vendredi 10 février 2012

MALI - 
Article publié le : vendredi 10 février 2012 - Dernière modification le : vendredi 10 février 2012


Mali : les combats se poursuivent, les appels au cessez-le-feu se multiplient

Militaire malien en patrouille.
Militaire malien en patrouille.
AFP PHOTO / KAMBOU SIA

Par RFI
Les appels au cessez-le-feu et au dialogue se multiplient au Mali et à l'étranger. Pour l'heure les combats continuent entre l'armée malienne et les rebelles du MNLA, dans le nord-est du pays, pour empêcher ces derniers d'évoluer vers Kidal. L'impasse actuelle inquiète d'autant plus que le nord du Mali est aussi le théâtre d'opérations d'al-Qaïda au Maghreb islamique qui y détient treize otages occidentaux. C'est dans ce contexte que le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt est arrivé le 9 février à Bamako, avant de se rendre au Niger et en Mauritanie.

La France ne peut pas rester à l'écart de la grave crise qui secoue le Nord-Mali d'autant que six de ses ressortissants ont été pris en otages dans cette région du Sahel. Henri de Raincourt a eu un entretien avec le président malien Amadou Toumani Touré. Le déplacement du ministre français de la Coopération devrait permettre à l'ancienne puissance coloniale d'écouter mais aussi de s'assurer de la volonté de Bamako d'ouvrir un dialogue avec la rébellion du MNLA, Mouvement national de libération de l'Azawad. Même si les Français ne souhaitent pas apparaître en première ligne, ils peuvent peser et aider les deux parties en conflit à négocier.


Henri de Raincourt -
Ministre français de la Coopération
La France est aux côtés du Mali pour trouver des solutions à la crise (…) Le Mali a vocation à vivre dans la paix et la sécurité et que c’est un acteur très important pour la stabilité du continent tout entier.
10/02/2012 par Serge Daniel


Le ministre français de la Coopération devrait également évoquer la menace qui pèse sur l'élection présidentielle prévue le 29 avril. Dans l'impossibilité de la tenir, quelles seront les options ?
Après cette étape malienne, le ministre français est aujourd'hui à Niamey. Le risque d'un débordement de la crise malienne chez le voisin nigérien suscite sans doute de l'inquiétude. Les Touaregs nigériens vivent dans une zone frontalière avec la Libye. Ce serait grave, explique un diplomate si le MNLA faisait tache d'huile, le Nord-Niger pourrait servir de base arrière et réveiller des alliances entre forces touarègues et forces pro-kadhafi.
A Nouakchott dernière étape de sa tournée régionale, Henri de Raincourt pourrait demander au président Mohamed Ould Abdel Aziz de nuancer ses critiques à l'égard du régime de Bamako et de profiter de ses éventuels contacts avec le MNLA pour faciliter l'ouverture d'un dialogue entre les adversaires maliens.
Exode des populations
Les violences qui font rage depuis la mi-janvier provoquent l'exode de milliers de personnes qui cherchent refuge dans les pays voisins et dans des campements de fortune. La ville de Ménaka, touchée par les premiers combats entre le MNLA et l'armée malienne, continue de se dépeupler. Les départs se sont multipliées quand l'armée malienne a quitté la ville : 26 000 personnes ont fui dans la région, et plus de 15 000 ont passé la frontière nigérienne selon le CICR, Comité international de la Croix-Rouge. Ibrahim est parti avec toute sa famille, quinze personnes au total, pour trouver refuge en début de semaine chez des proches à Gao à quelques heures de route de là. Il raconte son désarroi.


Un habitant de Ménaka
Réfugié à Gao
Les gens fuient parce qu’ils ont peur, ils ne sont pas habitués aux armes, aux pillages. L’Etat a abandonné Ménaka.
10/02/2012 par Christine Muratet


Le CICR est présent sur le terrain du conflit. L'organisation est appelée à prêter secours aux nombreux déplacés, les populations qui ont quitté leur maison pour fuir les combats. Germain Mwehu responsable de la communication pour le CICR Niger Mali témoigne.


Germain Mwehu
Responsable de la communication pour le CICR Niger Mali
Une équipe du CICR a rendu visite à treize militaires de l’armée malienne qui sont aux mains d’un groupe armé aux environs de Ménaka et entamer un dialogue avec eux. Le CICR a également porté secours aux combattants blessés.
10/02/2012 par Christine Muratet
En Mauritanie, les autorités et le Haut commissariat aux réfugiés sont en train de mettre en place un immense camp de réfugiés à deux jours de route de la capitale Nouakchott. Elise Villechalane, porte- parole du HCR en Mauritanie s'en explique.


