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Ghislaine Dupont et Claude Verlon, deux journalistes très expérimentés de Radio France Internationale se font enlever devant le domicile d’Ambéry Ag Rhissa, un leader du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qu’ils venaient d’interviewer.
La disparition violente de Ghislaine Dupont et Claude Verlon a les apparences d’un rapt et d’une exécution programmée.
Cela pose deux questions : l’une sur le droit à l’information et le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ; l’autre sur les connexions internationalesindispensables à la mise au point d’un tel assassinat.
Y a-t-il d’abord un lien entre le fait d’interviewer un leader de l’Azawad, lui donner de la visibilité, et leur rapt, pour les exécuter presqu’aussitôt ?
Cela ressemble en effet à une mise en garde pour l’avenir de façon à dissuader tout journaliste de donner la parole à un mouvement séparatiste ayant fait une déclaration d’indépendance en conformité avec le droit international public. Il paraît évident que l’assassinat des deux journalistes est un avertissement et une manière d’isoler l’Azawad, de faire obstacle à la divulgation de ses propositions pour une issue pacifique aux tensions régionales . « Le MNLA se solidarise avec le peuple français et réaffirme son engagement ferme et entier à poursuivre le combat contre l’extrémisme et le terrorisme sous toutes ses formes. » (http://www.mnlamov.net/)
L’assassinat des deux journalistes porte à s’interroger si son mobile n’est pas politique pour discréditer ou disqualifier toute alternative à la situation actuelle.
Il y a donc un double enjeu de politique internationale et de politique malienne derrière cet assassinat.
Reste maintenant à identifier à qui profite le crime. C’est la deuxième question.
Qui finance et entraîne ces commandos, qu’on a la facilité de qualifier de » terroristes« ?
Parler de » terrorisme » est réducteur et simplificateur.
Tout ramener au » terrorisme » est un raccourci qui tend à éclipser les enjeux véritables, que sont la maîtrise du commerce et des ressources naturelles de cette région, et, par ricochet, les bénéfices faits dans les pays destinataires.
Il faut beaucoup d’argent pour faire la guerre. Même une guérilla.
Source : le Monde Diplomatique
C’est l’évidence quand on considère toute la logistique et les circuits d’approvisionnement nécessaires à la formation, au maniement, à la livraison et l’entretien du matériel de guerre dont les » terroristes » disposent. Si tant est que ce qui s’avère surtout être de la criminalité organisée armée puisse laisser croire à une »guerre « , un » conflit armé « .
N’importe qui de censé est capable de comprendre qu’il faut une chaîne logistique pour permettre à un combattant de manoeuvrer sur le terrain. Pour un fantassin US, dix personnes sont affectées à la chaîne logistique.
Ce ne sont pas des bédouins perdus qui peuvent s’improviser artilleurs ou mitrailleurs, ni mécaniciens, même s’ils trouvent le matériel.
Le maniement des armes nécessite une formation et un entraînement d’autant plus long que l’armement est lourd. Un engin tout terrain équipé d’un canon automatique ne se manipule pas comme un fusil. Il faut de l’essence, de l’huile, des pièces de rechange, des consommables, des munitions, …
Alors qui y a-t-il derrière ?
Quels sont les pays qui entraînent ces troupes ? De quel pays proviennent les armes ? S’agit-il d’armes chinoises, US, russes, françaises, … ? La nationalité des armes peut donner une idée de la nationalité des formateurs.
Quels sont les marchés sous le contrôle de ces troupes leur permettant de financer leur armement ? Les marchands d’armes ne sont pas des philanthropes. Il y a forcément un commerce international qui aboutit dans les pays du Nord pour dégager des ressources suffisamment importantes pour motiver des » troupes » capables de meurtres.
L’évidence conduit à considérer que c’est en enquêtant sur ces questions que Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont morts.
Voilà le défi que lance le pouvoir de l’ombre à la presse. Saura-t-elle le relever ? Pas sûr.
Tout le monde n’est pas Ghislaine Dupont et Claude Verlon. Beaucoup trop se contentent de répéter la communication officielle délivrée à travers un prisme de plus en plus douteux, quand ce prime ne conduit pas à l’internement psychiatrique pour disqualifier les critiques (Police : Un ancien conseiller ministériel interné à l’infirmerie psy de la préfecture de police par Louise FessardAncien haut fonctionnaire, Alain Boyer, 64 ans, a été conduit à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (IPPP) en janvier 2010, après avoir claqué la porte du cabinet de l’ex-ministre Éric Besson. « Je me retrouve nu dans une chambre toute noire, (…) sans possibilité de contacter un avocat, ni ma femme », raconte-t-il, encore choqué. ).
R.I.P.
http://blogs.mediapart.fr/blog/poj/031113/de-profundis-ou-la-verite-assassinee
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