jeudi 31 mai 2012


MALI/BÉNIN - 
Article publié le : jeudi 31 mai 2012 - Dernière modification le : jeudi 31 mai 2012

Boni Yayi favorable à une «force» africaine d'intervention avec l'appui de l'ONU

Addis-Abeba, 30 janvier 2012. Le président béninois Thomas Boni Yayi prend la présidence tournante pour 6 mois de l'Union africaine.
Addis-Abeba, 30 janvier 2012. Le président béninois Thomas Boni Yayi prend la présidence tournante pour 6 mois de l'Union africaine.
© Reuters/Noor Khamis

Par RFI
Boni Yayi est pour la création d'une force d'intervention africaine au nord du Mali, sur le modèle de l'Amisom, en Somalie. En visite à Paris, le chef de l'Etat béninois, président en exercice de l'Union africaine a plaidé pour une saisine du Conseil de sécurité de l'ONU en vue de la création d'une telle force. « Une solution militaire qui doit toutefois venir après le dialogue, a indiqué le président de l'Etat béninois. Mais le dialogue ne doit pas trop durer ».


NOTRE DOSSIER SPÉCIAL MALI
Les discussions informelles au Conseil de sécurité, sont à un stade assez avancé. L'option qui est la plus souvent évoquée, s'inspire de l'Amisom en Somalie, une force composée de soldats africains, dont la mission rend des comptes à l'Union africaine, mais qui bénéficie d'un important appui logistique et financier onusien, car les soldats sont rémunérés par l'entremise de l'ONU.
Lors de sa conférence de presse à Paris le 30 mai, le président de l'Union africaine Boni Yayi a cité à trois reprises la solution adoptée en Somalie.
Cette mission au Mali poursuivrait deux objectifs : l'accompagnement de la transition et la protection des autorités intérimaires d'une part, la sauvegarde de l'intégrité territoriale du Mali, d'autre part.
A New York, on ne cache pas que ce deuxième volet est particulièrement complexe et même assez nouveau pour l'ONU en Afrique. Ses forces interviennent d'habitude suite à l'obtention d'un accord de paix et avec le feu vert des parties en conflit. Or aujourd'hui, le Mali est coupé en deux, avec un mouvement sécessionniste dans une moitié Nord où sont par ailleurs implantés plusieurs mouvements armés dont Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamique.
Réactions
« Nous sommes prêts », affirme Hervé Ladsous, chef du département des opérations de maintien de la paix à l'ONU, lorsque le chef d'Etat béninois Thomas Bani Yayi a indiqué que l'ONU pourrait ainsi décider d'une résolution afin d'appuyer une force d'intervention africaine au Mali.

Hervé Ladsous
Chef du département des opérations de maintien de la paix à l'ONU
 
31/05/2012 par Charlotte Idrac

De son côté, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est sur la même longueur d'onde que le président béninois lorsque ce dernier déclare que « cette solution (militaire) doit venir après le dialogue, mais le dialogue ne doit pas trop durer ». Jean-Yves Le Drian fait part aussi de son inquiétude quant à la déterioration de la situation au Sahel.

