mercredi 27 mars 2013

Trouvez vous normal que les terroristes d'Ansar Eddine condamnent les massacres des civiles dans l'Azawad et que les democrates africains,français et americains se taisent?

Trouvez vous normal que les terroristes d'Ansar Eddine condamnent les massacres des civiles dans l'Azawad et que les democrates africains,français et americains se taisent?

Quand le Qatar recrute au Maghreb pour Jabhat Al Nosra


Quand le Qatar recrute au Maghreb pour Jabhat Al Nosra

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Enrôlement de jeunes Tunisiens pour aller combattre en Syrie
Des centaines de jeunes Tunisiens ont déjà perdu la vie dans l’enfer syrien, suscitant un tollé grandissant auprès de la société civile et, surtout, des familles qui s’inquiètent sur le sort de plusieurs autres centaines de jeunes partis pour le djihad.

Le gouvernement tarde pourtant à réagir. Durant les deux dernières semaines, la société civile et les familles ne cessent de multiplier les actions afin de dissuader les jeunes Tunisiens de rallier le front du djihad en Syrie pour chasser Bachar Al Assad du pouvoir et combattre aux côtés des salafistes de Jabhat Al Norsa. Il est vrai que les nouvelles venant du front n’encouragent pas à en faire partie. Les victimes tunisiennes connues se comptent par dizaines et l’on parle de plusieurs centaines de victimes, si l’on croit certaines sources, sans compter ceux qui sont emprisonnés dans les geôles du régime syrien.

Un tel sort obscur, finalement dévoilé, a aidé à briser le tabou édifié autour de cette question, malgré le silence complice des autorités qui font la sourde oreille face à cette problématique. Les langues n’ont commencé que dernièrement à se délier concernant les réseaux djihadistes menant les jeunes Tunisiens en Syrie. Ce n’était d’ailleurs pas facile. Il a fallu le courage de certaines mères, qui craignent pour la vie de leur progéniture, pour oser s’interroger sur la légitimité de ces départs.

La signature et l’argent de Doha

L’opinion publique a pris ensuite le relais et plusieurs enquêtes ont été diligentées concernant les filières de recrutement des djihadistes en Syrie. Depuis, de multiples vérités cachées ont été mises à nu. Le djihadisme ne se limite pas à cette piété apparente. Des sources concordantes affirment que le Qatar monnaie le «recrutement» des brigades de djihadistes étrangers. On parle même de cours pouvant aller jusqu’à 2000 euros par tête de combattant. En opposition à la guerre en Libye, dont les acteurs étaient exclusivement locaux du côté des rebelles, l’opposition syrienne n’est pas parvenue à s’attirer la sympathie de ses concitoyens.

Plusieurs dérapages des combattants de l’opposition ont terni son image auprès de la population. Face à ce déni local, les monarchies du Golfe se sont rabattues sur les mafias du djihadisme international pour recruter les jeunes volontaires. Lesquels réseaux puisent essentiellement en Arabie, Libye et Tunisie. Les chiffres montrent toutefois que ce sont les néophytes tunisiens, «djihadistes» de la 25e heure qui présentent le plus grand lot. Leur amateurisme a fait d’eux les principales victimes.

Face à la croissance du nombre de victimes parmi les jeunes Tunisiens, la société civile a sonné l’alarme. Il y a une condamnation ouverte de ce recrutement. Le président Marzouki s’est joint lui-même à cette condamnation presqu’unanime. Le parti Ennahda est le seul à se taire sur ces départs sans oser défendre ce choix de rallier les combats en Syrie, encouragé par les «sponsors qataris». Cette prudence d’Ennahda indique que l’on n’est plus dans les moments d’euphorie de l’été 2011, quand Noureddine Khademi, alors qu’il n’était pas encore ministre, appelait les jeunes à rallier le djihad en Syrie. Il s’est aujourd’hui rétracté et a appelé, pas plus tard qu’hier, sur les ondes de la radio Shems FM à dévoiler les parties qui sont derrière cet enrôlement des jeunes Tunisiens en Syrie.

Certaines sources affirment toutefois que des organisations caritatives liées à Ennahda seraient très actives dans «l’exportation des djihadistes tunisiens vers la Syrie». De tels propos ne vont pas à l’encontre de la tendance préconisée par un gouvernement qui a abrité le premier congrès international des amis de la révolution syrienne, et a été le premier à rompre ses relations diplômatiques avec le régime de Bachar.

«Nuançons toutefois un peu les propos puisque le président Marzouki, jadis fer de lance de cette attaque de front en soutien à l’opposition syrienne, dénonce aujourd’hui ces vagues d’enrôlement des jeunes Tunisiens dans les réseaux djihadistes», rappelle l’islamologue Néji Jalloul. «La question est très complexe. Regardez un peu comment la France part en guerre contre AQMI au Mali et soutient l’opposition syrienne, alliée d’AQMI», ajoute-t-il.

Chocs émotionnels

Ennahda est toutefois sur la défensive surtout après le buzz médiatique créé par les histoires de djihadistes ramenés in extremis alors qu’ils s’apprétaient à se rendre au front en Syrie. Il s’agissait de chocs émotionnels très influents sur la population. Une fois, la mère et l’épouse d’un jeune ont pu le rejoindre à temps à Istanbul, avant qu’il ne prenne l’avion qui devait le conduire en «terre du djihad».
Une autre fois, plusieurs membres des familles de cinq jeunes de Hergla les ont rejoints à Benghazi et les ont récupérés avant leur départ en Turquie.

