lundi 9 novembre 2009

Situation de la liberté d’expression et de la presse en Afrique : Le cri d’alarme des journalistes africains

Zine Cherfaoui El Watan 09-11-09
Situation de la liberté d’expression et de la presse en Afrique : Le cri d’alarme des journalistes africains
lundi 9 novembre 2009


Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a abrité du 4 au 7 novembre les travaux du 3e Festival international de la liberté d’expression et de la presse (Filep). Près de 150 journalistes venus des quatre coins du continent africain ont participé à cet événement, organisé à l’initiative du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), une structure qui regroupe l’Association des journalistes du Burkina, la Société des éditeurs de la presse privée et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture.

Inscrit sous le thème « De Windhoek 1991 à Ouagadougou 2009 : bilan et perspectives de la liberté de la presse », le 3e Filep se fixe pour objectif d’« évaluer la situation des droits humains et de la liberté d’expression et de la presse en Afrique lors de ces dix dernières années ». Le 3e Filep offre également l’opportunité aux professionnels des médias africains de faire notamment le point sur la situation des journalistes emprisonnés et assassinés dans l’exercice de leur profession et de ressortir de leurs réunions avec des résolutions susceptibles de les aider concrètement à faire face aux multiples agressions dont ils font l’objet. Il s’agit aussi pour les participants d’analyser et de porter à la connaissance du public les différentes formes d’atteintes à la liberté de la presse qui existent.

Les témoignages sur les exactions subies par des journalistes représentatifs de toutes les régions du continent évoquent un déchaînement d’une rare violence des gouvernements contre les reporters et les médias indépendants. Leurs interventions, aussi poignantes et émouvantes les unes que les autres, qui ont mis en émoi l’assistance, sont un véritable cri d’alarme tant les dérives autoritaires et sanglantes sont légion dans les pays d’Afrique et risquent de renvoyer toute l’Afrique au moyen-âge. Ces dernières années, les Etats, du nord au sud et de l’est à l’ouest de l’Afrique, semblent s’être passé le mot pour réprimer les journalistes et bâtir une « Afrique des dictatures ». A quelques rares exceptions, tous les dirigeants africains recourent, sans état d’âme, à tous les moyens possibles et imaginables – poursuites judiciaires, chantage, harcèlement, violences physiques et assassinats – pour étouffer l’expression libre et casser les reins aux médias privés qui expriment des positions différentes des leurs.

Les chefs d’état africains, des dictateurs imaginatifs
Pour éviter de ternir leur image en Occident, certains dirigeants recourent, depuis peu, à l’« arme » des amendes pour régler leurs comptes avec les journalistes et fragiliser financièrement les médias trop récalcitrants. C’est ainsi que des dizaines de journaux et de radios privés ont dû mettre la clef sous le paillasson ou déclarer faillite en Afrique à force de subir des redressements fiscaux à répétition et de payer de lourdes amendes infligées lors de procès en diffamation qui leur sont intentés par les pouvoirs publics. L’un des principaux organisateurs du Filep 2009, Cheriff M. Sy, a révélé dans un discours prononcé à l’ouverture du Festival que 144 journalistes africains ont été assassinés sur le continent en à peine 18 ans. A ce triste et inadmissible bilan, il y a lieu de rappeler que des dizaines de journalistes sont emprisonnés un peu partout en Afrique. Depuis quelque temps, c’est l’Erythrée qui détient la triste palme du pays le plus liberticide du continent. Et du monde probablement aussi.

Trente journalistes croupissent actuellement dans les geôles du régime dirigé d’une main de fer par le président Issayas Afeworki. Un représentant de la presse érythréenne, réfugié depuis quelques mois au Soudan, a expliqué qu’« il n’existe aucune marge de manœuvre pour la presse » dans son pays. Il a également confirmé « la poursuite des arrestations arbitraires de journalistes et de militants des droits de l’homme ». L’autre bourreau de la presse en Afrique est incontestablement la Gambie Ce pays d’Afrique de l’Ouest s’est transformé en quelques années en un Etat de non-droit où la vie d’un journaliste ne vaut même pas un franc CFA. La preuve : il n’y a pas longtemps, la présidente du syndicat local de la presse, le GPU, Ndey Tapha Sossey, a dû fuir la Gambie pour échapper à la mort et au lynchage. Malgré les risques qu’elle encourt, la très courageuse Ndey Tapha Sossey a soutenu avec force qu’elle ne renoncera pas à son travail de journaliste et qu’elle continuera à se battre jusqu’à ce que la situation change dans son pays. Le Rwanda, qui a donné des leçons à toutes l’Afrique grâce à sa volonté farouche de transcender son drame interne, de renouer avec la paix et le développement, commence aussi à « filer du mauvais coton ». « Les espaces de liberté commencent à rétrécir comme peau de chagrin », soutient le reporter C. Jean, qui travaille pour le compte d’un hebdomadaire privé qui sort dans l’une des langues locales.

L’Afrique, un continent qui recule !
Le constat désastreux concernant la situation de la liberté de la presse en Afrique fait par les participants au 3e Filep, dont les travaux ont été ouverts par le président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, est d’autant plus inquiétant qu’il révèle aussi une importante régression des libertés dans les pays qui s’étaient engagés, dans les années 1980 et 1990, dans des processus de démocratisation. Et c’est ce qui a fait sans doute le plus de mal aux journalistes présents à Ouagadougou : l’Afrique, au lieu d’avancer, recule ! A présent au Sénégal, un pays que l’on désignait comme un exemple en matière de démocratie il y a peu encore, des rédactions sont saccagées et brûlées. Présente à Ouagadougou, Henriette Niang Kandé, directrice exécutive du journal Sud Quotidien, était apparue encore hier profondément traumatisée par les attaques qui ont ciblé sa publication.

La situation est devenue inquiétante aussi au Maroc, un pays où les journalistes avaient, par le passé, une réelle marge de manœuvre. Les poursuites judiciaires intentées à plusieurs de nos confrères marocains et la censure des journaux étrangers ces derniers mois par les services du roi Mohammed VI augurent des jours extrêmement difficiles pour la presse et les libertés en général dans ce pays. Les procès en série intentés à des directeurs de presse et à certains journalistes montrent que la situation est également précaire en Algérie. Les « tentations autoritaires de certains responsables locaux » et des « velléités de retour en arrière » s’expriment, y compris dans des pays supposés gagnés par la liberté comme le Mali. Pour les participants au 3e Filep, « tous ces faits prouvent que la liberté d’expression et de la presse ne sont pas irréversibles et qu’il importe de se battre en rangs serrés constamment pour la protéger ».

Au Maghreb, si le régime tunisien est connu de tous pour son extrême hostilité à l’égard de la presse libre et sa brutalité sans limites à l’encontre des journalistes indépendants, il reste que durant les mois d’octobre et novembre, lors notamment de l’élection présidentielle tunisienne, la police politique du président Ben Ali a redoublé de férocité. L’escalade et la répression policière ont débouché sur l’arrestation et l’incarcération de Taoufik Ben Brik et le harcèlement de Lotfi Hadji (correspondant d’Al Jazeera), de Zeid El Heni (rédacteur en chef et membre du Syndicat tunisien des journalistes) et de Radhia Nasraoui (avocate et militante des droits de l’homme).

Par Zine Cherfaoui

dimanche 8 novembre 2009

Niger/Tazarche : la fin des illusions !!!!!!!!

Tazarche : la fin des illusions
Politique
Jeudi, 05 Novembre 2009 08:41
Finalement, la chose tant redoutée pour le Niger est arrivée, c’est-à-dire la réaction énergique de la Communauté Internationale face au refus obstiné des autorités nigériennes de revenir au cadre constitutionnel normal. Alors que la plupart de nos concitoyens commençaient à désespérer en voyant le peu d’intérêt que la Communauté Internationale semblait réserver à la question nigérienne, et face à la détermination du Président Tandja de parachever la démolition de la démocratie entamée sous la Cinquième république et consommée à l’orée de la Sixième république, la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), lors de son dernier Sommet à Abuja, s’était résolument penchée sur la situation des différents foyers de tension de son espace, notamment la Guinée du sanguinaire Moussa Dadis Camara et le Niger de Tandja Mamadou. Revenons un peu sur les péripéties qui avaient présidé à la prise de cette importante décision qui suspendait le Niger de toutes les instances de la CEDEAO, en attendant, si la situation n’évoluait pas, des sanctions plus contraignantes.

Du respect du Protocole Additionnel de la CEDEAO

Il faut dire que lorsque la CEDEAO était passée du stade de voeux pieux à une véritable intégration régionale avec la création et la mise en place d’institutions communautaires comme le Parlement de la CEDEAO, il était également apparu nécessaire d’édicter des règles et principes consensuels autour de la démocratie et de la bonne gouvernance dans cet espace qui ambitionnait de se tourner vers l’avenir qui passait inéluctablement par la promotion et le renforcement du cadre démocratique dans les pays membres. En effet, après des débuts laborieux, la démocratie semblait s’enraciner dans la plupart des Etats membres de la CEDEAO (Bénin, Mali, Ghana, Sénégal, Nigeria, Niger), et il fallait alors encourager ce processus de normalisation démocratique en créant toutes les conditions au niveau des Etats-acteurs. C’est dans cet esprit que le Protocole Additionnel de la CEDEAO sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance vit le jour à Cotonou au début des années 2000, sous la Présidence d’un certain … Tandja Mamadou, qui était loin de penser, à l’époque, qu’il venait de mettre un grain de sable dans son ‘’attiéké’’ et poisson braisé, comme disent les compatriotes de Guillaume Soro ! Tous les Etats membres avaient ratifié ce Protocole et s’étaient engagés à le respecter et à le faire respecter. Par deux années successives le Président Tandja avait assuré la Présidence de la CEDEAO pour la vulgarisation et la promotion de ce Protocole Additionnel auprès de ses pairs. Il était tellement engagé dans cette voie que ses pairs de la CEDEAO avaient jugé utile de le désigner comme médiateur attitré dans certains conflits en cours dans des pays de l’espace régional, notamment le Togo et la Côte d’Ivoire.

En fait, que prévoyait, essentiellement, le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance ? Substantiellement, ce Protocole portait sur le respect par les acteurs politiques d’un pays d’un minimum de règles élémentaires ayant trait à la conquête et l’exercice du pouvoir. Il s’agissait, principalement, des Constitutions et des Codes électoraux qui ne devaient point être modifiés, selon ce Protocole, six mois avant la tenue d’un scrutin quelconque, à moins que cela n’ait fait l’objet d’un consensus général de la part de tous les acteurs concernés. En cas de violation de ce Protocole par un Etat signataire, des sanctions avaient été prévues contre cet Etat, sanctions allant jusqu’à de la fermeture de toutes les frontières de l’espace CEDEAO, à l’interdiction de voyager dans l’espace CEDEAO et au gel des avoirs des autorités civiles et militaires du pays sanctionné. Dès sa mise en vigueur, le Protocole connut quelques couacs avec les tentatives de Mathieu Kérékou et de O. Obasanjo qui voulaient modifier les Constitutions de leur pays respectif afin de briguer un troisième mandat en violation du verrou limitatif inscrit dans chacune des deux Constitutions. Le premier y renonça devant la levée de boucliers de ses concitoyens avec le célèbre slogan ‘’Touche pas à ma Constitution’’, tandis que le second vit sa tentative repoussée par le Sénat nigérian. Avec ces deux tentatives avortées, on avait pensé que le Protocole avait encore de beaux jours devant lui pour dissuader les candidats à des présidences à vie, mais avaiton très vite crié victoire que surgit au Niger le phénomène tazarché de Tandja Mamadou.

