http://www.lequotidienalgerie.org-30-05-10
Les Touareg veulent des Etats fédéraux au Mali et au Niger
dimanche 30 mai 2010
La presse algérienne révèle que « Les circuits du Tassili du Hoggar sont interdits aux agences de tourisme de Tamanrasset… les services de sécurité ont reconduit manu militari des touristes et leurs accompagnateurs… Des touristes en bivouac ont été carrément embarqués à bord d’hélicoptère, débarqués à Tamanrasset, et abandonnés sans aucune explication. » (1)
En réalité, un vent de panique s’est emparé des autorités après une interception de communication de téléphones satellitaires concernant une « commande de kidnapping ».
Ce qui devait arriver arriva. La persistance d’une insécurité chronique généralisée au Sahel a fini par remonter de nouveau au Sahara qui a déjà connu le retentissant épisode de février 2003 où 32 touristes avaient été enlevés entre Djanet et Illizi.
Comme on le craignait, le paiement de rançons a suscité toutes les convoitises et poussé à la tentation des chauffeurs guides des agences de voyages, qui avaient pour mission de livrer quelques touristes, contre de fortes sommes d’argent. Plusieurs arrestations ont suivi cette alerte.
L’engrenage qui risque de s’emballer est prévisible : l’insécurité va remonter encore plus au nord vers les zones pétrolières et poussera les autorités à militariser davantage tout le Sud algérien. Les Sahara mauritanien, marocain, tunisien et libyen ne seront pas non plus épargnés par ces nouveaux « rezzous », comme ce fut déjà le cas avec le kidnapping d’un couple d’autrichiens en Tunisie en février 2008, et d’espagnols en Mauritanie en novembre 2009.
Cette grave atteinte à l’activité économique prometteuse du tourisme saharien sonne comme un « sabotage caractérisé » du tout récent activisme algérien qui a provoqué en ce début d’année 2010 plusieurs réunions de coordination des états-majors diplomatiques, militaires et du renseignement, pour combattre le terrorisme et s’opposer à toute intervention étrangère.
C’est aussi une conséquence directe de la mauvaise perception et gestion politico-militaire du problème Touareg, qui dure depuis l’indépendance des Etats africains. L’invention récente du terrorisme d’Al Qaïda est utilisée comme un arbre qui cache la forêt de la rébellion touarègue qui n’a jamais cessé depuis le début du siècle contre le colonisateur et s’est poursuivie après les indépendances à cause d’un tracé frontalier arbitraire et contre nature. Encore un autre héritage colonial empoisonné.
Le message lancé continuellement par les Touaregs est pourtant simple. Comme le dit l’adage populaire : « nalâab ouala nahsad » (Soit je joue, soit je ne vous laisserai jamais jouer). Tant que le problème touareg ne sera pas résolu, aucun espace sahélo-saharien ne connaîtra la paix, la sécurité et la prospérité.
Pour éviter le pire, en tant que pays central et leader du Sahara, l’Algérie doit remettre les compteurs géopolitiques de la région à zéro, opérer un changement radical de la gestion du problème Touareg, et reconstruire ses relations avec tous les pays voisins du Maghreb et du Sahel sur de nouvelles fondations.
La géopolitique des populations du Sahel
Le Sahel est la bande semi désertique prolongeant le Sahara des cinq pays d’Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Egypte) aux cinq Etats subsahariens : Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Soudan. Ces pays du Sahel, créés de toutes pièces par la décolonisation sont considérés, en droit international, comme des États, mais n’ont jamais été des Nations.
Cet ensemble de cinq pays ne compte que 80 millions d’habitants en 2008 sur un espace de 7,323 millions de km2, soit moins de 11 habitants/km2. Cette densité est trois fois inférieure à la moyenne de l’Afrique (32 hab/km2), et cinq fois inférieure à la moyenne du Monde (49 hab/km2). Ce peuplement est encore très inégal selon l’occupation territoriale, avec une dominante du nomadisme, allant jusqu’à moins d’un hab/km2. (2)
De telles configurations de peuplement et de surfaces désertiques expliquent les difficultés de souveraineté et de gouvernance sur ces vastes territoires. Aucun des cinq Etats n’a ni la volonté, ni les moyens budgétaires et logistiques d’y déployer un maillage territorial permettant d’exercer l’administration et la sécurité. Il est donc inévitable que des groupes locaux ethniques, « héritiers légitimes » de leurs territoires, en prennent le contrôle, et se rebellent contre le pouvoir central.
L’exemple le plus significatif est celui du Mali. On distingue 23 ethnies réparties en cinq principaux groupes : mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), pulsar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Bobo, Sénoufo, Minianka), saharien (Maure, Touareg) et Songhaï. Les 9/10 de la population, noirs sédentaires, se concentrent dans le sud du pays, le Mali utile en termes de potentialités agricoles. Mais deux tiers du territoire malien sont revendiqués par les Touaregs qui n’ont jamais accepté le pouvoir noir de Bamako.
Le Niger est un territoire tripolaire composé à l’ouest des Djerma-Shongaï, 22% de la population, au centre et à l’est des Haoussas, 56%, et au nord des Touaregs, environ 10% qui revendiquent les trois quart du territoire. Comme au Mali, la rébellion permanente des Touaregs atteste de la fragilité chronique de l’État nigérien.
Du caractère transfrontalier de nombreuses ethnies, à l’exemple de l’ethnie zaghawae transfrontalière entre le Tchad et le Soudan, il en résulte que les territoires des pays voisins sont utilisés comme lieux de replis lors des conflits. Ainsi, le Soudan a-t-il servi de lieu de repli pour des groupes rebelles du Tchad, comme le Tchad l’est pour des groupes du Soudan. Le Sahara algérien et libyen est utilisé comme lieu de repli par les rebelles touaregs du Niger et du Mali, qui considèrent aussi ces régions comme leur espace vital.
Avant la colonisation, il existait des frontières naturelles entre les populations blanches d’Afrique du Nord et les royaumes noirs sub-sahariens. Elles s’étendaient des fleuves Sénégal et Niger jusqu’au Lac Tchad. Le dogme intangible des frontières coloniales a bouleversé profondément les équilibres géo-démographiques du Sahel.
La réunion de l’OUA d’Addis Abeba en Mai 1963 et la conférence des chefs d’Etat du Caire en juillet 1964 ont entériné le statu quo des frontières issues de l’époque coloniale. En fait, ces frontières se substituèrent aux limites administratives établies par la France, lors de la création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), le 10 janvier 1957. (3)
« L’esprit qui a présidé à l’élaboration de l’OCRS dévoile une conception ethnique du territoire dont un des objectifs était de créer une barrière politique définissant une « chasse gardée française » susceptible d’éviter des contacts entre une Algérie qui avait engagé une guerre pour acquérir son indépendance et une Afrique noire traversée par l’opinion des leaders indépendantistes… Cette barrière ethnico-politique pouvait se dresser en jouant sur une série d’oppositions classiques telles que nomades et sédentaires, Touaregs/Arabes, Touaregs/populations noires et bien sûr Blancs/Noirs. À l’évidence, cette conception ethnico-territoriale, voire cette « arme ethnique » utilisée par les services français, ne pouvait qu’exacerber les relations interethniques déjà tendues. » (4)
La mystification coloniale du problème touareg
La France coloniale présente en Afrique noire, notamment au Sénégal depuis le 17è siècle, et en Afrique du Nord depuis l’invasion de l’Algérie en 1830, voulait faire la jonction de son empire colonial entre le Nord et le Sud, mais s’était heurtée à ces populations mystérieuses de nomades du Sahara surgissant de nulle part.
Après plusieurs missions de géographes explorateurs comme Henry Duveyrier (1840-1892), une première incursion militaire menée par le colonel Paul Flatters en 1881 dans le Hoggar fut massacrée par les Touaregs.
Il a ensuite fallu attendre 1902 et la fameuse bataille de Tit pour entamer le début de la conquête du Sahara. Les livres d’histoire citent souvent cette « glorieuse victoire de l’armée française », en prenant bien soin d’occulter qu’il n’y avait en fait qu’un seul français dans cette expédition, le lieutenant Cottenest alors que la centaine de combattants étaient tous des algériens Chaâmbas de la région de Ouargla, rivaux héréditaires des touaregs dans les rezzous. Ce fut le début d’une abondante littérature de mystification coloniale qui a toujours fait croire à une supériorité militaire française, une pacification du Sahara et à la soumission des Touaregs devenus « amis des français ».
Pourtant, le Comte Henry-Marie de la Croix de Castries, explorateur et historien de l’Afrique du Nord où il fut affecté en 1873 aux Affaires indigènes, avouait son admiration de « la vie de ces grands chefs bédouins, si proche de celles des temps bibliques. Ce jeune lieutenant se sentait tout pénétré d’inspirations orientales « qui de cette vie arabe lui causa l’impression la plus profonde et la plus durable, de la foi sereine, active et méritoire de ces musulmans convaincus. »
Il relatait aussi la sévère leçon d’humilité que lui donnait l’exemple de ses cavaliers d’escorte, mettant pied à terre pour prier Dieu. « Je m’éloignai ; j’aurais voulu rentrer sous terre ! Je voyais les amples burnous s’incliner à la fois dans un geste superbe aux prostrations rituelles ; j’entendais l’invocation : Allahou Akbar ! Dieu est le plus grand ! Et cet attribut de la divinité prenait dans mon esprit un sens que toutes les démonstrations métaphysiques des théodicées n’avaient jamais réussi à lui donner. J’étais en proie à un malaise indicible, fait de honte et de colère. Je sentais que dans ce moment de prière, ces cavaliers arabes, si serviles tout à l’heure, avaient conscience qu’ils reprenaient sur moi leur supériorité. » (5)
Le Sahara, présenté par les colons comme une frontière déserte infranchissable a en fait toujours été une zone peuplée, reliée par des pistes, des points d’eau et des oasis. Le chameau y était présent depuis l’Antiquité et les traces des nomades transsahariens remontent aux peintures rupestres. Les populations des rives nord et sud du Sahara n’ont jamais été séparées.
« L’installation du père De Foucauld à Tamanrasset ne relève pas seulement d’un souci mystique de solitude, mais de raisons proprement patriotiques et militaires. Le massif montagneux du Hoggar est le centre géographique de la vaste zone désertique qui s’étend du versant sud de l’Atlas, au nord, jusqu’aux bassins du Niger et du Tchad au sud, et de l’océan Atlantique à l’ouest ; jusqu’à la Tripolitaine à l’est. Cette forteresse est au carrefour des pistes qui mènent aux ports méditerranéens l’or, l’ivoire, les esclaves importés d’Afrique noire. Les agiles Touaregs du Hoggar fondaient à l’improviste sur les lourds convois chargés de marchandises ou se faisaient grassement payer pour les protéger ». (6)
Les cités touarègues de la boucle du fleuve Niger (Tombouctou, Gao, Agadez, Tahoua) ont été reliées depuis plusieurs siècles aux cités du grand Maghreb (Marrakech, Fez, Tlemcen, Tihert, Cirta, Ouargla, Biskra, Kairouan,…). Chaque année, les pèlerins transitaient par ces villes pour leur voyage à La Mecque, en passant par la Tripolitaine, le Fezzan, le Tibesti et l’Egypte. Au XVe siècle, la ville mythique Tombouctou comptait environ 100.000 habitants (30.000 aujourd’hui), dont 25.000 étudiants qui fréquentaient la célèbre université.
Une délégation touareg qui rencontra à Biskra le général de la Roque en 1890, lui confirmera l’étendue de leur territoire : « Partout où nous allons nous nous heurtons à vous… du Sud tunisien aux portes de Ghadamès,…au Nezfaoua et dans le Sahara jusqu’à Figuig, nous vous trouvons partout ; avec vous ces contrées là nous sont fermées et nous sommes comme murés chez nous. » (6) En cette fin de siècle, les Kel Ahagar et Kel Ajjer se retrouvent encerclés, privés de leurs débouchés au Sud comme au Nord.
Occultant et bafouant l’histoire millénaire des populations sahariennes, la France a tenté d’imposer au Sahara le triptyque colonial des 3 C défini par David Livingstone : Civilisation, Christianisme, Commerce. Mais malgré tous leurs efforts, Charles de Foucauld et les missionnaires chrétiens n’ont jamais réussi à évangéliser, ni franciser un seul homme bleu.
Dans sa lettre du 29 Mai 1909 à Henry de Castries, Foucauld écrivait avec un étrange mélange de naïveté et de mépris : « Je vais reprendre mon travail quotidien : apprivoisement des Touaregs, des Indigènes de toute race, en tâchant de leur donner un commencement d’éducation intellectuelle et morale… Tout cela pour amener, Dieu sait quand, peut-être dans des siècles, au christianisme. Tous les esprits sont faits pour la vérité, mais pour les Musulmans, c’est affaire de très longue haleine. » (5)
Même le tamasheq restera la langue dominante, tenant tête au français. Et à ce jour les pistes commerciales ancestrales restent toujours contrôlées par les touaregs.
La stratégie coloniale de diviser pour régner a complètement perturbé la perception géopolitique du problème touareg. En réalité, ce terme, devenu générique, englobe l’ensemble des tribus du Sahara et du Sahel qui parlent le tamasheq, de la même façon qu’on désigne par le terme arabe tous ceux qui parlent la langue arabe. Au fil des siècles et du nomadisme, le métissage tribal et l’assimilation culturelle ne permettent plus de distinguer touaregs et arabes, comme on le fait encore à tort entre les populations amazighophones et les berbères arabisés au Maghreb. Les Kountas, Berraber, Berrabich, Zenaga, Iguellad, Ansar, Chorfa, etc… d’origine arabo-berbères, qui nomadisaient des confins désertiques maghrébins jusqu’à Zinder, se sont au fil des siècles complètement fondus dans la culture touareg du désert (langue, mœurs, traditions, habillement, coutumes sociales et juridiques,…). Ils forment en réalité un seul peuple vivant en symbiose. (7)
Depuis les indépendances, on constate une sédentarisation forcée des touaregs en Algérie et Libye, une marginalisation au Niger et une discrimination au Mali avec une seule alternative : l’exil ou les armes. Pourtant, rien au Sahara ni au Sahel ne peut se faire sans le consentement de ces chevaliers du désert.
Les frontières sahélo-sahariennes « géométriques » entre les 10 Etats, en plein désert, ont-elles un sens ? Elles ne sont qu’un fait accompli colonial, une contrainte exogène absurde, artificielle, handicapante. Le droit occidental colonial a imposé une « territorialité » en contradiction avec la nature de l’immensité de l’espace saharien et du mode vital et économique nomade et pastoral. Chez les populations nomades, la géographie politico-économique est mouvante selon la pluviométrie, les rapports de force tribaux et la liberté immuable de circuler. L’idée même d’une frontière fixe est un concept inexistant chez les peuples sahariens. En définitive, personne au Sahara n’a jamais considéré ces frontières théoriques et fictives. Ni les puissances coloniales, ni les Etats indépendants, ni les populations… ni les « nouveaux terroristes » (8)
Le problème touareg renvoie à la complexité géographique de l’espace saharien, aux enjeux humains et économiques du nomadisme. Il pousse à s’interroger sur une nouvelle perception du principe de souveraineté partagé sur des déserts. Comme il est hors de question de marginaliser ou d’exterminer les Touaregs, comme le furent tragiquement les Indiens d’Amérique, la question fondamentale est celle de définir leur intégration et leur rôle dans cet immense espace saharien partagé entre ces 10 Etats. Cette problématique dépasse largement le cadre défini par les Accords de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006, qui n’ont en fait jamais été appliqués.
Le morcellement de l’espace touareg voulu par le colonisateur et perpétué par les Etats indépendants doit être abandonné au profit d’une intégration civilisationnelle, géographique, linguistique de cet espace selon un double système d’Etats fédéraux et de zones franches. Des personnalités africaines ont déjà prôné une « déconstruction » de cet héritage colonial des « cadres territoriaux existants, par la remise en question des frontières convenues et la création simultanée d’espaces mouvants ».
Les Touaregs veulent des Etats fédéraux
Dès les indépendances de 1960, après la création de l’OCRS, une alliance s’était nouée au Mali pour soutenir une partition territoriale du « Soudan français », afin d’éviter d’être gouvernés par des pouvoirs noirs.
Une des figures emblématiques de cette résistance au fait accompli colonial était Mohamed Ali ag At-Tahar (1904-1994), Aménokal des Kel Antessar. Il ressemblait en tous points à son père At-Tahar ag Al Mahdi, né vers 1868 et devenu Aménokal en 1914, que décrit de fort belle manière Paul Marty : « At Tahar est le type du grand, vigoureux et beau Targui. D’une magnifique prestance, d’une dignité souveraine, il fait le plus bel effet. Intelligent ouvert, sympathique, c’est un assez bon lettré arabe, encore qu’il soit beaucoup plus guerrier que taleb. » (7)
At-Tahar adopta une attitude pleine d’ambiguïté et de diplomatie avec les colonisateurs dans la région de Tombouctou. Ni soumis, ni rebelle, il avait pour souci de protéger sa tribu par une cohabitation et une collaboration tactique avec l’autorité coloniale. Il agissait comme Moussa Ag Amestane, Aménokal des Kel Ahaggar qui avait toujours fait planer cette confusion subtile entre soumission et alliance avec l’ordre colonial qui exaspérait le général Laperrine : « il s’agissait de remettre au point la soumission de Moussa faite à In Salah et de bien établir que c’était une soumission et non une alliance. Il fallait faire accepter par les tribus un léger impôt qui fut une marque tangible de cette soumission. » (Laperrine, 1913) (9)
Laperrine et ses adjoints avaient mis au point cette politique subtile d’affrontement avec les Touaregs : « Le Touareg obéira à la force ; il y obéira comme l’Arabe, d’une façon parfaite, mais seulement quand il aura constaté qu’il ne peut faire autrement. Il faut donc lui prouver, lui montrer notre force. » (9)
Mohamed Ali ag At-Tahar grandit dans la lignée des révolutionnaires indépendantistes africains. Rebelle à l’autorité coloniale, il finit par léguer le Tabbel d’Aménokal à son frère, Mohamed Al Mahdi, né en 1923 et toujours en exercice à Bamako.
Mohamed Ali s’exila dès 1952 en Arabie Saoudite chez le roi Fayçal avec toute sa famille et ses domestiques. Puis il s’installa en Egypte chez Nasser qui lui offrit une épouse égyptienne. C’est au Caire qu’il se fit connaître de tous les révolutionnaires africains et arabes, notamment des leaders du FLN. Ensuite, il partit en Libye chez le roi Idriss, avant de s’installer au Maroc en 1960 chez le roi Mohamed V qu’il avait déjà rencontré en 1955 à son retour d’exil.
Alors qu’il était royalement reconnu et respecté, la puissance coloniale craignait que Mohamed Ali fédère toutes les tribus dans un « royaume touareg », et remette en cause la stratégie « d’indépendance dans l’interdépendance » conçue et mise en œuvre par les gaullistes et leurs réseaux de supplétifs de l’Armée Coloniale d’Afrique.
La proposition d’un Etat fédéral touareg au Sahara ayant été rejetée par la France, les Touaregs commencèrent à s’armer et se révolter dès 1961, moins d’un an après l’indépendance du Mali et du Niger. Une première insurrection eut lieu fin 1962, contre le gouvernement de Bamako de Modibo Keita. Les Touaregs n’eurent comme réponse qu’une sévère répression qui décima les tribus des Adrar des Iforas, d’où avait été lancé le mouvement.