Jean-Yves Le Drian
Ministre français de la Défense
 
31/05/2012 par Olivier Fourt

Les conséquences de la crise sur les populationsdu Nord 
Avant même l’éclatement de la rébellion au nord du Mali, il était clair que certaines zones du pays seraient confrontées à une situation alimentaire difficile, en raison des mauvaises récoltes de la précédente saison agricole. Le développement de l’insécurité au Nord a rendu la situation alimentaire encore plus fragile, et risque de compromettre la prochaine campagne agricole.
Mamadou Lamine Coulibaly, secrétaire général de la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali s'en explique : « Au Nord, les greniers sont pillés. Il n’y a pas un seul grenier qui a échappé. C’est la disette pour les paysans et la bombance pour les rebelles et les voleurs. Même les semences sont endommagées. La priorité pour nous c’est comment sauver la campagne ».
Pour ce responsable paysan, il faut trouver le moyen d’acheminer aux populations concernées une aide alimentaire, mais aussi les semences et les engrais qui permettront de planter quand l’hivernage se sera installé. Toutes les régions du Nord n’ont, semble-t-il, pas été affectées de la même manière par la crise.
Selon Salif Sow, le représentant régional de Fews net, le système d’alerte précoce sur la famine, la région de Gao est la plus menacée. « On risque, dit-il, une situation de catastrophe. L’insécurité civile a complètement coupé la région de Gao. D’abord, de ses sources d’approvisionnement du Sud qui ravitaillent donc toute la région de Gao en céréales et a ensuite, fortement perturbé les marchés dans la région de Gao. Et pour la majorité, les foires hebdomadaires ne se tiennent plus à cause de l’insécurité ».
Le type de pastoralisme pratiqué dans les régions de Kidal et Tombouctou devrait en revanche, selon cet expert, permettre aux éleveurs de profiter du retour des pâturages et de l’eau, pendant la saison des pluies, pour aller se ravitailler dans les pays voisins.
TAGS: BÉNIN - MALI - YAYI BONI


La rébellion touareg et les islamistes peinent à s'entendre

30.05.2012 | Le Républicain
"Jusqu’où le MNLA [Mouvement national de libération de l'Azawad] et Ansar Dine ne peuvent pas aller", titre le journal. Depuis le 25 avril, les responsables des deux mouvements présents dans le nord du Mali – Touaregs et islamistes – se concertent pour tenter de surmonter leurs divergences. En dépit du 'protocole d'accord' signé le 26 mai, les discussions achoppent sur la question de la loi islamique, qu'Ansar Dine tient à appliquer, alors que le MNLA se présente comme laïc. "L’essence de la culture touareg est la liberté", rappelle le journal
Point de vue L'Azawad n'est pas encore mis à genoux. Les Touaregs résistent 
Source : Tamazgha Porte parole:Masin FERKAL Publié le 30/05/12 11:57 AZAWAD

