samedi 28 avril 2012


Sarkozy-Kadhafi : la preuve du financement

 | PAR FABRICE ARFI ET KARL LASKE
© Reuters
Selon un document officiel libyen daté du 10 décembre 2006, le régime Kadhafi a décidé de débloquer une somme de 50 millions d'euros pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Dans cette note que nous publions, Moussa Koussa, alors chef des services de renseignements extérieurs libyens, autorise le directeur de cabinet de Kadhafi, Bachir Saleh, à entreprendre les versements secrets. M. Koussa évoque dans ce document des réunions préparatoires avec Brice Hortefeux et l'intermédiaire Ziad Takieddine. « Ce document prouve qu'on est en présence d'une affaire d'Etat », confirme ce dernier à Mediapart.

ASIHAR est contre l'intervention de la CEDEAO ou de toute autre forme d’impérialisme dans l'AZAWAD


  • Groupe « ouvert »
  • ASIHAR est contre l'intervention de la CEDEAO ou de toute autre forme d’impérialisme dans l'AZAWAD.C'est aussi un groupe qui va servir de relais pour la mobilisation de tous les Amazighs-Berberos-Touaregs pour défendre leur patrie contre les prédateurs.
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Sujet à la une

«On veut maintenir l’Azawad dans l’insécurité»

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28/04/2012
Entretien avec Masin FERKAL / Président de Tamazgha (“Monde berbère”), mouvement de solidarité avec le peuple berbère
Vendredi 6 avril dernier, le Mouvement de libération nationale de l’Azawad (MNLA) a proclamé l’indépendance de cette région touarègue située au nord de l’Etat malien. Hier, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, s’est félicité de la décision prise la veille par les chefs d’Etat ouest-africains d’envoyer des forces militaires régionales dans le nord du Mali. Entretien avec Masin Ferkal, président de Tamazgha (“Monde berbère”), mouvement de solidarité avec le peuple berbère basé à Paris.
Informations contradictoires, confusion… Pouvez-vous faire le point sur la situation ?
Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), qui a déclenché les hostilités le 17 janvier dernier, a pu libérer le territoire pour y créer un Etat démocratique et laïque. C’est une revendication ancienne : il ne faut pas oublier que les Touaregs se battent depuis 1958. Les premières révoltes contre l’Etat malien sont apparues dès 1963, et l’Azawad a connu des conflits militaires dans les années 1990 et 2000. Cette fois-ci, en un temps record et en profitant du putsch à Bamako [le 12 mars 2012, ndlr], le MNLA a libéré l’Azawad.
Cette déclaration n’est pourtant pas reconnue…
Une fois que le territoire a été libéré et que l’Azawad a proclamé son indépendance le 6 avril, nous avons assisté à une véritable levée de bouclier. Etat malien, Cédéao, mais aussi communauté internationale menée par la France : tout le monde a rendu nulle cette déclaration. La France, dernière puissance coloniale en Afrique du Nord, continue à faire de l’ingérence en disant que l’Azawad n’a aucun sens.
Pourquoi ?
Ce sont les Français qui ont créé le Mali. Dès 1958, les Touaregs ont écrit au général De Gaulle pour lui dire que ces frontières étaient absurdes. Maintenant que le MNLA a libéré le territoire, la France parle de l’intégrité du territoire et déclare que l’Azawad est un refuge pour les islamistes, pour les gens d’Aqmi. Ce mouvement était déjà présent bien avant le MNLA et il n’agit pas qu’en Azawad. Nous savons, en plus, qu’Aqmi est une manipulation de l’Etat algérien. Si le phénomène s’est amplifié ces dernières semaines, nous pensons que les combattants sont surtout des soldats algériens pour mettre le trouble dans la région. Pour déstabiliser le MNLA et surtout justifier une éventuelle intervention militaire extérieure de la Cédéao, par exemple.
La France parle d’intégrité du territoire du Mali et de combat contre l’islamisme. Sont-ce, selon vous, les seules raisons qui expliquent sa réaction ?
Les explications de l’attitude de la France sont surtout économiques. L’Azawad regorge de richesses énergétiques non exploitées. Pour justifier une présence militaire, on veut maintenir cette région dans l’insécurité.
Tous ceux qui connaissent les sociétés berbères savent qu’elles sont laïques, égalitaires et démocratiques. Des vrais remparts à l’islamisme. La France est, en plus, très mal placée pour donner des leçons de laïcité. Il faut rappeler qu’elle soutient le CNT en Libye, Ennahda en Tunisie et le Qatar, véritable sponsor de l’islamisme. Avant de combattre Kadhafi, elle lui avait déroulé le tapis rouge.
La situation à Tombouctou, notamment est, semble-t-il, délicate. Certains médias parlent d’une prise de pouvoir d’Aqmi dans la ville. Qu’en dites-vous ?
L’Agence France-Presse fabrique l’information sur des témoignages non vérifiés. Toute la presse reprend ça. Selon mes informations, le MNLA contrôle l’essentiel du territoire. Ansar Eddine [le groupe islamiste] a quitté Tombouctou et Gao et se trouve proche des frontières algériennes.
A l’heure où la situation se tend, une sortie de crise est-elle possible ?
Le MNLA ne demande que de sortir de la crise. Tout dépend des Maliens. Pas question d’accorder une large autonomie. Les Touaregs veulent établir des relations de bon voisinage avec le Mali et concrétiser l’indépendance. S’il y a un référendum, il faut que le MNLA, représentant du peuple de l’Azawad, et la communauté internationale l’organisent ensemble. Le Mali n’a rien à faire dans son organisation.

