mardi 3 décembre 2013

Armée libyenne : dans l'urgence de se reconstruire


Armée libyenne : dans l'urgence de se reconstruire

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03/12/2013 à 08:11 Par Laurent Touchard



Des soldats libyens. © Reuters

Laurent Touchard travaille depuis de nombreuses années sur le terrorisme et l'histoire militaire. Il a collaboré à plusieurs ouvrages et certains de ses travaux sont utilisés par l'université Johns-Hopkins, aux États-Unis. Après avoir évoquer dans un premier billet le problème de l'intégration des milices dans l'armée libyenne, il s'attache cette semaine à dresser un état des forces de cette dernière.

Alors que les autorités libyennes sont confrontées au problème de l'intégration des milices, les programmes d'entraînement concernant plus de 20 000 militaires et paramilitaires sont loin d'atteindre leurs objectifs. De plus, l'organisation générale, le rééquipement et les modernisations pâtissent de l'absence de politique de défense claire, avec par exemple l'élaboration d'un "livre blanc" réaliste, dans le cadre d'une réflexion stratégique cohérente. De fait, la modernisation des forces s'avère plus aléatoire et conditionnées par des opportunités que réellement pensée. En d'autres termes, la défense libyenne "vit au jour le jour", soumise aux événements, aux caprices des milices, aux rivalités entre responsables politiques et militaires.

Des programmes de formation qui prennent du retard

Afin de tenter de constituer une armée valable, des programmes d'instruction sont initiés notamment avec l'étranger. Au mois de juillet, Ali Zeidan évoque des stages en Grande-Bretagne (pour 2 000 hommes) et en Italie. L'Angleterre se dit également prête à ouvrir les portes de ses académies militaires aux officiers : Sandhurst (forces terrestres), Cranwell (aviation) et Darmouth (marine). Au "Camp 27" dans les environs de Tripoli, des Special Force américains entraînent les Libyens. Toutefois, le vol de nombreux équipements (dont des Hummer GMV, des lunettes de vision nocturne, des carabines d'assaut M4 et leur visée laser) provoque le départ des Bérets verts américains durant l'été 2013. Par ailleurs, si les annonces se multiplient, dans les faits, le nombre de Libyens formés en-dehors du pays reste faible tandis que les programmes accusent un retard croissant.

En septembre, il est toujours question de 1 600 hommes qui doivent se rendre dans la péninsule italienne ainsi qu'en Turquie. Huit cent dix-sept hommes sont déjà rentrés de l'académie de police d'Ankara. Les Émirats arabes unis aident aussi au développement de la police. Le mois d'octobre 2013 voit Tripoli solliciter l'OTAN pour la mise sur pied de ses forces armées ; requête examinée par l'organisme. Dans la foulée, les États-Unis réactualisent leurs projets pour la Libye : ils envisagent ainsi de faciliter l'instruction de 7 000 à 8 000 hommes, en Bulgarie.

En ce qui la concerne, l'Europe forme, depuis mai 2013, les garde-frontières et garde-côtes. Les 110 membres de l'Eubam-Libya (European Border Assistance Mission in Libya) constituent les maîtres d'oeuvre discrets de ce programme méconnu, tout en fournissant de l'imagerie satellite aux services de renseignement libyens. La France, quant à elle, prépare 75 gardes du corps qui seront affectés à la protection des responsables libyens ou au sein de l'unité de protection diplomatique, ainsi que 30 personnels de l'Armée de l'air, 20 officiers de la Marine. Sont également signalés 72 plongeurs-démineurs. Enfin, la possibilité de voir des troupes libyennes être entraînées en Serbie a été évoquée. Cependant, du fait de la présence de nombreux mercenaires serbes aux côtés de Kaddafi en 2011, il est pour l'heure peu probable que la proposition de Belgrade prenne corps.

Différents éléments compliquent la bonne marche de ces processus : indiscipline et absence d'assiduité d'une partie des recrues issues des groupes révolutionnaires, pas de véritable sélection de ces derniers, prudence quant à l'organisation d'unités de forces spéciales susceptibles de servir par la suite de garde prétorienne, comment vérifier que les hommes entraînés intègrent bien une armée fantomatique et qu'ils ne rejoignent pas de "faux vrais" groupes de milice...

Cependant, tout n'est pas catastrophique. En effet, il est à souligner que la Libye maintient un dialogue de qualité avec les pays concernés par sa situation et avec ses voisins géographiques. Des accords de coopération sont signés, des protocoles d'échanges de renseignement décidés (notamment avec l'Algérie). Outil diplomatico-militaire par excellence, la marine mène des exercices avec l'Algérie, la France, la Grande-Bretagne, Malte, le Maroc...

L'organisation

Il est extrêmement difficile de brosser un portrait de ce que sont aujourd'hui les forces armées et de sécurité libyennes, d'autant que, comme nous l'avons vu, la frontière entre unités gouvernementales et milices est souvent des plus floues. Par ailleurs, la désignation des unités se révèle souvent fantaisiste (les bataillons étant fréquemment nommés "brigades"). Il apparaît toutefois que l'armée s'organise en au moins une brigade de commandos, au moins un bataillon mécanisé (le 204e) qui rassemble les chars et véhicules blindés récupérés aux forces de Kaddafi ainsi que ceux réparés dans les dépôts. Au moins quatre brigades d'infanterie (numérotées de 1 à 4) et jusqu'à une dizaine de bataillons d'infanterie indépendants figurent également dans l'ordre de bataille.

