLA ont péris dans les affrontements. La suite des évènements nous dira d'abord que le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou n'est jamais rentré à Tessalit et que les unités très mobiles du MNLA qui combattent sous forme de guérilla n'ont essuyé aucune victime du fait de l'aviation.
Ne pouvant pas avancé après la brèche de 5 kms offerte par l'avion Malienne, le Colonel-Major Ag Gamou se repliât vers In-Khalid le Jeudi 16 Février afin de bénéficier de l'approvisionnement de ces parents en nourriture et eau vu que ce qu'il avait a soit été détruit, soit consommé par ces troupes. A In-Khalid, le 17 Février, des combattants du MNLA arrêteront deux commençants proches d'Ag Gamou qui s'apprêtait à le ravitailler. Leurs véhicules seront confisqués, et le mouvement leur notifiera qui auront à faire à la justice Azawadienne une fois le territoire libérer. Après une journée de cache des troupes malienne et de ses milices, des violents combats auront lieu les 18 et 19 Février. Une partie du convoi d'Al-Haji Ag Gamou sera anéantie. Profitant de la confusion, le Colonel-Major sortira avec une quarantaine de véhicule en voulant passer par la route conduisant à Ber dans l'espoir de bénéficier de l'apport de l'aviation qui aura une plus grande marge de manœuvre face aux plaines de la région. Là encore, il rencontrera une autre unité du MNLA qui détruira plus de la moitié de son convoi.
Après assez d'acrobaties, son convoi finira par arriver à Anefif. Sans approvisionnement, nos sources dans cette ville nous apprendront que le peu de militaire Maliens et les milices du Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou dévaliseront les boutiques de la ville. Le lendemain, Lundi 20 Janvier, le convoi rentrera dans la ville de Gao avec seulement 14 véhicules contre plus de 70 initiallement. Même ceux qui ne comprennent pas grand-chose à la géopolitique comprendront l'échec cuisant de convoi de l'espoir de toute l'armée Malienne. Non seulement le Colonel-Major Al-Haji Ag Gamou à la tête d'un grand convoi militaire n'a pas réussi à remplir sa mission qui était de lever le blocus autour du camp Amashash et l'approvisionner, mais en plus il a perdu en une dizaine de jours la quasi-totalité de ses troupes. En tout état de cause, cette défaite cuisante de l'armée Malienne montre que les stratèges militaires du MNLA ont pris le dessus sur l'ensemble de l'échiquier de l'armée Malienne. Par expérience, c'est en ces temps-ci que les populations civiles sont le plus en danger face à l'armée Malienne.

Par Ikhlou Ag Azzezen

Kel Assouf – Tin Hinane

Dans la grande marmite du rock touareg, les talents sont désormais plutôt nombreux (Tinariwen, Terakaft, Tamikrest, Bombino…), mais les surprises sont plus rares. C’est justement parce qu’il ne cultive pas l’âpreté lancinante et psychédélique de ce blues électrifié au ras des dunes que Kel Assouf fait mouche.
Ainsi, telle Tin Hinane, ancienne reine qui avait su unifier les peuples berbères, ce groupe multiculturel formé à Bruxelles a trouvé la clé d’un métissage cohérent en cherchant du côté du reggae et de l’afrobeat. Moins guttural, plus lyrique, le chant tamashek du leader, le Nigérien Aboubacar « Anana » Harouna, y exhale une tendresse rafraîchissante. Celle-ci doit beaucoup aux douces ponctuations d’une flûte traversière qui esquisse même quelques notes de salsa. Une kora s’invite également sur deux titres, dont Tin Hinane, ballade joliment entêtante.
| 1 CD Igloo Mondo/Socadisc. http://kelassouf.com/fr/
Anne Berthod, Telerama n° 3241 – 25 février 2012 http://www.telerama.fr/musiques/tin-hinane,78185.php


22:02:2012


AZAWAD FLASH:Encercle pendant une semaine ds les environs de tessalit, Le colonel Major et chef d'état major particulier d'Att Elhadj Gamou prend  a déserté  en abandonnant la majorite de ses hommes. Profitant  de la confusion lors d'un combat nourrit, il  s'est éclipsé  sans  la plupart de ses hommes. Sur 70 véhicules et engins de guerre  dont il avait le commandement, il est rentré  hier soir avec 14 4x4.Tout le reste est passé sous le controle du MNLA. Avant d'arriver a Gao il a fait un arret a Tin-aouker ( Village Chamnamass a 70km de gao) ou il a procede au saccage de maisons et a une fouille systematique des personnes. Des temoins confirment que l'homme est fortement traumatiser melangeant le tamasheq au Bambara en s'adressant aux Touaregs de Tin-Aouker. C'est arriver a Gao qu'il se demande ou sont passes les autres hommes de son convoi! Le gouverneur de Gao lui a fortement conseiller de voir un psychologue. Gamou serait-il perturbé? On saura ds les prochains jours.STOP

mardi 21 février 2012


Rébellion au Mali : les pays voisins s'inquiètent du risque de contagion
AQMI(535) - Cedeao(284) - MNLA(36)


21/02/2012 à 19h:24 Par Philippe Perdrix


Un soldat malien. © AFP

L'afflux de réfugiés à cause de la rébellion touarègue inquiète les pays frontaliers du Mali. Niger, Algérie, Mauritanie, Burkina Faso... Ils redoutent tous une extension du soulèvement et préconisent désormais une grande conférence régionale. Comme le président malien Amadou Toumani Touré le réclame depuis... septembre 2007.

