jeudi 27 novembre 2014


Nigeria: crise politique, sécuritaire et économique, un cocktail électoral explosif




27/11/2014 à 10:33 | AFP


Nigeria: crise politique, sécuritaire et économique, un cocktail électoral explosif © AFP

Insurrection de Boko Haram hors de contrôle, économie fragilisée, locaux de l'opposition saccagés: les problèmes s'accumulent sur tous les fronts au Nigeria à l'approche des scrutins présidentiel et législatif de février 2015.

Pour le militant nigérian des droits de l'homme Clement Nwankwo, "la crise politique est très grave": le gouvernement, "d'un niveau de corruption sans précédent", a perdu le contrôle de son propre parti et réagit de manière violente, une situation qui rappelle les heures les plus sombres du régime du dictateur Sani Abacha, à la tête d'une junte militaire brutale dans les années 1990.

Sur le plan sécuritaire, la situation semble hors de contrôle dans le nord-est du pays, où le groupe islamiste armé Boko Haram s'est emparé de plus d'une vingtaine de villes depuis le printemps 2014, face à une armée mal équipée, en sous-effectifs, souvent accusée de fuir.



- Rhétorique guerrière -



Nigeria: crise politique, sécuritaire et économique, un cocktail électoral explosifDans ce contexte tendu, le Parti Démocratique du Peuple (PDP) du président Goodluck Jonathan et le Congrès Progressiste (APC), coalition de quatre partis d'opposition, n'hésitent plus à faire usage d'une rhétorique guerrière.

A la tête du pays le plus peuplé d'Afrique depuis mai 2010, M. Jonathan, un chrétien du Sud âgé de 57 ans a annoncé récemment sa candidature à sa propre succession, provoquant une crise au sein du PDP. La tradition politique du parti veut qu'il y ait une alternance entre candidats du sud chrétien et du nord musulman.

Au pouvoir depuis 1999, le PDP est secoué par une vague de défections de gouverneurs et de députés, dont le président de la chambre des représentants, Aminu Tambuwal, qui ont rejoint les rangs de l'APC, faisant du parti d'opposition une menace sérieuse pour les prochains scrutins.

Face à M. Jonathan, deux ex-dirigeants musulmans, originaires du Nord, ont présenté leur candidature aux primaires de l'APC.

Les tensions suscitées par la défection de M. Tambuwal ont atteint leur paroxysme jeudi dernier, quand celui-ci s'est vu refuser l'accès au Parlement par les forces de l'ordre, à coup de gaz lacrymogène.

L'APC a aussi dénoncé le saccage de ses bureaux de Lagos, dimanche, par des agents de sécurité agissant "apparemment sur l'ordre du gouvernement".



- Des élections "explosives et brutales" -



Les violences politiques sont récurrentes au Nigeria. Près d'un millier de personnes avaient péri lors de violences après les élections de 2011, pourtant considérées comme les plus régulières depuis la fin des dictatures militaires en 1999.

Mais selon un récent rapport de l'International Crisis Group (ICG), les élections générales de février 2015 au Nigeria s'annoncent particulièrement "explosives et brutales", au vu du climat politique "de plus en plus violent".

La récente sortie d'un gouverneur APC, qui a appelé à tuer tous les "cafards" politiques, a été accueillie très sévèrement par les Etats-Unis et l'Union européenne, qui ont appelé les acteurs du débat politique nigérian à changer de ton.

Pour Clement Nwankwo, le gouvernement doit surveiller les divisions religieuses et ethniques, souvent à l'origine de bains de sang dans un pays divisé entre un Nord musulman et un Sud chrétien.

D'autant que la Commission électorale a admis qu'il sera presque impossible d'organiser le scrutin dans les Etats de Borno, Yobe, et l'Adamawa, les trois les plus touchés par l'insurrection islamiste de Boko Haram, qui a fait 13. 000 morts depuis 2009.

Or "un scrutin qui ne se tiendrait pas sur la totalité du territoire (. . . ) risque de ne pas remplir les conditions constitutionnelles requises pour l'élection d'un président", juge l'ICG. Et dans cette atmosphère politique explosive, un résultat contesté pourrait mettre le feu aux poudres, ajoute le rapport.