>> À lire aussi : Libye : des milices très encombrantes

La brigade commando (environ 2 000 hommes) profite d'un rappel d'une partie de ses réservistes en juillet 2013 ; beaucoup de ceux-ci travaillaient (depuis la chute de Kaddafi) dans des entreprises de sécurité privée (notamment au profit de banques). Elle engerbe une section de forces spéciales et une unité de protection des personnalités. À cette unité considérée comme relativement solide (par rapport au reste de l'armée libyenne) s'ajoute la Force conjointe de sécurité (Joint Security Force) qui regroupe des éléments du ministère de la Défense et du ministère de la Défense, soit environ 2 000 hommes, 300 4x4 armés et 21 véhicules blindés NIMR.

Le corps des garde-frontières se divise en deux composantes : les Garde-frontières et la Garde-côtière qui comprennent respectivement 9 000 et 6 500 hommes, en plusieurs bataillons. Autre unité paramilitaire, située entre la milice et l'unité gouvernementale, la Garde de sécurité des installations pétrolières qui dispose en 2012 de 390 4x4 (dont beaucoup armés), de 40 blindés divers et d'une dizaine d'ambulance.

Matériels anciens et rééquipement

L'Armée de Terre n'aligne plus qu'une poignée de T-72 et T-55 en état de fonctionnement, aux côtés de quelques blindés à roues EE-9 et EE-11, de BRDM-2 et BTR-60PB, de blindés chenillés M113 (dont certains modifiés avec des tourelles de BTR ou d'AML 90) et BMP-1, de pièces d'artillerie (dont beaucoup d'automoteurs de 155 mm Palmeria, de lance-roquettes multiples BM-11, BM-21, RM-70). En dépit des pertes subies sous les coups des avions de la Coalition, des quantités considérables de ces engins vieillissent tranquillement dans les hangars de l'ère-Kadhafi où, déjà à cette époque, l'arsenal comptait trop matériel pour des effectifs insuffisants. Aujourd'hui, plutôt que des véhicules lourds, le pick-up armé ou le blindé léger constituent le "cheval de bataille" des forces gouvernementales. Sont montés sur ceux-ci tout un panel d'armes : mitrailleuses de 12,7 et 14,5 mm, canons automatiques de 23 mm, canons sans-recul de 73 et 106 mm....


Malgré les pertes de 2011, malgré l'âge de ses matériels (et de ses pilotes !) l'aviation s'affirme comme l'entité la plus stable.

Là encore, malgré les pertes de 2011, malgré l'âge de ses matériels (et de ses pilotes !) l'aviation s'affirme comme l'entité la plus stable. Ses personnels qualifiés disposent de MiG-21, MiG-23, Mirage F1, L29 et L39, Mi-8 et Mi-24. Ils opèrent également les quelques drones de surveillance au sein d'une unité dédiée. Les appareils de l'Armée de l'air sont fréquemment engagés, notamment dans des missions de surveillance et de reconnaissance offensive dans le sud libyen, où ils interviennent parfois contre les terro-bandits (plusieurs 4x4 ont ainsi été visés par des tirs-canons ou à la roquette). La marine, en revanche, a souffert des événements de 2011 : la frégate al-Hani (une classe Koni) endommagée en 2011 arrive à la Valette (Malte) pour réparations en octobre 2013. Des bâtiments d'opérations amphibies sont également réparés à Toulon et à la Valette depuis 2012.

Modernisations et achats

Le 6 février, l'Italie offre 20 blindés Puma. Dans le courant de l'année, Tripoli commande 300 BRDM-2 et BVP-1 (version tchèque du BMP-1) à la République tchèque. Le contrat de 51 millions de dollars inclut la remise en état de 300 autres BRDM-2 et BMP-1 que possède déjà l'armée libyenne. Pour l'heure, la livraison est bloquée : en effet, rien ne garantit aux Tchèques que les munitions ne finiront pas aux mains des milices.

En avril, le pays reçoit 49 blindés légers NIMR II qui s'ajoutent aux 120 achetés par Kaddafi en 2009. En juillet, Washington cède 24 Hummer GMV (la version "opérations spéciales" du véhicule) : 10 sont affectés aux garde-frontières, 14 gardés en réserve et pour l'instruction à Tripoli (ceux-là mêmes qui sont volés fin juillet/début août 2013). En août, 20 000 armes légères sont commandées à Ankara (dont une majorité de fusils d'assaut G3). Tripoli porte aussi son attention sur les hélicoptères et les drones turcs. De plus, sont obtenus 20 camions blindés anti-émeutes Toma de la firme Nurol.

Des fusils d'assaut bulgares AR-M9F en 5,56 mm dotent des unités des commandos. Fin septembre arrivent 10 9SP157-2 Khrizantema-S, version antichar du BMP-3. Commandés par Kaddafi à Moscou, ils ne sont pas inutiles en 2013, face à des milices susceptibles de disposer de moyens blindés lourds. À l'occasion de leur livraison, l'ambassadeur russe Molotkov indique que son pays s'investira pour l'entraînement des forces libyennes afin de leur permettre d'acquérir du matériel perfectionné. Rappelons que la Russie perd pour 4 milliards de dollars de contrats d'armements avec la révolution... Toujours en septembre, Tripoli évoque la possibilité d'acheter de 16 à 22 Chinook (6 CH-47D et 16 CH-47F) pour renforcer son dernier CH-47 vraisemblablement toujours opérationnel, ainsi que d'acheter 2 C-130J-30 Super Hercules. Ce dernier contrat de 588 millions de dollars comprendrait la formation des équipages, l'entretien des appareils, les pièces de rechange. En octobre, une première tranche de 30 Hummer, sur un total de 350, sont débarqués.