La dernière révélation porte sur un handicapé sur chaise roulante qui est rentré avant-hier de Syrie où il s’était rendu pour le djihad. Invraisemblable mais vrai ! Il y a donc de quoi faire douter Ennahda, surtout que ceux qui sont rentrés n’ont pas manqué de révéler plusieurs dérapages dans les rangs des djihadistes. En plus, la société civile n’est plus prête à se taire. Elle crie haut et fort son désarroi. Dans ses interventions sur les plateaux médiatiques, l’universitaire Riadh Sidaoui attire l’attention sur les risques encourus par la Tunisie avec le retour de ces centaines de djihadistes partis en Syrie et endoctrinés par la culture de la violence.

«L’exemple de l’Algérie et de ses jeunes, rentrés d’Afghanistan après y avoir combattu, ne saurait être ignoré», ne cesse-t-il de rappeler. «Toute la société doit se dresser pour lutter contre ce phénomène», appellent plusieurs ONG. Un imam a même osé s’attaquer au phénomène dans son prêche de vendredi dernier, acceptant d’avoir sur le dos les hordes de salafistes. Les familles des jeunes Tunisiens partis en Syrie s’interrogent sur le silence des autorités par rapport à leurs inquiétudes quant au sort de leur progéniture.

Elles réclament que le gouvernement installe une cellule de crise au ministère des Affaires étrangères pour répondre à leurs interrogations concernant leurs enfants. «Les autorités doivent assumer leurs responsabilités en la matière», pensent les parents. La guerre est donc lancée contre ce danger qui hante la société. Espérons qu’il ne soit pas déjà trop tard.


Mourad Sellami
Tunis
De notre correspondant

Source: El watan

ALGERIE – SYRIE. Ligue arabe: L’incroyable servilité de la soi-disant ligue arabe ou plutôt ligue des traîtres


Allain Jules il ya 5 heures 12 minutes
ALGERIE – SYRIE. Ligue arabe: L’incroyable servilité de la soi-disant ligue arabe ou plutôt ligue des traîtres

L’Algérie semble être, finalement, la dernière Nation arabe fière, altière, et qui ne se laisse pas conter fleurette par la bête immonde Qatar, pays terroriste et de chameliers. Toute honte bue, le siège de la Syrie à la Ligue arabe a été attribué officiellement à l’opposition, à la veille du sommet arabe de Doha. Après s’être opposé à cet octroie frauduleux à des terroristes, le président algérien Abdul Aziz Bouteflika ne se rendra pas à Doha.

La Coalition nationale de l’opposition a annoncé hier, dimanche, avoir été invitée au sommet de Doha où elle sera représentée par le «Premier ministre» américain Ghassan Hitto. Parti de Syrie à l’âge de 17 ans, cadre aux Etats-Unis, ce Frère musulman est l’incarnation même de l’homme-lige, malléable et corvéable à souhait. Il est au service du Qatar et se rêve en sauveur. Comme le ridicule ne tue, il fallait le voir accueilli en héros -si, si-, au nord de la Syrie. Un grand moment de solitude sur lequel nous reviendrons en fin de journée.

Le magasin de porcelaine qu’est l’opposition syrienne se casse, se fissure et se brise jour après jour mais, leurs parrains n’arrêtent toujours pas de les pousser. Et quelle surprise ! Demain, à Doha, selon le représentant de la Coalition au Qatar, Nizar Haraki, c’est bel et bien M. Khatib qui« présidera la délégation syrienne au sommet arabe ». Le démissionnaire serait revenu sur sa démission, après que certains l’aient supplié de rester. De quoi perdre son latin.

Bref, ce machin qu’est la Ligue arabe devrait changer de nom et devenir, la ligue des traîtres arabes car, finalement, tous le sont, de Tunis à Tripoli en passant par Le Caire, Doha ou Rabat etc… Des vendus sans foi ni loi. Personne ne peut rattraper l’autre comme on dit vulgairement, il n’y a qu’Alger qui sort la tête de l’eau dans ce naufrage généralisé…Trop marrant de voir comment, l’un des seuls pays qui défend encore la souveraineté arabe, avec l’Algérie, soit ainsi exclu avec un ridicule abyssal, alors même que l’ONU n’a pas osé le faire…

Mali: l'ONU envisage une mission de 11.200 hommes, soutenue par une force parallèle

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Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONUBan Ki-moon, secrétaire général de l'ONU
NEW YORK (Nations unies) - Les Nations unies envisagent une mission de maintien de la paix au Mali forte de 11.200 hommes au maximum mais qui aura besoin d'une force parallèle pour combattre les extrémistes islamistes, selon un rapport du secrétaire général Ban Ki-moon mardi.

Etant donné le niveau et la nature de la menace résiduelle, il y aura absolument besoin d'une force parallèle opérant au Mali (et potentiellement dans la sous-région) aux côtés de la mission de l'ONU afin de mener des opérations importantes de combat et de contre-terrorisme, souligne le rapport.

L'exigence d'une force parallèle, non précisée, semble indiquer que l'ONU souhaite le maintien d'une présence militaire française en appui à sa mission de stabilisation. L'implication de la force parallèle en appui aux Casques bleus sera nécessaire pour un certain temps.

Le texte ne fait pas référence explicitement aux troupes françaises et présente ce dispositif comme une des deux options possibles soumises à l'examen du Conseil de sécurité.

L'autre option consiste à renforcer la mission politique de l'ONU au Mali tout en laissant à la Misma, la force panafricaine, le soin d'assurer la sécurité. La Misma serait assistée par des efforts militaires bilatéraux, en soutien aux forces maliennes. Elle aurait alors un rôle offensif et de stabilisation centré sur les groupes extrémistes armés.

