mardi 21 février 2012


21/2/12 - 17 H 41 MIS À JOUR LE 21/2/12 - 17 H 51http://www.la-croix.com/
« L’Etat malien ne veut pas de nous »
Ancienne ministre du gouvernement malien et ex-fonctionnaire aux Nations unies, Zakiyatou Oualett Halatine, touarègue, a dû fuir après que sa maison a été pillée le 1er février.
Avec cet article
« Le 1er  février, une foule de femmes a attaqué des maisons et commerces de Touaregs à Kati (1). Elles cherchaient à se venger de la mort de leurs maris et fils soldats dans le nord du pays (2), région que l’État a laissée à qui veut depuis dix ans. Il y avait aussi des hommes en uniforme. Les manifestants, armés d’outils et de machettes, ont commencé à piller ma maison.
Après plusieurs heures, mon mari, craignant pour sa vie et celle de ma fille, a pu négocier leur sortie – je faisais mes courses. Deux personnes l’ont aidé à se frayer un passage à travers la foule. L’un deux était un policier. Depuis, nous nous sommes réfugiés en Mauritanie. Nous sommes partis sans rien.
Nous habitions Kati depuis une dizaine d’années, mais je ne veux pas rentrer au Mali. L’État malien ne veut pas de nous. Bien que je sois touarègue, je ne me suis jamais intéressée aux rébellions, parce que j’étais dans un esprit républicain. Aux yeux des autres Maliens, nous méritons ces représailles. Les gens qui auraient pu m’avertir ne l’ont pas fait.

SOUFFRANCES

Les soldats que la foule a voulu venger se sont engagés dans l’armée pour aller se battre. Nous ne sommes ni soldats, ni rebelles. En 1992, mon oncle a été tué, soixante personnes de la famille de mon mari exécutées par des militaires près de Gao, nos maisons pillées. J’ai fui avec ma famille, et je suis rentrée cinq ans plus tard. Je n’ai pas vu de juge, personne ne nous a retourné nos biens. Pourtant, j’ai un passeport malien, donc l’État me doit protection comme tout autre citoyen.
Il faut accepter que les Touaregs sont des Maliens sur leurs terres et peuvent gérer leurs affaires internes. Il faut que nous nous écoutions les uns et les autres. La souffrance n’a pas besoin d’interprète. »

(1) Ville située à 18 km au nord de Bamako, la capitale.
(2) Entre 80 à 150 militaires maliens ont été tués en janvier à Aguelhok. Le gouvernement évoque la piste d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et les rebelles touaregs ; la rébellion touarègue parle de bavure de l’armée malienne.
Recueilli par SUNNIVA ROSE

DGSE/DST les services français en patrons à la frontière Sud Algérienne....




DGSE/DST les services français en patrons à la frontière Sud Algérienne. Messahel satisfait.



joutée par  le 20 févr. 2012
Les services français DGSE et DST prennent en main d'une manière décise la gestion de la tragique situation qui sévit dans la région le Nord-Mali et le Sud Algérien. Le DRS s'exécute. Et ce, après avoir longtemps poussé des cris d'orfraie, et ce, après avoir été longtemps rétif et renâclé à l'idée de la présence de militaires français en action sur le sol algérien.

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Mahmoud Ag Aghaly (MNLA) : "Donnez nous l’indépendance et ce sera la fin d’Aqmi" au Mali

