Croissance mondiale 2012: au Niger, Lagarde se dit quasi "certaine" d'une révision à la baisse
NIAMEY — La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, s'est dite mercredi à Niamey "à peu près certaine" que les prévisions de croissance mondiale pour 2012 seraient révisées à la baisse, en raison notamment de la crise dans la zone euro.
"Je suis à peu près certaine" que les prévisions de croissance que faisait le FMI en septembre pour l'économie mondiale (4%) "seront révisées à la baisse" en janvier prochain, a-t-elle déclaré dans un discours devant l'Assemblée nationale du Niger.
"Ces nuages qui s'amoncellent, à l'horizon européen notamment, entraînent des perspectives baissières", a-t-elle expliqué.
"La menace immédiate est simple: elle est celle d'un engrenage pernicieux, une espèce de cercle vicieux marqué par une détérioration de la confiance, une aggravation de l'instabilité des marchés financiers et l'accumulation de dettes publiques qui sont bien souvent insoutenables (...): ces menaces sont autant de facteurs qui concourent à un affaiblissement inexorable de la croissance", a-elle-souligné.
Les pays avancés de la zone euro "sont au centre de la crise" et "devront se trouver au centre de la solution", a-t-elle jugé, appelant de ses voeux "non seulement le rétablissement de la confiance, non seulement les politiques d'ajustement budgétaire" mais "des perspectives de croissance" et de baisse du chômage.
"Si rien n'était fait, la crise de confiance (...) se poursuivrait, s'aggraverait dans tous les pays (...), tous les pays des économies mondiales en subiraient les conséquences sans aucune exception", a averti Mme Lagarde.
Elle a également évoqué les répercussions de la crise actuelle pour l'Afrique.
"Un ralentissement prolongé de la croissance dans les pays avancés, conjugué au regain d'instabilité des marchés financiers, pèsera sans aucun doute sur la demande d'exportation des produits en provenance d'Afrique" et "pourrait également freiner les flux de financements privés" et les investissements directs étrangers, a-t-elle détaillé.
Déjà le Niger subit depuis quelques mois "la diminution des transferts de fonds des travailleurs expatriés", a-t-elle insisté.
Alors que le Niger est devenu récemment un petit producteur de pétrole, la directrice du FMI a exhorté à "tirer le meilleur parti des ressources naturelles" en les mobilisant au profit d'investissements dans les infrastructures, l'agriculture, la santé et l'éducation.
Dans un rapport publié lundi, le Fonds a conseillé au Niger, l'un des pays les plus pauvres du monde, de dépenser prudemment les revenus qu'il va tirer de l'or noir, ainsi que de l'uranium.
Le Niger pourrait connaître en 2012 l'une des plus fortes croissances économiques du monde (14%), dopée par la production de pétrole qu'il a commencé à extraire en novembre dans une zone désertique de l'est. Il est aussi l'un des plus grands producteurs mondiaux d'uranium.
Mais "les graves pénuries alimentaires de ces derniers mois" rappellent que ce pays sahélien reste "vulnérable à un certain nombre d'aléas climatiques", a souligné Mme Lagarde.
Selon l'ONG Oxfam, six millions des quelque 16 millions de Nigériens sont menacés par une nouvelle crise alimentaire après une mauvaise campagne agricole causée notamment par des pluies insuffisantes.
La directrice du FMI, arrivée mardi soir au Niger après deux jours au Nigeria pour son premier déplacement en Afrique, a rencontré mercredi matin le président Mahamadou Issoufou. Elle achève sa visite jeudi.
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