Il suffit d'une carte pour comprendre. Moins de 50 km séparent Ménaka, première ville attaquée par les rebelles, et la frontière avec le Niger. Il suffit ensuite d'avoir quelques notions de géographie pour constater que la région de l'Azawad s'étend jusqu'aux contreforts de l'Aïr. Il suffit enfin d'avoir quelques connaissances historiques pour se rappeler que les Touaregs nigériens ont fait parler la poudre dans les années 1990 et, plus récemment, entre 2007 et 2009.

« Les risques de contagion sont réels et il faut agir d'urgence. Cela passe par la prise en compte des revendications économiques et sociales. Au Niger, ce travail est effectif », explique Moustapha Kadi, l'un des leaders les plus écoutés de la société civile. Et ce Touareg natif de Tahoua d'ajouter : « Tout le monde comprend maintenant pourquoi le président Issoufou a choisi un Premier ministre touareg [Brigi Rafini, NDLR]. »

Explosive

Si cette nomination est de nature à apaiser les éventuelles revendications identitaires, Niamey a préféré prendre les devants face à cette guerre de l'Azawad. Renforcement du dispositif militaire à la frontière, visite du ministre de la Défense... Il y a urgence. D'autant qu'une crise humanitaire menace de s'ajouter à la pénurie alimentaire qui sévit déjà. Début février, 10 000 personnes, venues en charrette, à dos de chameau ou même à pied, s'entassaient déjà autour de Chinegodar, sans eau ni nourriture.

Cette migration du désespoir touche toute la bande saharienne. En Algérie, des milliers de réfugiés affluent dans la région de Bordj el-Mokhtar, au beau milieu du désert du Tanezrouft. Au Burkina Faso, les autorités, qui ont dépêché sur place deux hélicoptères et des patrouilles terrestres pour surveiller la frontière, recensaient, le 8 février, 3 000 personnes, principalement dans la région de Djibo. Et en Mauritanie, c'est autour de Fassale que les arrivées sont le plus massives. La situation est explosive.



La spirale de la violence au Mali, vue par Glez

Dessin paru initialement sur le site de Radio Netherlands Worldwide


"Les accusations de collusion de certains hauts gradés maliens avec les terroristes et les trafiquants prospérant dans le Nord-Mali sont parfaitement crédibles", estime un expert de la région.

« Nous sommes impatients de voir à l'oeuvre le successeur d'Amadou Toumani Touré, car ce dernier n'a pas montré beaucoup d'efficacité sur les questions sécuritaires », lance un ministre ouest-africain des Affaires étrangères. Les griefs portent tout à la fois sur la gestion d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), les prises d'otages et les rançons versées pour leur libération, ainsi que sur le récent retour au pays des desperados kaddafistes. « Les accusations de collusion de certains hauts gradés maliens avec les terroristes et les trafiquants prospérant dans le Nord-Mali sont parfaitement crédibles », estime un expert de la région.

Risquée

Que faire dans ces conditions ? Attendre la présidentielle malienne, en avril prochain ? Une solution trop tardive, donc trop risquée. Les capitales régionales plaident pour un « plan global » impliquant l'ensemble du Sahel et placé sous l'égide des Nations unies. C'était à l'ordre du jour du dernier sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), le 16 février à Abuja. « Nous allons organiser une grande conférence avec tous les pays concernés : c'est-à-dire l’Algérie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina, la Lybie etc. pour trouver une solution et consolider l’État malien dans son intégrité », a confirmé le 21 février le président du Bénin Boni Yayi, sur RFI

Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Rébellion au Mali : les pays voisins s'inquiètent du risque de contagion | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

Mercredi 22 février 2012
 
 
 




Rébellion au nord du Mali

La crise provoque l’exode de 50 000 Touareg et Arabes maliens

Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte
le 20.02.12 | 01h00 Réagissez


zoom | © D. R.
Un camp de réfugiés maliens à Chinegoda, au Niger....
ImprimerPDF Envoyer à un ami Flux RSS Partager


Au-delà de la situation sécuritaire explosive, le nord du Mali vit une véritable catastrophe humanitaire.


Des milliers de personnes, 50 000 entre Touareg et Arabes, selon le Mouvement pur la libération de l’Azawad (MNLA) et la Coordination touareg pour la Libye (CTL) ont fui les régions du Nord touchées non seulement par la rébellion mais également du Sud, de peur des actes de représailles à leur égard, vers les pays voisins. Le climat de rébellion s’est définitivement installé pour assombrir davantage l’avenir de ce no man’s land où sévissent et s’entraident les groupes d’Al Qaîda, de contrebandiers et de trafiquants en tout genre.