Le réseau de détection radar est remis en état. Pour la surveillance de ses 1 770 kilomètres de côtes, la Libye augmente sa flotte avec 30 embarcations semi rigides rapides françaises Sillinger (certains protégés blindages). D'autres bateaux sont prévus : des patrouilleurs néerlandais et 25 patrouilleurs sud-coréens pour les garde-côtes. Enfin, la sécurisation des dépôts de munitions est entreprise. Il s'agit à la fois de protéger les populations contre les accidents, mais aussi de lutter contre les trafics d'armes et de munitions. Dans ce but, la Suisse octroie une aide de 200 000 dollars pour la construction d'un site de stockage à Misrata.


L'armée pourrait représenter l'unité du pays ou au contraire, disparaître dans les conflits armés tribaux, religieux, politiques

L'avenir de la Libye dépend grandement de ce que deviendra - ou ne deviendra pas – son armée. Cette institution pourrait représenter l'unité du pays ou au contraire, disparaître dans les conflits armés tribaux, religieux, politiques, avec en toile de fond d'importants intérêts économiques (contrôle des installations pétrolières, contrôle des zones "grises" de tous les trafics aux frontières...). D'autres régions du monde ont été confrontées à cette situation : Liban, Somalie, RDC... Elles ont alors sombré dans le chaos et après des décennies sanglantes, elles ne sont toujours pas convalescentes. C'est ce qui attend la Libye sans la ferme résolution de ses dirigeants à dissoudre les milices et à construire de véritables forces armées au service du pays, chargée de protéger tous ses citoyens. Très lucides, ces citoyens perçoivent d'ailleurs le danger en réclamant la fin des milices, la présence de la police, l'intervention des militaires et en espérant que le gouvernement prenne des décisions. Tout n'est pas encore perdu donc, d'autant que les thuwar sont les pères, les maris, les fils, les cousins, les amis de ceux qui souhaitent les voir rendre leurs armes.

>> Retrouver tous les articles du blog défense de Laurent Touchard sur J.A.

>> Pour en savoir plus : consulter le blog "CONOPS" de Laurent Touchard





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02-12-2013
L'ALGÉRIE SUIT DE PRÈS CETTE RENCONTRE
Réunion des touaregs armés du MNLA près des frontières algériennes

Les dirigeants militaires du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), dirigé par le colonel Mohamed Ag Nadjem, tiennent actuellement une réunion à Al Khalil, agglomération du Mali distante de 14 km des frontières algériennes, avons-nous appris de source locale. Le colonel Mohamed Ag Nadjem, originaire de Gao, ville du nord du Mali, et d'autres dirigeants de ce mouvement assistent à cette réunion.

L'armée algérienne suit de près cette rencontre et attend les décisions qui en résulteront, dans le cadre de la surveillance de la situation aux frontières, notamment au Mali dont le Nord connaît encore des attentats perpétrés par les organisations terroristes, dont Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), auteur de l'enlèvement de diplomates algériens à Gao.

Sera, fort probablement, évoquée la situation au nord du Mali par les dirigeants du MNLA (groupe composé de touaregs du nord du Mali) après l'«incident» de Kidal, autre ville du nord du Mali. Une manifestation a eu lieu à Kidal, il y a quelques jours, rappelle-t-on. Le MNLA a accusé l'armée gouvernementale du Mali d'avoir tiré sur les manifestants et tué une personne.

Le mouvement national de libération de l'Azawad qui refuse «toute présence de l'armée malienne dans l'Azawad en l'absence d'un accord avec le gouvernement du Mali» a, en réaction, menacé de s'attaquer aux troupes militaires maliennes. Une situation qui pourrait arranger les terroristes sévissant dans cette région et inquiète les autorités algériennes.
http://www.letempsdz.com/content/view/108901/1/

Le Mali reste « ouvert » à la discussion avec le MNLA (Premier ministre)

Publié le 3 déc 2013 - 9:15


TATAM-LYLe Mali reste « ouvert aux discussions » avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en dépit d’une déclaration de guerre d’un de ses dirigeants, a affirmé mardi le Premier ministre malien Oumar Tatam Ly.

A propos des déclarations sur une « reprise de a guerre » contre l’armée malienne faite le 29 novembre par le vice-président du MNLA, Mahamadou Djeri Maïga, au lendemain d’une manifestation violente d’indépendantistes touareg à Kidal (nord-est), M. Tatam Ly a noté dans un entretien au quotidien pro-gouvernemental malien l’Essor, que « ce n’est pas une déclaration du MNLA, » mais « d’un vice président du MNLA ».
« Un Etat ne réagit pas à une telle déclaration. D’ailleurs (…) le lendemain, d’autres voix du MNLA se sont élevées pour fortement nuancer la position de la veille », a-t-il ajouté.

« Nous sommes ouvert aux discussions (…) pour arriver aux pourparlers inclusifs qui doivent nous conduire à une paix dans la région », a affirmé le Premier ministre.

Concernant la situation de Kidal, fief de la rébellion touareg où il a été empêché de se rendre le 28 novembre par une manifestation d’indépendantistes touareg à l’aéroport, Oumar tatam Ly a assuré que « le gouvernement est résolument engagé dans le rétablissement de la souveraineté sur l’ensemble du territoire ».
Selon lui, « la meilleure manière de faire prévaloir cette souveraineté et la maintenir dans la durée, c’est d’ouvrir des discussions avec l’ensemble des composantes de la communauté nationale sur la situation qui prévaut dans cette région ». « Les obstacles qui se présentent, nous travaillons à les négocier », a-t-il affirmé.

