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La République de l’Azawad en route...

Depuis le 17 janvier 2012, l’Azawad, région de Tamazgha du Sud, est le théâtre de combats militaires entre combattants touaregs et armée malienne. De violents affrontements ont opposé les combattants touaregs du Mouvement de libération nationale de l’Azawad (MNLA) aux forces armées de l’État malien dans la ville de Ménaka. Le déclenchement des hostilités par le MNLA vient en réponse aux multiples provocations et agressions commises par les autorités maliennes dans la région qui connait un déploiement spectaculaire des différents corps de l’armée malienne.
Différents incidents enregistrés ces derniers temps dans l’Azawad ont fini par exaspérer les militants du MLNA. Lorsque l’on sait que le chaos règne dans ces régions totalement abandonnées par l’État malien depuis toujours, on ne peut que se réjouir qu’un mouvement structuré se décide à mener une offensive qui permettra le rétablissement de la dignité des populations qui y vivent. En effet, l’objectif du MNLA, dans ses déclarations, semble être clair : libérer cette partie de Tamazgha et instaurer la République de l’Azawad. Ce mouvement né en 2010 se situe selon notre lecture dans la continuité logique du combat que mènent les Touaregs depuis de nombreuses années. Un combat qui a donné lieu à nombre de soulèvements armés mais qui ont toujours été, jusque-là, interrompus par des accords conduisant au désarmement des Touaregs. Il n’est un secret pour personne que ces accords étaient organisés par les États français et algérien à l’objectif principal de fragilisation et de domination des Touaregs et que cela sert à sauvegarder un certain ordre établi et ses multiples avantages au détriment des populations vivant sur ce territoire. Aujourd’hui, les représentants du MNLA se disent décidés à en finir avec les différentes formes d’humiliation que subissent les Touaregs depuis plusieurs années et qui ont pris une tournure aussi étrange que dangereuse ces derniers temps à savoir l’association de cette région à l’AQMI, tout comme l’est, bizarrement, la Kabylie ces dernières années.
C’est pour mettre fin à une situation tragique que le MNLA œuvre pour l’indépendance de l’Azawad. En effet, différents groupuscules armés font régner la terreur sur cette terre amazighe. Le pays touareg est même devenu aux yeux de l’opinion internationale terreau « fertile » des pires djihadistes islamistes. Pour le MNLA, ces hordes islamistes ont tout intérêt maintenant à quitter le territoire touareg. Par ailleurs, le MNLA se démarque totalement du mouvement djihadiste "Ansar eddine" de Iyad Ag Ghali, un touareg revenu d’Arabie Saoudite où il exerçait au consulat du Mali à Djadah.
Si les combattants amazighs de l’Azawad sont décidés à libérer leur territoire des jougs dictatoriaux qui l’occupent, Imazighen de l’Afrique du Nord et d’ailleurs ne peuvent rester indifférents devant une si belle initiative et doivent œuvrer pour que le vent de la liberté souffle sur l’ensemble de leur territoire ! 
La Rédaction. 
VENDREDI 20 JANVIER 2012
Pierre Boilley, chercheur et responsable du Cemaf, à propos de la nouvelle rébellion touarègue au Mali
RFI
© Editions Karthala
Par Christophe Boisbouvier
«Tous les gens qui s’intéressaient à l’affaire savaient que ça allait repartir un jour ou l’autre depuis la constitution du MNLA [né de la fusion de groupes touaregs en octobre 2011, NDLR] qui revendiquait quelque chose qui va beaucoup plus loin qu’avant, c’est-à-dire l’indépendance, tout au moins une très grande autonomie »
Lire la version écrite de l'interview ci-dessous. 
Depuis trois jours, quelques centaines de rebelles touaregs défient le pouvoir malien. Les combats qui ont eu lieu Menaka, Aguelhoc et Tessalit, ce mardi 17 et mercredi 18 janvier 2012, entre rebelles touaregs et armée malienne ont fait 47 morts -45 rebelles et deux soldats- dans deux des trois villes du nord du Mali attaquées par la rébellion, selon un communiqué publié ce jeudi 19 janvier par le ministère malien de la Défense. Pourquoi ce défi ? Le chercheur français Pierre Boilley dirige le Cemaf, le Centre d'études des mondes africains, et enseigne à l'Université de Paris I. Il répond aux questions de RFI.