Le tournant historique s’est joué en 1963 lorsque Modibo Keita réussit un coup de maître en poussant les duo algérien, Ben Bella-Boumediene, et marocain Hassan II-Oufkir à trahir les touaregs. Le 29 octobre 1963, Modibo joue un rôle d’arbitre dans la sortie du conflit frontalier de la « guerre des sables » qui opposait le Maroc à l’Algérie. Il réunit à Bamako Hassan II et Ben Bella en présence du négus Haïlé Sélassié d’Éthiopie et obtient des belligérants un cessez-le-feu immédiat.
En échange de sa médiation, et « sous la menace d’une généralisation des conflits frontaliers en Afrique », il demande et obtient l’arrestation et l’extradition des leaders touaregs exilés en Algérie et au Maroc.
C’est ainsi que Mohamed Ali Ag At Tahar est arrêté en 1963 par le général Mohamed Oufkir sur ordre du roi et livré au Mali qui le maintiendra en détention durant 12 ans, jusqu’à sa libération en 1975 par Moussa Traoré. Brisé, il retourna en exil au Maroc, chez Hassan II qui le prit en charge et le plaça dans une prison dorée pour le « neutraliser » jusqu’à sa mort en 1994.
De son côté, l’Algérie extrada deux chefs touaregs, Zaid ag Tahar ag Illi et Ilias Ag Ayuba, et un jeune messager Mohamed El Ansari, neveu de Mohamed Ali, envoyé spécialement du Maroc pour avertir Zaid et arrivé par malchance le jour même de son arrestation.
Zaid, Amenokal des Iforas de Kidal, s’était d’abord exilé à Tamanrasset puis à Ouargla. Ses disciples avaient déclenché une révolte en récupérant un stock d’armes que l’armée coloniale avait enterré à Silet (120kms au sud-est de Tamanrasset). Comme Mohamed Ali, Zaid s’était aussi désisté de sa chefferie au profit de son frère Intallah plus docile, toujours en exercice à Kidal.
Libéré lui aussi en 1975, Zaid mourut en 1998. Ilias Ag Ayuba, chef des Doushakis à Gao, tribus touaregs d’origine lointaine juive, avait suivi la rébellion de Zaid et l’avait rejoint à Tamanrasset puis Ouargla. Il vit toujours à Gao, alors que son frère Younès est installé à Tamanrasset où il a facilité l’insertion de nombreux membres de sa tribu. La répression de Modibo Keita aidés des virulents Songhaïs, qui a suivi ces arrestations, a été féroce, proche du génocide (tueries, massacres collectifs, abattage de cheptel, empoisonnement des puits, arrestations,…). Les régions du nord ont été décrétées zones militaires, tous les postes de fonctionnaires militarisés, et les touaregs écartés de toute fonction officielle. Après avoir nié la réalité et l’ampleur de cette dissidence, le gouvernement de Bamako annonce son écrasement complet en 1964.
Plusieurs exodes importants ont afflué vers les pays voisins essentiellement l’Algérie, mais aussi Libye et Mauritanie, dès l’indépendance, puis à chaque rébellion et lors des grandes sécheresses des décennies 70 et 80 et l’actuelle de 2010. La naissance du groupe musical malien Tinariwen en 1982 à Tamanrasset est intimement liée à cette situation d’exil et d’errance du peuple touareg. Il est l’émanation même de cette diaspora qu’il chante aux quatre coins du monde, en remplaçant le fusil par la guitare.
La trahison algéro-marocaine qui a soutenu le pouvoir de Bamako a profondément déçu et découragé les touaregs qui se sont exilés ou résignés à une résistance passive jusqu’à la nouvelle rébellion de 1990-1991 déclenchée par Iyad ag Ghali au Mali et Raïssa ag Boula et Mano Dayak au Niger.
L’Algérie, entrée elle-même dans une grave crise politique et sécuritaire, ne voulait surtout pas d’une nouvelle complication frontalière et s’activa à la conclusion rapide d’un cessez-le-feu et la conclusion d’accords d’intégration des touaregs dans l’administration de leurs territoires. Un accord fut signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991. (10)
Mais une « main invisible » a décidé de défaire « immédiatement » l’appel à la sagesse et la pacification, et de poursuivre la marginalisation des touaregs. Dès le 8 janvier, le signataire de l’Accord, le Colonel Ousmane Coulibaly, Chef d’état-major général des armées, remplace au ministère de la défense le président Moussa Traoré, qui se fait ensuite renverser le 23 mars par un coup d’Etat du Lieutenant-Colonel Amadou Toumani Toure, à la tête d’un Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP).
Curieusement, le président algérien Chadli Bendjedid subira le « même processus », abandonnant le poste de ministre de la défense au général Khaled Nezzar en juin 1991, avant d’être « démissionné » en janvier 1992.
Le colonel Iyad ag Ghali a finalement été récupéré par Bamako et est actuellement ambassadeur du Mali en Arabie Saoudite, et « négociateur attitré » avec les preneurs d’otages maliens. Raïssa ag Boula, qui signa les accords de paix au Niger en avril 1994, participa à plusieurs gouvernements sous la présidence de Mamadou Tandja, qui vient d’être renversé par un coup d’Etat en février 2010.
Quant à Mano Dayak, il sera victime d’un mystérieux accident d’avion en décembre 1995.
Une nouvelle rébellion déclenchée par Ibrahim ag Bahanga en mai 2006, rejoint par Iyad ag Ghali et Hassan Fagaga, provoqua une nouvelle intervention du « pompier algérien » qui lui « intima l’ordre de rebrousser chemin alors que ses troupes étaient à 300 kms de Bamako ». De nouveaux accords ont été laborieusement signés à Alger le 4 juillet 2006 avec la mise en place d’un Comité de suivi. (11)
Mais dès son retour à Bamako, le Général Kafougouna Koné, signataire des « accords de reddition d’Alger » selon la presse malienne, est convoqué par un groupe parlementaire et contraint de répondre aux interrogations des députés, en direct à la télévision. Il sera pris à partie sur la constitutionnalité du document et sur l’esprit de certaines de ses dispositions. Le cessez-le-feu ne fut pas respecté et plusieurs accrochages eurent lieu entre les rebelles et l’armée malienne. Bahanga fut aussi à l’origine de l’Alliance Touareg Niger-Mali fondée en juillet 2007. Finalement, aucune mesure n’a été mise en œuvre et tour à tour, les touaregs de l’Alliance Démocratique pour le Changement, puis l’Algérie se sont retirés de cet Accord, devenu caduc… depuis le rappel de l’ambassadeur algérien à Bamako, suite à l’affaire de la libération de l’agent de la DGSE Pierre Camatte, contre le paiement d’une rançon et la remise en liberté de terroristes algériens par ATT.
L’équation politique touareg ressurgit régulièrement aussi simple que dangereuse. Les touaregs du Mali et du Niger ne veulent pas porter atteinte à la souveraineté des Etats existants, mais revendiquent l’instauration d’Etats fédéraux avec une large autonomie, liés juridiquement à Bamako et Niamey, mais ouverts et intégrés humainement et économiquement au grand Maghreb, et à l’Algérie en particulier, comme ils l’ont toujours été avant, pendant et après la colonisation.
Les nouvelles générations de touaregs, sont prêts à lancer de nouvelles rébellions pour contrôler leurs territoires au nord du Mali et du Niger et contraindre Bamako et Niamey à négocier.
Les touaregs rappellent pertinemment qu’ils sont les seuls capables de sécuriser l’espace sahélo-saharien et garantir la stabilité de cette vaste zone tampon entre l’Afrique du nord et l’Afrique noire. A défaut, ils sont aussi capables de la maintenir dans l’état d’une zone interdite à hauts risques d’instabilité géopolitique et de sous-développement chronique.
Saâd Lounès
(1) El Watan du 26-05-2010
(2) La géopolitique des populations du Sahel
(3) Histoire des frontières algériennes
(4) André Bourgeot (CNRS) – Sahara : Espace géostratégique et enjeux politiques
(5) Charles de Foucauld – Lettres à Henry de Castries (1850-1927) – Grasset, Paris 1938 – Préface de Jacques de Dampierre
(6) Georges Gorrée – Les Amitiés Sahariennes du Père de Foucauld – Arthaud, Paris, 1946. —
Dès son installation à Beni Abbès, « Foucauld a compris le rôle magnifique qu’il peut remplir au Sahara : conseiller le plus exactement possible les chefs qui ne se trouvent pas sur place. Officier français, il le demeurera jusqu’à sa mort, plaçant très haut l’honneur du pays qu’il incarnait aux yeux des populations sahariennes… le père Foucauld n’a jamais cessé un seul instant d’être officier explorateur ; parce qu’il demeura près de quinze années consécutives au Sahara ; parce qu’il s’intéressa à tout ce qui touchait l’action de la France dans les territoires du Sud… Charles de Foucauld, moine missionnaire au Sahara, restera le modèle et le maître de tous les officiers des Affaires Indigènes des nations colonisatrices… En d’autres occasions, Foucauld ne se contente plus de renseigner, il donne lui-même des ordres, et ceux-ci sont exécutés sur le champ. » Pour le général Laperrine, « Charles de Foucauld demeure notre plus parfait instrument de pacification saharienne. »
Laperrine avait noté au bas du Rapport Officiel sur la mort de Foucauld : « l’assassinat du père de Foucauld doit se rattacher à la lettre trouvée à Agadès dans les papiers de Khaoussen et dans laquelle un européen (turc ou allemand) lui conseillait comme première mesure, avant de soulever les populations, de tuer ou prendre comme otage des européens connus comme ayant de l’influence sur les indigènes dévoués aux français. »
Lettre du 2/8/1915 de Charles de Foucauld à Laperrine : « Je mène ma vie ordinaire, dans un grand calme apparent, mais l’esprit étant au front avec vous, avec nos soldats. Après le Dictionnaire Touareg-Français abrégé et le Dictionnaire des Noms propres, voici le Dictionnaire Touareg-Français plus développé qui est terminé et prêt à être imprimé. Je viens de me mettre à la copie, pour l’impression, des poésies… cela me parait étrange, en des heures si graves, de passer une journée à copier des pièces de vers… Au cas où les lois de l’Eglise me permettraient de m’engager, ferais-je mieux de m’engager ? Si oui, comment m’y prendre pour m’engager et être envoyé au front… Répondez-moi sans tarder ; par ce même courrier, j’écris pour demander si l’Eglise autorise quelqu’un dans mon cas à s’engager. »– Lettres inédites au Général Laperrine, Pacificateur du Sahara – La Colombe, Paris, 1954. Préface de Georges Gorrée.
(7) Paul Marty - Etudes sur l’Islam et les tribus du Soudan, in Revue du Monde musulman dirigée par Louis Massignon – Ed Ernest Leroux – Paris – 1918-1919
(8) Kidal, 49ème wilaya d’Algérie
(9) Paul Pandolfi, Une correspondance saharienne, Lettres inédites du général Laperrine au commandant Cauvet (1902-1920), Karthala, Paris, 2006 —
Henry Laperrine (1860-1920), général de division, a été camarade de Charles de Foucauld au 4e Chasseurs d’Afrique en 1881. Après la mort de Foucauld (1/12/1916), la France coloniale craint l’embrasement du Sahara et Lyautey, ministre de la guerre, rappelle Laperrine du front franco-allemand pour reprendre en main la situation, dont les répercussions peuvent être d’une gravité incalculable pour l’Afrique du Nord et l’Afrique Noire. En 2 ans, il pacifie le Sahara pour la seconde fois, puis meurt le 18/2/1920, après 16 jours d’agonie dans le désert du Tanezrouft où son avion s’est écrasé. Foucauld disait de Laperrine : « C’est lui qui a donné le Sahara à la France… et qui a réuni nos possessions d’Algérie et notre colonie du Soudan. »
(10) Accords de Tamanrasset de 1991
(11) Accords d’Alger de juillet 2006
TESHUMAR.BE est dedié à la CULTURE du peuple touareg? de ses voisins, et du monde. Ce blog, donne un aperçu de l actualité Sahelo-Saharienne. Photo : Avec Jeremie Reichenbach lors du Tournage du film documentaire : « Les guitares de la résistance Touaregue », à la mythique montée de SALUT-HAW-HAW, dans le Tassili n’Ajjer-Djanet- Algérie. 2004. Photo de Céline Pagny-Ghemari. – à Welcome To Tassili N'ajjer.
dimanche 30 mai 2010
Sécheresse au Mali et au Niger: aide du CICR et achat de bétail
Sécheresse au Mali et au Niger: aide du CICR et achat de bétail
(AFP) – r
BAMAKO — Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé une opération d?aide aux populations du nord du Niger et du nord du Mali, confrontées à la sécheresse, en rachetant notamment du bétail aux éleveurs, a-t-on appris samedi auprès de l'organisation.
"Nous avons en cours une opération d?aide à des populations du nord du Niger et du nord du Mali pour faire face à l?insécurité alimentaire et la sécheresse qui décime le bétail", a déclaré à l?AFP le chef adjoint de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger, Christian Wabnitz, interrogé par téléphone depuis Bamako.
"Sur le terrain, notre rôle consiste à apporter une assistance alimentaire aux familles éprouvées et à développer un programme d?appui aux éleveurs, en vue de racheter leurs bêtes très affaiblies par la sécheresse", a ajouté M. Wabnitz, à Niamey.
L'organisation avait auparavant annoncé dans un communiqué que "dans la région d'Agadez, dans le nord du Niger, et dans les régions de Gao et de Tombouctou, dans le nord du Mali, le CICR procède à l?achat de 38.000 têtes de bétail à plus de 10.000 familles d?éleveurs et d?agriculteurs touchées par les effets cumulés de l'insécurité et de la sécheresse".
Près de 70% du cheptel seraient menacés par la sécheresse qui frappe l'espace sahélo-saharien, ajoutait le CICR.
(AFP) – r
BAMAKO — Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé une opération d?aide aux populations du nord du Niger et du nord du Mali, confrontées à la sécheresse, en rachetant notamment du bétail aux éleveurs, a-t-on appris samedi auprès de l'organisation.
"Nous avons en cours une opération d?aide à des populations du nord du Niger et du nord du Mali pour faire face à l?insécurité alimentaire et la sécheresse qui décime le bétail", a déclaré à l?AFP le chef adjoint de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger, Christian Wabnitz, interrogé par téléphone depuis Bamako.
"Sur le terrain, notre rôle consiste à apporter une assistance alimentaire aux familles éprouvées et à développer un programme d?appui aux éleveurs, en vue de racheter leurs bêtes très affaiblies par la sécheresse", a ajouté M. Wabnitz, à Niamey.
L'organisation avait auparavant annoncé dans un communiqué que "dans la région d'Agadez, dans le nord du Niger, et dans les régions de Gao et de Tombouctou, dans le nord du Mali, le CICR procède à l?achat de 38.000 têtes de bétail à plus de 10.000 familles d?éleveurs et d?agriculteurs touchées par les effets cumulés de l'insécurité et de la sécheresse".
Près de 70% du cheptel seraient menacés par la sécheresse qui frappe l'espace sahélo-saharien, ajoutait le CICR.
/SURAJ HUA MADHAM (HD) KABHI KHUSHI KABHIE GHAM FULL SONG SRKAJOL SONU NIGAMTeri Ore - Singh Is Kinng
NDLR : Clips Bollywood sur fond du desert et des pyramides
Sharuk Khan
August 15, 2009 — Song: Teri Ore
Movie: Singh Is Kinng (2008)
Vocal: Rahat Fateh Ali Khan and Shreya Ghosal
Artist: Akshay Kumar and Katrina Kaif
Music: Pritam, R D B
Lyrics: Mayur Puri
Note: The song used in the movie "Singh is King" ends at 02:34. The rest of the video is put to keep the whole song, released in audio CD.
Sharuk Khan
August 15, 2009 — Song: Teri Ore
Movie: Singh Is Kinng (2008)
Vocal: Rahat Fateh Ali Khan and Shreya Ghosal
Artist: Akshay Kumar and Katrina Kaif
Music: Pritam, R D B
Lyrics: Mayur Puri
Note: The song used in the movie "Singh is King" ends at 02:34. The rest of the video is put to keep the whole song, released in audio CD.
Espionnage économique au Sahara et au Sahel au profit de Paris et de Washington
Espionnage économique au Sahara et au Sahel au profit de Paris et de Washington
jeudi 27 mai 2010
Par Fayçal Oukaci
Le Sahel grouille de services de renseignements étrangers. Cela ne date pas d’hier, mais le constat établi par les pays concernés, le Mali, qui vient en tête de ces pays, le Niger et la Mauritanie, fait état d’une prolifération importante d’agents du renseignement à la faveur des prises d’otages opérées par AQMI dans la région.
Cette prolifération a été tellement importante qu’elle a fait dire au diplomate autrichien aguerri, Anton Prohaska, qu’une des principales raisons qui avait retardé sur de longs mois, la libération des deux ressortissants autrichiens, Wolfgang Ebner et Andréa Kloeber, était justement « le télescopage de plusieurs services de renseignement dont les intérêts et les positions divergeaient ».
La France, très introduite au Sahel, grâce à une présence constante de la DGSE au Mali, au Niger et à un degré moindre en Mauritanie, fait fructifier ses intérêts, économiques surtout, avec près de deux cents entreprises installées entre le Mali et le Niger. L’implantation d’Areva au Niger et les entreprises interessées par l’uranium de Niamey sont devenues des doctrines au plan de la politique étrangère de la France. La « Françafrique », grâce à un subtil jeu d’alliances fait florès, malgré des revers subis les dernières années…
La présence américaine au Sahel est un établissement plus récent, mais la percée opérée par la CIA au Sahel, après un passage au Kenya et en Tanzanie, reste importante. La présence d’Al Qaeda dans la région est la raison invoquée par Washington, mais tous les spécialistes s’accordent à dire qu’endiguer la poussée sini-russe dans la région est devenue une nouvelle doctrine militaire et économique de la politique africaine de la Maison-Blanche.
Plus précis, l’agence euro-maghrébine de lutte contre le terrorisme, communément appelé Centre d'études maghrébines et de recherches stratégiques, que la France s’apprête à mettre sur pied dans un des pays du Maghreb, vraisemblablement la Tunisie, ne serait en fait, selon des sources informées, qu’un moyen d’avoir des informations « utiles » à mettre à la disposition de Paris.
L’initiative, lancée dans le cadre du forum de Défense dit 5+5 entre les pays du Maghreb et du sud de l'Europe (Espagne, Italie, France, Portugal et Malte), serait que la France puisse disposer d’informations « exploitables en temps réel », dans la prochaine étape des joutes stratégiques entre les puissances pour le contrôle de la triple région maghrébo-saharo-sahélienne. L’initiative avait été certes lancée pour les dix années à venir, mais soudainement elle a été reprise par le patron des renseignements extérieures français, Erard Corbin de Mangoux, qui avait poussé sa certitude jusqu’à préciser, dans une livraison de la revue française, « les Cahiers de Mars », que la zone du Maghreb figure parmi celles que son service «arpente» régulièrement.