« Tous les acteurs comprennent aujourd’hui que Kidal ne peut être une enclave soustraite à l’autorité du Mali et que s’il en était ainsi, c’est la sécurité globale de toute la région du Sahel qui en sera affectée », a estimé M. Tatam Ly.

La manifestation touareg du 28 novembre qui a fait un mort et cinq blessés, selon le MNLA, est un nouveau signe de l’anarchie régnant à Kidal dont la sécurité est censée être assurée par les soldats français et africains de la Minusma (force de l’ONU), ainsi que par la rébellion touareg.
Moins d’un mois après l’enlèvement, suivi du meurtre, de deux journalistes français à Kidal par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), elle a prouvé que l’Etat malien n’arrive pas à y asseoir son autorité et sa souveraineté et que le MNLA, profondément divisé, n’y contrôle plus rien.
(c)Maliactu
ART ET CULTURE
Lancement de la 8ème édition du Salon International de l’Artisanat pour la Femme : L’artisanat comme moyen d’autonomisation des femmes et vecteur de développement national
Publié le lundi 2 decembre 2013   |  Le Sahel


© Le Sahel par DR 
Lancement de la 8ème édition du Salon International de l`Artisanat pour la Femme
Vendredi 29 novembre 2013. Palais du 29 Juillet de Niamey. La Première Dame, Hadjia Aïssata Issoufou a procédé à l`ouverture de la 8ème édition du Salon International pour la Femme (SAFEM) en présence du Premier ministre, SE Brigi Rafini


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Première Dame, Hadjia Aïssata Issoufou, marraine du SAFEM, a procédé, vendredi dernier au Palais du 29 Juillet de Niamey, à l'ouverture de la 8ème édition du Salon International pour la Femme (SAFEM). C'était en présence du Premier ministre, Chef du gouvernement, SE Brigi Rafini, des députés nationaux, de la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Mme Yahaya Baaré Aoua Abdou, des membres du gouvernement, du gouverneur de la région de Zinder, des représentants du corps diplomatique accrédités dans notre pays, de la coordinatrice du SAFEM, Mme Barry Bibata Gnandou ainsi que de plusieurs responsables coutumiers et des invités. La 8ème édition du SAFEM est placée sous le thème : « Artisanat féminin, haut de gamme, compétitif et profitable à l'économie africaine ». Cette édition a pour Zinder comme région phare.

Le Salon International de l'Artisanat pour la Femme (SAFEM) est un cadre de retrouvailles, d'échange et de promotion de l'artisanat féminin. En prenant la parole à cette occasion, la Première Dame Hadjia Aïssata Issoufou, marraine du SAFEM a d'abord apprécié l'honneur qui lui a été fait pour être la marraine de ce grand événement qui contribue de manière incontestable à la relance de notre économie nationale et à l'intégration régionale tant prônée par nos autorités. En effet, a-t-elle indiqué cette opportunité lui a permis d'être davantage à l'écoute des préoccupations des catégories socioprofessionnelles, principalement les artisans, et particulièrement les femmes dont les conditions de vie préoccupent les autorités de la 7ème République.

Par son caractère fédérateur, le SAFEM est un événement attendu avec impatience par toutes les femmes artisanes et non artisanes de notre pays et d'ailleurs. C'est un rendez-vous du donner et du recevoir qui a aujourd'hui une envergure internationale.

Il concerne l'artisanat sous toutes ses formes à savoir art, service, utilitaire. La Première Dame a réitéré son engagement à demeurer comme par le passé, aux côtés des populations nigériennes et des femmes artisanes dont le génie créateur contribue à améliorer notre cadre de vie à travers notamment, l'ameublement et la décoration de nos habitations ; l'embellissement de nos villes ; le développement de l'artisanat utilitaire pour l'allégement des tâches familiales et des travaux agricoles. «Cette année, notre attention est particulièrement tournée vers l'artisanat utilitaire. L'artisanat du Niger est plus connu à travers le volet artisanat d'art ; nous ambitionnons de faire connaître son artisanat utilitaire, en plus. Ce dernier est peu connu à l'extérieur du Niger mais très présent et indispensable dans la vie courante de nos populations.

C'est un facteur de lutte contre la pauvreté et un compagnon dans l'exécution des tâches quotidiennes de nos populations», a noté Hadjia Aïssata Issoufou.

Rappelant l'évolution du marché de l'artisanat et les exigences de la clientèle, elle a appelé les artisanes à faire preuve de plus d'ingéniosité et de créativités afin d'assurer la compétitivité des produits artisanaux de notre pays tant au plan national qu'international. Elle devait ajouter que cette exigence de qualité doit s'accompagner d'un souci de protection des œuvres des artisans par les services compétant de façon à réduire de manière substantielle les manques à gagner générées par une contrefaçon que même les pays les plus développés ont du mal à maîtriser. « Je demeure convaincue que la cité historique du Damagaram connue pour la richesse de son patrimoine culturel et le dynamisme de sa population, saura marquer d'une pierre blanche les différentes activités entrant dans le cadre de la 8ème édition du SAFEM » a conclu la Première Dame, marraine du SAFEM.