JEUNE AFRIQUE
mardi 21 février 2012
Ancien enseignant et commerçant, Mahmoud Ag Aghaly est président du bureau politique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ex-membre de la rébellion du 23 mai – la rébellion de 2006 menée par feu Ibrahim Ag Bahanga – il revient sur les motivations du MNLA et appelle la communauté internationale à faire pression sur le Mali pour accorder à l’Azawad son indépendance. Interview.
Jeune Afrique : L’Algérie ou encore le Burkina Faso sont prêts à être médiateurs dans la crise malienne, mais au sein du MNLA, certains préfèrent une médiation européenne ou moyen-orientale. Qu’en est-il exactement ?
Mahmoud Ag Aghaly : Nous sommes disposés à parler avec tous les pays qui veulent aider à régler le conflit, qu’ils soient de la sous-région ou d’ailleurs. L’essentiel étant que ce soit des médiateurs qui connaissent la région et ses problèmes, et qui aident à négocier une solution définitive. C’est en ce sens que les pays voisins de l’Azawad sont les bienvenus.
De son côté une délégation de politiciens veut se rendre à Kidal pour obtenir un cessez-le-feu. Ont-ils des chances de réussir ?
Cela dépend du fond des discussions. S’ils viennent pour parler des modalités de l’indépendance de l’Azawad, oui, nous pourrons discuter.
Vous n’avez pas l’air d’être très intéressés par cette initiative.
Parce que depuis 1957, c’est la même chose. À l’époque déjà, les Touaregs avaient dit aux Français [les colonisateurs, NDLR] qu’ils ne voulaient pas être intégrés à la république malienne. Et depuis trente ans, on discute avec le gouvernement, on signe des accords, mais ils restent sans effet. Nous avons voulu être avec Bamako, mais Bamako n’a jamais voulu de nous. Les populations du nord et du sud du Mali sont trop différentes pour composer un état ensemble, comme le Mali et le Sénégal n’étaient pas faits pour être un seul pays. C’est pour ça que nous en appelons à la communauté internationale, afin qu’ils convainquent le Mali de nous donner notre indépendance.
Concrètement, quelles promesses du gouvernement malien n’ont pas été tenues ?
Sur le plan sanitaire, il n’y a presque rien dans le nord, il faut faire des kilomètres pour trouver un dispensaire. L’école, c’est pareil. Ce sont des Touaregs qui mènent des initiatives pour scolariser leurs enfants puisque l’État a démissionné. Ou bien il n’y a qu’à voir depuis quelques années : l’état bitume des routes un peu partout, mais pas dans le nord. Entre les capitale régionales du nord, aucune route n’est goudronnée : de Tombouctou à Gao, de Gao à Kidal, il n’y a pas de goudron !
Mais le Mali n’est pas très riche et il y a des difficultés un peu partout dans le pays. Vous n’avez pas l’impression que prendre les armes est un peu disproportionné ?
Si c’est une question de moyens, alors le Mali devrait être soulagé de nous donner l’indépendance ! Mais nous savons bien qu’au fond, ce n’est pas une question de moyens, c’est une question de gouvernance et de volonté politique.
Si vous avez l’indépendance demain, comment allez-vous développez l’Azawad ?
Nous pouvons développer notre tourisme en valorisant mieux notre culture. Jusqu’à maintenant, c’est le Mali qui tire profit des richesses culturelles des Touaregs.
Vous comptez beaucoup aussi sur le sous-sol de la région...
Merci de poser cette question, parce que beaucoup de gens, notamment dans les pays occidentaux pensent que c’est le but de notre rébellion, ce qui est totalement faux ! Pour nous, c’est une question d’identité, une question de dignité. S’il n’y avait que les richesses du sous-sol, pourquoi l’Érythrée aurait pris les armes contre l’Éthiopie ? Le Sud-Soudan contre le Soudan ? Le Timor oriental contre l’Indonésie ? Les exemples ne manquent pas sur le continent et dans le monde...
En attendant, l’Union africaine, la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la France... Tous condamnent l’usage de la force et appellent à des négociations avec le gouvernement malien. Est-ce que vous n’avez pas peur de vous retrouver seuls ?
Dès novembre 2010, nous avons tenté de faire comprendre aux autorités maliennes et à la communauté internationale la situation catastrophique dans laquelle se trouve l’Azawad. Mais il a utilisé les armes pour que tout le monde entende nos cris. Donc nous respectons la Cedeao, l’UA et la France qui sont les seuls à pouvoir faire entendre raison au Mali. Mais nous leur demandons aussi de ne pas prendre le parti du président ATT qui a échoué dans sa mission. Ils doivent être impartiaux et voir le fond du problème de l’Azawad, car nous luttons pour le bien-être des populations.
Leur bien-être certes, mais il y a tout de même plus de 40 000 déplacés dans les pays voisins. Ça ne vous donne pas envie de mettre balle à terre ?
Merci d’évoquer le problème des réfugiés, parce que ça nous préoccupe beaucoup et j’en profite pour remercier les pays limitrophes et les ONG qui leur apportent de l’aide. Il faut comprendre aussi que ces déplacements sont dus à l’armée malienne. Premièrement, quand ils arrivent dans une ville, il ne font pas la distinction entre civils et combattants et tirent sur tout ce qui bouge. Deuxièmement, les déserteurs qui sont retournés dans les grandes villes se sont mêlés aux manifestations de femmes pour casser et piller les biens de la communauté arabo-touarègue qui y vit. Alors que du côté du MNLA, aucun civil blessé ou tué. Même les militaires, nous les laissons partir quand on les capture.
Le MNLA dément la présence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ses côtés, notamment à Aguelhok où vous niez également que des massacres aient été commis. Mais des témoins affirment aussi que des combattants du MNLA crient « Allah Akbar » sur le terrain. Du coup, on se demande si des intérêts communs ne justifient pas des alliances ponctuelles...
Je le dis et je le répète : nous n’avons rien à voir avec Aqmi, nous ne sommes pas des trafiquants de drogue, nous ne sommes pas des bandits ! Pour nous, ce sont des actes qui polluent notre territoire et qui ont perduré à cause des autorités à Bamako. Pourquoi dans des pays comme la Mauritanie ou le Niger, ils n’ont pas de place ? Ces pays ne sont pas plus riches et n’ont pas plus de moyens militaires que le Mali. Mais ici, ces gens bénéficient de soutiens très haut placé. Nous disons à la communauté internationale « donnez-nous l’indépendance et vous verrez : ce sera la fin d’Aqmi, des enlèvements d’Occidentaux et du trafic de drogue ».

Propos recueillis par Malika Groga-Bada
Temoust.fr
INDÉPENDANTISTES TOUAREG

PROJET INDEPENDANTISTE TOUAREG

La résurgence de la révolution touarègue au Mali interroge et interpelle aussi bien les acteurs politiques que les chercheurs en sciences sociales. Les déterminants de cette révolution devenue récurrente au Niger et au Mali depuis l’indépendance sont à rechercher dans plusieurs variables qui ont du reste fait l’objet de nombreux travaux. L’objectif du présent article est de présenter quelques éléments d’analyse tirés de l'histoire du territoire saharien des Touareg.Territoire que la France n'a jamais concédé entièrement aux états "indépendants"à cause de ses richesses minières telles que l’Uranium dans l'Aïr au Niger et les immenses reserves pétrolifère du bassin de Taoudeni et de l’Uranium de Kidal.

Le Sahara département français depuis l'OCRS

Lorsqu'on demande aux Touareg leur avis sur les indépendances africaines,ils vous répondrons toujours par l’indifférence par rapport à ce qui constitue à leur yeux une expropriation de leur territoire concédé et rattaché aux etats sahéliens.L'élite Touarègue comme beaucoup des nostalgique français de l'OCRS constitue la base juridique,historique et active de toutes les revendications des mouvements révolutionnaires Touareg depuis 1963. Les Touareg n’hésitent pas à défaut de déclarer:"autant être colonisés par la France que par des pays qui peinent à s'auto-suffire au plan alimentaire 63 ans après les indépendances et ou l'exclusion des minorités sahariennes est une réalité.

Les français en concedant l’indépendance aux pays sahéliens avaient donc déjà semés les germes de la révolution Touarègue car ils savaient que ceux ci ont le droit , les instruments juridiques à travers l'OCRS et les lois internationales sur les autochtones votés aux Nations Unies pour revendiquer à tout moment leur territoire.