Ce brusque regain d’intérêt a été aussi accéléré par la poussée terroriste opérée par Al-Qaïda au Maghreb, non seulement au Sahel mais bien au-delà. Selon les Cahiers de Mars, « l'objectif est justement de mettre en œuvre une plateforme de renseignements à même de garantir une coopération entre les pays concernés, en tête desquels le Maroc et l'Algérie, tout en permettant à la France, et à l'Union européenne, de surveiller de près un mouvement terroriste qui ne cache nullement ses ambitions de s'exporter en Europe. Un moyen également de parer le peu de coopération signalée entre les deux pays concernés par cette lutte, le Maroc et l’Algérie. D'où d'ailleurs le choix porté sur Tunis pour abriter le siège du centre »
La revue précise aussi qu’ « il est question d'installer des bureaux de liaison du CEMRS dans tous les pays du Maghreb, au sein même des chancelleries françaises. Ces «bureaux» devraient être chapeautés par les attachés militaires des représentations diplomatiques françaises au Maghreb. Au cœur des priorités d'ores et déjà fixée, la sécurité maritime et la menace terroriste. La région du Sahel figure en fait parmi les zones du nouvel «arc stratégique» français évoqué par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales ».
Echourouk On Line, 26 mai 2010
jeudi 27 mai 2010
Par Fayçal Oukaci
Le Sahel grouille de services de renseignements étrangers. Cela ne date pas d’hier, mais le constat établi par les pays concernés, le Mali, qui vient en tête de ces pays, le Niger et la Mauritanie, fait état d’une prolifération importante d’agents du renseignement à la faveur des prises d’otages opérées par AQMI dans la région.
Cette prolifération a été tellement importante qu’elle a fait dire au diplomate autrichien aguerri, Anton Prohaska, qu’une des principales raisons qui avait retardé sur de longs mois, la libération des deux ressortissants autrichiens, Wolfgang Ebner et Andréa Kloeber, était justement « le télescopage de plusieurs services de renseignement dont les intérêts et les positions divergeaient ».
La France, très introduite au Sahel, grâce à une présence constante de la DGSE au Mali, au Niger et à un degré moindre en Mauritanie, fait fructifier ses intérêts, économiques surtout, avec près de deux cents entreprises installées entre le Mali et le Niger. L’implantation d’Areva au Niger et les entreprises interessées par l’uranium de Niamey sont devenues des doctrines au plan de la politique étrangère de la France. La « Françafrique », grâce à un subtil jeu d’alliances fait florès, malgré des revers subis les dernières années…
La présence américaine au Sahel est un établissement plus récent, mais la percée opérée par la CIA au Sahel, après un passage au Kenya et en Tanzanie, reste importante. La présence d’Al Qaeda dans la région est la raison invoquée par Washington, mais tous les spécialistes s’accordent à dire qu’endiguer la poussée sini-russe dans la région est devenue une nouvelle doctrine militaire et économique de la politique africaine de la Maison-Blanche.
Plus précis, l’agence euro-maghrébine de lutte contre le terrorisme, communément appelé Centre d'études maghrébines et de recherches stratégiques, que la France s’apprête à mettre sur pied dans un des pays du Maghreb, vraisemblablement la Tunisie, ne serait en fait, selon des sources informées, qu’un moyen d’avoir des informations « utiles » à mettre à la disposition de Paris.
L’initiative, lancée dans le cadre du forum de Défense dit 5+5 entre les pays du Maghreb et du sud de l'Europe (Espagne, Italie, France, Portugal et Malte), serait que la France puisse disposer d’informations « exploitables en temps réel », dans la prochaine étape des joutes stratégiques entre les puissances pour le contrôle de la triple région maghrébo-saharo-sahélienne. L’initiative avait été certes lancée pour les dix années à venir, mais soudainement elle a été reprise par le patron des renseignements extérieures français, Erard Corbin de Mangoux, qui avait poussé sa certitude jusqu’à préciser, dans une livraison de la revue française, « les Cahiers de Mars », que la zone du Maghreb figure parmi celles que son service «arpente» régulièrement.
Ce brusque regain d’intérêt a été aussi accéléré par la poussée terroriste opérée par Al-Qaïda au Maghreb, non seulement au Sahel mais bien au-delà. Selon les Cahiers de Mars, « l'objectif est justement de mettre en œuvre une plateforme de renseignements à même de garantir une coopération entre les pays concernés, en tête desquels le Maroc et l'Algérie, tout en permettant à la France, et à l'Union européenne, de surveiller de près un mouvement terroriste qui ne cache nullement ses ambitions de s'exporter en Europe. Un moyen également de parer le peu de coopération signalée entre les deux pays concernés par cette lutte, le Maroc et l’Algérie. D'où d'ailleurs le choix porté sur Tunis pour abriter le siège du centre »
La revue précise aussi qu’ « il est question d'installer des bureaux de liaison du CEMRS dans tous les pays du Maghreb, au sein même des chancelleries françaises. Ces «bureaux» devraient être chapeautés par les attachés militaires des représentations diplomatiques françaises au Maghreb. Au cœur des priorités d'ores et déjà fixée, la sécurité maritime et la menace terroriste. La région du Sahel figure en fait parmi les zones du nouvel «arc stratégique» français évoqué par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationales ».
Echourouk On Line, 26 mai 2010
Niger: la junte a lancé la transition mais l'heure des doutes et critiques a sonné
Niger: la junte a lancé la transition mais l'heure des doutes et critiques a sonné
De Thomas MORFIN (AFP) –
ABIDJAN — En cent jours, la junte militaire aux commandes au Niger a tenu sa promesse d'installer une transition en vue des élections, s'attirant un soutien international, mais à l'intérieur du pays des doutes commencent à se faire jour sur ses choix et sa pratique du pouvoir.
Le 18 février, dans un pays habitué aux coups d'Etat, le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis dix ans, était renversé par un putsch. Prenait fin la grave crise née de sa volonté de se maintenir malgré la fin de son mandat légal.
Très vite, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) promet de rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'élections, d'"assainir la situation politique" et de "réconcilier les Nigériens".
En moins de quatre mois, le cadre de la transition a été posé.
Elle doit ainsi s'achever par des élections générales avant le premier anniversaire du coup d'Etat. Un nouveau code électoral a été promulgué cette semaine par le chef de la junte, le général Salou Djibo.
Des institutions de transition ont aussi été mises en place, en particulier un Conseil consultatif. Chargé de représenter les courants et couches sociales du Niger, il devra notamment donner son avis sur le projet de Constitution en cours d'élaboration.
Quant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dont le chef vient d'être désigné, elle doit être installée en juin. A elle de proposer les dates du référendum constitutionnel et des différents scrutins.
"C'est plutôt bien parti. Tout se met en place sur le plan institutionnel", estime une source diplomatique occidentale, jointe par l'AFP par téléphone depuis Abidjan.
Le CSRD vient d'ailleurs de recueillir un premier fruit de ses efforts.
Ces derniers jours, la reprise par la Banque mondiale de ses décaissements suspendus en 2009 et l'annonce par l'Union européenne d'une possible reprise "graduelle" de sa coopération, "en fonction des progrès", ont traduit un soutien international au processus en cours.
Naguère "mis à l'index", le Niger réintègre "progressivement la communauté internationale", se réjouit le porte-parole du gouvernement, Laouali Dan Dah.
A l'intérieur, une relative bienveillance a longtemps dominé à l'égard du nouveau régime, crédité pour son action face à la grave crise alimentaire qui frappe encore le pays et pour la "décrispation" politique à l'ordre du jour, selon l'expression du syndicaliste Issoufou Sidibé.
Le sort de Mamadou Tandja, toujours détenu, ne mobilise pas les foules, et les inquiétudes nées de l'arrestation d'une quinzaine de ses proches pour de présumées "activités subversives" se sont rapidement estompées avec leur libération en avril.
Cependant, ce quasi-consensus commence à se fissurer: de premiers doutes apparaissent et les critiques se font plus dures envers la junte.
Les chamboulements au sein de l'administration, où des centaines de nominations sont intervenues, suscitent de fortes contestations.
Figure de la société civile, Mamane Hamissou dénonce une "gestion opaque" favorisant "parents, amis et alliés" du pouvoir.
Le nouveau code électoral cristallise aussi des mécontentements, spécialement l'obligation faite aux candidats aux législatives d'être titulaires du baccalauréat.
L'immense majorité de la population étant analphabète, "beaucoup de Nigériens seront hors course", s'indigne M. Hamissou, condamnant un "apartheid". Du côté de l'ex-parti au pouvoir, on fustige un "manque de réalisme".
Les discussions "ne sont pas fermées", jure le gouvernement. Il voit dans le code électoral un "bon point de départ" vers des scrutins "libres et transparents".
Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservé
De Thomas MORFIN (AFP) –
ABIDJAN — En cent jours, la junte militaire aux commandes au Niger a tenu sa promesse d'installer une transition en vue des élections, s'attirant un soutien international, mais à l'intérieur du pays des doutes commencent à se faire jour sur ses choix et sa pratique du pouvoir.
Le 18 février, dans un pays habitué aux coups d'Etat, le président Mamadou Tandja, au pouvoir depuis dix ans, était renversé par un putsch. Prenait fin la grave crise née de sa volonté de se maintenir malgré la fin de son mandat légal.
Très vite, le Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD, junte) promet de rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'élections, d'"assainir la situation politique" et de "réconcilier les Nigériens".
En moins de quatre mois, le cadre de la transition a été posé.
Elle doit ainsi s'achever par des élections générales avant le premier anniversaire du coup d'Etat. Un nouveau code électoral a été promulgué cette semaine par le chef de la junte, le général Salou Djibo.
Des institutions de transition ont aussi été mises en place, en particulier un Conseil consultatif. Chargé de représenter les courants et couches sociales du Niger, il devra notamment donner son avis sur le projet de Constitution en cours d'élaboration.
Quant à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), dont le chef vient d'être désigné, elle doit être installée en juin. A elle de proposer les dates du référendum constitutionnel et des différents scrutins.
"C'est plutôt bien parti. Tout se met en place sur le plan institutionnel", estime une source diplomatique occidentale, jointe par l'AFP par téléphone depuis Abidjan.
Le CSRD vient d'ailleurs de recueillir un premier fruit de ses efforts.
Ces derniers jours, la reprise par la Banque mondiale de ses décaissements suspendus en 2009 et l'annonce par l'Union européenne d'une possible reprise "graduelle" de sa coopération, "en fonction des progrès", ont traduit un soutien international au processus en cours.
Naguère "mis à l'index", le Niger réintègre "progressivement la communauté internationale", se réjouit le porte-parole du gouvernement, Laouali Dan Dah.
A l'intérieur, une relative bienveillance a longtemps dominé à l'égard du nouveau régime, crédité pour son action face à la grave crise alimentaire qui frappe encore le pays et pour la "décrispation" politique à l'ordre du jour, selon l'expression du syndicaliste Issoufou Sidibé.
Le sort de Mamadou Tandja, toujours détenu, ne mobilise pas les foules, et les inquiétudes nées de l'arrestation d'une quinzaine de ses proches pour de présumées "activités subversives" se sont rapidement estompées avec leur libération en avril.
Cependant, ce quasi-consensus commence à se fissurer: de premiers doutes apparaissent et les critiques se font plus dures envers la junte.
Les chamboulements au sein de l'administration, où des centaines de nominations sont intervenues, suscitent de fortes contestations.
Figure de la société civile, Mamane Hamissou dénonce une "gestion opaque" favorisant "parents, amis et alliés" du pouvoir.
Le nouveau code électoral cristallise aussi des mécontentements, spécialement l'obligation faite aux candidats aux législatives d'être titulaires du baccalauréat.
L'immense majorité de la population étant analphabète, "beaucoup de Nigériens seront hors course", s'indigne M. Hamissou, condamnant un "apartheid". Du côté de l'ex-parti au pouvoir, on fustige un "manque de réalisme".
Les discussions "ne sont pas fermées", jure le gouvernement. Il voit dans le code électoral un "bon point de départ" vers des scrutins "libres et transparents".
Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservé
samedi 29 mai 2010
Robert Dulas, le retour
27/05/2010 à 10h:38 Par Jeune Afrique
Salou Djibo a rencontré Robert Dulas à la fin des années 1990 à l'école militaire de Bouaké.
© AFP L'ancien conseiller français des présidents Robert Gueï et François Bozizé a été nommé "ambassadeur plénipotentiaire" du Niger par le chef de la junte, Salou Djibo.
Ancien conseiller du défunt président ivoirien Robert Gueï, puis du Centrafricain François Bozizé, le Français Robert Dulas réapparaît sur le devant de la petite scène « françafricaine », cette fois au Niger. Il y a un mois, Dulas a été nommé ambassadeur itinérant et plénipotentiaire par le chef de la junte au pouvoir à Niamey, le chef d’escadron Salou Djibo – qu’il a connu, il y a une douzaine d’années, quand ce dernier fréquentait l’école militaire de Bouaké –, avec pour tâche (délicate) de superviser la révision des contrats miniers et alimentaires passés à l’époque du président Tandja.
Dulas travaille pour Secopex, une société française de sécurité (militaire et économique) fondée en 2003, qui est une concurrente de Geos et a notamment en portefeuille un contrat avec le gouvernement somalien. Il collabore également avec Charles Millon, l’ancien ministre français de la Défense, actif au Sahel dans le domaine des bioénergies.
Salou Djibo a rencontré Robert Dulas à la fin des années 1990 à l'école militaire de Bouaké.
© AFP L'ancien conseiller français des présidents Robert Gueï et François Bozizé a été nommé "ambassadeur plénipotentiaire" du Niger par le chef de la junte, Salou Djibo.
Ancien conseiller du défunt président ivoirien Robert Gueï, puis du Centrafricain François Bozizé, le Français Robert Dulas réapparaît sur le devant de la petite scène « françafricaine », cette fois au Niger. Il y a un mois, Dulas a été nommé ambassadeur itinérant et plénipotentiaire par le chef de la junte au pouvoir à Niamey, le chef d’escadron Salou Djibo – qu’il a connu, il y a une douzaine d’années, quand ce dernier fréquentait l’école militaire de Bouaké –, avec pour tâche (délicate) de superviser la révision des contrats miniers et alimentaires passés à l’époque du président Tandja.
Dulas travaille pour Secopex, une société française de sécurité (militaire et économique) fondée en 2003, qui est une concurrente de Geos et a notamment en portefeuille un contrat avec le gouvernement somalien. Il collabore également avec Charles Millon, l’ancien ministre français de la Défense, actif au Sahel dans le domaine des bioénergies.
Au Mali, « un enfant meurt toutes les cinq minutes »
Vendredi 28 mai 2010 5 28 /05 /2010 18:05
Au Mali, « un enfant meurt toutes les cinq minutes »
Interview de Katrien Ghoos, responsable nutrition au bureau de l’Unicef Mali.
Katrien Ghoos est responsable nutrition au bureau de l’Unicef Mali. De passage à Paris, elle alerte les médias sur la malnutrition des enfants maliens.
jeudi 8 avril 2010 / par Olivia Marsaud
Au Mali, le taux de mortalité infanto-juvénile est parmi les plus élevés du monde. Près de 35% des décès sont attribués, dans cette tranche de la population, à la malnutrition. Cette maladie, causée par une carence d’éléments nutritifs dans l’alimentation, apparaît dès le plus jeune âge. Le constat est alarmant, mais des solutions existent.
Afrik : Quel est le niveau de malnutrition au Mali ?
Katrien Ghoos : Il faut d’abord dire qu’il y a plusieurs formes de malnutrition dans le pays. La malnutrition aigüe, qui s’accompagne d’une extrême maigreur, et qui peut s’installer très vite, en quelques jours, suite à une maladie, à une diarrhée. Il y a ensuite la malnutrition chronique ou retard de naissance (l’enfant a une taille trop petite par rapport à son âge), la malnutrition insuffisance pondérale, qui concerne des gens qui n’ont pas assez de revenus et qui ne se nourrissent pas suffisamment. La malnutrition carence en micro-nutriments, en vitamine A, en iode, en fer (ce qui donne de l’anémie). C’est une malnutrition dont on parle peu parce qu’elle ne se voit pas vraiment : elle se traduit surtout par une grande fatigue, moins d’attention à l’école, un développement intellectuel moindre... Ces quatre formes de malnutrition peuvent être sévères, visibles ou modérées.
Afrik : Les enfants sont les plus touchés ?
Katrien Ghoos : Le taux de mortalité infantile est très élevé au Mali : un enfant sur cinq meurt avant 5 ans. Ce qui fait qu’un enfant meurt toutes les 5 minutes... La plupart des décès se fait à la maison et la malnutrition est associée à la moitié de ces décès. Il y a eu beaucoup de progrès en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) mais cela reste insuffisant.
Afrik : Peut-on parler de crise nutritionnelle au Mali ?
Katrien Ghoos : Non. La situation est mauvaise mais pas considérée comme une crise. Notre objectif est de rendre la malnutrition plus visible qu’elle ne l’est, pour que des interventions adéquates puissent être mises en place. Par exemple, un accompagnement pendant ce que nous appelons la période critique : de la grossesse jusqu’aux 2 ans de l’enfant. Si la femme enceinte est anémiée, le bébé aura un retard de croissance. A la naissance, il faut ensuite veiller à ce que la consommation alimentaire soit en adéquation avec ses besoins.
Afrik : Quelles sont les conséquences économiques de la malnutrition ?
Katrien Ghoos : Un enfant malnutri demande des soins, il y a donc perte d’argent et de temps pour les familles, qui doivent acheter des médicaments et se déplacer au centre de santé. Pour le pays, se pose le problème d’atteinte des OMD et des pertes économiques importantes.80% des enfants sont anémiques au Mali, or, l’anémie est responsable d’une perte de PIB de 4%. Ce qui est beaucoup ! L’anémie réduit de 10% la productivité au niveau national. Elle contribue donc à la pauvreté et réduit la croissance économique. Il y a un vrai lien entre pauvreté et malnutrition.
Afrik : Que faire ?
Katrien Ghoos : On travaille sur ces trois points : la sécurité alimentaire, l’accès aux soins et à l’eau potable, et le plaidoyer pour influencer les politiques. Il existe des interventions efficaces et peu chères qui ont un impact important. Nous avons cinq domaines d’action : améliorer les pratiques alimentaires, gérer la malnutrition aigüe, augmenter l’apport en micro-nutriments, améliorer l’hygiène et améliorer la protection sociale. L’Unicef Mali a bénéficié du Fonds de la Commission européenne, le Food facility, ce qui nous a permis de prendre en charge la malnutrition aigüe et sévère, d’apporter une assistante technique pour la formation à la prise en charge de ces malnutritions et la fourniture du lait thérapeutique et du Plumpy nut. Tout cela avec l’aide d’ONG partenaires. Au niveau du suivi de la situation nutritionnelle, on est impliqués dans une enquête nationale qui a commencé en décembre et doit se terminer fin mai, pour mettre à jour les indicateurs sociaux du pays avec, parmi eux, les taux de malnutrition. Enfin, nous faisons la promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant et de la prévention (distribution de micro-nutriments, promotion du sel iodé, déparasitage...). Nous voulons changer les comportements, par le biais de campagnes médias dynamiques.
Afrik : Le gouvernement malien est-il réceptif ?
