mercredi 8 février 2012

Le salaire de la fidélité au Mali !


BAMAKO – Des Touaregs maliens qui avaient fait le choix des armes ont bénéficié de toutes les faveurs : développement, financement, strapontins politiques, diplomatiques et administratifs, sans compter un respect et une tolérance qui ont vite montré leurs limites.
Quand une mouche pique ces derniers et qu’ils se rebellent, ce sont leurs semblables non-armés et restés fidèles à la République du Mali qui, hélas, trinquent.
Les représailles et humiliations pleuvent, comme ces derniers jours, sur eux qui sont, pourtant, des artisans de paix et des défenseurs sincères du vivre-ensemble. Leurs biens sont brûlés, saccagés et pillés. Ils subissent des affronts et des sévices de la part de foules simplement enivrées à l’idée de s’en prendre à des civils innocents sans protection.
Ces derniers sont contraints de fuir leur patrie et se jettent sur les routes de l’exil laissant tout, à commencer par leur dignité et leurs illusions, derrière eux.  Ils sont « persona non grata » dans un pays qui ne leur reconnait plus le statut de « personae« , en d’autres termes de personne humaine.  Ils errent dans la rue, livrés aux vagabonds et aux sadiques, au vu et au su des hommes politiques et des notables qui détournent lâchement la tête et feignent de ne pas voir cette terrible réalité.
Il y a eu une rébellion touarègue tout au long du joug colonial français et, même, une guerre qui a duré sans, pour autant, susciter des représailles ouvertes contre les populations civiles et ceux à qui l’on reprochait d’avoir prêté allégeance au colonisateur.  Aujourd’hui, l’exploit du Mali c’est de fuir l’ennemi et de combattre les patriotes qui menaient une vie paisible au sein des murs de la Cité.  Nos grands héros de la lutte anticoloniale, Soundiata Keïta, Biton Coulibaly, Damonzo Diarra, Thiéba Traoré, Firhoun, pour ne citer que ceux-là, ont lutté dans l’honneur et dirigé leurs « guerriers » avec dignité et sang-froid sur les champs de bataille. Ils doivent se retourner dans leurs tombes devant le manque de lucidité, de pugnacité, et surtout, de courage de leurs fils d’aujourd’hui chargés de défendre la Patrie.
Le XXIème siècle devrait avoir honte d’avoir accouché d’une démocratie qui dévore sélectivement ces enfants sur la base de la couleur de la peau ou du patronyme.  Ou est donc passé le fameux « djatiguiya« , cet extraordinaire sens de l’hospitalité qui faisait autrefois la fierté du Mandé ? Des mots on pris le relais. Des mots, rien de plus que des mots destinés à se convaincre que le peuple malien d’aujourd’hui reste enraciné dans son passé alors qu’en réalité, il a raté une fois de plus son rendez-vous avec l’Histoire pour montrer ce que ce vieux pays pouvait offrir de mieux à la Civilisation.
Nous sommes sur les routes du monde une fois de plus en vingt ans et nous remercions infiniment et rendons un hommage appuyé à tous ces pays qui nous ont accordé le droit de vivre en paix et en sécurité prouvant en cela qu’humanisme et noblesse sont des valeurs cardinales de ces peuples.  Nous, Touaregs et Arabes,  paisibles habitants du Mali, prenons à témoin la communauté internationale et l’adjurons de nous trouver une patrie où nous pourrons enfin poser nos baluchons, élever nos enfants, faire prospérer nos biens et nos idées et enterrer nos morts en toute quiétude.
Mohamed Ahmed Ag Mohamed Ansary-2012 Afriquinfos-

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