Elise Villechalane
Porte parole du HCR en Mauritanie
Le HCR a assuré dans un premier temps le transport de biens essentiels, couvertures, sanitaires, moustiquaires et doit livrer 1 200 tentes familiales dans les jours qui viennent.
10/02/2012 par Guillaume Thibault
A Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, les autorités, appuyées par les Nations unies, font tout leur possible pour gérer ces arrivées. Une cellule de coordination est en place pour gérer la situation.


Réfugiés maliens au Burkina Faso
Reportage
10/02/2012
par Guillaume Thibault


Les autorités burkinabè s'inquiètent également des désertions au sein de l'armée malienne. Pour Vincent Zakané, le ministre délégué à la coopération regionale, le Burkina Faso ne doit pas être une base arrière pour déstabiliser le pays.


Vincent Zakané
Ministre burkinabé délégué à la Coopération régionale.
10/02/2012
par Guillaume Thibault

Dans les camps de réfugiés maliens au Burkina Faso, "on manque de tout"

 
Alors que les combats font rage entre les rebelles touaregs et l’armée malienne dans le nord du Mali, les réfugiés affluent par milliers dans les pays voisins. Notre Observateur vient de passer quatre jours dans deux camps de réfugiés au nord du Burkina Faso, où aucune aide n’est encore arrivée.
 
Regroupés au sein du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), les rebelles touaregs ont lancé à la mi-janvier une offensive contre l’armée malienne. Ils réclament l’indépendance de l’Azawad, la région sahélienne du Mali où les touaregs sont majoritairement implantés. Les rebelles ont pris d’assaut plusieurs villes du nord du pays et contrôlent désormais Tinzawatene, à la frontière algérienne.
 
Les violences ont provoqué un exode massif de la population. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le nombre de Maliens déplacés à l’intérieur du pays s’élève à 30 000 personnes. Des milliers d’autres ont préféré traverser la frontière pour se réfugier au Niger (15 000, selon le CICR), en Mauritanie et au Burkina Faso (9 000 et 3 000 selon le Haut Commissariat aux réfugiés - HCR).
 
Les équipes du HCR et du CICR s’organisent sur le terrain avec les autorités nigériennes, mauritaniennes et burkinabè pour venir en aide aux réfugiés. Mais plusieurs campements attendent encore la venue des secours. Au nord-ouest du Burkina Faso, dans les camps de Djibo et de Gandafadou, près de 1 500 déplacés manquent de tout.
 
 
 
CONTRIBUTEURS

"On nous a dit que le HCR allait venir mais nous ne savons pas quand"

Assan Midal est guide touristique à Bamako. Il est Touareg et a quitté la capitale malienne la semaine dernière. Il vient de passer plusieurs jours dans deux camps de réfugiés au nord du Burkina Faso, non loin de Djibo (un chef-lieu situé à 50 km de la frontière malienne). Il a ensuite rejoint la capitale Ouagadougou, d’où il a pu nous envoyer ses photos.
 
J’ai vu des familles entières arriver à dos de chameau, en charrettes tirées par des ânes mais aussi en voiture, à moto ou à pieds. La plupart sont parties sans rien emporter ; seules quelques couvertures sous lesquelles elles s’abritent pour dormir. Il y a un puits pour chacun des camps, mais il n’y a pas assez d’eau pour tout le monde. Certains avaient quelques provisions de céréales, mais la nourriture manque cruellement. Beaucoup d’enfants sont très faibles à cause du voyage [de plusieurs jours pour certains], mais aussi parce qu’il y a beaucoup de vent et de poussière.
 
 
Ces photos ont été prises cette semaine par notre Observateur, Assan Midal, dans un camp de réfugiés à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. 
 
"Des responsables ont été nommés pour recenser les réfugiés"
 
Dans le camp de Djibo, des gendarmes sont venus constater la situation. Ils nous ont dit que le HCR allait arriver, mais nous ne savons pas dans combien de temps. Une télévision locale a aussi fait le déplacement. A part ça, les familles sont coupées du monde. Du coup, en attendant les secours, il leur a fallu s’organiser. Des responsables ont été désignés dans les deux camps pour recenser les réfugiés et leurs besoins. Ils s’occupent aussi de récupérer du bois pour construire des cabanes.
 