Katrien Ghoos : Oui, la prise de conscience est récente mais la volonté politique est en train de se manifester. Nous faisons du plaidoyer auprès du gouvernement, de l’opinion publique, des décideurs, des bailleurs de fonds, pour l’insertion des interventions nutritionnelles dans les différents plans de développement. En juin, un forum national sur la malnutrition aura lieu à Bamako. Il faut un plan stratégique avec un cadre institutionnel. Si le Mali veut progresser, il faut agir sur la malnutrition.
Au Mali, « un enfant meurt toutes les cinq minutes »
Interview de Katrien Ghoos, responsable nutrition au bureau de l’Unicef Mali.
Katrien Ghoos est responsable nutrition au bureau de l’Unicef Mali. De passage à Paris, elle alerte les médias sur la malnutrition des enfants maliens.
jeudi 8 avril 2010 / par Olivia Marsaud
Au Mali, le taux de mortalité infanto-juvénile est parmi les plus élevés du monde. Près de 35% des décès sont attribués, dans cette tranche de la population, à la malnutrition. Cette maladie, causée par une carence d’éléments nutritifs dans l’alimentation, apparaît dès le plus jeune âge. Le constat est alarmant, mais des solutions existent.
Afrik : Quel est le niveau de malnutrition au Mali ?
Katrien Ghoos : Il faut d’abord dire qu’il y a plusieurs formes de malnutrition dans le pays. La malnutrition aigüe, qui s’accompagne d’une extrême maigreur, et qui peut s’installer très vite, en quelques jours, suite à une maladie, à une diarrhée. Il y a ensuite la malnutrition chronique ou retard de naissance (l’enfant a une taille trop petite par rapport à son âge), la malnutrition insuffisance pondérale, qui concerne des gens qui n’ont pas assez de revenus et qui ne se nourrissent pas suffisamment. La malnutrition carence en micro-nutriments, en vitamine A, en iode, en fer (ce qui donne de l’anémie). C’est une malnutrition dont on parle peu parce qu’elle ne se voit pas vraiment : elle se traduit surtout par une grande fatigue, moins d’attention à l’école, un développement intellectuel moindre... Ces quatre formes de malnutrition peuvent être sévères, visibles ou modérées.
Afrik : Les enfants sont les plus touchés ?
Katrien Ghoos : Le taux de mortalité infantile est très élevé au Mali : un enfant sur cinq meurt avant 5 ans. Ce qui fait qu’un enfant meurt toutes les 5 minutes... La plupart des décès se fait à la maison et la malnutrition est associée à la moitié de ces décès. Il y a eu beaucoup de progrès en vue d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) mais cela reste insuffisant.
Afrik : Peut-on parler de crise nutritionnelle au Mali ?
Katrien Ghoos : Non. La situation est mauvaise mais pas considérée comme une crise. Notre objectif est de rendre la malnutrition plus visible qu’elle ne l’est, pour que des interventions adéquates puissent être mises en place. Par exemple, un accompagnement pendant ce que nous appelons la période critique : de la grossesse jusqu’aux 2 ans de l’enfant. Si la femme enceinte est anémiée, le bébé aura un retard de croissance. A la naissance, il faut ensuite veiller à ce que la consommation alimentaire soit en adéquation avec ses besoins.
Afrik : Quelles sont les conséquences économiques de la malnutrition ?
Katrien Ghoos : Un enfant malnutri demande des soins, il y a donc perte d’argent et de temps pour les familles, qui doivent acheter des médicaments et se déplacer au centre de santé. Pour le pays, se pose le problème d’atteinte des OMD et des pertes économiques importantes.80% des enfants sont anémiques au Mali, or, l’anémie est responsable d’une perte de PIB de 4%. Ce qui est beaucoup ! L’anémie réduit de 10% la productivité au niveau national. Elle contribue donc à la pauvreté et réduit la croissance économique. Il y a un vrai lien entre pauvreté et malnutrition.
Afrik : Que faire ?
Katrien Ghoos : On travaille sur ces trois points : la sécurité alimentaire, l’accès aux soins et à l’eau potable, et le plaidoyer pour influencer les politiques. Il existe des interventions efficaces et peu chères qui ont un impact important. Nous avons cinq domaines d’action : améliorer les pratiques alimentaires, gérer la malnutrition aigüe, augmenter l’apport en micro-nutriments, améliorer l’hygiène et améliorer la protection sociale. L’Unicef Mali a bénéficié du Fonds de la Commission européenne, le Food facility, ce qui nous a permis de prendre en charge la malnutrition aigüe et sévère, d’apporter une assistante technique pour la formation à la prise en charge de ces malnutritions et la fourniture du lait thérapeutique et du Plumpy nut. Tout cela avec l’aide d’ONG partenaires. Au niveau du suivi de la situation nutritionnelle, on est impliqués dans une enquête nationale qui a commencé en décembre et doit se terminer fin mai, pour mettre à jour les indicateurs sociaux du pays avec, parmi eux, les taux de malnutrition. Enfin, nous faisons la promotion des bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant et de la prévention (distribution de micro-nutriments, promotion du sel iodé, déparasitage...). Nous voulons changer les comportements, par le biais de campagnes médias dynamiques.
Afrik : Le gouvernement malien est-il réceptif ?
Katrien Ghoos : Oui, la prise de conscience est récente mais la volonté politique est en train de se manifester. Nous faisons du plaidoyer auprès du gouvernement, de l’opinion publique, des décideurs, des bailleurs de fonds, pour l’insertion des interventions nutritionnelles dans les différents plans de développement. En juin, un forum national sur la malnutrition aura lieu à Bamako. Il faut un plan stratégique avec un cadre institutionnel. Si le Mali veut progresser, il faut agir sur la malnutrition.
Niger : lancement du site web de la présidence du CSRD
samedi 29 mai 2010
Niger : lancement du site web de la présidence du CSRD
Une cérémonie de lancement du site web de la présidence du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) s’est déroulée vendredi dans la salle de conférence Margou de l’Hôtel Gawèye de Niamey.
Cette cérémonie a été présidée par le conseiller principal du président du CSRD, chargé de la communication, Boubacar Mariko en présence de plusieurs membres du cabinet du président du CSRD.
En lançant le site, Boubacar Mariko a souligné que le 21e siècle est sous l’emprise du numérique sur toutes les activités et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) sonnent comme un levier de développement.
Face à cette réalité, "le Niger a élaboré et adopté une politique nationale de développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication", a-t-il expliqué.
Le conseiller en communication du Président du CSRD a ajouté que "notre administration est tellement lente et archaïque qu’elle ne répond plus à cette nouvelle dynamique".
D’où cette nécessité de l’adapter à l’évolution du monde et dont le lancement du site web de la présidence du CSRD ne sera que le début de son déclenchement.
Le lancement du site Web de la présidence du CSRD procède de la volonté de rendre visibles ses actions et ses engagements envers les partenaires du Niger, a affirmé Boubacar Mariko.
Aussi, a-t-il ajouté, "le CSRD et le gouvernement ont bien conscience que le choix d’investir dans les TIC est un atout majeur". (Xinhua)
Publié par Adam MAINA à l'adresse 29.5.10
Niger : lancement du site web de la présidence du CSRD
Une cérémonie de lancement du site web de la présidence du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD) s’est déroulée vendredi dans la salle de conférence Margou de l’Hôtel Gawèye de Niamey.
Cette cérémonie a été présidée par le conseiller principal du président du CSRD, chargé de la communication, Boubacar Mariko en présence de plusieurs membres du cabinet du président du CSRD.
En lançant le site, Boubacar Mariko a souligné que le 21e siècle est sous l’emprise du numérique sur toutes les activités et les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) sonnent comme un levier de développement.
Face à cette réalité, "le Niger a élaboré et adopté une politique nationale de développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication", a-t-il expliqué.
Le conseiller en communication du Président du CSRD a ajouté que "notre administration est tellement lente et archaïque qu’elle ne répond plus à cette nouvelle dynamique".
D’où cette nécessité de l’adapter à l’évolution du monde et dont le lancement du site web de la présidence du CSRD ne sera que le début de son déclenchement.
Le lancement du site Web de la présidence du CSRD procède de la volonté de rendre visibles ses actions et ses engagements envers les partenaires du Niger, a affirmé Boubacar Mariko.
Aussi, a-t-il ajouté, "le CSRD et le gouvernement ont bien conscience que le choix d’investir dans les TIC est un atout majeur". (Xinhua)
Publié par Adam MAINA à l'adresse 29.5.10
SECHRESSE ET FAMINE
SECHRESSE ET FAMINE
Reçu par mail de Timia,
Massif de l'Aïr (Niger)
Le 27 mai 2010
Aman Iman : l'eau c'est la vie
Comme vous le savez le Niger a connu trois (3) ans d 'insécurité résiduelle.
La région d'Agadez a été la plus touchée par les conséquences désastreuses sur le plan économique et aussi social de cette insécurité. Mais au moment ou la paix commence à s'installer le Niger enregistre une mauvaise pluviométrie. Cette situation est marquée par une mauvaise répartition des pluies dans l'espace et le temps pendant la saison 2009.
Ainsi une économie qui a souffert pendant deux ans d'insécurité ne peut que s' effondrer suite aux mauvaises productions agricoles enregistrées. Il faut noter aussi les faibles revenus de la populations dus aux ralentissements des activités agricoles et pastorales dans l 'AIR et à l'arrêt pur et simple du tourisme qui sont les mamelles de l'économie de la région.
LA SÈCHERESSE
La mauvaise pluviométrie enregistrée la saison 2009 met le pays dans une situation d'insuffisance alimentaire très aiguë, les autorités du pays font des efforts considérables mais la tâche est trop grande. le Sud constitue la priorité et le Niger est trop vaste pour intervenir partout au bon moment.
La région d'Agadez à peine sortie de l'insécurité, une inondation et la mauvaise répartition des pluies rend la région encore plus vulnérable.
L'une des causes de la dégradation de l'économie locale est l'abandon des jardins dans plusieurs villages de l AIR (Iferouane, Tin Talous, Elmaki...) et les problèmes d 'acheminement pour d' autres (Timia, Tabelot ...).
Les éleveurs ont aussi subi des pertes d'animaux pendant l'insécurité mais aussi le déplacement de éleveurs loin des points d'eau et les pistes pour éviter les troupes militaires a rendu les animaux et les bergères plus vulnérables. Le manque de pâturages et d'eau fait que les animaux sont maigres et se vendent très peu et à très bas prix, ce qui ne donne pas aux éleveurs une meilleure situation même si ils vendent leurs animaux.
Dans le secteur de l'élevage, les animaux et les éleveurs ont beaucoup souffert. dans l'Aïr, les animaux ont été abattus par des troupes armées qui ont occupé des points d'eau, mimé et empoisonné des puits. Cette situation a poussé les éleveurs à partir dans des zones difficiles d'accès (bordure du Ténéré) mais ces déplacements rendent l'accès a l'eau encore plus difficile, ce qui n est pas sans conséquences sur les animaux et aussi les personnes.
Ensuite vient la mauvaise pluviométrie 2009. Certaines parties n'ont pas reçu une goutte d'eau, donc il n'y aura ni pâturage, ni eau. ce qui a fait que des éleveurs ont parcouru des longues distances jamais faites pour certains d entres eux.
Les caravanes ont connu leur plus court séjour dans le Sud.
DANS LE SECTEUR SOCIAL
Déjà dans le pays du Sahel les femmes sont la pièce maitresse dans l'entretien de la famille : apporter de l'eau, du bois, piler le mil .... ce ne sont pas des choses aisées
Au Niger, en milieu rural surtout la distance minimum qui sépare le campement au village du point d'eau est de 250m.
Combien de fois faut t-il faire cette distance et avec un conteneur ? Combien de litres pour subvenir aux besoin en eau d'une famille ?
La réponse à cette question, il faut laisser planer le doute sur la disponibilité de cette boisson de la vie. en cette période de sècheresse, les points d'eau tarissent (ex : zone de Timia actuellement) : il faut se réveiller vers 4 heures du matin pour profiter de 'eau qui s'est accumulée dans la nuit, parce que une fois puisée, il faut attendre l'après-midi et ainsi de suite. Il faut de la volonté et l 'endurance, car on peut venir le matin sur un puits et ne le quitter qu'au coucher du soleil . Bien heureux si on repart les outres remplies bien sûr car, le cas contraire n'est pas exclu.
Cette situation est surtout vécue par les bergères des petits ruminants qui ont aussi la charge des enfants dans les campements.
« Tu veux voir et sentir vivre la joie dans un campement nomade ou un village fais- leur un puits ».
CONCLUSION
- vu la situation d 'insécurité vécue pendant presque trois (3) ans
- vu l 'arrêt des activités touristiques pendants cette période
- vu vu le manque d'eau pour les jardiniers et les éleveurs
- vu la rareté et la cherté des produits alimentaires
il y a lieu de venir en aide aux populations dans un bref délai afin d'éviter leurs déplacements.
L 'appui peut-être dans le cadre social = "alimentation".
Les actions envisageables sont :
1 - créations des banques céréalières
2 - renforcement des groupements des jardiniers et des femmes
3 - apport financier aux foyers les plus vulnérables (pour achat des vivres)
la situation de famine va perdurer jusqu'aux prochaines récoltes, donc environ 5 mois (ou voir plus).
Abass Adando et Assaghid Bachar de Timia
http://touaregsmirages.canalblog.com/
" MES AMIS DE TIMIA "
Reçu par mail de Timia,
Massif de l'Aïr (Niger)
Le 27 mai 2010
Aman Iman : l'eau c'est la vie
Comme vous le savez le Niger a connu trois (3) ans d 'insécurité résiduelle.
La région d'Agadez a été la plus touchée par les conséquences désastreuses sur le plan économique et aussi social de cette insécurité. Mais au moment ou la paix commence à s'installer le Niger enregistre une mauvaise pluviométrie. Cette situation est marquée par une mauvaise répartition des pluies dans l'espace et le temps pendant la saison 2009.
Ainsi une économie qui a souffert pendant deux ans d'insécurité ne peut que s' effondrer suite aux mauvaises productions agricoles enregistrées. Il faut noter aussi les faibles revenus de la populations dus aux ralentissements des activités agricoles et pastorales dans l 'AIR et à l'arrêt pur et simple du tourisme qui sont les mamelles de l'économie de la région.
LA SÈCHERESSE
La mauvaise pluviométrie enregistrée la saison 2009 met le pays dans une situation d'insuffisance alimentaire très aiguë, les autorités du pays font des efforts considérables mais la tâche est trop grande. le Sud constitue la priorité et le Niger est trop vaste pour intervenir partout au bon moment.
La région d'Agadez à peine sortie de l'insécurité, une inondation et la mauvaise répartition des pluies rend la région encore plus vulnérable.
L'une des causes de la dégradation de l'économie locale est l'abandon des jardins dans plusieurs villages de l AIR (Iferouane, Tin Talous, Elmaki...) et les problèmes d 'acheminement pour d' autres (Timia, Tabelot ...).
Les éleveurs ont aussi subi des pertes d'animaux pendant l'insécurité mais aussi le déplacement de éleveurs loin des points d'eau et les pistes pour éviter les troupes militaires a rendu les animaux et les bergères plus vulnérables. Le manque de pâturages et d'eau fait que les animaux sont maigres et se vendent très peu et à très bas prix, ce qui ne donne pas aux éleveurs une meilleure situation même si ils vendent leurs animaux.
Dans le secteur de l'élevage, les animaux et les éleveurs ont beaucoup souffert. dans l'Aïr, les animaux ont été abattus par des troupes armées qui ont occupé des points d'eau, mimé et empoisonné des puits. Cette situation a poussé les éleveurs à partir dans des zones difficiles d'accès (bordure du Ténéré) mais ces déplacements rendent l'accès a l'eau encore plus difficile, ce qui n est pas sans conséquences sur les animaux et aussi les personnes.
Ensuite vient la mauvaise pluviométrie 2009. Certaines parties n'ont pas reçu une goutte d'eau, donc il n'y aura ni pâturage, ni eau. ce qui a fait que des éleveurs ont parcouru des longues distances jamais faites pour certains d entres eux.
Les caravanes ont connu leur plus court séjour dans le Sud.
DANS LE SECTEUR SOCIAL
Déjà dans le pays du Sahel les femmes sont la pièce maitresse dans l'entretien de la famille : apporter de l'eau, du bois, piler le mil .... ce ne sont pas des choses aisées
Au Niger, en milieu rural surtout la distance minimum qui sépare le campement au village du point d'eau est de 250m.
Combien de fois faut t-il faire cette distance et avec un conteneur ? Combien de litres pour subvenir aux besoin en eau d'une famille ?
La réponse à cette question, il faut laisser planer le doute sur la disponibilité de cette boisson de la vie. en cette période de sècheresse, les points d'eau tarissent (ex : zone de Timia actuellement) : il faut se réveiller vers 4 heures du matin pour profiter de 'eau qui s'est accumulée dans la nuit, parce que une fois puisée, il faut attendre l'après-midi et ainsi de suite. Il faut de la volonté et l 'endurance, car on peut venir le matin sur un puits et ne le quitter qu'au coucher du soleil . Bien heureux si on repart les outres remplies bien sûr car, le cas contraire n'est pas exclu.
Cette situation est surtout vécue par les bergères des petits ruminants qui ont aussi la charge des enfants dans les campements.
« Tu veux voir et sentir vivre la joie dans un campement nomade ou un village fais- leur un puits ».
CONCLUSION
- vu la situation d 'insécurité vécue pendant presque trois (3) ans
- vu l 'arrêt des activités touristiques pendants cette période
- vu vu le manque d'eau pour les jardiniers et les éleveurs
- vu la rareté et la cherté des produits alimentaires
il y a lieu de venir en aide aux populations dans un bref délai afin d'éviter leurs déplacements.
L 'appui peut-être dans le cadre social = "alimentation".
Les actions envisageables sont :
1 - créations des banques céréalières
2 - renforcement des groupements des jardiniers et des femmes
3 - apport financier aux foyers les plus vulnérables (pour achat des vivres)
la situation de famine va perdurer jusqu'aux prochaines récoltes, donc environ 5 mois (ou voir plus).
Abass Adando et Assaghid Bachar de Timia
http://touaregsmirages.canalblog.com/
" MES AMIS DE TIMIA "
La Banque mondiale accusée de favoriser l’accaparement des terres africaines par des groupes étrangers
Ouestaf News 25-05-10
mercredi 26 mai 2010
Ouestafnews - Un rapport accablant, produit par un « think tank » (centre de recherche) américain a accusé la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) de faciliter « l’accaparement des terres » en Afrique par des groupes privés étrangers.
Le rapport, obtenu par Ouestafnews, passe en revue les réformes foncières dans près d’une trentaine de pays, dont près d’une vingtaine en Afrique et une demi-douzaine en Afrique de l’Ouest, dénonce l’action de la Banque mondiale à travers sa composante privée, la SFI.
Ce rapport est produit à un moment où l’insécurité alimentaire se pose avec acuité dans les pays du Sahel, ramenant à l’ordre du jour la question de l’accaparement des meilleures terres agricoles en Afrique, à la faveur de la nouvelle ruée vers ce continent, favorisée par les politiques libérales imposées par la Banque mondiale aux Etats africains.
« Suite à la crise alimentaire et financière de 2008, la Banque devait jouer un rôle central dans ce qui aurait dû être une offensive en faveur de la sécurité alimentaire dans les pays en développement », affirme les deux rédactrices du rapport de l’Oakland Institute, Anuradha Mittal et Shepard Daniel
Basé aux Etats Unis, le Oakland Institute s’est donné comme mission de favoriser « la participation publique et un débat démocratique sur les problèmes cruciaux au plan social , économique et environnemental », à l’échelle nationale ou internationale.
