lundi 8 décembre 2014

08/12/2014 à 15:31
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À l'ouverture du second round de négociations inter-maliennes, le 1er septembre 2014, à Alger.À l'ouverture du second round de négociations inter-maliennes, le 1er septembre 2014, à Alger. © Farouk Batiche / AFP
Le gouvernement malien et la coordination des groupes armés du nord se sont séparés en bons termes, le 27 novembre dernier à Alger, avec un projet d’accord de paix qui pourrait être signé à la mi-janvier après d'ultimes retouches. Jeune Afrique vous donne les grandes lignes de ce texte porteur d'espoir.
Issu des négociations menées à Alger, un "Projet d'accord pour la paix et la réconciliation au Mali" a été présenté par le gouvernement malien le 2 décembre à Bamako. Articulé en neuf titres et 73 articles, ce document de 21 pages, dont Jeune Afrique a obtenu copie (voir ci-dessous), est une synthèse réalisée par le médiateur algérien des propositions faites par les deux parties.
Pour Bamako, le projet d'accord - qui pourrait encore être retouché - va dans le bon sens. De leur côté, les groupes armés présentent à leur base le document à Kidal. "Nous allons travailler de façon transparente, c’est pour cela qu’une commission a été mise en place pour examiner le projet. Nous voulons un accord de paix définitif", dit Ambeiry Ag Rhissa, membre de la délégation des groupes armés maliens à Alger.
Faut-il être optimiste ? Une chose est sûre : après chaque réunion, dans les couloirs de l’hôtel algérois où résident les délégués des deux parties, l’ambiance est plutôt bon enfant. Ce qui fait dire à Ousmane Sy, ministre de la Décentralisation et membre de la délégation gouvernementale : "La nation malienne est intacte, ce qui est difficile entre nous aujourd’hui, c’est de savoir comment on gère cette nation". Rendez-vous est donc pris, si tout se passe bien, à la mi-janvier 2015 pour faire les derniers réglages avant d'aboutir à la signature d’un accord de paix dont nous vous exposons ici les grandes lignes du projet.
1) Quelles institutions pour le nord du Mali ?
Selon le projet d’accord, "la région sera dotée d’une assemblée régionale élue au suffrage universel direct et présidée par une personne, elle-même élue au suffrage universel direct. "Ainsi, le gouverneur de la région jusque là nommé par Bamako disparaît. Il est remplacé par "le président de l’assemblée (qui) est le chef de l’exécutif et de l’administration de la région".
Mais l'État central n'abandonne pas complètement le terrain. Il "nomme auprès des collectivités territoriales des représentants chargés notamment de relayer la politique économique et sociale et d’aménagement du territoire du gouvernement, y compris la négociation des conventions-programme État-Région", et qui seront chargés d'exercer un "contrôle de légalité a posteriori sur certains actes administratifs des collectivités territoriales (…)".
Le texte prévoit aussi "la création d'instances dédiées à la promotion du développement économique et social", une "augmentation du nombre des sièges dans les organes délibérants", ainsi qu'un redécoupage administratif - plutôt flou - des différentes collectivités territoriales, "par voie législative, et ce, conformément aux aspirations et besoins spécifiques des populations concernées (…)." Enfin, l’accord propose la création d’une "zone de développement des régions du Nord" avec "un conseil consultatif interrégional constitué des représentants des assemblées régionales concernées".
2) Quel nom pour les régions du nord du Mali ?
"Azawad" : l'appellation du nord du Mali par les groupes armés a toujours été rejetée par Bamako. Pour contourner - ou reporter - cette difficulté, le projet d’accord suggère que l'on devra reconnaître "aux régions le droit d’adopter, individuellement ou collectivement, la domination officielle de leur choix".
3) Quels financements ?
L'Etat rétrocèdera d'ici à 2018 aux collectivités territoriales "30% de ses recettes budgétaires" comme prévu par la conférence de Bruxelles, mais le pourcentage de rétrocession des revenus issus de l'exploitation des ressources naturelles, notamment minières, reste à définir "d'un commun accord". Par ailleurs l'État s'engage à organiser une Conférence d'appel de fonds pour le financement de la Stratégie de développement des régions du nord du Mali.
4) Quelles forces de sécurité ?
Pour les villes, le document stipule la "création d’une force de sécurité intérieure (police communale ou municipale) qui sera placée sous l’autorité des collectivités locales, dans le cadre de leur pouvoir de police". Pour le reste, l'État gardera la main sur les forces traditionnelles : Garde nationale, gendarmerie, police, dont les éléments se redéployeront "de manière progressive et sur une période d'une année à partir de la signature de l'accord".
5) Quelles garanties pour l'application de l'accord ?
C'est un autre point important dont toutes parties se félicitent : sous l’égide du chef de file, la médiation est le garant politique de l’Accord et du respect de ses dispositions par les parties".
________
Par Baba Ahmed, à Bamako
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dimanche 7 décembre 2014