Sur le plan économique, la chute des cours mondiaux du pétrole a fragilisé la première puissance du continent, dont 70% des recettes de l'Etat proviennent de la manne pétrolière.

Le pays a dévalué sa monnaie mardi, cherchant à stabiliser le naira après qu'il a atteint un niveau historiquement bas contre le dollar, et alors que ses réserves de devises étrangères ont chuté. Une mesure impopulaire car elle pourrait engendrer une flambée des prix dans un pays où la grande majorité des biens de consommation sont importés.



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INVITÉ AFRIQUE

Jacques Attali: «La Francophonie peut générer un million d'emplois»

RFI
Jacques Attali: «La Francophonie peut générer un million d'emplois»
 
Jacques Attali, essayiste français, ancien conseiller spécial de François Mitterrand.RFI

    Va-t-on parler d'économie lors du 15e sommet de la Francophonie, ce week-end à Dakar ? Pas sûr. Il y a trois mois, l'essayiste français Jacques Attali a remis un rapport sur ce thème à François Hollande. Il a fait 40 propositions pour sauver la Francophonie et doper l'économie de ce formidable espace géopolitique. Mais pour l'heure, au grand dam de son auteur, ce rapport est au fond d'un tiroir. L'ancien conseiller spécial de François Mitterrand répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