Antton ROUGET

Tombouctou rejette al-Qaida

Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et Ansar al-Din ne sont pas les bienvenues dans l’Azaouad.
Quelques jours après que le groupe islamiste du rebelle touareg Iyad Ag Ghaly ait pris Tombouctou avec l’aide d’al-Qaida, les habitants ont porté leur premier coup contre ce qu’ils appellent “les groupes islamiques et étrangers dans la région”, en organisant une manifestation, le vendredi 20 avril.
“Des éléments d’al-Qaida et d’Ansar al-Din ont tenté d’interrompre cette manifestation, mais les jeunes les ont ignorés”, a expliqué à Magharebia un responsable de la mosquée Belferandi.
La fierté culturelle du nord du Mali, l’héritage touareg, l’affinité pour le soufisme et le respect des libertés des femmes les rendent sourds au message des extrémistes. Et ils expriment avec force leur refus de laisser leur site inscrit au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO tomber entre les mains d’islamistes purs et durs.
“Nous avons brandi nos propres drapeaux pour signifier notre rejet d’al-Qaida et des porteurs de drapeaux noirs [les salafistes]“, a expliqué Elhassan Cissé, chauffeur de bus à Tombouctou, à Magharebia.
“Les gens qui ont participé à cette marche étaient très en colère contre le comportement d’al-Qaida et d’Ansar al-Din, qui entrent chez eux, brisent leurs objets et interviennent dans le quotidien de leur vie”, a-t-il ajouté.
Daoud Ibn Mohammed, un imam local, a expliqué que les habitants de Tombouctou cherchaient plus, par leur rassemblement, qu’à condamner la présence des extrémistes et à dénoncer le nouveau wali affilié à al-Qaida.
“Ils voulaient également protester contre l’attitude des nouveaux dirigeants”, a ajouté cet imam. “La manière dont ils régentent nos vies a entraîné de graves pénuries alimentaires, ainsi que la faim et la pauvreté dans la population.”
Ces groupes extrémistes se sont alliés pour contrôler la région de l’Azaouad avant d’étendre leur contrôle sur l’ensemble du Mali, met en garde l’analyste al-Mokhtar al-Salem. Mais cela s’avérera impossible dans une région où prévalent les valeurs d’ouverture et de tolérance, a-t-il expliqué.
“Par exemple, les femmes se déplacent sans porter le voile et bénéficient d’une grande liberté dans la gestion et la direction des affaires”, ajoute-t-il. “Il serait difficile d’appliquer des lois islamiques strictes dans une société dont les habitudes et les traditions vont à l’encontre de la répression et des restrictions.”
Le Mali est très différent des endroits où al-Qaida s’est jusqu’alors implantée, comme l’Afghanistan, souligne-t-il.
Selon lui, “la société afghane est régie par des traditions qui n’accordent pas aux femmes le droit d’exprimer leurs désirs, et constitue de ce fait un terreau fertile à l’implantation de l’idéologie al-Qaidienne”.
Un autre facteur qui a conduit les habitants de l’Azaouad à rejeter al-Qaida est la fierté qu’ils éprouvent pour leur patrimoine.
Pendant des siècles, cette région a été un carrefour des religions et des cultures connu pour sa tolérance. Les habitants ont été outrés lorsque certains gangs ont récemment lancé des opérations contre des symboles du chistianisme à Gao, Kidal et Tombouctou, et ont saccagé des symboles culturels de ces villes, comme l’Institut des hautes études et recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) de Tombouctou.
Le soufisme, qui met l’accent sur le mysticisme et la modération, est également populaire dans cette région.
“La propagation de l’idéologie soufie parmi les habitants de Tombouctou est l’une des raisons qui les ont poussés à rejeter l’idéologie extrémiste, parce qu’al-Qaida accuse généralement ceux qui adhèrent au soufisme de kufr”, a indiqué Mubarak Ag Mohamed, membre du bureau des médias du Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA).
