samedi 6 février 2010

La presse malienne dénonce la pression de Paris sur Bamako

Xinhua-06-02-10
La presse malienne dénonce la pression de Paris sur Bamako
samedi 6 février 2010

La visite-éclair effectuée lundi à Bamako par le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a provoqué une levée de boucliers dans la presse malienne.

La plupart des journaux parus ce vendredi dénonce la pression exercée sur le Mali par la France en vue d’obtenir l’échange de l’otage français Pierre Camatte contre quatre membre d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), prisonniers à Bamako.

Sous le titre "Visite-éclair de Bernard Kouchner à Bamako : La quadrature du cercle", Le Challenger, un hebdomadaire privé, trouve inacceptables "les pressions françaises (qui) s’ intensifient sur le Mali", car "au terme de sa visite dans notre pays, le chef de la diplomatie française n’a pas manqué de mettre le Mali face à ses responsabilités".

Un autre hebdomadaire privé, l’Indicateur du Renouveau, met l’ accent sur "Le paradoxe Kouchner" à propos de cette affaire.

"En poussant les autorités de Bamako à céder au chantage des terroristes, ce à quoi les Occidentaux ont toujours rechigné, le ministre des Affaires étrangères de la France donne dans le paradoxe", analyse cette publication.

"Partout où les terroristes ont essayé de procéder à de tels chantages pour parvenir à leurs objectifs criminels, la Grande- Bretagne et les USA, n’ont jamais cédé et n’ont jamais vu d’un bon oeil le fait pour un pays de céder à ce genre de chantage. En effet, quand Al Qaïda avait menacé d’exécuter l’otage britannique Edwin Dyer si la Grande Bretagne ne cédait pas à son ultimatum qui était la libération d’un de ses membres emprisonné dans ce pays, le Premier ministre Gordon Brown n’a pour rien au monde accepté de se plier à un tel chantage, jugé contraire à l’idéal de la croisade mondiale déclenchée contre les terroristes", souligne l’ Indicateur du Renouveau.

"On croyait que la France avait la même vision. Mais curieusement, elle vient de démentir cela à travers son ministre des Affaires étrangères et européennes, Bernard Kouchner. Face à la menace d’exécution de son ressortissant au Mali, la France de Kouchner exerce une énorme pression sur Bamako afin que la vie de ce dernier soit sauvée, même si c’est au prix d’un pacte avec le diable", conclut l’hebdomadaire.

"Bernard Kouchner à Bamako pour négocier la libération de Pierre Camatte : Le ridicule ne tue pas !", titre le quotidien privé Nouvelle Libération, relevant que Kouchner s’est rendu au Mali alors que, il y a quelques mois, il avait tenté de dissuader ces compatriotes de renoncer à leur voyage dans ce pays.

"Sûrement couvert de honte, le chef de la diplomatie française n’a même pas daigné annoncer sa visite éclair au cours de laquelle il n’a fait aucune déclaration à la presse", écrit le journal.

Nouvelle Horizon (privé) pose la question : "Comment expliquer à l’Algérie voisine la libération des quatre islamistes parmi lesquels un Algérien ? Au regard de ces faits, le président malien n’a pas hésité à rappeler au diplomate français toute la complexité de la situation. C’est pourquoi Paris semble lorgner du côté d’Alger, qui détient une des clés de cette énigme".

Ce quotidien privé souligne que le président Amadou Toumani Touré a toujours rappelé que la lutte contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne doit être collégiale. Il semble avoir été compris dans ce sens par certains chefs d’Etat de la région.

Le quotidien privé Les Echos affirme de son côté que "Paris se fâche avec Bamako" et que les autorités françaises pensent que " seul ATT (le président malien) a la solution" de la libération de leur compatriote.

Pour épargner la vie de Pierre Camatte, la branche d’AQMI demande la libération de quatre de ses membres faits prisonniers à Bamako (2 Mauritaniens, 1 Algérien et 1 Burkinabé) à la suite d’ une opération de ratissage menée dans la région de Tombouctou, suite à l’exécution froide de l’agent malien de la Sécurité d’Etat, colonel Lamana Ould Bou. L’otage devait être exécuté le 31 janvier dernier. Mais, AQMI a accordé un sursis au Mali pour libérer ses militants. (Xinhua)

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