Quant à la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, elle a rappelé que l''Etat a toujours encouragé et soutenu le SAFEM en particulier, et le secteur de l'artisanat en général.

De ce fait, elle a indiqué que les autorités de la 7ème République accordent une place de choix au développement de l'artisanat nigérien, dans le sens de le rendre plus compétitif. Pour Mme Yahaya Baaré Aoua Abdou, cette volonté est clairement ressortie dans le Programme de Renaissance du Niger, dans la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Gouvernement et dans le plan de Développement Economique et Social (PDES 2012- 2015) qui prônent tous une réelle amélioration de la compétitivité du secteur. ''Ces orientations concourent à l'avènement des filières artisanales porteuses, aptes à contribuer de manière significative à l'essor de l'économie nationale'' a-t-elle dit.

Le SAFEM est une des actions concrètes et permanentes initiées dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique Nationale de Développement de l'Artisanat au Niger. La ministre en charge de l'Artisanat a annoncé que le SAFEM a pour objectif fondamental, la promotion et le développement de l'artisanat pour et par la femme. Il vise ainsi la valorisation des produits artisanaux, l'élargissement des débouchés commerciaux, et l'autonomisation de la femme artisans. «Je fonde également l'espoir que le SAFEM qui dispose d'un site au cœur même de la ville de Niamey, réalisera sur ses propres installations la 9ème édition, que j'ai le plaisir d'annoncer en 2015, avec Niamey pour Région Phare» a-t-elle confié.

Pour sa part, la ministre de l'Enseignement Primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des langues Nationales et de l'Education civique, Mme Ali Mariama Elhadji Ibrahim assurant l'intérim de son homologue en charge de la promotion de la femme a rappelé que le gouvernement de la 7ème République a pris beaucoup d'initiatives des lois pour assurer l'émergence d'une nouvelle génération des femmes comme l'institutionnalisation et la création de l'agence SAFEM. Le gouverneur de la région de Zinder, M. Kalla Moutari a, après avoir présenté l'historique de la région phare, rappelé les diverses potentialités artisanales dont regorge sa région. Le gouverneur Kalla Moutari est à la tête d'une délégation de plus d'environ 300 professionnels de l'artisanat venus exposer et présenter leurs produits. Le gouverneur de la région de Niamey M. Hamidou Garba a salué le choix porté à sa région pour abriter cet événement.

Quant à la coordinatrice du SAFEM, elle a affirmé que le SAFEM a atteint l'âge de majorité qui nécessite un accompagnement permettant au SAFEM de poursuivre son ascension vers des horizons encore plus promoteurs avec l'option de partenariat sud-sud, nord-sud et la capitalisation de tous ces apports. Après la cérémonie d'ouverture officielle, le Premier ministre, chef du gouvernement, SE Brigi Rafini, et la Première Dame Hadjia Aïssata Issoufou ont procédé à la coupure de ruban avant de visiter les stands pour mieux apprécier la créativité d'ici et d'ailleurs. Il faut rappeler qu'une séance de dépistage volontaire de VIH/ SIDA est prévue sur le site. A cet effet, la Première Dame a lancé un appel à toute la population, aux participants au SAFEM Nigériens et visiteurs étrangers de se faire dépister. ''Il n'y a pas meilleure chose que de notre connaitre son statut sérologique du moment où aujourd'hui on peut avec le SIDA et vaquer à ses occupations en prenant les médicaments'' a dit la Première Dame.