Abdel Hamid al-Ansari, analyste et universitaire de Tombouctou, regrette que “Ansar al-Din et ses alliés d’al-Qaida aient déformé l’image lumineuse de la religion”.
“Appliquer la charia islamique n’a fait qu’apporter pauvreté, faim et dévastation à Tombouctou, et a aggravé le sentiment des habitants envers l’injustice, la répression des individus et des libertés collectives, ce qui les a poussés à descendre dans la rue en signe de condamnation”, a-t-il déclaré.
Cette indignation publique s’est manifestée dès que les terroristes “ont dit qu’ils s’en prendraient aux magasins, obligeraient les femmes à porter le voile et imposeraient l’éducation religieuse”, a-t-il dit à Magharebia. “Des pratiques qui ne sont pas acceptables dans cette ville, qui a porté la bannière du véritable Islam dans la région.”
Si les terroristes restent déterminés à contrôler la région, quitte à faire face à ce rejet de l’opinion, ils seront contraints de fournir rapidement l’électricité, l’eau et la nourriture, souligne-t-il. Or, ils ne sont pas prêts à assumer le travail du gouvernement malien.
Pour Sid Ahmed Ould Tfeil, spécialiste des groupes salafistes, il n’y a rien de surprenant à ce que l’Azaouad rejette les extrémistes. Au premier rang de ces raisons, le fait que les Maliens se soient brutalement retrouvés sous le contrôle d’étrangers.
Dans le cadre de ses accords passés avec AQMI, Ansar al-Din a nommé Yahya Abou al-Hammam (de son vrai nom Jemal Oukacha), un ressortissant algérien et émir d’al-Qaida, au poste de gouverneur local. Il a été nommé wali de Tombouctou parce qu’il avait passé plusieurs années dans la région, “mais il n’est pas accepté par les habitants locaux, en majorité arabes et touaregs”, explique-t-il.
“Ceux qui connaissent la nature tribale, religieuse et doctrinale de la société de l’Azaouad en général, et des Touaregs en particulier, savent qu’il ne leur sera pas facile d’accepter d’être contrôlés par des forces extérieures, en particulier al-Qaida”, ajoute Ould Tfeil.
Et il n’a pas fallu longtemps aux habitants de la région pour “commencer à comprendre le danger que ce groupe représente pour l’avenir de leur indépendance politique et de leur souveraineté”, poursuit-il.
“Et bien qu’al-Qaida ait pu mettre en place quelques alliances avec des chefs de tribus par suite de l’absence et de la faiblesse du gouvernement central malien, ces alliances ne sont plus possibles dans les circonstances actuelles”, explique-t-il à Magharebia.
“La plupart des membres de la société de l’Azaouad ont pour ambition d’obtenir l’indépendance, de vivre dans un climat de stabilité et de sécurité, et d’établir des relations au niveau international. Il est donc naturel qu’ils rejettent al-Qaida, et cela explique la raison pour laquelle les habitants de Tombouctou refusent d’être gouvernés par Abou Al-Hammam”, ajoute-t-il. Comme l’explique Ham Ag Mahmoud, membre du bureau politique du MNLA : “Nous seuls avons le droit de nommer un wali dans la ville, ni al-Qaida, ni Ansar al-Din.”
La manifestation organisée vendredi dernier à Tombouctou “a été le summum de ce rejet, montrant que les habitants ne pouvaient plus accepter la réalité qui leur était imposée”, a expliqué à Magharebia ce responsable du MNLA.
Mouhi Ag Boulkhei, officier militaire du MNLA à Niafounké, au sud-ouest de Tombouctou, reconnaît que les habitants se sont sentis obligés de manifester contre un wali qui leur était imposé par des groupes étrangers.
“Que signifient Ansar al-Din et al-Qaida ?”, s’interroge-t-il. “Quels avantages peuvent-ils apporter aux habitants ? Nous leur avons déjà conseillé de quitter notre terre, parce que nous ne nous laisserons pas gouverner par des gens qui ne sont pas des nôtres.”
Source : Par Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott
Maliactu du 27 avril 2012