L’OCRS ou les germes de la sécession
L’indépendance que revendiquent les rebelles maliens est un projet vieux de 60 ans. Cette revendication rappelle en effet le projet OCRS (Organisation commune des régions sahariennes) par lequel la France avait tenté de récupérer les régions sahariennes de plusieurs pays (Niger, Mali, Algérie, Soudan) afin de maintenir son contrôle sur les ressources minières qu’elles abritent (Boilley 1993 : 215-239). La loi créant l’OCRS fut introduite en 1956 par Félix Houphouët-Boigny, alors ministre délégué à la Présidence du Conseil et adoptée en décembre de la même année. Ce projet devait donc servir les intérêts impérialistes français, ainsi que l’analysent Claude Raynaut et Souleymane Abba : « A un moment où se profilait l’indépendance inéluctable de l’Algérie, certains milieux français caressaient le rêve d’un ensemble saharien prélevé sur différents pays limitrophes et dont l’existence pourrait sauvegarder les intérêts français dans le domaine pétrolier comme dans celui des expérimentations nucléaires » (Raynaut et Abba, 1990 :22). Les Touaregs eux avaient caressé le rêve de constituer leur propre État et voyaient dans le projet OCRS une opportunité pour échapper à la « recolonisation », c’est-à-dire à la domination des ethnies majoritaires qui prenaient le relais dans la direction de cette « entreprise franco-française pilotée de Paris » qu’étaient à leurs yeux le Niger et le Mali (CRA 1994 : 4). Comme le souligne Pierre Boilley, l’autorité coloniale était pour les Touaregs un moindre mal par rapport à celle des sédentaires noirs qui s’annonçait de manière inexorable ; ces sédentaires que les aristocrates touaregs ont toujours considérés comme des « gens inférieurs et lâches ». Voici ce qu’en disait Mano Dayak, le cerveau de la rébellion au Niger dans les années 1990 : « Les gens du Sud tels les Haoussas mais surtout les Djerma avaient accepté la domination française sans broncher. Ils fréquentaient massivement les écoles coloniales et ensuite se laissaient former comme cadres administratifs et sous-officiers de l’armée. Aujourd’hui, ils sont nos ministres, nos préfets, nos généraux » (Dayak 1992 :60-61). Même si le projet de cette « Afrique Saharienne » a avorté, l’OCRS apparaît « comme un handicap de naissance pour les futurs États-nations de la région, car il introduit le germe de la revendication séparatiste et des difficultés de la construction nationale (Hamani 2007).
Il est utile de rappeler qu’en 1960, le Sultan de l’Aïr (Agadez), Oumarou Dan Ibrahim avait écrit au général de Gaulle pour demander l’indépendance de la région d’Agadez. Selon Pierre Boilley, la lettre fut rédigée et adressée au général De Gaulle par un certain Elhadj Alamine au nom des Kel Aïr et elle disait ceci : « Puisque l’indépendance s’annonce, alors nous les Touaregs, nous voulons nous diriger nous-mêmes et rassembler notre société toute entière là où elle se trouve. Nous voulons que notre pays soit un seul pays » (Boilly, 1993 : 215-239). Pour Mamoudou Djibo, les Français étaient à l’origine de ces démarches indépendantistes. Il rapporte que lors de la mission effectuée par le ministre Maïdah Mamoudou à Agadez en juin 1960 en vue de sensibiliser les populations sur l’indépendance, les militaires français basés dans cette localité avaient manifesté devant la résidence du ministre en scandant le slogan « Niger français » (Djibo 2002 : 143). Bien avant, au Mali, des pétitions lancées le 30 octobre 1957 par un Cadi de Tombouctou du nom de Mohamed Mahmoud Ould Cheick avaient été signées par 300 notables touaregs, maures et aussi songhaï de la région de Gao, Tombouctou et Goundam pour poser la même exigence à l’autorité coloniale. Avec la naissance de la rébellion armée des années en 1990 au Niger, cette demande a été ressuscitée. Le projet indépendantiste n’est donc pas nouveau chez les Touaregs,et il repose sur une histoire lié à leur territoire d'influence qui constitue un trait d'union entre le Maghreb Berbère et l'Afrique sahélienne.

TOUAREG/NO borders
21/02/2012

L'armée républicaine de L'AZAWAD arrête des trafiquants de drogues au Sahara.

Le MNLA arrête des trafiquants de drogues au Sahara.L'un des commandants racontent comment ils ont engagés une course poursuite sur des centaines de Km avant de neutraliser les trafiquants qui étaient solidement armés.Il fait savoir aussi son étonnement face aux itinéraires suivis par la drogue qui passent souvent sous la barbe des autorités maliennes.Il assure que dorénavant aucun terroriste ni trafiquant ne souillera plus l'Azawad en toute impunité.

Tinariwen - Mano Dayak

Chanson hommage à Thomas Sankara par Cheikh Lô

lundi 20 février 2012

Sandino General de hombres libres

PANCHO VILLA EMILIANO ZAPATA

Hasta siempre Che Guevara Song + subtitles (English Spanish)


SITUATION AU MALI
  Psychose et haute sécurité à Mopti
Publié le lundi 20 février 2012
Le Pays.BFPage visitée 1 fois
Pour nous imprégner de l’état d’esprit des Mopticiens après le déclenchement de la rébellion dans le Nord malien, nous nous sommes rendus dans cette 5e ville du Mali, le 17 janvier 2012. Un séjour de deux jours nous a permis de découvrir des réalités, dont certaines sont peu favorables à la situation que vivent les populations nordistes. Nous avons aussi rencontré diverses personnes, notamment des autorités, des hommes de médias, des touristes, bref, plusieurs catégories des couches sociales dont les avis sur la rébellion touareg sont divergents. Mais la plupart des personnes rencontrées déplorent cette situation de crise car ils en souffrent énormément. Le constat que nous avons fait, est que la ville du président Amadou Toumani Touré (ATT) est sous haute surveillance car les Forces de l’ordre sillonnent la ville vingt quatre heures sur vingt quatre.