La grande majorité des gens sont des touaregs. Ils sont partis par peur des représailles [depuis que le MNLA se bat contre l’armée malienne, certains Maliens font l'amalgame entre les rebelles et les civils touaregs qui sont pris à partie, NDLR]. A ma connaissance, ils n’ont pas subi de violences physiques, mais des pressions de la part de la population. Pour certains jeunes, le plus dur à admettre est d’avoir été menacés par des voisins et des gens qu’ils fréquentaient tous les jours."
 
Billet rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24

"L'armée malienne fait usage des avions de guerre, piloter par des mercenaires étrangers"

Le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) porte à la connaissance du peuple de l’Azawad et de l’opinion Internationale, que le gouvernement malien, vu la défaite de son armée d’occupation dans l’Azawad, face à l’efficacité des opérations de l’Etat Major du MNLA, se livre à la pratique  de génocide.
A travers l’usage des hélicos de guerre, pilotés par des mercenaires ukrainiens, le gouvernement malien a décidé de ne rien épargner, les campements nomades et leurs cheptels.
L’armée malienne s’est « octroyée les services » des mercenaires Ukrainiens, pour la réparation et le pilotage de ses avions de combat, basés à Gao.
Le Mali viole ainsi certains traités internationaux, par l’usage d'avions de guerre contre des populations civiles et le recrutement de  mercenaires étrangers.
Le MNLA

معارك طاحنة بين حركة ازواد والجيش المالي

Communiqué de Presse: Le MNLA remercie les autorités Françaises


Communiqué de Presse du MNLA
Le MNLA remercie les autorités Françaises

Le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) exprime ses vifs remerciements aux Autorités Françaises pour l'intérêt qu'elles accordent à la révolution du peuple de l'Azawad.
Le bureau exécutif, salue l'initiative de la France, telle qu'exprimée par son Ministre des Affaires Etrangères, Son Excellence Alain Jupé face au Sénat Français ce mardi 07/02/2012, soutenant que la question de la révolution du peuple de l'Azawad, mérite d'être traitée au fond pour une issue définitive, étant donné que militairement, le Mali a échoué face aux combattants du MNLA.
Le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) se déclare ouvert à un dialogue sincère sur le principe du respect et de la reconnaissance du droit à l'autodétermination au peuple de l'Azawad.
Le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) accueille ouvertement le soutien de la France pour la recherche d'une solution durable et définitive de cette crise.

Ménaka, Le 08 février 2012

Mahmoud Ag Aghaly
Le Président du bureau politique

L'armée Malienne fuit les combats et prends des boucliers humains



Armee en fuiteDepuis le début le 17 Janvier 2012, la nouvelle "stratégie" militaire du Mali consiste à fuir les zones de combats. Cette fuite ne garantissant pas la fin des assauts du MNLA, les mafiosi de l'armée ont décidé de s'enfoncer encore plus dans leur stratégie de la honte. Les civils sont désormais retenu prisonnier dans les villes de l'Azawad pour serrvir de bouclier humain face au rouleau compresseur du MNLA.
Suite au ralliement au mouvement national pour la libération de l'Azawad de plusieurs officiers supérieurs Kel Antessar à Tombouctou, le gouvernement à décider de prendre en otage toute la famille de l'un de ses officiers (la famille de Komo Ag Minini), ensuite il a désarmé et isolé à l'intérieur du camp d'autres officiers Kel Antessar (le colonel Ousmane dit Hadag Hadag, Alkhalifa) et plusieurs soldats Tamasheq qui sont chaque soir exécutés à tour de rôle. Des jeunes Tamasheq civils déplaçant leurs familles de la ville de Gossi vers le Burkina en lieu sûr ont été interceptés par une milice Arabe qui les a déposséder de leurs véhicules et les a remis au commandement militaire à Gao, aux dernières nouvelles, ils ont été transportés à Bamako, il s'agit de: Mohamed Ag Almouner, Ahmad Ag Assaleh, Hama Ag Assaleh, Mahmoud Ag Ibrahim.
L'Etat a ensuite convoqué tous les maires des communes environnants à Tombouctou afin de faire de la population Arabo-Tamasheq un bouclier humain, les milices Arabes assurant une première ceinture de défense, en plus de cela, la population de Kidal est encerclée par l'armée malienne, laquelle nuitamment fait passer la nuit au camp militaire à tous les enfants Tamasheq pour constituer un bouclier humain dans le but de parer à une attaque du MNLA dans la nuit. Au moment actuel, deux femmes sont injustement emprisonnées auquel s'ajoute Hako le célèbre poète traditionnel Tamasheq (Touareg), Nati Ag Bolla (2eme adjoint au maire de Assouk), Takni Ag Ibrahim (chauffeur). Même le car à Kidal en direction de Gao est désormais bloqué par l'armée Malienne. A Ebang Imalane vers Gossi, 3 militaires dont deux Sonrhaïs et un Tamasheq ont été arrêtés par les milices arabes et transférés Bamako.