    RFI : Dans votre rapport, vous dites que la Francophonie peut devenir une zone économique de première importance comme l’Union européenne. Mais depuis dix ans c’est le contraire qui se passe, puisqu’en Afrique, la France a perdu la moitié de ses parts de marché ?
    Jacques Attali : Oui, c’est une zone économique, mais pas forcément pour la France. C’est une zone économique en soi, dans laquelle malheureusement, comme vous le dites très justement, la France ne trouve plus sa place. Mais c’est une zone économique, puisque avec seulement une petite part de la population mondiale, 4 % pour l’instant, elle représente 16 % du PIB mondial et 15 % des réserves mondiales. Et avec un potentiel du commerce entre eux considérable, puisqu’on sait que les gens qui parlent la même langue font 70 % de plus d’affaires entre eux que des gens qui ne parlent pas la même langue.
    Ces dernières années, les grands marchés d’infrastructures en Afrique ont été gagnés par les marchés chinois, beaucoup de miniers aussi. Comment les Français peuvent-ils inverser la tendance ?
    Les Français peuvent inverser la tendance d’abord en faisant comprendre aux Chinois et aux Japonais que la meilleure façon d’aller en Afrique c’est de passer par la France, parce que c’est en français qu’on peut le mieux commercer, investir en Afrique. La deuxième c’est de maintenir l’enseignement du français, de développer l’enseignement du français. C’est ce que j’appelle l’altruisme intelligent. Il est intelligent d’être altruiste parce que le développement de l’enseignement du français crée les conditions pour les entreprises françaises de se développer, et en même temps, en étant ambitieux, en investissant et en créant ce qui à mon avis va être un grand secteur de croissance de demain, qui est un grand groupe d’éducation en français, de la maternelle à la terminale, qui pourrait être privé. Il y a un potentiel de croissance un petit peu comme il existe un marché de cliniques privées ou un marché de maisons de retraite privées. Il y a un marché de l’enseignement qui est de l’intérêt général.
    Quels sont les créneaux d’avenir sur lesquels peuvent se placer les Français ?
    Les créneaux d’avenir c’est évidemment tout ce qui est la culture ; le cinéma, la chanson, la littérature. Mais là vous me parlez des Français, alors que je ne parle que de la Francophonie. Ce qui est bon pour la France doit être bon aussi pour les entreprises ivoiriennes, sénégalaises, nigérianes, qui vont maintenant beaucoup travailler en français. Donc il ne faut pas voir seulement l’intérêt des Français, il faut voir l’intérêt de tous. Et c’est vrai que pour les Français proprement dit, la Francophonie peut représenter plus d’un million d’emplois supplémentaires dans les 20 ans qui viennent. Et ça passe par les secteurs liés aux nouvelles technologies, mais aussi à l’agriculture, au secteur des transports, au secteur minier et au grand secteur de l’eau, dans lesquels à la fois l’Afrique et les pays francophones auront beaucoup de besoins et où les Français sont très compétentes.
    Vous dites que deux pays qui partagent la même langue tendent à échanger 70 % en plus que s’ils parlent deux langues différentes. Mais est-ce que ce n’est pas l’anglais tout de même qui est devenu la langue du business ?
    L’anglais est une des langues du business. Mais l’espagnol l’est aussi, le chinois l’est aussi. Et il ne faut pas considérer que cette bataille est perdue, loin de là. Le français peut représenter 700 millions de locuteurs. Il n’y a pas de raison de ne pas l’utiliser, non seulement pour faire des affaires, comme vous dites, mais si les gens communiquent entre eux dans une autre langue que l’anglais, ils font des affaires dans cette autre langue. La bataille n’est pas perdue.
    Et dans votre rapport que proposez-vous pour les étudiants francophones ?
    Les étudiants francophones doivent absolument avoir bien davantage de moyens de venir étudier dans les universités françaises et dans les universités de la Francophonie. C'est-à-dire que les visas doivent être octroyés beaucoup plus facilement. Une procédure d’accueil qui a commencé à s'améliorer en France, sauf dans la région parisienne, doit s’améliorer beaucoup. Et aussi il doit être clair qu’un étudiant francophone ayant étudié en français en France, peut faire sa carrière en France et aura un permis de travail en France lorsqu’il aura obtenu son diplôme.
    Parmi vos propositions il y a l’idée de mettre en place des les aéroports un guichet pour les Francophones comme il y a aujourd’hui un guichet pour les membres de l’Union européenne. Est-ce que c’est possible vraiment ?
    C’est tout à fait possible. Il n’y a pas de raison de ne pas le faire. Et ce sera le début de ce que j’appelle l’Union francophone. C’est à dire une union qui rassemblera politiquement, économiquement, juridiquement les pays francophones et qui montrera que les Francophones ont quelques petits privilèges à partager entre eux. Et il y en aura bien d’autres puisque je pense que cet espace de solidarité est tout à fait possible et important.
    Trois mois après la remise de votre rapport, est-ce que vous ne craignez pas qu’il soit déjà au fond d’un tiroir ?
    Il l’est. Ce que j’espère en particulier de notre conversation, c’est que quelqu’un ait la gentillesse d’ouvrir le tiroir.
    C'est-à-dire que vous craignez qu’aucune de vos propositions ne soit retenue lors du sommet qui démarre à Dakar ?
    J’en suis absolument certain parce que ce sommet va s’occuper d’autre chose malheureusement, que de Francophonie au sens d’un agenda. Il va s’occuper, à juste titre, de la succession d’Abdou Diouf, de l'Ebola, du Burkina Faso, du climat. Et la Francophonie sera le dernier sujet sur l’agenda du sommet de la Francophonie.
    S’il y avait une proposition qui pourrait être retenue dès ce week-end, laquelle ?
    S’il n’y avait qu’une seule proposition, j’en aurais mis une. Mais il y en a quarante, parce que je pense que quarante sont nécessaires.
    Parmi les candidats à la succession d’Abdou Diouf ; Michaëlle Jean, Jean-Claude de Lestrac, Pierre Boyoya, Henri Lopes… Qui vous semble le plus indiqué pour faire prendre à la Francophonie ce tournant économique ?
    Je pense que le secrétaire général a une importance, mais une importance assez mineure dans ce choix. L’important c’est la décision des chefs d’Etat qui pourront se rassembler et ne pas faire de la Francophonie seulement un lieu de rencontres politiques, mais aussi le projet d’une union intégrée. C’est la volonté des chefs d’Etat qui peut le décider. Le secrétaire général, j’espère en tout cas, appliquera les consignes.