Lorsque le véhicule de transport d’immatriculation malienne s’immobilisa à l’autogare de Mopti, après plus de 10 heures de route, c’est à la fois une délivrance et une frustration qui nous ont envahis. Il était 0h 12 minutes en ce 7 février 2012. Il faisait très froid. Une grande partie de Mopti dormait déjà. Tout était calme, mais quelques taxis-motos et taxis ordinaires continuaient à circuler. Les noctambules vaquaient très normalement à leurs occupations. Cependant, la ville est quadrillée. Les forces de l’ordre occupent les principales artères de la ville, contrôlent les allées et venues des citoyens. Des fouilles minutieuses sont opérées, ce d’autant plus qu’une rumeur faisait état d’une probable infiltration des rebelles à Mopti, ville natale du président Amadou Toumani Touré (ATT). En ce 7 février 2012, le soleil se levait lentement au gouvernorat de la 5e région. Réputé pour être le quartier général du commandement militaire de l’armée malienne au niveau régional, ce lieu est très surveillé. A 8h 30, des militaires en treillis, armes au poing, sont en alerte maximale. A 9h passées, un général du nom de Issouf Koétta fit son entrée dans le gouvernorat. Il est accompagné d’autres officiers aussi supérieurs que lui. Ils sont accueillis par le gouverneur Abdoulaye Camara. Les échanges entre les 2 hommes ont duré une quinzaine de minutes. Le général ressortit, le gouverneur a enchaîné immédiatement avec la présidence d’une autre réunion dite d’importance nationale. Officiellement, rien ne filtre de ces concertations mais, de toute évidence, tout tournait autour de la situation au Nord où les rebelles Touareg ont lancé une vaste offensive contre les positions des FAM (Forces armées maliennes). Pendant ce temps, le secrétaire particulier du gouverneur, Issa Aidara est au four et au moulin. « Revenez demain ou après demain, le gouverneur est très occupé », a-t-il lancé, en guise de réponse, à tous ceux qui avaient rendez-vous ou qui souhaiteraient voir le gouverneur Abdoulaye Camara. N’empêche, dans la salle d’attente, on pouvait entendre des propos du genre : « la République est en crise, nous devons répondre du tic au tac. Il ne faut pas caresser ces bandits dans le sens du poil. Il faut agir vite. » Le gouvernorat qui abrite en même temps les locaux du médiateur de la République, du commandement du cercle, est pris d’assaut par une cohorte de visiteurs. Quand moussa Hamèye Maïga, commandant du cercle de Mopti, nous reçoit, le 8 février entre 13h et 14h, c’est un homme averti en matière de sécurité qui nous a accueillis avec ce brin d’humour : « Oh  Le Pays, qu’est-ce que vous avez dit aujourd’hui à propos de mon pays ? ». Plus qu’un administrateur, l’homme reconnaît la grande impartialité du journal et dit suivre ses prises de position à travers la revue de presse sur RFI. Dès lors qu’on évoqua le sujet très sensible de la rébellion avec le préfet de Mopti, son visage devint pâle, le regard hagard et le ton militaire. Lui-même originaire du Nord, fustige les velléités indépendantistes de ses frères. « Je connais très bien la région du Nord pour y avoir servi dans les années 90. J’ai eu à gérer la rébellion de 1992. Kidal, Gao et Tombouctou sont des régions qui me sont familières. » Tout en minimisant l’armada militaire des rebelles, il les qualifie de bandits armés, prêts à piller les paisibles populations. Ils n’ont ni de chars de combats, ni d’avions de combats, affirme-t-il. Durant la trentaine de minutes que nous avons passées avec le 19e préfet malien de Mopti, sa secrétaire particulière est passée au moins deux fois pour déposer sur son bureau des dossiers jugés urgents. Profondément touché par cette crise, l’autorité régionale assure que la situation est maîtrisée par l’armée malienne. Alors qu’il commençait à nous dire ce qu’il pense réellement de la situation, son téléphone portable sonna. A l’autre bout du fil, une personnalité importante dont nous taisons le nom. La conversation durera 10 minutes et se portait sans conteste sur la crise au Nord. Au terme de son entretien téléphonique, il n’en dira pas plus encore sur la guerre. Mais notre soif sera un tant soit peu amoindrie le même jour dans un hôtel de Mopti. Là, nous avons pu nous entretenir avec un officier supérieur de l’armée malienne. Pour lui, la haute hiérarchie avait été informée au préalable, du danger que court le Mali en acceptant de recevoir les ex- combattants de Libye sans désarmement. « Les hautes autorités n’ont pas pris au sérieux nos inquiétudes. Pour ma part, je condamne l’attitude adoptée par nos autorités dans cette affaire. » Plus loin, il condamne l’attitude de la France qu’il accuse implicitement de collusion avec les rebelles. « Si nous avions été écoutés, notre Armée n’aurait pas subi cette humiliation », nous a confié ce haut gradé. Et d’humiliation, la rébellion l’a infligée à l’Armée régulière. Des militaires, au nombre de 45, accompagnés de leurs familles, ont fui le front d’Andérraboukane et ont été accueillis à Mopti. Information que nous avons pu vérifier et qui a été plus tard confirmée par le ministre de la Défense et des anciens combattants, le Général Sadio Camara, lors d’une conférence de presse à Bamako. Les combats, dans cette localité, ont été particulièrement féroces entre les protagonistes, selon plusieurs sources consultées. Mopti, ville carrefour au thermomètre touristique du Mali, subit d’ores et déjà avec intensité les contrecoups de cette situation au Nord. Les touristes qui, en temps normal, et en cette période précise, remplissaient les hôtels, se font de plus en plus rares. Moins de 15% des chambres des hôtels sont occupées avec pour clients des nationaux en mission. Pour Moctar Ba, le Directeur régional de l’office malien du Tourisme et de l’hôtellerie, la situation est beaucoup plus alarmante. « Une situation de crise extrême est en train de traverser la destination touristique du mali. Nous avons juste quelques petites poches de sites touristiques qui continuent de recevoir des visiteurs. Partant de l’analyse objective, je dirais que nous sommes très loin des affluences habituelles. Et il y a 2 niveaux problématiques. Le premier niveau est ce que nous appelons la problématique de la crise du tourisme liée à la question de l’insécurité dans la bande sahélo saharienne. Le deuxième niveau concerne cette nouvelle crise qui concerne directement les Maliens. C’est très mitigé, mais la grande tendance va vers le négatif. Depuis le début des événements au Nord, nous avons eu à mener des actions en vue de rassurer les destinataires. Mais très malheureusement, la suite des événements ne joue pas en notre faveur. » Propos du premier responsable du tourisme dans le cercle de Mopti. Ces propos sont corroborés par un touriste que nous avons rencontré non loin du fleuve Bani.