Par Ikhlou Ag Azzezen
Toumast Press

L'Azawad sur TF1: Journal de 20H du 9 Fevrier 2012

jeudi 9 février 2012


Mali: Les rebelles touaregs s'emparent d'une ville frontière

Mis à jour le 09.02.12 à 08h19
Les rebelles touaregs du nord du Mali se sont emparés de la ville frontière de Tinzawatene après deux jours d'affrontements avec les forces gouvernementales maliennes, ont indiqué mercredi des sources rebelles et gouvernementales.
Les combattants du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA), en lutte pour l'indépendance du nord du Mali, ont pris le contrôle des deux camps militaires de la ville et saisi plusieurs véhicules militaires, a déclaré un de leurs porte-parole, Hama Ag Sid'Ahmed.

Un rebelle tué et un autre blessé dans les combats

«C'est vrai, l'armée s'est retirée du camp (de Tinzawatene) et s'est repliée du côté algérien de la frontière, mais c'est un repli stratégique», a déclaré une source au ministère malien de la Défense. Un rebelle a été tué et un autre blessé dans les combats, a déclaré Hama Ag Sid'Ahmed.
La capture de Tinzawatene est un gain stratégique important pour le MNLA, car cette localité leur donne le contrôle d'une voie importante de transit et de contrebande vers le désert. Les rebelles, renforcés par le retour de combattants ayant servi le régime de Mouammar Kadhafi en Libye, ont lancé une offensive sur trois fronts dans le nord du pays à la mi-janvier. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, le nombre de Maliens déplacés par les combats à l'intérieur du pays s'élève à 30.000 et 15.000 autres se sont réfugiés au Niger. Cinq mille autres au moins se sont rendus en Mauritanie.
Avec Reuters

Mali : Un colonel touareg nous a dit...