Dans un communiqué rendu public vendredi dernier, Ishaq ag Al Housseini, porte-parole de la CTL (une organisation qui a rallié le MNLA), affirme que «par le conflit à Tessalit et ses environs, les populations sont les plus touchées en ce moment, parmi elles beaucoup ont rejoint les frontières algériennes». Selon la coordination, «la crise a poussé énormément de gens à l’exode, mais également le comportement des habitants de Bamako et de Kati qui s’en sont pris à toute personne de couleur blanche qui pourrait ressembler à un Touareg ou à un Arabe de l’Azawad. Les dégâts sont importants au point où de nombreux hauts fonctionnaires et des ministres touareg se sont vus obligés de se réfugier dans les pays limitrophes». Pour la coordination, cette crise «aurait pu être évitée si l’Etat malien avait appliqué les différents accords ou renforcé la décentralisation», précisant au passage que «le MNLA a alerté le pouvoir malien à plusieurs reprises, l’appelant au dialogue. En réponse, nous avons assisté à une remilitarisation des régions du Nord alors que l’Accord d’Alger visait le contraire».

Le Mali à l’index

Ashaq ag Al Housseini accuse le Mali d’avoir «mal géré» le retour de certains hommes de Libye : «Bamako a cru devoir les désintéresser avec des sommes d’argent et des promesses d’intégration dans les différents corps d’administration. Or, leurs intentions étaient tournées vers un dialogue portant sur l’autodétermination et l’administration de l’Azawad. Aujourd’hui, ce conflit a fait beaucoup de victimes, sa résolution doit être la priorité de toutes les parties. Cela passera par un cessez-le-feu réciproque en vue des négociations.» Al Housseini appelle à «un règlement définitif de cette question récurrente» et exhorte le Mali à «mettre un terme à la politique actuelle qui consiste à dresser une tribu azawadienne contre une autre et à accepter qu’un peuple puisse désirer prendre sa destinée en main».

Il indique plus loin que «l’Algérie, en tant que puissance régionale, ainsi que la France et les autres pays soucieux de l’équilibre régional, doivent s’impliquer dans la résolution du conflit en se portant notamment garants de l’application de l’accord qui en découlera et qui consiste en un Azawad administré par ses fils et sans AQMI, synonyme de développement, de liberté, de démocratie, de laïcité, de justice et d’anti-corruption».
Pour sa part, le MNLA, par la voix de Mahmoud ag Ghaly, président du bureau politique, dénonce l’aide aérienne apportée par un «Etat puissant» à l’armée malienne.

Mise en garde

Dans une déclaration rendue publique vendredi dernier, Mahmoud ag Ghaly affirme «détenir la preuve que l’Etat malien bénéficie du soutien d’un Etat puissant qui lui apporte un soutien aérien pour l’acheminement de matériel milliaire et de vivres pour son armée». Il explique que dans la nuit du 15 février dernier, «des avions ont largué des cargaisons d’aide» aux militaires maliens «assiégés» dans la base d’Amachach, à Tessalit. «Le mouvement affirme disposer de plusieurs informations sur cette affaire qu’il ne souhaite pas divulguer dans les médias», précise Mahmoud ag Ghaly, avant de condamner «fermement» ce qu’il qualifie de «partialité en faveur de l’Etat malien». «Cette intervention n’est pas juste, surtout pour un Etat étranger considérée comme étant mieux indiqué pour trouver une issue définitive à la question azawadienne, gage de la stabilité de la sous-région», déclare le président du bureau politique du mouvement.

Ce dernier interpelle la communauté internationale sur le recours, par Bamako, à «des mercenaires ukrainiens pour l’entretien et le pilotage des avions de combat qui font des victimes civiles, tuent des animaux et détruisent des campements et des véhicules appartenant à des civils, notamment dans les localités d’Intedeyni, Agabo, Ouzen, Alakat et aux environs de Tessalit». Face à ce fait, le mouvement «met en garde contre les conséquences de cette ingérence étrangère» et interpelle l’État ukrainien, sommé «de faire en sorte que ses soldatsne prennent pas parti en faveur de l’Etat du Mali dans la répression du peuple azawadien et dans l’occupation de ses terres».

Néanmoins, Mahmoud ag Ghaly réitère «l’entière disponibilité du peuple de l’Azawad à défendre sans réserve sa patrie pour un devenir meilleur, y compris par les moyens juridiques». Ce qui n’augure pas un avenir meilleur pour cette région du nord du Mali où la confusion est telle qu’aujourd’hui, il n’est plus possible de savoir qui est qui. D’un côté, les phalanges d’AQMI, les narcotrafiquants et les contrebandiers et, d’un autre, un groupe de Touareg armés revenus de Libye, le mouvement de libération de l’Azawad, le mouvement islamique de l’Azawad, créé récemment par Iyad ag Ghaly, un ancien membre de la rébellion touareg reconverti en prestataire de service attitré auprès de Belmokhtar, Abou Zeid et de toute organisation maffieuse spécialisée dans les négociations pour la libération d’otages en contre partie de rançon. Les relations de ce dernier avec les terroristes ont été pour beaucoup dans le refus de son acceptation au sein du MNLA, qui reste foncièrement anti-AQMI.