Dans le cadre de l'option Casques bleus, la majeure partie des troupes qui composent la Misma seraient transférées dans une mission de stabilisation de l'ONU qui comprendrait également 1.440 policiers. Elle serait déployée essentiellement dans le nord, avec pour base logistique possible Gao ou Sevaré.

Les Casques bleus de l'ONU seront juste assez nombreux pour sécuriser les zones de population considérées comme présentant le plus grand risque, précise le rapport, qui a été soumis aux 15 pays membres du Conseil.

Avant de déployer des Casques bleus, souligne le texte, il faudra d'abord que les conditions politiques et de sécurité nécessaires soient en place et il reviendra au secrétariat général de l'ONU d'en juger.


(©AFP / 26 mars 2013 21h22)
SourceLe Monde

Mali : la tentation génocidaire

Communiqué de presse de l’ODTE,Organisation de la Diaspora Touarègue en Europe
Devant la multiplication des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements et des pillages commis par l’armée malienne sur des populations de l’Azawad, notamment touarègues, maures et peules, l’ODTE exprime sa plus vive préoccupation et s’étonne du silence qu’adopte sur ce sujet très douloureux, la communauté internationale.
En effet, depuis le retour de l’armée malienne dans l’Azawad à la faveur de l’intervention française, des faits très graves ont été régulièrement dénoncés par les organisations internationales de défense des droits de l’homme.
Des éléments irréfutables existent et mettent en cause non seulement l’armée malienne, mais aussi la hiérarchie politique actuelle. En effet des témoignages existent sur les méthodes et le mode opératoire de ces exactions dont les victimes sont essentiellement des pauvres gens qui se croyaient à l’abri dans les brousses reculées de l’Azawad. Ces faits ne sauraient été mis au compte de quelques militaires zélés qui échapperaient au contrôle de leur hiérarchie.
L’Organisation de la Diaspora touarègue en Europe interpelle la France sur sa responsabilité à l’égard des populations civiles, notamment touarègues, maures et peules, qu’elle a, de fait, livrées à la vindicte de l’armée malienne. C’est, en effet, l’armée française qui a permis aux militaires maliens de revenir dans les régions de l’Azawad, où ils commettent violences et atrocités contre des populations civiles totalement désarmées.  
La timidité de la réprobation exprimée par la France tranche avec sa volonté affichée de pousser à une réconciliation entre l’Etat malien et les communautés de l’Azawad.
L’ODTE met en garde contre le risque accru de militarisation des communautés qui pourraient être tentées d’exercer leur légitime défense.
L’ODTE appelle les représentants de la communauté internationale à déterminer les responsabilités des exactions commises et à mettre un terme au plus vite à l’impunité dont jouit l’Etat malien depuis des décennies. Elle demande aux juridictions internationales compétentes, notamment la CPI, de se donner les moyens de rendre justice aux victimes des massacres perpétrés contre elles par des armées et milices ethniques animées par une tentation génocidaire de plus en plus flagrante.
ODTE (Organisation de la Diaspora Touarègue en Europe)
Lyon, le 25 mars 2013
L’ODTE A POUR OBJET LA PROMOTION DE LA CULTURE TOUARÈGUE, LA DÉFENSE DES DROITS ET INTÉRÊTS DU PEUPLE TOUAREG.
SON SIÈGE EST À LYON,  France.
  • cassé claude
    la « solution » ne serait-elle pas dans la remise en cause des frontières héritées de colonisateur et de limites territoriales floues ?

La MISMA s’installe à Ménaka

Mali-Cikan
Depuis le 22 mars au soir, le bataillon nigérien aux ordres du lieutenant-colonel GABRIEL a rejoint Ménaka dans le cadre du déploiement de la MISMA au Mali. Deux compagnies pour un volume de 280 hommes se sont vu transférer la responsabilité de la sécurité par les militaires français de la brigade Serval présents sur zone depuis le 9 février.
La mission des éléments français à Ménaka était de maintenir, dans la durée, un dispositif de sécurité en coordination avec les forces maliennes. De nombreuses patrouilles diurnes et nocturnes ont eu lieu dans la zone pour marquer la présence des forces armées, faire du renseignement sur la menace des groupes armés et neutraliser les terroristes localisés.
Avec l’arrivée du bataillon nigérien, une période de quelques jours de consignes a débuté. Des patrouilles mixtes (français, maliens et nigériens) ont permis de reconnaître les points stratégiques de la zone dans le centre de la ville et ses environs. L’installation logistique du bataillon nigérien est en cours et devrait s’étendre sur deux sites.
Prise de consigne entre un soldat français de la force Serval et un militaire nigérien de la MISMA.
 Le 24 mars, le colonel Mistral, adjoint du général Barrera commandant la brigade Serval, s’est rendu à Ménaka dans le cadre de la relève entre les éléments français et la MISMA. Une rencontre avec le lieutenant-colonel Gabriel, le préfet et le sous-préfet a eu lieu ainsi qu’une patrouille mixte sur les points clés identifiés par les forces françaises et maliennes quelques semaines plus tôt.
Ménaka, située à 300 km de Gao et à 1500 km de Bamako,  représente un nœud routier important entre Gao, Kidal, l’Algérie et le Niger, et donc un point de passage stratégique. De nombreux signes traduisent le retour « à la vie normale » : la réouverture du marché local, bien achalandé; la réouverture des écoles avec le retour des élèves plus nombreux chaque jour; la reprise d’activité de la mairie et le rétablissement des administrations locales. Même si l’électricité n’est pas revenue à 100% et que le réseau GSM ne fonctionne pas encore, la population reste résolument optimiste.
L’arrivée de la MISMA à Ménaka a été facilitée par l’action menée par la brigade Serval depuis le 11 janvier, en étroite coordination avec les FAMA et la MISMA. Cette première relève des troupes françaises est un symbole fort de la reconquête du territoire malien et, qui traduira, à terme une reprise de la vie économique dans cette ville du nord-est du pays.
Prise de consigne entre un soldat français de la force Serval et un militaire nigérien de la MISMA.
Sources : EMA
Droits : Ministère de la Défense,http://www.mali-cikan.fr/?p=2456