RFI : Pourquoi les rebelles touaregs se réveillent-ils après une trêve de trois ans ?
Pierre Boilley : Première chose, les rebelles touaregs ne se sont jamais vraiment endormis puisque les rébellions à  bas bruit  (*) de ces derniers temps ont continué à exister. Néanmoins, effectivement, on se trouve là dans une situation assez nouvelle qui est l’attaque de ce nouveau mouvement, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui a recommencé un combat. La question se pose : pourquoi maintenant ? Je pense qu’il y a d’abord des raisons conjoncturelles qui sont celles du retour des combattants touaregs qui avaient aidé majoritairement le colonel Kadhafi mais qui, en partie aussi, avaient combattu dans les rangs du Conseil national de transition (CNT) libyen; et du retour d’une masse d’armes assez impressionnante, y compris en termes d’armes lourdes, très lourdes même. Il y a une opportunité de création d’une branche armée, ce qui était peut-être plus difficile auparavant. Et puis la seconde raison, c’est aussi que le Mali a réinvesti assez fortement le Nord en installant de nouveaux postes militaires et cette installation a accéléré la décision de réattaquer. Néanmoins, les choses couvaient depuis pas mal de temps. Tous les gens qui s’intéressaient à l’affaire savaient que ça allait repartir un jour ou l’autre depuis la constitution du MNLA [né de la fusion de groupes touaregs en octobre 2011, NDLR] qui revendiquait quelque chose qui va beaucoup plus loin qu’avant, c’est-à-dire l’indépendance, tout au moins une très grande autonomie. Et on savait forcément qu’il y aurait du mouvement mais ce qui n’était pas forcément évident, c’est que ça se passe comme ça, par des attaques de villes.
RFI : Qui sont ces chefs du MNLA ? Est-ce que ce sont essentiellement d’anciens officiers de Mouammar Kadhafi ou plutôt des lieutenants de l’ancien chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga, mort en août 2011 ?
P. B. : Très franchement il est assez difficile de savoir actuellement qui est le chef ou qui sont les chefs, dans la mesure où le MNLA est un condensé de trois mouvements. On est plus dans une direction collégiale -ce qui peut d’ailleurs poser un problème à ce mouvement- que dans une véritable direction unique. Donc il y a des chefs qui étaient des lieutenants d’Ag Bahanga, et puis toute une série de gens qui ont des postes importants éventuellement au Mali, comme des postes de députés et qui peuvent aussi avoir un mot à dire dans la direction.
RFI : A quelles communautés touarègues appartiennent-ils ?
P. B. : Majoritairement, ce sont des Kel Adagh, des gens de la région de Kidal c’est-à-dire de la ville au nord de Gao. Mais il y a aussi des populations proches de Gao, des gens qui peuvent être considérés au sens très large comme des Kel Adagh mais qui sont plutôt des Imrad, donc des gens qui ne sont pas nobles. Et puis il est très probable qu’il y ait aussi des Iwellemeden (**), des gens qui sont plus au sud et plus à l’est. La nouveauté aussi, c’est que le MNLA se réclame de l’ensemble ce que qu’ils appellent l’Azawad, des populations du Nord et pas simplement des touaregs. Il semblerait qu’il y ait aussi des sonraï, des maures etc, à l’intérieur de ce mouvement.
RFI : Est-ce qu’il y a des déserteurs de l’armée malienne parmi eux ?
P. B. : oui, ça c’est sûr. Officiers et hommes sont parmi eux. C’est quelque chose qui n’est pas nouveau non plus.
RFI : Ils réclament donc l’indépendance du Nord-Mali mais il y a vingt ans, ils avaient mené le même combat et ils avaient échoué. Qu’est-ce qui a pu les décider à reprendre les armes ?