Libye - Fethi Benkhalifa : "Les Amazighs n'ont pas à choisir leur camp dans la guerre civile"

24/11/2014 � 17:14 Par Youssef Aït Akdim et Joan Tilouine


Fethi Benkhalifa, ex-président du Congrès mondial amazigh. © Capture d'écan YouTube.

Fethi Benkhalifa, ex-président du Congrès mondial amazigh, s'est rendu à Paris. À cette occasion, il a accepté de répondre aux questions de "Jeune Afrique" et de donner son point de vue sur la situation en Libye.

Après trois années passées à la tête du Congrès mondial amazigh, cet originaire de Zwara (ouest de la Libye) a passé la main à une présidence collégiale. À 50 ans, il défend une vision claire pour son pays, loin de la polarisation actuelle entre, d’un côté, la coalition “Fajr Libya”, alliée au gouvernement islamiste de Tripoli et, de l’autre, l’"Opération Dignité" menée par le général Khalifa Haftar et soutenue par la Chambre des représentants de Tobrouk. De passage à Paris avec une délégation de responsables amazighes du djebel Nefoussa, il s’est entretenu avec des responsables du ministère des Affaires étrangères puis avec des experts réunis par l’Institut Prospective et sécurité en Europe. Entretien.

>> Lire aussi : au moins quatre morts dans les combats entre les islamistes et les hommes de Khalifa Haftar

Jeune Afrique : quelle lecture faites-vous de la situation qui prévaut en Libye depuis 2011 ?

Fethi Benkhalifa : Dès 2011, nous avions alerté sur la fragilité du processus de construction de l’État post-Kadhafi et mis en garde contre les risques de guerre civile. Des erreurs ont été commises et la situation actuelle en est la conséquence. La déclaration constitutionnelle [proclamée par le CNT en août 2011, NDLR] a été rédigée par des amateurs. Ce texte de trois pages, adopté sans débat ni référendum, n’aborde à aucun moment les questions cruciales d’une armée nationale, des forces de sécurité et de la justice transitionnelle. Enfin, cette déclaration constitutionnelle n’a pas tenu compte de la diversité culturelle et linguistique de la Libye, s’enfermant dans un référentiel arabo-islamique exclusif.


La déclaration constitutionnelle a été rédigée par des amateurs.

Pourtant, l’année 2012 fut marquée par la tenue des premières élections libres de Libye. Pourquoi les Amazighs les ont-ils boycottées ?

Tout le processus était voué à l’échec. En tant qu’Amazighs, nous l’avons dit mais nous n’avons pas été écouté. Au lieu d’aborder le problème par le haut, en organisant des élections législatives, il fallait renforcer la culture démocratique à la base. La bataille pour le pouvoir était précipitée. Il fallait surseoir à la compétition politique le temps de nous entendre sur la Constitution et sur les règles du jeu. La première erreur de l’Alliance des forces nouvelles [autour de l’ex-Premier ministre Mahmoud Jibril, NDLR] et du parti de la justice et de la construction [proche des Frères musulmans, NDLR], a été de se comporter en acteurs politiciens, oubliant l’étape de la transition. Il était prévisible, compte tenu des enjeux financiers et de l’abondance d’armes, que l’affrontement se militarise.

>> Lire aussi : au mois 340 morts en un mois de violences à Benghazi

Vous avez récemment boycotté l’élection du comité chargé d’écrire la nouvelle Constitution. Ne craignez-vous la marginalisation ?