Les Touaregs entre deux feux
« Nous devrions être 37 dans le groupe, mais finalement, nous ne sommes que 8 personnes à venir ici », a affirmé l’un des rares touristes rencontrés dans la ville de Mopti. A en croire un haut responsable du ministère malien de l’Artisanat et du tourisme, des voyagistes venant de France, du Canada et des Etats-Unis d’Amérique (USA) ont purement et simplement annulé leur destination vers le Mali. "En début février, on comptait environ 1500 annulations vers le Nord et beaucoup moins en direction de Mopti. La situation de guerre dans notre pays a provoqué des défections touristiques. Les aventuriers préfèrent aller vers d’autres horizons où la sécurité est garantie.’’ L’aveu d’impuissance du haut responsable renforce celui des hôteliers. Du côté des commerçants, on qualifie cette crise de dramatique. Même si Mamadou Niangadou dit Bakoroba, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Mopti, s’est abstenu de commenter la crise du fait qu’il n’a pas obtenu l’aval du gouverneur, force est de constater que les opérateurs économiques vivent actuellement une période difficile. Seydou Yelkouni (originaire du Passoré) est très inquiet : « Tous nos gros véhicules en partance pour Gao et Tombouctou sont immobilisés. Nos gros clients fuient la région et nous sommes gagnés par une inquiétude grandissante. » Le domaine des transports est aussi secoué par cette crise. Yacouba Traoré, président des chauffeurs et locataires routiers de Mopti confirme cette paralysie. « Lorsque nous prenons la route du Nord, c’est quasiment à vide que nous circulons. Mais au retour, nous sommes parfois obligés de faire de la surcharge ». Une affirmation que nous avons vérifiée à la gare de Tombouctou et de Gao où les voyageurs de Kidal et Menaka empruntent leurs véhicules. Nombreux sont ceux aussi qui ont choisi la voie fluviale pour rejoindre Mopti. Une fois sur place soit ils sont hébergés par des familles, soit ils cherchent à continuer vers Bamako ou encore au Burkina et en Cote d’ivoire. Conséquence, il y a des familles débordées à force d’accueillir ceux qui fuient les zones de combats. Selon certaines sources, la communauté tamarcheq subit une certaine chasse à l’homme à Mopti. Devenus la risée des autres Maliens, ils sont obligés de se cacher dans les taudis et autres habitations insalubres de la ville pour échapper à la furie d’une certaine frange de la population bien circonscrite. Bijoutier, NS est très malheureux en ces moments et nous raconte sa « malchance » d’appartenir à la communauté Tamarcheq : « On nous accuse d’avoir déclenché la guerre au Nord. Des jeunes de mon quartier sont venus nuitamment chez moi et ont voulu attenter à ma vie. J’ai envie même de quitter la ville mais j’ai peur. Je me cache dans les quartiers périphériques. » Comme NS, ils sont nombreux les Touaregs et les Arabes, à vivre cette situation. Un groupe de Touaregs vivant dans les mêmes conditions, que nous avons rencontré, le 8 février dans un quartier périphérique, ne sait plus à quel saint se vouer. C’est la peur au ventre que des chefs de famille passent la nuit et la journée à l’intérieur d’une maison très exiguë. Pour tout dire, ces Touareg sont pris entre deux feux particulièrement nourris. D’un côté, ils ne peuvent plus retourner au Nord, leur région d’origine, de l’autre, leur vie est en danger quand ils sont dans d’autres régions.
Attention aux radios mille collines
Et pour ne rien arranger, certaines radios émettant à Mopti ont pris fait et cause pour le pouvoir de Bamako. Pire, à écouter certaines radios « ce sont plutôt des aigris, des paresseux et des vauriens qui ont pris les armes contre l’Etat malien ». A travers des tranches spéciales animées en bambara, des animateurs expliquent avec détails comment la rébellion a été mise en déroute par les loyalistes. Par le biais parfois de l’humour, ils évoquent que les hommes aux turbans sont en cours de munitions et de rations alimentaires. Des propos haineux du genre « Appretez–vous, nous irons déloger les Touaregs à Ménaka’’ sont entendus sur certaines antennes. Même si nous sommes loin des propos tenus par certains animateurs des « radios mille collines » lors du génocide rwandais, le pire souvenir est à éviter. Fort heureusement, parmi les 8 radios que compte la ville, il y en a qui ont choisi la voie de la neutralité. Cas de la radio Djamana qui a opté pour un traitement professionnel, objectif et équilibré de la crise. « A chaque fois que nous devons parler, nous devons nous interroger sur notre part de responsabilité immédiate et future », prophétise Adam Diarra de la radio Djamana. Plus loin, à Kayes, les radios locales ne cachent pas leur soutien vis-à-vis des autorités de Bamako. Le directeur de la radio FM de Kayes, M. Traoré, que nous avons croisé au grand stade de Mopti s’est exprimé en ces termes : « C’est la France qui veut nous imposer cette guerre. Tout simplement parce que nous avons refusé de cautionner la guerre qu’elle a engagée en Libye. Avec la France, RFI empoisonne l’information sans tenir compte de l’éthique et de la déontologie. Serge