Le groupe armé arabe FNLA dit avoir quitté Tombouctou sur injonction d'Aqmi - Temoust.org | Le portail du peuple touareg berbère Kel Tamasheq

Le groupe armé arabe FNLA dit avoir quitté Tombouctou sur injonction d'Aqmi - Temoust.org | Le portail du peuple touareg berbère Kel Tamasheq

Mali: confusion et incertitude sur le rôle de la junte militaire

La Cédéao a prévu d’envoyer des troupes au Mali, pour s’assurer que l’accord de transition soit bien mis en oeuvre. L’organisation a donné un an aux putschistes pour organiser des élections présidentielle et législatives, au lieu des quarante jours prévus par la Constitution. Le mandat des autorités actuelles est donc prolongé. Pour l’instant, les militaires responsables du coup d’Etat du 22 mars restent silencieux, mais il n’est pas sûr qu’ils se plient aux exigences de la Cédéao.
A Bamako, les Maliens s’interrogent sur la transition, le rôle des militaires, la crise au nord du pays, et les avis sont très partagés. Reportage de notre envoyée spéciale.
28/04/2012
par Marie-Pierre Olphand
Les putschistes du 22 mars vont-ils accepter de rentrer dans leur caserne, et de se soumettre aux autorités civiles, comme leur a demandé explicitement ce jeudi la Cédéao, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest ?
Ils ne se sont pas encore exprimés pour l’instant sur cette réunion d’Abidjan, mais ce qui est sûr, c’est que lors de ses derniers déplacements, le capitaine Sanogo était encore accompagné d’un cortège digne d’un chef d’Etat. Faut-il y voir un signe ? Cela signifie-t-il que les civils n’ont encore, malgré les textes signés, qu’un rôle minime ?
Kassoum Tapo, porte-parole des partis oppposés au coup d’Etat du 22 mars, assure le contraire : « Non, ce ne sont pas les militaires qui sont au pouvoir. Je crois que ce sont toujours des Maliens et des civils, qui sont dans ce gouvernement. Les militaires y sont bien sûr mais à leur place. Ils étaient déjà là à cette même place dans le gouvernement ATT ».
Tiébilé Dramé lance un appel : «Il est important que les fils et filles du Mali se donnent la main»
Président du Parena, parti membre du Front du Refus
Nous devons tout faire pour ne pas fragiliser cette transition, ne pas entraver l’action du gouvernement pour qu’il puisse s’acquitter de ses missions essentielles… une de nos premières exigences aujourd’hui c’est de faire en sorte que la transition réussisse : cela suppose, de mon point de vue, que ceux qui animent la transition ne jouent pas en solo… s’ils ne jouent pas collectif, je ne vois pas comment ils peuvent mobiliser toutes les énergies du pays…
28/04/2012 par Marie-Pierre Olphand
Certaines voix à Bamako continuent néanmoins de croire qu’il faut attendre la fin des quarante premiers jours de présidence intérimaire pour voir si le pouvoir politique se stabilise réellement. Comme si après cette date qui était au départ celle fixée par la Constitution pour l’intérim, tout pouvait encore arriver.
Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Said Djinnit, estime que pour la bonne marche de la transition, la junte doit maintenant se dissoudre et ne plus jouer de rôle sur la scène politique malienne. C’est ce qu’il a déclaré au correspondant de RFI à Dakar, Laurent Correau, dans l’entretien qu’il lui a accordé.