Au contraire, les récents développements ont conforté notre refus d’entrer dans une lutte des légitimités, dans laquelle nous n’avons pas à prendre de parti. De ce fait, nous rejetons l’échec institutionnel qui s’est mué en conflit militaire. Notre boycott n’est pas un acte de nihilisme, au contraire il est la seule attitude nationale et responsable dans une guerre civile attisée par les puissances étrangères qui utilisent des intermédiaires libyens.

Vous renvoyez les deux parties dos-à-dos…

Nous sommes neutres, car nous n’avons pas, en tant qu’Amazighs, à choisir un camp. Haftar veut combattre le terrorisme, que nous condamnons aussi. Mais nous ne partageons pas l’idéologie panarabe qu’il défend. Surtout, nous dénonçons la méthode militaire choisie, qui cause des dégâts humains et matériels très lourds. En face, la coalition Fajr Libya, soutenue entre autres par Ankara, prétend défendre la révolution. Nous aussi avons versé notre sang pour mettre fin à la dictature, mais nous rejetons la finalité des forces islamistes, c’est-à-dire l’établissement d’un califat. En tant que musulmans ibadites, nous sommes opposés à la pensée salafiste. Les belligérants ne se soucient pas des intérêts des Libyens. Pour eux, la Libye est un butin.


Nous aussi avons versé notre sang pour mettre fin à la dictature, mais nous rejetons la finalité des forces islamistes.

Que proposez-vous comme solutions ?

Nous pensons que la communauté internationale peut jouer un rôle dans l’arrêt des hostilités. Toutefois, la solution finale que nous appuyons ne pourra être que libyenne. Nos principes politiques sont clairs et n’ont pas changé : égalité, reconnaissance de la diversité, citoyenneté. Soyons clairs, nous ne sommes pas pour une suprématie amazighe – comme tentent de le faire croire certains esprits malintentionnés. Mais nous pouvons parvenir à la paix par le dialogue. Or pour le moment, c’est la force qui prime.

Qu’en est-il de la capacité militaire des Amazighs ?

Nous n’avons pas utilisé la force qui est, pour nous un moyen, et non pas une fin en soi. Le conflit actuel n’apporte aucun bénéfice aux Libyens. Nous sommes les fils de cette terre et revendiquons haut et fort notre sentiment national. C’est pour cette raison que nous n’utilisons pas la force pour trancher des questions politiques. Mais si nous y sommes forcés, nous sommes très bien préparés. Nous maintenons des capacités militaires puissantes, tant à l’Ouest qu’au Sud.

Justement, quelle est la nature de vos relations avec les militants de l’Azawad au nord du Mali ?

Les occidentaux ne veulent pas comprendre que nous sommes un seul et même peuple. Ce n’est pas un slogan mais une réalité. Nos liens familiaux, tribaux, culturels, sont très étroits avec nos frères de l’Azawad. Nos relations sont aussi militaires, car nous soutenons la lutte qui y est menée : des armes et des combattants amazighs se trouvent dans l’Azawad, et beaucoup de militants qui en viennent se rendent régulièrement dans le sud libyen. Plus qu’à Bamako ou Ouagadougou, la profondeur stratégique du problème des Touaregs se trouve en Libye. C’est là qu’ont été préparées les brigades formées du temps de Kadhafi.

Pourquoi, en trois ans, les Amazighs libyens n’ont-ils pas constitué de parti ou de force politique structurée ?

En Libye, il y a actuellement 27 partis politiques. Mais quels projets et programmes sérieux ont-ils? Aucun. Notre projet n’est pas de créer un parti amazigh ou ethnique mais un parti national, ouvert à tous ceux qui partagent les valeurs de citoyenneté, de diversité et de démocratie. Nous devons sortir de cette alternative mortifère entre l’idéal panarabe et l’utopie islamiste. Notre projet de parti politique est prêt, mais nous attendons le bon moment. Et la situation nous est favorable car les deux camps se brûlent les ailes.



Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Crise libyenne | Libye - Fethi Benkhalifa : "Les Amazighs n'ont pas à choisir leur camp dans la guerre civile" | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique
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Afrique: Pourquoi l’alternance démocratique a du mal à se concrétiser?