Toutefois, accusent les deux auteurs, « les faits révèlent que le Groupe de la Banque mondiale est justement en train de faire le contraire, par le biais de ses programmes ‘Access to land’ (accès à la terre) et ‘Land market for investment’ (marché foncier pour l’investissement) ».
Les agissements de la SFI, notamment la promotion des « investissements directs dans le secteur agricole, posent la dangereuse question de la terre dans des pays déjà parmi les plus vulnérables », note par exemple Shepard Daniel, co-auteur du rapport.
« Près de 50 millions d’hectares de terres cultivables dans les pays en développement sont actuellement aux mains d’investisseurs privés », a-t-elle encore affirmé.
Ces accusations sont corroborées par des informations obtenues par Ouestafnews à partir d’autres sources.
Ainsi, selon un article daté du 25 mai 2009 et publié sur le site internet du journal « Les Afriques », depuis 2004, ce sont « au total de 2,49 millions d’hectares de terres qui ont fait l’objet de transactions, soit des concessions, soit des ventes » rien que dans cinq pays africains, dont deux en Afrique de l’Ouest.
Les cinq pays concernés sont l’Ethiopie, le Ghana, Madagascar, le Mali et le Soudan.
L’article en question cite un rapport commandité par le Fonds international pour le développement agricole (Fida) et l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), qui averti contre le risque d’accentuation de la situation de pauvreté dans laquelle se trouve des populations déjà démunies.
Ces transactions, à l’origine de la dépossession des petits propriétaires africains, sont rendues possibles, selon le rapport de l’Oakland Institute, par les pratiques de la SFI, qui pousse les Etats à modifier leur législation en matière d’investissement dans le but de faciliter l’implantation de groupes privés issus des pays du nord.
En Afrique de l’ouest, le texte cite les cas de la Sierra Leone et du Liberia où « 21 modifications ont été opérées sur les textes régissant les affaires en un temps record de quatre mois » et au Mali où le programme de réforme de l’environnement des affaires imposé au gouvernement n’avait d’autre but que de « favoriser l’investissement privé dans le secteur de l’agro-business, du tourisme et des mines… »
D’autres pays ouest africains (Guinée Bissau, Bénin), où l’action de la Banque mondiale et de sa filiale a des effets néfastes sur la propriété et le contrôle des terres, sont aussi cités dans le document.
Les accusations de collusion entre les intérêts de la Banque mondiale et ceux du secteur privé, que ne sont pas nouvelles, sont fondés sur le fait que sa filiale SFI a parfois des intérêts dans les projets d’investissements ou détient des parts dans les sociétés qui investissent.
« La SFI conseille ainsi les gouvernements en étant dans la position d’un investisseur et dans le but d’accroître et de renforcer non seulement les investissements directs étrangers mais aussi son propre programme d’investissement et de croissance », affirment les auteurs du rapport.
Interrogés par Ouestafnews, les responsables de la SFI n’ont pas totalement nié les accusations sur la question des investissements privés étrangers dans les terres.
Elle a plutôt tenté de minimiser les accusations, en arguant que la question foncière est « compliquée », assurant même vouloir aider la Sierra Leone, par exemple à « atteindre son objectif de créer 25.000 emplois directs dans les zones rurales ».
« Notre objectif premier est de favoriser les investissements privés, qu’il soient locaux ou étrangers afin d’encourager la croissance économique et la création d’emplois », a affirmé la SFI dans sa réponse transmise par email à Ouestafnews.
La même source précise qu’au Libéria tout comme en Sierra –Léone, le but est de « simplifier la (procédure pour) la création d’entreprises. »
Pourtant selon le Oakland Institute, « plusieurs exemples de grands projets » existent qui prouvent que les terres vont aux étrangers.
Au Mali par exemple, plus de « 160.000 hectares » ont été cédés à un groupe privé pour développer la culture du Jatropha, plante utilisée dans la production de biocarburants.
En Sierra –Leone, une multinationale helvétique va produire « 100.000 mètres cubes de bioéthanol à partir de la canne à sucre locale ».
Cette compétition entre biocarburants et produits alimentaires est l’un des gros arguments de ceux qui s’opposent à l’expropriation des petits exploitants agricoles.
En dehors de ces deux pays d’Afrique de l’ouest, ailleurs sur le continent, les rapporteurs ont mis en relief le cas éthiopien « un pays où plus de 13 millions de personnes souffrent de la faim et paradoxalement où le gouvernement a mis plus de 7,5 millions d’acres (soit un peu plus de 3 millions d’ha) de terres aux mains de groupes étrangers qui exportent la nourriture vers leurs propres pays ».
En République démocratique du Congo(Rdc), le gouvernement devrait « céder à partir de 2009 près de dix millions d’hectares de terres cultivables à des exploitants étrangers ».
Selon certains analystes, cette dépossession des terres est porteuse de réels dangers pour le continent.
Ainsi dans sa préface au rapport de l’ Oakland Institute, Howard G. Buffet, homme d’affaires, philanthrope, avertit que si « l’Afrique a besoin d’investissements dans l’agriculture », elle n’a pas besoin, par contre, « de politiques qui permettent aux investisseurs étrangers de cultiver et d’exporter la nourriture vers leurs propres peuples au détriment de la population locale ».
« Je vais être encore plus audacieux », écrit le préfacier, par ailleurs fils du milliardaire Warren Buffet : « de telles politiques vont nuire à l’Afrique, en aggravant les conflits liés à l’eau ,à la terre » avant de rappeler que « l’Afrique n’est pas une marchandise avec une étiquette ‘ouverte à tous’ ».
Ce n’est pas la première fois que la SFI est accusée de collusion avec les intérêts privés, dans des secteurs où elle sert aussi de « conseiller » aux Etats, en Afrique principalement.
Avant le foncier et l’agriculture, de pareilles objections étaient apparues dans ses opérations dans le secteur minier africain, où certains experts du continent ont souvent dénoncé une véritable situation de « conflit d’intérêts ».
Mardi 25 Mai 2010 Ouestaf News
mercredi 26 mai 2010
Ouestafnews - Un rapport accablant, produit par un « think tank » (centre de recherche) américain a accusé la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) de faciliter « l’accaparement des terres » en Afrique par des groupes privés étrangers.
Le rapport, obtenu par Ouestafnews, passe en revue les réformes foncières dans près d’une trentaine de pays, dont près d’une vingtaine en Afrique et une demi-douzaine en Afrique de l’Ouest, dénonce l’action de la Banque mondiale à travers sa composante privée, la SFI.
Ce rapport est produit à un moment où l’insécurité alimentaire se pose avec acuité dans les pays du Sahel, ramenant à l’ordre du jour la question de l’accaparement des meilleures terres agricoles en Afrique, à la faveur de la nouvelle ruée vers ce continent, favorisée par les politiques libérales imposées par la Banque mondiale aux Etats africains.
« Suite à la crise alimentaire et financière de 2008, la Banque devait jouer un rôle central dans ce qui aurait dû être une offensive en faveur de la sécurité alimentaire dans les pays en développement », affirme les deux rédactrices du rapport de l’Oakland Institute, Anuradha Mittal et Shepard Daniel
Basé aux Etats Unis, le Oakland Institute s’est donné comme mission de favoriser « la participation publique et un débat démocratique sur les problèmes cruciaux au plan social , économique et environnemental », à l’échelle nationale ou internationale.
Toutefois, accusent les deux auteurs, « les faits révèlent que le Groupe de la Banque mondiale est justement en train de faire le contraire, par le biais de ses programmes ‘Access to land’ (accès à la terre) et ‘Land market for investment’ (marché foncier pour l’investissement) ».
Les agissements de la SFI, notamment la promotion des « investissements directs dans le secteur agricole, posent la dangereuse question de la terre dans des pays déjà parmi les plus vulnérables », note par exemple Shepard Daniel, co-auteur du rapport.
« Près de 50 millions d’hectares de terres cultivables dans les pays en développement sont actuellement aux mains d’investisseurs privés », a-t-elle encore affirmé.
Ces accusations sont corroborées par des informations obtenues par Ouestafnews à partir d’autres sources.
Ainsi, selon un article daté du 25 mai 2009 et publié sur le site internet du journal « Les Afriques », depuis 2004, ce sont « au total de 2,49 millions d’hectares de terres qui ont fait l’objet de transactions, soit des concessions, soit des ventes » rien que dans cinq pays africains, dont deux en Afrique de l’Ouest.
Les cinq pays concernés sont l’Ethiopie, le Ghana, Madagascar, le Mali et le Soudan.
L’article en question cite un rapport commandité par le Fonds international pour le développement agricole (Fida) et l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), qui averti contre le risque d’accentuation de la situation de pauvreté dans laquelle se trouve des populations déjà démunies.
Ces transactions, à l’origine de la dépossession des petits propriétaires africains, sont rendues possibles, selon le rapport de l’Oakland Institute, par les pratiques de la SFI, qui pousse les Etats à modifier leur législation en matière d’investissement dans le but de faciliter l’implantation de groupes privés issus des pays du nord.
En Afrique de l’ouest, le texte cite les cas de la Sierra Leone et du Liberia où « 21 modifications ont été opérées sur les textes régissant les affaires en un temps record de quatre mois » et au Mali où le programme de réforme de l’environnement des affaires imposé au gouvernement n’avait d’autre but que de « favoriser l’investissement privé dans le secteur de l’agro-business, du tourisme et des mines… »
D’autres pays ouest africains (Guinée Bissau, Bénin), où l’action de la Banque mondiale et de sa filiale a des effets néfastes sur la propriété et le contrôle des terres, sont aussi cités dans le document.
Les accusations de collusion entre les intérêts de la Banque mondiale et ceux du secteur privé, que ne sont pas nouvelles, sont fondés sur le fait que sa filiale SFI a parfois des intérêts dans les projets d’investissements ou détient des parts dans les sociétés qui investissent.
« La SFI conseille ainsi les gouvernements en étant dans la position d’un investisseur et dans le but d’accroître et de renforcer non seulement les investissements directs étrangers mais aussi son propre programme d’investissement et de croissance », affirment les auteurs du rapport.
Interrogés par Ouestafnews, les responsables de la SFI n’ont pas totalement nié les accusations sur la question des investissements privés étrangers dans les terres.
Elle a plutôt tenté de minimiser les accusations, en arguant que la question foncière est « compliquée », assurant même vouloir aider la Sierra Leone, par exemple à « atteindre son objectif de créer 25.000 emplois directs dans les zones rurales ».
« Notre objectif premier est de favoriser les investissements privés, qu’il soient locaux ou étrangers afin d’encourager la croissance économique et la création d’emplois », a affirmé la SFI dans sa réponse transmise par email à Ouestafnews.
La même source précise qu’au Libéria tout comme en Sierra –Léone, le but est de « simplifier la (procédure pour) la création d’entreprises. »
Pourtant selon le Oakland Institute, « plusieurs exemples de grands projets » existent qui prouvent que les terres vont aux étrangers.
Au Mali par exemple, plus de « 160.000 hectares » ont été cédés à un groupe privé pour développer la culture du Jatropha, plante utilisée dans la production de biocarburants.
En Sierra –Leone, une multinationale helvétique va produire « 100.000 mètres cubes de bioéthanol à partir de la canne à sucre locale ».
Cette compétition entre biocarburants et produits alimentaires est l’un des gros arguments de ceux qui s’opposent à l’expropriation des petits exploitants agricoles.
En dehors de ces deux pays d’Afrique de l’ouest, ailleurs sur le continent, les rapporteurs ont mis en relief le cas éthiopien « un pays où plus de 13 millions de personnes souffrent de la faim et paradoxalement où le gouvernement a mis plus de 7,5 millions d’acres (soit un peu plus de 3 millions d’ha) de terres aux mains de groupes étrangers qui exportent la nourriture vers leurs propres pays ».
En République démocratique du Congo(Rdc), le gouvernement devrait « céder à partir de 2009 près de dix millions d’hectares de terres cultivables à des exploitants étrangers ».
Selon certains analystes, cette dépossession des terres est porteuse de réels dangers pour le continent.
Ainsi dans sa préface au rapport de l’ Oakland Institute, Howard G. Buffet, homme d’affaires, philanthrope, avertit que si « l’Afrique a besoin d’investissements dans l’agriculture », elle n’a pas besoin, par contre, « de politiques qui permettent aux investisseurs étrangers de cultiver et d’exporter la nourriture vers leurs propres peuples au détriment de la population locale ».
« Je vais être encore plus audacieux », écrit le préfacier, par ailleurs fils du milliardaire Warren Buffet : « de telles politiques vont nuire à l’Afrique, en aggravant les conflits liés à l’eau ,à la terre » avant de rappeler que « l’Afrique n’est pas une marchandise avec une étiquette ‘ouverte à tous’ ».
Ce n’est pas la première fois que la SFI est accusée de collusion avec les intérêts privés, dans des secteurs où elle sert aussi de « conseiller » aux Etats, en Afrique principalement.
Avant le foncier et l’agriculture, de pareilles objections étaient apparues dans ses opérations dans le secteur minier africain, où certains experts du continent ont souvent dénoncé une véritable situation de « conflit d’intérêts ».
Mardi 25 Mai 2010 Ouestaf News
Les politiciens nigériens invités à prendre conscience des enjeux du pays
Afrique en ligne / Pana 29/05/2010
Les politiciens nigériens invités à prendre conscience des enjeux du pays
samedi 29 mai 2010
Niamey, Niger - le chef de l’Etat nigérien, le général Salou Djibo, a invité la classe politique à prendre véritablement conscience des enjeux majeurs du pays et à œuvrer pour l’enracinement de la démocratie.
"C’est la base essentielle sur laquelle nos populations peuvent prospérer et amorcer un développement socio-économique effectif, dans la stabilité, la paix et la quiétude sociale", a-t-il déclaré dans une interview publiée vendredi par l’hebdomadaire pro-gouvernemental "SAHEL DIMANCHE".
S’exprimant à l’occasion des 100 jours du pouvoir de la junte, le général Djibo a déploré la situation socio-économique du pays.
"L’exercice du pouvoir n’est jamais chose aisée surtout dans le contexte qui est le nôtre et qui est fait d’urgences, de priorités multiples, de difficultés de trésorerie, d’exigences de la communauté internationale, tout cela dans un environnement marqué par la pauvreté et une crise alimentaire sévère", a-t-il affirmé.
"A cela s’ajoutent les attentes de la population nigérienne tant au plan économique que politique », a-t-il ajouté.
Il a souligné que la junte a dû faire face à une situation nationale complexe qui exigeait « un esprit de décision et de responsabilité ».
Le général Djibo a soutenu que les Forces de défense et de sécurité du pays ont montré à plusieurs reprises qu’elles sont « véritablement républicaines ».
"Elles n’investissent pas le champ politique par caprice ou par goût du pouvoir. Chaque fois qu’elles ont dû le faire, à leur corps défendant, c’est en dernier recours pour éviter à notre pays des catastrophes certaines", a dit le chef de la junte nigérienne.
Il a estimé que la Bonne gouvernance, le respect des textes fondamentaux et des institutions républicaines ainsi que le fonctionnement normal de la démocratie peuvent être des remèdes aux coups d’Etat.
Niamey - Pana 29/05/2010
Les politiciens nigériens invités à prendre conscience des enjeux du pays
samedi 29 mai 2010
Niamey, Niger - le chef de l’Etat nigérien, le général Salou Djibo, a invité la classe politique à prendre véritablement conscience des enjeux majeurs du pays et à œuvrer pour l’enracinement de la démocratie.
"C’est la base essentielle sur laquelle nos populations peuvent prospérer et amorcer un développement socio-économique effectif, dans la stabilité, la paix et la quiétude sociale", a-t-il déclaré dans une interview publiée vendredi par l’hebdomadaire pro-gouvernemental "SAHEL DIMANCHE".
S’exprimant à l’occasion des 100 jours du pouvoir de la junte, le général Djibo a déploré la situation socio-économique du pays.
"L’exercice du pouvoir n’est jamais chose aisée surtout dans le contexte qui est le nôtre et qui est fait d’urgences, de priorités multiples, de difficultés de trésorerie, d’exigences de la communauté internationale, tout cela dans un environnement marqué par la pauvreté et une crise alimentaire sévère", a-t-il affirmé.
"A cela s’ajoutent les attentes de la population nigérienne tant au plan économique que politique », a-t-il ajouté.
Il a souligné que la junte a dû faire face à une situation nationale complexe qui exigeait « un esprit de décision et de responsabilité ».
Le général Djibo a soutenu que les Forces de défense et de sécurité du pays ont montré à plusieurs reprises qu’elles sont « véritablement républicaines ».
"Elles n’investissent pas le champ politique par caprice ou par goût du pouvoir. Chaque fois qu’elles ont dû le faire, à leur corps défendant, c’est en dernier recours pour éviter à notre pays des catastrophes certaines", a dit le chef de la junte nigérienne.
Il a estimé que la Bonne gouvernance, le respect des textes fondamentaux et des institutions républicaines ainsi que le fonctionnement normal de la démocratie peuvent être des remèdes aux coups d’Etat.
Niamey - Pana 29/05/2010
Niger. Nouveau code électoral : Vive polémique autour du nouveau Code électoral au Niger
NDLR/ Bravo au CSRD ,faut un changement complet de la classe politique nigerienne qui est la même depuis les independances.Elle est depassée par les evenements .Ceci est valable pour l'administration comme dans tous les corps de defense et de securité :place à la jeunesse !!
Assaoud Ibrahim Libération-Niger M 29-05-10
Niger. Nouveau code électoral : Vive polémique autour du nouveau Code électoral au Niger
samedi 29 mai 2010
Comme vous le savez déjà, le gouvernement de la République du Niger, conformément aux dispositions de l’ordonnance n°2010-07 du 30 mars 2010 portant attributions, composition et fonctionnement du Conseil Consultatif National, et après examen des suggestions du Conseil Consultatif National, a remis, le mardi 25 mai 2010, au Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie, l’Avant-Projet de Code Électoral élaboré par le Comité des Textes Fondamentaux.
Hier, jeudi 27 mai 2010, le Président du CSRD a signé l’Ordonnance portant Code Electoral en balayant d’un revers de la main les principales propositions faites par le Conseil Consultatif National, ce qui a suscité d’énergiques réactions des partis politiques et de la Société Civile.
Déjà à Niamey, les débats autour de ce texte ont commencé, il y a de vives polémiques autour du sujet :
1. les partis politiques se plaignent du taux élevé des frais électoraux : 10.000 F CFA par candidat aux municipales, 250.000 F CFA par candidat aux législatives et 20.000.000 F CFA par candidat aux présidentielles. Il faut se rappeler que ces frais étaient en 2004 de 25.000 FCFA par liste de candidats aux municipales, 250.000 F CFA par liste de candidat aux législatives et de 10.000.000 F CFA par Candidat aux présidentielles. Cette hausse des frais électoraux est dores et déjà rejetée par les partis politiques qui manquent des moyens suffisants pour affronter les échéances électorales.