Daniel, leur correspondant, n’a jamais quitté Bamako depuis le début de la crise. Je soutiens l’Etat malien et je suis sûr qu’il va mettre hors d’état de nuire ces bandits armés. Ce matin, j’étais avec un confrère de la radio ADDAR de Ménaka, et il m’a expliqué comment les loyalistes ont bombardé les positions des rebelles aujourd’hui. On les a massacrés, pourchassés jusqu’à leur dernier retranchement. Mais RFI n’a jamais fait cas de cela. Lorsque ces rebelles sont arrivés à Ménaka, ils ont pris position au niveau de la radio ADDAR avant de couper toute communication téléphonique. Ils ont pillé la population, violé les femmes ». En revanche, Salifou Warmé, directeur de la radio Orona de Koro, ne porte pas de gants pour fustiger la responsabilité de l’Etat malien dans cette guerre. « C’est la complicité passive de l’Etat malien qui nous a créé cette situation. Tenez-vous bien, l’Etat savait bel et bien que ces Touarègs étaient armés jusqu’aux dents de leur retour de la Libye. Qu’est- ce qu’on a proposé pour ces affamés et ces nombreux combattants qui n’ont ni travail, ni projet sauf celui de la prise d’armes. Il fallait plutôt prévenir au lieu de chercher à guérir.’’ En tout cas, Fanta Diabaté, une auditrice résidant à Tomoguel1, un quartier populeux de Mopti, en a marre de certains animateurs. Selon la jeune dame, ils attisent le feu au lieu de l’éteindre. Au niveau des partis politiques ayant des représentations à Mopti , on joue la carte de la prudence. Au nombre de 18 à avoir un siège à Mopti, ces partis ont une position qui tranche avec une certaine réserve. Le parti de la Solidarité africaine pour l’indépendance et l’intégration (SADI) du Docteur Oumar Mariko, par la voix de son représentant régional, secrétaire permanent intérimaire du parti, M. Cissé, dit observer la situation avec beaucoup d’amertume. S’il dit comprendre la position de Bamako, il reconnaît tout de même que les rebelles du Nord sont avant tout des Maliens à part entière. Il appelle les protagonistes à s’asseoir autour d’une table pour négocier et trouver un compromis. Car il y va de l’intérêt général de la Nation. Enseignant en sciences politiques et agronome de formation, Ag Intazoumé Moussa est un fils de la région du Nord. Installé à Bamako, son bureau a été l’objet d’une attaque. Lorsque nous l’avons joint au téléphone, il était en partance pour Kidal. Connu pour ses écrits enflammants dans certains journaux maliens, l’homme n’est pas tendre avec le régime de Bamako. « Le pouvoir a profité d’une situation pour redorer son blason. Le nordiste a été marginalisé. Moi je suis, par exemple, de l’ethnie Bella. Au Mali, le Bella est une ethnie de seconde zone. C’est toute cette frustration qui a amené les frustrés à prendre les armes. Quand je fais par exemple une comparaison entre les Bella du Burkina et ceux du Mali, je me rends compte que le Bella au Burkina est beaucoup plus considéré. En plus, le Nord est laissé économiquement à son propre sort. Tous ceux qui ont eu à me lire avant cette crise me donnent aujourd’hui raison. », nous a-t-il dit au téléphone.
Les armées étrangères et la rumeur envahissent Mopti
Mais, ses arguments sont battus en brèche par le maire indépendant de Mopti, Oumar Batili : « L’Etat a tout donné à la région du Nord. Ce que le pouvoir a mis dans le Nord comme investissement, faites la comparaison et vous verrez. Honnêtement, ce que l’Etat a fait au Nord, il ne l’a pas fait au Sud. On y trouve des routes, des hôpitaux, des écoles…Tout ce qui contribue au développement. Ils sont tout simplement défavorisés par le climat et la nature. C’est vraiment dommage qu’ils arrivent à prendre les armes pour revendiquer. Je vous dis qu’ici nous avons 703 communes. Et il y a des élus au Nord qui sont maires ou députés. Pourquoi ne pas emprunter le chemin de la légalité pour revendiquer ? Ils se sont trompés d’ennemis. » Mais la grande question que les Mopticiens se posent est celle-ci : pourquoi y a-t-il d’armées étrangères dans leur ville ? En effet, depuis quelques jours, des hommes et femmes en treillis des Etats-Unis d’Amérique sillonnent la ville. Leur quartier général serait implanté à la Brigade de la Gendarmerie nationale. Sont-ils venus en formation ou pour prêter main forte à leurs collègues maliens. En tout cas, le débat est ouvert. Conversant en anglais avec les citadins, leur présence suscite des rumeurs les plus alarmantes. Si d’aucuns affirment avoir vu d’autres militaires venant d’autres pays, ceux que nous avons pu voir sont des Américains. La présence, dans cette ville, de ces militaires a renforcé une rumeur qui était déjà persistante. C’est ainsi que dans la nuit du 8 février, l’on a appris que des rebelles avaient fait des infiltrations à Mopti. Pire, il se susurrait même que Salifou Koné, gouverneur de la région de Kidal, avait trouvé refuge à Mopti, accompagné de plusieurs militaires. Aussi, les villes stratégiques à prendre par les rebelles étaient Kidal, Gao, Tombouctou et Mopti. Dans le quartier Mossinkoré où nous étions logés, les commentaires des citoyens non maliens, notamment des Burkinabè, allaient bon train. A en croire les avis des uns et des autres, les Maliens à la peau blanche sont vraiment très mal vus par leurs compatriotes. L’explication que l’on donne à cela est qu’ils sont non seulement minoritaires, mais aussi contestataires depuis des lustres. Insatisfaits depuis des siècles, ils n’ont pas ce courage de manier la daba comme leurs compatriotes du Sud ou du Centre. Ces préjugés sont autant des faits qui déterminent l’animosité dans la tension actuelle. Une femme venue de Menaka témoigne en affirmant ceci : « Quand ils sont arrivés chez nous, ils nous ont forcé à crier "République de l’AZAWAD" ; ils rançonnent la population, surtout les commerçants. Ils disent que leur objectif, c’est Bamako. » Mais selon une catégorie de personnes à Mopti, très minoritaire, cette rébellion est la politique de ATT pour s’éterniser au pouvoir.