Mis en ligne par La Rédaction Samedi 6 déc 2014


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Par Noël Kodia publié en collaboration avec Libre Afrique
En voulant modifier la constitution de son pays pour se maintenir au pouvoir, le président Blaise Compaoré s’est confronté à un soulèvement populaire qui l’a contraint à quitter le pouvoir. Si le Burkina Faso est sur la bonne voie, d’autres pays africains, malheureusement, n’ont pas encore pu goûter aux bienfaits de l’alternance démocratique. Pourquoi celle-ci a du mal à prendre racine en Afrique ?
Deux causes essentielles pourraient se dégager quand on étudie l’histoire sociopolitique du continent qui n’est plus la même avant et après la colonisation.
Le découpage à l’équerre du continent consécutif à la Conférence de Berlin de 1885 a donné naissance à des Etats interethniques où cohabitent majorités et minorités n’ayant pas le même fondement social et sociétal. Ce découpage est source de division ethnique et raciale. On voit par exemple comment les Kongos en Afrique centrale, formant l’entité de l’ancien royaume kongo avec une organisation policée, se retrouvent éparpillés dans trois États limitrophes (Congo, RD Congo et Angola) pour cohabiter avec d’autres peuples et d’autres races. Ce découpage devient source de tension et de conflits à cause des nouvelles frontières aléatoires, ce qui rend l’acceptation de l’autre plus difficile. Un même peuple pouvant se retrouver à cheval sur des frontières héritées de la Conférence de Berlin. Dans ces nouveaux États créés artificiellement, les autochtones n’acceptent pas d’être commandés par les « nouveaux arrivés » qu’ils considèrent comme des étrangers et vice versa.
Quand on y a imposé la démocratie pluraliste, s’est réveillée la conscience tribale et ethnique souvent « soutenue » par la complicité des Occidentaux. Ceux-ci pratiquent la politique de « diviser pour régner » en complicité avec les dictateurs qui veulent se pérenniser au pouvoir tout en sauvegardant les intérêts économiques et géostratégiques des Occidentaux. Aujourd’hui, force est de constater par exemple, que les peuples du sud Mali comme les Bambaras, les Malinkés et autres n’arrivent pas à s’entendre avec les Touaregs du Nord qui luttent pour la libération de l’Azawad. Pour des raisons géostratégiques, l’Occident est obligé de faire respecter les frontières définies par la Conférence de Berlin pour garder la main mise sur les richesses des ex-colonies. Malgré la démocratie pluraliste qu’ils veulent imposer aux Africains, les Occidentaux soutiennent les dictateurs africains quand ceux-ci préservent leurs intérêts. Ils ont, à cette occasion, le privilège d’avoir accès aux matières premières et à l’énergie ; à cela s’ajoutent les contrats militaires mirobolants et certains avantages dans commandes et marchés publics. On l’a constaté au Tchad et au Mali où le président Hollande est intervenu militairement pour protéger les mines d’uranium au Niger, frontalières au Mali. Cette situation encourage les dictateurs à ignorer l’alternance démocratique puisqu’ils sont protégés par la bénédiction des Occidentaux. Certains dictateurs du golf de Guinée se pérennisent au pouvoir en tripatouillant les élections et en voulant modifier leur constitution sans être inquiétés par les Occidentaux qui exploitent outrancièrement leur pétrole. Mais, à ces causes exogènes qui expliquent les difficultés de concrétiser l’alternance politique en Afrique, peuvent s’ajouter celles qui prennent naissance au sein même de la structure sociale du continent.
Ainsi, l’Afrique souffre d’un manque de culture et de maturité politiques. Car une fois au pouvoir dans des conditions souvent peu démocratiques, le dirigeant africain se montre possessif en pratiquant souvent le tribalisme et le népotisme pour se pérenniser au pouvoir. L’armée et l’appareil de l’Etat sont au service de la classe politique dirigeante pour s’enrichir et se maintenir à vie au pouvoir. En outre, on constate la défaillance des partis politiques en Afrique qui n’arrivent pas à inculquer à leurs membres le respect des valeurs démocratiques. Et malgré la démocratie pluripartite, les ethnies minoritaires, quand elles accèdent au pouvoir (souvent par force), bafouent les valeurs démocratiques pour éviter l’alternance comme on le constate au Rwanda où la majorité hutu est écrasée par la minorité tutsi.
Les partis politiques et les élections se fondent majoritairement sur l’ethnicité. On remarque aussi au niveau des partis politiques le non respect des valeurs démocratiques. Souvent il y a dysfonctionnement des institutions qui organisent le jeu politique pour saboter l’alternance. On pratique la corruption des électeurs et des commissions électorales ainsi que l’appareil judiciaire pour gagner les élections. On tente de modifier la constitution pour se pérenniser au pouvoir comme l’a voulu faire le président Compaoré. Mais comment faire pour que l’alternance politique n’ait plus de difficultés à se concrétiser sur le continent ?
Il faut restreindre les pouvoirs des présidents qui apparaissent comme des monarques et qui se croient inamovibles car pratiquant le tribalisme, le népotisme, la corruption et la concussion pour se maintenir au pouvoir. Le pouvoir ne devrait pas paraître héréditaire comme l’a montré le Gabon, le Togo et la RD Congo : Ali Bongo, Faure Gnassigbé et Joseph Kabila ont remplacé leur père sans le consentement de leur peuple. Et ces situations politiques qui empêchent l’alternance sont en général provoquées par la faiblesse des institutions politiques : régime présidentiel, constitutions fragiles, assemblée pratiquement monolithique sans contrepoids solides.
Les impératifs de la démocratie pluraliste exigent une culture de l’alternance politique qui devrait se fonder sur l’indépendance de la justice, la liberté, l’égalité devant la loi, la règle de la majorité et la consultation du peuple par voie électorale comme dans les démocraties occidentales. A la nouvelle génération africaine de provoquer le changement de mentalités. Aux politiques qui ne veulent pas de l’alternance au pouvoir de savoir que la jeunesse africaine est en train d’émerger comme un sérieux contrepoids pour se dresser contre leurs caprices. La jeunesse burkinabé l’a démontré.
Noël Kodia, analyste pour Libre Afrique – Le 5 décembre 2014
Article publié en collaboration avec Libre Afrique