Après deux jours de cauchemar, les nouvelles sont plutôt rassurantes du côté de l'Azawad. Peu importe ce qui s'est passé réellement le samedi 26 mai au soir, aujourd'hui on peut affirmer que le protocole d'accord annoncé entre le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et Ansar Dine est tombé à l'eau. Autant dire qu'il n'y a pas eu d'accord. L'AFP a trop vite fait confiance à ses informateurs d'Ansar-Dine qui négociaient avec le MNLA. La radio «La Voix de la Russie» [ Voir le site ] parle, quant à elle, de «dissensions entre les touareg et les islamistes». En effet, selon cette radio russe «la fusion annoncée samedi entre le MNLA et Ançar Dine a éclaté ce lundi suite à des désaccords concernant l'application de la loi islamique». C'est donc ce piège islamique qui aurait provoqué l'échec d'un accord que certains se sont empressés d'annoncer comme un fait. C'est notamment l'AFP qui a, dès dimanche 27 mai, annoncé l'accord entre les deux organisations antagonistes le présentant comme accord scellé autour de la mise en place d'un Etat islamique dans l'Azawad. Cette même agence française qui fait dans la propagande anti-touareg et pro-islamiste et malienne qui annonce dans une dépêche datée du mardi 29 mai que les négociations sont bloquées. De son côté, le site Internet Afrik.com [ Voir le site ] parle d'un «coup de théâtre». Selon Ibrahim Assaley, membre du MNLA qui a pris part aux négociations, les exigences du groupe islamiste sont dignes d'une organisation religieuse, ce que le MNLA ne pouvait accepter. Iyad ag Ghali, touareg de Kidal, qui doit sa renommée dans la région à son implication dans la rébellion de 1990, aujourd'hui devenu l'ennemi redoutable du pays touareg, est instrumentalisé par diverses forces hostiles au pays touareg. Si pour certains observateurs, Iyad Ghali «roule» pour les algériens qui le financent ce qui explique ses accointances avec l'Aqmi, l'autre instrument d'Alger, d'autres observateurs diront qu'il est plutôt l'instrument de l'axe Qatar-Arabie Saoudite-France. En effet, il faut rappeler qu'Iyad ag Ghali a fait un séjour en Arabie Saoudite en tant que consul du Mali. Aussi, les liens d'Iyad ag Ghali avec Kadhafi sont connues sur la place publique. Afrik.com rapporte que Iyad ag Ghali aurait dit qu'«il n'est pas question de céder aux réclamations des Touaregs». Il veut ainsi imposer au MNLA l'agenda dont il a été chargé d'appliquer dans l'Azawad. Autrement dit, le mettre à genoux. Si aujourd'hui on se réjouit de l'échec annoncé de la tentative de négociation entre le MNLA et Ansar Dine, l'on est en droit de se poser des questions sur les raisons qui ont conduit le MNLA à s'aventurer dans cette voie suicidaire pour l'Azawad. Si l'on peut juger légitime et responsable que le MNLA ait le souci d'éviter une guerre fratricide entre Touaregs, l'association avec Ansar Dine ne peut, tôt ou tard, que conduire vers cette guerre, car Ansar Dine a été créé pour saboter le projet du MNLA visant la libération de l'Azawad. Reste à espérer que cette rupture de négociations entre le MNLA et Ansar Dine mettra fin à toute relation entre les deux mouvements et que le MNLA reprenne son