Du tazarché au … Protocole
L’année 2009 fut incontestablement celle de la mise à l’épreuve des convictions démocratiques du Président Tandja, qui, après avoir prêché la bonne parole dans l’espace CEDEAO, devait donner l’exemple, c’est-à-dire créer les conditions d’une alternance pacifique au pouvoir dans son pays en organisant des élections générales pour passer le témoin à un autre Nigérien tout aussi démocratiquement élu que lui. Mais voila qu’entre la parole et les actes, il y a bien un fossé, une distance comme celle qui sépare la terre du ciel, distance à l’intérieur de laquelle le Président Tandja ratera son rendez- vous avec l’histoire, la grande histoire ! Il le fit, non pas dans le souci d’une quelconque grandeur qu’il aurait eue d’ailleurs en quittant humblement le pouvoir avant que le pouvoir ne le quitte, mais il le fit uniquement pour assouvir une soif inextinguible du pouvoir pour le pouvoir ; il le fit également pour des considérations bassement subjectivistes d’un ego surdimensionné infantilisant tous les Nigériens ; il le fit enfin, pour sauver le clan, la famille. Pour cela, il était prêt à renier son double serment coranique qui l’engageait à partir le 22 décembre 2009 après des élections libres et transparentes ; Il était prêt à renier la grandeur de la servitude militaire faite d+’honneur et de sacrifice, lui qui aimait toujours se référer à son passé militaire ; il était enfin prêt à renier les vertus de la sagesse que confère le grand âge (71 ans) pour un homme arrivé au crépuscule de son existence et qui devait plutôt faire le bilan de sa vie au lieu de s’engager dans une nouvelle aventure, somme toute vouée à l’échec cuisant, à brève ou longue échéance !

Les forces républicaines et démocratiques avaient utilisé tous les recours légaux et constitutionnels pour l’amener au respect de la Constitution. Elles l’avaient même ménagé en lui offrant toutes les possibilités de sortir honorablement de ce triste engrenage. Mais c’était sans compter avec le fait que Tandja et ses affidés jouaient hors-jeu, à l’image de beaucoup de dirigeants africains que les spécialistes de la science politique appellent des chefs néo-patrimoniaux. ‘’Peu soucieux de la paix et de la sécurité de leurs concitoyens, les chefs néo-patrimoniaux préfèrent la stratégie de la terre brûlée. N’ayant pas la vision des hommes d’Etat et aveuglés par le pouvoir et ses fastes, ils ne se soucient point de la façon dont l’histoire les jugera. De ce fait, ils n’hésitent pas à plonger leurs pays dans des calamités monstrueuses. C’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de dirigeants africains ont, le plus souvent, leur nom gravé au panthéon de l’infamie que dans les temples de la gloire’’, prévenait déjà notre compatriote et brillantissime contributeur Mamoudou Gazibo, Professeur agrégé de science politique à l’Université de Montréal, en juillet 2009.Plus loin, dans cette même analyse, Mamoudou Gazibo diagnostiquait que ‘’ l’histoire récente nous montre que pour ce genre de dirigeants, l’Etat est un patrimoine privé qu’ils ne conçoivent céder à personne d’autre. Ils s’auto-convainquent d’être indispensables, opportunément aidés en cela par des spécialistes en flagornerie qui redoublent d’autant plus d’ardeur que, parvenus au sommet par hasard, ils ne peuvent rien espérer par leur mérite personnel. Les chefs néo-patrimoniaux se plaisent à confondre leur sort individuel avec le sort de leur pays et de ce fait, ils ne quittent le pouvoir que si on les accule méthodiquement. Ils promettent chantiers et paradis, mais n’apportent que misère et servitude comme on l’a déjà vu avec Bokassa, Mobutu au Zaïre ou Omar Bongo au Gabon’’.

Ainsi, jamais, l’histoire contemporaine africaine n’avait produit auparavant une telle situation, où, de désaveux en désaveux, de censures juridictionnelles en censures juridictionnelles, un Président élu démocratiquement s’était obstiné à démolir littéralement les règles du jeu pendant le jeu pour s’aménager un bail à vie au pouvoir. Une obstination extraordinaire de la part d’un homme venu au pouvoir par les urnes, à vouloir saper, démolir totalement les fondements démocratiques de l’Etat du Niger. Dans la gymnastique pour défendre le coup d’Etat civil, paradoxalement, il avait eu toujours recours à la même Constitution du 09 août 99. C’est assez curieux comme démarche, mais elle est caractéristique de tous les projets frauduleux de ce genre : invoquer une disposition pour mieux la violer ! Cela s’appelle de l’imposture tout simplement. D’ailleurs, l’imposture du Président Tandja sera observée même dans ce qu’on a appelé la Sixième République avec le fameux Décret qui conférait d’importants pouvoirs au Premier Ministre, y compris la conduite des fameux chantiers qui constituait l’essence même du projet tazarché, et qui nous ramène, de facto, paradoxalement, à la Cinquième République ! Les automobilistes appellent cela, rétrograder en cas d’excès de vitesse, monsieur le Président ! Au-delà même de cet aspect de duperie juridique d’un projet personnel et illégal, il faut noter que toutes les questions politiques nationales avaient été gérées au gré de la volonté du Président Tandja dans l’unique dessein de créer les conditions frauduleuses de son maintient au pouvoir. Remarquez aujourd’hui, comment il avait géré au départ l’épineux problème de la rébellion (le MNJ). Souvenez-vous de toute la radicalité et de toute l’intransigeance dont il avait fait montre dans le traitement de ce dossier, intransigeance dont on avait l’indicible impression qu’elle ne tenait, en vérité, qu’à un seul et unique objectif : faire perdurer le conflit armé pour que cela constitue un obstacle à l’organisation des élections générales dans tout le pays. A partir de l’instant où il avait annoncé son projet tazarché et qu’il l’avait décrété irréversible, il s’était immédiatement attelé à faire la paix avec ceux qu’il appelait rageusement ‘’bandits armés et trafiquants de drogue’’. Aujourd’hui, il s’assoie au salon avec ‘’les bandits et les trafiquants de drogue’’ avant de les amnistier, n’est-ce pas Nouhou Arzika qui avait fait un point d’honneur que tous ‘’les assassins du MNJ seraient traduits devant la justice pour répondre de leurs crimes’’ ! Voilà comment le Président Tandja en prédicateur peu convaincu de l’évangile démocratique dans l’espace CEDEAO s’était retrouvé pris dans son propre piège en voulant à tous prix transformer un régime démocratique en une monarchie dynastique, qui substituerait ‘’Son Excellence’’ par ‘’Sa Majesté Tandja 1er’’, les citoyens en sujets !

Quand les appels à la raison sont méprisés !
Lorsque le Président Tandja avait officiellement formulé son voeu de rester au pouvoir au-delà de son second et dernier mandat, plusieurs appels à la retenue et à la raison lui avaient été adressés de la part de la Communauté Internationale pour l’amener au respect des règles constitutionnelles du Niger. Souvenez-vous des missions d’information diligentées par la CEDEAO auprès des autorités nigériennes ; souvenez- vous de la tenue d’une session du Conseil des Sages de la CEDEAO à Niamey qui avait même été boycottée par les médias publics à cause de la teneur anti-tazarché de son message ; souvenez-vous encore de la visite des émissaires de la CEDEAO en prélude au Sommet de cette organisation et qui avaient rencontré toutes les parties prenantes afin d’établir un rapport final sur l’absence de consensus national autour du tazarché ; souvenez-vous aussi des mises en garde de l’Union Européenne, des USA, du Canada, du gouvernement Danois, de l’UA, de l’ONU pour tenter de dissuader Niamey de plonger dans une crise politique et institutionnelle. Malheureusement pour le Niger, tous ces appels à la raison et à la retenue avaient été royalement méprisés par le pouvoir de Niamey au nom d’une prétendue souveraineté nationale de pacotille du dernier pays de la planète Terre ! Avec la tenue du référendum du 04 août 2009, les démocrates nigériens n’avaient guère baissé la garde et avaient même amplifié la lutte dans une atmosphère de répression sauvage. C’est dans ces conditions que la CEDEAO, dans le sillage des massacres au Stade du 28 septembre par le satrape de Conakry, Dadis Camara, dépêcha la Présidente Libérienne Hélène Johnson Sirleaf et l’ancien Chef d’Etat du Nigeria, le Général Abubacar Abdullsalami, pour se rendre à Niamey, porteurs d’une recommandation de l’organisation régionale demandant aux autorités nigériennes de surseoir à l’organisation des législatives du 20 octobre 2009. Pratiquement éconduits, ces hauts émissaires quittèrent bredouille, emportant avec eux la dernière chance pour le Niger de s’en sortir. En toutes autres circonstances, les Nigériens auraient sans doute applaudi la témérité, la pugnacité du Président Tandja de ne point reculer devant des injonctions extérieures s’il ne s’était agi d’une question aussi gravissime portant sur la stabilité politique et institutionnelle du Niger pour l’enracinement de laquelle d’innombrables sacrifices ont été consentis par nos concitoyens.

A présent, c’était sans surprise que la réunion des Chefs d’Etat de la CEDEAO, où d’ailleurs le Niger avait brillé par son absence, avait pris la lourde sanction de suspendre le Niger de toutes les instances de la Communauté, en attendant les fruits de la médiation : aujourd’hui, la CEDEAO ne reconnaît ni le référendum du 04 août, encore moins les législatives du 20 octobre ! Chose très grave, et surtout blessant, le Niger a été mis dans le même panier que la Guinée de Dadis Camara au niveau des sanctions ! C’est également sans surprise que l’Union Africaine, lors de la réunion de son Conseil de Paix a reconduit les mêmes sanctions prononcées par la CEDEAO contre le Niger. Bientôt, et on n’ose à peine le croire, l’UE gèlera sa coopération économique et financière avec le Niger ! Niamey a un mois pour renouer le dialogue avec l’opposition afin de parvenir à une solution définitive, n’en déplaise aux Nouhou. Or, visiblement, les autorités de Niamey, conseillées par les idéologues de la haine, ne semblent point enclines à ouvrir un quelconque dialogue avec la CFDR. En témoignent les manifestations stupides organisées à l’intérieur du pays pour vitupérer la CEDEAO et les mandats d’arrêt internationaux lancés contre les ténors de l’opposition. Voila la réponse, très réductrice, des idéologues de la haine et de l’apologie du crime (n’est-ce pas Djibril Abarchi), qu’ils entendent apporter aux exigences de la Communauté Internationale. Il faut, en définitive, plaindre ce Niger qui en est aujourd’hui réduit à des imbécillités pour se construire une réputation de pays voyou, infréquentable ! Est-celà, ‘’la refondation’’, ce container de haine, de bêtises, d’immondices déversés sur le chemin de la respectabilité, de l’honneur, du patriotisme que tous les bons hommes d’Etat souhaitent pour leur nation ? Enfin de compte, ne peut-on pas conclure qu’à la lumière de ce qui se passe aujourd’hui, ‘’la refondation’’ n’est rien d’autre qu’une prime à la haine pour tous les névrosés que la démocratie a recalés et/ou frustrés ? Ce sera l’objet d’une autre dissertation, un jour.

Un adage français ne dit-il pas, ‘’quand le vin est tiré, il faut le boire’’ même s’il est amère, ajoute le Président du groupusculaire MPN Matassa ? Chez nous aussi, un célèbre griot dans ses récits épiques, affirmait ceci : ‘’Lorsqu’un individu affirme, péremptoirement, qu’il s’en fout de tout le monde, oublie-t-il que, cette assertion a une symétrie : tout le monde s’en fout de vous’’ ! Que ceux qui font ces criailleries contre la Communauté Internationale soient conséquents avec eux-mêmes : nous sommes souverains, on s’en fout de tout le monde … même de la coopération économique internationale ! Normal, me diriez-vous, pour un pays qui s’apprête à devenir ‘’le Koweït ou le Dubaï de l’Afrique de l’Ouest’’, inji* Ben Omar !