Commentaires

1 commentaires
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2 Commentaires ... participez vous aussi à la discussion.

  1. dabakala6 décembre 2014 à 13:24 -
    « La jeunesse burkinabé l’a démontré »
    Non.
    Elle a juste montré qu’elle peut être une puissance pour renverser un pouvoir, quand elle est poussée a bout et qu’elle est prête a perdre des plumes.
    Mais pas plus !!
    Le système dont elle hérite au Burkina Faso ne représente pas ses aspirations et comme avant COMPAORE, la peur se réinstalle et personne n’aura le pouvoir d’affronter de nouveau les armes de ceux qui dirigent actuellement et qui ont fleuri sous COMPAORE !!
    Les révolutions et insurrections populaires n’auront pas toujours la chance de s’imposer, surtout quand les régent les redoutent et anticipent intelligemment !
    La suite !!
  2. la conscience ivoirienne6 décembre 2014 à 16:16 -
    Pauvres burkinabes!Priez pour ne pas regretter vos actes en chassant le Pr Blaise.
    Les militaires sont généralement très opportunistes.
    A bon entendeur salut……!

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Pourquoi la France a besoin de l’Algérie


La visite à Paris du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, intervient trois semaines après l’inauguration d’une usine Renault à Oran. Mais contrairement aux idées reçues, la France a bien plus besoin de l’Algérie que l’inverse. Article de Sarah Diffalah. Après des années de relations extrêmement tendues, Alger et Paris reconnaissent désormais qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Ou plutôt, que la France a de plus en plus besoin de l’Algérie. Et ce, pour plusieurs raisons.
1. L’Algérie, incontournable dans la lutte antiterroriste C’est la menace djihadiste dans le Sahel qui est a l’origine d’un changement de donne dans les relations franco-algériennes : la vigueur de la coopération militaire est, depuis plus d’un an, inédite. D’habitude si prompt à se ranger derrière son sacro-saint principe de non-ingérence, l’Algérie ne se croise plus les bras devant la menace terroriste au Sahel. [...]
Francois Hollande et le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal, à l'Elysée le 4 décembre 2014. (AFP/ PATRICK KOVARIK)
2. Un rôle de médiateur avec les Touaregs maliens Il y a un autre domaine dans lequel la France attend beaucoup de l’Algérie, malgré un jeu trouble qui parfois déstabilise les diplomates français : les négociations de paix entre les populations touarègues du nord du Mali et Bamako. L’Algérie est le médiateur classique, traditionnel entre les Touaregs et le pouvoir malien. [...]
3. Un marché économique porteur Dans une Europe en crise, la France a besoin de marchés porteurs, et l’Algérie en fait partie. Détrôné par la Chine, Paris aimerait retrouver sa place de premier fournisseur d’un pays qui a un potentiel économique énorme.
Entre 2010 et 2013, 230 milliards de dollars ont été dépensés pour construire des logements, des routes, des voies ferrées, des hôpitaux…
Bouygues, Accor, Lafarge, Renault, Sanofi, Alstom, toutes les grandes entreprises françaises veulent désormais en être, après s’est frottées pendant des années à la rudesse d’une économie algérienne largement administrée par un Etat refroidissant plus d’une ambition.
Sarah Diffalah
Source: 
Le Nouvel Observateur
Date: 
2014-12-05
Thématiques: 
       