combat initial, le seul qui soit dans l'intérêt de l'Azawad. Et que les intérêts des Touaregs, leur culture, leurs identité et langue soient le fil conducteur du combat du MNLA qui est en voie de rendre leur dignité non seulement aux Touaregs mais à l'ensemble des Imazighen. Une dignité bafouée par divers Etats coloniaux qui devront tous, un jour ou l'autre, tomber pour qu'Imazighen accèdent enfin à leur souveraineté. N'en déplaise même à la toute puissante France qui reste, disons-le, le responsable principal du drame que vivent les Berbères aujourd'hui et de l'humiliation que leur impose l'idéologie arabo-islamique.

Masin Ferkal ■ Tamazgha, Organisation internationale qui œuvre pour la défense des droits des Imazighen (Berbères). Voir le site Réagir : [Écrire à l'auteur] [Signaler un abus]

Source : http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=26149&title=L'Azawad%20n'est%20pas%20encore%20mis%20%C3%A0%20genoux.%20Les%20Touaregs%20r%C3%A9sistent
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mercredi 30 mai 2012


Mali : arrestation de proches de l’ex-junte

Dernière mise à jour: 29 mai, 2012 - 11:23 GMT
BBC
Depuis l’ouverture de l’enquête sur l’agression du président Dionkounda Traoré, la semaine dernière, une cinquantaine de personnes ont été interpellées dont certaines mises à la disposition de la justice.
Le communiqué officiel qui donne l’information, ne fournit pas de détails sur l’identité des personnes, pas plus qu’il ne précise s’il s’agit de civils ou de militaires.
Cependant, la coalition pro-junte, la COPAM, est fortement représentée dans cette vague d’arrestations selon Oumar Mariko.
Celui-ci a informé la BBC de l’interpellation de Rokia Sanogo, Younouss Hamey Dicko, Hamadoun Amion Guindo et de maître Mamadou Gakou, des leaders au même titre que lui au sein de la COPAM.
La semaine dernière, la COPAM avaient désigné le chef de l’ex-junte le capitaine Amadou Haya Sanogo président de la transition à l’issue d’une convention, rejetant le maintien de Dionkounda Traoré au palais de Koulouba.
Oumar Mariko lui-même affirme avoir été convoqué par la gendarmerie mais il n’a pas répondu, car dit-il, la procédure normale n’a pas été suivie. Il est un des vices président de l’assemblée nationale.
Parmi les personnes arrêtées devraient également figurer des militaires.
Elles devraient toutes s’expliquer sur leur rôle présumé dans l’agression du président à son bureau par des manifestants hostiles à son maintien à la tête de la transition.
L’atteinte à l’intégrité physique de Dionkounda Traoré, 70 ans, a indigné le FDR, la coalition opposée au coup d’Etat.
Il avait appelé à marcher ce mardi pour exiger le respect des institutions. Mais le haut conseil islamique lui en a dissuadé.
En lieu et place de la marche, le FDR demande à tous les Maliens d’observer 5 minutes de prières et de recueillements à partir de 10 heures, pour le retour de la paix dans le pays.
Selon le premier ministre Cheik Modibo Diarra, Dionkounda Traoré, toujours en France pour des soins médicaux, va honorer aujourd’hui son ultime rendez-vous chez les médecins. Son retour au bercail pourrait ensuite être envisagé.