2. la question de la limitation de l’âge de 28 à 70 ans pour les candidats aux législatives ainsi que l’exigence du Bac et la limitation de l’âge des candidats aux présidentielles de 40 à 70 ans et l’exigence d’un diplome universitaire Bac + 3 (licence) consacrent d’après les partis politiques un véritable détournement de pouvoir et de la démocratie, mais aussi une grande rupture d’égalité entre citoyens car une des dispositions essentielles de toutes les Constitutions du Niger, c’est que : "tous les citoyens sont égaux en droits et en devoirs" ; "tous les citoyens ont le droit de voter et de se faire élire" ; "tous les citoyens sont égaux devant la loi"...etc.
3. Pour la société civile Nigérienne, représentée avec seulement 5 sièges au Conseil Consultatif, l’adoption par le Président du CSRD du Code Electoral sans tenir compte des amendements proposés par le Conseil a provoqué un grand malaise et un découragement total des membres de l’institution. Les Conseillers avaient préféré que le CSRD renvoie au moins le texte en seconde lecture sur la base des observations et justificatifs pertinents, ce qui aux yeux de la communauté internationale pouvait être qualifié de dialogue inclusif entre les parties concernées.
NB. En fait, les Militaires nigériens qui sont aujourd’hui au pouvoir, n’ont aucune expérience en matière d’organisation des élections et de gestion de l’Etat. D’aucun pensent qu’ils ont adopté le Code électoral pour mettre en mal les partis politiques, mais une chose est sûre, ces derniers combattront ledit code et si l’armée persiste ils boycotteront tout simplement les élections.
Normalement, un Code électoral qui est une loi organique, doit passer au contrôle de conformité à la Constitution avant d’être adopté, c’est pourquoi il aurait fallu adopter d’abord une Constitution avant tout, car les Rédacteurs des textes fondamentaux seront tenus maintenant de se référer chaque fois au Code électoral en rédigeant la nouvelle Constitution pour éviter toute contraction entre les deux textes "le monde à l’envers".
Les membres du Conseil Consultatif National chuchotent de démissionner pour ne pas accompagner les Militaires a détourner les procédures démocratiques minimales, à bon entendeur salut
Massaoud Ibrahim ; Philosophe Politologue Président de l’Observatoire Autonome pour le Bonne Gouvernance et le Développement samedi 29 mai 2010
Assaoud Ibrahim Libération-Niger M 29-05-10
Niger. Nouveau code électoral : Vive polémique autour du nouveau Code électoral au Niger
samedi 29 mai 2010
Comme vous le savez déjà, le gouvernement de la République du Niger, conformément aux dispositions de l’ordonnance n°2010-07 du 30 mars 2010 portant attributions, composition et fonctionnement du Conseil Consultatif National, et après examen des suggestions du Conseil Consultatif National, a remis, le mardi 25 mai 2010, au Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie, l’Avant-Projet de Code Électoral élaboré par le Comité des Textes Fondamentaux.
Hier, jeudi 27 mai 2010, le Président du CSRD a signé l’Ordonnance portant Code Electoral en balayant d’un revers de la main les principales propositions faites par le Conseil Consultatif National, ce qui a suscité d’énergiques réactions des partis politiques et de la Société Civile.
Déjà à Niamey, les débats autour de ce texte ont commencé, il y a de vives polémiques autour du sujet :
1. les partis politiques se plaignent du taux élevé des frais électoraux : 10.000 F CFA par candidat aux municipales, 250.000 F CFA par candidat aux législatives et 20.000.000 F CFA par candidat aux présidentielles. Il faut se rappeler que ces frais étaient en 2004 de 25.000 FCFA par liste de candidats aux municipales, 250.000 F CFA par liste de candidat aux législatives et de 10.000.000 F CFA par Candidat aux présidentielles. Cette hausse des frais électoraux est dores et déjà rejetée par les partis politiques qui manquent des moyens suffisants pour affronter les échéances électorales.
2. la question de la limitation de l’âge de 28 à 70 ans pour les candidats aux législatives ainsi que l’exigence du Bac et la limitation de l’âge des candidats aux présidentielles de 40 à 70 ans et l’exigence d’un diplome universitaire Bac + 3 (licence) consacrent d’après les partis politiques un véritable détournement de pouvoir et de la démocratie, mais aussi une grande rupture d’égalité entre citoyens car une des dispositions essentielles de toutes les Constitutions du Niger, c’est que : "tous les citoyens sont égaux en droits et en devoirs" ; "tous les citoyens ont le droit de voter et de se faire élire" ; "tous les citoyens sont égaux devant la loi"...etc.
3. Pour la société civile Nigérienne, représentée avec seulement 5 sièges au Conseil Consultatif, l’adoption par le Président du CSRD du Code Electoral sans tenir compte des amendements proposés par le Conseil a provoqué un grand malaise et un découragement total des membres de l’institution. Les Conseillers avaient préféré que le CSRD renvoie au moins le texte en seconde lecture sur la base des observations et justificatifs pertinents, ce qui aux yeux de la communauté internationale pouvait être qualifié de dialogue inclusif entre les parties concernées.
NB. En fait, les Militaires nigériens qui sont aujourd’hui au pouvoir, n’ont aucune expérience en matière d’organisation des élections et de gestion de l’Etat. D’aucun pensent qu’ils ont adopté le Code électoral pour mettre en mal les partis politiques, mais une chose est sûre, ces derniers combattront ledit code et si l’armée persiste ils boycotteront tout simplement les élections.
Normalement, un Code électoral qui est une loi organique, doit passer au contrôle de conformité à la Constitution avant d’être adopté, c’est pourquoi il aurait fallu adopter d’abord une Constitution avant tout, car les Rédacteurs des textes fondamentaux seront tenus maintenant de se référer chaque fois au Code électoral en rédigeant la nouvelle Constitution pour éviter toute contraction entre les deux textes "le monde à l’envers".
Les membres du Conseil Consultatif National chuchotent de démissionner pour ne pas accompagner les Militaires a détourner les procédures démocratiques minimales, à bon entendeur salut
Massaoud Ibrahim ; Philosophe Politologue Président de l’Observatoire Autonome pour le Bonne Gouvernance et le Développement samedi 29 mai 2010
The future of Tuareg rock
Mail&Guardian - 28/05/10
The future of Tuareg rock
Friday 28 May 2010
photo: Abray bone Ibrahim ag Alhabib de Tinariwen
and Ousmane ag Mossa de Tamikrest
Tinariwen may not be a household name yet, but their rise to cultural prominence has had a major effect on the Tuareg people.
When this band of former rebel warriors laid down their guns to pick up guitars they placed the Tuareg people on the cultural map, bringing some much-needed awareness to the plight of the nomadic people’s difficult existence in the Sahara desert.
Although they regularly play shows across Europe and the United States, their music has also been promoted by mainstream media, raising the profile of the Tuareg’s first rock stars.
Influential British music magazine Uncut recently awarded Tinariwen its Uncut Music Award for their 2009 album Imidiwan. The band returned to the desert with a makeshift studio set-up to record an earthier collection of songs for Imidiwan, after the experimentation of 2007’s Aman Iman and 2004’s Amassakoul, which saw the band incorporating some Western influences into their music.
So while Tinariwen return to their roots, their music has inspired a new generation of Tuareg rockers who are hell-bent on carrying their legacy forward. The most exciting of these young groups is Tamikrest, which translated from Tamasheq means junction, connection, knot or coalition — a fitting name for the seven-piece band whose members hail from Mali, Niger and Algeria.
"They are definitely the future of Tamasheq music," says former Tinariwen manager Andy Morgan about Tamikrest, who he describes as the "spiritual sons" of Tinariwen.
"As far as I’m concerned, it’s Tinariwen who created the path," says the 27-year-old Ousmane Ag Moosa, the leader and songwriter of Tamikrest.
"But the way I see it, if younger bands don’t come through then Tuareg music will eventually die.
"They created the path and now it’s up to us to walk down it and create the future," he says.
Ag Moosa learned to play the Tamasheq guitar style while listening to a cassette that Tinariwen leader Ibrahim Abaraybone recorded in Algeria in 1998 and his band mates are all intimately familiar with the style.
So the band adopted the sound of Ishumar rock, the Tuareg rebel music that was created by Tuaregs from Mali and Niger who were living in exile in Algeria, Libya and Burkina Faso during the periods of armed struggle.
Their debut album Adagh (Glitterhouse Records) shows early signs that the band has no intention of limiting itself to one sound.
The most noticeable additions to the traditional Tuareg sound is the use of bass much higher in the mix, giving it more of a rock feel, and the addition of slide guitar, played by producer Chris Eckman of rock band Dirtmusic whom the band met at the 2008 Festival of the Desert.
Opener Outamachek signals very early on that the band’s main inspiration is drawn from Tinariwen, although some searing blues-rock guitar and a reggae bass line show that Tamikrest are listening to a lot more than just Ishumar rock.
"Music isn’t something you study; it’s something you learn with your ears," says Ag Moosa. "I’d been listening and playing along to Bob Marley and to Marc Knopfler and Dire Straits for years."
Ag Moosa lists hip-hop, metal and Afro-disco among his influences. "We’d been listening to so much international music and that’s why the marriage with Dirtmusic worked," he says.
The album highlight has to be Tidite Tille, a hauntingly beautiful song that needs to be heard to be believed. As Ag Moosa’s croaky voice sings the gentle vocals, gorgeous slide guitar and minimal percussion back an addictive Tuareg blues guitar riff.
It conjures visions of a desolate desert landscape after the apocalypse as a lone survivor struggles along, placing one foot in front of the other, trying to make it to a place where life still exists, like a desert dirge.
Adagh is, without a doubt, one of the most original and important albums to come out of West Africa this year but only time will tell whether it has success in carrying Tuareg culture forward to the rest of the world.
Another band that is carrying Tuareg music forward is Niger’s Etran Finatawa, a band that South African audiences should be more familiar with after their nationwide tour here last year.
At the time, Etran Finatawa were playing a number of songs from their new album, which was as yet un-released.
Their third album Tarkat Tajje/Let’s Go (Sheer Sound) has finally hit the shelves and it represents a significant musical step forward for this band, which fuses the musical traditions of Niger’s Tuareg and Wodaabe tribes.
Opener Aitimani was a regular highlight during the band’s Johannesburg shows and on record it is a magnificent seven-minute Tuareg blues tune about family camaraderie.
Diam Walla follows with some great polyphonic chanting from the Wodaabe members and some propellant percussion, which makes the track a primal blues number about the effects of droughts on the community.
Aitma is a more straight-ahead hypnotic psychedelic Tuareg guitar piece, beautiful in its simplicity.Gourma, which means forest, is all about the Tuaregs returning from the refugee camps, whereas Imuzaran is an anti-war protest song.
It is clear that Etran Finatawa are branching out, moving beyond their initial subject matter of life in the desert and becoming more philosophical and more political.
With bands such as Tamikrest and Etran Finatawa forging new sounds for Tuareg rock, the nomadic people’s music appears to be in safe hands.
Tracking down the genre Following the success of Tinariwen, there has been an explosion of Tuareg albums released in the past decade.
In 2001 after the release of Tinariwen’s debut album, The Radio Tisdas Sessions, famed Tuareg rebel Keddou Ag Ossad left the band to form Terakaft with a very young Sanou Ag Ahmed. Sanou’s uncles are Liya Ag Ablil and Inteyeden Ag Ablil, co-founders of Tinariwen. Liya Ag Ablil would eventually leave Tinariwen to join Terakaft in 2007.
The band has three albums, 2007’s Bismilla, 2008’s Akh Issudar and the 2009 EP Terakaft Live. All three are smoking hot rock albums that have a more abrasive rough-and-ready feel.
They will be heading into the studio to record their new album in May with producer Jean-Paul Romann.
Record label Sublime Frequencies has also branched out into recording Tuareg rock.
Their first release was from Niger’s Group Inerane and was titled Guitars from Agadez. The second was by Group Bombino and called Guitars from Agadez Vol 2.
Both bands offer amplified roots rock, blues and folk in the local Tuareg styles, at times entering into full-on electric-guitar psychedelia, and I highly recommended them.
If you are looking for a compilation of different Tuareg bands, the Ishumar compilation comes highly recommended.
It contains songs by Terakaft, Tinariwen, Etran Finatawa, Tamikrest and a host of others.
The future of Tuareg rock
Friday 28 May 2010
photo: Abray bone Ibrahim ag Alhabib de Tinariwen
and Ousmane ag Mossa de Tamikrest
Tinariwen may not be a household name yet, but their rise to cultural prominence has had a major effect on the Tuareg people.
When this band of former rebel warriors laid down their guns to pick up guitars they placed the Tuareg people on the cultural map, bringing some much-needed awareness to the plight of the nomadic people’s difficult existence in the Sahara desert.
Although they regularly play shows across Europe and the United States, their music has also been promoted by mainstream media, raising the profile of the Tuareg’s first rock stars.
Influential British music magazine Uncut recently awarded Tinariwen its Uncut Music Award for their 2009 album Imidiwan. The band returned to the desert with a makeshift studio set-up to record an earthier collection of songs for Imidiwan, after the experimentation of 2007’s Aman Iman and 2004’s Amassakoul, which saw the band incorporating some Western influences into their music.
So while Tinariwen return to their roots, their music has inspired a new generation of Tuareg rockers who are hell-bent on carrying their legacy forward. The most exciting of these young groups is Tamikrest, which translated from Tamasheq means junction, connection, knot or coalition — a fitting name for the seven-piece band whose members hail from Mali, Niger and Algeria.
"They are definitely the future of Tamasheq music," says former Tinariwen manager Andy Morgan about Tamikrest, who he describes as the "spiritual sons" of Tinariwen.
"As far as I’m concerned, it’s Tinariwen who created the path," says the 27-year-old Ousmane Ag Moosa, the leader and songwriter of Tamikrest.
"But the way I see it, if younger bands don’t come through then Tuareg music will eventually die.
"They created the path and now it’s up to us to walk down it and create the future," he says.
Ag Moosa learned to play the Tamasheq guitar style while listening to a cassette that Tinariwen leader Ibrahim Abaraybone recorded in Algeria in 1998 and his band mates are all intimately familiar with the style.
So the band adopted the sound of Ishumar rock, the Tuareg rebel music that was created by Tuaregs from Mali and Niger who were living in exile in Algeria, Libya and Burkina Faso during the periods of armed struggle.
Their debut album Adagh (Glitterhouse Records) shows early signs that the band has no intention of limiting itself to one sound.
The most noticeable additions to the traditional Tuareg sound is the use of bass much higher in the mix, giving it more of a rock feel, and the addition of slide guitar, played by producer Chris Eckman of rock band Dirtmusic whom the band met at the 2008 Festival of the Desert.
Opener Outamachek signals very early on that the band’s main inspiration is drawn from Tinariwen, although some searing blues-rock guitar and a reggae bass line show that Tamikrest are listening to a lot more than just Ishumar rock.
"Music isn’t something you study; it’s something you learn with your ears," says Ag Moosa. "I’d been listening and playing along to Bob Marley and to Marc Knopfler and Dire Straits for years."
Ag Moosa lists hip-hop, metal and Afro-disco among his influences. "We’d been listening to so much international music and that’s why the marriage with Dirtmusic worked," he says.
The album highlight has to be Tidite Tille, a hauntingly beautiful song that needs to be heard to be believed. As Ag Moosa’s croaky voice sings the gentle vocals, gorgeous slide guitar and minimal percussion back an addictive Tuareg blues guitar riff.
It conjures visions of a desolate desert landscape after the apocalypse as a lone survivor struggles along, placing one foot in front of the other, trying to make it to a place where life still exists, like a desert dirge.
Adagh is, without a doubt, one of the most original and important albums to come out of West Africa this year but only time will tell whether it has success in carrying Tuareg culture forward to the rest of the world.
Another band that is carrying Tuareg music forward is Niger’s Etran Finatawa, a band that South African audiences should be more familiar with after their nationwide tour here last year.
At the time, Etran Finatawa were playing a number of songs from their new album, which was as yet un-released.
Their third album Tarkat Tajje/Let’s Go (Sheer Sound) has finally hit the shelves and it represents a significant musical step forward for this band, which fuses the musical traditions of Niger’s Tuareg and Wodaabe tribes.
Opener Aitimani was a regular highlight during the band’s Johannesburg shows and on record it is a magnificent seven-minute Tuareg blues tune about family camaraderie.
Diam Walla follows with some great polyphonic chanting from the Wodaabe members and some propellant percussion, which makes the track a primal blues number about the effects of droughts on the community.
Aitma is a more straight-ahead hypnotic psychedelic Tuareg guitar piece, beautiful in its simplicity.Gourma, which means forest, is all about the Tuaregs returning from the refugee camps, whereas Imuzaran is an anti-war protest song.
It is clear that Etran Finatawa are branching out, moving beyond their initial subject matter of life in the desert and becoming more philosophical and more political.
With bands such as Tamikrest and Etran Finatawa forging new sounds for Tuareg rock, the nomadic people’s music appears to be in safe hands.
Tracking down the genre Following the success of Tinariwen, there has been an explosion of Tuareg albums released in the past decade.
In 2001 after the release of Tinariwen’s debut album, The Radio Tisdas Sessions, famed Tuareg rebel Keddou Ag Ossad left the band to form Terakaft with a very young Sanou Ag Ahmed. Sanou’s uncles are Liya Ag Ablil and Inteyeden Ag Ablil, co-founders of Tinariwen. Liya Ag Ablil would eventually leave Tinariwen to join Terakaft in 2007.
The band has three albums, 2007’s Bismilla, 2008’s Akh Issudar and the 2009 EP Terakaft Live. All three are smoking hot rock albums that have a more abrasive rough-and-ready feel.
They will be heading into the studio to record their new album in May with producer Jean-Paul Romann.
Record label Sublime Frequencies has also branched out into recording Tuareg rock.
Their first release was from Niger’s Group Inerane and was titled Guitars from Agadez. The second was by Group Bombino and called Guitars from Agadez Vol 2.
Both bands offer amplified roots rock, blues and folk in the local Tuareg styles, at times entering into full-on electric-guitar psychedelia, and I highly recommended them.
If you are looking for a compilation of different Tuareg bands, the Ishumar compilation comes highly recommended.
It contains songs by Terakaft, Tinariwen, Etran Finatawa, Tamikrest and a host of others.
vendredi 28 mai 2010
Le Sahara, ça arrache
Le Sahara, ça arrache
28/05/2010
Un festival, un concert, un album : les Touaregs débarquent en France, à, Paris, dès ce week-end. Pas besoin d'être météorologue pour prévoir une formidable canicule : présentation en texte et nombreuses vidéos.
Par Stéphane Deschamps1 Commentaire(s) Agrandir la taille du texte Réduire la taille du texte Imprimer Envoyer à un ami
Desert song : en immersion chez les touaregs
le 16 avril 2010En tant que journalistes professionnels, nous avons mené l’enquête et sommes tombés sur un scoop : le week-end prochain, il devrait faire beau à Paris (au moins samedi, avec risque d’averses dimanche). Ça tombe bien et on y croit, parce que les 29, 30 mai et 1er juin, Paris accueille d’éminents ambassadeurs de la culture saharienne. Samedi et dimanche, c’est le festival Sahara Rocks ! sur les bords de Seine, du côté de la bibliothèque François-Mitterrand, face à La Dame de Canton.