P. B. : Il y a vingt ans, en 1990, l’indépendance n’a jamais été réclamée et tactiquement en plus, il a été clair pour tout le monde qu’il ne fallait pas le faire. Donc ce qui a été demandé, c’est un statut particulier qui avait été accepté dans le pacte d’ailleurs en 1991 et qui a permis quand même une certaine autonomie politique de la région nord au même titre que les autres régions. D’une certaine façon, je considère que la révolte en 1990 n’a pas échoué. Elle a été positive sur pas mal de plans : sur le plan de l’autonomie d’une part, sur le plan de l’intégration des touaregs dans l’armée, dans la police, dans la douane etc… sur le plan de la meilleure connaissance entre le Nord et le Sud et sur le plan démocratique aussi parce qu’il y a eu malgré tout pas mal de gens qui ont été intégrés dans la vie politique malienne. Je considère que c’était une réussite quelque part. Si la révolte reprend maintenant, c’est peut-être parce qu’il y a eu un net ralentissement -il faut le dire- sous la gestion notamment du dernier président, Amadou Toumani Touré, qui, actuellement -et c’est tout à fait intéressant- est relativement pointé du doigt par tous les Maliens, particulièrement ceux du Sud qui disent en fait, le problème du Nord n’est pas une bonne chose, la guerre n’est pas une bonne chose, mais le grand responsable c’est quand même le président qui n’a pas fait ce qu'il fallait.
RFI : Quels sont les liens entre ces rebelles touaregs et les terroristes d’al-Qaïda ?
P. B. : A priori, les touaregs eux-mêmes s’acharnent à le dire et le redire : il n’y a pas de lien entre al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et les rebelles touaregs. Il n’y a pas de lien non plus a priori entre les populations touarègues, les maures etc… et al-Qaïda. Al-Qaïda est vraiment un corps étranger, enkysté maintenant dans la région depuis 2007. Il y a eu des « mariages », mais malgré tout, tout le monde passe beaucoup de temps à dire que les touaregs et les maures etc, ne sont pas des terroristes. L’islam qui est pratiqué n’est pas le même que les salafistes et qu’a priori, il ne faut pas faire la confusion. Et si vous allez sur le site du MNLA, vous voyez qu’il y a un grand article [reprise d'un article publié par le quotidien La Tribune de Genève, NDLR], sur « Les touaregs sont le rempart à l’expansion du terrorisme d’Al-Qaida » .
RFI : Il n’empêche qu’après leur libération, plusieurs otages ont dit qu’il y avait des touaregs parmi leurs ravisseurs ?
P. B. : Il y a quelques jeunes touaregs. Les notables touaregs ont fait une action ces derniers temps et ont fait revenir dans les foyers une vingtaine, une trentaine de jeunes touaregs qui s’étaient fourvoyés. Je pense qu’effectivement, un certain nombre de jeunes ont pu être séduit par les sirènes islamistes et les profits qu’on peut en tirer. [intervention RFI : et l'argent qui va avec ?] Mais ça n’a jamais été un fait très important. Pour le moment, Aqmi reste extrêmement majoritairement composée d’Arabes algériens.
RFI : Que peut faire le président Toumani Touré, riposter ou négocier ?
P. B. : Ce qui est assez fascinant, c’est de voir à quel point l’armée se déploie contre quelques centaines de gens qui effectivement attaquent des villes, mais elle ne s’est absolument pas déployée contre Aqmi. Je ne pense de toute façon que la bataille soit la solution parce que l’armement est lourd des deux côtés. Maintenant, on n’est plus au niveau des armements de 1990 et ça peut vraiment aboutir à quelque chose d’assez grave. Et j’ai le sentiment, en écoutant un certain nombre de prises de paroles du MNLA, qu’il y aura des négociations qui seraient assez facilement possibles et rapidement.
_________
(*) À bas bruit : sans symptômes permettant d'alerter.
(**) Les Iwellemmeden de la région de Ménaka sont appelés Iwellemmeden Kel Ataram (« Ceux de l'Ouest »). Les Iwellemmeden Kel Denneg (« Ceux de l'Est ») sont rattachés à Tahoua qui fait partie du Niger.
A lire: Les touaregs Kel Adagh, Karthala, 1999