CHINE / AFRIQUE - 
Article publié le : mardi 26 mars 2013 - Dernière modification le : mardi 26 mars 2013

Entre la Chine et l'Afrique, une relation à rééquilibrer

Des employés éthiopiens et chinois sur un site de construction du nouveau chemin de fer à Dire Dawa (Nord-est de l'Ethiopie), le 27 février 2013.
Des employés éthiopiens et chinois sur un site de construction du nouveau chemin de fer à Dire Dawa (Nord-est de l'Ethiopie), le 27 février 2013.
AFP PHOTO/JENNY VAUGHAN

Par Jean-Pierre Boris
Le nouveau président chinois Xi Jinging met à profit le sommet des Brics, qui s'ouvre ce mardi 26 mars en Afrique du Sud, pour effectuer sa première tournée sur le continent africain. Outre l’Afrique du Sud, il aura visité la Tanzanie et le Congo-Brazzaville. En 2012, les relations entre le continent et la Chine ont pesé 200 milliards de dollars.

Dar es Salaam, Durban, Brazzaville, l’itinéraire du premier voyage officiel de Xi Jinping n’est pas innocent. Les Chinois veulent dire à l'Afrique qu’elle compte pour eux. Cela a été dit dès l’étape tanzanienne au cours de laquelle le président Xi Jinping a assuré que les relations entre son pays et l'Afrique allaient s'intensifier dans les années à venir.
Ce qui intéresse beaucoup les Chinois, ce sont les matières premières africaines, que ce soient le pétrole, le charbon, le gaz, les métaux. C’est le cas en Tanzanie, par exemple. « La Tanzanie a beaucoup de ressources naturelles à offrir à la Chine et a aussi des terres agricoles sous-utilisées, comme le souligne l'économiste tanzanien Ibrahim Lipumba, par ailleurs président du Civic United Front, un parti politique d'orientation libéraleLes Chinois souhaitent évidemment avoir accès à ces richesses. Par exemple, nous avons découvert du gaz naturel dans nos eaux de l'Océan Indien. Mais nous avons aussi beaucoup de terres agricoles susceptibles d'être exploitées pour produire du soja, des oléagineux, du manioc qui pourraient servir d'aliments pour le bétail chinois. »

Les présidents chinois et tanzaniens, Xi Jinping (L) et Jakaya Kikwete (R), à Dar es Salaam le 24 mars 2013.
REUTERS/Thomas Mukoya
200 milliards de dollars d’échange
La Chine a besoin de tout ce que l’Afrique peut lui offrir. Pétrole, gaz, charbon, métaux, la production des pays africains part de plus en plus vers la Chine. A tel point que ces dernières années, les relations économiques entre la Chine et l’Afrique n’ont fait qu’augmenter alors que, crise oblige, celles de l’Afrique avec les zones développées, Etats-Unis et Europe de l’Ouest, ont chuté.
En 2012, les relations entre la Chine et l'Afrique ont atteint les 200 milliards de dollars, presque le double des relations entre le continent et les Etats-Unis, comme le souligne Simon Freemantle, un analyste économique de la Standard Bank, à Johannesbourg.
La crainte d’une nouvelle colonisation
Pourtant, cet intérêt de la Chine pour les richesses africaines commence à susciter des inquiétudes chez certains dirigeants africains. Très récemment, une des grandes voix du monde économique continental s'est émue des déséquilibres dans les relations entre la Chine et ses partenaires africains : le gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Sanusi Lamido, a constaté, dans une tribune publiée par le Financial Times, que l'Afrique vendait à la Chine ses matières premières et que la Chine vendait des produits transformés à l'Afrique.
Pour Sanusi Lamido, il est clair que c'est là une relation coloniale. Et il n'est pas le seul à faire ce constat. Par exemple, Arnaud Dabancourt, un chef d'entreprise franco-sud-africain qui sillonne en permanence la région, constate à longueur de voyages que partout où des chantiers de travaux publics sont confiés à des entreprises chinoises, la main d’œuvre est chinoise.

Xi Jinping
Président chinois
En cherchant à se développer, la Chine œuvre depuis toujours à faire tout son possible pour fournir soutien et aide à l'Afrique...
 
