mercredi 10 février 2010

Belgique:Le fédéralisme de coopération


Rudy Demotte veut suspendre les exclusions du chômage 10.02.10 - 09:00 Le ministre-président wallon sera l'invité d'Yves Leterme ce mercredi, dans le cadre du "fédéralisme de coopération" expérimenté par le Premier ministre. Au micro de Bertrand Henne, il explique ce qu'il dira à Yves Leterme.

Petit coup de chapeau à son président de parti et à la ville de Mons pour commencer: Rudy Demotte salue la nomination de Mons au titre de capitale culturelle européenne en 2015. Un" fleuron"pour la Wallonie, dit-il. Et une plume au chapeau d'Elio Di Rupo.

Le fédéralisme de coopération, c'est bien sûr une bonne chose : "plutôt que de se dire 'chacun pour soi', on fait des choses ensemble". Car tout ne passe pas par l'institutionnel en Belgique, souligne le Premier wallon. "On en a déjà soupé en Belgique de discuter toujours de structures, de réformes des institutions... Les gens, ce qu'ils veulent quand l'emploi est en train de se casser la figure dans le pays, c'est qu'on prenne des mesures qui garantissent que chacun garde son job". Et Rudy Demotte s'inquiète justement de voir de gros secteurs en Flandre se déliter, comme le secteur automobile. Mais le fait pour la Flandre de disposer de pouvoirs plus étendus n'aurait rien changé selon lui. "Ce n'est pas là qu'est le problème, c'est dans l'organisation d'une riposte économique à un échelon au moins national, sinon européen".

Se rendre utile à l'emploi


Refusant de se positionner pour ou contre une primauté régionale en matière de politique d'emploi, alors que le ministre-président flamand Kris Peeters plaide clairement pour un pouvoir d'initiative des régions, Rudy Demotte souligne lui que "la question que l'on doit se poser, c'est comment se rendre utile à l'emploi". Et si les régions ont des propositions à formuler qui peuvent aider à améliorer la situation,"OK, c'est très bien". "Maintenant, il faut une coordination. C'est ça le fédéralisme de coopération. Si chacun mène de son côté des politiques qui à un moment donné deviennent des obstacles à la mise en place d'une stratégie générale à l'échelon du pays, ce n'est pas une bonne chose."

En matière d'accompagnement des chômeurs, Rudy Demotte veut aussi porter un message à Yves Leterme. Lorsqu'il y a à peine une offre d'emploi pour trente demandes, dit-il, et que les entreprises elles-mêmes avouent ne plus être en mesure de seulement envoyer un accusé de réception aux demandeurs d'emploi qui se manifestent, il n'est pas possible d'imaginer suspendre le droit aux allocations de chômage, dit-il en substance. Et de poursuivre : "s'il faut réorienter les politique d'emploi, c'est notamment sur la formation ; mais contrôler quelqu'un sur base de l'inexistant ou simplement pour des raisons bureaucratiques, c'est l'enquiquiner, ce n'est pas aider les chômeurs. Si on veut les accompagner, il faut leur donner des outils et c'est ça qui me paraît aujourd'hui la première priorité."

Il constate que le nombre des exclusions du chômage a augmenté, et que ces exclusions sont souvent fondées sur des considérations bureaucratiques. "Il vaut mieux se préoccuper de création d'emplois, ce qui est un discours plus positif et entreprenant".

Pas question d'accélérer le retour à l'équilibre


Autre message au fédéral : "La Wallonie et la Communauté Wallonie-Bruxelles ont été au-delà des limites jamais atteintes en niveau d'efforts". Pour le Premier wallon, les trajectoires sont claires et bien établies. Elles ont 2015 pour horizon et il n'est pas question d'aller plus vite.

Rudy Demotte fait à priori confiance au fédéral pour mener à bon port la nécessaire coordination des politiques d'emploi. "Le fédéral est en train de mettre en place des outils qui vont permettre aux régions et aux communautés de dialoguer", souligne-t-il.

Il dénonce par contre les faux débats qui mobilisent trop d'énergie : "Ca c'est bien nous, hein ! Quand tout va mal, que l'économie s'effondre, on va parler du voile et de la burqa !" Un "débat résiduaire", selon lui, alors que bien d'autres enjeux doivent être affrontés.



Thomas Nagant

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