Hamed NABALMA, de retour de Mopti

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ABDOULAHI ATTAYOUB

Azawad : l’autonomie n’est plus une utopie !

lundi 23 janvier 2012
La reprise des hostilités dans le Nord du Mali (Azawad) entre l’Etat malien et le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) constitue un nouveau tournant politique dans la sous-région. Cette nouvelle escalade de violence illustre à l’évidence l’échec de l’Etat malien à apporter des solutions concrètes et acceptées aux problèmes de l’Azawad.
Depuis une vingtaine d’années, en effet, des épisodes réguliers de violences opposent l’Etat malien au Mouvement touareg sans qu’une réelle volonté politique ne soit perceptible de la part des autorités maliennes de prendre au sérieux cette question. Les milliers de morts civils tués par l’Armée malienne et ses milices, plusieurs accords de paix signés entre les deux parties, des centaines de milliards de francs CFA engagés par les bailleurs de fonds et aussitôt engloutis dans la corruption et la gabegie n’ont pas suffi à convaincre le pouvoir malien que les choses ne pourront pas éternellement se passer selon le confort de quelques barons de Bamako, qui ne s’intéressent visiblement pas à la résolution des problèmes des populations de l’Azawad.
Le pouvoir malien a toujours privilégié les petites combines en opposant les enfants de l’Azawad et en suscitant la création de milices communautaires pour faire diversion et présenter le conflit comme une question interethnique. Les Touaregs, pour leur part, connaissent parfaitement leurs voisins, forcément partenaires au sein de leurs activités vitales et alliés face à leurs difficultés environnementales et climatiques communes. Ils n’ont aucun problème, ni au sein de leur communauté ni avec les autres communautés de la région ou du pays, si ce n’est ceux qui ont été sciemment fabriqués pour les affaiblir tous ensemble afin de gérer sans eux et très loin d’eux les affaires qui les concernent vitalement et qui leur permettraient, s’ils en étaient les réels gérants, de vivre tranquillement, de s’éduquer, de se moderniser et de se développer réellement, mais voilà, ce sont ces empêchements qui font de plus en plus mal et qui sont de plus en plus en question !
Quoi qu’il en soit, les auteurs d’exactions contre des civils seront nommément poursuivis devant les juridictions internationales pour que d’éventuelles victimes ne voient pas leurs bourreaux ou des criminels parader, couverts en cela par l’indifférence de la communauté internationale. Le temps de l’impunité est révolu et les auteurs de crimes seront poursuivis par les ayants droit et les organisations internationales fondées à le faire. La communauté internationale se rend compte aujourd’hui qu’elle ne peut pas demeurer sourde aux appels des peuples spoliés et menacés, qu’ils soient à Benghazi ou à Ménaka. Et les criminels doivent se voir systématiquement recherchés, jugés et punis par la Cour Pénale Internationale.
Nous appelons cette communauté internationale à assumer ses responsabilités vis-à-vis de cette région et à ne pas encourager l’escalade de la violence par un soutien militaire et politique à un système aveugle qui a montré par le passé son mépris d’une partie de sa population. En effet, le silence de la communauté internationale est toujours interprété par les pouvoirs tortionnaires comme un soutien à leurs méthodes expéditives et à la répression des peuples en quête de liberté, de justice et de paix.
La question de l’Azawad ne peut se régler que par la négociation entre l’Etat malien et les communautés de cette région. La violence ne saurait être une solution, même si, à l’évidence, c’est la seule expression qui est considérée par la communauté internationale comme révélatrice d’un problème.
Concernant la question touarègue dans son ensemble, seul le langage des armes a pu faire prendre conscience de l’existence d’un problème, même si les réponses apportées jusqu’ici relèvent plus des techniques d’étouffement que d’une réelle recherche de solution politique. Tant que cette question n’est pas prise à bras le corps par la communauté internationale, nous connaîtrons la poursuite de tensions militaires qui risquent, à terme, d’installer durablement le chaos dans la sous-région.
Les Touaregs rejettent tout amalgame qui consisterait à noyer leur lutte pour la liberté dans les mêmes considérations sécuritaires qui impliquent des trafiquants ou autres bandits de grands chemins qui sillonnent aujourd‘hui le Sahara central et le Sahel. Ne voir dans cette question que ses conséquences sécuritaires constitue un refus de certains de contribuer à l’avènement d’une paix juste et durable, sérieusement et librement négociée par toutes les parties concernées.
Il est significatif de voir l’importance des moyens que le Mali mobilise aujourd’hui contre le MNLA, alors qu’il n’a jamais tenté réellement de combattre les groupes armés et les trafiquants qui sillonnent tranquillement l’Azawad depuis des années.
Tout se passe comme si le Mali avait plus peur de sa communauté touarègue que de ces groupes qui créent l’insécurité dans le Nord et asphyxient la région. La manière dont l’installation de certains groupes mafieux s’organise et prospère dans le nord du pays, avec la bienveillance, voire la complicité, de l’Etat malien semble n’avoir pour but que de créer le chaos et d’empêcher ainsi l’expression démocratique des populations de l’Azawad...
Le Mali n’a pas su mettre à profit les périodes de paix pour rechercher une solution politique au différend qui l’oppose à l’Azawad.