mardi 29 mai 2012


MALI - 
Article publié le : mardi 29 mai 2012 - Dernière modification le : mardi 29 mai 2012

Mali : les négociations au point mort entre le MNLA et Ansar Dine

Un membre d'Ansar Dine près de Tombouctou, le 24 avril 2012.
Un membre d'Ansar Dine près de Tombouctou, le 24 avril 2012.
AFP PHOTO / ROMARIC OLLO HIEN

Par RFI
A Gao, l'alliance entre le MNLA et Ansar Dine, deux des mouvements qui occupent le nord du Mali depuis la fin mars, a du plomb dans l'aile. Selon nos informations, les négociations entre les séparatistes et les islamistes se sont même interrompues ce mardi 29 mai, trois jours seulement après un protocole d'accord signé dans la douleur. Le chef de la délégation d'Ansar Dine a quitté les discussions. Iyad Ag Ghali, le chef du mouvement islamiste est toujours attendu à Gao. Lui, l'ancien chef rebelle touareg qui a réussi à redevenir l'homme incontournable de l'Azawad.

On le dit manipulateur, orgueilleux, avide de pouvoir, Iyad Ag Ghali la figure charismatique de la rebellion des années 90 est devenu un fou de Dieu, un islamiste qui prône l'application de la charia à travers tout le Mali. Iyad a même pris un nom djihadiste, Abou Fadil.
Fin 2011, il crée son mouvement, Ansar Dine. Il s'agit d'une façon d'exister aux côtés du tout nouveau MNLA qui revendique l'indépendance de l'Azawad et qui n'a pas fait appel à lui. Iyad va alors chercher ailleurs les moyens d'exister et de retrouver le leadership qu'il est en train de perdre.
Ses soutiens, il les trouvera auprès du groupe terroriste Aqmi. Ce dernier, originaire d'Algérie, a des connections chez les touaregs ifoghas. Au fil des semaines et des mois, Ansar Dine et son parrain Aqmi vont multiplier les victoires sur les frères du MNLA. Iyad continue à fasciner au point que de nombreux combattants du MNLA, attirés par les moyens financiers d'Ansar Dine, mais aussi par la personnalité de son chef, vont rejoindre le mouvement islamiste.
Iyad souhaite-t-il vraiment un accord avec le MNLA?

Ibrahim
 
Militant du MNLA
29/05/2012
 
 
Certains de ces proches assurent qu'il est et restera un touareg avant d'être un islamiste. Certains pourtant doutent aujourd'hui de son indépendance vis-à-vis des djihadistes : « Iyad a perdu la main. C'est Abou Zeid et Belmoctar qui lui dictent ses décisions », entend-on à Gao. Hier, un de ses proches, un modéré du mouvement qui conduisait la délégation Ansar Dine à Gao, a quitté la négociation pour rejoindre Kidal.
Au MNLA , des voix s'élèvent désormais à Gao pour refuser cet accord avec Ansar Dine. Un accord incompatible avec les valeurs et l' identité profonde de la région, affirment ces militants et cadres touaregs.