Saïd Djinnit
Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest
Il faut que l’ordre constitutionnel soit effectivement rétabli et que la junte militaire soit dissoute
28/04/2012 par Laurent Correau

http://www.rfi.fr/afrique/20120428-mali-confusion-junte-sanogo-tiebile-drama-said-djinnit-cedeao-28-04-2012



Fin des travaux du congrès de l'Azawad à GAO

EL Watan

Les groupes armés sommés de déposer les armes et Al Qaîda de quitter l’Azawad

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le 28.04.12 | 10h00 Réagissez

Le congrès de l’Azawad a pris fin, hier matin, avec l’adoption d’une série de mesures. Les participants ont appelé toutes les organisations
armées, dont Ançar Eddine, Ansar et le Front de libération de l’Azawad (FNLA), «à déposer les armes et à rejoindre le cadre établi
pour l’indépendance de l’Azawad». Ils ont exigé des groupes d’Al Qaîda de «quitter immédiatement» leur territoire et exhorté
la communauté internationale à reconnaître l’Etat de l’Azawad.

Ouverts mercredi dernier à Gao, en présence de plus d’une centaine de personnes entre notabilités, chefs des différentes tribus du nord du Mali et cadres du MNLA, le congrès de l’Azawad a pris fin hier matin. Selon quelques participants, les débats «ont été houleux» et c’est le chef de l’état-major militaire de l’Azawad, Mohamed Ag Najiim, qui les a ouverts par «un discours qui se voulait d’un côté unificateur des composantes de sa communauté, et d’un autre, menaçant à l’égard des récalcitrants». La déclaration finale maintient le principe de «l’indépendance» de l’Azawad par rapport au pouvoir central de Bamako et exhorte la communauté internationale et l’ONU «à reconnaître aux Azawadis leur droit à l’autodétermination». Cette déclaration repose sur sept points, dont les plus importants «ont été arrachés au forceps». D’abord ces deux appels.
L’un lancé aux groupes armés qui activent parallèlement au MNLA, notamment Ançar Eddine, Ansar, le Front de libération nationale (FLNA), pour déposer les armes. «Un appel a été lancé à tous les Azawadis armés, bien sûr avec l’approbation des notables et les chefs des tribus, les sommant de déposer les armes, maintenant que le territoire a été libéré de la présence malienne. Tout le monde était d’accord sur le principe qu’il ne restera en circulation que les armes détenues par le MNLA et qui servent uniquement pour le maintien de l’ordre. Les autres doivent être restituées. Il est exigé des Azawadis de rejoindre le mouvement dans le cadre de l’instauration du nouvel Etat.» Selon le chef des cinq régions de l’Azawad, Abdelkrim Ag Tayeeb, les congressistes se sont par ailleurs «mis d’accord pour l’instauration d’une république, dont les principes seront décidés en commun accord lors d’une réunion à court terme avec les chefs des tribus et les notabilités de la communauté. Des débats sur la question de la charia et de la laïcité ont été très longs et nous avons décidé de réunir les plus importantes et influentes notabilités pour décider de la nature de l’Etat de l’Azawad.
L’appellation et la Constitution seront un travail de consensus», déclare le responsable. Selon lui, la tenue d’autres réunions est nécessaire dans la mesure où les chefs de certains groupes, comme Ayad Ag Ghaly de Ançar Eddine, n’ont pas pris part au congrès. «Il y aura une réunion avec l’ensemble des chefs des groupes armés azawadis pour les convaincre du dépôt des armes», note-t-il.
L’autre appel, souligne le responsable, est destiné aux organisations d’Al Qaîda, qui sont «sommées de quitter immédiatement le territoire de l’Azawad». Une action difficile à mettre en exécution, eu égard à l’évolution rapide sur le terrain de ces groupes, devenus puissamment armés et extrêmement riches. D’ailleurs, le jour même de l’ouverture des travaux du congrès à Gao, des éléments du Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ont tenté, pour la seconde fois, de faire exploser l’aéroport de Gao, sous prétexte, que le tarmac pouvait être utilisé pour un débarquement militaire.