Laouali Souleymane

En Afrique, Paris renoue avec sa politique d'intervention militaire

Paris (AFP) - 03.12.2013 09:47 - Par Dominique CHABROL

La France, qui s'apprête à intervenir en Centrafrique, enchaîne les opérations militaires sur le continent, mais insiste sur le fait qu'il s'agit désormais de passer au plus vite le relais aux Africains pour assumer leur propre sécurité.
voir le zoom : Soldat français le 1er décembre 2013 à l'aéroport de BanguiSoldat français le 1er décembre 2013 à l'aéroport de Bangui
afp.com - Sia Kambou
voir le zoom : Le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye reçu par Laurent Fabius, le 25 novembre 2013 à ParisLe Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye reçu par Laurent Fabius, le 25 novembre 2013 à Paris
afp.com - Pierre Andrieu
voir le zoom : Soldat français le 30 octobre 2013 à Bamba au Mali lors de l'opération Hydra Soldat français le 30 octobre 2013 à Bamba au Mali lors de l'opération Hydra 
afp.com - Philippe Desmazes
La France, qui s'apprête à intervenir en Centrafrique, enchaîne les opérations militaires sur le continent, mais insiste sur le fait qu'il s'agit désormais de passer au plus vite le relais aux Africains pour assumer leur propre sécurité.
Opérations en Libye et en Côte d'Ivoire en 2011, Serval au Mali en 2013, la Centrafrique aujourd'hui: les interventions se succèdent, quel que soit le pouvoir en place. Le Livre blanc de 2013 a simplement remis l'Afrique au rang des priorités stratégiques de la France, au nom de sa sécurité et de celle de l'Europe.
"Les pays africains doivent assurer eux-mêmes leur propre sécurité. Mais nous ne pouvons les laisser seuls face aux risques et aux menaces qui, à terme plus ou moins rapproché, nous concerneraient directement", résume Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. C'est "tout l'enjeu", selon lui, du sommet sur la sécurité en Afrique qui se tiendra vendredi et samedi à Paris.
Les crises africaines ont conduit les forces françaises à agir dans l'urgence, comme au Mali, où les jihadistes s'apprêtaient début janvier à déferler sur Bamako.
La France dispose pour ça d'une connaissance approfondie de l'Afrique et de forces prépositionnées qui lui permettent d'agir vite et efficacement. Si l'on est loin des 30.000 hommes qu'elle maintenait sur le continent en 1960, la présence permanente française devrait s'élever à plus de 4.000 militaires en 2014, à Djibouti, au Gabon, au Tchad, au Sénégal et en Côte d'Ivoire.
Depuis 2011, les armées ont été confrontées aux situations les plus diverses et ont montré l'étendue de leur savoir-faire : emploi de la force aérienne en Libye, combats urbains en Côte d'Ivoire, dans le désert au Mali, démantèlement de bandes armées, qui relève plus de la sécurisation que de la guerre, demain en Centrafrique.
Revers de la médaille: alors que l'Afrique suscite de plus en plus d'intérêt et que les investissements étrangers (chinois, européens, américains...) augmentent, les Français se retrouvent en première ligne, le plus souvent seuls, quand il s'agit d'envoyer des troupes. "Ce sont des zones où il faudra toujours intervenir, on ne pourra pas laisser les gens se massacrer", relève un officier général, qui regrette le manque de soutien des partenaires européens de la France qui "ne veulent pas y mettre les pieds".
Mandat des Nations-Unies
Pour prévenir les critiques contre l'interventionnisme de l'ancienne puissance coloniale, Paris agit le plus possible dans le cadre de la légalité internationale, sous mandat des Nations-Unies. En Centrafrique, les Français interviendront ainsi "en soutien" de la force africaine, la Misca, déjà sur le terrain. Même s'ils devraient assumer l'essentiel du travail au début de l'intervention.
"L’objectif est de rétablir une sécurité minimale et de favoriser la montée en puissance de la Misca. Nous mobilisons un millier d’hommes pour une période de montée en puissance de 4 à 6 mois puis de retrait progressif de 4 à 6 mois", résume mardi Jean-Yves le Drian dans le Dauphiné libéré.
Comme le souligne l'amiral Edouard Guillaud, le volet militaire n'apporte "qu'une partie de la solution du problème". "Les forces armées agissent en soutien d'un projet politique global, consistant le plus souvent à recréer les conditions d'un fonctionnement normal et apaisé des institutions et d'une reprise de la vie économique", note le chef d'état-major des armées dans la Revue Défense Nationale.
Sur le terrain, les forces africaines devront prendre le relais des Français. A moyen terme au Mali, où Paris entend maintenir un millier d'hommes pour une durée indéterminée. Plus rapidement en Centrafrique, où Paris table sur une opération ponctuelle d'environ six mois.
Des forces africaines qui manquent de capacités de réactivité, logistiques ou de commandement. Le succès de ce type d'opérations passe donc par la mobilisation d'un soutien financier international important pour les aider à s'équiper et s'organiser.
La succession des opérations françaises survient en effet dans un climat de restrictions généralisées pour les armées, en France comme dans l'ensemble des pays occidentaux. Et les interventions dans des zones au climat parfois extrême, comme au Mali, et difficiles d'accès, sollicitent gravement les hommes et le matériel.
© 2013 AFP

Niger: plus de 15.000 sinistrés après des inondations dans le sud-est

Niamey (AFP) - 03.12.2013 07:38

Plus de 15.000 personnes sont sinistrées après des inondations survenues début novembre dans le sud-est du Niger.
voir le zoom : Un homme évacue ses biens pendant les inondations à Niamey, au NigerUn homme évacue ses biens pendant les inondations à Niamey, au Niger
afp.com - Boureima Hama
Plus de 15.000 personnes sont sinistrées après des inondations survenues début novembre dans le sud-est du Niger, a-t-on appris lundi auprès de l'ONU et des autorités locales.
"A la date du 29 novembre, une vingtaine de villages sont inondés faisant au total 2.123 ménages sinistrés, soit 15.086 personnes", dans la région de Diffa (sud-est), voisine du Nigeria et du Tchad, a indiqué le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) dans un bulletin publié lundi à Niamey.
Le nombre de victimes de la crue de la Komadougou Yobé, une rivière prenant sa source au Nigeria voisin, est en forte augmentation. Un précédent bilan de l'Onu publié le 15 novembre faisait état de 5.412 sinistrés.
"La situation empire. Nous lançons un appel à toutes les bonnes volontés", a déclaré à l'AFP Moussa Mohamed, un fonctionnaire de Diffa.
Les eaux ont détruit des champs de cultures, ce qui "risque d’aggraver la situation" alimentaire des paysans locaux, déjà frappés en 2012 par une crise alimentaire due à un épisode de sécheresse et à une précédente crue de la Komadougou Yobé, souligne Ocha.
Les eaux ont également inondé des écoles et endommagé les routes entre le Niger et le Nigeria, "paralysant" le commerce entre les deux Etats, ce qui a provoqué une hausse de 30% des prix de certains produits importés du Nigeria, déplore Ocha.
Le niveau des eaux, 14 cm au-dessus du seuil d’alerte, menace une vingtaine d’autres villages, prévient l'ONU, qui évalue les besoins des sinistrés à quelque 445 tonnes de céréales, 1.328 abris d’urgence ou encore 25 puits d'eau potable.
Le gouvernement nigérien a déjà distribué quelque 94 tonnes de vivres, alors que des Ong internationales ont fait des dons, notamment de tentes, selon les autorités locales.
Diffa fait actuellement face à un important flux de réfugiés fuyant les affrontements en cours depuis mai entre armée et islamistes dans le nord du Nigeria.
Plus de 37.000 personnes ont ainsi trouvé refuge dans cette partie du Niger qui abrite des champs pétroliers, selon les estimations des Nations unies.
© 2013 AFP