NORD DU MALI : QUI CONTRÔLE QUOI?
Aucun calendrier n'a été établi à ce jour pour mettre en oeuvre la fusion des effectifs du MNLA et d'Ansar Dine, telle que prévue par le protocole d'accord signé dans la douleur samedi 26 mai. En attendant, le MNLA et Ansar Dine continuent de revendiquer, chacun de leur côté, le contrôle de la plupart des localités du nord du Mali.
Le MNLA contrôle la ville de Gao ainsi que l'aéroport. Avec entre 1 500 et 2 000 hommes revendiqués dans la zone, Gao représente son quartier général, même si le mouvement - il ne le nie pas - a accusé d'importantes défections ces dernières semaines. Elles portent sur plusieurs centaines d'hommes à Gao au profit d'Ansar Dine, qui s'en félicite.
Les hommes de Iyad Ag Ghali, il est vrai, sont bien mieux lotis. « Ils ne discutent pas les prix dans les commerces, alors que les gens du MNLA achètent peu de choses et marchandent tout le temps », relève un habitant de Tombouctou. Ansar Dine domine la ville sainte même si le MNLA tient l'aéroport. Dans l'extrême Nord-Est, le groupe islamiste règne aussi en maître à Kidal, Tessalit et Aguelhok. Plus au sud, les deux groupes se partagent Goundam, mais là encore, l'aéroport est aux mains du MNLA.
Dans le Sud-Ouest enfin, le mouvement contrôle les localités de Léré et Niafounké. Mais Ansar Dine envisage sous peu une présence à Niafounké et se prépare, selon un porte-parole, à investir étape par étape toutes les zones qui comptent dans le nord du Mali.
TAGS: ANSAR DINE - CHEICK MODIBO DIARRA - DIONCOUNDA TRAORÉ - MALI - MNLA
FICHE PAYS :

FRANCE / AFRIQUE - 
Article publié le : mardi 29 mai 2012 - Dernière modification le : mardi 29 mai 2012

France/Afrique : la crise malienne au cœur de la rencontre entre François Hollande et Boni Yayi

RFI
Thomas Boni Yayi, le chef d'Etat béninois et président de l'UA et le président français François Hollande, à l'Elysée, le mardi 29 mai 2012.
Thomas Boni Yayi, le chef d'Etat béninois et président de l'UA et le président français François Hollande, à l'Elysée, le mardi 29 mai 2012.
REUTERS/Philippe Wojazer

Par Ursula Soares
Le président français, François Hollande, a reçu ce mardi 29 mai, Thomas Boni Yayi, chef d’Etat béninois et actuel président de l’Union africaine. Les deux hommes ont largement évoqué la situation au Mali. François Hollande a apporté son soutien à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l’Ouest (Cédéao) et à l’Union africaine et a demandé aux Africains de saisir directement le Conseil de sécurité des Nations unies pour régler la crise dans le nord du pays.

C’est la première fois, en tant que président de la République, que François Hollande s’exprime sur les grandes questions africaines et Thomas Boni Yayi est le premier chef d’Etat africain reçu au palais de l’Elysée depuis l’élection de son homologue français. François Hollande précise que « c’est un double symbole ».

François Hollande
Président de la République française
C’est un symbole de la considération que je porte à l’Union africaine...
 
29/05/2012

Les deux hommes se sont entretenus, en privé, pendant 1h10. Après ce tête-à-tête, au cours d’une conférence de presse conjointe, le président français a rappelé les trois grands principes qui guideront sa relation avec l’Afrique : la bonne gouvernance, le développement économique et le principe de stabilité et de sécurité. Sur ce dernier point, la crise malienne a été particulièrement évoquée.

Crise malienne
 
Les deux présidents ont exprimé leur inquiétude sur la situation au Mali dont la partie nord est aux mains de groupes touaregs et islamistes proches d’al-Qaïda. L’instabilité qui règne dans la région et ses répercussions dans les pays voisins « concernent, en réalité, le monde entier », a estimé le président Boni Yayi. De son côté, François Hollande a demandé à la Cédéao et à l’Union africaine de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU afin que celui-ci puisse « désigner un cadre qui permette au Mali et plus largement à la zone Sahel de renouer avec la stabilité ». Le président français a également demandé un retour à l’ordre constitutionnel à Bamako.