jeudi 9 février 2012
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Le 17 janvier 2012, des hommes solidement armés ont attaqué des cantonnements militaires à Manaka, Adaramboukaré et Tessalit, trois localités sahariennes du Nord-Mali. Depuis, les combats se font âpres. Même s’il est difficile de dresser aujourd’hui un bilan fiable, ce, d’autant plus que chacun des belligérants donne plus ou moins des chiffres en deçà de la réalité du terrain, le doute n’est plus de mise : les morts se comptent par centaines et les réfugiés par milliers dans les pays voisins. Hier, en fin de matinée, nous avons rencontré dans notre capitale un des ténors de cette rébellion : il s’appelle Hassane Ag Mehdy, il est officier de l’armée malienne et porte fièrement son grade de colonel. Pour lui, contrairement aux idées reçues, le nord du Mali n’est pas occupé seulement par des Touaregs, mais aussi par des Peulhs, des Sonraï et des Arabes, qui se sentent marginalisés, délaissés, abandonnés à leur propre sort par l’Etat central : dans le septentrion malien, à en croire notre interlocuteur du jour, il n’y a ni infrastructures socio-éducatives, ni routes, ni eau, rien !
Bref, les habitants de cette zone ne se sentent plus Maliens. « Et la solution passe par l’indépendance du nord du Mali qui occupe les 2/3 du territoire ». 
Entretien exclusif.
Peut-on connaître qui est le colonel Jimmy ?
• Je m’appelle Hassane Ag Mehdy, dit Jimmy, le Rebelle pour les intimes. Je suis colonel de l’armée malienne. Je vivais au Burkina, mais après les Accords de Ouagadougou de 1990, j’ai regagné mon pays, le Mali. Mais comme vous le savez, depuis quelques jours dans le nord du Mali, je suis devenu une cible. C’est pourquoi je suis revenu au Burkina.
Quelles fonctions avez-vous occupées dans l’armée malienne ?
• Dans l’armée malienne, j’ai assumé tous les commandements, de commandant du premier escadron jusqu’à commandant de région. C’est le plafond. J’ai servi aussi comme officier au Liberia durant la guerre que ce pays a connue.
Dans quel cadre séjournez-vous au Burkina ?
• Je suis ici au Burkina pour des raisons évidentes. Comme je vous le disais tantôt, les derniers développements au Mali (Nldr ; la rébellion touarègue) ont fait que j’étais devenu une cible. Alors, j’ai décidé de trouver refuge quelque part. Mon choix a porté bien naturellement sur le Burkina Faso où je vivais, je vous le disais, bien avant les Accords de Ouagadougou dont je suis un des signataires. Je fais partie des derniers à avoir quitté le Mali.
Vous dites que vous étiez devenu une cible. Qu’est-ce qu’on reproche au colonel que vous êtes ?
• Ce n’est pas à moi seulement qu’on en veut, mais à toute la communauté touarègue et arabe. C’est devenu une guerre de couleurs. On a brûlé et cassé des pharmacies, des domiciles de conseillers du président, de ministres, etc.
On sait que vous avez été un élément actif de la rébellion touarègue au Mali dans les années 90. Qu’en est-il aujourd’hui ?
• J’ai participé activement à la rébellion de 1990. J’étais même chef de guerre et contrôlais toute une zone. Je n’ai pas participé aux accords de Tamarasset ni à ceux du pacte national. Après 1990, j’ai rejoint les rangs de l’armée régulière, mais aujourd’hui, je suis de nouveau dans la rébellion.
Depuis une cinquantaine d’années, il y a toujours eu des remous dans cette partie du pays. Peut-on savoir ce que les Touaregs réclament exactement ?
• Vous savez, le problème touareg n’a pas commencé hier. Il date de 1963, mais jusqu’aujourd’hui, il n’a toujours pas trouvé sa solution. Les autorités maliennes n’ont jamais pris à bras-le-corps ce problème. Pire, on a même l’impression qu’on recule. Comment pouvez-vous comprendre que le Nord-Mali, qui représente les 2/3 du territoire avec un million de km2 et environ deux millions d’habitants, soit laissé à lui-même ? Pas d’eau, pas d’infrastructures socio-éducatives, pas de routes... Rien ! Quand vous arrivez dans cette partie du Mali, vous avez l’impression d’être dans deux pays différents. C’est inadmissible. Vous savez, le Touareg est un homme à la foi simple et compliqué. Les seules choses qui comptent à ses yeux, ce sont sa dignité et sa culture, en un mot, la considération. Si vous touchez à l’un de ces éléments-là, vous allez le croiser sur votre chemin. Aujourd’hui les populations de cette région, qui regroupe les Touareg, les Arabes, les Sonraï et les Peuls, en ont marre et veulent résoudre leurs problèmes par et pour eux-mêmes.
Mais le président ATT a quand même essayé de résoudre le problème en déliant les cordons de la bourse pour financer par centaines de milliards de F CFA des projets dans cette partie du pays !
• Vous parlez de quels projets ? Nous, en tout cas, nous n’avons rien vu. Le Nord reste comme il a toujours été, malgré les projets dont vous parlez. Nous ne savons pas où va cet argent. Vous savez, on peut fabriquer des chiffres sur papier et parler de financement de projets de développement. Il n’y a rien sur le terrain. Rien.
Avec cette crise à épisodes, on a l’impression qu’il y a comme un acharnement sur les autorités maliennes. Les rebelles auraient-ils des velléités séparatistes ?
• Je l’ai toujours dit à qui veut l’entendre. Le Nord-Mali veut son indépendance. Les quatre peuples cités plus haut vivent mal, très mal à cause de la négligence et du dédain des autres. Ils connaissent mieux leurs problèmes et sont bien placés pour les résoudre eux-mêmes. Pour nous, la résolution de ces problèmes passe par l’indépendance du Nord-Mali. Ni plus, ni moins. Nous sommes fatigués du diktat de Bamako.
La solution pour vous passe donc par la séparation ?
• Absolument. Il nous y ont obligés en créant une sorte de "nous et vous". Nous ne voulons plus vivre dans un même Etat. Nous voulons notre liberté, notre indépendance.
Difficile alors d’envisager une médiation ?
• Nous ne refusons pas de médiation. Le problème, c’est qu’il y a eu trop de négociations et aucune n’a permis de résoudre le problème du Nord-Mali parce qu’en face il y a réellement un manque de volonté. Nous n’y croyons plus tellement.
Pensez-vous que cette partie du pays dispose d’assez de ressources pour se développer elle-même ?
• Le développement, c’est avant tout dans la tête. Il faut le courage et la détermination. Après, on peut voir avec qui composer pour se développer.
Entretien réalisé par Boureima Diallo & Nankoita Dofini


L’Observateur Paalga/Burkina Fasso