13/05/2013 à 16h:39 Par Jeune Afrique
Le chef d'Ansar al-Charia, en fuite depuis septembre 2012. © DR
Le chef du mouvement salafiste jihadiste Ansar al-Charia, Abou Iyadh, a menacé de livrer la guerre au gouvernement dirigé par le parti islamiste Ennahdha, qu'il accuse de mener une politique contraire à l'islam.
Toujours en fuite et recherché par la police, Abou Iyadh continue de narguer les autorités tunisiennes. Et se permet même de les menacer physiquement. Dans un communiqué publié sur internet par son mouvement Ansar al-Charia (partisans de la loi islamique), le leader salafo-jihadiste promet de livrer la guerre au gouvernement dominé par les islamistes d'Ennahdha, si celui-ci n'agit pas selon sa volonté (qu'il confond visiblement avec celle de Dieu).
« Aux tyrans qui se prennent pour des islamistes (...) sachez que vous êtes en train de commettre des bêtises qui vous précipitent à la guerre », avertit Saif Allah Bin Hussein, alias Abou Iyadh, recherché par la police depuis septembre. « Votre guerre n'est pas contre nos jeunes mais contre la religion », ajoute-t-il, dans un communiqué publié sur la page officielle de son groupe Ansar Al Charia.
Inscrit comme association non-gouvernementale, Ansar Al-charia est le mouvement le plus radical de la mouvance salafiste jihadiste en Tunisie. Son chef est recherché pour implication présumée dans l'attaque contre l'ambassade des États-Unis, le 14 septembre 2012, qui avait fait quatre morts parmi des manifestants.
Congrès annuel à Kairouan
Les autorités ont récemment durci le ton face aux salafistes et aux jihadistes armés liés à Al-Qaïda. Une vingtaine d'entre eux est actuellement pourchassée par l'armée dans l'ouest du pays, près de la frontière avec l'Algérie. « Si vous persistez dans vos bêtises, le soutien de l'Amérique, de l'Occident, de l'Algérie, de la Turquie et du Qatar ne vous sauvera pas lorsque le bruit des sabres se fera entendre », poursuit Abou Iyadh.
« Je vous rappelle seulement que nos jeunes héros se sont sacrifiés pour la défense de l'islam en Afghanistan, en Tchétchénie, en Bosnie, en Irak, en Somalie et en Syrie et n'hésiteront pas à se sacrifier pour leur religion à Kairouan », a-t-il menacé.
Ansar Al-Charia prévoit d'organiser un congrès annuel le 19 mai à Kairouan, ville historique du centre de la Tunisie. De son côté, le ministère de l'Intérieur exige désormais l'obtention d'une autorisation préalable à toute activité publique des partis et associations.
Dipersion de rassemblements salafistes
Abou Iyadh appelle ses partisans, « les guerriers de Dieu... à tenir bon devant les ennemis et les amis... et à ne pas céder d'un pouce sur ce que nous avons si durement acquis, exhortant les dirigeants islamistes à garder raison avant que le pacte ne soit rompu, même si j'entrevois déjà la rupture ».
Le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, un indépendant, avait menacé mercredi de poursuivre toute personne « appelant au meurtre, incitant à la haine (...) ou plantant des tentes de prêche », en allusion au dispositif utilisé par les salafistes pour prêcher et diffuser leurs écrits.
En réaction, la cellule d'Ansar Al-Charia à Menzel Bourguiba (nord) a juré dimanche de remplacer le drapeau national par la bannière noire des salafistes sur le bâtiment du ministère de l'Intérieur, selon une séquence vidéo largement relayée sur internet. Les forces de sécurité ont par ailleurs dispersé samedi et dimanche des rassemblements salafistes dans des quartiers de Tunis et en province, alors qu'ils tentaient de planter des tentes sur la place publique.
(Avec AFP)
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