Misant sur certains Touareg ayant fui la Libye, avec dans leurs bagages de l’armement lourd, Ghaly a rallié à lui de nombreux membres de la communauté arabe Brébiche pour constituer une organisation dont les objectifs restent encore indéterminés.
Ce qui est certain c’est que la région est sur un volcan. Tous les ingrédients d’une explosion sont présents. Pour l’instant, le MNLA gagne du terrain, alors qu’AQMI renforce ses positions et se rapproche de plus en plus des troupes de Ghaly et de certains laissés-pour-compte revenus de Libye dans l’espoir de les avoir sous sa bannière. En face, les Etats de la région restent dans l’expectative, alors que Bamako continue à jouer la carte de la répression contre le MNLA au détriment du dialogue et de la concertation.
Salima Tlemçani
 

Lundi 20 février 2012
Ce blog est sous l'entière responsabilité de Pellet Jean-Marc.
contact :
Pellet Jean-Marc / La Coste / St Remèze /07700 / Occitanie par France

Je vous propose à la lecture cet article de 1995 écrit par notre ami Veyrac Jean-Louis.
En fin d'article une carte des Ethnies de la région afin de comprendre un peux mieux le conflit au Nord-Mali.

AFRIQUE NOIRE 
Quelques pistes pour l'ethnisme africain (1995)
Les notions d'Afrique et d'africanité en tant que représentations géopolitiques, ont eu un impact réel et efficace pendant toute la période de décolonisation marquée par l'idéal pan-africain de libération.
Il n'en est plus de même à l'heure actuelle, maintenant que la totalité du continent a, au moins formellement, rompu avec les pays colonisateurs. L'apparition de deux nouveaux États, la Namibie et l'Erythrée, la fin de l'apartheid et l'arrivée au pouvoir de la majorité noire en République sud-africaine ont en effet conclu le cycle historique entamé à la fin des années 1950.
Désormais, le continent africain aborde une nouvelle phase de structuration de ses espaces géopolitiques internes et de ses relations avec les États européens et le reste du monde.
Quels États en Afrique aujourd'hui ?
Les découpages territoriaux issus des rapports de force coloniaux ont pour l'essentiel démontré leur caractère inique et leur nuisance en matière de développement humain et économique.
L'aberration consistant à tracer à la règle sur une carte, de futures frontières d'États est la cause de drames innombrables. Elle a conduit à la fragmentation sous diverses citoyennetés de peuples solidement unis, sinon par les liens politiques du moins par les liens de la langue et de la culture. Ainsi en a-t-il été des Touaregs, des Mandés, des Haoussas, des Ewés, des Somalis, des Maasaïs, des Bakongos, des Khoïsans pour se limiter à ceux-là.
Ce dépeçage s'est accompagné du regroupement sous une même loi de populations que tout séparait jusqu'alors et qui, parfois, se haïssaient férocement. C'était une gageure de vouloir fondre des peuples dans une citoyenneté et un sentiment national communs alors qu'ils n'avaient rien réclamé de tel pendant les luttes d'émancipation. Si, trois décennies après la vague de décolonisation, des embryons de sentiment national existent bien çà et là, il apparaît surtout que chaque ethnie ou fraction d'ethnie (tribu) a, dans l'ensemble, une vision restrictive de ce que sont l'État-nation et le sentiment national.
L'État-nation n'apparaît pas comme un lieu de contractation entre groupes et intérêts particuliers
Mais comme une machine de pouvoir que l'on actionne ou dont on est exclu.
Le sentiment national n'est pas vécu comme un lien de solidarité transcendant les clivages ethniques, politiques, socio-économiques ou religieux mais comme une exacerbation du sentiment particulariste lorsqu'on participe de près ou de moins près à l'exercice du pouvoir. Cette attitude entraîne tous les abus d'autorité que l'on constate depuis les indépendances.
Demain ?
Il faut bien l'admettre, en Afrique comme ailleurs, ce sont la langue et la culture qui fondent les rapports humains. C'est donc en se basant sur leur variété que doit s'opérer le rééquilibrage démocratique des États africains, étant entendu que l'État est une nécessité inhérente aux sociétés humaines actuelles mais qu'il n'est qu'un instrument, pas une fin en soi. Cela signifie donc dans bien des cas, leur refondation ou disparition, ou bien leur apparition.
Du fait de l'histoire particulière de l'Afrique, de la faiblesse de ses traditions Étatiques dans beaucoup de régions, on peut bien admettre que c'est l'État qui doit fonder la nation, l'inverse étant improbable. Mais encore faut-il que l'État repose sur des soubassements humains et culturels évidents et solides. Comme en Europe, voire en Asie, l'État doit s'appuyer humainement, linguistiquement, culturellement et territorialement sur l'ethnie.
  1. -La langue est ce qui résume le mieux l'ethnie. Elle s'articule généralement avec de notables particularités culturelles. Ses variations et l'absence de koïné ne doivent pas être des freins à l'institution de structures Étatiques indépendantes ou autonomes, tout autre idiome pouvant transitoirement tenir lieu de langue véhiculaire.
  2. -Lorsque dans une aire donnée, l'émiettement linguistique est une réalité incontournable, on peut alors faire appel aux autres réalités culturelles et civilisationnelles pour dessiner les contours de l'ethnie. La variété humaine à l'intérieur des États sera alors respectée par le biais d'institutions régionales et locales adéquates.
  3. -De même faut-il considérer avec attention les multiples situations d'assimilations en cours depuis un siècle et donc envisager la progressive désaliénation de nombreuses populations.