Soit Paris-plage avant l’heure, pendant un week-end consacré à la culture saharienne actuelle. Avec des projections de films (docus sur Tinariwen ou le rap au Niger), des débats (les Touaregs et internet), des rencontres, des animations pour les petits fennecs et des concerts immanquables de groupes légendaires du rock saharien : Terakaft et Takrist N’Akal (le groupe de Abadallah Oumbadougou). Dont voici quelques images :
Et le 1er juin, le groupe touareg Tamikrest, dont nous vous disions récemment le plus grand bien fait son premier concert à Paris avec Dirtmusic (au Centre Fleury Goutte d’or, dans le XVIIIè, et c’est gratuit). C’est une belle histoire commune que celle de Dirtmusic et Tamikrest. Le premier est un groupe de trois vieux routards du rock, formé notamment par l’ancien leader des Walkabouts, Chris Eckman. Le second est un groupe de jeunes sahariens, qui reprend le flambeau des idoles Tinariwen. Les deux groupes se sont rencontrés lors d’un festival au Mali, et ont lié leurs destins. Chris Eckman a invité Tamikrest sur l’enregistrement de l’album de Dirtmusic, et produit le premier album de Tamikrest (une merveille).
Ici, une vidéo de l’enregistrement de Black Gravity de Dirtmusic à Bamako, avec Tamikrest.
Enfin, cette semaine franco-saharienne se terminera en toute beauté le 7 juin, avec la sortie digitale de l’album d’Omar Mocatar, alias Bambino, prodigieux guitariste-chanteur du Niger, aussi bon en version folk que psyché, comme les vidéos ci-dessous l’attestent.
Agamgam 2004, l’album acoustique de Bambino, sort sur un label français consacré aux musiques du Sahara, et il sera disponible à cette adresse.
Un autre album, ainsi qu’un film, devraient sortir prochainement via la boîte de production américaine Zero Gravity.
Nord Niger : Les revers d’une paix bâclée
Nord Niger : Les revers d’une paix bâclée
Issouf MAHA
La région d’Agadez jadis véritable havre de paix, de quiétude et d’hospitalité est en passe de devenir le far west saharien. Un calvaire que vit dans sa chair la population du Nord Niger.
Les vols à main armée, les exécutions sommaires, les crimes crapuleux, les attaques sur les routes et autres braquages sont devenus monnaie courante et même presque banalisée.
Ce changement brutal de mentalité vécu comme une révolution malheureuse vient sonner le glas d’une certaine pudeur appelée : Ashak.
Comment en sommes nous arrivés là ? Chronique d’une descente en enfer devenue inexorable.
En février 2007, l’attaque du poste administratif d’Iferouane par un groupe armé se revendiquant d’une organisation insurrectionnelle réveillait les vieux démons d’une rébellion bis. La population concernée, tétanisée par l’idée d’une nouvelle lutte armée dont elle garde des souvenirs fort douloureux, plaide pour la paix et l’extinction de cette étincelle.
En vain et c’est la mort dans l’âme qu’elle a vu, impuissante et désolée le pouvoir en place s’engouffrer dans une logique d’affrontement. Il s’en est suivi les violences, la détresse et la désolation que l’on connaît.
En Avril 2009, l’intervention du guide de la révolution libyenne annonce un changement de cap radical dans la politique nigérienne qui décide comme par enchantement de reconnaître les différents fronts et mouvements et de s’engager dans une logique de paix et réconciliation nationale. La paix est annoncée avec grand bruit et le peuple qui a tant enduré doit acclamer son bourreau d’hier devenu son sauveur d’aujourd’hui. Quelle amère et désolante frustration !
Pour mener cette opération combien salutaire, la Libye a paré au plus urgent en finançant les différentes étapes du retour des ex-combattants. Pour autant, l’action de la Libye, malgré sa noblesse, a créé par son caractère informel une situation de crise de confiance et même de conflit entre combattants et leaders des fronts.
Coté Niger en revanche, le processus de paix tant souhaité et tant soutenu par tous a été également mené sans protocole, de manière équivoque et totalement informelle. Les animateurs officiels ont pris soin d’éviter le moindre écrit fusse-t-il un compte-rendu de réunion. Aux fronts et mouvements, il a été fait la promesse d’un accord étudié et bénéfique pour tous, au pays on martèle que « les bandits ont répondu à l’appel du président » afin d’éviter la contradiction. Bref, un flou artistique symptomatique de la légèreté avec laquelle une question aussi grave a été traité par le pays.
Sur le terrain, l’absence totale de l’Etat dans le nord du pays a favorisé la multiplication des trafics en tout genre et l'établissement progressif d’une jungle où tout est permis. A cela s’ajoute une menace persistante de l’infiltration terroriste.
C’est dans ce contexte on ne peut plus préoccupant qu’est intervenu, le 18 Février dernier, un coup d’état militaire qui a renversé le régime de Mamadou Tandja. Le CSRD et le gouvernement chargés d’animer la transition ont annoncé leur volonté d’instaurer la paix et la sérénité au Niger. Malheureusement, alors que la période de transition se trouve largement entamée aucune démarche significative n’est entreprise pour mettre fin à la décadence infernale dont est victime la région d’Agadez. Pour l’heure, tout reste à croire, que la transition du CSRD va plus se focaliser sur le processus électoral que de gérer des situations malheureuses héritées du régime déchu de la 6ème République.
Il revient alors aux populations du nord de prendre leur responsabilité et lutter à la sauvegarde de leur espace de vie. Et pour cause, si à une époque récente, le fait de plaider pour la paix et la quiétude sociale était considéré comme une offense à la personne du président de la République, le discours officiel a aujourd’hui évolué et prône l’apaisement et le rétablissement de la quiétude sociale.
Par ailleurs, sur le plan économique, la situation est loin d’être reluisante. Les sécheresses de plus en plus chroniques mettent à mal une population rurale déjà appauvrie par des années de conflit. L’absence du tourisme et le retard dans l’implantation des sociétés minières, doublé du sentiment d’avoir été trahie, laisse une jeunesse déboussolée et vulnérable, encline à commettre des actes hautement avilissants. Qui pouvait imaginer qu’un fils du terroir, armé d’une kalachnikov, s’attaque au paysan de son village aux fins de lui prendre le fruit de sa maigre récolte ? Etrange et malheureuse évolution de la société.
De cette confusion généralisée, on retiendra que des milliers de combattants rompus au métier des armes se trouvent de nouveau révoltés par le sentiment d’avoir été sacrifiés. Ayant été contraints pour la majorité à rejoindre les rangs du MNJ par un régime qui voulait à tout prix d’une rébellion armée dans le nord, ils se trouvent prisonniers d’une paix verbale, sans aucune perspective d’avenir.
En tout état de cause, il ne faudrait pas faire l’amalgame entre les combattants proprement dit et l’insécurité résiduelle qui constitue aujourd’hui le véritable calvaire des populations, même si, par ailleurs, les deux phénomènes sont la conséquence du conflit. L’Etat doit venir en aide à la population qui en est victime et mener sans complaisance une opération musclée visant à restaurer son autorité et à éradiquer ce phénomène de banditisme de grand chemin, Ô combien nocif pour Agadez et ses habitants. Car pour l’heure, l’urgence n’est pas de situer les responsabilités mais de faire face à une réalité qui s’affirme et se réaffirme quotidiennement. Quant à la question globale de sécurité et de lutte contre le trafic et le terrorisme dans le grand Sahara, les acteurs locaux resteront incontournables voir indispensables. Espérons de voir au Niger l’avènement d’un régime qui saura comprendre cela et qui fera en sorte que ceux-ci soient largement impliqués dans la sécurisation d’une région qu’ils maîtrisent mieux que quiconque.
Issouf MAHA
La région d’Agadez jadis véritable havre de paix, de quiétude et d’hospitalité est en passe de devenir le far west saharien. Un calvaire que vit dans sa chair la population du Nord Niger.
Les vols à main armée, les exécutions sommaires, les crimes crapuleux, les attaques sur les routes et autres braquages sont devenus monnaie courante et même presque banalisée.
Ce changement brutal de mentalité vécu comme une révolution malheureuse vient sonner le glas d’une certaine pudeur appelée : Ashak.
Comment en sommes nous arrivés là ? Chronique d’une descente en enfer devenue inexorable.
En février 2007, l’attaque du poste administratif d’Iferouane par un groupe armé se revendiquant d’une organisation insurrectionnelle réveillait les vieux démons d’une rébellion bis. La population concernée, tétanisée par l’idée d’une nouvelle lutte armée dont elle garde des souvenirs fort douloureux, plaide pour la paix et l’extinction de cette étincelle.
En vain et c’est la mort dans l’âme qu’elle a vu, impuissante et désolée le pouvoir en place s’engouffrer dans une logique d’affrontement. Il s’en est suivi les violences, la détresse et la désolation que l’on connaît.
En Avril 2009, l’intervention du guide de la révolution libyenne annonce un changement de cap radical dans la politique nigérienne qui décide comme par enchantement de reconnaître les différents fronts et mouvements et de s’engager dans une logique de paix et réconciliation nationale. La paix est annoncée avec grand bruit et le peuple qui a tant enduré doit acclamer son bourreau d’hier devenu son sauveur d’aujourd’hui. Quelle amère et désolante frustration !
Pour mener cette opération combien salutaire, la Libye a paré au plus urgent en finançant les différentes étapes du retour des ex-combattants. Pour autant, l’action de la Libye, malgré sa noblesse, a créé par son caractère informel une situation de crise de confiance et même de conflit entre combattants et leaders des fronts.
Coté Niger en revanche, le processus de paix tant souhaité et tant soutenu par tous a été également mené sans protocole, de manière équivoque et totalement informelle. Les animateurs officiels ont pris soin d’éviter le moindre écrit fusse-t-il un compte-rendu de réunion. Aux fronts et mouvements, il a été fait la promesse d’un accord étudié et bénéfique pour tous, au pays on martèle que « les bandits ont répondu à l’appel du président » afin d’éviter la contradiction. Bref, un flou artistique symptomatique de la légèreté avec laquelle une question aussi grave a été traité par le pays.
Sur le terrain, l’absence totale de l’Etat dans le nord du pays a favorisé la multiplication des trafics en tout genre et l'établissement progressif d’une jungle où tout est permis. A cela s’ajoute une menace persistante de l’infiltration terroriste.
C’est dans ce contexte on ne peut plus préoccupant qu’est intervenu, le 18 Février dernier, un coup d’état militaire qui a renversé le régime de Mamadou Tandja. Le CSRD et le gouvernement chargés d’animer la transition ont annoncé leur volonté d’instaurer la paix et la sérénité au Niger. Malheureusement, alors que la période de transition se trouve largement entamée aucune démarche significative n’est entreprise pour mettre fin à la décadence infernale dont est victime la région d’Agadez. Pour l’heure, tout reste à croire, que la transition du CSRD va plus se focaliser sur le processus électoral que de gérer des situations malheureuses héritées du régime déchu de la 6ème République.
Il revient alors aux populations du nord de prendre leur responsabilité et lutter à la sauvegarde de leur espace de vie. Et pour cause, si à une époque récente, le fait de plaider pour la paix et la quiétude sociale était considéré comme une offense à la personne du président de la République, le discours officiel a aujourd’hui évolué et prône l’apaisement et le rétablissement de la quiétude sociale.
Par ailleurs, sur le plan économique, la situation est loin d’être reluisante. Les sécheresses de plus en plus chroniques mettent à mal une population rurale déjà appauvrie par des années de conflit. L’absence du tourisme et le retard dans l’implantation des sociétés minières, doublé du sentiment d’avoir été trahie, laisse une jeunesse déboussolée et vulnérable, encline à commettre des actes hautement avilissants. Qui pouvait imaginer qu’un fils du terroir, armé d’une kalachnikov, s’attaque au paysan de son village aux fins de lui prendre le fruit de sa maigre récolte ? Etrange et malheureuse évolution de la société.
De cette confusion généralisée, on retiendra que des milliers de combattants rompus au métier des armes se trouvent de nouveau révoltés par le sentiment d’avoir été sacrifiés. Ayant été contraints pour la majorité à rejoindre les rangs du MNJ par un régime qui voulait à tout prix d’une rébellion armée dans le nord, ils se trouvent prisonniers d’une paix verbale, sans aucune perspective d’avenir.
En tout état de cause, il ne faudrait pas faire l’amalgame entre les combattants proprement dit et l’insécurité résiduelle qui constitue aujourd’hui le véritable calvaire des populations, même si, par ailleurs, les deux phénomènes sont la conséquence du conflit. L’Etat doit venir en aide à la population qui en est victime et mener sans complaisance une opération musclée visant à restaurer son autorité et à éradiquer ce phénomène de banditisme de grand chemin, Ô combien nocif pour Agadez et ses habitants. Car pour l’heure, l’urgence n’est pas de situer les responsabilités mais de faire face à une réalité qui s’affirme et se réaffirme quotidiennement. Quant à la question globale de sécurité et de lutte contre le trafic et le terrorisme dans le grand Sahara, les acteurs locaux resteront incontournables voir indispensables. Espérons de voir au Niger l’avènement d’un régime qui saura comprendre cela et qui fera en sorte que ceux-ci soient largement impliqués dans la sécurisation d’une région qu’ils maîtrisent mieux que quiconque.
jeudi 27 mai 2010
Tout sur les nouveaux réseaux France-Afrique
Africatime / L’Inter 27/05/2010
Tout sur les nouveaux réseaux France-Afrique
jeudi 27 mai 2010
Alors que le 25e sommet Afrique-France, qui est aussi celui du cinquantenaire des indépendances, se tient à Nice les 31 mai et 1er juin, l’affaire est assez emblématique des mutations de cet étrange serpent de mer qu’est la Françafrique. Chacun sait depuis le 15 mai que la libération de l’universitaire Clotilde Reiss est en partie due à une médiation sénégalaise au sein de laquelle l’avocat Robert Bourgi, aussi talentueux que multicarte et seul héritier du savoir-faire foccartien, a joué un rôle déterminant. Seuls trois hommes étaient au courant du voyage secret en Iran de Me Bourgi et de Karim Wade, à la fin de mars : le père de ce dernier, Abdoulaye Wade, et à Paris Nicolas Sarkozy et son secrétaire général, Claude Guéant, à qui les deux émissaires ont régulièrement rendu compte au téléphone, depuis Téhéran, des progrès de leur mission. Ni Bernard Kouchner, ni Jean-David Levitte, ni même le patron de la DGSE, Erard Corbin de Mangoux, ne savaient quoi que ce soit de ce déplacement feutré. Culte du secret, court-circuitage des filières institutionnelles, casquettes africaines et contacts parallèles activés par un personnage à la réputation (forcément) sulfureuse et qui en joue avec habi1été : la méthode Foccart transposée dans l’Orient compliqué a donc, si l’on peut dire, porté ses fruits. Si la Françafrique incestueuse et patrimoniale est morte, celle des réseaux est, elle, toujours bien vivante. À une différence - de taille près : elle est acéphale. Là où Jacques Foccart, qui consacrait l’essentiel de son temps aux affaires du « pré carré », tirait tous les fils à la manière d’un grand marionnettiste, Claude Guéant, pour qui l’Afrique n’est qu’une préoccupation parmi d’autres, intervient directement ou par intermédiaire interposé que sur certains dossiers sensibles. D’où l’éclatement et la multiplication de réseaux souvent complémentaires (Elysée-business par exemple), reliés entre eux par des passerelles (avocats, juges, médecins), ouvertement rivaux (ONG), transcourants (francs-maçons), etc., mais qui tous fonctionnent en interne avec de vraies solidarités corporatistes et une opacité commune. Autre évolution : les réseaux sont désormais autant afro-français que franco-africains et leur interpénétration réciproque est fréquente. Un Laurent Gbagbo, un Paul Biya, un Denis Sassou N’Guesso, un Ali Bongo Ondimba, pour ne citer qu’eux, ont tous leur réseau d’influence qui emprunte à chacun (ou presque) des réseaux français. Conséquence de cette alchimie complexe, qui tient parfois de la raffinerie : l’apparition de missi dominici dont on distingue mal a priori l’allégeance principale. Il faut ainsi de bons yeux pour hiérarchiser les fidélités dont se réclame aujourd’hui l’incontournable Robert Bourgi : Sarkozy et Guéant en premier lieu, puis Wade, Ali Bongo Ondimba, Ould Abdelaziz, Gbagbo et quelques autres. Il est vrai que, en ce domaine, chacun avance masqué. Le petit « who’s who » que nous publions cette semaine - et d’où sont exclus les ministres pour qui l’Afrique fait en quelque sorte partie du Job, tels Bernard Kouchner et Alain Joyandet - a pour ambition de guider les pas du profane dans le maquis de la néo-Françafrique. Nous avons volontairement omis dans ce vade-mecum les pays du Maghreb, qui relèvent, eux, de réseaux bilatéraux à la fois différents et étanches, sur lesquels nous reviendrons prochainement.
ÉLYSÉE CONNECTION
Aux côtés d’un président qui n’a que peu d’appétence pour les « affaires africaines » et dont la doctrine à ce sujet a évolué, de discours en discours, de manière quelque peu erratique, c’est au secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, que revient la gestion du réseau ou de ce qu’il en reste. Au niveau institutionnel, le conseiller diplomatique Jean-David Levitte et son adjoint chargé du Sud-Sahara (Mauritanie comprise), André Parant lequel bénéficie de l’apport de deux conseillers techniques : Remi Maréchaux et Clément Leclerc -, dépendent directement de lui. Mais Levitte n’ayant jamais manifesté de tropisme africain particulier en dehors de la préparation des voyages et sommets présidentiels, l’omniprésente éminence grise du Château a la main sur le continent. Claude Guéant reçoit volontiers dans son bureau les émissaires des chefs d’État et se déplace pour rencontrer ces derniers dans les grands hôtels ou ils descendent lors de leurs passages à Paris. L’avocat Robert Bourgi lui sert à la fois de conseil, de missi dominici et de poisson-pilote sur des pays comme le Gabon, le Sénégal, la Mauritanie, Madagascar, le Bénin, voire la Côte d’Ivoire ou le Togo. Mais il n’est pas le seul, même si les autres « africains » figurant dans le carnet d’adresses de Guéant jouent un rôle beaucoup plus restreint. Georges Ouegnin, l’ancien directeur du protocole de la présidence ivoirienne, très introduit à Brazzaville et à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), est de ceux-là, tout comme le diplomate, ex-conseiller spécial d’Idriss Déby Itno (et décoré de la légion d’honneur), Abakar Manany, qui a joué un rôle non négligeable dans la reprise des relations entre la France et le Rwanda. Difficile par ailleurs de ne pas citer le nom du député-maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, ami de Nicolas Sarkozy, électron libre quelque peu sulfureux que l’on a vu à l’œuvre à Kinshasa, Bangui et Nouakchott. Autres francs-tireurs : les anciens ministres Charles Millon et Alain Madelin. Proche d’Abdoulaye Wade, ce dernier continue d’entretenir des liens avec l’Afrique par le biais du Fonds de solidarité numérique (accès aux nouvelles technologies), qu’il préside. Côté UMP, le porte parole adjoint (et conseiller de Nicolas Sarkozy), Dominique Paillé, passe parfois des messages entre l’Élysée et Abidjan (ou l’inverse), ainsi que le font, avec Lomé, le député du Rhône, Christophe Guilloteau, membre d’une demi-douzaine de groupes d’amitié franco-africains à l’Assemblée. L’ex-chiraquien Jacques Toubon, à la tête de la « mission du cinquantenaire » et qui occupe, au Quai d’Orsay, les anciens bureaux du secrétariat d’État de Rama Vade, ne s’est jamais éloigné du continent et a trouvé dans son éphémère fonction l’occasion de renforcer ses liens. Enfin, à la périphérie, évoluent une poignée de publicistes tel Laurent Taïeb, dont le périodique L’Essentiel des relations internationales, souvent axé sur l’Afrique et lié à l’UMP, est à disposition dans tous les salons d’attente de l’Élysée. Malin, Taïeb a trouvé dans les cercles d’amateurs de cigares qu’il anime un réseau d’influence original. À portée de main du Château également, le chirurgien dentiste Patrick Gaubert, ancien membre du cabinet de Charles Pasqua, président du Haut Conseil à l’intégration, président d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Liera) et ami de vingt-cinq ans de Nicolas Sarkozy. Gaubert, Toubon, ainsi que les députés UMP Jean-Michel Fourgous et Jean François Mancel étaient à Brazzaville en juillet 2009 pour observer le scrutin présidentiel à l’invitation de la Commission nationale congolaise des droits de l’homme, proche du pouvoir. Au grand étonnement du Quai d’Orsay. Mais avec l’accord tacite de Claude Guéant.