Niger : le coût de la sécurité…et de l’uranium

Niger : le coût de la sécurité…et de l’uranium

Publié le 2 décembre 2013 (rédigé le 1er octobre 2013) par Raphaël Granvaud
Selon Reuters (20/9), Omar Hamidou Tchiana, ministre des mines au Niger a annoncé un audit des gisements d’uranium exploités par Areva, dont les contrats arrivent à terme. Il s’agit « d’obtenir un partenariat équilibré » pour «  faire en sorte que le Niger aussi tire parti de l’exploitation de l’uranium ». Après 40 ans, louable préoccupation !
Sauf que les prétentions du gouvernement nigérien paraissent à nouveau assez limitées : par exemple il ne remet nullement en cause sa position d’actionnaire minoritaire (36,4% de la Somaïr, 31% de la Cominak, 33% du futur gisement d’Imouraren) mais affirme vouloir «  faire en sorte que les coûts de production de l’uranium baissent, pour que le Niger puisse tirer parti, non seulement en termes de taxes mais en termes de dividende en tant qu’actionnaire ».
Une logique dont seuls les salariés et les populations locales risquent de faire les frais et qui ne devrait pas poser trop de problème à Areva… sauf si le coût de la présence des forces spéciales françaises vient plomber la rentabilité des mines !
Début 2013 en effet, le ministre français de la Défense donnait son accord pour que les hommes du Commandement des Opérations Spéciales (COS) viennent renforcer le dispositif sécuritaire protégeant les mines d’Areva au Niger, constitué d’une société de sécurité privée française (EPEE) et de troupes nigériennes. En principe, « les forces spéciales françaises n’interviendront pas gratuitement, et Areva se verra présenter une facture, sans doute assez salée. » (Le Point.fr, 23/01)
En revanche, les autorités nigériennes entendent maintenir la pression quant à la date de mise en chantier d’Imouraren, sans cesse repoussée par Areva en raison de la chute des cours du minerai. « Pour nous, 2015 est une date qui n’est pas négociable », affirme le ministre nigérien des mines : « Le président de la République a été élu sur la base d’un programme dont une partie du financement devrait être généré en partie par les impôts, taxes et d’autres revenus générés par Imouraren. »
Et si Mahamadou Issoufou veut être réélu, il faudrait qu’une partie de ce programme soit mis en application… Or à ce jour, dans un contexte de déstabilisation régionale grandissante, c’est surtout le budget de la défense qui siphonne les revenus de l’État. Doublées en 2012, encore augmentées en 2013 au détriment des budgets de l’éducation et de la santé, les dépenses de sécurité absorberaient 10% du budget national, le montant exact restant classé « secret-défense » (Jeuneafrique.com, 24/04).
C’est pourquoi, avec le démarrage d’Imouraren, le gouvernement nigérien voudrait voir les recettes de l’uranium contribuer à 20% du budget, contre 5% actuellement. Mais même s’il y parvenait, la lutte contre le terrorisme sous tutelle étrangère risque d’être un puits sans fonds…
Le renforcement des dépenses militaires du Niger est fortement encouragé par les forces étrangères qui y ont élu domicile au nom de la guerre contre le terrorisme. Forces françaises, bien sûr, mais également américaines. Parallèlement au déclenchement de l’opération française Serval au Mali, les Etats Unis signaient en janvier 2013 un accord de coopération militaire avec les autorités nigériennes, autorisant l’installation d’une base et le transit des forces américaines dans le pays. Initialement, il s’agissait officiellement d’installer une base de drones (en principe non armés) et de 300 hommes des forces spéciales et conventionnelles, pour des missions de formation et de surveillance dans le Nord du pays, aux frontières avec le Mali, la Libye et l’Algérie. Selon La Lettre du Continent (18/9), le nombre de militaires US aurait en fait « franchi le cap du millier » et les bases américaines « jouissent d’un statut d’extraterritorialité. Quant aux appareils de l’US Air Force, ils bénéficient d’un droit d’atterrissage et de décollage sur toute l’étendue du territoire, sans possibilité pour les autorités nigériennes de procéder à un quelconque contrôle. »

Libye/Igtet cherche des appuis à Washington

lundi 2 décembre 2013

RFI/A la Une: confusion au nord du Mali

Kidal, jeudi dernier. Plusieurs centaines de manifestants investissent le périmètre de sécurité de l’aéroport. L’armée malienne tire. Bilan : un mort et 5 blessés selon le MNLA, dont Kidal est le fief. Pour le vice-président de ce mouvement touareg, l’intervention de l’armée à l’aéroport de Kidal est une « déclaration de guerre » de la part du gouvernement. D’autres dirigeants du mouvement estiment toutefois que la reprise des hostilités n’est pas d’actualité.
Alors, oui, confusion. Et elle miroite déjà sur les sites Internet de nombreux journaux français. La presse disponible en kiosque ce matin, elle, se garde encore de faire état des déclarations du vice-président du MNLA.

Seul journal à évoquer l’incident de Kidal, Le Parisien. Lequel souligne que la situation évolue« de façon inquiétante entre l’armée malienne et les groupes armés touaregs ».