Interrogé sur une éventuelle intervention militaire française au Mali pour rétablir l’intégrité territoriale, François Hollande a répondu que « c’est dans le cadre d’une décision du Conseil de sécurité que la France aura à envisager une participation, mais qui sera demandée ». Le président français a tenu ainsi à expliquer qu’il n’y aura pas d’ingérence de la France dans les affaires maliennes.
François Hollande
Président de la République française
Je rappelle que nous avons des otages qui sont détenus, aussi, là-bas...
 
29/05/2012

De son côté, le président béninois est reparti du palais de l’Elysée, soulagé et satisfait de l’écoute attentive du président français.
Thomas Boni Yayi
Président du Bénin et président en exercice de l’Union africaine
Ce qui se passe au Mali, en réalité, concerne le monde entier...
 
29/05/2012

TAGS: BÉNIN - CÉDÉAO - FRANCE - FRANÇOIS HOLLANDE - MALI - UNION AFRICAINE - YAYI BONI
FICHE PAYS :

Hollande définit les principes de sa diplomatie africaine

PARIS (AFP) - 29.05.2012 17:29 - Par Philippe ALFROY

Deux semaines après son entrée en fonction, François Hollande a détaillé mardi, à la faveur d'une visite du président béninois Thomas Boni Yayi, les grands principes du nouveau partenariat "équilibré" qu'il veut instaurer avec le continent africain.
voir le zoom : Le président français François Hollande et son homologue béninois Thomas Boni Yayi, le 29 mai 2012 à l'Elysée, à Paris.Le président français François Hollande et son homologue béninois Thomas Boni Yayi, le 29 mai 2012 à l'Elysée, à Paris.
AFP - Fred Dufour
Deux semaines après son entrée en fonction, François Hollande a détaillé mardi, à la faveur d'une visite du président béninois Thomas Boni Yayi, les grands principes du nouveau partenariat "équilibré" qu'il veut instaurer avec le continent africain.
Même si le mot de "rupture" est surtout associé à son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, le nouveau président l'a largement repris pendant sa campagne. En matière de relations avec l'Afrique, il veut rompre avec les pratiques contestées de diplomatie parallèle de la "Françafrique", qui ont empoisonné les liens entre Paris et ses ex-colonies depuis les années 60.
La première étape de ce changement annoncé s'est traduite dans les mots lors de la formation du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Le ministère délégué à la Coopération y a été abandonné au profit d'un ministère délégué au Développement, attribué au député européen écologiste Pascal Canfin.
François Hollande y a ajouté un deuxième signe mardi en faisant du chef de l'Etat béninois et patron en exercice de l'Union africaine (UA), Thomas Boni Yayi, son premier invité africain sous les ors de l'Elysée.
"C'est un double symbole", a commenté le nouveau président français devant son hôte, "d'abord de reconnaissance de ce qu'est la démocratie béninoise, qui est exemplaire dans le continent, et un symbole également de la considération que je porte à l'Union africaine".
Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy avait, lui aussi, affiché sa volonté de tordre le cou aux réseaux et aux pratiques "du passé". Mais, malgré la renégociation de accords de défense qui ont souvent servi à justifier le rôle de "gendarme de l'Afrique" de la France, son action a été brouillée par sa proximité avec certains dirigeants, ceux du Gabon notamment, ou le rôle mystérieux de certains intermédiaires comme l'avocat Robert Bourgi.
Désireux, à son tour, de tirer un trait définitif sur certaines de ces "pratiques", M. Hollande a donc détaillé mardi les "principes" qui, a-t-il promis, régiront dorénavant les liens de la France avec l'Afrique.
"D'abord le principe de bonne gouvernance, c'est-à-dire du développement de la démocratie partout en Afrique", a-t-il dit. Puis la mise en place d'un "pacte de croissance et de développement" pour le continent africain et sa "reconnaissance" dans des instances comme le G20, a-t-il ajouté.
François Hollande a enfin rappelé son attachement à la "stabilité" et à la "sécurité" de l'Afrique. Mais en se gardant de toute ingérence. Evoquant la situation préoccupante du Mali, coupé en deux par l'action de groupes islamistes et touaregs, il a soumis toute action française à un mandat des Nations unies. Comme l'avait fait M. Sarkozy en Côte d'Ivoire en 2011.
"Nous ne ne voulons pas rentrer dans un principe d'ingérence", a résumé le président. La France "n'a pas vocation à intervenir directement" en Afrique, a insisté le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, dans un entretien au quotidien Le Monde.
Thomas Boni Yayi s'est déclaré "extrêmement satisfait" de la ligne fixée par son hôte et de sa volonté de ne plus "donner de leçons" aux Africains. "L'Afrique est décidée à se prendre en main", lui a-t-il assuré.
Interrogé par la presse, François Hollande s'est gardé de préciser si ses trois "principes", notamment celui de démocratie, étaient susceptibles d'affecter les relations de la France avec certains pays comme le Gabon, le Congo ou la Guinée équatoriale, dont les dirigeants sont mis en cause dans des procédures judiciaires françaises visant leur patrimoine.
"J'ai dit les principes qui devaient être les nôtres et je les rappellerai autant que nécessaire", s'est-il contenté d'indiquer.
© 2012 AFP
France 24: négociations gelés entre le MNLA et Ansar Eddine.