  4. -La taille des ethnies étant variable tout comme celle des États, on ne pourra tirer argument de l'étroitesse démographique d'une ethnie pour nier son droit à l'État. Dans les cas extrêmes, la création d'un État autonome au sein d'un État plus grand s'impose alors logiquement. En plusieurs endroits d'Afrique, on doit même envisager des formules associant des populations de faible importance démographique et très disparates sur le plan linguistique, au Tchad centre-oriental par exemple.
  5. -La dislocation de bien des aires ethniques en Afrique résulte des effets cumulés de la traite des esclaves tant par les esclavagistes européens qu'arabes, de ceux de la colonisation qui suivit et de ceux des dynamiques impérialistes inter-africaines. La refondation des États d'Afrique dans une perspective ethniste implique le rétablissement de l'homogénéité territoriale de beaucoup d'ethnies. Cela devra se réaliser sur des bases justes, équilibrées, réalistes avec de nécessaires compromis territoriaux et des transferts mesurés de populations.
  6. -Quels que puissent être les effets du "remembrement" en matière d'homogénéité ethno-culturelle et linguistique, la permanence de nombreuses minorités enclavées semble inévitable. Partout, il faudra prévoir pour elles des statuts garantissant les droits les plus élémentaires de leurs membres.
Problèmes à affronter
Tout comme ailleurs, l'ethnisme africain se heurtera à deux catégories de conservatismes : les tenants du statu quo territorial et de l'intégrité des frontières issues de la colonisation, d'une part ; les partisans d'un localisme étroit, du régionalisme et du tribalisme, d'autre part.
Il est clair qu'on ne peut faire l'impasse sur les pesanteurs des structures socio-politiques anciennes ou plus récentes. La politique ethniste doit donc viser à les intégrer dans sa démarche : la fédéralisation des États actuels sur une base ethnique est la réponse la plus pragmatique qui se puisse trouver aux inquiétudes des premiers; le maintien des structures locales et tribales comme lieux d'apprentissage de la démocratie et facteurs d'une effective intégration sociale est de nature à rassurer les seconds.
Une nouvelle dimension s'impose dans la géopolitique africaine, celle de l'intégration économique régionale des États. Les ethnistes doivent soutenir les différents regroupements en cours (UMA, CEDEAO, CEAC et CDAA) car ils sont la voie obligée du développement économique, surtout s'ils sont effectivement gérés par les Africains. Mais également, en favorisant la circulation des marchandises sur la base des intérêts des peuples africains, ils induisent à terme la circulation des hommes et donc, des idées et permettront les relations au sein des ethnies démembrées par les frontières artificielles.
L'intégration économique du continent, a fortiori politique, paraît illusoire pour longtemps, à supposer qu'elle soit souhaitable - ainsi, on a pu voir combien les différents problèmes du monde arabe ont eu de répercussions négatives sur l'OUA.
Par contre, l'intégration régionale semble plus réaliste et peut devenir assez rapidement effective. Seuls les problèmes politiques internes des États, liés aux exigences de démocratie notamment, et la pression croissante des revendications de "remembrement" de la part des ethnies écartelées freineront ces processus inéluctables et positifs d'agrégation économique.
En soutenant ces derniers, les ethnistes s'inscrivent dans le sens de l'Histoire qui fait osciller sans cesse les sociétés humaines entre différenciation et intégration, entre individualisation et homogénéisation.
Etablir la justice entre ethnies en leur donnant notamment un État, cela veut dire dans bien des cas, séparer ce qui était "mal marié"; il faut donc pouvoir compenser par une union à quelque chose de plus grand, les communautés économiques. Celles-ci deviennent autant nécessaires pour le développement matériel que pour celui des consciences nationale-ethnique, macro-régionale et mondiale.
Les cheminements vers l'adéquation entre ethnies et États seront probablement différents d'une zone à l'autre de l'Afrique. Il est à souhaiter que l'exemple éthiopien fasse école et que le droit à l'autodétermination et à la séparation des ethnies soit inscrit progressivement dans la Constitution de chaque État concerné, soit la presque totalité.
De la décentralisation à la fédéralisation, de l'autonomie régionale à l'indépendance, ce qui comptera, ce seront moins les délais de mise en place que le sentiment des forces politiques dans chaque pays ; seule une stratégie "étapiste" progressive peut conduire à des résultats irréversibles et positifs pour l'ensemble des ethnies africaines.
Conclusion
Comme une psychanalyse réussie, la libération des ethnies, de leurs langues et de leurs cultures, amènera un regain d'énergie vitale et une créativité nouvelle dont l'Afrique a un besoin immense.
L'échec de presque tous les États issus du partage colonial doit servir de leçon à très courte échéance. Le développement économique, la maîtrise de l'accroissement démographique, l'éradication des pandémies, la préservation des équilibres écologiques ainsi que l'élimination des séquelles du colonialisme ne peuvent être véritablement assurés que par une alphabétisation accélérée dans les langues autochtones et en prenant en compte le dynamisme des cultures locales.
Tout cela ne peut exister que si leur dignité est rendue aux ethnies à travers des structures politiques, économiques et culturelles autonomes adaptées à leurs besoins. Les énergies destructives avec lesquelles s'affrontent les ethnies et les tribus à la conquête d'appareils d'États sans fondements historiques ni légitimités nationales, doivent être reconverties en énergies positives vouées au développement et à la satisfaction des besoins essentiels dans la plus grande justice possible.