    FRANCEEGYPTELIBYEABDEL FATTAH AL-SISSIFRANÇOIS HOLLANDE

    La situation en Libye inquiète Paris et le Caire

    mediaLe président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lors de la cérémonie militaire aux Invalides, à Paris, ce mercredi 26 novembre.Egyptian President Abdel Fattah al-Sisi (C) attends a military c
    Le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi est en France pour une visite officielle de deux jours. Il s'est entretenu, ce mercredi 26 novembre, avec le président français, François Hollande avec notamment, au menu de leurs discussions, la Libye. Paris et Le Caire craignent que le chaos actuel dans le pays ne profite aux jihadistes. Une franchise officielle du groupe Etat islamique est d'ailleurs présente dans la ville de Derna, près de la frontière égyptienne. Par ailleurs, à Benghazi, les combats meurtriers font rage, depuis mai dernier, entre d'autres groupes jihadistes comme Ansar al-Charia et les forces du général Haftar soutenues par l'Egypte, dont l'armée est soupçonnée d'être de plus en plus active en Libye.
    Dès la première offensive contre eux, en mai dernier, les jihadistes de Benghazi accusaient le voisin égyptien de soutenir leur ennemi : le général Haftar, affirmant qu’il s’agissait d’un soutien logistique avec des instructeurs de l'armée égyptienne. Mais à l'époque, le Caire démentait catégoriquement.
    Ces derniers jours, sur France 24, Abdel-Fattah al-Sissi reconnaissait un soutien indirect à l'armée nationale libyenne qui combat, justement, aux côtés du général Haftar contre les jihadistes à Benghazi. En revanche, le président égyptien dément toujours toute présence de ses forces au sol : « Nous nous contentons de sécuriser notre frontière », a-t-il expliqué avant de démentir également toute intervention de son aviation en Libye.
    Pourtant, en aout dernier, après le bombardement de plusieurs positions de l'alliance Fajr Libya, à Tripoli, Washington accusait ouvertement les Émirats arabes unis et l’Égypte d’avoir secrètement mené ces frappes aériennes contre des miliciens islamistes. Selon le New York Times, citant des sources sécuritaires américaines, ces raids ont été menés par des avions de chasse émiratis, en utilisant des bases égyptiennes.
    Avec l'expansion du groupe Etat islamique, la Libye inquiète aujourd'hui - au même titre - Paris et le Caire. « Les Egyptiens estiment qu'il faut réintervenir en Libye mais nous avons des doutes sur la résolution de cette crise, uniquement par la force », explique, à l’AFP, une source gouvernementale française.
    François Hollande et Abdel Fattah al-Sissi, une rencontre en forme de légitimation pour le pouvoir égyptien27/11/2014 - par Daniel VallotÉcouter

    « Le Mali sous IBK : Un an après, la nation toujours trahie »

    Le Républicain

    Doumbi Fakoly
    Doumbi Fakoly, écrivain malien et non moins Président du Rassemblement pour la Réhabilitation de la Religion Négro-africaine-Maaya (3RNA-Maaya) qui n’est plus a présenté, vient de publier un livre intitulé : « Le Mali sous Ibrahim Boubacar Keita : Un an après, la nation toujours trahie ». Ce livre de 151 pages, publié par les Editions Menaibuc en France, est un condensé de toutes les déceptions  actuelles des maliens. Lisez l’introduction que Doumbi-Fakoly a rédigée pour son livre !

    Avec 77 % et des poussières des voix, le plébiscite qui a porté Ibrahim Bubacar Keta au pouvoir, le 11 août 2013, s’est voulu l’expression de l’aspiration profonde du peuple malien à un changement radical dans la manière de conduire les affaires de l’Etat, hier caractérisée par une innommable déliquescence du sens moral de tous les anciens dirigeants, ou presque.

    Pareille confiance, jamais accordée à un(e) candidat(e) dans notre pays, a été un vibrant témoignage de ralliement et de soutien du peuple malien dans ses différentes composantes culturelles, cultuelles et religieuses.

    C’est que le peuple malien voyait en celui qu’il a choisi de porter à Kuluba, le moindre mal, parmi tous les candidats, pensant qu’il dégageait une aura plus grande de patriotisme, de courage, d’honnêteté et qu’il était animé du sens de l’honneur et pétri d’humanisme.

    D’autant plus que les deux points forts de sa campagne électorale ont fait l’effet d’un baume dans le cœur des Maliens.

    A savoir la libération de Kidal et la lutte drastique contre la corruption et l’enrichissement illicite afin de mettre fin à l’impunité de ces fonctionnaires aux grands boubous gominés, subitement devenus riches de plusieurs dizaines de milliards de F Cfa sans avoir gagné à la loterie nationale, ni au tiercé, ni hérité d’un(e) riche donateur (trice) ?

    Mais un an après son arrivée au pouvoir, le peuple malien, chaque jour un peu plus, est convaincu d’une absence de volonté politique qui prend le dessus sur ses belles et prometteuses promesses électorales.