Conséquences immédiates du tazarché Lorsque la CEDEAO avait pris la lourde décision de sanctionner le Niger, dès le lendemain, la Ministre des Affaires Etrangères Aïchatou Mindaoudou, s’était empressée de convoquer un point de presse pour, soi-disant, rassurer les Nigériens sur les implications réelles des mesures prises contre le Niger. Elle avait raison de dire que les frontières ne seraient pas (encore) fermées pour ses compatriotes, que la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO ne serait point affectée, que le Niger demeurerait toujours membre de la CEDEAO, et bla-bla… Mais au fonds, Mindaoudou mentait. Elle avait menti par omission. En effet, lorsque la CEDEAO dit ne pas reconnaître le référendum du 04 août 2009 et les législatives du 20 octobre, la déduction à en faire est toute simple : la CEDEAO ne reconnaît pas la Sixième république, donc c’est la Constitution du 09 août qui demeure en vigueur. Conséquence immédiate : c’est qu’à partir du 22 décembre 2009 à minuit, pour la CEDEAO, le Président Tandja n’a plus aucune légitimité, ni aucune légalité ! Que va-t-il se passer alors si le Président Tandja, pour la CEDEAO et l’ensemble de la Communauté Internationale ne pourra plus être considéré comme le Président légitime et légal du Niger ? Au regard du droit, à partir du 22 décembre donc, le Président Tandja sera considéré comme un usurpateur, un homme qui se maintiendra au pouvoir par la force et contre la volonté de son peuple. Toujours au regard du droit, à l’expiration de son second et dernier mandat, si des élections ne sont pas organisées, une vacance du pouvoir sera constatée. Alors, pour résoudre le problème, il faudra recourir à l’Article 42 de la Constitution du 09 août 99 qui dispose que la Présidence de la République par intérim sera confiée à la Président de la Cour Constitutionnelle de Mme Fatouma Bazaï, puisqu’en droit, celle-ci n’est nullement dissoute ; des élections devront être organisées dans les délais prévus par la Loi Fondamentale dans 45 jours au moins et 90 jours au plus. Voila ce que Mindaoudou n’avait pas pu dire, mais qu’il fallait comprendre pourtant.

*Inji : signifie selon Ayouba Karimou et Zak

Hama AG Sid Ahmed. Porte-parole de l’Alliance démocratique pour le changement au Mali « Ag Bahanga respecte l’Accord d’Alger »


Salima Tlemçani El Watan 08-11-09
dimanche 8 novembre 2009

Arrivé à Alger en compagnie d’une délégation, Hama Ag Sid Ahmed, porte-parole de l’Alliance démocratique pour le changement au Mali, appelle l’Algérie à faire pression sur le Mali pour qu’il concrétise l’Accord d’Alger. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il affirme que la situation au nord de son pays est explosive.

- Un forum intercommunautaire de la région du nord du Mali a eu lieu à Kidal, cette fin de semaine, au cours de laquelle votre mouvement a lancé un appel au dialogue. Qu’en est-il au juste ? Ce forum, appuyé par Bamako, a réuni les notables touareg des régions de Kidal, Tombouctou et Gao, du 30 octobre au 2 novembre, au stade municipal de Kidal. C’était l’occasion pour la population locale de sceller l’unité et pour nous de réitérer notre attachement au dialogue. C’est ce qui ressort d’ailleurs de la lettre signée par le chef du mouvement Ag Bahanga et lue par un de ses proches collaborateurs. Il était question aussi de mettre Bamako devant ses responsabilités et de prendre à témoin l’Algérie et la Libye. Dans ce cadre, un groupe de contact a été désigné pour faciliter les voies du dialogue avec l’Etat dans le but de créer un climat d’apaisement nécessaire à la reprise des pourparlers et à l’instauration de la paix. A ce titre, une délégation du mouvement, dont je fais partie, est en Algérie pour impliquer les autorités dans les efforts de réactivation de l’accord d’Alger.

- Plus de trois ans après la signature de cet accord, moins d’une année depuis la reprise des armes par quelques factions de votre mouvement, où en est la situation au nord du Mali ?
L’accord d’Alger signé en juillet 2006 pour réinstaurer la paix reste toujours inappliqué en dépit de nos multiples efforts et volonté affichée, à travers le dépôt des armes, la libération des prisonniers, etc. L’Etat malien n’a pas respecté ses engagements. La situation est catastrophique. Nous sommes revenus à la situation qui a prévalu en 2007, et qui était à l’origine de l’explosion.

- Les autorités maliennes récusent et accusent votre mouvement de ne pas avoir joué le jeu…
J’ai pris part aux négociations ayant abouti à cet accord, et j’en suis même l’un des auteurs, donc je peux vous prouver le contraire. Ce dernier (accord) a prévu un comité de suivi du groupe technique de sécurité, pourtant le ministre de l’Administration locale, M. Koufougouna, a remis en cause son fonctionnement et sa composante bien après. Ce comité était chargé de suivre l’évolution de la situation sur le terrain, établir la liste des Touareg à réinsérer, l’intégration de quelque 200 éléments dans les unités spéciales de sécurité, qui n’ont jamais été mises en place par les autorités maliennes. Du côté des Touareg, il y a eu deux opérations de dépôt d’armes, entre 2007 et 2009, qui se voulaient beaucoup plus un acte de bonne volonté pour le respect des engagements. Pour nous, l’Etat malien n’a rien fait pour concrétiser l’Accord d’Alger. Il n’a même pas appliqué les points jugés prioritaires, comme ceux liés à la réinsertion ou la mise en place des unités de sécurité, pour faire face à la situation d’insécurité qui menace toute la région. C’est dans cet esprit que nous interpellons l’Algérie, en tant que médiateur, afin qu’elle agisse auprès de Bamako, pour que les autorités respectent leurs engagements…

- Vous tenez à l’Accord d’Alger, même après que le chef de l’Alliance, Ag Bahanga, l’ait remis en cause ?
Ag Bahanga a toujours dit qu’il n’est jamais sorti du processus de paix. Il a fait un recul pour mieux avancer. Il n’a pas cessé de répéter qu’il respecte la paix, tant que Bamako la respecte. Nous n’avons pas abandonné nos engagements. Tous les rebondissements qu’a connus la région étaient plutôt des sonneries d’alarme que nous avions actionnées pour alerter sur le refus de Bamako de concrétiser ses engagements. Il y a eu des officiers du mouvement qui ont repris les armes et même quitté la région, en laissant une partie de leurs compagnons sur place … Ces officiers sont revenus à Kidal et sont dans la même situation que leurs compagnons. Ils ne sont pas contre l’accord d’Alger. Il y a eu juste ceux qui ont déposé les armes parce qu’ils ont cru et ceux qui se sont sentis désabusés et ont préféré les garder. Les deux veulent cependant construire la paix dans la région. Aujourd’hui, nous appelons à ce que l’accord soit respecté. Les six mois d’absence ne sont en fait qu’une pause, durant laquelle nous avons interpellé le gouvernement malien, et entrepris quelques contacts pour lui rappeler ses engagements, en vain. En fait, nous sommes convaincus aujourd’hui que le régime malien a signé dans la précipitation, parce qu’il était à la veille des élections législatives. Nous nous sommes rendu compte qu’en réalité, il n’a jamais voulu cet accord. Raison pour laquelle il y a eu la riposte. Il est vraiment urgent de mettre en place les comités de suivi. Pour nous, il y a une situation sécuritaire très inquiétante qui appelle à une réaction rapide. Notre région aurait pu être une zone tampon contre le terrorisme salafiste, mais également contre les trafiquants en tout genre, grâce aux unités spéciales de sécurité dont feraient partie les Touareg. Ces unités sont pour nous une priorité, parce que sans sécurité il ne peut y avoir de développement.

- Pour vous, est-ce que cette situation est due à l’absence de volonté politique ou au manque de moyens financiers ? Nous ne pensons pas que ce soit un problème de fonds, mais plutôt de manque de volonté à régler équitablement et définitivement la crise. Preuve en est le forum organisé en mars 2007 par l’Etat malien à Kidal, sans l’aval du mouvement et sans sa participation. Nous avions à l’époque interpellé les bailleurs de fonds du Mali, comme l’Union européenne, mais aussi l’Algérie en tant que médiateur, pour qu’ils fassent pression sur Bamako en l’obligeant à faire participer les Touareg, ou plutôt assister à ce forum, puisque c’était à trois jours de sa tenue. Ils y ont assisté sans aucune préparation. Bamako a les moyens et les outils pour faire aboutir l’accord d’Alger, mais tout a été fait pour ne pas le concrétiser sur le terrain. Savez-vous que pendant les six mois qui ont suivi cet accord, personne, au nord, ne pouvait en parler de peur d’être arrêté ? Les gens étaient terrorisés. Nous avons interpellé les bailleurs de fonds du Mali et l’Algérie sur cette situation, et en réponse, l’armée a commencé à occuper les points d’eau, de passage et les lieux stratégiques. Ce qui a poussé une partie des Touareg à reprendre les armes.

- Est-ce la raison qui explique la reprise des armes, en 2009 ? Reprendre les armes est la pire des choses que nous puissions faire. Mais c’était inévitable. Il n’y a jamais eu de riposte en dehors de celle qui avait pour objectif d’amener au respect de l’accord d’Alger. L’Etat dit qu’il a appliqué plusieurs points de cet accord, mais le ministre de l’Administration territoriale, M. Koufougouna, vient, le 30 août 2009, de remettre en cause la mise en place des comités de sécurité sans même pas prendre la peine d’en faire part aux Touareg. La Libye vient d’organiser une cérémonie de dépôt des armes par les rebelles du Mouvement de nigérien pour la justice (MNJ) à laquelle des officiels maliens et Ag Bahanga ont pris part.

- Est-ce que cet accord concerne aussi votre mouvement, et que pensez- vous de l’implication de la Libye dans ce conflit ? En fait, il n’y a pas eu d’accord, mais une situation créée par l’Etat nigérien par l’intermédiaire de la Libye pour d’abord faire déposer les armes, puis discuter de la suite. Ce qui n’était pas le cas pour le nord du Mali, où il y a un cadre légal, l’accord qui fait obligation aux parties de respecter les engagements des uns et des autres. Si Koufougouna ne l’avait pas violé, la crise aurait été définitivement résolue depuis déjà trois ans. Nous ne sommes pas contre des initiatives comme celle de la Libye. Si quelqu’un peut contribuer à la restauration de la paix il est le bienvenu, pour peu que ses intentions soient sincères. La Libye est un partenaire important pour le développement de cette région. Sa contribution peut aider au développement du nord du Niger.

-Est-ce que la participation de Ag Bahanga à cette cérémonie implique l’Alliance ? Bahanga était en Libye depuis six mois déjà avant la cérémonie du 6 octobre 2009. Il était invité à titre individuel par El Gueddafi, mais aussi par les dirigeants du MNJ et cela n’engageait en rien son mouvement parce que le dépôt des armes ne concernait que les Touareg du Niger et non pas ceux du Mali.

- Mais des officiels maliens ont annoncé que certains de vos compagnons avaient déposé les armes en Libye, au même titre que le MNJ... Ce sont de fausses informations, ou plutôt de l’intox. Le dépôt des armes ne concerne que le Niger, où la Libye s’implique beaucoup pour y ramener la paix. D’ailleurs, c’est El Gueddafi et Tandja (le président du Niger) qui se sont entendus pour créer les conditions de la résolution de la crise, à travers d’abord le dépôt des armes, en attendant un accord-cadre qui n’a pas encore été négocié. Pour l’instant, il n’y a eu que la reddition des Touareg et l’amnistie de la part de Niamey. Nous attendons la suite, que nous espérons sincère.

- Pensez-vous que cette initiative mettra fin à la rébellion au nord du Niger ? En fait, il est un peu précoce pour parler de réussite ou non. Cela dépend de la sincérité de Niamey, d’autant que les tractations sous l’égide de la Libye ont eu lieu au moment où Tandja était isolé et, de ce fait, il avait besoin d’alliés internes pour éviter que la situation lui échappe. Si nous comparons les situations au Mali et au Niger, de loin elles apparaissent semblables mais sur le terrain, il y a une grande différence. D’abord parce que contrairement à Niamey, Bamako est moins disponible à résoudre la crise du Nord. Le régime fait dans la gesticulation, mais sur le terrain, il est plus radical. Pourtant, il avait plus de chance de réussir que le Niger du fait du cadre légal, qui est l’accord d’Alger, contraint les parties à respecter leurs obligations. Ce qui n’est pas le cas pour le nord du Niger, où Tandja était obligé de solliciter la Libye pour chercher des amis au nord de son pays et en faire des alliés au moment où il s’est senti très fragilisé avec son isolement sur le plan international et interne à la veille des élections. Son voisin, Amadou Toumani Touré (ATT), avait une situation moins difficile : il suffisait juste d’un peu de sincérité pour clore définitivement le dossier des Touareg en honorant les engagements de l’accord qu’il a paraphé. Nous avons constaté que ATT était plus sincère quand il avait la casquette de facilitateur. Il avait de plus larges prérogatives au point d’être sollicité pour résoudre de nombreuses crises en dehors du Mali, comme au Centrafrique par exemple. Aujourd’hui, nous avons du mal à comprendre pourquoi il s’est montré incapable d’éteindre la petite étincelle qui risque d’enflammer le nord de son pays.