«C’est vrai que quelques éléments se présentant au nom d’Al Qaîda ont tenté de franchir Al Bouaba (porte) qui est un peu loin de l’aéroport. Il voulait faire exploser ce dernier, mais les combattants du MNLA les en ont empêchés. Il y a eu quelques altercations avec ces groupes, mais le MNLA contrôle la situation», a déclaré Abdelkrim Ag Tayeeb. Il précise par ailleurs, qu’en ce qui concerne les groupes de trafiquants, «il a été décidé de les mettre en garde et de les informer que s’ils sont attrapés en flagrant délit, la loi leur sera appliquée». Le troisième appel est lancé en direction des Maliens qui ont fui les violences au début de la rébellion pour se réfugier dans les pays limitrophes. «Nous avons appelé tous les réfugiés se trouvant en Algérie, Burkina Faso, Niger et Mauritanie à revenir chez eux, maintenant que l’Etat de l’Azawad est né. Nous avons beaucoup insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts pour permettre à ces derniers de revenir…», indique notre interlocuteur. Il souligne également que les congressistes ont appelé le gouvernement malien au dialogue en expliquant : «Nous sommes prêts au dialogue avec Bamako, mais d’Etat à Etat, et non pas d’un gouvernement à une rébellion comme cela a été le cas durant les nombreux soulèvements.
Nous avons tenté toutes les options possibles mais après 50 ans de lutte, il n’est plus possible de continuer à être trahis à chaque fois.» Selon lui, les déclarations de la Communauté économique des chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur l’envoi immédiat de 3000 militaires au Mali, pour l’aider à résorber la crise du Nord «ne constituent pas un danger pour les rebelles. Nous les attendons de pied ferme. Mais nous savons que Bamako ne peut absolument rien faire. Ses dirigeants n’arrivent même pas à sortir de la crise dans laquelle ils se sont mis. Comment voulez-vous qu’ils puissent gérer une telle armée, sachant que la leur a été laminée». Le responsable conclut en disant que «d’autres réunions avec les chefs des tribus et les notabilités auront lieu dans les jours à venir et devront aboutir à la mise en place de nouvelles structures de l’Etat de l’Azawad». Interrogé à propos des otages détenus par Al Qaîda sur le territoire de l’Azawad, le responsable affirme que «le sujet n’a pas été abordé directement lors du congrès. Il a été fait allusion aux enlèvements dont les auteurs seront sévèrement punis par la loi en cas de leur arrestation en flagrant délit, tout comme pour les trafiquants. Il y a eu un consensus sur cette question, et les notabilités ainsi que les chefs de tribu se sont engagés à tout faire pour que leurs enfants ne soient mêlés ni de près ni de loin par ces actes qui nuisent à l’image de la région et qui sont condamnés par tous».
Pour ce qui est des sept otages algériens, enlevés il y a plus de trois semaines à Gao, notre interlocuteur se dit «optimiste», affirmant : «Rien de nouveau pour l’instant, leur libération est une question de temps.»
Même s’il a réussi la tenue du congrès dans des conditions extrêmement difficile, le MNLA est aujourd’hui devant un défi. Celui des groupes terroristes d’Al Qaîda, de ceux qui lui sont proches idéologiquement, comme les organisations islamistes armées, mais aussi des grands barons de la cocaïne. Mieux armés et plus riches, ils constituent, un lourd danger auquel il ne pourra faire face, sans l’appui de la communauté internationale en général, et les pays du champ en particulier. Or, ces derniers refusent tous toute idée de partition du Mali et certains, comme le Niger, plaident pour une intervention étrangère au Nord. Ce qui lui laisse une marge de manœuvre très minime et l’obligera inévitablement, s’il ne veut pas être isolé, de revoir sa position.
Salima Tlemçani