25/03/2013 par Christophe Paget
Lors de ses déplacements professionnels en Angola, Arnaud Dabancourt, fondateur et directeur de l’entreprise Tristan Export, constate même que les immigrants chinois, fidèles à leur légende de grands commerçants, ouvrent échoppes et restaurants, allant même jusqu’à investir le secteur traditionnel du commerce ambulant dans les rues de Luanda, la capitale angolaise. Et pour Arnaud Dabancourt, c’est une forme de colonialisme.
Entreprises chinoises, main d’œuvre chinoise
Au Congo, troisième et dernier pays visité par le président Xi Jinping à l’occasion de cette première tournée africaine, les entreprises chinoises participent aux appels d'offre que lance l'Etat. Elles y sont autorisées en vertu d’un accord stratégique entre les deux pays. Les investisseurs chinois sont membres des chambres de commerce et d’industrie locales. C’est en particulier le cas à Pointe-Noire, la capitale de l’off-shore pétrolier du Congo-Brazzaville.
Sur les routes, sur les chantiers d’infrastructures dont la responsabilité a été confiée à des entreprises chinoises, il y a aussi des ouvriers chinois. Mais aux yeux de Sylvestre Didier Mavouenzela, le président de la chambre de commerce et d’industrie de Pointe-Noire, tout de prudence et de diplomatie, le mélange entre travailleurs chinois et congolais se fait de belle manière.
Et si Sylvestre Didier Mavouenzela reconnait qu’il serait bon d’accélérer les transferts de compétence entre Chinois et Congolais, s’il reconnait que les entreprises chinoises devraient recourir plus qu’elles ne le font à des sous-traitants congolais, il résiste à l’emploi du mot « colonisation » que d’autres prononcent sans problème.
C’est que, malgré le déséquilibre actuel des relations entre Chine et Afrique, le continent noir ne serait globalement pas en train de décoller sur le plan économique si son wagon n'était pas accroché à la locomotive chinoise.
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FICHE PAYS :

Par : Samir Amin
Publié le : 7/02/13
Faut-il soutenir l’intervention d’une puissance étrangère, de surcroît ex-tutelle coloniale, dans un pays souverain menacé par les islamistes ? Oui, car cette nébuleuse ultra réactionnaire, soutenue par la triade États-Unis/Europe/Japon, veut en faire une composante d’un territoire transnational doté de ressources importantes, dont la triade serait la principale destinataire. Mais il faut être lucide : la France reste partie prenante de ce projet impérialiste. Elle devra s’en désolidariser pour que les Maliens puissent reconstruire leur pays en toute indépendance.
Je suis de ceux qui condamnent par principe toute intervention militaire des puissances occidentales dans les pays du Sud, ces interventions étant par nature soumises aux exigences du déploiement du contrôle de la planète par le capital des monopoles dominant le système.
L’intervention française au Mali est-elle l’exception à la règle ? Oui et non. C’est la raison pour laquelle j’appelle à la soutenir, sans néanmoins penser le moins du monde qu’elle apportera la réponse qu’il faut à la dégradation continue des conditions politiques, sociales et économiques non seulement du Mali, mais de l’ensemble des pays de la région, laquelle est elle-même le produit des politiques de déploiement du capitalisme des monopoles de la triade impérialiste (États-Unis, Europe, Japon) toujours en œuvre, comme elle est à l’origine de l’implantation de l’islam politique dans la région.

L’islam politique réactionnaire, ennemi des peuples concernés et allié majeur des stratégies de la triade impérialiste (1)
L’islam politique – au-delà de la variété apparente de ses expressions – n’est pas un « mouvement de renaissance de la foi religieuse » (que celle-ci plaise ou non), mais une force politique archi-réactionnaire qui condamne les peuples. Ils sont les victimes éventuelles de l’exercice de son pouvoir à la régression sur tous les plans, les rendant par là même incapables de répondre positivement aux défis auxquels ils sont confrontés. Ce pouvoir ne constitue pas un frein à la poursuite du processus de dégradation et de paupérisation en cours depuis trois décennies. Au contraire, il en accentue le mouvement, dont il se nourrit.
Telle est la raison fondamentale pour laquelle les puissances de la triade – telles qu’elles sont et demeurent – y voient un allié stratégique. Le soutien systématique apporté par ces puissances à l’islam politique réactionnaire a été et demeure l’une des raisons majeures des « succès » qu’il a enregistrés : les taliban d’Afghanistan, le Front islamique du salut (Fis) en Algérie, les « islamistes » en Somalie et au Soudan, ceux de Turquie, d’Égypte, de Tunisie et d’ailleurs ont tous bénéficié de ce soutien à un moment décisif pour leur saisie du pouvoir local. Aucune des composantes dites modérées de l’islam politique ne s’est jamais dissociée véritablement des auteurs d’actes terroristes de leurs composantes dites « salafistes ». Ils ont tous bénéficié et continuent à bénéficier de l’exil dans les pays du Golfe, lorsque nécessaire. En Libye hier, en Syrie encore aujourd’hui, ils continuent à être soutenus par ces mêmes puissances de la triade. En même temps, les exactions et les crimes qu’ils commettent sont parfaitement intégrés dans le discours d’accompagnement de la stratégie fondée sur leur soutien : ils permettent de donner de la crédibilité à la thèse d’une « guerre des civilisations » qui facilite le ralliement « consensuel » des peuples de la triade au projet global du capital des monopoles. Les deux discours – la démocratie et la guerre au terrorisme – se complètent mutuellement dans cette stratégie.
Il faut une bonne dose de naïveté pour croire que l’islam politique de certains – qualifié à ce titre de « modéré » – serait soluble dans la démocratie. Il y a certes partage des tâches entre ceux-ci et les « salafistes » qui les déborderaient, dit-on, avec une fausse naïveté par leurs excès fanatiques, criminels, voire terroristes. Mais leur projet est commun – une théocratie archaïque par définition aux antipodes de la démocratie même minimale.