Le confrère publie une photo d’un groupe de manifestants défilant hier à Bamako « une petite centaine de jeunes », précise le journal, poing levé, brandissant des affichettes sur lesquelles on peut, pêle-mêle, lire ceci : « Vive l’armée malienne » ; « Vive le Mali » ; « A bas la politique française à Kidal ».

Après avoir rappelé que l’incident de jeudi dans cette ville du nord du Mali est intervenu « après l’enlèvement et l’assassinat des deux journalistes de RFI fin octobre », Le Parisien souligne que cette « nouvelle démonstration du manque de contrôle des forces internationales dans ce fief de la rébellion touareg agace profondément le gouvernement malien... et la population ».
 
Prostitution : mauvaise passe pour le client
 
En France, les clients des prostituées seront bientôt des délinquants. Les députés ont adopté cette nuit la disposition d’un projet de loi stipulant la pénalisation des clients de prostituées. L’adoption de cette disposition phare du texte relatif à la prostitution, qui devrait être soumis dans son ensemble mercredi prochain au vote de l’Assemblée nationale, est intervenue trop tard pour que la presse écrite l’évoque dans ses colonnes. Mais le sujet, lui, avait déjà retenu l’attention d’une partie de la presse française. En région surtout.

Témoin L’Est Républicain. « Aujourd’hui, les 20 à 40 000 personnes vendant leur corps en France sont pour l’essentiel des femmes venant de l’étranger (Afrique ou pays de l’Est) »,décompte ainsi le journal. Selon L’Est Républicain, ces personnes sont « totalement soumises à des réseaux mafieux ». Voilà pourquoi, « sur le plan de la morale, pas de doute. Il faut lutter contre la prostitution », sermonne le quotidien de l’est de la France.
                             
Les prostituées, on les appelait autrefois les « filles de joie », rappelle La Nouvelle République du Centre-Ouest. Car, de la joie, « elles en donnaient un peu pour une poignée de billets aux sevrés d’amour, aux maris trompés, aux unijambistes, aux gueules cassées, aux cœurs en morceaux. Pour un peu, on en aurait fait un sacerdoce », étant rappelé que les gueules cassées étaient ces anciens blessés de guerre, des poilus de 14-18 qui avaient croisé la mitraille dans l’enfer des champs de bataille et qui avaient survécu en lambeaux.

Mais il faut croire que tout change. « La réalité est moins romantique et se résume à un mot : esclavage », déplore le quotidien du centre du pays, qui estime que « ce sont les proxénètes qu’il faudrait crucifier. Le plus vieux métier de l’immonde, c’est celui-là, non ? », formule La Nouvelle République du Centre-Ouest.

Mais il n’y a pas que la presse quotidienne régionale à se passionner pour ce débat de société. De manifestes pour ou contre le projet de loi en tribunes de personnalités favorables ou opposantes à la pénalisation du client des prostituées, la presse nationale s’est largement fait l’écho du sujet ces derniers mois en France. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il est loin de faire consensus parmi celles et ceux que ça intéresse. Ce matin, le site Internet du journal Le Monde souligne du reste que « le débat sur la pénalisation des clients des prostituées met au jour les profondes fractures entre les féminismes ». Le quotidien du soir souligne le « clivage entre les partisans de la liberté de disposer de son corps et les opposants à la servitude rarement volontaire, qui consiste à laisser les autres disposer de son corps ».

Cahuzac : cloche de bois pour un paria
 
En France encore, un baron déchu du Parti socialiste se déracine. Jérôme Cahuzac quitterait Villeneuve-sur-Lot. C’est Le Parisien qui l’affirme. L’ex-ministre du budget, convaincu de mensonge devant la représentation nationale quand il avait osé affirmer qu’il ne possédait pas de compte bancaire en Suisse, « vient de déménager ses affaires du bureau qu’il avait gardé à l’hôtel de ville de Villeneuve-sur-Lot, dans le sud de la France, et il a mis en vente sa maison »,écrit le quotidien. Cela veut bien dire, en déduit Le Parisien « qu’il n’y aura pas de “come-back”de Jérôme Cahuzac aux prochaines municipales ».
 
Ecoutes clandestines : petits arrangement entre « amis »
 
La France a collaboré, et collabore peut-être encore, avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en matière d’écoutes des télécommunications. Et selon les dernières notes hautement confidentielles transmises au journal Le Monde par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden, les liens « extrêmement étroits » noués par la DGSE, la Direction générale des services extérieurs avec la NSA comme avec son équivalent britannique, le GCHQ, se sont développés quasiment de façon autonome. Ces trois organisme se sont mis d’accord pour constituer un « vaste pot commun de données privées et publiques françaises », affirme Le Monde. L’homme qui est à la manœuvre en France s’appelle Bernard Barbier. C’est le directeur technique des services secrets français.

Et le quotidien donne des précisions. Le 1er février 2007, le chef de la division Afrique de la direction du renseignement de la DGSE « rencontre (…) son homologue de la NSA pour l’Afrique subsaharienne ». Ils parlent de la crise au Darfour. « D’autres réunions sont organisées sur la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo ». Selon le confrère, le niveau de coopération est tel qu’aujourd’hui, des données personnelles venant d’Afrique ou du Moyen-Orient, transitant par la France et appartenant à des individus de nationalité française (…) ou même à des chefs d’Etat africain, « peuvent tomber entre les mains de la NSA ». Voilà pourquoi la France est le « précieux partenaire de l’espionnage de la NSA », révèle Le Monde.Grandes oreilles françaises et américaines, même combat.