    Le Président Ibrahim Bubacar Keta est-il pris au piège de certaines réalités du pouvoir qui déroulent, à sa grande surprise, une panoplie de chantages s’adossant à de puissantes pressions secrètes ?

    Mais gouverner n’est-il pas de prévoir ?

    Le candidat Ibrahim Bubacar Keta et ses camarades de conquête du pouvoir ont-ils failli dans leur appréciation de la configuration politique nationale et internationale et, par conséquent, ont-ils mal préparé leur accession au pouvoir ?


    C’est à ces questions que ce livre, qui n’a pas la prétention d’être exhaustif, tente d’apporter quelques éléments de réponse.

    Doumby-Fakoly
    Ecrivain malien et Président du 3RNA-Maaya,http://www.maliweb.net/societe/doumbi-fakoly-ecrivain-malien-mali-ibk-an-apres-nation-toujours-trahie-662712.html

    François d'à-fric..suite

    SÉNÉGALFRANCEFRANCOPHONIEFRANÇOIS HOLLANDE

    Quelle place pour la France dans la Francophonie?

    RFI
    mediaJeudi 20 mars 2014, François Hollande et le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie Abdou Diouf réunis à l'occasion de la journée internationale de la Francophonie.REUTERS/Jacky Naegelen
    Ce week-end se tient à Dakar, au Sénégal, le 15e sommet de la Francophonie. Un rendez-vous crucial, puisqu'on devrait connaitre le successeur dAbdou Diouf, qui tire sa révérence après 12 ans passés à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour l'instant, aucun des cinq candidats ne fait consensus parmi les chefs d'Etat. Officiellement, la France n'a pas de candidat, mais Paris a bien évidemment son mot à dire compte tenu de son influence.
    Le socle de la Francophonie, c'est d’abord la langue française, où la France a évidemment une place centrale. Aujourd'hui, selon les chiffres de l'OIF, 274 millions de personnes dans le monde parlent le français. Près de 55% de ces locuteurs vivent en Afrique, 37% en Europe. L'OIF espère même qu'en 2050, le nombre de personnes parlant français atteindra 770 millions. L'enjeu, c'est donc de faire (ou de refaire) du français une langue de décision, et surtout une langue des affaires pour favoriser le commerce.
    En allant plus loin, pourquoi ne pas imaginer un espace francophone, comme un marché commun, à l'image de ce qu'était la Communauté européenne à ses débuts ? Un marché commun qui bénéficierait d'une croissance actuellement à 7%. Rappelons que l'ensemble des pays qui constituent la Francophonie représentent 16% du produit intérieur brut mondial. Donc, doper les échanges entre pays francophones serait bénéfique à tous. Cela passe notamment par l'éducation, l'un des piliers de la Francophonie. L’idée d’un « Erasmus francophone », autrement dit un programme d'échange d'étudiants entre pays de l'espace, est souvent évoqué.
    Un espace économique et un rôle politique
    La Francophonie a actuellement un rôle politique, parce qu'elle intervient dans les crises. Le cap donné par Abdou Diouf se concentrait sur les missions de consolidation de la paix et la promotion de la démocratie. La Francophonie envoie des observateurs pour scruter les élections. Elle envoie aussi des médiateurs dans les crises politiques, comme on l'a vu récemment au Burkina Faso. Et puis l'OIF passe aussi des messages : à la suite de la crise burkinabè, Abdou Diouf a lancé un appel aux chefs d'Etat d'Afrique pour qu'ils se contentent de deux mandats.
    Alors, la Francophonie est-elle aussi un relais de la diplomatie française ? Les messages politiques véhiculés sont souvent les mêmes, et la France reste le premier contributeur de l'OIF. Sur un budget total de 85 millions d'euros par an, la France contribue a hauteur de 26 millions, juste devant le Canada, ce qui lui confère une certaine influence. Rappelons aussi que jusqu'a maintenant, aucun candidat au poste de secrétaire général de l'OIF n'est arrivé à ce poste sans l'assentiment de Paris.
    Quand le Burkina Faso commençait à gronder contre les projets de Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir, la France a proposé au président la direction de l'OIF comme sortie honorable. Aujourd’hui, l'Elysée jure ne pas avoir de candidat. On verra dans les prochains jours si François Hollande marque réellement une rupture avec les anciennes habitudes qui consistaient à pousser un candidat.

    mercredi 26 novembre 2014

    Moussa Ag Acharatoumane, charge de communication du MNLA : « Le fédéralisme est un changement bénéfique »

    Moussa Ag Acharatoumane (photo capture d'écran france24)
    Moussa Ag Acharatoumane (photo capture d’écran france24)
    Dans une interview qu’il nous a accordée, Moussa Ag Acharatoumane, membre fondateur du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et chargé de communication, évoque les grandes lignes des négociations d’Alger. Il se prononce sur le fédéralisme, les points d’achoppements, entre autres.

