jeudi 21 juillet 2011

LIBYE. Tripoli, l'objectif incertain


Publié le 21-07-11 à 11:02    Modifié à 11:23     par Sarah Diffalah     8 réactions

La demande d'aide militaire des rebelles à la France a-t-elle été entendue ? Pas sûr. Par Sarah Diffalah

Le 8 juillet 2011, à Zintan au sud de Tripoli, des rebelles libyens célèbrent leur victoire sur les forces loyalistes à Gualish au sud-ouest de Tripoli. (AFP)Le 8 juillet 2011, à Zintan au sud de Tripoli, des rebelles libyens célèbrent leur victoire sur les forces loyalistes à Gualish au sud-ouest de Tripoli. (AFP)
Une nouvelle fois, par l'entremise du philosophe Bernard-Henri Levy, les rebelles libyens sont venus, mercredi 20 juillet, demander l'aide de la France pour battre les forces loyalistes du colonel Kadhafi.
La délégation arrivée de Misrata et composée notamment du général Ramadan Zarmuh, du colonel Ahmed Hashem et de Suleiman Fortia, représentant du Conseil national de transition (CNT), a été reçue dans la matinée par le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, avant de donner une conférence de presse, accompagnée par Bernard-Henri Levy. Les rebelles, présentés par le philosophe comme des "représentants d'une ville qui a repoussé les chars de Kadhafi tout le long de ces semaines d'agonie", ont affiché leur satisfaction de voir la France à leurs côtés depuis le début de l'insurrection.
"La 2ème DB de la libération de Tripoli"
"Les commandants insurgés sont venus expliquer au chef de l'Etat que les clés de Tripolisont à Misrata parce que ses combattants sont disciplinés, aguerris aux combats de ville et qu'ils ont en eux l'expérience d'une victoire militaire déjà obtenue" face à Mouammar Kadhafi, a affirmé Bernard-Henri Lévy. "J'ai la conviction, que s'il y a des hommes capables de marcher sur Tripoli et de la libérer, ce sont eux. La 2ème DB de la libération de Tripoli sera en grande partie composée de ces hommes", a-t-il renchéri.
A en croire le soutien indéfectible de la cause libyenne et les insurgés, la Libye insurrectionnelle est aux portes de la victoire. "C’est une question de jours", ont assuré les chefs militaires. Sans avancer de chiffres, ils ont garanti que leurs combattants étaient en nombre suffisant pour attaquer les forces du régime. "La capitale est encerclée par les rebelles et les Tripolitains attendent notre arrivée pour se soulever", a assuré l'un des chefs militaires. Dans le même temps, le ministre de la Défense Gérard Longuet, a confié au Nouvel Observateur que les rebelles ne pouvaient pas aller jusqu'à Tripoli, parce "qu'ils n'étaient pas assez nombreux".
La France discrète
Pour en arriver là, il leur manque l'essentiel : des armes, des munitions et la France serait leur seul salut. Certes, Nicolas Sarkozy a initié la guerre en Libye, a réussi à convaincre ses alliés de lancer une opération militaire qui visait dans un premier temps à protéger les populations civiles des bombardements kadhafistes puis à obtenir le départ du guide libyen. Quatre mois plus tard, la stratégie française est toujours aussi incertaine bien que le gouvernement assure que les jours de Kadhafi sont comptés.
A la question de savoir si le chef de l'Etat avait répondu positivement à leurs demandes d’aides militaire et humanitaire, les représentants des rebelles ont botté en touche. "On a abordé les affaires militaires. La France est importante pour nous et nous aide et les choses évoluent sur le terrain", a répliqué évasif Suleiman Fortia.
Départ de Kadhafi ?
Sur le plan diplomatique, la présence du colonel Kadhafi sur le sol libyen a été rejetée par les rebelles. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a de son côté confirmé que Mouammar Kadhafi pourrait rester dans le pays à condition qu’il n’occupe aucune responsabilité politique.
Un revirement à 360°, qu'avait déjà évoqué Gérard Longuet il y a quelques jours. En dépit de cette divergence manifeste, les chefs militaires ont témoigné leur plus grande confiance dans l’Etat français. Pourtant, la stratégie militaire est à bout de souffle, les défections attendus dans l'entourage du colonel n'ont pas lieu aussi rapidement que prévu et la voix diplomatique et négociée semble bloquée.
Sarah Diffalah – Le Nouvel Observateu

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