 
 

Commentaires

Le Pouvoir militaire est soutenu par la France
Le Pouvoir militaire a besoin de la " caution politique " de l’Hexagone, mais en complément du " soutien diplomatico-stratégique " du Grand gendarme américain ( qui a pris son Grand morceau au Sahara) : la Junte d’Alger est dans " l’orbite américaine " depuis 2001, se présentant comme un partenaire incontournable dans la lutte contre le terrorisme.....que le DRS pratique, manipule et déplace là où il veut (Mitidja, Kabylie, Mzab, Paris-attentats de 95-, etc.) !...En échange, les Généraux, qui sont les vrais détenteurs de la réalité du pouvoir , concèdent des contrats importants en Algérie, et apportent un soutien financier conséquent aux hommes et femmes politiques français, partis, fondations, associations, parlementaires, maitres-espions, médias et autres groupes de pression qui organisent le soutien au Régime dictatorial, observent le silence sur les exactions massives contre les Droits humains, les massacres et assassinats, même ceux dirigés contre des français, comme les Moines et autres....
Il y’a donc désintérêts mutuels, les Généraux sont corrompus et la Classe politique française aussi, secouée en permanence par les scandales (Abus divers, malversations, luxe et extase, maitresses et putes, grosses voitures et demeures somptueuses, etc.). Les Généraux accaparent les richesses du pays et en usent à leur guise, et possèdent des fonds gigantesques en France (Hôtels, Restaurants, Sociétés, PMU, Immobilier, Import-Export, Réseaux de prostitution et de drogue......tout ce qui rapporte gros, de quoi payer leurs " amis " français.....qui se taisent tant qu’ils en reçoivent !).
Entre Alger et Paris, il n’y a pas de " coopération ", c’est un chemin de " non droit " qui repose sur trois axes : 1- la " pratique permanente de la raison d’Etat, 2-la phobie des " boat peoples" en cas de crise grave en Alkhérie, et (3) les " liaisons dangereuses " (crimes, trafics, donnant-donnant, deals, etc., etc.). En France, Droite et Gauche sont les même face à l’autre, à autrui, ont la même politique étrangère. La France n’a pas d’amis, elle ne connaît que ses intérêts , disait le Général......
Voilà comment les " Généraux " parviennent à faire perdurer " la caution politique " de l’Hexagone qui, en soutenant un Pouvoir dictatorial " militaire et mafieux " ( double nature ), tueur et destructeur, corrompu et corrupteur, provocateur et manipulateur, assume " la vengeance posthume du colonialisme " : ce qui n’a pas été détruit par le passé est en train d’être achevé au présent, et de surcroit par des mains d’indigènes, celles de Généraux sanguinaires et prédateurs au pouvoir.....soutenus par De Gaulle dès 62 ( dans ses " Mémoires ", le Général Buis avait corroboré les allégations du Commandant L. Bourga selon qui les troupes de " l’Armée des frontières et des Officiers de l’Armée française " avaient été ravitaillées par Paris, se vengeant ainsi contre le GPRA qui avait décroché la " victoire politique, en dépit de la " défaite militaire ".....).
La " caution politique " de la France, le soutien stratégique et diplomatique du Grand Gendarme américain , les milliards du pétrole et du gaz, l’opposition neutralisée ( tous les partis sont foutus), la population traumatisée.....( ainsi) la Dictature militaire continue !