vendredi 6 décembre 2013

vendredi 6 décembre 2013

L'Afrique Réelle n°48 - Décembre 2013

Sommaire

Actualité :
- Sahel : La France seule et sans moyens
- Nigeria-Cameroun : le continuum ethno-religieux de Boko Haram

Economie :
Afrique du Sud : vers la catastrophe économique

Dossier :
Le Rwanda peut-il renoncer au Kivu ?

- La mainmise du Rwanda sur le Kivu (1996-2002)
- La seconde guerre du Kivu (2007-2009)
- La troisième guerre du Kivu et la fin du M23 (2012-2013)

Editorial de Bernard Lugan

Les élections comme seul remède ?

Elections, encore les élections, toujours les élections, rien que les élections !!! 
Hier en Côte d’Ivoire et en Libye, aujourd’hui au Mali et demain en RCA, les Diafoirus européens et américains n’ont qu’un seul remède à proposer : les élections. Or, cette version politique de la saignée ou du clystère chers aux médecins de Molière n’a jamais résolu le moindre problème africain ; quand elle ne l’a pas aggravé. Pour deux principales raisons :

1) Partout en Afrique les élections étant des sondages ethniques grandeur nature, chaque scrutin enfonce le pays dans la crise ethno-politique.

2) Les élections imposées à l’Afrique reposent sur une philosophie politique fondée sur l’individu alors que les définitions sociales et religieuses africaines sont fondées sur la communauté. Nous sommes donc en présence d’une incompatibilité philosophico-politique que l’actuelle fuite en avant démocratique ne fera pas disparaître.

La solution passe par le retour au réel ethnique et donc par l’abandon du postulat universaliste qui le nie. Mais pour cela, encore faudrait-il que les nantis du Nord cessent de vouloir imposer leur philosophie universaliste à l’Afrique, ce qui passe par l’abandon de l’idée du « village-terre » et l’acceptation de la réalité identitaire.
Combien faudra t-il encore de guerres et de massacres pour que les idéologues européens et américains admettent que les Africains ne sont pas des Européens pauvres à la peau noire, mais les héritiers de vieilles civilisations n’ayant pas vocation à devenir des « nègres-blancs ».

Après les guerres des années 1985-2000, une profonde recomposition ethno-politique s’est produite dans la région des Grands Lacs autour de deux pôles, l’Ouganda de Yoweri Museveni et le Rwanda de Paul Kagame.
Depuis 1996, le Rwanda occupe le Kivu congolais dans l’indifférence générale. Or, depuis plusieurs mois, en raison des exactions commises par les diverses milices qui se combattent dans la région, la communauté internationale a décidé de faire pression sur le Rwanda pour qu’il cesse son aide au M23, mouvement né à Kigali, porté à bout de bras par le régime du général Kagamé et composé d’anciens de son armée.

Aujourd’hui, le Rwanda est confronté à une nouvelle réalité qui est la question de l’éventuelle reconstruction d’un Etat congolais. Or, une telle politique qui remettrait en cause son « protectorat » de fait sur l’immense partie de la RDC qui s’étend du lac Albert au Nord jusqu’au lac Tanganyika au Sud serait mortelle pour le Rwanda qui « tire » 50% de son budget du pillage de cette région. Comme le pays ne peut vivre sans le Kivu, Paul Kagamé va donc tout faire pour torpiller la tentative de reconstruction d’un Etat congolais contrôlant l’ensemble de son territoire.

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