Le Sahélistan, un projet au service de quels intérêts ?
De Gaulle avait caressé le projet d’un « Grand Sahara français ». Mais la ténacité du FLN algérien et la radicalisation du Mali de l’Union soudanaise de Modibo Keita ont fait échouer le projet, définitivement à partir de 1962-1963. S’il y a peut-être quelques nostalgiques du projet à Paris, je ne crois pas qu’ils soient en mesure de convaincre des politiciens dotés d’une intelligence normale de la possibilité de le ressusciter.
En fait, le projet de Sahélistan n’est pas celui de la France – même si Sarkozy s’y était rallié. Il est celui de la nébuleuse constituée par l’islam politique en question et bénéficie du regard éventuellement favorable des États-Unis et dans leur sillage de leurs lieutenants dans l’Union européenne (qui n’existe pas) – la Grande-Bretagne et l’Allemagne.
Le Sahélistan « islamique » permettrait la création d’un grand État couvrant une bonne partie du Sahara malien, mauritanien, nigérien et algérien doté de ressources minérales importantes : uranium, pétrole et gaz. Ces ressources ne seraient pas ouvertes principalement à la France, mais en premier lieu aux puissances dominantes de la triade. Ce « royaume », à l’image de ce qu’est l’Arabie Saoudite et les émirats du Golfe, pourrait aisément « acheter » le soutien de sa population clairsemée, et ses émirs transformer en fortunes personnelles fabuleuses la fraction de la rente qui leur serait laissée. Le Golfe reste, pour les puissances de la triade, le modèle du meilleur allié/serviteur utile, en dépit du caractère farouchement archaïque et esclavagiste de sa gestion sociale – je dirais grâce à ce caractère. Les pouvoirs en place dans le Sahélistan s’abstiendraient de poursuivre des actions de terrorisme sur leur territoire, sans pour autant s’interdire de les soutenir éventuellement ailleurs.
La France, qui était parvenue à sauvegarder du projet du Grand Sahara le contrôle du Niger et de son uranium, n’occuperait plus qu’une place secondaire dans le Sahélistan (2).
Il revient à François Hollande – et c’est tout à son honneur – de l’avoir compris et refusé. On ne devrait pas s’étonner de voir que l’intervention qu’il a décidée ait été immédiatement soutenue par Alger et quelques autres pays pourtant non classés par Paris comme des « amis ». Le pouvoir algérien a démontré sa parfaite lucidité : il sait que l’objectif du Sahélistan vise également le Sud algérien et pas seulement le Nord du Mali (3). On ne devrait pas davantage s’étonner que les « alliés de la France » – les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, sans parler de l’Arabie Saoudite et du Qatar – sont en réalité hostiles à cette intervention, qu’ils n’ont acceptée du bout des lèvres que parce qu’ils ont été mis devant le fait accompli – la décision de François Hollande. Mais ils ne seraient pas mécontents de voire l’opération s’enliser et échouer. Cela redonnerait de la vigueur à la reprise du projet du Sahélistan.

Gagner la guerre du Sahara
Je suis donc de ceux qui souhaitent et espèrent que la guerre du Sahara sera gagnée, ces islamistes éradiqués dans la région (Mali et Algérie en particulier), le Mali restauré dans ses frontières. Cette victoire est la condition nécessaire incontournable, mais est loin d’être la condition suffisante, pour une reconstruction ultérieure de l’État et de la société du Mali.
Cette guerre sera longue, coûteuse et pénible et son issue reste incertaine. La victoire exige que soient réunies certaines conditions. Il faudrait en effet non seulement que les forces armées françaises n’abandonnent pas le terrain avant la victoire, mais encore qu’une armée malienne digne de ce nom soit reconstituée rapidement. Car il faut savoir que l’intervention militaire des autres pays africains ne pourra pas constituer l’élément décisif de la victoire.
La reconstruction de l’armée malienne relève du tout à fait faisable. Le Mali de Modibo était parvenu à construire une force armée compétente et dévouée à la nation, suffisante pour dissuader les agresseurs comme le sont les islamistes d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) aujourd’hui. Cette force armée a été systématiquement détruite par la dictature de Moussa Traoré et n’a pas été reconstruite par ses successeurs. Mais le peuple malien ayant pleine conscience que son pays a le devoir d’être armé, la reconstruction de son armée bénéficie d’un terrain favorable. L’obstacle est financier : recruter des milliers de soldats et les équiper n’est pas à la portée des moyens actuels du pays, et ni les États africains, ni l’Onu ne consentiront à pallier cette misère. La France doit comprendre que le seul moyen qui permettra la victoire l’oblige à le faire. L’enlisement et la défaite ne seraient pas seulement une catastrophe pour les peuples africains, ils le seraient tout autant pour la France. La victoire constituerait un moyen important de restauration de la place de la France dans le concert des nations, au-delà même de l’Europe.
Il n’y a pas grand-chose à attendre des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Les gardes prétoriennes de la plupart de ces pays n’ont d’armée que le nom. Certes le Nigeria dispose de forces nombreuses et équipées, malheureusement peu disciplinées, c’est le moins qu’on puisse dire. Et beaucoup de ses officiers supérieurs ne poursuivent pas d’autre objectif que le pillage des régions où elles interviennent. Le Sénégal dispose également d’une force militaire compétente et de surcroît disciplinée, mais petite, à l’échelle du pays. Plus loin en Afrique, l’Angola (formellement membre de la Cedeao) et l’Afrique du Sud pourraient apporter des appuis efficaces. Mais leur éloignement géographique, et peut-être d’autres considérations, fait courir le risque qu’ils n’en voient pas l’intérêt.
Un engagement de la France ferme, déterminé et pour toute la durée nécessaire implique que la diplomatie de Paris comprenne qu’il lui faut prendre des distances à l’égard de ses coéquipiers de l’Otan et de l’Europe. Cette partie est loin d’être gagnée, et rien n’indique pour le moment que le gouvernement de François Hollande soit capable de l’oser.