- Est-ce lui qui bloque la réussite de l’accord ou son entourage, qu’on dit trop lié aux milieux mafieux de la contrebande ?

Il semblerait que ce soit son entourage qui ne lui donne pas les bons conseils. Cependant, étant le chef suprême de l’Etat, il en assume l’entière responsabilité.

- Ne pensez-vous pas que cette stabilité tant espérée n’arrange pas les intérêts de ceux qui convoitent et exploitent les richesses de la région ? Nous sommes conscients de cette vérité incontestable. C’est pour cette raison que nous ne cesserons jamais de réclamer la concrétisation de l’accord d’Alger, qui va permettre une meilleure redistribution des richesses à travers un développement durable dans la région. Si Tandja arrive à faire sortir le nord de la paupérisation sans faire appel aux multinationales, mais uniquement en se réconciliant avec les Toaureg, c’est tant mieux. Parce qu’il est important de rappeler que les populations du nord du Mali et celles du nord du Niger, ne se battent pas pour l’uranium mais pour le développement de leurs régions respectives.

- Vous voulez dire que du côté malien c’est vraiment le statu quo ? Disons que c’est le calme des deux côtés. Néanmoins, il y a une importante initiative qui se profile à l’horizon….

- Pouvons-nous en savoir plus ? Nous avons interpellé l’Algérie, en tant que pays médiateur pour qu’elle fasse pression sur Bamako, et pousser à rouvrir le dialogue. La situation a atteint un seuil critique, ce qui a poussé à la reprise des armes par certains en février 2009, et par d’autres en juillet de la même année. C’est la désolation totale. Nous pensons qu’il faut créer les conditions de paix, et l’Algérie est disposée à le faire, de part son statut de co-signataire de l’accord d’Alger. Elle doit faire tout pour que les autorités maliennes respectent leurs engagements. Nous avons aussi interpellé les partenaires techniques afin que eux aussi s’impliquent dans le retour à la paix. Le forum intercommunautaire de Kidal a été une occasion pour les Touareg de réitérer leur attachement à l’unité et à la paix.

- Pourquoi les terroristes salafistes ont-ils pu s’installer dans cette région et non pas au nord du Niger ?
Les salafistes se sont installés dans cette région parce qu’ils ont des connexions importantes. Il faut savoir que dans cette zone ne s’installe qui veut. On sait qui est qui. Nous avons du mal à imaginer un Etat qui exclu les Touareg de toute discussion autour de l’ avenir de leur région, puisse engager un dialogue avec les terroristes salafistes, pour mettre à feu cette même région. C’est un jeu dangereux que nous ne comprenons pas.

- N’y a-t-il pas justement des connexions avec certains dirigeants pour des intérêts purement pécuniaires ?
Au départ, l’idée était de salir l’image des Touareg avec l’intensification des mouvements terroristes dans la région. Mais, tout le monde a vu que les Touareg ont de tout temps combattu les salafistes. Nous avons même tué certains de leurs cadres dans des opérations. Ils ont par la suite, tiré profit de cette politique de passivité en créant leurs propres réseaux de soutien et de logistique dont les ramifications ne sont pas parmi les Touareg. Aujourd’hui on nous dit que l’Etat malien ne peut pas les combattre. Nous avons beaucoup insisté sur la nécessité de mettre en place ces unités spéciales de sécurité pour d’abord protéger la population locale mais aussi lutter contre les hordes salafistes au nord. Une région qui aurait pu être une zone hermétique non seulement aux terroristes mais aussi à toutes les bandes criminelles. Mais, Bamako refuse catégoriquement et elle l’a fait savoir officiellement en juillet 2006. Il est plus difficile aujourd’hui de chasser les salafistes de cette région parce que l’Etat a créé, volontairement ou involontairement, toutes les facilités pour qu’ils s’installent durablement et par conséquence pérenniser la situation d’insécurité.

- ATT affirme n’avoir pas les moyens de combattre le terrorisme, et que la solution réside dans la tenue du Sommet pour la sécurité et le développement auquel il appelle avec insistance. Qu’en pensez-vous ?
Je ne pense pas que ce sommet est la solution au problème du terrorisme et du développement. Il n’aura aucun impact sur le terrain. Il faut d’abord avoir la volonté de résoudre le problème des Touareg et après la lutte contre le terrorisme sera plus facile à mener avec la population locale.

- Selon vous, n’est-ce pas cette connexion avec les salafistes qu’on ne veut pas rompre pour ne pas perdre ses retombées financières ? Le terrorisme rapporte gros ce qui leur permet de bien s’équiper en moyens de transport, de communication et surtout en arment de guerre neuf. Lorsque le Mali, dit qu’il n’a pas les moyens de combattre les salafistes, nous nous demandons alors d’où a-t-il ramené ce puissant arsenal de guerre qu’il a utilisé pour réprimer la rébellion ? Pour un pays pauvre, les moyens militaires auxquels il a recouru laissaient perplexe. Mais, face aux terroristes, qui sont très faciles déloger, ils se déclare impuissant. C’est une preuve qui montre qu’au Mali, on ne veut pas créer les conditions nécessaires de sortie de crise et de développement…

Par Salima Tlemçani

Niger, De la désinvolture à la dictature d’un néo-monarque au royaume de la Françafrique


Africatime / Tido Brassier Tultogo.com 05/11/2009
Niger, De la désinvolture à la dictature d’un néo-monarque au royaume de la Françafrique
dimanche 8 novembre 2009

Après avoir épuisé les mines d’uranium à ciel ouvert de Mounana à Franceville au Gabon dans les années 70, le groupe Areva-Cogema s’est retiré vers le Niger, qui est le troisième exportateur mondial de ce précieux minerai.

Sa production annuelle qui s’élève à 3.300 tonnes, représente 48 % de ses recettes d’exportation. La croissance de la demande d’uranium sur le marché mondial en tant que combustible nucléaire, est devenue un enjeu stratégique et écologique, grâce à la logique de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, vers 2030, l’Agence Internationale de l’Energie Atomique prévoit une augmentation de la puissance nucléaire dans le monde, de 20 à 80 %, avec l’allumage des 130 réacteurs électronucléaires en cours de construction.

L’épuisement à terme du yéllow cake à l’horizon 2030- 2040, fait courir les puissances nucléaires à travers le monde et plus spécialement en Afrique, à la recherche de gisements afin de garantir à long terme, leurs besoins énergétiques en stockant massivement des centaines de milliers de tonnes d’uranium.

Ainsi, pour augmenter les recettes minières de son pays, le président Mamadou Tandja a eu raison d’aller vers la stratégie du multilatéralisme en variant ses partenaires commerciaux afin de faire monter les enchères grâce à la loi de la concurrence au sein de la mondialisation des marchés. Notons qu’en 2007, l’entreprise chinoise Sino-Uranium qui explore depuis 2006 les gisements de Tégguida, a obtenu en outre, le permis d’exploitation du gisement d’Azelik et des permis de recherches ont été attribués à d’autres groupes : Canadien, Australien, Britannique, Indien et Sud-Africain…Ainsi, fut terminé, au moins en théorie, le monopole français de l’extraction de l’uranium au Niger.

Il faut se rappeler de l’exode entre 1970 et 1975 des populations touarègues, lors de l’implantation du groupe Areva-Cogema, dont plus de 20 mille d’entre elles reviendront en 1980 après le départ du Général Seyni Kounché. Ce retour massif des Touaregs au pays, va déclencher leur première rébellion armée sous la direction du Mouvement des Nigériens pour la Justice (M.N.J) contre le pouvoir central de Niamey, Les Touaregs, qui constituent la majorité de la population pauvre du nord, vivant exclusivement dans les zones uranifères, s’estiment défavorisés par rapport aux Haoussas et Djermans du Sud, instruits, commerçants, dirigeants et cadres administratifs qui profitent de l’exploitation des richesses minières du Niger. Toutefois, les accords de Six, le 24 avril 1995 mettront fin aux combats entre le MNJ et l’Etat nigérien, qui s’engagea à régler la question touarègue par un certain nombre de mesures administratives dont la décentralisation, la préservation des zones d’élevage, le transfert de 50 % des recettes minières aux collectivités locales, ainsi que l’embauche des populations locales dans le secteur d’activité des mines.

Ainsi, la paix retrouvée cède rapidement le pas à la concurrence franco-asiatique. Dans cette atmosphère de concurrence qui devient le nerf de la guerre, est-il indiscret, voir indésirable de formuler un certain nombre de questionnements, en somme toutes légitimes, qui sautent aux yeux de l’opinion africaine ? À savoir : Comment se fait-il que la rébellion Touarègue qui avait déposé les armes en 1995, fut-elle soudainement réactivée en février 2007, en se distinguant en juillet 2007 par la prise en otage d’un cadre de la compagnie chinoise de China Nuclear International Uranium Corporation (Sino-Uranium) ? Qui donc cherche à nuire aux intérêts de la Chine en Afrique en maintenant au passage le continent dans l’ancien système colonial des monopoles à vie ? Alors que le continent cherche à s’ouvrir aux règles de la concurrence au sein de la mondialisation des marchés ? N’y a-t-il pas instrumentalisation du facteur ethnique (Haoussa – Touareg - Djerman), comme cela a toujours été le cas en Afrique lors des conflits à enjeux économiques à peine voilés tels que la rente énergétique ou agricole ?

Aussi, notons-nous, comme par hasard, le 26 juin 2007 et le 25 juillet 2007, sont expulsés tour à tour et à un mois d’intervalle, le colonel gilles de Namur, le chef de la sécurité du groupe Areva au Niger, puis Dominique Pin, le directeur du groupe au Niger. Tous les deux furent accusés de soutenir le MNJ. Deux mois plus tard, c’est à dire le 20 septembre 2007, Moussa Kaka, le correspondant de RFI au Niger fut incarcéré pour « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat » en raison de ses liens présumés avec les rebelles du MNJ. De dégradation en dégradation, les relations entre Paris et Niamey ne seront normalisées qu’en janvier 2008 dès lors que le gouvernement nigérien confirmera au groupe Aréva, l’exploitation du gigantesque gisement d’Imouraren, l’une des plus grandes mines d’uranium dans le monde. Imouraren, c’est l’extraction de 5.000 tonnes d’uranium par an sur 35 ans vers la France, avec un investissement de plus de 1,2 milliards d’euro. Ce grand gisement est estimé à plus de 200.000 tonnes. Il s’en est fallu de peu, pour que la Sino-Uranium qui est la concurrente d’Areva au Niger, enlève ce marché au nez et à la barbe du géant nucléaire français.

Mais la Chine prendra sa revanche le 10 octobre 2009 en Guinée-Conakry de la junte militaire de Dadis Camara lâché par la France après le carnage de Conakry, en signant un accord de partenariat dans le secteur minier entre le China International Fund (CIF) prévoyant des investissements de plus de 7 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) dans des projets d’infrastructures.