    L’Indicateur du Renouveau : Quelle  est votre lecture du document proposé à la médiation ? Quelles sont les concessions que vous êtes prêts à faire pour que la paix revienne ?
    Moussa Ag Acharatoumane : Nous pensons que le document proposé par l’équipe de médiation n’est pas à la hauteur de la crise actuelle et ne répond pas de façon explicite aux aspirations fondamentales de nos populations, bien que des choses intéressantes s’y trouvent. C’est pour cette raison que nous avons demandé un temps pour travailler sur le document en question que nous avons parcouru en entier et modifié pour l’harmoniser avec les aspirations des populations azawadiennes qui sont à l’origine de la crise actuelle que nous vivons.
    Notre objectif est et sera toujours la paix, raison pour laquelle nous pensons qu’il est nécessaire de donner le temps et la chance de bâtir une paix juste, équitable dans laquelle tous les Maliens dans l’ensemble et les Azawadiens en particulier se retrouveront. Des concessions, nous sommes prêts à en faire, nous l’avons toujours dit et redit, il n’y a pas de paix sans concessions entre les belligérants ; cette concession doit être partagée par les deux parties, nous en avons fait beaucoup et l’essentiel est la reconnaissance de l’intégrité territoriale du Mali et aujourd’hui le gouvernement doit faire des efforts et oser le changement et l’innovation qui sont la seule issue garante pour une paix viable au Mali.

    Fondamentalement, quels sont les points de divergence avec le gouvernement malien ?
    Le gouvernement propose la régionalisation qui n’est pas notre demande. Le Mali revient de loin et nous constatons malheureusement que le gouvernement actuel a du mal à voir le danger qui guette ce pays et le sacrifice nécessaire pour maintenir une paix dont la conquête devient chaque jour  plus difficile.
    Nous avons demandé que des solutions soient apportées à une entité géographique, économique, culturelle meurtrie par un abandon de plus d’un demi-siècle du gouvernement malien. L’appellation de notre territoire ‘Azawad’, la reconnaissance des crimes commis contre nos populations depuis les indépendances, l’armée malienne un instrument d’oppression des populations  sont, entre autres, quelques points de divergences parmi beaucoup d’autres.

    Les préalables posés par le gouvernement sont connus, quels sont les vôtres ?
    Il faut aussi ajouter que ces préalables sont acceptés par tous y compris nous, le gouvernement malien malheureusement n’a pas fait l’effort d’accepter les nôtres qui sont le nom Azawad et l’entité politique qu’on revendique. Nous pensons avoir fait des efforts sur plusieurs plans depuis 2012 dans le cadre de la recherche de l’apaisement et d’une solution pacifique à la crise actuelle, mais le gouvernement agit souvent même contre la paix et le 21 mai à Kidal en est un exemple parmi tant d’autres.

    Est-ce que le fédéralisme est toujours d’actualité ?
    Il est toujours d’actualité, car nous n’avons rien vu du côté du gouvernement qui nous fera agir autrement. Nous pensons que le fédéralisme est un changement bénéfique et porteur d’une nouvelle gouvernance au Mali et cette proposition doit être saisie par le peuple malien dans sa composition multiple, car elle permet à chacun au sein d’un ensemble malien de gérer son quotidien.

    Etes-vous prêts à rentrer dans un gouvernement d’union nationale ?
    Nous pensons que cette question n’est pas d’actualité encore, il faut chercher et trouver la paix ensuite les populations décideront de ce qui est meilleur pour elles. Nous sommes les messagers de la cause d’un peuple, c’est ce peuple qui décidera demain de ce qui lui semble juste et bien.
    Propos recueillis par Alpha Mahamane Cissé