Gagner la bataille diplomatique
Le conflit visible entre les objectifs honorables de l’intervention française au Mali et la poursuite de la ligne diplomatique actuelle de Paris deviendra rapidement intolérable. La France ne peut pas combattre les « islamistes » à Tombouctou et les soutenir à Alep !
La diplomatie française, accrochée à l’Otan et à l’Union européenne, partage la responsabilité de ses alliés dans les succès de l’islam politique réactionnaire. Elle en a fourni la preuve éclatant dans l’aventure libyenne, dont le seul résultat a été (et cela était prévisible et certainement voulu, au moins par Washington) non pas de libérer le peuple libyen de Kadhafi (un pitre plus qu’un dictateur), mais de détruire la Libye, devenue terre d’opération de seigneurs de guerre, directement à l’origine du renforcement d’Aqmi au Mali.
Car l’hydre de l’islam politique réactionnaire recrute autant dans les milieux du grand banditisme que chez les fous de Dieu. Au-delà du djihad, leurs émirs – qui s’autoproclament les défenseurs intransigeants de la foi – s’enrichissent du trafic de la drogue (les taliban, l’Aqmi), des armes (les seigneurs de guerre libyens), de la prostitution (les Kosovars).
Or la diplomatie française, jusqu’à ce jour, soutient les mêmes, en Syrie par exemple. Les médias français donnent crédit aux communiqués du prétendu Observatoire syrien des droits de l’homme, une officine connue pour être celle des Frères musulmans, fondée par Ryad el-Maleh, soutenue par la CIA et les services britanniques. Autant faire crédit aux communiqués d’Ansar Eddine ! La France tolère que la soi-disant Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution soit présidée par le Cheikh Ahmad el-Khatib choisi par Washington, Frère musulman et auteur de l’incendie du quartier de Douma à Damas.
Je serais surpris (mais la surprise serait agréable) que François Hollande ose renverser la table, comme de Gaulle l’avait fait (sortir de l’Otan, pratiquer en Europe la politique de la chaise vide). On ne lui demande pas d’en faire autant, mais seulement d’infléchir ses relations diplomatiques dans le sens exigé par la poursuite de l’action au Mali, de comprendre que la France compte plus d’adversaires dans le camp de ses « alliés » que dans celui de ses « ennemis » ! Cela ne serait pas la première fois qu’il en serait ainsi lorsque deux camps s’affrontent sur le terrain diplomatique.

Reconstruire le Mali
La reconstruction du Mali ne peut être que l’œuvre des Maliens. Encore serait-il souhaitable qu’on les y aide plutôt que d’ériger des barrières qui rendent impossible cette reconstruction.
Les ambitions « coloniales » françaises – faire du Mali un État client à l’image de quelques autres dans la région – ne sont peut-être pas absentes chez certains des responsables de la politique malienne de Paris. La Françafrique a toujours ses porte-parole. Mais elles ne constituent pas un danger réel, encore moins majeur. Un Mali reconstruit saura aussi affirmer – ou réaffirmer – rapidement son indépendance. Par contre un Mali saccagé par l’islam politique réactionnaire serait incapable avant longtemps de conquérir une place honorable sur l’échiquier régional et mondial. Comme la Somalie, il risquerait d’être effacé de la liste des États souverains dignes de ce nom.
Le Mali avait, à l’époque de Modibo, fait des avancées en direction du progrès économique et social comme de son affirmation indépendante et de l’unité de ses composantes ethniques.
L’Union soudanaise était parvenue à unifier dans une même nation les Bambara du Sud, les pêcheurs bozo, les paysans songhaï et les Bella de la vallée du Niger, de Mopti à Ansongo (on oublie aujourd’hui que la majorité des habitants du Nord du Mali n’est pas constituée par les Touaregs), et avait même fait accepter aux Touaregs l’affranchissement de leurs serfs bella. Il reste que, faute de moyens – et de volonté après la chute de Modibo –, les gouvernements de Bamako ont par la suite sacrifié les projets de développement du Nord. Certaines revendications des Touaregs sont de ce fait parfaitement légitimes. Alger, qui préconise de distinguer dans la rébellion les Touaregs (désormais marginalisés) avec lesquels il faut discuter des djihadistes venus d’ailleurs – souvent parfaitement racistes à l’égard des « Noirs » –, fait preuve de lucidité à cet endroit.
Les limites des réalisations du Mali de Modibo, mais aussi l’hostilité des puissances occidentales (et de la France en particulier), sont à l’origine de la dérive du projet et finalement du succès de l’odieux coup d’État de Moussa Traoré, soutenu jusqu’au bout par Paris. Cette dictature porte la responsabilité de la décomposition de la société malienne, de sa paupérisation et de son impuissance. Le puissant mouvement de révolte du peuple malien parvenu, au prix de dizaines de milliers de victimes, à renverser la dictature, avait nourri de grands espoirs de renaissance du pays. Ces espoirs ont été déçus. Pourquoi ?
Le peuple malien bénéficie depuis la chute de Moussa Traoré de libertés démocratiques sans pareilles. Néanmoins cela ne semble avoir servi à rien : règnent des centaines de partis fantômes sans programme, des parlementaires élus impotents, la corruption généralisée. Des analystes dont l’esprit n’est toujours pas libéré des préjugés racistes s’empressent de conclure que ce peuple (comme les Africains en général) n’est pas mûr pour la démocratie ! On feint d’ignorer que la victoire des luttes du peuple malien a coïncidé avec l’offensive « néolibérale » qui a imposé à ce pays fragilisé à l’extrême un modèle de lumpen-développement préconisé par la Banque mondiale et soutenu par l’Europe et la France, générateur de régression sociale et économique et de paupérisation sans limites.
Ce sont ces politiques qui portent la responsabilité majeure de l’échec de la démocratie, décrédibilisée. Cette involution a créé ici comme ailleurs un terrain favorable à la montée de l’influence de l’islam politique réactionnaire (financé par le Golfe) non seulement dans le Nord du Mali, capturé par la suite par Aqmi, mais également à Bamako.
La décrépitude de l’État malien qui en a résulté est à l’origine de la crise ayant conduit à la destitution du président Amani Toumani Touré – réfugié depuis au Sénégal –, au coup d’État irréfléchi de Sanogo, puis à la mise sous tutelle du Mali par la « nomination » d’un président « provisoire » – dit de transition – par la Cedeao, dont la présidence est exercée par le président ivoirien Alassane Ouattara qui n’a jamais été qu’un fonctionnaire du FMI et du ministère français de la Coopération. C’est ce président de transition, dont la légitimité est aux yeux des Maliens proche de zéro, qui a fait appel à l’intervention française. Ce fait affaiblit considérablement la force de l’argument de Paris, bien que diplomatiquement impeccable : la France a répondu à l’appel du chef d’État « légitime » d’un pays ami. Mais alors, en quoi l’appel du chef de l’État syrien – incontestablement non moins légitime – au soutien de l’Iran et de la Russie est-il « inacceptable » ? Il appartient à Paris de corriger le tir et de revoir son langage.
Surtout, la reconstruction du Mali passe désormais par le rejet pur et simple des « solutions » libérales qui sont à l’origine de tous ses problèmes. Or, sur ce point fondamental, les concepts de Paris demeurent ceux qui ont cours à Washington, Londres et Berlin. Les concepts « d’aide au développement » de Paris ne sortent pas des litanies libérales dominantes (4). Rien d’autre. La France, même si elle gagnait la bataille du Sahara – ce que je souhaite –, reste mal placée pour contribuer à la reconstruction du Mali. L’échec, certain, permettrait alors aux faux amis de la France de prendre leur revanche.