http://ethnisme.ben-vautier.com/ Veyrac




Nord-Mali : guerre à huis clos


21/02/2012 à 17h:00 Par M.Groga-Bada, B.Ahmed, C.Boisbouvier


Un soldat de l'armée du Mali, dans l'est du pays, en 2006. © Reuters

Ils ne sont que quelques centaines, mais menacent la stabilité de tout le nord du Mali, à moins de trois mois des élections. Mieux équipés et plus déterminés que jamais, les rebelles touaregs du MNLA ont pris tout le monde de court.

Les rébellions touarègues, le Mali en a l'habitude. En 1963, puis en 1990, puis à nouveau en 2006, les « hommes bleus » ont pris les armes. Mais jamais Bamako n'avait à ce point été pris au dépourvu. Depuis que Ménaka a été attaqué, le 17 janvier, par les hommes du colonel Assalat Ag Habbi, un déserteur de l'armée malienne, les combats se multiplient et les villes tombent, pour ensuite être reprises - mais pas toujours. Tessalit, Aguelhok, Leré, Niafunké, Goundam, Anderamboukane, Tinzawaten... La liste est longue et fait la fierté du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), créé en juillet 2011. Pour la première fois, c'est la stabilité de tout le Nord qui est menacée. Dans la classe politique et la société civile maliennes, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés. Mais même si une solution politique devait être trouvée, le fond du problème (l'irrédentisme touareg, alimenté par un sentiment de marginalisation économique, politique et communautaire et par la non-application des accords conclus en 2009) ne sera pas résolu dans l'immédiat. Enquête sur une guerre cachée, sans témoins ni observateurs, qui fait peur à toute la région.

Que fait ATT ?

Le chef n'est jamais inquiet. Il n'empêche que, chaque jour, le président Amadou Toumani Touré (ATT) appelle le QG de l'armée à Gao, où il a placé des hommes de confiance, et il n'a pas cru bon de s'éloigner du pays pour assister au sommet annuel de l'Union africaine, à la toute fin du mois de janvier. Plutôt que de le remplacer à Addis-Abeba, Soumeylou Boubèye Maïga, son ministre des Affaires étrangères, a été envoyé négocier avec une délégation touarègue, le 2 février, à Alger. Sans succès. ATT, enfin, a procédé à un léger remaniement ministériel, remplaçant Natié Pléah, à la Défense, par Sadio Gassama, jusque-là chargé de la Sécurité intérieure et de la Protection civile.

À Bamako, les informations sur l'état d'esprit du chef de l'État et sur le dispositif militaire mis en place sont distillées au compte-gouttes. Aucun élément non plus sur le coût de cette guerre, chère en munitions, en équipements militaires et en carburant. Le bilan humain lui-même est difficile à vérifier. Officiellement, l'armée aurait perdu une quarantaine d'hommes, mais, de source proche de l'état-major, on laisse entendre que la réalité serait plus proche des 120 victimes.

Poudiougou le fidèle



Le général Poudiougou, chef d'État-major général des armées, à droite, et le président ATT, à gauche, à Kati, en janvier 2011.

© Baba Ahmed

Au lendemain de l'attaque contre Ménaka, il s'était installé à Gao. Depuis, il est revenu à Bamako, mais coordonne toujours la lutte contre la rébellion. « Il », c'est le général Gabriel Poudiougou, 57 ans, nommé en 2008 au poste de chef d'état-major général des armées. Originaire de Dana, dans la région de Mopti (Centre), c'est un fidèle du président ATT, auquel il doit son grade actuel. Issu de l'École militaire interarmes (Emia) de Koulikoro, il a parfait sa formation d'officier en Union soviétique, puis sur les bancs de l'École de guerre, à Paris, avant de prendre la direction de la garde nationale, de 1994 à 2001. Longtemps en poste dans la région de Kidal, il connaît le terrain et ses difficultés, et, à l'époque où il était simple colonel, il avait déjà eu affaire aux hommes d'Ibrahim Ag Bahanga, figure de la rébellion touarègue, mort en août 2011.

Les forces en présence

C'est à Gao que l'armée malienne a installé son quartier général. Poudiougou n'y est plus depuis le 30 janvier, mais il a laissé sur place les généraux Kalifa Keïta, chef d'état-major de l'armée de terre, et Wali Sissoko, adjoint au chef d'état-major de l'armée de l'air. Eux-mêmes s'appuient sur deux officiers qui ont aidé à mater la rébellion touarègue de 2006 dans la région de Kidal : les colonels-majors El Hadj Gamou et Mohamed Ould Meidou. Le premier a l'avantage d'être un Touareg, de la tribu Imghad, et a été le commandant de la région militaire de Gao. Le second est un Maure, ancien commandant de la région militaire de Mopti, et lui aussi est un familier des missions de rétablissement de l'ordre dans le nord du pays.