Encore par hasard, et cela fait trop de hasard surtout en politique, on note que la fin de la rébellion coïncide avec la signature du contrat d’Imouraren le 5 janvier 2009, avec comme preuve à l’appui, la présence des combattants touaregs en boubous blancs lors de la pose de la première pierre pour la construction du complexe d’Imouraren par Mamadou Tandja devant ses invités, dont Anne Lauvergeon la présidente d’Areva. Une rébellion qui a même officiellement appelé à la signature du traité de paix de Tripoli en septembre 2009. « Que la paix revienne au Niger, c’est essentiel » avait conclu Anne Lauvergeon lors de l’inauguration d’Imouraren., car dit-elle plus tard dans la revue « Transparence » du Niger : « Quitter le Niger serait pour nous, mais surtout pour ce pays, une vraie catastrophe ». Au fond, Mamadou Tandja, qui a revisité l’histoire récente de son pays en 1974, ne pouvait pas ignorer le fait que, Hamani Diori, le premier président de la république du Niger indépendant fut renversé par coup d’Etat lorsqu’il voulait renégocier les contrats d’exploitation des mines d’uranium de son pays. Il faut savoir que les contrats concernant les minerais stratégiques en Afrique étaient liés aux accords de défense signés en 1960 et 1961 entre la France et les pays francophones du continent. Le président Pascal Lissouba du Congo-Brazzaville, n’a-t-il pas fait les mêmes frais à travers cinq années de guerre civile désastreuse (1993-1998) lorsqu’il voulait reconsidérer les contrats internationaux d’exploitation de la rente pétrolière du Congo-Brazzaville avec le tout puissant Elf en arrivant aux affaires dans son pays en 1992 ? De ce point de vue, on peut affirmer sans détour que Mamadou Tandja n’est qu’une marionnette dont la ficelle de commandement est tenue par la France via Areva. Ainsi, de la désinvolture d’un homme d’Etat, qui aurait pu s’appuyer sur les institutions démocratiques de son pays comme stratégie politique nationale à l’instar des Asiatiques, Mamadou Tandja s’égare de l’objectif poursuivi à travers le jeu de la concurrence en privilégiant son goût personnel du pouvoir au détriment de l’intérêt supérieur du Niger et des Nigériens. En fait, ne s’est-il pas fait avoir dans ce jeu de la concurrence entre multinationales étrangères qui entraine généralement celui de la corruption d’homme d’Etat et de décideur politique ?

Dans l’hypothèse où le groupe Areva n’aurait pas signé le contrat d’Imouraren, c’est-à-dire qu’il l’aurait définitivement perdu au profit du groupe nucléaire chinois, il est fort probable que la rébellion touarègue déjà réactivée, redevienne plus redoutable en assaut contre le pouvoir central de Niamey à l’instar des miliciens cobra de Sassou N’Guesso lors de la guerre civile du Congo-Brazzaville.

Mais face à une opinion publique africaine mobilisée au regard des contrats internationaux qui constituent nos intérêts vitaux en terme de recette budgétaire, au dessus des partis politiques, l’opposition et les institutions publiques en alerte permanente contre la manipulation de l’impérialisme à l’image de la Côte d’Ivoire en 2002, l’Afrique peut remporter de nombreuse victoires politiques et économiques en relevant des défis insurmontables pour notre développement.

URANIUM - TRANSPORTS MARITIME ET FERROVIAIRE - CONTRÔLE DES PORTS EN AFRIQUE : Après avoir signé le contrat d’Imouraren le 5 janvier 2009 à Niamey, au détriment des Chinois qui ont perdu la partie, la France enclenche au plus haut niveau de son génie industriel, un nouveau plan pour la logistique d’évacuation du minerai dans l’hexagone. Car il ne s’agit plus de 3.300 tonnes comme auparavant, mais progressivement de 5.000 à 9.000 tonnes annuelles au-delà de 2012, sur 35 ans. Dans cette perspective, « Sarkozy a promis un train à Tandja », ainsi titrait la LC N°563 du 23/04/09. Tandis que le groupe Bolloré propose à Aréva l’acheminement « des butins de guerre du Niger » en France via le port d’Abidjan en Côte d’Ivoire c’est-à-dire la mise en place d’une voie ferrée Niger- Côte d’Ivoire en passant par le Burkina-Faso, pour ramasser au passage le manganèse de Tambao, le transporteur Necotrans du groupe GETMA International qui contrôle les ports de Cotonou et de Conakry, propose l’acheminement de la rente d’Imouraren via le port de Cotonou, ce qui est déjà discrètement opérationnel par la route depuis Dosso au Niger.

Cette nouvelle bagarre du yéllow cake déplacée sur le terrain de la logistique des transports ferroviaires et maritimes fut rapidement exploitée par Faure Gnassingbé et le système RPT qui offrent l’exploitation du Port Autonome de Lomé (PAL) au Groupe Vincent Bolloré, l’ami et sponsor de Nicolas Sarkozy, pour s’assurer de la caution française en vue de élection présidentielle potentiellement frauduleuse de février 2010 au Togo. De toutes les façons, lors du sommet de Lisbonne en décembre 2007 entre l’Union européenne et les pays africains, Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas bien averti Faure Gnassingbé au sujet du port autonome de Lomé que « Bolloré est sur les rangs. Quand on est ami de la France, il faut penser aux entreprises françaises. » (Le Canard Enchainé). L’élection présidentielle de février 2010 au Togo est-elle déjà « gagnée » d’avance ? C’est à l’opposition démocratique togolaise de répondre à cette équation compliquée. Il faut déjà reconnaître que les échecs répétitifs de l’opposition démocratique depuis vingt ans, ont été possibles du fait que le clan Gnassingbé et le système RPT qui régentent notre pays sont détenteurs des intérêts de la France au Togo.

Autre infrastructure stratégique donnée à la France en cadeau par Faure Gnassingbé, que Nicolas Sarkozy appréciera à merveille au point de lui accorder sa confiance et son soutien, voire son « amitié personnelle » à l’instar de Chirac envers le dictateur Eyadema, c’est l’arrivée annoncée de l’opérateur en téléphonie mobile ORANGE, filiale de France Télécom sur le marché togolais à la place de l’opérateur MOOV. Il faut savoir que lors de sa visite de travail et d’amitié en France le 20 novembre 2008, fut décidé comment en finir avec le très rival demi-frère gênant Kpatcha Gnassingbé, dont l’interview au journal Le Monde du 19 octobre 2007 menaçante d’une intervention de l’armée en ces termes : « Mais si le pays arrivait à une situation de blocage politique, l’armée n’hésiterait pas à entrer en jeu ». Alors, la France a voulu savoir lors de cette visite, lequel d’entre les deux garnements d’héritiers, dirige le Togo afin d’avoir en face un interlocuteur fiable pour parler stratégie et intérêts économiques. Notons également qu’en 2006, le même Kpatcha Gnassingbé, proche de l’ancien concurrent de Bolloré à Lomé en tant que PDG du port autonome de Lomé, n’a-t-il pas mis abusivement en garde à vue pendant 36 heures les Dirigeants du groupe Bolloré venus s’enquérir de leurs actifs sur décision rendue de justice internationale ? Proche également des réseaux mafieux de trafiquants de drogue libanais, le criminel d’avril 2005 fut grillé au Togo et sur les bordures de la Seine. Il passera sa vie en prison sans aucun procès selon la volonté de la Françafrique qui gère ce dossier (Bolloré, Areva, Orange etc…) et qui dirige les pays africains. Alors, les avocats togolais peuvent toujours s’exciter s’ils n’ont rien d’autre à faire !

Ainsi, Vincent Bolloré, qui contrôle les ports d’Abidjan et de Lomé depuis peu, trouvera la logistique parfaite et sécurisée pour Aréva en proposant à la clef la construction d’une ligne de Chemin de fer Agadez - Lomé, ou plus tard, après l’élection présidentielle en Côte d’ivoire réunifiée, le chemin de fer Agadez-Abidjan. Fort de ce contrat d’Imouraren, qui boucle toute une région de l’Afrique de l’ouest qu’on peut appeler le royaume du groupe nucléaire français Areva composé des pays satellites de la France en Afrique tels que, c’est-à-dire, le Niger, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, le Togo et le Bénin, Mamadou Tandja, sacré monarque par la France, après avoir passé dix années à la tête du Niger a entrepris une vaste manœuvre de destruction des institutions du Niger en toute impunité, dans le but de s’éterniser au pouvoir. A l’inauguration du complexe d’Imouraren, sans gène, ni crainte, il annonce devant ses invités dont Alain Joyandet ministre de la coopération et de la Francophonie, et Anne Lauvergeon, présidente d’Areva, son référendum constitutionnel du 4 août 2009, pour démonter des institutions démocratiques du Niger, c’est-à-dire, la dissolution de l’assemblée nationale le 26 mai 2009, et la cour constitutionnelle le 30 juin 2009. Aux élections législatives du 20 octobre 2009 boycottées par l’opposition, son parti, le MNSD (le Mouvement National pour la Société de Développement) annonce « sa victoire écrasante » de 76 sièges sur les 113 du parlement. Notons que la tenue de cette élection législative unanimement critiquée, a entrainé la suspension automatique du Niger de la CEDEAO (Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour violation des textes communautaires.sur la démocratie. Cette instance sous régionale avait affirmé qu’elle ne reconnaîtra pas les résultats de ce scrutin. L’Union européenne qui avait déjà suspendu une aide budgétaire de 18 millions d’euro, pour protester contre le référendum du 4 août, affirme qu’elle suspendra sa coopération avec le Niger.

Pour conclure, il serait utile de mettre ici en évidence l’idée même de « la troisième révolution énergétique » qui est le titre du livre de Anne Lauvergeon paru chez Plon, qui indique qu’il existe 440 centrales nucléaires dans le monde, dont 58 en France, et bientôt 59 en 2010. Cette révolution des puissances industrielles dans la course aux énergies stratégiques c’est-à-dire le pétrole et l’uranium, a pour terrain d’hostilité l’Afrique. La Chine, la France, et les Etats-Unis, tous membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies se partagent la rente énergétique et minière du continent africain. Cela ne se passe pas sans conflit idéologique, ni dégradation des valeurs démocratiques au Niger de Mamadou Tandja, au Congo-Brazzaville de Sassou N’guesso, au Gabon des Bongo, au Togo des Gnassingbé, en Côte d’Ivoire coupée en deux, en Guinée-Conakry de Dadis Camara, au Madagascar de Rajoelina et ravalomanana, en Centre-Afrique de Bozizé etc.…en ce qui concerne le jeu trouble de la France sur le continent.

La Chine est accusée de vendre des armes de guerre au régime de Khartoum, présumé responsable du génocide du Darfour. Elle signe de multiples contrats de partenariats économiques et d’assistance technique de plusieurs milliards de dollars avec les pays africains dans le domaine agricole et des infrastructures routières et sanitaires. En réponse sans doute aux sommets stratégiques Sino-africains, le nouveau président américain n’a-t-il pas reçu en marge du 64 Assemblée Générale des Nations Unies à New York, les chefs d’Etat de l’Afrique subsaharienne. N’y a-t-il pas là une volonté de créer des sommets Américano-africains pour contrer l’influence de la Chine sur notre continent à l’instar des sommets Franco-africains ?

Quand Dadis Camara est lâché par la France, qui le soupçonne d’être le commanditaire du carnage de Conakry, la Chine s’empresse de signer avec son pays, un contrat juteux de plus de 7 milliards d’euro portant sur l’extraction des minerais stratégiques en assurant au passage impunité et protection à la junte militaire, à l’instar de Omar El Béchir du Soudan, sous le coup d’un mandat d’arrêt international, sans aucune inquiétude réelle. Ainsi, la Cour Pénale Internationale peut toujours émettre des mandats d’arrêt internationaux qui n’inquiètent aucun dictateur. Selon les Experts en géopolitique et stratégie, cette compétition Franco-Sino-Américaine prendra toute ses dimensions aux abords de 2040 ou 2050, pour devenir au final, une affaire exclusivement [Sino-Américaine] avec l’élimination de la France en Afrique. Ce sera la guerre Pékin-Washington. On comprend aisément pourquoi les pays occidentaux et leurs institutions financières internationales n’appellent pas à l’avènement de la démocratie, la liberté et l’Etat de droit en Afrique comme chez eux. Ces valeurs étant incompatibles avec leurs intérêts sur le continent, ils préfèrent tromper les Africains par le très intéressé concept de la bonne gouvernance.

Par Tido BRASSIER – Paris, le 4 Novembre 2009

samedi 7 novembre 2009

Climat : un milliard de dollars pour six pays africains



brèves





Afrique du sud - Egypte - Maroc - Mozambique - Niger - Zambie
Vendredi 6 Novembre 2009 - 19:46

La Banque Mondiale a annoncé que six pays africains recevront 1.1 milliards de dollars en dons et prêts pour les aider à développer leurs énergies renouvelables et préparer leur adaptation au changement climatique, rapporte France24. Le Mozambique, le Niger et la Zambie recevront 50 à 70 millions de dollars chacun, tandis que le Maroc, l’Afrique du Sud et l’Égypte bénéficieront de prêts « à faible taux d’intérêt », allant de 150 à 500 millions de dollars, pour renforcer leurs « investissements en énergies propres ». Les sommes seront versées par le Fonds d’investissement climat (CFI) composé de banques régionales de développement et de la Banque Mondiale.