Un dernier Appel

En dépit des correspondances envoyés à l’ensemble des chancelleries présentes à Bamako, portant sur la nécessité urgente de faire évacuer leur ressortissants des villes et villages de l’Azawad et ce avant le début des hostilités entre le MNLA et l’armée d’occupation malienne.
Nous constatons malheureusement encore la présence -militaire en particulier- de certains étrangers dans des lieux stratégiques.
Nous demandons une dernière fois à tous les pays d’évacuer leur ressortissants se trouvant dans l’Azawad, et ce pour éviter des incidents non souhaités.
Le MNLA

Mort du Colonel-Major Ould Meydou; Adaramboukare, Tessit, Ntillit, et Aguelhoc sous le contrôle du MNLA


Carte Mali Azawad
C'est avec consternation que Toumast Press vient d'apprendre la mort du Colonel-Major Abderahmane Ould Meydou, l'un des deux Azawadiens les plus gradés au sein de l'armée nationale du Mali. Sur le terrain, la stratégie de libération éclaire du MNLA porte ses fruits avec le contrôle des villes de Menaka, Adaramboukare, Tessit, Ntillit, et Aguelhoc. Tessalit, vers la frontière Algérienne est entièrement contrôlée à part le camp militaire dans l'optique d'éviter un incident diplomatique.
L'Etat-major du Mouvement National pour la Libération de l'Azawad (MNLA) est sorti de son silence hier matin après de nombreux messages adressés au President de la Republique du Mali. Les seules réponses du Président ATT furent l'envoi supplémentaire de milliers de soldats maliens pour occuper l'Azawad. Cela s'ajoutant à la course aux armements qu'il a lancé avec l'aide de l'Algérie, et de nombreux pays occidentaux. La stratégie malienne continua avec la réactivation de sa milice du Gandakoy qui s'attaquait déjà en 1990 aux populations civiles. D'autres milices furent constituées sous le contrôle du Colonel-Major Abderahmane Ould Meydou au sein de la communauté Arabe des "Tarmouz".
Face à ces actions du gouvernement Malien, le MNLA a lancé une attaque éclaire sur la ville stratégique de Menaka le Mardi 17 Janvier ver 05h du matin GMT. La ville tombait sous le contrôle du MNLA après de longs combats qui feront de nombreuses victimes dans les deux camps. Pour reprendre rapidement la situation, le Mali faisait décoller ses avions de leur base de Gao afin de bombarder les positions du MNLA au sein de la ville de Menaka. Les forces du MNLA ont pu détruire un de ses avions de combats.
L'envoi des avions a été suivi par des renforts de l'armée. C'est ainsi que le Colonel-Major Abderahmane Ould Meydou a conduit un convoi de véhicules lourdement armée comprenant à la fois les forces armées régulières et les milices issues de sa tribu des "Tarmouz".
Une unité mobile du MNLA lui a tendu une embuscade à 140 kilomètres de Menaka vers 02h du matin dans la nuit du mardi 17 au Mercredi 18 janvier. Après avoir refusé l'offre du MNLA de se rendre, le Colonel-Major Ould Meydou et son convoi ont commencé les hostilités. Le bilan de ces affrontements est lourd. Le Colonel-Major Ould Meydou lui-même sera tué dans ces affrontements aux cotés de nombreux membres de l'armée et de sa milice. Nos sources ne nous ont pas communiqué le nombre de victimes du MNLA. Que la terre soit légère à toutes les victimes sans distinctions aucunes.
L'assaut sur la ville d'Aderamboukare dont nous parlions dans notre dépêche d'hier a fini par se solder par de nombreuses victimes au sein des forces armées. Le drapeau du MNLA flotte sur la ville. Ce même drapeau flotte sur les villes de Tessit et Ntillit.
L'attaque du MNLA sur la ville d'Adjelhoc (Aguelhoc) a commencé ce matin vers 04h du matin GMT. Après de lourds combats également, le MNLA a pu contrôler la ville. Au moment où nous écrivons cet article, la quasi-totalité de la ville de Tessalit est contrôlée par le MNLA. Seul le camp militaire n'est pas encore contrôlé par ses forces armées. L'attaque du camp militaire n'a pas encore eu lieu à cause de la présence de militaires algériens qui formaient des soldats maliens. Le MNLA aurait envoyé une demande à l'Algérie pour qu'elle retire son armée du camp afin d'y lancer son assaut et donc de contrôler la ville dans sa totalité.