LES GRANDS COMMIS
Contrairement aux idées reçues, l’Élysée ne fait pas tout. Exemple : la réconciliation franco-rwandaise. À son arrivée au Quai, en juin 2007, Bernard Kouchner confie ce casse-tête à une task force où figurent sa conseillère Afrique, Charlotte Montel, la trentaine dynamique, sa conseillère juridique, Sylvie Pantz, et un quadra faussement nonchalant, Laurent Contini. Au bout d’un an de remue-méninges, ils trouvent la solution. Si l’un des neuf inculpés rwandais se livre à la justice française, Kigali aura accès au dossier de l’attentat contre Habyarimana et pourra retarder la procédure à loisir. Le coup marche. Les relations diplomatiques sont rétablies et le nouvel ambassadeur de France à Kigali s’appelle Laurent Contini. Pour exister face à l’Élysée, le Quai ne se contente pas de faire des coups. Jour après jour, il laboure le terrain. Chef des labours : Stéphane Gompertz, directeur Afrique et vieux briscard. Tous les matins, il digère les dizaines de TD (télégrammes diplomatiques) que lui envoient ses ambassades et produit des notes de synthèse. Certains TD sont plus lus que d’autres. Notamment ceux des ambassadeurs de poids, comme Bruno Joubert à Rabat, Jean Marc Simon à Abidjan, Jean Didier Roisin à Libreville, Jean Christophe Belliard à Addis-Abeba ou Jean-Marc Châtaigner à Antananarivo. Et bien sûr les TD « littéraires » de l’académicien Jean-Christophe Rufin, qui achève un séjour de trois ans à Dakar. Moins connue, Sylvie Bermann joue un rôle pivot au Quai. C’est elle qui gère les Français de l’ONU et de l’UE, notamment le chef des opérations de maintien de la paix, Alain Leroy, et l’ambassadeur à New York, Gérard Araud. Autre personnage clé aux Affaires étrangères : Georges Serre. L’ancien conseiller Afrique d’Hubert Védrine supervise aujourd’hui l’aide au développement. Tous les jeudis après-midi, il accompagne Montel, Gompertz et Berann à l’Élysée pour assister à la réunion Afrique autour d’André Parant. À la Défense, le chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud, est l’homme incontournable. Certes, il n’a pas de passé africain, mais cet ancien chef d’état-major particulier de Nicolas Sarkozy a toute la confiance du chef de l’État. À la réunion du jeudi à l’Élysée, il délègue le colonel Jean-Jacques Toutous, un marsouin (troupes de marine) qui a crapahuté sur le continent. Toutous y retrouve le colonel Benoît Houssay, un chasseur alpin affecté au cabinet du ministre de la Défense, Hervé Morin. Autre homme influent, le général Emmanuel Beth. Cet ancien patron de la force Licorne en Côte d’Ivoire supervise toute la coopération militaire (détachement d’instructeurs, accueil d’élèves officiers en France, etc.). Depuis deux ans, depuis le discours de Nicolas Sarkozy au Cap, il faut compter aussi avec les deux grands commis de l’Etat qui renégocient les accords de défense entre la France et ses ex colonies. Côte à côte, François Xavier Deniau et le général Benoît Puga, un diplomate et un officier ... aux états de service longs comme le bras. En 1978, le légionnaire Puga a sauté sur Kolwezi, au Zaïre. Puis, après avoir fait le coup de feu en Centrafrique et au Tchad, il a dirigé le Commandement des opérations spéciales (COS) et la Direction des renseignements militaires (DRM). Aujourd’hui, il est chef d’état-major particulier du président de la République. Bref, c’est le « baroudeur africain » de Nicolas Sarkozy. La lutte contre Al-Qaïda est confiée à Bernard Bajolet. L’homme connaît bien la question du terrorisme. Avant de coordonner les services de renseignements à l’Élysée, il a été ambassadeur à Bagdad, puis à Alger. Erard Corbin de Mangoux, le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DG SE), a moins d’expérience de terrain, mais il apprend vite. Depuis dix-huit mois, il a fait quelques voyages discrets en Afrique du Nord et au Sahel, notamment pour faire libérer plusieurs otages français. Et il a noué un contact privilégié avec quelques hommes d’État, comme le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Quant à la politique économique, elle est suivie par deux membres du cabinet de Christine Lagarde, Christophe Bonnard et Jean-René Cougard, en liaison permanente avec Ambroise Fayolle, le représentant de la France au FMI et à la Banque mondiale. La zone franc, elle, est jalousement gardée par la direction du Trésor, c’est-à-dire par Ramon Fernandez -le fils de l’écrivain Dominique Fernandez -, Rémy Rioux et Thomas Groh, le chef du bureau Afrique subsaharienne à Bercy. Personnages de l’ombre ? Sans doute. Mais avec Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, ce sont eux qui gèrent le compte d’opération de la zone franc et supervisent les activités de l’Agence française de développement, dont le tout nouveau directeur général, Dov Zerah, a été personnellement choisi par. .. Nicolas Sarkozy. Loin des projecteurs, ils exercent le vrai pouvoir.
Source JA
NB : A lire demain, les ‘’ Patrons d’influence ‘’, les ‘’ Fabricants d’image ‘’, les ‘’ passeurs de cultures ‘’ et ‘’ Les chiens de garde ‘’ du nouveau réseau Françafrique.
jeudi 27 mai 2010 par Source JA
Tout sur les nouveaux réseaux France-Afrique
jeudi 27 mai 2010
Alors que le 25e sommet Afrique-France, qui est aussi celui du cinquantenaire des indépendances, se tient à Nice les 31 mai et 1er juin, l’affaire est assez emblématique des mutations de cet étrange serpent de mer qu’est la Françafrique. Chacun sait depuis le 15 mai que la libération de l’universitaire Clotilde Reiss est en partie due à une médiation sénégalaise au sein de laquelle l’avocat Robert Bourgi, aussi talentueux que multicarte et seul héritier du savoir-faire foccartien, a joué un rôle déterminant. Seuls trois hommes étaient au courant du voyage secret en Iran de Me Bourgi et de Karim Wade, à la fin de mars : le père de ce dernier, Abdoulaye Wade, et à Paris Nicolas Sarkozy et son secrétaire général, Claude Guéant, à qui les deux émissaires ont régulièrement rendu compte au téléphone, depuis Téhéran, des progrès de leur mission. Ni Bernard Kouchner, ni Jean-David Levitte, ni même le patron de la DGSE, Erard Corbin de Mangoux, ne savaient quoi que ce soit de ce déplacement feutré. Culte du secret, court-circuitage des filières institutionnelles, casquettes africaines et contacts parallèles activés par un personnage à la réputation (forcément) sulfureuse et qui en joue avec habi1été : la méthode Foccart transposée dans l’Orient compliqué a donc, si l’on peut dire, porté ses fruits. Si la Françafrique incestueuse et patrimoniale est morte, celle des réseaux est, elle, toujours bien vivante. À une différence - de taille près : elle est acéphale. Là où Jacques Foccart, qui consacrait l’essentiel de son temps aux affaires du « pré carré », tirait tous les fils à la manière d’un grand marionnettiste, Claude Guéant, pour qui l’Afrique n’est qu’une préoccupation parmi d’autres, intervient directement ou par intermédiaire interposé que sur certains dossiers sensibles. D’où l’éclatement et la multiplication de réseaux souvent complémentaires (Elysée-business par exemple), reliés entre eux par des passerelles (avocats, juges, médecins), ouvertement rivaux (ONG), transcourants (francs-maçons), etc., mais qui tous fonctionnent en interne avec de vraies solidarités corporatistes et une opacité commune. Autre évolution : les réseaux sont désormais autant afro-français que franco-africains et leur interpénétration réciproque est fréquente. Un Laurent Gbagbo, un Paul Biya, un Denis Sassou N’Guesso, un Ali Bongo Ondimba, pour ne citer qu’eux, ont tous leur réseau d’influence qui emprunte à chacun (ou presque) des réseaux français. Conséquence de cette alchimie complexe, qui tient parfois de la raffinerie : l’apparition de missi dominici dont on distingue mal a priori l’allégeance principale. Il faut ainsi de bons yeux pour hiérarchiser les fidélités dont se réclame aujourd’hui l’incontournable Robert Bourgi : Sarkozy et Guéant en premier lieu, puis Wade, Ali Bongo Ondimba, Ould Abdelaziz, Gbagbo et quelques autres. Il est vrai que, en ce domaine, chacun avance masqué. Le petit « who’s who » que nous publions cette semaine - et d’où sont exclus les ministres pour qui l’Afrique fait en quelque sorte partie du Job, tels Bernard Kouchner et Alain Joyandet - a pour ambition de guider les pas du profane dans le maquis de la néo-Françafrique. Nous avons volontairement omis dans ce vade-mecum les pays du Maghreb, qui relèvent, eux, de réseaux bilatéraux à la fois différents et étanches, sur lesquels nous reviendrons prochainement.
ÉLYSÉE CONNECTION
Aux côtés d’un président qui n’a que peu d’appétence pour les « affaires africaines » et dont la doctrine à ce sujet a évolué, de discours en discours, de manière quelque peu erratique, c’est au secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, que revient la gestion du réseau ou de ce qu’il en reste. Au niveau institutionnel, le conseiller diplomatique Jean-David Levitte et son adjoint chargé du Sud-Sahara (Mauritanie comprise), André Parant lequel bénéficie de l’apport de deux conseillers techniques : Remi Maréchaux et Clément Leclerc -, dépendent directement de lui. Mais Levitte n’ayant jamais manifesté de tropisme africain particulier en dehors de la préparation des voyages et sommets présidentiels, l’omniprésente éminence grise du Château a la main sur le continent. Claude Guéant reçoit volontiers dans son bureau les émissaires des chefs d’État et se déplace pour rencontrer ces derniers dans les grands hôtels ou ils descendent lors de leurs passages à Paris. L’avocat Robert Bourgi lui sert à la fois de conseil, de missi dominici et de poisson-pilote sur des pays comme le Gabon, le Sénégal, la Mauritanie, Madagascar, le Bénin, voire la Côte d’Ivoire ou le Togo. Mais il n’est pas le seul, même si les autres « africains » figurant dans le carnet d’adresses de Guéant jouent un rôle beaucoup plus restreint. Georges Ouegnin, l’ancien directeur du protocole de la présidence ivoirienne, très introduit à Brazzaville et à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), est de ceux-là, tout comme le diplomate, ex-conseiller spécial d’Idriss Déby Itno (et décoré de la légion d’honneur), Abakar Manany, qui a joué un rôle non négligeable dans la reprise des relations entre la France et le Rwanda. Difficile par ailleurs de ne pas citer le nom du député-maire de Levallois-Perret, Patrick Balkany, ami de Nicolas Sarkozy, électron libre quelque peu sulfureux que l’on a vu à l’œuvre à Kinshasa, Bangui et Nouakchott. Autres francs-tireurs : les anciens ministres Charles Millon et Alain Madelin. Proche d’Abdoulaye Wade, ce dernier continue d’entretenir des liens avec l’Afrique par le biais du Fonds de solidarité numérique (accès aux nouvelles technologies), qu’il préside. Côté UMP, le porte parole adjoint (et conseiller de Nicolas Sarkozy), Dominique Paillé, passe parfois des messages entre l’Élysée et Abidjan (ou l’inverse), ainsi que le font, avec Lomé, le député du Rhône, Christophe Guilloteau, membre d’une demi-douzaine de groupes d’amitié franco-africains à l’Assemblée. L’ex-chiraquien Jacques Toubon, à la tête de la « mission du cinquantenaire » et qui occupe, au Quai d’Orsay, les anciens bureaux du secrétariat d’État de Rama Vade, ne s’est jamais éloigné du continent et a trouvé dans son éphémère fonction l’occasion de renforcer ses liens. Enfin, à la périphérie, évoluent une poignée de publicistes tel Laurent Taïeb, dont le périodique L’Essentiel des relations internationales, souvent axé sur l’Afrique et lié à l’UMP, est à disposition dans tous les salons d’attente de l’Élysée. Malin, Taïeb a trouvé dans les cercles d’amateurs de cigares qu’il anime un réseau d’influence original. À portée de main du Château également, le chirurgien dentiste Patrick Gaubert, ancien membre du cabinet de Charles Pasqua, président du Haut Conseil à l’intégration, président d’honneur de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Liera) et ami de vingt-cinq ans de Nicolas Sarkozy. Gaubert, Toubon, ainsi que les députés UMP Jean-Michel Fourgous et Jean François Mancel étaient à Brazzaville en juillet 2009 pour observer le scrutin présidentiel à l’invitation de la Commission nationale congolaise des droits de l’homme, proche du pouvoir. Au grand étonnement du Quai d’Orsay. Mais avec l’accord tacite de Claude Guéant.
LES GRANDS COMMIS
Contrairement aux idées reçues, l’Élysée ne fait pas tout. Exemple : la réconciliation franco-rwandaise. À son arrivée au Quai, en juin 2007, Bernard Kouchner confie ce casse-tête à une task force où figurent sa conseillère Afrique, Charlotte Montel, la trentaine dynamique, sa conseillère juridique, Sylvie Pantz, et un quadra faussement nonchalant, Laurent Contini. Au bout d’un an de remue-méninges, ils trouvent la solution. Si l’un des neuf inculpés rwandais se livre à la justice française, Kigali aura accès au dossier de l’attentat contre Habyarimana et pourra retarder la procédure à loisir. Le coup marche. Les relations diplomatiques sont rétablies et le nouvel ambassadeur de France à Kigali s’appelle Laurent Contini. Pour exister face à l’Élysée, le Quai ne se contente pas de faire des coups. Jour après jour, il laboure le terrain. Chef des labours : Stéphane Gompertz, directeur Afrique et vieux briscard. Tous les matins, il digère les dizaines de TD (télégrammes diplomatiques) que lui envoient ses ambassades et produit des notes de synthèse. Certains TD sont plus lus que d’autres. Notamment ceux des ambassadeurs de poids, comme Bruno Joubert à Rabat, Jean Marc Simon à Abidjan, Jean Didier Roisin à Libreville, Jean Christophe Belliard à Addis-Abeba ou Jean-Marc Châtaigner à Antananarivo. Et bien sûr les TD « littéraires » de l’académicien Jean-Christophe Rufin, qui achève un séjour de trois ans à Dakar. Moins connue, Sylvie Bermann joue un rôle pivot au Quai. C’est elle qui gère les Français de l’ONU et de l’UE, notamment le chef des opérations de maintien de la paix, Alain Leroy, et l’ambassadeur à New York, Gérard Araud. Autre personnage clé aux Affaires étrangères : Georges Serre. L’ancien conseiller Afrique d’Hubert Védrine supervise aujourd’hui l’aide au développement. Tous les jeudis après-midi, il accompagne Montel, Gompertz et Berann à l’Élysée pour assister à la réunion Afrique autour d’André Parant. À la Défense, le chef d’état-major des armées, l’amiral Édouard Guillaud, est l’homme incontournable. Certes, il n’a pas de passé africain, mais cet ancien chef d’état-major particulier de Nicolas Sarkozy a toute la confiance du chef de l’État. À la réunion du jeudi à l’Élysée, il délègue le colonel Jean-Jacques Toutous, un marsouin (troupes de marine) qui a crapahuté sur le continent. Toutous y retrouve le colonel Benoît Houssay, un chasseur alpin affecté au cabinet du ministre de la Défense, Hervé Morin. Autre homme influent, le général Emmanuel Beth. Cet ancien patron de la force Licorne en Côte d’Ivoire supervise toute la coopération militaire (détachement d’instructeurs, accueil d’élèves officiers en France, etc.). Depuis deux ans, depuis le discours de Nicolas Sarkozy au Cap, il faut compter aussi avec les deux grands commis de l’Etat qui renégocient les accords de défense entre la France et ses ex colonies. Côte à côte, François Xavier Deniau et le général Benoît Puga, un diplomate et un officier ... aux états de service longs comme le bras. En 1978, le légionnaire Puga a sauté sur Kolwezi, au Zaïre. Puis, après avoir fait le coup de feu en Centrafrique et au Tchad, il a dirigé le Commandement des opérations spéciales (COS) et la Direction des renseignements militaires (DRM). Aujourd’hui, il est chef d’état-major particulier du président de la République. Bref, c’est le « baroudeur africain » de Nicolas Sarkozy. La lutte contre Al-Qaïda est confiée à Bernard Bajolet. L’homme connaît bien la question du terrorisme. Avant de coordonner les services de renseignements à l’Élysée, il a été ambassadeur à Bagdad, puis à Alger. Erard Corbin de Mangoux, le patron de la Direction générale de la sécurité extérieure (DG SE), a moins d’expérience de terrain, mais il apprend vite. Depuis dix-huit mois, il a fait quelques voyages discrets en Afrique du Nord et au Sahel, notamment pour faire libérer plusieurs otages français. Et il a noué un contact privilégié avec quelques hommes d’État, comme le président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz. Quant à la politique économique, elle est suivie par deux membres du cabinet de Christine Lagarde, Christophe Bonnard et Jean-René Cougard, en liaison permanente avec Ambroise Fayolle, le représentant de la France au FMI et à la Banque mondiale. La zone franc, elle, est jalousement gardée par la direction du Trésor, c’est-à-dire par Ramon Fernandez -le fils de l’écrivain Dominique Fernandez -, Rémy Rioux et Thomas Groh, le chef du bureau Afrique subsaharienne à Bercy. Personnages de l’ombre ? Sans doute. Mais avec Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, ce sont eux qui gèrent le compte d’opération de la zone franc et supervisent les activités de l’Agence française de développement, dont le tout nouveau directeur général, Dov Zerah, a été personnellement choisi par. .. Nicolas Sarkozy. Loin des projecteurs, ils exercent le vrai pouvoir.
Source JA
NB : A lire demain, les ‘’ Patrons d’influence ‘’, les ‘’ Fabricants d’image ‘’, les ‘’ passeurs de cultures ‘’ et ‘’ Les chiens de garde ‘’ du nouveau réseau Françafrique.
jeudi 27 mai 2010 par Source JA
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