Notes
Dans le souci de conserver à cet article sa brièveté et sa centralité sur la seule question malienne, j’ai écarté des développements sur les questions majeures adjacentes, réduites à des indications en notes de bas de page, évitant ainsi de longues digressions.
L’article ne traite pas de l’agression d’In Amenas. Les Algériens savaient que s’ils ont gagné la guerre majeure contre le projet d’État dit islamiste du Fis (soutenu à l’époque par les puissances occidentales au nom de la « démocratie » !), le combat contre l’hydre reste permanent, à mener sur deux terrains : la sécurité, la poursuite du progrès social qui est le seul moyen de tarir le terrain de recrutement des mouvements dits islamistes. Sans doute l’assassinat d’otages américains et britanniques contraint-il Washington et Londres à mieux comprendre qu’Alger a opéré comme il le fallait : aucune négociation n’est possible avec des tueurs. Je ne crois malheureusement pas qu’à plus long terme cette « bavure » des terroristes infléchisse le soutien des États-Unis et de la Grande-Bretagne à ce qu’ils continuent de qualifier d’islam politique « modéré » !
(1) Ce rappel bref de ce qu’est réellement l’islam politique réactionnaire s’impose en introduction. L’utilisation stratégique des mouvements en question par les forces du capitalisme/impérialisme dominant n’exclut pas les couacs. La mobilisation d’aventuriers « djihadistes » (« terroristes ») est le moyen incontournable par lequel l’islam politique réactionnaire peut imposer son pouvoir. Ces aventuriers sont évidemment enclins à la criminalité (le pillage, la prise d’otages, etc.). De surcroît les « fous de Dieu » parmi lesquels ils recrutent leurs « armées » sont toujours, par nature, capables d’initiatives imprévisibles. Le leadership du mouvement (le Golfe wahhabite) et celui de l’establishment des États-Unis (et par ricochet les gouvernements des alliés subalternes européens) sont conscients des limites de leur capacité à « contrôler » les instruments de la mise en œuvre de leur projet commun. Mais ils acceptent ce chaos.
Il existe de sérieuses analyses de l’islam politique réactionnaire (voir entre autres Samir Amin, Le Monde arabe dans la longue durée, 2010).
Question adjacente majeure : l’islam politique réactionnaire constitue une bonne garantie que les pays qui sont ses victimes resteront incapables de rejoindre le groupe des nations émergentes. (Voir à ce sujet le chapitre consacré à cette question in, Samir Amin, L’implosion du capitaliste libéral, 2012).
(2) La France a maintenu son contrôle sur le Niger et son uranium par le moyen d’une politique « d’aide » à bon marché qui maintient le pays dans la pauvreté et l’impuissance. Voir note (4). Le projet du Sahélistan balaye les chances de la France de pouvoir maintenir son contrôle sur le Niger.
(3) Faisant contraste avec la lucidité d’Alger, on constatera le silence du Maroc, dont la monarchie avait toujours exprimé ses revendications sur Tombouctou et Gao (villes « marocaines » !) dans des discours tonitruants répétés. Une explication de ce repli de Rabat reste à être donnée.
(4) Yash Tandon (En finir avec la dépendance de l’aide, Cetim 2009) a démontré que « l’aide » associée à la conditionnalité commandée par le déploiement de la mondialisation libérale n’était pas un « remède », mais un poison. Dans l’introduction de cet ouvrage, j’en ai moi-même fourni un exemple, précisément celui du Niger.

 Après les réactions de nos lecteurs, Samir Amin a souhaité un droit de réponse, que vous trouverez dans nos pages "Actualité"
http://www.afrique-asie.fr/component/content/article/70-points-chauds/4910-mali-le-projet-francais-au-service-de-quels-interets.html