Sous leurs ordres, un peu plus de 1 000 hommes, déployés sur place à la fin décembre, alors que Bamako percevait les premiers frémissements de la rébellion. Ils sont venus épauler les garnisons de Kidal et de Gao, et ont reçu le soutien de milices arabes et touarègues ralliées au pouvoir central (près de 400 hommes, estime-t-on de source militaire). Ils ont à leur disposition des 4x4, des blindés de reconnaissance de type BRDM, des véhicules de transport de troupes de fabrication sud-africaine (RG-31 Nyala) et des blindés légers. Sans compter le soutien d'hélicoptères de combat (des Mi-24 achetés à la Bulgarie, entretenus et pilotés, pour certains, par des Ukrainiens) et d'avions de reconnaissance. Néanmoins, l'armée malienne peine à contenir les assauts des rebelles, moins nombreux certes, mais bien équipés - et extrêmement motivés.


Près de 400 Touaregs ont quitté la Libye après la chute du "Guide" et on rejoint l'insurrection.

Le MNLA, lui, a pris ses quartiers dans les collines autour de Zakake, au nord de Kidal, et revendique un millier d'éléments. Il y a là d'anciens soldats de l'armée libyenne revenus au pays et emmenés par Mohamed Ag Najem, ex-colonel de Kaddafi ; ils seraient un peu moins de 400. Dans le nord du Mali, ils ont retrouvé les hommes d'Ag Bahanga. Leurs armes sont des fusils d'assaut, des missiles (sol-sol et sol-air), des lance-roquettes multiples BM-21 (« orgues de Saline ») et des mortiers, tout droit venus des arsenaux libyens. « Les rebelles, fait-on remarquer à Bamako, sont presque mieux équipés que nos soldats. Pas étonnant qu'il y ait des désertions. »

Ag Najem, l'ennemi public numéro 1

Le cerveau des attaques de la mi-janvier, c'est lui : Mohamed Ag Najem. Âgé d'une cinquantaine d'années, originaire de l'Adrar des Ifogha, il a servi dans l'armée libyenne avec le grade de colonel-major jusqu'en juillet 2011. Positionné à Sebha, dernière grande ville du Sud, au croisement des axes qui mènent à l'Algérie, au Niger et au Tchad, il était affecté à « la surveillance des voies de passage pour lutter contre les trafiquants », précise le MNLA. À Bamako, on fait valoir que le poste lui a très certainement permis de rentrer au pays les poches pleines.

Le blues de l'armée

En pleine restructuration, enchaînant encore des programmes de formation avec des militaires français, américains ou algériens, l'armée malienne n'était pas préparée à affronter un ennemi aussi aguerri. Certes, la hiérarchie a pris soin d'intégrer à chaque unité des Touaregs et des Arabes, qui parlent les langues de l'Azawad (c'est-à-dire le tamasheq, la langue des Touaregs, mais aussi le songhaï, l'arabe ou le peul). Mais en face, les rebelles sont organisés en petites unités et harcèlent les positions de l'armée. Chaque semaine, des militaires touaregs désertent pour rejoindre les rangs du MNLA. « Leurs frères d'armes se méfient d'eux, explique Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole de la rébellion. [Les Touaregs de l'armée régulière] craignent pour leur vie, alors ils préfèrent partir. »



Communication de guerre ? Oui, mais pas seulement. Plusieurs officiers ont bel et bien fait défection. Là aussi, l'armée répugne à communiquer, mais le lieutenant-colonel Mbarek Ag Akly et le colonel Iba Ag Moussa sont passés à l'ennemi. Même chose, début février, pour le colonel Hassan Ag Mehdi, jusque-là haut fonctionnaire au ministère malien de la Défense. Dans un communiqué, il dénonce l'attitude de Bamako « qui a jeté sur les routes de l'exil des cadres, des officiers, des diplomates, des députés et même des ministres [allusion au ministre de l'Agriculture, Aghatam Ag Alhassane, qui a mis sa femme à l'abri à Ouagadougou, et à Ahmed Mohamed Ag Hamani, ancien Premier ministre d'ATT, qui a envoyé ses proches au Sénégal, NDLR] à cause de leur couleur de peau et de leur appartenance ethnique ».

De fait, le 1er et le 2 février, à Bamako et à Kati (ville garnison proche de la capitale), des commerces tenus par des Touaregs ou d'autres Maliens à la peau claire ont été saccagés, faisant craindre une résurgence des tensions ethniques.

Avec Aqmi, même combat ?