Par Ikhlou Ag Azzezen
Toumast Press

Combattants Tamasheq






Plus les jours passent, plus l'armée malienne fait déchanter et fait revivre les mêmes évènements qui l'ont rendu tristement célèbre dans la mémoire de tout Azawadien. Depuis l'attaque de Ménaka qui a lancée la révolution actuelle au Mali, cette armée, au lieu de briller par son professionnalisme, son sang-froid, et sa clairvoyance, fait sombrer encore plus le pays dans le chaos. Les exécutions sommaires aussi bien de civils que de militaires redeviennent monnaie courante.
Depuis une dizaine d'année, il était devenu slogan de clamer «Vive l'Armée Professionnelle, et Multiethnique du Mali». Multiethnique, cette armée l'est surement à cause de ces composantes représentant l'ensemble du Mali. Professionnelle, on a bien voulu croire qu'elle l'était. Après le 23 Mai 2006, une grande vague de désertion a été évité au sein de l'armée Malienne à cause de ce slogan et du leadership de certains membres de l'Alliance pour la Démocratie et le Changement (ADC). Vu la maitrise par les leaders de l'ADC de leur troupes, il n'y a pas eu d'attaques contre les installations militaires, par conséquent cette armée n'a pas été mise à l'épreuve, aidée évidemment par l'absence continu de désertion.
Les faits confirment que 2006 n'est pas 2012. Cette année 2012 nous mène plutôt vers le même chemin tragique que cette armée nous a fait traverser durant la rébellion des années 1990. Des exécutions sommaires à cause du simple fait d'être Tamasheq sont entreprises par cette armée sur base haineuse. Nous notions dans une de nos publications du Mercredi que l'armée perquisitionne, interpelle, et torture des civils à Kidal. Ces pratiques qui rappellent les évènements des années 1994 dans cette ville se sont intensifiées depuis. La confiscation des voitures et des téléphones portables continue. La ville est toujours fermée, ne permettant à aucun civil ou même déserteur de l'armée de sortir.
Cette armée vient de franchir une nouvelle étape qui la fait ressemblée un peu plus à ce qu'elle était il y a 20 ans. Hier à Ménaka, elle a tiré sur deux civils Tamasheq dont les seules fautes furent de se trouver au mauvais endroit, au mauvais moment. Ces deux civils dont nous n'avons pu confirmer l'identité passaient devant un groupe de bérets rouges maliens. Sans sommation, ni explication, cette armée a commencé à ouvrir le feu sur ces deux civils. L'un d'entre eux mourra sur place, le sort de l'autre ayant subi de graves blessures est inconnu parce qu'entre les mains de ces bourreaux. Cette exécution est l'expression d'une armée en déroute qui perd le contrôle de la situation. Ne maîtrisant plus rien, comme dans sa tradition ô combien sombre, elle s'attaque à des civils innocents pour extérioriser et sa haine et son impuissance. Plus les exécutions sommaires et extra-judiciaires de civils continueront, plus les soutiens du Mali et de son armée diminueront, et plus le chaos s'installera. Cette armée a toutes les raisons de se ressaisir avant qu'il ne soit trop tard.
Dans cette même ville de Ménaka, cette armée est allée encore plus loin. Le Colonel Didier Dakouo, Chef du Secteur de Gao, et l'un des officiers supérieurs les plus respecté de l'Etat-major du Mali a exécuté 5 militaires Tamasheq qui étaient sous son ordre. Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur l'histoire de ces militaires Tamasheq morts sous les balles de leur frères d'armes, et dont les seuls tord ont été d'être Tamasheq et d'avoir cru à tort que cette armée dite «professionnelle et multiethnique» était aussi la leur.
Cette exécution de militaires Tamasheq par leurs frères d'armes est la résultante d'une profonde cassure au sein de cette armée. Les militaires du Sud du Mali manquant de confiance en leurs frères d'armes Tamasheq et Arabes, ont fini par pousser ces derniers à s'isoler. Cette fracture, indigne d'une armée dite «professionnelle et multiethnique» aura une fois de plus le contraire de l'effet espéré : encourager les désertions et le renforcement des rangs du MNLA.
Cette absence de confiance a fini par pousser le Colonel Intallah Ag Sayid, Commandant-Adjoint de la zone de défense de Sevaré à déserter l'armée Malienne pour rejoindre le MNLA avec des combattants et une dizaine de véhicules. Selon nos sources, cette désertion n'est que le début d'un long phénomène dans lequel la crise de confiance entrainera la panique de cette armée qui exécutera des civils et militaires Tamasheq, et entrainera encore plus de désertion. Lorsque l'on sait que la majorité du convoi de l'armée Malienne combattant le MNLA est constitué d'Arabo-Tamasheq, nous ne pouvons qu'imaginer le risque pour l'intégrité territoriale du Mali que représentent ces actions.
Toumast Press

Par Khado Ag Ghousmane