Oui, les Touaregs ont le droit d’imaginer et de construire leur avenir. La communauté internationale a montré ces dernières années qu’elle peut trouver les moyens juridiques et opérationnels d’accompagner des peuples qui aspirent à la liberté, à la démocratie et à la justice. Il serait curieux que le peuple touareg continue à faire exception et à subir l’indifférence, voire l’abandon, des acteurs qui ont été par ailleurs au-devant de la scène pour défendre ces valeurs universelles.
Pour rappel, le président malien n’est pas moins responsable du massacre de milliers de Touaregs dans les années 90 que Laurent Gbagbo ne l’est dans ce qui s’est passé en Côte-d’Ivoire. Pourquoi la communauté internationale accepte-t-elle cette différence de traitement, alors qu’il s’agit, dans les deux cas, de civils massacrés par une armée ?
L’Algérie et la France, impliquées de fait dans le suivi de cette question, doivent faire évoluer leurs positions et accepter, enfin, de favoriser l’émergence d’une vraie solution politique sous la houlette de la communauté internationale. L’échec des différents accords de paix signés depuis vingt ans montre qu’il y a pour le moins une absence de volonté politique de l’Etat malien de prendre au sérieux cette question. Et la bienveillance des autorités actuelles à l’égard des groupes armés et des trafiquants qui pullulent dans le Nord ne peut s’expliquer que par la volonté de contenir les revendications légitimes des populations de l’Azawad.
Aucune loi nationale ou internationale ne peut dénier au peuple le droit à une vie meilleure, le droit de préserver sa langue, sa culture. Le droit de participer réellement aux décisions qui influencent directement sa vie et son avenir. Aujourd’hui, le Mali a montré ses limites dans sa capacité à créer les conditions d’une cohabitation de ses citoyens dans un Etat unitaire qui leur donne les mêmes droits et les mêmes chances pour s’épanouir et se développer.
Mais c’est peut-être la réalité géographique et socio-culturelle du Mali qui fait que la nature actuelle de l’Etat ne peut répondre à la diversité des territoires et à l’étendue du pays. L’Azawad est une entité qui dispose de sa propre personnalité avec des communautés qui se sont toujours côtoyées et mélangées. Une particularité géopolitique et une distance notoire avec le Sud du pays font, de fait, de l’Azawad une entité réelle non seulement dans l’esprit de ses habitants, mais aussi dans celui des autres Maliens !
Un statut particulier et une autonomie doivent permettre enfin aux Azawadiens de concentrer leurs efforts sur le développement de la région dans le respect des aspirations de l’ensemble des communautés de ce territoire et dans un rapport intelligent et constructif avec le Mali.
Depuis une vingtaine d’années, le Mali n’a pas voulu privilégier le dialogue pour trouver une solution politique durable et définitive aux préoccupations des populations de l’Azawad. Il a choisi de s’enliser dans le clientélisme et l’encouragement d’une militarisation des communautés qui est dangereuse à terme pour la stabilité de la région. Il a préféré le saupoudrage et l’accentuation de la logique sécuritaire dont les victimes sont les communautés de l‘Azawad. Cette politique sécuritaire est menée au détriment d’une politique de développement qui aurait pu aider à créer les conditions d’un réel dialogue politique et éviter ainsi tout recours à la violence pour poser des revendications politiques. L’arrestation, l’année dernière, des jeunes du MNA (Mouvement National de l’Azawad) d’alors constituait un indice flagrant de la nature d’un système qui s’affiche pleinement démocratique à l’usage des chancelleries occidentales et refuse tout dialogue sérieux à l’intérieur.
Aujourd’hui, le MNLA devra faire preuve de responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des populations de l’Azawad et ne pas tomber dans le piège de la communautarisation ou de la tribalisation de ce conflit. Il devra tirer les leçons d’un passé récent et mener un travail d’explication aussi bien vers l’ensemble des communautés de l’Azawad et du Mali qu’en direction de la communauté internationale. Un discours clair, qui empêcherait tout amalgame voulu par les tenants de l’immobilisme, qui s’acharnent toujours à brouiller le message, en occultant délibérément la dimension politique des revendications du Mouvement et de l’ensemble des communautés de ce territoire. Le MNLA, qui porte aujourd’hui les aspirations des populations de l’Azawad, dispose d’un contexte international favorable traversé par une volonté affirmée des peuples à s’affranchir de l’oppression. Aujourd’hui plus que jamais, les institutions doivent être au service des peuples et non le contraire. Un Etat n’a de légitimité et de raison d’être que quand il est au service du peuple. L’Etat centralisé, hérité de l’administration coloniale française, ne correspond à l’évidence pas à la nature des pays comme le Mali et ne constitue aucunement l’instrument adapté pour assurer la coexistence, l’épanouissement et le développement des peuples concernés. L’Etat n’étant finalement qu’un outil, il ne saurait être sacralisé, surtout quand il n’est pas l’émanation de la volonté des peuples auxquels il prétend s’imposer.
Les responsables du MNLA ne doivent pas perdre de vue les enjeux réels de leur engagement. En remettant à l’ordre du jour les aspirations des populations de l’Azawad, ils interpellent l’ensemble des leaders de ses communautés, la société civile malienne, la classe politique et la communauté internationale.
Abdoulahi ATTAYOUB
Survie Touarègue-TEMOUST
Lyon (France)
temoust@hotmail.com

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Militaires maliens prisonniers du MNLA.Contrairement à ce qu'affirme les autorités maliennes les combattants de l'AZAWAD traitent bien les prisonniers de guerre et respectent les conventions Internationales ce qui est loin d'être le cas du gouvernement malien qui s'en prend au civiles comme à Kati et Bamako.Ils ont reçu la visite du CICR et se sont exprimés comme ils le voulaient.