S'il y a une chose dont se défend le MNLA, c'est d'entretenir des liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). « Au contraire ! On veut débarrasser nos terres de ces gens, martèle Hama Ag Sid Ahmed. Nous avons déjà sorti des mains d'Aqmi une vingtaine de jeunes Touaregs. »

Sur le terrain, les choses ne sont pas si simples. Les rebelles n'ont-ils pas planté leur drapeau sur certaines villes du Nord en criant « Allah Akbar ! » (« Dieu est grand ! ») ? On sait aussi que Iyad Ag Ghali, le meneur des rébellions touarègues de 1990 et 2006, est un parrain tacite du MNLA. Or il entretient des liens - familiaux, selon certaines sources - avec un émir touareg d'Aqmi, Abdelkrim Targui, connu pour ses méthodes expéditives. Certains n'ont pas manqué de faire le lien avec les corps de soldats mutilés retrouvés à Aguelhok, en janvier. « C'est de la manipulation, déclare-t-on au MNLA. Les soldats n'ont pas été massacrés et ces photos sont de vieilles images qui visent à discréditer notre action. »

Des Occidentaux attentifs

Depuis le début de l'offensive touarègue, ATT a eu deux conversations téléphoniques avec Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères. Lui a-t-il demandé de l'aide ? « Au minimum, ATT a dû demander aux Français et aux Américains de partager avec lui les renseignements de leurs satellites sur tout ce qui bouge dans le nord du Mali, confie une source sécuritaire. Et pour Paris et Washington, il est difficile de dire non. »


Approché par le MNLA, Paris a répondu : "Pas touche à l'intégralité territoriale du Mali."

Plus que les États-Unis la France est impliquée dans les événements du nord du Mali. À cause, bien entendu, des six otages français que détient Aqmi dans cette région. Fin 2011, des notables touaregs proches du MNLA sont venus à Paris pour tenter une opération séduction. Moyennant une attitude bienveillante à l'égard du mouvement rebelle, ils se sont dits prêts à aider la France dans ses efforts pour combattre les salafistes. Réponse des Français : « Si vous voulez régler son compte à Aqmi, c'est très bien, mais ce n'est pas une raison pour qu'on vous soutienne contre le gouvernement malien. »

Paris a quelques griefs contre ATT : « Dans le dossier Aqmi, il a mis la tête dans le sable. Et dans celui du code de la famille, son recul n'est pas glorieux. » Mais les Français reconnaissent que c'est un président démocrate, qui ne s'accroche pas au pouvoir. Surtout, ils ne veulent pas entendre parler de l'indépendance de l'Azawad. « On l'a dit aux proches du MNLA, précise un haut fonctionnaire. Pas touche à l'intégrité territoriale du Mali. Si vous demandez l'indépendance, on ne pourra pas vous soutenir. En revanche, si un dialogue s'instaure pour une régionalisation ou une autonomie du Nord, on est prêts à aider, mais pas en première ligne. »

__

Malika Groga-Bada, avec Baba Ahmed, à Bamako, et Christophe Boisbouvier



Rebelles touaregs : orphelins de Kaddafi2011-10-05 09:45:44
Mali : Aqmi et la Touareg Connection2011-12-12 18:55:47
Nord-Mali : qui sont les rebelles du MNLA ?2012-01-26 19:48:29
Rébellion du MNLA au Mali : Ag Najem, ou la soif de vengeance2012-01-27 11:46:21
Rébellion au Nord-Mali : ces "Touaregs de Kaddafi" qui soutiennent Bamako2012-01-23 19:39:50
Rébellion au Mali : les pays voisins s'inquiètent du risque de contagion2012-02-21 19:24:48
Mali : Bamako est-il coupable d'avoir abandonné le Nord ?2012-02-21 17:51:43

Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Nord-Mali : guerre à huis clos | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

Nécrologie : Décès à 80 ans d’El Hadj Ibrahim Oumarou, un des très influents chefs touaregs du Niger
MARDI, 21 FÉVRIER 2012 14:03 ADMINISTRATEUR VUES: 1896





Partager4


EL HADJ IBRAHIM OUMAROU


El Hadj Ibrahim Oumarou, 80 ans, le sultan (souverain) de la région d'Agadez (nord nigérien) et très influent chef traditionnel touareg au Niger, est décédé mardi à l'hôpital de Niamey des suites de maladie, après 52 ans de règne, a annoncé son entourage.


"Notre sultan est décédé ce mardi vers 4 heures GMT des suites de maladie à l'hôpital de Niamey", a indiqué à l'AFP Ibrahim Manzo, un de ses notables, ressortissant d'Agadez.

"Discret et très respecté, le sultan Ibrahim Oumarou était aussi un grand artisan de la paix et a maintes fois appelé les fils de sa région à ne pas recourir aux armes", a souligné de son côté, un élu touareg.

En janvier, le vieux chef était apparu très affaibli lors d'un forum "Paix et développement" tenu à Arlit, la citée minière du nord.

Il disparaît alors que le nord du Niger tente de panser les plaies de deux rébellions touareg 1991 à 1995 et 2007 à 2009.

Cette zone désertique riche en uranium reste cependant confrontée à la résurgence de la crise touareg au Mali voisin et aux séquelles du conflit en Libye.

Quatre Français, enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit, dans le nord du Niger, sont retenus en otages par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le Sahel. Ils travaillaient au Niger pour les entreprises Areva et Satom.

AFP