Massacres en Guinée : les militaires changent de tenue de camouflage




07/11/2009 08:11:32 | La rédaction web de Jeune Afrique
| Par : Habibou Bangré © AFP


Pas facile de porter le treillis dans les rues de Conakry. La population fait ce qu’elle a en son pouvoir pour marginaliser les militaires depuis les massacres du 28 septembre.
« Au lendemain des événements, des taximen ont commencé à refuser de prendre à bord des militaires », confie Abdelben Condé, du Collectif des journalistes pour une transition apaisée et réussie (CJTAR). Passées les premières heures de frayeur, après le massacre du 28 septembre, les habitants de Conakry ont tenté de punir, à leur manière, les soldats jugés coupables des tueries. Leurs armes : l’indifférence et la marginalisation.

« Au marché, on double les prix pour eux » Si Abdelben Condé estime que c'est de l'histoire ancienne, un responsable des forces de l’ordre dresse le constat. « Rien n’est facile pour les militaires aujourd’hui, indique-t-il. Ils paient ce qui s’est passé le 28 septembre. » Et la facture se paie aussi bien au sens propre qu’au sens figuré. « Au marché, on double les prix pour eux », poursuit le responsable. Des commerçants iraient même jusqu’à refuser de leur vendre quoi que ce soit. Les prix des produits de consommation courante ayant flambé depuis le début de la crise, les familles de soldats commencent à s’inquiéter de la situation.

Les militaires ne sont pas les seuls visés. « J’ai rencontré ce matin (jeudi, ndlr) un membre de ma famille qui est gendarme. Il était en civil et son uniforme était dans son sac. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu qu’en uniforme, il n’arriverait jamais à avoir un taxi… », raconte Lama Bangoura, vice-président des Nouvelles forces démocratiques (NFD), un parti d’opposition.

Sensibilisation des militaires

Pour éviter de se montrer, les militaires, se déplacent de moins en moins en ville. Et s’ils doivent s’y rendre, ils enlèvent leur béret rouge ou se baladent en civil. Une attitude qui résulte en partie d’une consigne du camp Alpha-Yaya-Diallo, le siège de la junte au pouvoir depuis le 23 décembre.

Pour apaiser les tensions entre les soldats et la population, les chefs religieux et le Comité civilo-militaire sont à pied d’œuvre. « Nous faisons de la sensibilisation au niveau des garnisons de militaires pour les amener à bien comprendre leur rôle et le code de conduite à adopter avec la population civile », explique Abdelben Condé, l’un des membres du Comité.

Les regrets des militaires

La tâche n’est pas simple. « Les militaires apprennent difficilement, surtout lorsqu’ils ont un faible niveau d’instruction, souligne Abdelben Condé. Lorsqu’on leur parle du droit international, ils répondent que, sur le terrain, ils suivent leur instinct. Cela dit, de manière générale, ils estiment que les actes commis le 28 septembre ne sont pas une bonne chose. »

Menace Terroriste en Mauritanie (2ème partie)


Euronews.net 06-11-09
samedi 7 novembre 2009
Le terrorisme n’est pas un phénomène nouveau en Afrique du nord. Apparu en Tunisie à la fin des années 80, il endeuille l’Algérie au milieu des années 90, puis le Maroc dans les années 2000.

Le 4 juin 2005, la Mauritanie découvre avec stupeur qu’elle n’est pas épargnée : pour la première fois, son armée est directement visée. 150 terroristes attaquent une caserne militaire dans la région de Lemgheity. Bilan : 21 morts – 15 soldats et six terroristes.

Cette offensive terroriste a été condamnée par les partis politiques mauritaniens, dont les sympathisants sont descendus dans la rue pour manifester leur indignation.

Les Etats-Unis comptaient sur la Mauritanie pour faire barrage à la progression du terrorisme au sud du Sahara. Aussi, deux jours à peine après ce premier attentat, les américains lancent l’opération ‘flintlock’, comprenez mousquet. Des manoeuvres planifiées dans le cadre du programme Africom, pour aider les pays d’Afrique à lutter contre le terrorisme. Depuis 2002 déjà, les Etat-Unis finançaient un programme baptisé PSI, pour Pan Sahel Initiative, visant à renforcer la sécurité des frontières Mauritaniennes, mais aussi du Mali, du Niger, et du Tchad.

Mais le 27 décembre 2007, les terroristes frappent une deuxième fois. Trois soldats mauritaniens sont tués dans la région de Ghalaouiya.

Le 1er février 2008, c’est l’ambassade israélienne à Nouakchott qui est visée pour la première fois depuis l‘établissement de relations diplomatiques entre la Mauritanie et l’Etat hébreu, en 1999. Des relations rompues fin 2008 sur ordre du général putschiste Mohammed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis l‘été à Nouakchott, pour protester contre l’offensive militaire israélienne à Gaza.

Le 16 septembre 2008, un bataillon militaire mauritanien est pris en embuscade par un groupe terroriste dans la région de Tourine. 12 soldats sont retrouvés décapités.

Les services secrets occidentaux ont repéré de nombreuses cellules dormantes d’Al Qaïda au Sahel – un nouvel Afghanistan pour la nébuleuse islamiste.

Des cellules dormantes à même d‘être réactivées à tout moment ?

Pour la ministre mauritanienne des affaires étrangères, Alnaha Bint Djaddi Oueld Meknes, ce n’est pas le cas en Mauritanie. Les renseignements occidentaux forcent le trait. Le problème vient de l’extérieur.

“Je tiens à préciser qu’il n’y a ni centre d’entrainement ni cellules appartenant à Al-Qaïda en Mauritanie, assure-t-elle. Sans doute y a-t-il des infiltrations des pays voisins et nous essayons de mettre fin a ce phénomène dangereux.”

Même ton rassurant du côté du ministère de l’information. Tout est sous contrôle, assure le ministre de tutelle, Mohamed Ould Al-Bukhari : “nous avons des unités militaires armées bien équipées, bien entraînées qui patrouillent afin de protéger les frontières mauritaniennes et de protéger les régions qui pourraient être prises pour cible par les groupes terroristes. En général, la Mauritanie est un pays qui vit en sécurité et sous contrôle, grâce à dieu.”

Et quand est évoquée la question de la coopération militaire, il reste silencieux. Tout ce qui concerne la sécurité est considéré comme secret d’état – une ligne rouge qu’il ne faut pas franchir.

Après le coup d’Etat d’août 2008, les Américains ont suspendu leur coopération militaire avec l’armée Mauritanienne. La France, ancienne puissance coloniale, a dépéché son chef d’état major des armées, le général Jean Louis Georgelin, auprès de l’homme fort de Nouakchott, pour tenter de prendre le relais.

“Nous avons évoqué évidemment, avec le général, d’abord la situation dans la région et surtout la coopération militaire qui peut rapprocher nos deux armées et à cet égard nous avons envisagé notamment des actions de formation que nous pourrions conduire ensemble,” déclarait-il à l’issue de la rencontre.

L’Islam joue-t-il un rôle dans cette flambée du terrorisme ? Au centre de la capitale mauritanienne, se trouve la grande mosquée. On vient y prier de tout le pays. Le prêche reflète un islam modéré.

En Mauritanie, l’Islam a son parti politique, le Tawassoul. Son vice secrétaire-général, Mohamed Ghoulam Al-Haj Sheikh, dénonce le terrorisme.

“Ceux qui tuent les innocents en Algérie, en Mauritanie ou dans d’autres pays, prétendent le faire au nom de l’Islam, martèle-t-il. Les intellectuels musulmans ont dissocié l’Islam de ce genre de pratiques. Car l’Islam n’incite pas à l’assassinat. Il y a certainement des infractions aussi bien dans notre pays que dans les pays occidentaux. Quand on regarde l’IRA, l’armée républicaine irlandaise et des communautés chrétiennes qui s’entretuent, tout cela n’a jamais été mis au compte de la religion chrétienne et personne n’a songé à la pointer du doigt. La religion chrétienne n’a jamais incité les gens à s’entretuer. Pourquoi ce “deux poids deux mesures” ? Le groupe WAM a fait exploser des tunnels et a assassiné des milliers de japonais. Pourquoi n’a-t-on pas accusé les bouddhistes d’être à l’origine de tout cela ?”

La Mauritanie est un des pays les plus pauvres du Maghreb. Pour le président du parti des forces progressistes, Mohamed Ould Mouloud, la pauvreté n’est pas une cause première du terrorisme.

“On ne peut pas dire que la pauvreté est la cause du terrorisme car la Mauritanie est un pays pauvre comme beaucoup de pays arabes, mais n’avait jamais connu le terrorisme, rappelle-t-il. Le phénomène du terrorisme est apparu en Afrique sous forme de groupes armés mafieux. On trouve des mouvements similaires au Congo ou dans des pays non musulmans, en Amérique du Sud et en Asie. Donc ce phénomène de réaction à l’injustice sociale est ancré dans les pays du sud. Le monde musulman est le théâtre de nombreuses humiliations et d’injustices. C’est le cas en Palestine, en Irak, en Afghanistan et en Tchétchénie. Dans ces pays, les musulmans se sentent humiliés et agressés.”

Tout au long du tournage de ce magazine Sawa, la presse mauritanienne a publié de nombreux articles attestant que la bataille contre le terrorisme était loin d’être gagnée.

Une menace qui fait le jeu du pouvoir putschiste, tout juste légitimé par les urnes. N’est-ce pas en effet au nom de la lutte contre le terrorisme que la France a décidé d’avaliser le général Mohamed Ould Abdel Aziz ?

Car face à la hantise des islamistes radicaux, les principes démocratiques ne pèsent pas lourd.

L’UE suspend son aide au développement au Niger


AFP 06-11-09
samedi 7 novembre 2009

BRUXELLES — L’Union européenne (UE) a suspendu son aide au développement au Niger et donné un mois aux autorités de Niamey pour ouvrir des "consultations" en vue d’un retour à "l’ordre constitutionnel" , a-t-on appris vendredi auprès de la Commission européenne.

"La Commission européenne et les pays de l’UE ont demandé des consultations avec les autorités du Niger", a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Commission pour les questions d’aide au développement, John Clancy.

En attendant le résultat de ces consultations, l’UE a suspendu son aide qui s’élève à 458 millions d’euros pour la période 2008-2013. En revanche, "l’aide humanitaire n’est pas affectée par cette suspension", a précisé M. Clancy.

"Nous espérons que ces consultations auront un effet positif pour toutes les parties offrant une feuille de route claire pour le retour de l’ordre constitutionnel au Niger", a ajouté le porte-parole.

Dans une lettre conjointe adressée mardi au président Mamadou Tandja, dont l’AFP a pris connaissance, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, au nom de la présidence suédoise de l’UE, ont exprimé leur "profonde préoccupation" face à la situation politique au Niger et demandé "un retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais".

Qualifiant de "violation de la constitution" le référendum du 4 août dernier, grâce auquel M. Tandja a obtenu une rallonge de trois ans au pouvoir après 10 ans à la tête du pays, l’UE a décidé de recourir à l’article 96 des accords de Cotonou, qui traite du non respect des critères démocratiques et de défense des droits de l’Homme.

Cet article 96 de l’accord signé en 2000 entre l’UE et les pays Afrique/Caraïbes/Pacifique prévoit en dernier ressort, en cas d’échec des quatre mois de discussions prévues, la possibilité d’une suspension de la coopération communautaire.

L’UE avait déjà suspendu une aide budgétaire de 180 millions au Niger pour protester contre le référendum du 4 août.

Le 20 octobre, Niamey avait organisé des législatives controversées et boycottées par l’opposition, qui avaient entraîné sa suspension de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour violation des textes communautaires sur la démocratie.