vendredi 27 avril 2012


Les Etats-Unis veulent créer un nouveau service d’espionnage

Une nouvelle agence d’espionnage va voir le jour aux Etats-Unis. Créée par le Pentagone, elle s’attachera surtout à surveiller des régions comme la Chine, l’Iran, la Corée du Nord et le Sahel.
Le Pentagone réorganise ses opérations d’espionnage. Objectif : se concentrer sur les cibles de haute priorité comme l’Iran et la Chine et ainsi prendre de la distance par rapport aux zones de guerre (Irak et Afghanistan), qui ont dominé le paysage de la sécurité américaine durant la dernière décennie.
Selon le plan approuvé par le secrétaire à la Défense Leon Panetta, les agents du nouveau «Defense Clandestine Service» (DCS) vont collaborer plus étroitement avec leurs collègues de la «Central Intelligence Agency» (CIA). Les renseignements militaires et les services d’espionnage se focalisent en effet de plus en plus sur les mêmes menaces, souligne un article du New York Times.
Les renseignements militaires (DIA) récoltent déjà du matériel. Mais un rapport confidentiel de la direction du renseignement national a estimé l’année dernière que le DIA devait sortir de sa mission traditionnelle, qui consiste à fournir des informations aux forces déployées dans les opérations extérieures, pour prêter attention à des sujets stratégiques.
Contre-terrorisme et non-prolifération
Un des buts du nouveau service sera de s’assurer que les agents se trouveront au bon endroit pour accomplir les objectifs fixés, a expliqué un haut responsable du département de la Défense, sous couvert d’anonymat. Il n’a pas voulu préciser les priorités, mais les Etats-Unis se sont de plus en plus concentrés ces dernières années sur le contre-terrorisme et la non-prolifération des armes nucléaires.
L’administration Obama a opéré un virage vers l’Asie et ses puissances émergentes, comme la Chine. L’Iran et ses installations nucléaires sont aussi au centre des préoccupations. De même que la Corée du Nord et ses programmes balistiques. En Afrique, c’est la région du Sahel qui est jugée inquiétante, avec l’organisation Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique.
La création du DCS ne se fera pas sans tiraillement. Certains estiment en effet que les renseignements militaires essaient d’usurper le rôle de la CIA et de sa filiale, le «National Clandestine Service» (NCS) . Les deux services, bien que chapeautés par un directeur national depuis les attentats du 11-Septembre, demeurent rivaux.
La guerre des agences a toujours causé des difficultés dans le monde du renseignement américain. Les diverses susceptibilités rendaient ardue la circulation de l’information et se révélaient par là même contreproductives. Il n’est pas certain que le tout nouveau «Defense Clandestine Service» améliore la situation. (Newsnet)
Créé: 26.04.2012, 13h58,http://www.lematin.ch/monde/ameriques/Les-EtatsUnis-veulent-creer-un-nouveau-service-d-espionnage/story/24560098