Mali : un Etat Al-Qaïda dans l'Etat

Par Europe1.fr avec Xavier Yvon
Publié le 29 mai 2012 à 06h43Mis à jour le 29 mai 2012 à 11h23
     
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La ville de Tombouctou est soumise à l'application de la loi islamique.
La ville de Tombouctou est soumise à l'application de la loi islamique. © Maxppp
Les islamistes, qui occupent plusieurs villes du Nord, appliquent déjà la charia.
Après s'être emparé de trois régions au mois d'avril dernier, les rebelles touaregs du MNLA ont proclamé l'indépendance de l'Azawad, cette région désertique du nord du Mali grande comme la France et la Belgique réunies. Depuis qu'ils occupent ces villes, les islamistes s'efforcent de faire appliquer la charia, ce qui a déclenché un certain nombre de protestations de la part d'habitants accoutumés à une lecture plus modérée de l'islam. Europe1.fr fait le point sur la situation.
La fusion des mouvements... La rébellion touareg, issue de MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) et le mouvement islamiste Ansar Dine, deux des groupes qui contrôlent le nord du Mali depuis près de deux mois, ont annoncé samedi leur fusion et proclamé un "Etat islamique" dans la région. Le MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad avait lancé mi-janvier l'offensive contre l'armée malienne dans le but de donner son indépendance à la région. Ansar Dine, "Défenseur de l'islam" en arabe, s'était joint aux combats quelques semaines plus tard. Cette organisation, dirigée par l'ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a ensuite été appuyée sur le terrain par les jihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Progressivement, Ansar Dine et Aqmi sont devenus dominants - aux dépens du MNLA - dans le Nord, tombé entièrement aux mains des groupes armés.
…bloquée par des dissensions. Mais des désaccords de fond persistaient encore lundi entre les deux mouvements, notamment sur l'application de la loi islamique. "Nous avons refusé d'approuver le communiqué final, parce qu'il est différent du protocole d'accord que nous avons signé (samedi). Toute la journée d'aujourd'hui, nous avons discuté, mais il n'y a pas eu d'entente", a déclaré Ibrahim Assaley, élu du Nord malien et membre du MNLA, la rébellion touareg. "Dans le communiqué écrit par Ansar Dine, on parle d'application de la charia (loi islamique) pure et dure, on parle aussi d'interdire le Nord aux organisations humanitaires non-musulmanes : ce n'était pas précisé dans le protocole d'accord", a-t-il poursuivi.
En effet, Ansar Dine prône l'instauration de la charia dans tout le Mali, tandis que le MNLA, sécessionniste, s'affichait jusque-là laïc. La rébellion touareg a progressivement été marginalisée par les groupes islamistes. Le chef d'Aqmi, Abdelmalek Droukdel dit Abou Moussaab Abdelouadoud, a conseillé à ses combattants du nord du Mali d'imposer "graduellement" la charia pour réussir la création d'un Etat islamique dans la région.
Des groupes se rapprochent de l'alliance rebelle... Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest (Mujao), présenté comme dissident d'Aqmi et qui comme lui commet des rapts dans la zone, est venu finalement également participé à cette réunion lundi. Le Mujao, dont le chef était présent à Tombouctou, "garde son autonomie, mais n'a plus désormais de différends avec les autres jihadistes. Ils ont la même ambition de faire le jihad mais ils se partagent le terrain", a affirmé une source proche de la rencontre. Selon des sources concordantes, l'Algérien Nabil Makloufi, qui coordonne les actions d'Aqmi dans les "katiba" (cellules combattantes) du Sahel, Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar, deux autres chefs d'Aqmi, ont participé aux discussions.
... tandis qu'un mouvement contre les islamistes se crée. Un nouveau groupe armé a annoncé sa création dans le nord du Mali. "Suite aux événements malheureux que vit le Mali depuis quelques mois, un groupe de jeunes Maliens a décidé de créer le Front de libération du Nord-Mali", indique le texte à en-tête du "FLNM". Selon des recoupements, ce nouveau groupe ne compte pour l'instant qu'une centaine d'éléments. "L'objectif principal de ce regroupement est de mettre un terme à l'occupation du Nord-Mali mais aussi et surtout de combattre les groupes islamistes qui veulent instituer la charia dans cette partie du Mali", poursuit ce mouvement, revendiquant deux opérations récentes contre des mouvements islamistes, non confirmées de source indépendante. Ce "front" dit s'organiser "progressivement", sans donner plus de détails.
La situation sur le terrain. Ces islamistes ont commencé à transformerles villes qu'ils occupent depuis deux mois. C'est le cas par exemple à Tombouctou. Dans les rues, tous les panneaux de signalisation ont été remplacés. Ils sont désormais rédigés en arabe. Les seules voitures qui circulent sont celles des hommes en armes. "Ils disent aux femmes de se voiler. Les hommes et les femmes ne doivent pas monter dans le même véhicule. Ils disent qu'ils sont de la police islamique. On n'a plus le droit de fumer. Plus personne ne fume à Tombouctou. Tout le monde est inquiet. On ne sait pas qui est qui et qui fait quoi", affirme Bruno sur Europe 1, un habitant qui a demandé, par sécurité, à sa mère de quitter la ville. Cette présence des islamistes continuent d'attiser les tensions auprès de la population. Plusieurs centaines de personnes sont ainsi descendues dans les rues de Gao, ce mois-ci, pour contester l'interdiction de jouer au football ou aux jeux vidéo. Des combattants d'Ansar Dine avaient alors tiré en l'air pour disperser la foule.
Les réactions. La Communauté économique d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui regroupe quinze Etats, a dénoncé lundi "la tentative de création" d’un Etat islamique dans le nord du Mali, rejetant la "soi-disant déclaration d’indépendance" des groupes contrôlant cette région, et répété qu'elle était prête à prendre "toutes les mesures nécessaires" en vue de préserver l'intégrité territoriale du Mali. La Cédéao serait ainsi prête à envoyer une force armée au Mali si elle recevait une demande officielle en ce sens de Bamako.
http://www.tamoudre.org/geostrategie/resistance/nord-du-mali-la-rebellion-touareg-et-un-groupe-islamiste-fusionnent.html