Le Nigeria ferme sa frontière avec le Niger

Afrique en ligne/ Pana 05-11-09
vendredi 6 novembre 2009

Le Nigeria a partiellement fermé sa frontière avec son voisin du Nord-Ouest, le Niger, à la suite de la suspension infligée à ce pays par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour violation du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, selon des sources proches de la CEDEAO et du gouvernement nigérian.

D’après ces sources, les cinq postes frontières entre les deux pays sont concernés par cette fermeture.

Mais les autorités nigérianes ont indiqué que si la circulation des biens était totalement interdite durant la fermeture de la frontière, les mesures étaient plus souples concernant la circulation des personnes.

Des observateurs politiques ont déclaré que cette mesure du Nigeria, dont les relations avec la plupart des autres pays de la sous-région sont essentielles à leur bien-être économique, est destinée à faire pression sur le Niger pour qu’il emprunte la voie de la constitutionnalité et de la bonne gouvernance.

Sentant apparemment la pression, les autorités nigériennes ont envoyé mardi le Premier ministre Ali Badjo Gamatie au Nigeria pour rencontrer le président Umaru Yar’Adua, également président en exercice de la CEDEAO. Rien n’a filtré sur leurs entretiens qui ont eu lieu à huis-clos.

Le mois dernier, les membres de la CEDEAO ont suspendu le Niger de l’organisation, après que les autorités nigériennes ont rejeté la requête de la Communauté de reporter les élections législatives dans leur pays.

Avant cette suspension, les dirigeants des autres pays membres de la CEDEAO avaient imposé d’autres sanctions au Niger, dont le président Mamadou Tandja a modifié la Constitution pour avoir la possibilité de briguer un troisième mandat.

Dans le cadre des sanctions précédentes, il était prévu que la CEDEAO ne soutiendrait pas les candidats présentés par le Niger pour des postes disponibles au niveau des organisations internationales et qu’elle n’organiserait pas ses réunions dans ce pays.

Par ailleurs, dans le cadre des efforts pour résoudre la crise politique au Niger, la réunion consultative de la CEDEAO des principales parties concernées nigériennes doit s’ouvrir à Abuja, la capitale du Nigeria, lundi.

Cinquante personnes, dont 15 représentants du gouvernement et 35 autres de l’opposition et des organisations de la Société civile doivent participer à ces négociations, qui seront présidées par le Médiateur de la CEDEAO pour le Niger, le général à la retraite, Abdusalami Abubakar du Nigeria.

Lagos - 05/11/2009

Pana

Ag Bahanga appelle au dépôt des armes et au respect de l’accord d’Alger


Salima Tlemçani El Watan 07-11-09
samedi 7 novembre 2009

Durant quatre jours, du 30 octobre au 2 novembre, le stade municipal de Kidal, au nord du Mali, a réuni plus de 500 personnes, en majorité des notables touareg venus de Tombouctou, Gao et de Kidal, dans le cadre d’un forum consacré à l’unité des rangs de la communauté.

Se voulant un forum intercommunautaire, cette rencontre a été une occasion de réitérer la volonté de chacun des participants d’encourager la voie du dialogue au lieu de celle de la violence, en rejoignant le processus enclenché par l’accord d’Alger, signé en 2006 par les autorités maliennes et la rébellion targuie, sous les auspices de l’Algérie. « Au début, la rencontre avait uniquement pour but de réunifier les rangs de la communauté, mais après, elle a évolué pour être une tribune d’appel à la paix, avec l’appui de Bamako puisque trois ministres y ont pris part. Nous voulions mettre les autorités devant leurs responsabilités et prendre à témoins l’Algérie et la Libye face à la situation explosive dans laquelle se trouve la région », explique le porte-parole de l’Alliance pour le changement, Hama Ag Sid Ahmed. Le message de Ag Bahanga, le chef historique de ce mouvement, lu par un de ses proches, fait état de sa volonté de faire taire les armes et de revenir à l’accord d’Alger. « J’affirme solennellement m’inscrire résolument dans le processus de paix et renoncer à la violence comme moyen de revendication (…) Dorénavant j’inscris mon action dans le dialogue, la paix et la démocratie », a écrit Ag Bahanga, en précisant que son action est une réponse à l’appel lancé par El Gueddafi, le 17 août 2008 à Oubary, exhortant les rebelles à déposer les armes et à renoncer à l’usage de la violence contre le Mali et le Niger.

Ag Bahanga, qui avait signé l’accord d’Alger puis repris les armes, en février 2009, a déclaré : « A tous ceux qui ont œuvré au dénouement heureux du long processus de conquête de la paix au Mali et dans la sous-région, je voudrais exprimer ma profonde gratitude. En premier lieu au guide Mouammar El Gueddhafi qui a toujours accompagné de ses conseils éclairés les parties en conflit pour qu’une paix durable soit retrouvée au Mali et au Niger. Ensuite au peuple algérien et à son président, Abdelaziz Bouteflika, qui ont vécu dans leur chair ce douloureux conflit fratricide en étant toujours présents et fraternels. Aux cadres maliens qui ont œuvré, difficilement et dans l’anonymat, à une médiation souvent ingrate. Je voudrais remercier tout particulièrement Amadou Toumani Touré, président du Mali, pour la patience dont il a fait preuve et pour la sagesse qui a guidé les nombreuses actions qu’il a posées afin que la paix soit dans le septentrion du Mali. » Cette déclaration a été perçue comme un important gage de bonne volonté de Ag Bahanga, mais aussi de toute la communauté targuie qui espère vivre dans la paix et la stabilité. Maintenant que la balle est du côté des autorités maliennes, va-t-on continuer à tergiverser autour de l’avenir d’une région qui compte 10% de la population du Mali ?

Par Salima Tlemçani

jeudi 5 novembre 2009

Terakaft (8) àu centre culturel de Helsinki le 14 Mai 2009




Les associations finlandaises Afous Afous ry et Perennia ry en cooperation avec l'association malienne Taghreft Tinariwen ont organisé un mois Kel Tamasheq pour la promotion de la culture Touarègue...

mercredi 4 novembre 2009

Mamadou Tandja, gangster politique préféré de la France


04-11-09
survie.org


Les élections législatives du 20 octobre dernier ont été l’ultime étape du coup d’Etat constitutionnel de Tandja. Débuté en mai par la dissolution de l’Assemblée Nationale et confirmée, le 4 août, par l’adoption illégale d’une nouvelle constitution.

Le « gangstérisme politique » de Tandja, l’expression est imagée. C’est celle que l’on peut lire dans la déclaration du 30 octobre du Parlement Panafricain. Pas de quoi impressionner Tandja qui n’a eu que faire des demandes répétées de ses pairs africains de la CEDEAO d’un retour à l’ordre constitutionnel. Le 17 octobre, ils avaient menacé le Niger de sanctions s’il maintenait les élections législatives l’exhortant à reporter le scrutin et à ouvrir la dialogue avec l’opposition politique.

Lors de ces législatives, le parti du président, le MNSD (Mouvement national pour la société de développement) a remporté 76 sièges sur les 113, les autres sièges étant répartis entre différents petits partis alliés du pouvoir. Et pour cause : l’opposition n’avait présenté de candidats dans aucune circonscription et avait appelé au boycott. Le taux de participation, officiellement de 51,3%, aurait été de moins de 5% selon Issoufou Sidibé, leader syndicaliste de l’opposition. Il serait même plus faible que lors du référendum du 4 août, confirmant ainsi le rejet populaire de la nouvelle constitution.

Plus aucun pouvoir n’échappe à TandjaAinsi reconstituée, l’Assemblée nationale permettra un fonctionnement « normalisé » de la 6ème république, dont la constitution a été promulguée le 18 août 2009. Dans ce nouveau cadre, les pouvoirs du président sont très fortement renforcés : de semi-présidentiel, le Niger passe à un régime de type présidentiel fort, où le président est dépositaire de l’intégralité des pouvoirs exécutifs – chef de l’Etat, chef du gouvernement, chef de l’Armée, de l’administration et de la magistrature. Il ne peut plus être destitué par l’Assemblée nationale, dont les pouvoirs sont considérablement affaiblis. Un Sénat soumis à l’exécutif est mis en place pour faire contrepoids à une assemblée nationale. Celle-ci, exerçant à minima sa fonction de représentant du peuple, avait pourtant semblé trop rebelle au pouvoir au cours de ces derniers mois. Toutes les institutions de contrôle démocratique sont désormais à la botte du président : c’est lui qui nomme la majorité des membres de la Cour Constitutionnelle et du Conseil Supérieur de la Communication. Ainsi, la 6ème république n’est rien d’autre que l’institutionnalisation de la dictature de Mamadou Tandja.

Des sanctions pour du beurre

En bon dictateur, il a ignoré les sanctions de la CEDEAO qui suspend le Niger de toutes ses instances et ne reconnaît pas les résultats des législatives. Dans un sens, il n’a pas tort : si la CEDEAO a des principes de « démocratie » et de « bonne gouvernance » (article 45 de son protocole supplémentaire sur la démocratie et la bonne gouvernance), ses mesures de rétorsion restent purement politiques et diplomatiques. La CEDEAO ne s’enhardit pas dans la voie de sanctions économiques. Dommage car, ces dernières asphyxieraient très rapidement le pays et forceraient Tandja à faire marche arrière. L’impact serait en effet immédiat si le Niger n’avait plus de relations économiques avec le Nigéria, son grand voisin et principal partenaire commercial, par ailleurs producteur de toute son électricité.

Les sanctions de la CEDEAO, sans réelles conséquences, ont au moins le mérite d’exister et d’avoir relancé la question au niveau international. L’Union européenne s’est vue contrainte d’applaudir cette initiative. Karel de Gucht, commissaire au développement a réitéré au lendemain des élections qu’elle « suspendraitt sa coopération si le Niger ne restaurait pas l’ordre constitutionnel ». En effet, les articles 96 et 97 des accords de Cotonou prévoient dans ce cas (non-respect des droits de l’homme, des principes démocratiques et de l’Etat de droit) une procédure de consultation puis la suspension des accords si aucune solution acceptable n’est trouvée. Or si des discussions avec le Niger ont eu lieu depuis le mois de juillet 2009, dix jours après cette déclaration, la concrétisation des menaces se fait toujours attendre.

La France très discrète

Dans un sens, on peut comprendre que l’UE hésite à mettre à exécution ses menaces : elles auraient des conséquences graves sur une population extrêmement pauvre – les 450 millions d’euros d’aide de l’UE annuel représentent 30% du budget de l’Etat. On peut être sûr que ces hésitations sont aussi entretenues par les pressions du gouvernement français, qui n’a fait aucune déclaration publique depuis les législatives appelées de ses voeux en août afin de légitimer la prise de pouvoir de Tandja.

Encore une fois, la France applique sa fameuse « doctrine de la stabilité ». Elle préfère un dictateur qui maintient un habillage démocratique et qui est finalement conciliant pour ses intérêts économiques plutôt que d’encourager le retour à une démocratie légitime. Il est vrai qu’avec un nouveau président et dans un cadre plus démocratique, la France devrait certainement renégocier les accords qui encadrent son activité d’extraction d’uranium.

Quant à Tandja, il cherche à rassurer l’armée, dont l’opposition lui serait fatale, en signant une amnistie générale pour tous les actes de guerre commis au Nord niger depuis 2007, tant pour les rebelles que pour les militaires. Encore une fois au Niger, l’impunité est faite valeur fondatrice d’un nouveau régime politique.


Survie.org

Communiqués du FPN


Communiqué du FPN
Par F.P.N. le 4 novembre 2009

Le FPN constate avec satisfaction que le processus de paix enclenché il y a quelques mois dans notre pays se concrétise irréversiblement.
A cette occasion, il nous parait utile et opportun de saluer la détermination et la sagesse de tous ceux qui ont œuvré pour la concrétisation de cette initiative combien salutaire pour les populations du Nord Niger en particulier et le peuple Nigérien en général.

Au premier rang desquels les deux hommes d’Etat qui se sont particulièrement investi dans cette dynamique en l’occurrence son Excellence Mouammar El Kadhafi, guide de la révolution du Fatah et président en exercice de l’union Africaine et Son excellence Mamadou Tandja, président de la République du Niger, chef de l’Etat, chef de gouvernement.

Nous félicitons également les frères des deux fractions du MNJ et ceux du FFR qui se sont volontairement inscrit dans la logique de la paix. Leur concours dans cette perspective de retour de la paix et de la sérénité dans notre pays est une initiative très louable.

Par ailleurs, le FPN se réjouit de la volonté affirmée du président de la République Son Excellence Mamadou Tandja de placer dans ses priorités, la consolidation de la paix et de la sérénité dans notre pays, en favorisant la réinsertion socio économique des ex combattants qui du reste s’engagent à participer à l’œuvre de construction nationale.

L’ordonnance sur l’amnistie générale signée le 23 Octobre 2009 en est une preuve exaltante.

Aussi le FPN rappelle au médiateur que la consolidation de la paix et par conséquent sa construction passe par la mise en œuvre d’actions combinées dont les plus efficaces appartiennent à l’urgence.

Les stratégies qui sou tendent la mise en œuvre de tout programme de consolidation de la paix doivent être définies de commun accord avec les structures de l’ex résistance armée.

La lenteur accusée dans les discussions afin d’aboutir à un programme cohérent et faisable est préjudiciable à un retour de la stabilité car elle ouvre la porte à une autre forme d’insécurité qui s’appelle le banditisme armé dont on doit réduire immédiatement les chances d’extension.

Le FPN demande à tous les ex combattants de la résistance armée de continuer à inscrire leur action dans la consolidation de la paix et par conséquent l’œuvre de construction nationale.

Le FPN

Le roi des chevaux


02/11/2009 15:38:37 | La rédaction web de Jeune Afrique | Par : Jean-Louis Gouraud Le roi des chevauxAuteur d’un ouvrage qui a éveillé la curiosité de la presse française, Le cheval, animal politique, (Favre, 2009), Jean-Louis Gouraud – qui a dirigé la rédaction de Jeune Afrique dans les années 70 – a assisté à l’inauguration du deuxième Salon du Cheval de el Jadida, au Maroc. Ce qu’il y a vu lui a donné des idées, qui pourraient intéresser Nicolas Sarkozy.

De toutes les idées lancées – il faut bien le dire : souvent n’importe comment – par Nicolas Sarkozy, il en est une qui avait, dès le départ, assez peu de chances d’aboutir : la création d’une Union Pour la Méditerranée, dans laquelle on aurait vu soudain, comme par enchantement, s’apaiser les tensions entre tous les riverains, se réconcilier Turcs et Grecs, Algériens et Marocains, Juifs et Arabes, par la seule grâce, le seul charme ou la seule volonté d’une espèce de nouvel Aladin, dont le bon génie, conseiller à l’Elysée, s’appelle Hervé Guaino.

Pour relancer une affaire qui a si mal commencé, Sarkozy serait, dit-on, à la recherche d’une idée forte, d’une action d’éclat, susceptible de faire sinon l’unanimité du moins des étincelles. De source sûre, il aurait ainsi l’intention, complètement loufoque, de réunir un jour, sur les Champs Elysées, pour les faire défiler ensemble, des détachements algériens, marocains… et israéliens ! À l’occasion, par exemple, d’une prochaine fête nationale du 14 juillet.

S’il se confirmait qu’un tel projet hante réellement l’esprit du Président français, il faudrait s’inquiéter. Cela prouverait – au moins – que la boîte à idées élyséenne est tragiquement vide.

Devant une telle situation, puis-je, pour ma modeste part, faire une proposition ? Lancer une idée peut-être un peu surprenante, mais en tout cas moins farfelue que celle du défilé sur les Champs Elysées : la création d’une union méditerranéenne du cheval et de l’équitation, dont il faudrait proposer au Maroc de prendre la direction.

Cette perspective – cavalière, bien sûr – m’est apparue comme une sorte d’évidence, lorsque j’ai assisté, le mardi 20 octobre en début d’après-midi, à l’inauguration, par le Roi Mohamed VI en personne, du deuxième Salon du Cheval d’el Jadida.

El Jadida – moins de 100 kilomètres au sud de Casablanca – c’est un peu le Deauville du Maroc. Située au bord de l’océan, la ville (que les Portugais avaient appelée Mazagan) est au cœur d’une région où, comme la Normandie en France, l’on élève des chevaux depuis toujours, et d’où sortent les meilleurs produits du pays. À cela s’ajoute que la cité abrite un des moussem les plus courus du pays (Moulay Abdallah Anghar), qui rassemble chaque année plus de mille cavaliers, venus de toutes les régions du royaume.

Il y a quelques temps, un hippodrome, baptisé « Princesse Lalla Malika », a été construit ici, sur une vingtaine d’hectares, en bord de mer, un peu à l’écart de la ville, à l’intérieur duquel le jeune souverain a décidé de créer un nouveau Salon du Cheval dont la première édition, l’année dernière, a remporté un formidable succès populaire : plus de 100'000 visiteurs en moins d’une semaine ! (À titre de comparaison, le Salon du Cheval de Paris peine à accueillir 120'000 visiteurs en neuf jours, dont deux week-ends). Le succès, cette année, s’est confirmé : la foule des visiteurs a frôlé le chiffre de 150'000.

Il faut dire que tout avait été conçu pour que le déplacement en vaille la peine. Chaque région du Maroc y présentait ses richesses dans le domaine de l’élevage, de l’artisanat ou du tourisme équestre. Chaque institution liée à ces activités y avait également installé un stand : la Fédération équestre, les associations d’éleveurs, les sociétés de courses, ainsi que, bien sûr, ces grands utilisateurs de chevaux que sont, au Maroc, la police, la gendarmerie, l’armée et, primus inter pares, la garde royale.

Quelques exposants privés (selliers, laboratoires pharmaceutiques, et autres) y montraient leurs meilleures réalisations, tel cet entrepreneur français, Philippe Ploquin, venu présenter une pièce d’orfèvrerie extraordinaire, glorifiant la dynastie alouite : sur un miroir de près d’un mètre de diamètre, vingt-deux chevaux cabrés sont censés symboliser les vingt-deux sultans et rois de ce nom, surmontés d’un plateau où dix chevaux, cabrés eux aussi, célèbrent les dix années de pouvoir du souverain actuel, d’où émerge un petit cheval habillé d’or, qui n’est autre, on s’en serait douté, que le tout jeune prince héritier, Moulay Hassan !

Il y avait-là, surtout, plusieurs centaines de chevaux de toutes races – barbe, arabe, arabe-barbe, anglo-arabe, principalement – et de races incertaines, comme le sont souvent les vaillantes montures utilisées pour la fantasia (Un mot, soit dit en passant, d’origine mystérieuse, mais en tout cas étrangère, que les Marocains ont décidé de remplacer par le terme, plus couleur-locale, c’est vrai, de tbourida). On pouvait même y contempler une grosse bête étrange, monumentale, trois ou quatre fois plus volumineuse que les petits chevaux du coin : un magnifique percheron gris pommelé, amené ici par les Haras Nationaux français. Dans la foule des curieux, combien savaient que dans les veines de cet énorme bestiau coule, depuis le XVIIIe siècle, un peu de sang arabe ?

En dehors des expositions et des exhibitions de fantasia, on pouvait se distraire de mille façons : démonstrations de maréchalerie, baptême de poney pour les enfants – et, par-dessus tout, une succession de spectacles équestres internationaux du meilleur niveau.

C’est en assistant à cette succession de numéros extraordinaires ce 20 octobre que s’imposa à moi, comme sans doute à toute l’assistance, y compris à la personne du roi, la réalité d’une certaine unité méditerranéenne, d’une communauté façonnée par le cheval. Lorsqu’entrèrent sur scène les magnifiques andalous dits « de pure race espagnole » menés en main par les écuyers magiciens de l’Ecole Royale de Jerez, comment ne pas voir dans ces animaux au chanfrein légèrement busqué, à l’encolure puissante, l’évident cousinage avec les chevaux barbes ? C’est-à-dire berbères. C’est-à-dire d’Afrique du Nord. C’est-à-dire d’ici !?

Lorsqu’entrèrent ensuite, dans la vaste carrière de présentation, les cavaliers de Zaouit Cheikh (une localité du Moyen-Atlas) vêtus de blanc et d’or, debout sur leurs étriers, montés sur de fringants petits chevaux gris au bec rose, à la crinière en panache, sellés et bridés de harnachements somptueux, comment ne pas songer à leurs lointains ancêtres, qui, en l’an 711 de l’ère chrétienne, servirent de fer de lance à la conquête musulmane ? C’étaient, dit-on, des Zénètes, une tribu berbère venue des profondeurs libyennes. Leur façon si particulière de monter, étriers courts, fut appelée en Espagne « jinete » (déformation de zénète) et leurs montures, mariées aux chevaux locaux, des « genets » (déformation de jinete) !

Comment ne pas se souvenir que, bien avant eux déjà, Hannibal était passé par là, remonté en chevaux numides (berbères), qui laissèrent des traces sur tout le pourtour méditerranéen : en France, sans doute (les petits chevaux de Camargue), en Italie sûrement. Croisés aux chevaux étrusques, ils firent souche en Campanie – c’était cela, les délices de Capoue ! – et eurent pour lointains descendants les fameux chevaux napolitains, sur lesquels naquit, à la Renaissance, cette équitation dite de haute-école qui, plus tard, fut portée à la perfection par des maîtres tels Monsieur de Pluvinel, le professeur d’équitation du roi de France.

Comment ne pas ressentir qu’on est ici, au Maghreb, au cœur d’une civilisation, au centre d’un foyer dont le feu s’est propagé sur une grande partie du pourtour méditerranéen, et dont le véhicule fut incontestablement ce petit cheval local dont on a eu le plaisir de voir, à El Jadida, quelques beaux spécimens, spécialement au lendemain de l’inauguration du Salon, lors du Championnat National du cheval barbe, dont l’incontestable vainqueur fut un admirable étalon bai brun de deux ans, appelé Seyf el Boraq et appartenant à M. Anas Jamaï Ghizlani.

La qualité moyenne des produits présentés au cours de ce Championnat prouve que le Maroc est, en la matière, sur le bon chemin. Si le père de l’actuel souverain avait un léger penchant pour la race dite arabe (dont les meilleures souches, paradoxalement, se trouvent en Europe ou aux Etats-Unis, ce qui impose aux éleveurs arabes d’importer leurs étalons et leurs poulinières !), le jeune roi, lui, a marqué sa préférence pour le cheval local, le barbe, dont il encourage l’élevage, et au prestige duquel il veille personnellement. J’en prends pour indice le fait que Mohammed VI, ayant appris que le dernier étalon barbe possédé par les Haras Nationaux français s’était éteint récemment, profita de la présence à el Jadida de Franck Le Mestre, fringant directeur opérationnel du haras du Pin (« le Versailles du cheval »), pour lui annoncer, au cours d’une audience accordée le jour même de l’inauguration du Salon, qu’il offrait à la France un superbe étalon gris rouanné de six ans baptisé Ouadoud.

La France est, pour des raisons historiques évidentes, le pays « hors berceau » où la concentration de chevaux barbes est la plus forte. Raison pour laquelle elle fut admise à faire partie des cofondateurs d’une organisation unique en son genre, l’OMCB : Organisation Mondiale du Cheval Barbe.

Je peux en parler savamment : ce sympathique « machin » a été créé à mon initiative avec la complicité d’un brillant vétérinaire algérien, Rachid Benaïssa, devenu depuis ministre de l’agriculture, à l’issue d’un colloque organisé à Alger en 1987, auquel j’avais convié tout ce que l’univers comptait comme spécialistes, ou simples amateurs, du cheval barbe : historiens, zoologues, éleveurs et cavaliers originaires d’une douzaine de pays, presque tous riverains de la Méditerranée.

Malgré les incessantes chamailleries qui opposent depuis plus de vingt ans l’Algérie au Maroc, l’institution continue à fonctionner, vaille que vaille : l’Algérie, ainsi que la Tunisie, ont envoyé un délégué à el Jadida où devait se tenir, en marge du Salon, une réunion de l’organisation. La réunion a eu lieu. Il n’y a pas eu de morts. Preuve, Monsieur le Président Sarkozy, que le cheval – cet animal sur lequel vous ne détestez pas vous exhiber – peut constituer le ciment que vous recherchez pour consolider votre Union Pour la Méditerranée.